Avril 2004
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Oser




Jeudi 1 avril


J’ai vraiment un problème. Le problème majeur de toute mon existence et autour duquel je tourne depuis des années. Il faudrait bien qu’un jour j’aille au cœur, que je cesse de faire des circonvolutions. Que je m’attaque vraiment au problème, et plus seulement à sa périphérie.

Je n’ose pas être moi-même. Je n’ose pas m’affirmer. Je n’ose pas exister.

J’ai trop tendance à chercher des raisons externes, à me placer en victime des circonstances, de mon passé, ou des gens qui m’entourent. Le problème est en moi, et le reste n’est que catalyseur.

Même dans des choix de vie aussi importants que ceux que je fais actuellement, je me comporte souvent en mode passif. J’agis tout doucement, sans vouloir faire de vague [et vu ce qui se passe, c’est mission impossible…], petit pas après petit pas, puis m’adapte aux circonstances qui en découlent. Le principe n’est pas mauvais en soi, mais je le pervertis. Parce que je subis bien plus que je n’agis.


Si je me suis séparé, ce n’est pas par un choix délibéré. C’est une acceptation des conditions que Charlotte m’a exprimé. J’accepte la séparation, y trouve même certains avantages, en comprend le mécanisme… mais ce n’est pas un choix de ma part.
Du coup il m’est facile de dire à Charlotte que c’est elle qui souhaite cette séparation [ce qui soulage ma conscience tout en culpabilisant celle de Charlotte]. Sans doute est-ce quelque chose de ce genre qui lui aura fait dire qu’elle se sent manipulée, ou qu’elle ne me trouve pas honnête.

Je suis honnête, en toute conscience, puisque je dis ce que je ressens sans tricher… mais sans me rendre compte que c’est en amont que je triche : avec moi-même. Je n’ose pas dire ce que je pense vraiment. Je n’ose même pas me le dire. Ou bien je ne crois pas que je puisse le dire. Je n’ose pas, par peur de déclencher des réactions hostiles. Lesquelles réactions me renverraient à une image de rejet, réveillant toutes mes craintes de déplaire. Alors je garde en moi. Je m’accomode de la situation en essayant de dominer mes ressentis.
Illusion dont je suis le premier dupe, parce qu'en fait j’accumule. Je crois soustraire mais j’additionne. Je voudrais être autrement, tente de l’être, mais n’y parviens pas. Et, ce faisant, je fais porter sur l’autre la responsabilité de mon mal-être. Sans rien en dire, bien évidemment, puisque je veux surpasser ce mal-être. J’ai la fausse impression d’y parvenir, mais tout ressort à la première discorde.

C’est un système sacrément merdique !

Et je vois là une grosse part de responsabilité dans le dysfonctionnement de ma relation conjugale. Non pas qu’il n’y aurait pas eu de problèmes sans cela, mais que, occultant les problèmes [tout en les laissant diffuser sournoisement leur substance toxique], je n’ai pas permis qu’on les regarde en face. Nous aurions ainsi pu en corriger une partie, ou constater le dysfonctionnement bien plus précocement.

Une fois de plus c’est par le jeu des différences-ressemblances que j’ai pu comprendre cela (le comprendre étant la première étape, l’intégration profonde la seconde…). En constatant certaines analogies entre la relation que je construis avec nathalie et celle que j’ai [avais] avec Charlotte, je suis bien obligé de me rendre à l’évidence : le problème vient de moi.

Merde ! Et j’avais rien compris…

La différence, c’est que nathalie sait bien ce qui lui convient ou pas dans une relation. Entre autre élément fondamental : la sincérité. Ce qui, pour quelqu’un comme moi qui la souhaite mais se ment à lui-même n’est pas sans poser quelques problèmes... Vient un moment où quelque chose coince quelque part.

