Janvier 2014

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Travail d'écrit



Lundi 6 janvier 2014


Retour vers mon hâvre d'écriture solitaire, après quelques jours passés en vadrouille du côté de la Méditerranée...

Du coup j'ai un peu oublié où j'en étais... mais pas que je voulais poursuivre. D'ailleurs la trame de ce qui cherche à se dire est déjà écrite depuis plusieurs semaines. Jusqu'au final. Je ne fais que rajouter ou modifier des éléments à chaque fois que je veux préciser les choses avant publication. Ce qui rallonge inévitablement le contenu antérieurement préparé et m'oblige à le fractionner...

Où en étais-je, donc ?
Ah oui, là :

C'est bizarre mais, alors que je cherche à aller vers un bien-être, je ressens un léger malaise à mettre en ligne mes retours sur de l'histoire ancienne. D'abord parce que je me dis que c'est tellement particulier que ça n'intéresse probablement personne d'autre que moi. Ensuite parce que j'ai beau vouloir nager dans les eaux pures et limpides qui s'écoulent vers les mers de la sérénité, je sais qu'un mouvement mal contrôlé pourrait remettre en suspension ce qui a mis tant de temps à se sédimenter. Inévitablement je vais écrire des choses pas tout à fait justes, laisser s'infiltrer des traces de ressentiment, des trucs encore pas bien digérés. Or je n'ai nulle envie de raviver le moindre trouble au cas où, l'hypothèse se voyant confirmée, ma recherche serait discrètement observée. Dernier motif de gêne : bien que je le récuse je me sais transgresser un interdit, ce qui ne m'est jamais confortable.

Je continue néanmoins ma publication, mû par je ne sais quelle nécessité
[clarifier ma pensée ? mieux comprendre la dynamique des relations ? clore mon côté de la partie ?]. Tant que cette énergie est là, je la laisse agir. Un jour elle sera éteinte, ou tout sera devenu suffisamment clair pour que je n'y revienne plus. Enfin... je crois...

Pour atténuer mes scrupules d'écrivant impudique je dois aussi me rappeller que j'aurais vraiment préféré ne pas avoir à (re)venir à une description en public. Je n'ai cessé d'en appeler au dialogue de clarification, en privé, à tel point que j'avais l'impression de le mendier ! À force d'insistance il a certes pu avoir lieu, mais au prix d'une dégradation constante de ce que j'aurais voulu préserver. Jusqu'à ce que je consente à "laisser aller" celle qui me le demandait. Ces échanges, quoique d'une parcimonie croissante, ont tout de même été hautement appréciables et m'ont permis de mettre suffisamment de sens pour continuer seul.


Le yo-yo qui a suivi "l'arrêt" de la relation a duré environ cinq ans (2004-2009). À elle seule la série d'arrêts-reprises constitue une histoire ahurissante. D'une durée étonnamment longue, il faut en convenir, elle pourrait expliquer pourquoi je n'en suis pas encore tout à fait sorti. C'est pourtant dans le grand flou de cette période contrastée que j'ai peu à peu compris, grâce au dialogue et à l'autoanalyse, ce qui s'était joué avant autant qu'après. À partir de 2008, la colère de l'incompréhension étant devenue moins aveuglante,
j'ai voulu écrire sous un autre régime que celui qui avait prévalu. Soucieux d'apaiser les tensions je me suis efforcé de ne plus porter préjudice, voulant absolument éviter de réduire à néant les possibilités de réconcilation [aussi infimes et improbables qu'elles fussent alors devenues...].

Sous ce régime protectionniste l'autocensure est devenue massive. Dans le champ d'expression très réduit que je m'autorisais ici je contorsionnais tant bien que mal le fil de mon écriture pour éviter d'aborder les zones à risque. Mais d'un autre côté je
m'accomodais mal de l'opacité forcée qu'engendraient tabous et interdits qui, par leur principe, m'irritent fortement et tendent à provoquer une pulsion d'expression. Entre volonté de retenue et envie de délivrance les tensions internes étaient fortes. À tel point que ma démarche d'écriture analytique, trop étroitement corsetée, n'avait plus vraiment de sens. J'y étais trop souvent mal à l'aise, tiraillé de scrupules, en déséquilibre. Pourtant j'ai continué sur cette voie, de plus en plus étroite, aussi loin que j'ai pu.

Lorsque j'ai enfin admis que ce pseudo-journal était devenu l'ultime façon
de "faire passer des messages" et de maintenir un contact indirect, j'ai coupé net (janvier 2012). Je crois que j'ai eu subitement... honte [de quoi ?]. Je n'ai même pas mis en ligne le texte d'aveu écrit ce jour-là : il mettait trop en évidence le travers de ma démarche. Ce n'est qu'à mon retour en écriture, presque deux ans plus tard, que j'ai affiché ce point d'inflexion salutaire.

