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Et si c'était à refaire ?




Lundi 1er janvier 2024



J'ai traversé le changement d'année
sur les contreforts du Vercors, chez mon amie à géométrie variable Artémis. Alors que j'évoquais les récentes petites perturbations survenues dans la post-relation que j'entretiens avec Charlotte, Artémis m'a posé quelques questions. J'ai alors raconté des parties de ce qui faisait notre vie de couple autrefois, remontant jusqu'à ses origines. Artémis, qui se souvient que Charlotte m'avait un jour déclaré m'avoir choisi pour mon sérieux, davantage que par amour et désir, me demanda : « Et si c'était à refaire ? Serais-tu resté avec elle si tu avais su cela plus tôt ? ».

Difficile de répondre aujourd'hui en fonction
de mon état amoureux de l'époque et de ce que je savais alors de la vie relationnelle. Dès les premiers jours qui avaient suivi ma "déclaration" amoureuse, acceptée sans détour, Charlotte m'avait informé avoir été récemment attirée par un autre garçon, plus entreprenant que moi. Elle m'assura cependant que c'est moi qu'elle avait choisi. Étant persuadé qu'elle ne fréquentait aucun garçon, d'après nos premiers échanges, j'avais été un peu déstabilisé par la confidence. Cependant, tenant déjà fort à ce que nous avions partagé [seulement quelques heures de proximité, après des mois d'approche timide...], l'idée de tout arrêter là n'avait fait que m'effleurer, aussitôt abandonnée. Fondamentalement j'étais déjà très engagé, amoureusement et moralement, depuis plusieurs mois : c'était elle, et seulement elle. L'évidence.

Dans les jours qui suivaient Charlotte avait dû partir à l'autre bout de la France, comme animatrice de colonie de vacances, pour passer deux ou trois semaines... aux côtés de ce garçon, lui aussi animateur. Je n'ai pas douté d'elle : ma confiance en sa parole était totale. J'imaginais, peut-être un peu hâtivement, une réciprocité dans l'investisement sentimental et moral. Et de fait Charlotte n'avait pas succombé à son attirance [ou du moins n'en ai-je jamais rien su].

Ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'elle m'appris que l'attirance en question n'était pas d'ordre sentimental, comme je le pensais naïvement, mais bien un désir physique. J'en fus un peu décontenancé, et en même temps rassuré, ne situant pas notre relation dans ce registre à nos débuts. Je n'en ai donc pas tenu grief à Charlotte. C'est comme si j'avais senti que cet aveu signifiait aussi que j'étais désormais le seul en lice : l'attirance "rivale" n'existait plus.

On se rassure comme on peut...

Revenons au temps présent : c'est donc précisément à propos de la dissimulation initiale qu'Artémis m'a questionné hier soir. Non pas à propos du garçon en question, ni par rapport à l'attirance pour "autre chose" que Charlotte avait vu en lui, et pas en moi, mais pour le choix stratégique que cette dernière avait fait en optant pour le gars "sérieux" qu'elle avait perçu en moi.

[Je note au passage que ma mère avait fait un choix similaire en acceptant sans broncher la demande en mariage de mon père, tellement plus austère que moi.]

Difficile d'apporter réponse avec quarante ans de recul. Et même, cela a t-il un sens d'échafauder ainsi des hypothèses puisque j'ignorais que Charlotte avait fait le choix de la raison quand je me suis engagé avec elle ?  Notre relation était déjà bien trop engagée pour que j'y renonce, lorsque je l'ai appris. D'ailleurs cet éclairage m'avait peut-être donné le sens de ce que je percevais intuitivement : Charlotte n'était pas autant amoureuse de moi que je l'étais d'elle.

Ça n'a l'air de rien, une telle phrase, mais qui sait ce que ce déséquilibre peut induire ? Qui sait ce que chacun de nous deux en a perçu, sans même en avoir clairement conscience ?

La dissimulation était-elle une "tromperie" de sa part ? Je ne l'ai pas senti ainsi, et ce n'est pas en ce sens que j'ai accordé de l'importance à sa révélation. Du moment qu'elle faisait preuve de sincérité, même si c'était avec du retard, cela renforçait ma confiance en elle, et en nous. De toutes façons la révélation n'aurait pas été de nature à remettre en question mon engagement dans la relation. Je me demande, d'ailleurs, ce qu'il aurait fallu pour que je le remette en question !

Autrement dit, à partir de l'instant où Charlotte à répondu favorablement à ma déclaration amoureuse, je pense que rien [tant que cela restait dans le registre du "normal"] n'aurait pu me faire renoncer à mon engagement.

Incidemment cela confirme ce que je sais de moi : l'engagement "sentimental" (confiance/amour/amitié) semble bien être, dans ma conception des relations, marqué du sceau de la perpétuité. Ce qui n'empêche pas des accomodements, en mettant de la distance lorsque cela devient nécessaire.