Charlotte n’avait pas cette expérience lorsque nous nous sommes connus et, de plus, n’avait pas cette culture de la sincérité-confiance. C’est moi qui lui ai transmise.
Sauf qu’entre ma volonté de sincérité et sa culture du caché il s’est produit une adaptation sur un mode médian. Je n’ai pas eu alors la solidité suffisante pour "exiger" cette sincérité. Elle est devenu séléctive, s’appliquant surtout à ce qui ne posait pas trop de problèmes. Notamment ce qui constituait notre fonctionnement de couple. Ou bien elle explosait dans des disputes qui détruisaient avant de pouvoir reconstruire. D’où l’usure et le travail considérable pour maintenir cette relation.

Ce qui est gênant, maintenant, c’est que le travail de co-construction commencé avec Charlotte a fortement imprégné mon mode de fonctionnement. Elle a été ma seule référence pendant un quart de siècle, et une adaptation s’est faite.
J’ai donc établi des mécanismes relationnels que je reproduis… avec nathalie. La peur du rejet est telle que je n’ose pas être moi-même en toute circonstance. Je n’ose pas affirmer ce que je suis, quels sont mes besoins ou mes manques, mes désirs. Je suis passif dès lors que je dois exprimer solitairement quelque chose, alors que tout se passe bien lorsque nous fonctionnons de concert dans ce mode de complicité qui nous a liés.



Sans vouloir rien enlever rien à ma responsabilité, je crois quand même savoir que cette crainte de perdre l’affection de quelqu’un vient de quelques personnes très marquantes dans ma vie. Sans qu’eux-mêmes en soient responsables d’ailleurs. C’est moi qui ai surinterprété leurs réactions ou comportements, leur donnant un sens qui… probablement, me "convenait" pour satisfaire je ne sais quel bizarrerie de mon subconscient.

Il y a eu mon père et son comportement dénigrant. Mais… je me demande aussi si je n’ai pas "tout fait" pour ne pas mériter son attention ensuite. Comme pour confirmer que, définitivement, j’étais bien ce personnage insignifiant que je croyais être pour lui. Etait-ce une façon de lui "plaire" en étant conforme à ce qu’il exprimait et que je prenais comme vérité ?

Il y a eu mon amour d’adolescence, à qui je n’ai pas osé exprimer ce que je ressentais de peur de… perdre un rêve [déjà je n’osais pas être moi-même]. Et puis ce sursaut d’audace tardive, cherchant à clarifier tout cela vingt ans plus tard, avec une sincérité qui n’a pas été comprise et suscitant un rejet aux effets terribles (quoique bénéfiques, sur le long terme).

Et il y a eu Charlotte, celle qui m’a éveillé à moi-même, m’a permis de faire un pas magistral dans la prise de confiance en moi... mais avec qui je n’ai pas pu aller au bout de la sincérité.
C’est avec elle que je me suis ouvert à la vie, et j’ai tout investi dans notre relation. Sans me rendre compte que, Charlotte n’étant évidemment pas parfaite, une part de mon être restait éteinte, ne trouvant pas avec elle de quoi partager. Mais comme elle m’apportait beaucoup… j’ai accepté la situation plus ou moins bien.
Et voila comment s’est construite une relation incomplète, à la fois fusionnelle et distante. Authentique et mensongère, amoureuse et amicale. Des choses imbriqués fortement, et pas toujours discernables. Quelque chose de très solide mais lézardé de fissures profondes.



Ces trois personnes ont eu un rôle majeur dans mon héritage relationnel. Celui de la crainte. Crainte du rejet et de l’abandon, de l’incompréhension, crainte des excès et des colères.
Alors… j’ai parfois peur d’être moi-même. Peur de déclencher la colère, peur de n’être pas compris. Peur, oui, de ne pas être aimé. Et je ne suis pas sincère, je cache, je garde, j’essaie de me débrouiller seul avec mes fragilités que je dissimule.
Trop sensible à ce que quelqu’un que j’aime pourrait me dire de négatif.

Même si je sais, intellectuellement parlant que cela ne signifie pas forcément un manque d’amour, mon cœur, lui supporte mal de n’être pas choyé, réconforté, rassuré.