Et maintenant ? Si aujourd'hui mon regard a changé, le contexte, lui, est resté à peu près le même. En réactivant ce journal je savais donc pertinemment que je me plaçais de nouveau sous le regard potentiel de l'amie d'autrefois. Rien ne me dit qu'il existe encore, mais rien ne pourra m'assurer du contraire. L'éventualité d'une lecture muette, si longtemps après les faits, pourrait-elle n'être que pur fantasme ? Rien n'est moins sûr :
cinq ans après que la "suspension-arrêt-rupture-mais pas vraiment" m'ait propulsé dans l'intarissable logorrhée que vous connaissez, la destinatrice inavouée me disait suivre encore furtivement mes écrits... tout en continuant à refuser la reprise d'un dialogue direct [ou, plus exactement, refusait le principe d'un dialogue visant à une réconciliation]. Il n'est donc pas aberrant de penser que la confidente d'autrefois me lira un jour, voire continue à me lire en ce moment-même ! Sans cette éventualité ce journal aurait été, évidemment, radicalement différent. Désormais je ne feins plus d'en faire abstraction. Mieux : je fais de cette éventualité un outil de transformation. Je veux pouvoir écrire librement, sereinement... et donc tendre vers l'irréprochabilité quant au contenu que je délivre. C'est à dire me sentir à la fois juste, sincère, et respectueux. En équilibre. C'est en cela que la démarche montre, à mon sens, tout son intérêt : l'honnêteté m'oblige à correspondre à ce que je veux être. Ne voulant plus refouler les mots, mais m'alléger, c'est sur mes pensées que j'ai à travailler.



Rédigé, amendé, modifié du 24 novembre 2013 au 6 janvier 2014


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Contre nature



Samedi 10 janvier 2014


Comme je l'ai expliqué je m'exprime actuellement sous une forme un peu particulière : j'actualise à répétition un récit déjà pré-rédigé, stocké en attendant d'être prêt à en publier chaque partie. Le temps joue un rôle essentiel dans ce processus puisque je laisse mon esprit se faire malaxer par l'élaboration collaborative des mots et du temps. Ce que j'évoque se situe dans le passé, donc m'éloigne des spécificités du "journal", mais le fait que j'en parle avec mon présent vivant m'en maintient proche. Présent vivant, en ce sens qu'il est non seulement distant du passé relaté, mais aussi agissant dans l'instant : je peux voir évoluer une idée entre le moment où je l'ai écrite et, la relisant, mon envie de la modifier ou la préciser. Je le fais aussi longtemps que je l'estime nécessaire. Un peu comme si, par cette élaboration lente, je cherchais à faire coïncider le dire et l'être. Je tends à devenir ce que j'écris tandis que l'écriture me transforme. J'agis ainsi jusqu'à ce que je sente que la partie du texte en finition est suffisamment aboutie pour que, n'ayant plus rien à lui ôter ni à lui ajouter, je m'en détache en la publiant. Je peux alors me consacrer à la partie suivante en reprenant, durant le temps qu'il faudra, ce que j'ai pré-rédigé plusieurs semaines auparavant...


D'une certaine façon ce journal est donc à la fois détaché de l'écoulement du temps (passé et présent s'interpénètrent) et en phase directe avec l'instant. C'est ce qui explique de probables répétitions puisque, selon le thème que j'aborde je peux faire référence aux mêmes évènements sous plusieurs approches.


J'ai déjà longuement évoqué la singularité de mon aventure passée: écrire sous le regard de celle que j'aimais et qui, quoique prônant la transparence, n'avait pas eu,
hélas, la capacité de toujours l'accepter [ce qui n'est assurément pas à la portée de tout le monde]. Une telle contradiction, inexprimée de part et d'autre faute d'en avoir clairement conscience, a abouti à générer le silence au lieu de favoriser la parole. Je l'avoue aujourd'hui sans fard : continuer à me dire sous ce regard dès lors que le dialogue m'a été refusé m'a placé dans une situation particulièrement inconfortable [quoique stimulante]. Si je ne savais, depuis, en avoir tiré des bénéfices secondaires je me demanderais comment j'ai pu l'endurer aussi longtemps ! En fait j'avais l'impression d'être observé en silence derrière une glace sans tain. Cobaye consentant, je me soumettais volontairement à une expérience aux limites de sa raison. Si tout cela avait évidemment un sens, à l'époque je ne l'appréhendais pas vraiment. Beaucoup de choses m'échappaient.

En revanche je m'interrogeais sur le mutisme de l'observatrice : cherchait-elle seulement à savoir ce que je disais d'elle ou suivait-elle ma lente évolution ? Restait-elle en position défensive, fermée, ou pouvais-je influer sur sa réouverture ? Cette incertitude me mettait dans la confusion, entretenant un suspens pénible entre espoirs et renoncement. Je ne peux que reconnaître que je suis resté complice de ce système pernicieux aussi longtemps que j'ai continué à livrer mes états d'âme. Mon optimisme y trouvait assurément son compte, me permettant de croire encore qu'ainsi je parviendrais peut-être, à la longue, à faire entendre le sens de ma persévérance et rétablir la vérité autour de ce que je considérais comme une suite de malentendus. Mais, soyons franc, je me suis écartelé dans cette démarche schizophrène. Pensez donc : je décrivais mon pénible travail d'acceptation d'une fin bizarroïde, que je réprouvais totalement, sous le regard de celle qui me l'imposait, tout en espérant la faire changer d'avis ! Trop d'enjeux contraires à la fois...

Fier de progresser dans le détachement, l'autonomie et la connaissance des dynamiques relationnelles, j'en faisais état
[comme un bon petit élève] mais en même temps m'exposais sans contrepartie. Poursuivre dans ces conditions me demandait un apport constant d'énergie alors que, non seulement je ne disposais plus d'aucun soutien de l'ex-complice, mais surtout d'aucune perspective encourageante. Et pour cause....