Après avoir répondu [moins précisément qu'ici] à Artémis, et tandis que nous étions revenus sur son propre rapport à notre relation commune, je lui ai retourné sa question : « Et toi, si c'était à refaire ? Tu entreprendrais cette relation avec moi ? ». Elle n'a pas hésité bien longtemps : non ! Si elle avait su dès le départ quelle était ma conception "libre" des relations, elle n'aurait rien entrepris vers moi.

Nous avons un peu discuté de ce « dès le départ », qui ne pouvait être précisément identifié. Etait-ce le jour où elle m'a dit de façon assez ambigüe, sans aucun signe annonciateur, « je crois que nous avons à vivre quelque chose de fort ensemble » ? À l'époque nous partagions pas mal de temps en discussions, certes, mais sans avoir jamais évoqué le moindre rapprochement. Surpris, je n'avais pas su quoi répondre et elle s'était immédiatement rétractée, me conduisant à lui dire de ne pas fermer la porte aussi vite. Etait-ce le jour ou elle m'a pris dans ses bras, me laissant figé devant une telle démonstration à laquelle je ne m'attendais pas ? Etait-ce le jour où je lui ai appris que je me définissais comme "libraimant" et qu'elle me répondit que rien ne serait alors possible entre nous ? Etait-ce le jour où elle m'a demandé d'arrêter cette relation puisqu'elle-même n'y parvenait pas ? Rien de bien clair là-dedans... Toujours est-il qu'à plusieurs reprises elle aurait pu mettre un terme à une situation qui ne lui convenait pas. Artémis considère qu'elle n'en avait pas la capacité. Peut-être... mais elle était cependant la seule à pouvoir le faire.


En conclusion provisoire je serais tenté de dire que le « si c'était à refaire » est une expérience de pensée qui, bien qu'elle n'ait a priori pas beaucoup de sens, peut néanmoins être éclairante. En réinterrogeant des choix bien après qu'ils aient été effectués, tout en tenant compte des conséquences connues qu'ont eu lesdits choix, il est intéressant de constater que certains se voient confirmés tandis que d'autres semblent susciter des remords.

Ce qui m'évoque la notion de responsabilité : si "j'assume" mes choix, alors je ne les regrette pas. Ils correspodent à la conscience que j'avais à l'époque. Inversement, si je les regrette... alors qui porte la responsabilité d'un hypothétique "mauvais choix" ?









Scrupules



Vendredi 5 janvier 2024


J'ai quelques scrupules à divulguer des éléments concernant des personnes avec qui j'ai été, ou suis encore, en relation. Un peu comme si je trahissais ces personnes en livrant de menus « secrets sans importance » sans qu'elles le sachent. Sans leur consentement.

En fait je ne trahis pas grand chose, hormis un pacte non formulé, non pensé, qui consisterait à ne rien dire de ce qui pourrait mettre l'autre mal à l'aise. Or j'ignore ce qui pourrait induire une éventuelle réaction de ce genre. Il me faudrait donc, par principe de précaution, ne rien dévoiler de potentiellement préjudiciable. Ou mieux : demander si la personne est d'accord pour que je parle d'elle. Oui, je pourrais faire cela [si toutefois la communication est encore possible...].

D'un autre côté, en demandant cette "autorisation", il y a fort à parier que la question ouvrirait à des interrogations : tu veux parler de quoi ? Tu vas raconter quoi ? Or, lorsque je commence à écrire je ne sais pas où me mèneront les mots. Partant d'une vague idée de départ se trace une ligne sinueuse, indéterminée à l'avance. Autrement dit il faudrait que je demande un accord global, de principe, et s'il est accompagné  d'éventuelles restrictions.

Un peu compliqué, tout ça...

Je me suis accommodé avec ma conscience en considérant que les personnes nommées, la plupart du temps, ne sont pas connues par un bien incertain lectorat. Sauf que ça n'a pas toujours été vrai : il y a eu, dans le passé, lecture par des personnes identifiant celles dont je parlais. Et il y aura peut-être, un jour, lecture par des personnes ayant connu, voire très bien connu, celles dont je parle. Je pense ici à mes enfants qui pourraient, à une échéance indéterminée, découvrir ce que j'écrivais de leur mère. Et qui découvriront aussi que je divulguais sur le net des éléments de ma relation avec elle...

Je ne sais pas bien quoi en penser...

Est-ce que l'on se pose ce genre de questions lorsqu'on parle de quelqu'un ? Lorsqu'on raconte déboires et difficultés au sein d'une relation ? En quoi est-ce fondamentalement différent de l'écrire ?

La trace ! L'écrit laisse une trace. L'écrit reste.
Et il garde la potentialité de porter préjudice.

Préjudice ? Oh là, comme tu y vas ! Le terme est un peu fort. Tu ne portes pas préjudice en dévoilant des éléments d'une relation.

Je n'en sais rien. Je ne peux pas mesurer ce qu'il en est.