Et pourtant, je sais aussi que c’est en étant moi-même que j’aurais l’attention dont j’ai besoin. Mes silences ne construisent rien, ne permettent pas à l’autre de comprendre ce que je ressens, quels sont mes manques. Mes silences sont le plus sûr moyen de me laisser insatisfait et de générer ce que justement je crains.

A force de ne rien vouloir attendre de l’autre et à me débrouiller seul, je n’exprime pas assez quels sont mes désirs. Je n’existe plus assez, risquant d’initier un moindre attachement.
En n’étant pas authentique, pour préserver artificiellement une relation, je plante un germe néfaste qui peut mener à sa perte. C’est ce qui s’est passé avec Charlotte. Je n’ai plus du tout envie de reproduire ce système.


J’ai envie d’oser. Oser être sincère. Oser être moi-même. Oser m’entendre. Ecouter ma voix la plus intérieure, sans en avoir peur. Et ne plus faire peser sur autrui le poids de mes insécurités. Libérer mes relations de mes peurs.



«Vous êtes responsables de ce que vous êtes. Si vous êtes malheureux, c’est votre création. Ne rejetez pas la faute sur autrui, sinon vous ne pourrez jamais vous libérer.
Quand vous aurez pleinement accepté votre responsabilité, vous serez adulte.»

Les mots du silence - Osho Rajneesh





Elle




Vendredi 2 avril


Jamais je n'aurais imaginé, le jour où je l'ai lue la première fois au hasard du web, que nous serions un jour si proches. Pourtant c'est parce que je découvrais une façon de penser étonnamment signifiante pour moi que je m'étais mis devant le clavier pour lui écrire. C'était quelque chose d'évident que de manifester ces similitudes auprès d'elle, cette inconnue.

Quelques années plus tard, alors que notre complicité s'était patiemment construite, c'est avec une évidence semblable que nous sommes entrés dans la proximité sentimentale. Et, dans la fluidité d'un rapprochement croissant, celle-ci évolua vers la dimension amoureuse.

Malgré mon statut conjugal, qui a priori ne le permettait pas, il m'est un jour devenu évident que rien ne pourrait me faire cesser cette relation. Il y avait au plus profond de moi la sensation que je ne pouvais pas renoncer [ne devais pas?], quoi qu'il puisse en coûter.



Je savais qu'elle était la rencontre la plus positivement déterminante de ma vie. Une absolue certitude. Elle était, de l'autre coté de l'océan, la personne que je n'aurais jamais imaginé rencontrer. C'était elle. Quelque chose que je savais, comme ça, comme si je l'avais toujours su. Au dela de la conscience et du raisonnement.

C'est cette évidence qui m'a donné la force de poursuivre, malgré les barrages multiples que mon éducation avaient établi. Je les ai dépassés les uns après les autres, et je continue à le faire. Parce que c'est elle, et parce qu'elle croit en moi, je trouve la force de mettre à bas tout ce que j'avais mal construit et qui me servait de référence.

Elle est mon guide. Son chemin parcouru m'aide à trouver le mien. Passée par bien des étapes que je trouve devant moi, et sans jamais me conseiller, elle sait simplement témoigner de son vécu, éclairant le mien lorsque j'y suis prêt. Elle a la patience de celle qui sait qu'on est le seul à pouvoir trouver son propre chemin, lorsque le temps est venu pour cela.

Il y a quelque chose d'extraordinaire en elle, une conscience de ce qui est bon pour elle, et pour nous. Elle sait, et ne doute pas. Elle ne transigera pas avec ce qui doit être fait, et ce qui ne doit pas l'être.



Il m'est arrivé de la trouver presque dure, en de rares occasions. Je n'avais pas compris cette instransigeance, contrastant avec son étonnante souplesse habituelle. J'ai même eu peur de me sentir si différent d'elle sur des points qui touchaient fort à ma sensibilité. J'en ai été déstabilisé, mais je savais pourtant que cela ne remettait pas en cause notre lien.