Seul dans un dédale de pistes incertaines, je ne pouvais puiser qu'en mes propres ressources. Elles m'ont longtemps porté et j'ai pu constater qu'elles étaient finalement assez conséquentes. En plus d'un optimisme forcené j'avais des convictions très fortes en ce qui nous concernait, largement soutenues par les débuts très prometteurs de notre aventure commune. Le souvenir de ce que nous avions vécu dans la commune conquête ["nous vaincrons !"] alimentait ma croyance qu'un dénouement heureux finirait forcément par advenir. À mes yeux il ne pouvait en être autrement, malgré tout ce que ma comparse avait pu exprimer ensuite dans le sens contraire. Je pensais que c'était une question de patience avant que je regagne sa confiance...

J'ai toujours tenu ce cap, même si la détermination de l'ex-coéquipière à me faire changer d'avis m'a, à de nombreuses reprises, temporairement désorienté. Découragé, convaincu, je cédais... avant que, aussi sûrement que l'aimant d'une boussole, je retrouve ma direction. C'était plus fort que moi !

Cette persévérance a duré pendant les cinq ans qui ont suivi sa décision de "suspendre" la relation (septembre 2004), tant que nous avions encore en coulisses, et malgré nos désaccords, des contacts épisodiques à l'initiative de l'un ou de l'autre.
Ces contacts, quoique minimalistes et de moins en moins porteurs d'espoir, maintenaient pour moi un niveau d'énergie suffisant pour persévérer. Il y a même eu des moments de reprise de dialogue, mais avec beaucoup trop de sujets devenus tabous pour durer. On ne se comprenait plus. De compliquée la situation est devenue inextricable. Ingérable. On s'épuisait tous les deux à, selon sa formule, « ramer dans la même barque en sens contraire ». Elle vers l'éloignement, moi vers la réconciliation. Finalement, en novembre 2009, elle m'a demandé de la laisser partir, de cesser de résister... Sa paix, son bonheur, passaient par là et, pour cette raison, je n'ai pu qu'y répondre favorablement. Ce faisant je ne devais plus espérer le moindre apport de sa part pour trouver ma paix. Elle avait fait son possible...

À partir de là mes réserves d'énergie ne pouvaient que s'amenuiser.
Logiquement j'allais finir, tôt ou tard, par tomber d'inanition. Mais le temps a passé sans que ma détermination trépasse. J'ai simplement laissé tomber les objectifs inatteignables. Je me suis adapté au silence. J'avais, sans grande surprise, d'autres ressources que celles qui s'étaient taries. C'est fou ce qu'on peut être résistant pour aller vers ce à quoi on tient. C'est d'ailleurs une façon de savoir ce qui compte vraiment...

Qu'est-ce qui comptait vraiment pour moi ? Qu'est-ce que je cherchais ? Qu'est-ce qui m'attirait ? Je vais vous faire une confidence : je crois bien que j'aurais aimé partager mes découvertes avec elle !
J'avais envie de confronter mes hypothèses à sa perception, à sa réalité, à sa contradiction. Comme si elle était restée ma partenaire "naturelle" d'exploration, alors même que j'avais pu le faire avec plusieurs autres. Allez comprendre...


Décidément incorrigible, je restais porteur d'un enthousiasme qui cherchait à se partager. Or c'était devenu impossible puisque je m'étais, en quelque sorte, engagé à la laisser aller. Donc à ne plus m'adresser à elle. J'étais dans une impasse. J'ai tenu deux ans à ce régime, sans vraiment m'en ouvrir ici. C'était vraiment compliqué pour moi de continuer à écrire ici, sous son regard potentiel. Je n'y parvenais plus.

La cure de silence qui a suivi (de janvier 2012 à octobre 2013) a été une façon de m'extraire de ce contexte, a
près des années sous un régime de disette croissante. Là, à l'abri des regards, j'ai continué à chercher, en analysant les origines, suites et conséquences de notre éloignement dans ses différentes phases. Cela m'a permis de me recentrer et voir émerger quelques valeurs fortes qui m'étaient fondamentales : dialogue, paix, respect. J'y ajouterai, parce qu'ils en découlent : sentiment de liberté et confiance. J'ai aussi pu confirmer avec quelle ténacité, quelle persévérance, quelle force je pouvais être porté par ce en quoi je crois.

Ce que je peux affirmer aujourd'hui c'est que m'être vu privé de perspectives de dialogue alors que je le ressentais comme hautement nécessaire allait à l'encontre de ma nature profonde. En même temps j'ai admis, avec le temps, que l'autre [quel qu'il soit] pouvait avoir des motifs légitimes d'éviter le dialogue. Ce qui peut me mettre en difficulté c'est de ne pas connaître ces raisons. Et c'est ce qui s'est passé dans la situation inénarrable que je décrypte année après année : faute de sens j'ai vécu la prolongation du silence comme un refus, et même un rejet. Une violence sourde et continue qui ne cessait de me heurter, de me meurtrir. Par chance je suis constitué de telle façon que j'aspire à la paix et que la notion de respect m'est essentielle. Et pour parvenir à ces fins, je peux me faire violence (!) en renonçant au dialogue pour parvenir à un équilibre respectueux des aspirations de chacun.