Alors ça veut dire que ce n'est pas bien grave. Tu ne nuis pas aux personnes dont tu parles. Tout au plus peux-tu heurter leur sensibilité, susciter une irritation par rapport à des éléments qui seraient mal interprétés ou trop partialement présentés. Pas de quoi fouetter un chat...

Ben... je ne sais pas.

Non tu ne sais pas, et tu ne peux pas savoir. Alors ne va pas imaginer trop loin.

Pourquoi est-ce que je ressens cette gêne ? Qu'est-ce qui fait que je redoute d'en dire "trop" et de blesser, ou plutôt de mettre en colère celles qui découvriraient ce que j'écris ?

Parce que tu as trop de scrupules. Tu cherches trop à protéger l'autre.

Arrête avec ces "trop" ! C'est un jugement. Oui, j'ai des scrupules, oui je cherche à protéger l'autre, mais pas "trop".

C'est exact.

En fait je suis en train de me dire que si je suis tiraillé entre l'expression de mes perception et les scrupules à "trop" en dire - et là le terme est juste - c'est probablement parce que c'est la seule voie qu'il me reste dans un dialogue défaillant. Je m'exprime ici quand je ne peux pas, ou n'ai pas pu, le faire dans l'échange. Je l'ai souvent précisé : ici est mon exutoire. C'est aussi mon laboratoire d'analyse. L'espace consacré à élaborer ma compréhension.

Ben voila !

Je n'aurais pas eu à raconter ce qui me tourmente, je n'aurais pas eu à chercher à comprendre, si un dialogue libre et ouvert existait.

Exactement ! Tu n'es donc pas fautif de "trop" en dire : tu cherches à comprendre ce qui n'a pas pu s'élaborer en commun.

Vu comme ça...

En fait c'est l'absence de dialogue qui te pousse à exposer ce qui te pose problème. Finalement c'est une démarche foncièrement saine : tu cherches à résoudre ton problème sans importuner l'autre. Tu te débrouilles pour trouver des réponses sans les attendre de l'autre. C'est une forme d'autonomie.

Oui mais je le fais "publiquement", et ça c'est gênant.

Pfff... "publiquement". Mais il y a tellement peu de regards qui liront tes écrits ! C'est tellement confidentiel ! Ton problème c'est que tu imagines le regard de celles dont tu parles si elles savaient ce que tu dis d'elles. C'est uniquement ça qui te dérange.

C'est pas faux...

Or ces yeux ne liront jamais ce que tu écris.

Hmmm... ça dépend des cas. Mais quoi qu'il en soit, je ne crois pas que quoi que ce soit, dans mes écrits, ait jamais empêché le dialogue. Au contraire, autrefois, c'était même une incitation à rouvrir le dialogue.

Et oui.

Et ça n'a pas fonctionné.

Et non...

...

Quoi qu'il en soit, tu n'as jamais cherché à nuire. Tu n'as fait qu'exprimer des incompréhensions ou des frustrations par rapport à un dialogue "impossible".

...

Tu n'as cherché qu'à améliorer la qualité du lien, en déplorant de voir dysfonctionner la confiance. Tu as toujours cherché à faire au mieux, en étant à l'écoute de tes besoins et de ceux de l'autre. Tu as cherché la concorde, l'équilibre entre deux univers personnels.

C'est vrai.

Et ce faisant, tenant compte du réel, tu t'es frotté à la différence d'avec autrui. À la différence des attentes, la différence des besoins, la différence des représentations, la différence des modes d'expression, la différence face aux difficultés. Bref : tu as été en relation. Vraiment en relation. Relié. Pas quelque chose d'égoïste, mais fondamentalement ouvert à la différence, à la découverte, à la recherche d'une convergence. Et mieux que ça : tu es toujours resté ouvert, sans jamais fermer une porte. C'est précieux. C'est ta force.







Postérité


Samedi 6 janvier 2024


Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma fille. Je lui ai téléphoné pour ça et lui ai proposé une invitation au restaurant un jour prochain. Elle m'a raconté son récent voyage à Paris, seule avec sa fille. J'ai trouvé ça très bien de prendre ce temps seule à seule, comme elle avait déjà fait l'an dernier. Moi-même je n'ai pas eu cette initiative avec mes enfants, lorsqu'ils étaient jeunes. Je crois n'y avoir jamais pensé. C'est dommage...

Il me semble que je n'imaginais pas un rapport individualisé avec eux, les voyant comme une fratrie dans laquelle était visée l'équité. Cela n'empêchait pas un rapport personnel individualisé, mais les voyages, les sorties, se faisaient en famille complète.

Il faudrait que je leur demande comment ils ont perçu les choses...


* * *


De temps en temps je pense à la postérité de ce journal. Ce que j'en laisserai à mes descendants. J'y pense sous au moins deux aspects : son intérêt et son intégralité.

L'intérêt : en quoi un journal au long cours peut-il être "intéressant" pour d'autres personnes que celui ou celle qui l'a écrit ?

