Novembre 2013

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  Je me tus



 

Vendredi 15 novembre 2013


Nos choix ont toujours un sens.

Je reviens vers ce journal et cela a un sens. Je me tus pendant deux ans et cela avait un sens. Oh, bien sûr, je pourrais en rester benoitement à ce constat mais, évidemment, ça ne me correspondrait pas. J'aime connaître l'origine de ce qui me pose question. Je suis un chercheur de sens...

Deux ans de silence : pourquoi ce choix ?

En fait, comme bien souvent dans nos vies, il s'agit de choix gigognes : je fais ceci parce que je vise cela. Mais l'objectif lointain est souvent caché, inconscient, inaccessible à la conscience ou mal défini.

Je me suis tu pour :
1 - protéger mon amie Libellule afin de

2 - calmer le jeu pour éventuellement
3 - retrouver une possibilité de communiquer en espérant
4 - rétablir la confiance perdue

Le tout dans un délai compatible avec la durée de vie humaine, sachant que, de part et d'autre, il n'en reste plus que la moitié en faisant preuve d'un optimisme conséquent.

Rétablir la confiance perdue.
Pour en faire quoi ?


Et bien, c'est là que l'objectif est quelque peu surprenant : pour n'en faire rien d'autre. Simplement être capable de communiquer en s'écoutant respectivement. Pouvoir se parler librement, sans peurs.

Sans peurs. L'essence même de la confiance c'est de ne pas avoir peur de l'autre, ou plus exactement du préjudice qu'il pourrait me porter. La confiance c'est la non-peur, qui autorise une forme d'abandon des défenses auto-protectrices. Un idéal, en somme. Inatteignable en tant que tel, mais approchable tant que chacun l'a pour objectif.

C'est ce que j'avais cru trouver avec Libellule, lorsque nous pouvions échanger en toute liberté, en toute confiance. Quand il n'y avait que curiosité et plaisir de la découverte, sans jugement. Sans peur. Ou du moins tant que le respect de l'autre permettait que les peurs ne soient pas sollicitées outre mesure, évitant ainsi de déclencher des alertes, voire des mécanismes de protection plus ou moins agressifs.

Mais nous étions humains et, inévitablement, la confiance croissante nous à poussé vers nos limites. Jusqu'à venir titiller nos craintes respectives, jusqu'à découvrir de nous même ce que nous connaissions pas, jusqu'à l'exposer à notre propre regard et à celui de l'autre. Et là, malgré les précautions prises antérieurement, la confiance à commencé à se fissurer. Je me souviens parfaitement de ce jour. Celui où j'ai commencé à douter. Puis le moment où, maladroitement, j'ai exprimé le besoin d'être rassuré. Et le cataclysme que cela allait déclencher. L'incompréhension de part et d'autre, le repli. Le tout premier repli, qui allait marquer le point de fragilité par lequel, à la longue, la relation de très grande confiance allait muter en méfiance absolue. Jusqu'à une impossibilité de communication. Exactement à l'opposé de ce qui nous avait attirés l'un vers l'autre.

Le retournement complet de notre dynamique de rapprochement, qui fut très puissante, est une énigme qui occupe mon esprit depuis ce premier jour. Je n'ai eu de cesse de chercher à comprendre non seulement ce qui s'était passé, mais surtout comment éviter sa reproduction. Pour ce qui est de l'éviter l'échec a été total. Pour ce qui est de comprendre c'est au contraire une réussite. Même si cela occupe une part importante de mon existence depuis des années...

C'est en cela que la gratitude, évoquée dans mon billet précédent, prend une dimension inattendue. Car la gratitude je ne l'ai pas seulement envers les bons moments, mais je l'ai envers cette amie grâce à qui j'ai pu faire autant de chemin. Oh ça n'a pas été simple, parce qu'il y a aussi eu beaucoup de colère envers cette amie... par qui je vivais beaucoup de souffrance. Mais avec le temps j'ai pu comprendre que la souffrance était en moi et que moi seul donnais un sens blessant aux réactions humaines d'une autre personne que moi. C'est moi qui donnais ce pouvoir à l'autre de me blesser par ses réactions auto-protectrices. Il m'a fallu des années de travail sur ma conscience pour parvenir à distinguer ce qui venait de l'un et de l'autre, pour apprendre à la fois à me protéger et à donner un sens aux réactions de mon amie blessée.

Avec le temps j'ai fini par accepter d'avoir dû faire ce travail en solo. J'espérais qu'on puisse le faire "ensemble", pressentant que ce pouvait ainsi être beaucoup plus court, plus efficace, plus réjouissant. J'aurais aimé que nous sortions "ensemble" victorieux de ce combat contre nos peurs respectives. Cela n'a pas été possible et finalement c'est très bien comme ça. De toutes façons il advient ce qui est possible, en fonction des personnes, des circonstances, du moment de la vie, et toute autre supposition n'a pas grand intérêt.

Notre rencontre a eu beaucoup de sens, notre éloignement aussi. Les deux dynamiques m'ont, l'une comme l'autre, éclairé sur le mystère des alchimies relationelles.


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Mois de décembre 2013