Il m'aura fallu un an pour comprendre cette dureté sur certains points. Et à quel point elle avait raison de n'avoir pas cédé d'un pouce. Parce que ç'aurait été introduire le ver dans le fruit. Elle le savait, et j'ignorais tant de choses...

Les rares fois où nous avons eu des incompréhensions, c'était parce que j'agissais selon un modèle amoureux perverti. Et j'essayais, inconsciemment, d'introduire ce mode de fonctionnement mortifère dans notre couple. Elle a tenu bon sans jamais céder. Et chacun de nos rares désaccords nous aura permis de mieux connaître nos façons d'exister. Ils furent des étapes indispensables pour que s'installe entre nous quelque chose de sain. Indispensable pour vivre ce que nous désirons chacun pour nous même.

En presque quatre ans, pas une seule fois nous ne nous sommes disputés. Une relation sans aucune dispute, je n'imaginais même pas que ça puisse exister.
Une seule fois nous avons eu une incompréhension majeure, surtout amplifiée par le mode de communication à distance, sans regards, sans intonations de voix. Nous savons désormais nous en méfier...


Maintenant j'ai compris pourquoi elle ne transigeait pas avec certaines choses. Tout s'est focalisé en quelques jours. Et ce matin j'ai compris...

J'ai compris que le modèle pourri de la culpabilité selon lequel je fonctionne depuis toujours agissait aussi de façons détournées dont je n'avais jamais eu conscience.







Système pourri





Lundi 5 avril


Je n’ai pas vraiment de temps libre pour écrire en ce moment. Je travaille jusqu’en début de soirée et essaie de me coucher avant minuit. Je travaillais aussi ce dimanche. nathalie étant dans la même situation, nous n’avons que peu de temps d’échange. C’était prévu, le printemps étant une période chargée pour nous deux. C’est frustrant, mais bon…

D’un autre coté il y a un retour du dialogue avec Charlotte. Le fait que nous ne nous voyons qu’assez peu a supprimé le malaise qui existait entre nous ces dernières semaines. C’est Charlotte elle-même qui vient vers moi et c’est préférable. Je ne lui impose plus mes états d’âme. D’ailleurs c’est surtout elle qui me parle, et je l’écoute longuement avant de dire ce que je ressens. Je n’ai plus ce besoin de communiquer autant qu’auparavant. Ma vie de célibataire m’apprend à être plus autonome, et ça aussi c’est très bien.
Du coup nos échanges sont très intéressants, dépassionnés, bien plus ouverts et constructifs.

Pour le moment, j’apprécie beaucoup le rapport que nous avons. Nous nous réindividualisons, retrouvons une autonomie de pensées l’un par rapport à l’autre. Nous sommes plus authentiques. En fait, tout simplement, nous nous respectons. Soi-même, et l’autre.

Notre regard s’éclaire aussi sur notre entourage et les liens occultes qui nous y liaient. Je pense que nous avons subitement accès à une lucidité qui ne pourra que nous être profitable.

Bref, de ce coté-là tout va bien.

Je remarque aussi que notre vie de couple ne me manque absolument pas. Nous nous voyons tous les jours, de quelques minutes à quelques heures, et ça me va. C’est un temps choisi, modulable en durée. Ce n’est plus cette présence « obligée » du temps où nous vivions ensemble [ça me semble presque loin…].
De temps en temps Charlotte m’invite à manger avec elle, ou bien c’est l’inverse, selon le coté pratique des circonstances. Et puis lorsque les enfants sont là je passe davantage de temps à la maison (c'est-à-dire « chez elle »).



* * *




Bien que m’exprime relativement peu ici, je perçois pourtant qu’une mutation profonde s’opère en moi. Il me semble que c’est maintenant que je me retrouve face à moi-même dans la réalité des choses, et non plus dans l’abstraction de la pensée. La relative solitude que je vis m’est bénéfique. En fait, je n’ai jamais été aussi physiquement seul qu’en ce moment, avec parfois très peu de communication dans la journée. Bien moins que lorsque je vivais avec Charlotte. Et pourtant je ne me sens pas seul. Parce que je suis «avec moi». C’est un peu compliqué à décrire… C’est comme si j’apprenais à me remplir par moi-même. A trouver en moi les ressources dont j'ai besoin pour vivre. Je ne ressens pas une impression de manque ni de vide communicationnel.