L'intégralité : à supposer qu'un journal puisse être "intéressant", n'est-il pas préférable de n'en garder que les passages méritant ce qualificatif ? En l'expurgeant des inévitables redondances, propos banals, digressions superflues ?
Ou, au contraire, l'intérêt ne vient-il pas de l'intégralité du flux avec, précisément, maintien de tous les à-côtés ?

Viendrait s'ajouter un troisième critère : la qualité. Celle de l'écriture, celle de la pertinence des propos, celle de la concision. Sans oublier l'originalité du discours.

Je suis bien évidemment incapable de jauger mon journal selon ce dernier critère ! Quant aux deux premiers, je ne suis pas sûr d'être le mieux placé pour évaluer celui qui devrait l'emporter. Parce que l'intérêt que je peux trouver dans mes réflexions anciennes est trop fortement influencé par le souvenir de mon vécu. Je ne peux pas être juge et partie. Sauf si j'assume cet état de fait et choisis moi-même ce que j'aurais envie de transmettre...

Il se pourrait aussi que la matérialité m'oblige à élaguer : le volume de pages sera forcément une limite physique. Si l'intégralité représente plusieurs milliers de pages, il faudra nécessairement sabrer dans le texte. Et ce ne serait peut-être pas un mal... L'intérêt et la qualité pourraient très bien gagner par la sélection. Tout comme un·e cinéaste, ou un·e documentariste, ne garde pas l'intégralité des rushes, resserrant son propos pour aller vers l'essentiel, procédant par montage afin de le rendre plus efficace, percutant.

À vouloir tout garder on perd forcément en qualité et en intérêt. À vouloir tout dire on dilue, on noie, et au final on rend insipide.







Mémoires



Lundi 8 janvier 2024


Extrait de l'autobiographie de ma mère (120 pages), intitulée "J'ai fait ce que j'ai pu" :

« Difficile de parler de moi, finalement : voilà plusieurs années que j’ai arrêté d’écrire, convaincue de la futilité de mon écriture. Qui lirait ces pages ? Qui serait intéressé dans notre descendance ? Ce fut la période “A quoi bon ?” ».

Étonnant de constater la similitude de nos réflexions quant à "l'intérêt" de nos écrits respectifs pour nos descendants. Elle a écrit ces mots en 2003, à l'âge de 65 ans, avant que Parkinson n'ait commencé à restreindre ses capacités physiques et grignotter sa mémoire.

65 ans, je n'en suis plus très loin...

Cette autobiographie maternelle couvre toute son enfance. Elle y témoigne d'un mode de vie simple, largement marqué par la guerre, lorsqu'elle ouvrait tout grand ses yeux et oreilles de petite fille sur les personnes qui l'entouraient. Décrire leurs attitudes, leurs dires, leur psychologie, voilà ce qui l'inspirait. Ma mère a écrit davantage sur les autres que sur elle. C'est, par là-même, sa personnalité attentive qui transparaît. Son journal, par contre, est presque exclusivement centré sur ses propres émotions, longtemps gardées secrètes. Un journal, dont j'ai parlé ici, qui ne représente "que" deux cahiers, soit moins de de deux-cent pages.

Mes écrits ne s'ouvrent que rarement à autrui, si ce n'est par les interactions que j'analyse et cherche à comprendre lorsqu'elles dysfonctionnent. Je viens de compter approximativement le volume que représentent mes écrits numériques en lignes : plus de 3000 pages pour le journal et 2500 pour le blog (qui contient beaucoup de photos). C'est considérable. C'est trop. Il m'apparaît donc avec évidence que je vais devoir sérieusement élaguer dans cette profusion de mots si je veux en extraire l'essentiel. Mais où se situe-t-il ? Et à qui ai-je envie de transmettre ? Mes enfants, assurément. Mais qu'ai-je envie de leur transmettre ?

Je ne sais pas. Je n'y ai pas vraiment pensé. Je veux dire : pensé sérieusement, concrètement. C'est encore loin, pour moi... même si je suis bien conscient que l'échéance va se rapprocher plus rapidement que je l'imagine, tout comme les risques d'altération de ma mémoire. Pour le moment je me dis qu'un travail de sélection, de mise en page, d'édition [car la présentation m'est importante] pourra être entrepris lorsque j'aurai cessé mon activité professionnelle. J'imagine déjà un découpage en plusieurs volumes, qui pourrait être chronologique ou thématique. Produit sur plusieurs années, au fur et à mesure de l'avancement de mon travail de sélection. Je me sais méticuleux, pour ne pas dire perfectionniste, et il est probable que je passerai un temps conséquent à cette diffusion.

Si toutefois nos conditions d'existence le permettent ! Car j'ai bien conscience qu'il s'agit là de préoccupations "de riches", bénéficiant de conditions de vies optimales, permettant de penser confortablement à des considérations subalternes...