Il y a donc eu toutes ces années, et c'est flagrant, un affrontement interne entre trois de mes valeurs fondamentales. Une hiérarchie s'est alors dessinée. Le dialogue s'est effacé au profit du respect et, dans le cas que j'expose, le respect de l'autre avant celui que je me dois. Tout simplement parce que si je faisais passer le respect que je me dois avant celui de l'autre cela menait directement au conflit... et qu'au final je ne respectais pas mon désir de paix ! Alors qu'en acceptant que le dialogue n'ait plus lieu, en faisant cette concession, mon amie d'autrefois pouvait se sentir respectée dans sa demande et la paix à laquelle j'aspire pouvait s'installer entre nous. Une paix muette, certes, mais une vraie paix. Tout mon travail a donc consisté à renoncer au dialogue et à une réconciliation concrète. Un acte complètement contre nature pour moi mais qui était pourtant la meilleure issue possible. La seule issue, en fait, puisque je privilégie la paix...




Rédigé le 24 novembre 2013, actualisé le 14 décembre, modifié le 10 janvier 2014


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L'équilibre des forces




Mercredi 15 janvier 2014


Vous savez quoi ? Je me dis parfois que je suis un peu dingue d'en dire autant sur un sujet finalement très personnel. Ça ne se raconte pas des histoires pareilles ! Faut vraiment que je sois parvenu à prendre beaucoup de recul avec l'image de soi pour dépasser la gêne...

Mais... mon récit rétrospectif
en épisodes touche à sa fin et bientôt je pourrai revenir au temps présent. Le "travail" psycho-rédactionnel, sans doute fort indigeste à lire, m'a permis d'avancer dans le sens que je voulais. Maintenant l'envie d'achever rapidement me démange...



Deux années d'abstinence en écriture ont offert à ma pensée confuse le temps de se structurer, de mûrir à l'abri de regards. J'aurais pu rester longtemps dans ce mutisme finalement assez confortable mais, je le sentais, viendrait forcément le moment d'en libérer le fruit. Il me semblait nécessaire que quelque chose naisse de ce silence. Je pressentais que le laisser s'enfoncer dans le définitif aurait abouti à une forme de stérilité. En fait, je crois n'avoir jamais douté que les mots que je retenais s'écouleraient de nouveau. Ce que j'ignorais c'était quand, sous quelle forme, et à l'adresse de qui.

Je me taisais mais n'avais pas renoncé au dialogue, ou du moins à une quelconque forme de communication. J'avais besoin, pour avancer, de croire que c'était encore possible. Et tout en étant conscient de l'inutilité de ces pensées, je ne pouvais m'empêcher d'envisager des échéances plus ou moins lointaines... J'en reportais toutefois constamment la concrétisation : je n'étais pas prêt à courir le risque de déclencher je ne sais quelle réaction défensive de la part d'une lectrice particulière, toute hypothétique qu'elle soit.
J'avais à dire, certes, mais, voulant éviter de blesser ou raviver un conflit, je n'en voulais rien laisser filtrer. Par peur de rompre le dernier fil, déjà bien trop ténu à mon goût, je gardais tout en moi. Ainsi les mots retenus continuèrent-ils à me travailler tranquillement, à pétrir ma conscience et assouplir mes idées. Mois après mois je vis ma pensée s'adoucir, mes tourments s'effacer, et peu à peu une joie subtile entourer les mots retenus. L'envie de m'en ouvrir s'invita de nouveau, portée par un optimisme ragaillardi...

M'en ouvrir ? Mais à qui ? Et comment faire ? Le mode d'expression le plus direct possible
avait ma préférence, obstinément, envers et contre tout. Or c'est précisément ce qui m'était tout aussi obstinément refusé, quelles que soient les avancées que j'avais pu faire au fil des ans. C'était LE nœud du problème ! De toutes façons, puisque j'avais consenti à laisser s'éloigner mon ex-complice sans plus y opposer de résistance, toute tentative contraire aurait été non seulement une transgression mais aussi une quasi certitude d'échec. Première impasse, donc.
Une autre solution, celle qui consistait à réactiver l'écriture sur ce journal, ne me semblait pas opportune : le contexte était devenu très défavorable, à cause d'errements passés probablement lourds de conséquences. Deuxième impasse.
Quant à choisir la libération de mes mots sur un espace numérique tenu secret, ça ne me paraissait pas très honorable, ni très honnête. J'y répugnais. Troisième impasse. Restait donc une seule option : le statu quo. Du moins aussi longtemps que je le tiendrais...


Seulement voila : je sentais encore sourdre en moi une énergie qui ne trouvait pas son exutoire. À chaque velléité de résurgence sa pente d'écoulement naturel allait... tout droit vers le mur, tant de fois heurté, du refus. Une attirance déconcertante ! Comme si une part de moi n'acceptait pas l'anéantissement des perspectives d'évolution ! Des mois de silence passèrent et l'aspiration persista, retrouvant même de la vigueur, tandis que mes attentes, elles, depuis longtemps n'avaient cessé de s'amoindrir. Inévitablement viendrait donc le moment où l'équilibre des forces entre retenue et libération s'inverserait. Le fruit avait mûri et les germes dont il était porteur cherchaient un support d'ancrage. Il allait me falloir agir...