J’apprends l’autonomie relationnelle.

Bon… ce n’est pas encore acquis puisqu’il m’arrive de ressentir parfois le manque dans ma relation amoureuse, forme la plus intense d’un lien interpersonnel. J’ai encore "besoin" de manifestations, de signes, de présence. Toutes choses qui ne sont pas forcément aisément transmissibles à distance.
D’une certaine façon, s’aimer à distance fait que l’on se retrouve très souvent seul face à soi-même. Et tout comme l’idéalisation positive est une projection de fantasmes sur un être invisible, il existe une sorte d'idéalisation négative qui peut faire ressurgir les craintes les plus irraisonnées. On est face à ses propres insécurités. La peur de ne plus être aimé, la peur de l’abandon. La confiance, en l’autre et en soi, est mise à l’épreuve.

C’est pour cette raison que l’apprentissage de l’autonomie affective, c'est-à-dire ne dépendre de personne, est essentielle pour pouvoir «bien vivre». Sinon le besoin de l’autre fait que l’on risque d’adopter un comportement néfaste. Par peur de perdre, par envie de garder. Et qui peut créer des attentes et des demandes. Tous les ingrédients sont alors là pour adapter l’amour, le figer, le garantir… c'est-à-dire le condamner à disparaître.

Car l’amour est libre et insaisissable, on le sait bien…

C’est tout cela que je découvre et apprends avec nathalie depuis quelques années, tout en décryptant ce qui ne fonctionnait pas dans mon premier couple. Expérience et réflexions dont je me sers pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Ce qui, évidemment, ne se fait pas sans efforts lorsque soi-même on est construit selon un modèle malsain…



C’est précisément de ce modèle que j’ai compris un peu mieux le mécanisme il y a quelques jours, au cours d’un échange avec nathalie. Nous parlions des excuses que l’on peut formuler après avoir fait ou dit quelque chose que l’on regrette ultérieurement.
Je me permets donc de reproduire un extrait du mail que je lui ai envoyé ce jour-là, car il est une synthèse de mes compréhensions de ces derniers temps et marque une prise de conscience bien importante de la perversité du système de la culpabilité/culpabilisation.


«Il y a un lien évident entre "ne pas oser être soi", "ne pas être sincère", culpabilité, et "excuser". Un truc pernicieux, sournois, invisible, mais bien pourrissant pour l'existence.

Les excuses et les regrets, selon ce que je ressens si j'adopte un mode de fonctionnement débarrassé de culpabilité... n'ont plus lieu d'être. En fait c'est la culpabilité qui crée les regrets et les excuses. Et excuser l'autre c'est, d'une certaine façon, reconnaître qu'il a fait une faute (donc coupable) et disposer du pouvoir de l'absoudre (de ses pêchés, hé hé). C'est aussi "l'autoriser" tacitement à récidiver, puisqu'il sait qu'il pourra à nouveau être absous un certain nombre de fois... Et en fait ça encourage presque à trouver les limites d'acceptation de l'autre. Donc, ça encourage à laisser traîner les choses en longueur.

Autre effet néfaste, dans l'autre sens: disposer du pouvoir d'excuser ou non est fondamentalement dangereux. Parce que si excuses et culpabilité sont liés, alors il devient très facile de "jouer" sur la culpabilisation de l'autre. Et ce pouvoir d'absolution (d'excuse) permet de soumettre l'autre.
Dans le genre "si tu es gentil, alors je t'excuse".

Alors je crois que je commence à percevoir les effets pervers des excuses/regrets...»



Je précise que c’est grâce à nathalie, dont je ne comprenais pas le refus des excuses/regrets, que j’ai pu pousser ma réflexion.