Rien ne garantit que cela durera bien longtemps...







Différence



Samedi 13 janvier 2024


J'ai énoncé, dans mon entrée précédente, que « mes écrits ne s'ouvrent que rarement à autrui, si ce n'est par les interactions que j'analyse et cherche à comprendre lorsqu'elles dysfonctionnent ».

Cette présentation est exagérément dépréciative. Certes, je ne raconte pas ce que je perçois de la vie des autres en tant que tels, mais je crois souvent me centrer sur ce à quoi ces autres me renvoient. Moins en tant qu'image de moi que par rapport à ma capacité à accepter, comprendre, leur différence d'avec moi. Je crois que c'est cette différence, cette altérité, qui motive ma réflexion. Non pas le très différent, trop éloigné, mais le subtilement différent. Ou le partiellement différent. Le semblable... mais quand même différent.

Ce qui m'aura rendu le plus prolixe, à l'évidence, aura été l'observation méticuleuse et attentive de la béance qui s'est ouverte entre l'amie en laquelle je pensais avoir trouvé l'âme-soeur et moi. Non parce que la fabuleuse connivence initialement perçue aurait été surévaluée, mais parce que tant de similitudes couplées à d'indubitables différences, bien qu'elles rendissent l'approche particulièrement attractive sur le plan intellectuel, émotionnel, sensible, ne permirent pas d'éviter l'abîme. La connexion établie, pourtant fertile, nourricière, fécondante, créatrice, en fut anéantie.

Depuis, je n'ai eu de cesse de m'ouvrir à sa différence d'avec moi.






Faire meute




Dimanche 14 janvier 2024


« Des milliers de pages, des vies entières vouées à comprendre un peu mieux d'autres manières d'être vivant. (...) [Ces livres] sont chargés aussi d'une tonalité affective nouvelle : un désespoir de comprendre ces aliens familiers, d'y accéder, qui ressemble à l'obsession avec laquelle un amant transparent observe l'être aimé, beau d'être concentré sur une tâche, occupé à vivre, inaccessible ». Ces quelques lignes sont extraites de l'ouvrage "Manières d'être vivant", écrit par Baptiste Morizot. L'auteur y explore le rapport que nous, humains modernes, entretenons avec l'ensemble du vivant, si mal connu et cependant soumis à la prédominance que nous nous sommes attribués sur lui.

En lisant ce passage, et bien d'autres, j'ai en partie reconnu ma quête de comprendre le différent de moi. Non pas en tant qu'espèce, voire de "nature" (l'humain qui se distinguerait de l'animal), comme l'explique l'auteur, mais bien en tant que proche résolument différent. L'altérité au sein du "même que soi". En ce sens je m'éloigne de l'ouverture vers l'animal à laquelle invite Morizot, tout en élargissant ce qu'il élabore autour de l'altérité.

L'auteur invite à reprendre contact avec ces "aliens familiers" que sont les animaux non humains. « Lorsqu'on va dans les parages de l'animal, émerge parfois l'intuition que l'on peut avoir accès à l'étrangeté d'une autre manière d'être vivant que la nôtre, celle d'un loup par exemple, sans pour autant réduire cette étrangeté ». Il observe la manière des loups d'être vivants, largement inaccessible à notre perception humaine faute de langage commun. Ce qui n'empêche pas de tenter de comprendre le sens de son mode de communication, tels que les hurlements.

« Le hurlement révèle aux autres loups, à dix kilomètres à la ronde, ma personne, mon état émotionnel, mon désir, ma fatigue, ma peur, comme la voix d'un ami au téléphone, après des années de silence, le rend présent dans la pièce, en entier, son style inimitable de vivre.
(...). Il y a tout un langage sans le langage dans ce hurlement. Ce serait simultanément un parler-de (je suis là), un parler-à (trouvez-moi) et un parler-faire. Il formule dans un seul chant inséparé "Je suis là, où êtes-vous ? Soyons meute" ; mais aussi il fait meute en disant. Il dit dans le même son "je vous cherche et trouvez-moi", puisque la solitude est un manque qu'il faut combler en appelant
». (p. 73)

Difficile de ne pas remarquer l'analogie avec les signaux que lancent des humains sur les réseaux numériques depuis qu'ils ont découvert ce mode de communication sans présence. Fondamentalement, n'est-ce pas la réactivation de comportements archaïques ? Aurait-on donc besoin, viscéralement, de sentir que nous ne sommes pas seuls ? La socialisation numérique ne répond-elle pas au besoin irrépréssible de vérifier, encore et encore, que "je" n'est pas seul ? Ou moins seul ? Ou pas seul même quand je me sens seul ? Autrement dit : toujours connecté, "en relation" avec quelqu'un, plus ou moins interchangeable.

La modernité au service de nos besoins archaïques de "faire meute". Avec l'illusion de pouvoir ainsi les rassasier.