Le souvenir organique, viscéral, d'une terre de partage autrefois fertile m'habitait et, malgré toutes les fermetures qui m'avaient été opposées,  l'envie d'y semer de nouvelles graines ne m'avait jamais quitté. Je crois que la raison est parfois impuissante à contrer des aspirations fortes. Mais peut-être avais-je simplement des difficultés à accepter la réalité de la coupure ? Car j'avais beau avoir fini par entendre les refus successifs, quelque part en moi demeurait encore le rêve d'une inversion de tendance. Je gardais une sorte d'espérance irrationnelle que le temps, la réflexion, l'intelligence, finiraient par se combiner en ouvrant de nouveau des perspectives favorables. Comment pouvait-il en être autrement ? Puisque les conditions avaient existé elles pouvaient revenir : ce n'était qu'une question de patience.

L'imagination est aussi aveugle que le désir est sourd...

L'élan vital qui, il y a bien longtemps, m'avait porté au surpassement pour m'allier à un enthousiasmant alter ego féminin demeurait intact. Il avait résisté à tous les cataclysmes relationnels
et, inlassablement, mon désir avait repris sa puissance et retrouvé sa direction. Avec la même constance il s'était heurté à la peur du rejet qui, comme un destin, avait fini par advenir. Je ne dirais jamais assez la violence de ce choc et l'ampleur des ondes de répercussions dans ma vie ultérieure. La fermeture m'a été tellement inadmissible que mon être profond m'a invariablement porté vers des images de réconciliation, tandis que ma raison, ni sourde ni aveugle, lui opposait la logique implacable du réel : vains espoirs. Et, de fait, je n'avais pas la maîtrise de la réussite, n'ayant plus assez de crédit auprès de celle qui m'avait auparavant offert sa confiance. Un peu comme si la méfiance avait pris le pouvoir en me coupant, d'autant plus que je l'attendais, toute perspective de réhabilitation. Une logique assez difficilement compréhensible selon ma conception des relations humaines, mais certainement cohérente sous un autre regard...

La privation progressive de contact, devenue définitive en 2009, eut des effets aussi inattendus que bénéfiques: elle m'isolait, du même coup, de tout support dans ma peur du rejet. Une peur qui perdit ainsi peu à peu son pouvoir de nuisance. À sa place l'élaboration d'une conscience accrue remplit l'un après l'autre les vides sur lesquels les craintes, auparavant, s'appuyaient. La peur naissant de l'ignorance, la réflexion et la conscience l'atténuaient jour après jour. Et des jours de réflexion, j'en cumulais pas mal après ces années de silence...

Si bien que, courant 2013, fort de mes avancées, mon envie d'ouverture fut de mieux en mieux parée contre l'adversité. Il allait me devenir difficile de la contenir indéfiniment. Tôt ou tard j'allais de nouveau, je le sentais, me diriger vers ce mur qui pouvait aussi bien être devenu une forteresse imprenable qu'un chateau de sable. Mais comment en connaître la résistance sans essayer ? Après tout j'avais respecté durablement le contrat et, peut-être, cela me rendait-il moins menaçant ? Pendant quatre ans je n'avais rien tenté et les défenses érigées par mon amie avaient peut-être perdu de leur rigidité ? Les certitudes d'antan avaient peut-être quelque peu vacillé ?

Le projet d'aller à sa rencontre n'avait jamais vraiment quitté mon esprit mais j'en repoussais constamment l'éventualité. Pourtant, par deux fois, j'en avais reconnu la faisabilité et je savais que la conjonction de circonstances favorables pouvaient rendre la tentative réalisable. Une partie d'entre elles se présentèrent à l'occasion d'un troisième voyage outre-atlantique. Il pourrait alors suffire de presque rien pour que je me rapproche, ou pas, selon mon intuition du moment, du fameux mur à la résistance incertaine. Et là me montrer à terrain découvert...

Fin septembre 2013. Je me revois, flânant sur le vieux port de Montréal, dans un vaste espace de verdure et de bassins sous un soleil radieux. La température est douce et je me sens bien, l'esprit léger, heureux du voyage en solitaire que j'entame. Je sais aussi qu'à quelques dizaines de minutes de route réside l'amie d'autrefois. Une proximité géographique déjà éprouvée, de nature à me rendre plutôt heureux, toute tristesse bue. Alors, tout en me demandant si ses pensées ont évolué, si le moment est venu de me manifester et à toutes les éventualités de réaction possibles, je songe a ce qui est advenu de "nous". Et ça me paraît tellement stupide, tellement dommageable et absurde. Oui... mais j'ai accepté de répondre à son ultime demande : la laisser aller ! Je m'y suis engagé.

Alors,
déterminé à ne pas me dédire cette fois encore, je prends la route directe vers le nord. Sauf qu'un petit coup de pouce du hasard, à la faveur d'échangeurs autoroutiers complexes, me rapproche bien davantage que je l'aurais imaginé du lieu interdit. Je reconnais le paysage ! C'est là ! À quelques centaines de mètres seulement. En passant si près, il me paraît trop bête de ne rien tenter...

(à suivre)


Rédigé en novembre 2013, amendé et modifié du 10 au 15 janvier 2014

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Sans un mot de plus




Vendredi 17 janvier 2014


J'aurais pu mettre mon clignotant et prendre la sortie qui, en quelques instants, m'aurait conduit au domicile où l'amoureuse d'autrefois m'avait si chaleureusement accueilli...
Je ne l'ai pas fait, évidemment. Il n'était pas question que j'aille frapper à sa porte sans accord préalable : l'effet de surprise aurait pu être redoutablement glacial. Il n'empêche que sentir cette possibilité tellement accessible vint à bout de mes atermoiements. Mon corps avait réagit à la proximité selon d'autres codes que ceux de ma raison et, tout en continuant ma route, l'idée de ne pas en rester là s'installa. Le soir même, alors que j'étais déjà loin, je lançais une courte, sobre, mais cordiale missive l'informant d'une opportunité de rencontre dans les jours suivants, à saisir ou pas...