Cette femme m’épate par le cheminement qu’elle à fait à l’intérieur d’elle-même. Je lui trouve une lucidité qui lui donne une assurance et une force extraordinaires…









Amour sacrificiel




Mardi 6 avril


Je ne sais pas comment j’ai intégré cette saloperie, mais elle m’empoisonne l’existence. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point je suis contaminé par des concepts débiles. Un puzzle de pièces étroitement imbriquées et reliées, que je dois absolument disloquer si je veux poursuivre mon chemin de paix intérieure.
Mais ça résiste fort. Impossible de sortir un élément sans que ça tire sur d’autres. Quand à tout détruire d’un coup, ça ne marche pas. Ou alors je ne sais pas faire, ou n’ose pas...
[oui, "oser", j'y reviens encore]

Dernière découverte, la notion d’amour sacrificiel. Ou d’amour-souffrance.

Bien évidemment relié à la pièce maîtresse du puzzle : la culpabilité.


Décortiquons.

A la base, il y a un désir d’amour inconditionnel [*], pur, parfait, absolu, total [n’ayons pas peur des superlatifs…]. Le genre de truc impossible [**], parce qu’on ne peut pas vivre que d’amour, et qu’un amour ça se nourrit, ça évolue, ça vit. Or quand on est dans les superlatifs… ben on ne peut pas faire mieux. Donc ça ne peut qu’être moins bien, ne serait-ce que parce que rien ne changerait et que l’habitude n’a rien de « parfait ».

Notes à la relecture
[*] L'emploi du terme "inconditionnel" est intéressant: est si, justement, c'était l'inconditionnalité qui permettait à un amour sain de s'épanouir?

[**] Rien n'est impossible en ce qui concerne sa façon d'aimer. Tout est question de choix, de volonté, de liberté que l'on se donne.


Pourquoi cette envie d’amour absolu ?

Hmmm… peut-être parce qu’il ne serait pas remis en question ? La perfection étant censée garantir la pérénnité, puisque insurpassable.

Pourquoi garantir la pérénnité ?

Peur de perdre ce qui a été, ce qui est bon et merveilleux.

Ah ? Merveilleux ? Et pourquoi est-ce merveilleux ?
D’aimer, ou d’être aimé ?


Hmmm… c’est merveilleux de partager l’amour. De vivre en harmonie.

Ah, très bien ça : harmonie !
Est-ce que seul l’amour permet de parvenir à cette état d’harmonie ? Ne faut-il pas préférer une harmonie intérieure qui fait un être équilibré, capable d’apporter à autrui cette sérénité qui l’habite. Donner plutôt qu’attendre, c’est bien connu
.

Le problème… c’est de donner. C’est surtout de croire en sa capacité à donner. De croire en soi, en la qualité de ce qu’on est, savoir que ce don pourra apporter quelque chose a autrui.

Croire en soi… On y revient toujours. Croire en soi et s’aimer. Comment retrouver cette foi en soi? Comment réapprendre à entendre sa musique intérieure ?

Et quelle autre voix entendre? Qui peut dire mieux que soi ce qui nous est bon?
Oui… qui a ce pouvoir de donner confiance en soi ? Ben oui… en premier lieu les parents, les profs. Et si, pour une raison ou pour une autre cette confiance initiale n’a pas été donnée, on fait comment ?

Et bien on s’appuie sur les points de confiance, ou qui semblent l'être. Soit sur ceux qui ont quand même été valorisés, soit sur… l’exemple donné par les parents. Ils sont la référence.

Et quand la référence est tordue... on adopte la même torsion, ou celle inverse, en réaction.

Combien de temps faut-il pour retrouver le mouvement naturel? Se libérer de la contrainte et devenir celui qu’on aurait pu être si on avait été encouragé à… l’être ? Comment retrouver en soi la trace originelle ? Existe t-elle encore ?

Combien de temps me faudra t-il pour que je parvienne à réagir comme je me sens être, et non plus comme victime de moi-même. Victime de ce mouvement que l’on m’a forcé à prendre en me laissant croire qu’il était bon. [Victime? Peut-être, mais libre de le demeurer ou non...]