J'ai évidemment constaté en moi, à moult reprises, ce mécanisme de vérification d'appartenance autant que de validation de ma propre valeur : ai-je toujours une place parmi mes semblables ? Non pas mes semblables originels (ma famille), ni mes semblables de labeur (mes collègues), mais aussi mes semblables en affinités. C'est à dire ces diverses boucles de socialisation, réelles et virtuelles, dans lesquelles j'ai reconnu des semblables, aux centres d'intérêt similaires, voire partiellement identiques. En quelque sorte des "même que moi", ou aussi proches que possible.

Sauf que le même que moi n'existe pas. Excepté, peut-être, pour les jumeaux vrais ? "Je" est singulier ; "nous" n'est pas duplication ni clonage. Nous n'est que regroupement de semblables, résolument différents, selon des limites variables qu'il faudrait systématiquement préciser. Nous-deux, nous-groupe, nous-humains, nous-vivants. Tout ce qui se situe entre deux vivants et des milliards. Entre l'éternité et l'instant.

À la fois solitaire et en meute, irrémédiablement seul et définitivement social, suis-je vraiment différent du loup qui appelle ses congénères pour se situer ? Ces autres "même que soi" ?

Je me souviens de mon désarroi, de mon inquiétude, de ma douleur, jadis, quand cette autre "même que moi" ne me répondait pas ; ne me répondit plus...

Never again !


AooouuuwwWAoouuuuUUUUUuuuuuuuuuuUUuuuuuuu






Passé-présent




Lundi 5 février 2024


Trois jours de voyage dans le passé. Immersion profonde, déconnexion d'avec le présent-actuel. Le passé est devenu mon présent. Un passé-présent, en quelque sorte...

Un passé-cadeau ?

J'ai plongé dans les écrits de mes parents, leurs correspondances à différentes époques, de la jeunesse à l'âge adulte. Le service militaire de mon père, en 1958, puis sont départ en Algérie en 1959. Ses impressions une fois là-bas. Une cinquantaine de lettres adressées à sa mère, avec un style bien particulier : plutôt détaillé en ce qui concerne les dates et les heures, le menu des repas, les températures et la météo, mais peu disert sur ce qu'il observe et ressent. Sauf l'ennui, qui visiblement lui pèse souvent. Une graphie minuscule mais très régulière, un narratif parcimonieux, rarement descriptif, bien peu porté aux épanchements émotionnels.

De l'autre côté ma mère a une écriture ample, voluptueuse, lyrique, enflammée, passsionnée. Presque exclusivement consacrée aux émotions intenses qui la vont vibrer, des plus grandes joies au plus profondes tristesses. C'est l'intériorité qui s'exprime, sans presque aucun détail du quotidien.

Deux écritures qui commenceront à se conjuguer quelques mois avant le retour de mon père en France, dans le registre poli et convenu qui seyait à de jeunes gens qui ne se se fréquentent pas. Quelques mois plus tard un autre genre de correspondance apparaît, cette fois ouvertement amoureuse, marquant le changement de statut à l'occasion d'un éloignement professionnel. Mon père s'y épanchera un peu plus, exprimant son attente de revoir au plus tôt sa jeune fiancée.

Quelques années plus tard, en 1963, une correspondance a haute fréquence témoignera à nouveau d'un éloignement temporaire et du manque qu'il engendre : mon père était parti en éclaireur aux USA pour y effectuer un stage de six mois. D'abord seul, il ne sera rejoint qu'un mois plus tard par son épouse (et 2 jeunes marmots). Là encore la tonalité différait largement, entre le récit factuel et pragmatique de mon père et le coeur palpitant de ma mère.

Dix ans plus tard il y a aura plusieurs longs voyages professionnels à travers le monde, générant de nouveau des échanges à haute fréquence. Les deux tonalités ne changeront pas : récit détaillé des rencontres professionnels, lieux et dates, heures d'arrivée et départ, menus, quelques brèves considérations sur les paysages urbains. En face une longue plainte amoureuse, qui se veut pourtant gaillarde, entrelardée du récit d'un quotidien sans saveur. Ma mère est triste, en attente de signes d'affection trop rares pour combler le manque qui la ronge. Sa joie de vivre, son exaltation, s'étiolent sans l'homme qu'elle aime.

Qu'apprends-je du récit croisé de ces vies conjuguées ? Fondamentalement rien : je sais de longue date ce qu'il en été de la vie de couple de mes parents. Leurs différences comportementales, leur décalage perceptif, leur déception réciproque, leur amour ambivalent, contrarié... et malgré tout le maintien tenace de cette union "inévitable". Parce que prédestinée, toute tracée par deux familles soucieuses de voir leurs rejetons inexpérimentés fonder une rassurante perpétuation. Histoire tragique d'un mariage heureux-malheureux qui a duré presque soixante ans.