Elle ne fût pas saisie, vous l'aurez deviné, et je n'en fus pas surpris. Par contre, l'austère neutralité de la réponse me figea. Elle eût instantanément force de révélation...

En un minimum de mots je venais d'être ramené à une autre réalité que la mienne : l'échange direct n'était pas plus envisageable qu'aux pires heures du refus. Mes quatre ans de discrétion n'avaient en rien adouci la détermination de mon ex-partenaire à ne plus avoir aucun contact. L
'indigence de sa réponse, en me montrant à quelle piètre considération j'étais rabaissé, éteignit illico toutes mes envies. Ce n'était pas le fond qui faisait son effet, mais la forme : pas la moindre trace d'amitié, pas une once d'affect, pas même le minimum de politesse qui accompagnerait le plus sec des courriers administratifs ! Certes j'avais eu une réponse, et c'était déjà quelque chose, mais qu'elle était maigre ! Waow ! J'avais déjà eu droit à ce genre d'aumône dans le passé mais là, j'avoue que je ne m'y attendais pas. Le refus était prévisible, certes, mais pas sous une forme aussi aride : dix mots, pas un de plus. Ni rudes, ni doux. Neutres. Une brindille de bois sec en retour de quelques fleurs. Cette fois je fus moins affecté que déçu par ce minimalisme, tant il (re)mettait en évidence l'abîme qui nous sépare. Bizarrement je m'en suis senti plus fort, tandis que l'estime que j'avais conservée pour mon amie subissait une vertigineuse dégringolade...

Je ne saurai décrire ce qui s'est passé à l'instant ou j'ai lu cette demi-ligne, qui mettait un terme à mes modestes velléités. Il y avait bien une part de déception par rapport à l'opportunité réfusée, mais surtout... vis à vis de la personne qui me répondait de façon aussi... disons... mesquine
[restons courtois].

Quel dommage, n'ai-je pu m'empêcher de penser. Quel dommage de n'avoir pas pu aller au delà des blocages...

Pendant un ou deux jours, tandis que je marchais en parfaite solitude dans le brouillard des montagnes Gaspésiennes, je me suis laissé porter par cette hermétisme déconcertant. J'essayais d'en comprendre le sens. Tout en m'étonnant de l'austérité de la réponse, je me demandais ce qui avait pu conduire cette femme, que j'avais connue chaleureuse, drôle, enthousiaste, à un tel degré de froideur à mon égard. E
n outre, la sachant fort attentive au formalisme épistolaire, il était certain que la maigreur de sa réponse ne pouvait être que volontaire. Qu'est-ce qui pouvait générer une telle austérité envers l'ancien confident que j'avais été ? La moindre de mes manifestations d'existence suscitait-elle une telle crainte qu'elle en vienne à me refuser avec si peu d'amabilité une simple proposition ? Certes, en la faisant je m'affranchissais de l'engagement à « laisser aller » mon amie mais, quatre ans plus tard, représentais-je encore une menace ? Ou bien restait-elle profondément blessée par mes réactions d'autrefois ! Qu'avais-je fait, finalement, ou pas fait, qui méritait encore un tel traitement, des années après la déchirure ? Je ne le saurai pas. Et puisque les réponses allaient demeurer dans l'incertitude, il me restait à me poser les questions auxquelles moi seul peux trouver sens : à quoi chacune d'entre elles me renvoie t-il ? De quoi m'occuper encore quelques temps...

Et là j'en viens à me dire qu'avec mes questions, qui m'entraînent toujours plus loin dans ma propre conscience, j'en ai peut-être oublié une réalité toute simple : mon amie avait-elle la capacité d'aller au delà de ce qu'elle à fait ? Était-elle aussi forte que je l'imaginais ? Le doute demeurera...

Quoi qu'il en soit je ne regrette pas d'avoir fait cette ultime tentative. Au contraire, j'aurais pu avoir des remords de ne pas avoir essayé une dernière fois...

L'ironie de cette fin de non-recevoir plutôt abrupte c'est qu'automatiquement elle m'a renvoyé vers le mode d'expression indirect, univoque et à distance, que je voulais éviter de poursuivre... en vue de rétablir la confiance [cf. billet du 15 novembre 2013]. Mais puisqu'il n'était désormais plus question d'espérer le moindre dialogue, son choix allait conduire au mien : j'ai repris le chemin des mots. J'ai réactivé ce journal....
Ce faisant, il n'était nullement dans mon intention de me lâcher comme j'ai pu le faire auparavant sous le coup de la colère et de la frustration. Ce temps est révolu et c'est avec un certain recul que j'ai voulu poursuivre. Je sais désormais que tout ce qui m'arrive est une opportunité de comprendre comment j'en suis affecté. Il me revient donc d'utiliser à bon escient ce journal, en revenant vers l'introspection analytique et en prenant garde de ne pas porter inutilement atteinte à celle que, dans l'absence, j'ai appris à mieux comprendre
. Revenir à l'écriture dans ces conditions, sous les auspices du respect et de l'indulgence, est un défi envers moi-même... et une façon de progresser. C'est la suite logique de mon parcours de conscience à travers l'écriture.