Je ne sais pas aimer. Je ne sais pas bien aimer. [Et comment le pourrais-je puisque je n’aime pas assez une part de moi-même. Parce que je ne suis pas authentique. Je ne suis pas entier, mais dédoublé. Je ne sais pas bien qui je suis...]

Je ne sais pas bien aimer parce que je n’ai jamais vu ce «bon» amour. Je ne savais pas que ça existait. Je ne pouvais donc que l’idéaliser sous des formes «absolues» et parfaites. Du rêve, de l’imaginaire.

L’amour dans lequel je me suis construit englobait une part de vrai amour, et une part de simili-amour. Quelque chose qui laissait croire, voire prétendait, qu’il était de l’amour. Amour-concédant, amour-renoncement, amour-humiliant, amour-irrespect, amour-culpabilisant, amour-cassant, amour-propriété. Autant de concepts qui tentent d’associer l’inconciliable. Qui font croire que l’amour c’est aussi cela. Autant de noir que de blanc.

L’amour serait donc irrémédiablement lié à la souffrance, sous diverses formes. L’amour serait douloureux. Une fois passés les premiers moments de bonheur, il y aurait forcément une désillusion, et la perte inexorable de la force des sentiments. Quelque chose à accepter tel quel, contre lequel on ne peut rien. La fatalité…

J’ai été nourri avec cette fatalité de l’amour qui doit renoncer à exister sans contrepartie.


Ce n’est pas que je vis actuellement. L’amour que je vis n’est pas renoncement, n’est pas irrespect, n’est pas culpabilisant. Il est liberté d’être. Il est désirant, il est constructif, écoutant, espérant. Il se batit sur quelque chose de sain, lentement.

Alors… pourquoi est-ce que je ne parviens pas toujours à le vivre bien ?

Parce qu’il ne correspond pas à ce que j’ai appris. Je suis désorienté, sans mes repères initiaux. Mon cœur intime sait ce qu’il ressent, mais ma «raison» [ce qu’on m’a appris] tente de classifier les choses, de leur attribuer un sens. Il y a dissociation profonde entre mon vrai-moi et mon surmoi.
Là où ça devient compliqué, c’est que le sens attribué par le surmoi… devient ensuite signifiant pour le « vrai-moi », qui se met alors a souffrir. Parce que l’amour signifierait souffrance s’il ne tend pas vers l’intensité la plus totale. Celle qui est censée rendre heureux dans un état émerveillé.

Ou plus simplement : quelque chose en moi rend signifiants des détails, classés comme étant «aime», «aime pas». Donc «bonheur» ou «souffrance».
Pas de demi-mesure puisque l’absolu est, ou n’est pas. Et si l'absolu signifie "bonheur", alors le non-absolu signifie "souffrance". Système débile...

Par contre, lorsque quelque chose fait que mes émotions comprennent un « aime pas », c’est la « raison-vraie » [ce que j’ai appris par moi-même] qui s’intercale et essaie de « raisonner » mon coeur-sensible-tordu en attribuant des sens beaucoup plus nuancés. «Oui, ce n’est pas l’absolu dont tu rêves, mais tu sais que l’absolu n’existe pas en tant que tel. C'est toi qui décides de ce que sera ton absolu. Et tu sais très bien que tu donnes un sens négatif à des choses qui n’en n’ont objectivement pas. Tu sais très bien que tu crées ta propre souffrance»

Et pourquoi est-ce que je donne un sens négatif ?
Parce que je raisonne en noir et blanc en amour… dès lors que je ne me sens pas très bien.

Et qu’est-ce qui me fait aller « pas très bien » ?
Parfois des évènements extérieurs, ou la fatigue, mais surtout le fait que je perde confiance en moi. Je doute subitement de moi, parce qu’un mot, une idée, un silence… me ramènent à mon passé. Celui du temps ou mon père me jugeait, me dénigrait. Lorsque j’avais toujours l’impression de mal faire, de ne pas être à la hauteur, d’être en sursis avant le prochain jugement. J’avais toujours l’impression d’avoir faux. J’étais tout faux. Ce que je pensais était faux, et il fallait que je pense comme on me le disait. Coupable de penser autrement, de rêver, d'espérer...