Tout cela je le sais mais dans leur correspondance je découvre des éléments probants, je lis des non-dits, je perçois dans le choix des mots des subtilités dont je n'avais pas eu connaissance par les récits ultérieurs. Il y a nécessairement des vérités arrangées, qui masquent et déforment ce qui s'est échangé dans le présent fugitif. Mais les empreintes sont restées, intactes, des mots qui furent tracés et de l'intention qu'ils signifiaient plus ou moins consciemment.

Je suis trop rompu à l'art épistolaire pour ne pas discerner ce que l'écrit-à-lire peut cacher, ou trop appuyer, des intentions de l'un ou de l'autre. Davantage encore, je crois pouvoir saisir ce que le journal de ma mère peut avoir de potentialités exacerbées par l'expression "libre" qu'autorise le dialogue intérieur entre différentes entités du soi (que j'appelle "interlogue"). Ainsi, en croisant les différentes versions de mêmes situations vues selon deux protagonistes, en y ajoutant le récit intime et sans contredit de ma mère, parfois enrichi de versions passées mais actualisées selon différentes colorations émotionnelles, je pense pouvoir évaluer la pluralité des interprétations. Si j'y ajoute la perception que j'en garde, lorsque j'en fus le témoin, je comprends à quel point la part d'imaginaire peut démultiplier les vérités d'une situation subjectivement perçue. Kaléïdoscope de réalités, constituées d'une infinité de détails, de signaux devenus imperceptibles (le non-verbal), d'intégrations évolutives. En bref : il n'y a plus de réalité. Non seulement parce que le réel est fugitif, mais aussi parce que le factuel n'est plus accessible. Il ne reste que des réalités subjectivement perçues, donc absolument authentiques.







Phobie confidentielle



Dimanche 3 mars 2023

Dans le journal intime de ma mère j'avais remarqué un décalage entre les pensées romanesques qu'elle décrivait lorsque le jeune homme dont elle était chastement amoureuse était loin d'elle, et le récit déçu qu'elle avait pu faire ensuite des rares rencontres dudit jeune homme. Son imaginaire de jeune fille la faisait osciller entre élans passionnés et attente infinie de signes de réciprocité qui ne venaient pas.

Quelques années plus tard, dans une des lettres qu'elle adressait à mon père, au début de leur relation, elle considérait avoir davantage d'aisance à exprimer son amour par écrit et à distance que de vive-voix : « Depuis que nous nous sommes quittés hier soir, je ne fais que penser à la lettre que je t'écris ce soir. Toute la journée j'ai pensé à ce que je te dirai, car je voudrais tant te parler, et quand je suis près de toi, je ne sais plus comment il faut commencer ».

Quelques mois plus tard, mariée, elle écrira, un peu dans le même sens, « Malgré le coup de téléphone, je t'écris quand même pour te parler plus longuement et te donner des nouvelles. De toute façon je peux te dire "je t'aime" beaucoup, beaucoup, plus facilement qu'au téléphone où tu m'as paru très intimidant alors que je venais de lire ta lettre très aimante ». Déclaration à relativiser puisque, dès le lendemain, elle lui écrira : « Aujourd'hui je ne t'écris pas longuement car je m'y suis prise un peu tard (...), tu me pardonneras si tu sais que je t'aime de plus en plus mais que je ne sais pas l'écrire : il me serait tellement plus facile de te le dire ».

Affirmations contradictoires, mettant tantôt l'écriture, tantôt la parole comme moyen préférentiel d'exprimer ses sentiments.

Bien plus tard dans leur correspondance de couple établi j'ai pu lire la propension de ma mère à imaginer une relation passionnelle, lorsque mon père était loin durant plusieurs ssemaines, et la déception sévère qui suivait le temps très bref des retrouvailles après ses longs voyages. Ma mère exprimait alors, dans son journal, son amertume et sa profonde tristesse de n'être pas davantage aimée. Elle avait besoin de signes d'affection qu'elle estimait ne pas recevoir suffisamment.

Elle a cependant choisi de rester avec ce mari qui ne répondait pas à ses attentes...


Dans mon propre journal intime d'adolescent je me souviens avoir décrit mes tourments d'amoureux, eux aussi très chastes, bien incertain d'une réciprocité. J'imaginais, comme ma mère, ce que je ressentirais si je recevais des signes amoureux à la hauteur des sentiments que j'éprouvais.

Le mot important, ici, c'est "imaginer". Ou plus précisément, la notion d'imaginaire amoureux. Je remarque incidemment que c'est assez proche de "Imaginaire et représentations au sein du couple", sujet du mémoire que j'ai entrepris en 2011... et resté inachevé. Car en cherchant à analyser les ressorts de cet imaginaire je me suis vu perdre tout attrait pour ce thème : il se révélait être une impasse par rapport à l'évolution de mes propres représentations. La notion même de couple m'est devenue étrange, anachronique, insensée. Je ne m'y retrouvais plus. Pire : j'ai développé, me concernant, une aversion par rapport à cette idée ! Ce n'est plus pour moi !