Rédigé en novembre 2013, amendé les 16 et 17 janvier 2014

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Le temps passé



Samedi 18 janvier 2014

Le texte qui suit a été rédigé en novembre dernier, à la suite du "premier jet" de la rétrospective que je viens de publier par épisodes. À la différence des textes précédents celui-ci n'avait pas
été retouché depuis. Intact, il présentait la particularité d'avoir ses verbes conjugués au présent puisque j'évoquais l'état de mes réflexions du moment. Deux mois plus tard le passé s'impose, m'obligeant à reformuler certaines phrases. Ce qui était actuel ne l'est plus et la dynamique du texte en devient fort différente : je n'en suis plus au même point. Dans le laps de temps écoulé, plutôt court au regard des dix années revisitées, ma pensée a évolué. Je pense que l'important travail de réécriture consacré à chacun des épisodes déjà relatés y est pour beaucoup. Ce texte me semble donc significatif du "travail" intérieur que permet l'écriture. Démonstration, si besoin en était, qu'elle agit sur la consience...

Bien que cela alourdisse la lecture j'ai voulu garder trace de cette évolution en mêlant les deux versions.
L'actualisation des conjuguaisons est, sur le fond, le seul changement qui aura eu lieu.



Depuis Pendant des années je me
heurte suis heurté à une logique implacable : la paix [la mienne ?] pourrait bien n'advenir que de mon renoncement définitif. Sauf que, tel un diable sortant de sa boite, resurgit resurgissait sans cesse l'aspiration vers une autre issue. J'ai J'avais beau savoir que cette option est était incompatible avec les décisions prises par mon ex-partenaire, c'est c'était plus fort que moi ! Je *dois* devais donc maîtriser cette force qui cherche cherchait à m'échapper...

Ô ironie, il me
faut fallait en quelque sorte revenir à une logique de contrôle, alors que mon parcours consistait à m'en libérer :)

Je vais vous raconter une histoire vraie : au début du 19° siècle un nouveau propriétaire s'était mis en tête de rendre à l'agriculture une forêt de bambous plantés par son prédécesseur, botaniste. Les bambous furent coupés et on tenta d'extiprer leurs solides racines. En vain. Pendant des années le terrain fut travaillé, labouré, jusqu'à casser le socs de charrue sur les résistantes ramifications racinaires de l'altière graminée. Mais toujours les bambous repoussaient et reprenaient vigueur. Finalement le nouveau propriétaire renonça... et c'est aujourd'hui, un siècle plus tard, la plus belle bambouseraie d'Europe. Elle est visitée par des milliers de touristes et contribue bien plus à l'essor de la région qu'un champ de patates...

Tel le bambou mon aspiration au dialogue a résisté !

Cette petite histoire n'est pas anodine et
peut a pu me servir d'exemple : puisque je ne pourrai pouvais pas éradiquer ce qui représente représentait en moi une force vitale, je pourrai pouvais l'orienter, la canaliser, la cultiver pour en faire un "jardin". Un espace de réflexion et de méditation, de transformation. D'ailleurs... n'est-ce pas ce que je fais j'ai fait depuis longtemps ? Des conséquences douloureuses d'un naufrage j'ai appris à tirer jour après jour des enseignements et ma vie en a été transformée...

Par rapport à ce que
je veux j'ai voulu faire de ce journal réactivé [en novembre 2013, donc], le sens de mon écriture est était d'aller vers une libération contrôlée, en sachant bien quels sont étaient les territoires de liberté et les limites d'expansion. Cela passe passait  par un postulat auquel je *dois* devais finir par adhérer : je ne reverrai JAMAIS Libellule. L'amie des temps passés a préféré cette solution et, après des années de lutte vaine et de propositions refusées, j'ai admis intellectuellement que la paix entre nous était au prix de mon renoncement. Il me reste restait à agir pour que cela m'imprègne profondément et me devienne une évidence acquise. Que j'en fasse ma vérité. C'est donc sous ce signe que je souhaite j'ai souhaité poursuivre mon journal, en continuant à faire part de mon travail de conscience pour passer d'une dynamique naturelle d'ouverture, de dialogue, d'espérance, à une logique de renoncement basée sur des *certitudes* [en écrivant ce mot qui me fait m'a fait vraiment violence, je sens j'ai senti la colère monter en moi. Il faudra que j'y revienne...]. Cela m'oblige m'a obligé à une transformation profonde, qui durera... le temps nécessaire aura duré bien moins de temps que je l'imaginais.

Je ne sais pas bien pourquoi j'ai eu envie d'en témoigner sur cet espace, accessible à l'éventuel regard de l'amie fugitive. J'aurais pu le faire aillleurs, à son insu. J'aurais pu disparaître, cesser ce journal, ou même effacer toute trace de ce qui nous a reliés comme elle l'a fait il y a déjà fort longtemps. Mais je crois que, définitivement, je ne suis pas homme de silence. Pas en ce qui concerne mes valeurs essentielles. Tout en ayant choisi le respect dû à mon amie, je n'ai plus eu envie de me taire, ni de cacher ce par quoi tout cela m'aura fait passer.
Je veux J'ai voulu quitter l'univers des sous-entendus. Revenir à une expression qui, bien qu'adressée à l'altérité plurielle que vous représentez, lecteurs et lectrices, demeure accessible envers l'altérité singulière qui, en l'empêchant, la suscite l'a suscitée. Et j'ai eu envie d'assumer pleinement ce mode d'expression si particulier, publiquement privé, contrarié, au sein d'un lien énigmatiquement cryogénisé.