La déception a été trop grande. Ce qui signifie, en creux, que mes attentes étaient trop grandes...

Lire les écrits de ma mère m'a permis de réaliser, avec une acuité renouvellée, que j'avais une propension similaire à la sienne à imaginer comme "idéales" des relations qui ne l'étaient pas. Et comment auraient-elles pu l'être ? Je cherchais à faire correspondre des relations [ou des personnes ?] réelles à ce que j'imaginais qu'elles auraient pu être. Je croyais qu'avec du dialogue et de la volonté il était possible de trouver un espace d'entente [de compromis ?] acceptable et bénéfique pour les parties en présence.

Décalage entre ma perception, idéalisée, et le réel. Il se peut que j'ai fantasmé la possibilité d'une confiance réciproque à la hauteur [inatteignable ?] de ce que j'imaginais. Confiance réciproque : ces mots sont absolument fondamentaux dans ma représentation de ce qu'est [ce que pourrait être ?] une relation épanouissante.

Force est de constater que je n'ai pas su maintenir un tel niveau de confiance, peut-être trop... absolu. Et que, depuis mes déconvenues, je n'ai pas su comment me projeter vers un imaginaire de substitution. Je n'ai même pas réussi à imaginer ce que pourrait être une relation dans laquelle la confiance aurait des limites.

Mais quelle confiance ? En moi ou en l'autre ? Et quelles limites à la confiance ? Si celle-ci consiste à laisser l'autre libre d'être soi-même, suis-je suffisamment émancipé, et libre moi-même, pour cela ? C'est à dire libre de laisser l'autre suivre son propre chemin, fut-il sans moi ?

Il se pourrait que, incertain de mon aptitude à accepter cette fondamentale liberté, j'aie inconsciemment préféré ne plus me lier de façon trop proche. En quelque sorte je me serais adapté au réel.

Et je m'en porte fort bien :)


Mais comment savoir si je ne me porterais pas mieux "à deux" ? L'hypothèse me parait assez absurde, mais comme elle correspond à une certaine normalité, je la tente quand même.

Pas plus tard que ce matin [car ce n'est pas fortuitement que j'écris sur ce thème] j'ai rédigé un courriel dans lequel j'ai décrit le décalage que je ressens au sein d'une relation amicale - et à distance – de longue date. Avec précautions j'ai tenté de mettre en évidence ce que je percevais depuis pas mal de temps sans l'avoir aussi clairement formulé auparavant. Ce faisant je me suis rendu compte que j'abordais un thème délicat, car au cœur des affinités qui nous ont rapprochés.

Il y a très longtemps que je n'ai plus écrit sur le ton de la confidence et là, au fil des mots, je retrouvais une sensation bien connue de prise de risques : et si ce que je confie heurtait l'autre ? Lui déplaisait ? Et si le fait de me dévoiler en confiance aboutissait à l'effet inverse de celui escompté ? Je me suis senti un peu inquiet, tiraillé entre la volonté d'être sincère et une prudence me poussant à soupeser chaque mot potentiellement vulnérant pour mon interlocutrice. M'est alors revenu le souvenir des sensations vertigineuses qui accompagnaient autrefois mes audaces de sincérité. Ce "vrai-moi" que je sentais juste de dévoiler mais qui me lançait dans l'incertitude d'un éventuel rejet. C'était quitte ou double : lorsque je recevais une réponse compréhensive et rassurante, j'étais en joie de me sentir accepté dans mon entièreté et totalement reconnaissant pour cela. Mais si une réaction courroucée m'était retournée, sanctionnant la liberté imaginative que j'avais prise et celle de l'avoir racontée, je me retrouvais anéanti. Au final, après plusieurs déconvenues de ce genre, j'ai développé la crainte de "trop en dire". Et je m'y suis perdu.

Je me demande si la répétition de ces confidences mal reçues, fort préjudiciable à mon auto-estime, à la longue, n'aurait pas instauré en moi une sorte de phobie confidentielle. Je ne peux que constater la prudence que j'ai développée par rapport à l'expression de mes confidences sensibles, empêchant peut-être tout investissement sentimental. Le double naufrage des deux aventures relationnelles dans lesquelles je m'étais lancé a laissé des traces. Je me livre désormais fort peu et, le cas échéant, ne le fais que dans le cadre de relations de confiance étroitement circonscrites, compartimentées, généralement sans enjeu affectif, exclusivement a-sentimentales.

D'ailleurs, il se pourrait bien que j'aie développé, en parallèle, une phobie sentimentale !

Donc, pour fermer l'hypothèse du "serait-ce mieux à deux ?", je peux en déduire ceci : je ne me sens pas - à ce jour - en capacité de l'envisager.

Et, au final, peut-être est-ce une bonne chose que d'éviter d'importuner les autres avec mes états d'âme. Ce n'est pas à l'autre de me rassurer lorsque je doute de l'importance que j'ai à ses yeux.








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