Rédigé en novembre 2013, retemporalisé le 11 janvier 2014

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Au présent




Dimanche 19 janvier 2014


Voilà. J'en ai fini avec le passé [youpiiiie !]. Je réintègre le "journal", au sens premier du terme : ce qui concerne le jour présent. Il semble que j'ai eu besoin de faire un loooong détour pour poser quelque chose d'important [pour moi, cela va sans dire...]: mon renoncement. C'est à dire une action qui est d'une autre nature que l'acceptation. Accepter c'est dire oui, renoncer, c'est (se) dire non. Mais je développerai sans doute cette notion ultérieurement...

Revenir au présent ? Pas si simple. Il y a finalement bien longtemps que je m'en suis déconnecté, avec mes écrits différés. Déjà, avant mes deux ans de silence, j'avais progressivement glissé vers la retenue. J'ai maintenant une solide envie de réinvestir ce lieu d'expression personnelle, sous une forme plus spontanée et dans le registre qui lui sied : l'intime. Ce que je
ne raconterais pas sur mon blog, par exemple, ni à personne de mon entourage, mais qu'il peut m'être utile de "partager"...

Bon, là il faut
[figure de style] que je vous raconte : comme cela arrive parfois, de façon étonnante, une sorte de synchronicité s'est produite au moment précis où j'en arrivais au terme de ma rétrospective. Figurez-vous que, dans un contexte que je ne détaillerai pas, quelqu'un est venu chez moi pour me poser des questions sur ma pratique de diariste. Cette simple phrase n'indique pas grand chose mais elle en contient au moins trois éléments importants. Les deux premières sont dans la juxtaposition du "chez moi" et du "diariste". Cela signifie que j'ai fait coïncider mes deux identités : celle du diariste et celle du "vrai" personnage que je suis. Il y avait d'autres solutions pour se rencontrer mais, sans que je sache bien pourquoi, j'ai proposé que la rencontre se fasse dans mon cadre de vie. Je crois que j'ai eu envie de me montrer sous ce fameux aspect "vrai". Mais si vous connaissiez ma maison vous comprendriez que je ne suis habituellement pas très enclin à accueillir chez moi, pour une raison très terre à terre : je suis gêné de montrer dans quel... bazar je vis. Le mot est un peu excessif, mais disons que l'ordre et moi ça fait deux. Et surtout, le ménage n'est fait que de façon minimale tandis que plusieurs pièces, qui n'ont jamais été terminées, montrent un aspect "chantier" assez peu esthétique. Bref : si moi je m'en accomode très bien, j'ai un peu honte de le montrer. Il n'empêche que j'ai accepté que cette personne qui voulait me rencontrer vienne chez moi ! Je crois que quelque chose dans sa voix, au téléphone, m'avait mis en confiance [ne me demandez pas quoi, ça m'emmenerait trop loin...]. Accessoirement il se trouve que cette personne était une femme, ce qui représente le troisième élément important de la phrase sus-mentionnée.

Parler de ma pratique, remonter aux origines... il n'en fallait pas plus pour que je me lance ! Intarissable, je crois avoir parlé près de deux heures d'affilée. Et presque sans aucune relance. Il faut dire que le sujet me passionne et que je perçevais de l'intérêt chez mon interlocutrice.

Quand je dis "synchronicité" il faut entendre que cet entretien est tombé à point nommé pour faire un peu le point sur ma situation actuelle, et notamment l'écriture en différé qui à fait que ce "journal" n'en était plus vraiment un. Impossible d'expliquer à mon auditrice pourquoi j'en suis arrivé là sans évoquer le contexte fort particulier qui lie ce journal et la fabuleuse histoire relationnelle avec laquelle il se confond. Je suis donc remonté aux origines et aux diverses étapes marquantes du parcours. Avec pas mal de questions ravivées autour du privé/public, de la liberté de (se) dire face au respect dû à l'autre. Il m'est aussi apparu avec une certaine force de conviction le sens qui sous-tend ma démarche depuis l'origine et qui m'a fait persévérer malgré le coût non négligeable des conséquences : aller au bout de la démarche d'authenticité, et ce, côute que coûte. Reste à savoir ce qui m'a fait choisir ce cap exigeant...

Peut-être ai-je mis le doigt dessus en entrant dans un registre confidentiel
[à un moment donné je me suis rendu compte que je me livrais comme si j'étais en séance psy...] quant à mon rapport au sens de ma vie : j'ai envie de contribuer, à mon échelle infinitésimale, à un mieux-être global. J'ai besoin de sentir que je peux oeuvrer dans un sens "positif", en mettant en évidence de jolies choses, ou de quoi tendre vers quelque chose de "mieux". Et c'est dans ce sens qu'il fallait comprendre la démarche réconciliatrice à laquelle j'ai récemment renoncé, après neuf ans de vaine persévérance...

J'arrête là. Suite au prochain épisode. Et cette fois je n'ai pas retravaillé mon texte !






Mois de février 2014