Question : pourquoi ne suis-je encore pas parvenu à me débarasser de ce regard paternel depuis le temps que j’ai quitté ma maison d’enfance ?


Peut-être parce que je n'ai pas achevé la construction de mes propres références...






Entre deux




Mercredi 7 avril


Entre deux états, entre deux identités. Qui suis-je vraiment? Qui vais-je être que je ne connais pas encore? Serais-je si différent de ce que je suis?

Jusqu'où aurais-je le courage d'avancer vers moi?
Courage, oui, car il en faut pour poursuivre sans cesse le travail de reconstruction. Décortiquer, puis reconstruire, puis désagréger encore, aller plus profondément, découvrir des failles cachées qui obligent à reprendre le travail qu'on croyait terminé.

Il serait facile de dire «j'arrête là, j'ai assez avancé...». Mais ce n'est pas tant du perfectionnisme qu'une nécessité de poursuivre. Une exigence existentielle. Je ne veux pas m'arrêter. Et pourtant je suis parfois épuisé.

C'est la gratification des progrès qui me donne la force de poursuivre. A la fois infimes et grandioses. Minuscules dans leurs effets visibles, mais géants par ce qu'ils me permettent de surpasser.

Entre deux vies, entre deux états de conscience. Entre deux références. Entre l'enfant et l'adulte. Entre la passivité et l'action. Entre ce que j'ai cru qu'on voulait que je sois et ce que j'ai envie d'être. Entre la victime de son passé et l'acteur de son présent.

Entre deux façons de vivre l'amour...
Mais pas entre deux amours.







Autonomie dépassionnée





Vendredi 9 avril


Peu de disponibilité en ce moment. Je travaille beaucoup et ne peux pas toujours voler du temps à mon travail pour écrire quelques lignes [surtout que "quelques", avec moi, ça fait vite des dizaines...].

Mais là, en ce moment, il se passe des choses bien importantes dans la suite de mon évolution. Alors j'écris. Ça bouge fort à l'intérieur de moi. Une fois de plus parce que, tout d'un coup, il y a une concentration de faits convergents qui rendent visible l'évidence :
Je ne suis pas autonome affectivement [oui, bon, je sais que ça fait un moment que je le pressens et en parle...]

Et je m'en rends compte d'une façon un peu détournée: en le devenant, autonome.
Attendez, j'explique...


Ma séparation d'avec Charlotte n'est pas que physique. Je suis en train de constater qu'elle est aussi dans le mental. Et je ne parle pas du coté amoureux, là. Je parle de... ma façon de penser, et de vivre.
Le contact entre nous ayant été modifié, puisque nous avons rompu ce lien du "tout partage", il s'opère une sorte de... distanciation. A la fois sentimentale [normal...] et communicationnelle. Nous parlons beaucoup moins ensemble, mais nous le faisons avec une meilleure qualité d'échange. Il y a beaucoup plus de respect entre nous, parce que nous nous considérons de façon autonome l'un par rapport à l'autre. Nous avons désormais chacun notre vie. Et même si nous nous voyons beaucoup, cette cohabitation n'imprègne pas nos existences comme avant.

Et puis lorsque l'un de nous ne se sent pas respecté par l'autre dans sa façon de penser, il n'y a plus cette volonté de rétablir un contact difficile. Du coup, il n'y a plus de disputes, larvées ou déclarées. Chacun va dans son coin et reprend sa vie solitaire. Ce qui ne nous empêche pas de manifester l'origine du désaccord.

La grosse différence, c'est qu'on ne recherche plus à se "retrouver" par la pensée dans un désir finalement assez fusionnel... [Mouais... du moins en théorie. Parce que Charlotte ne me laisse plus rien passer. En ce moment elle a rapidement tendance à saborder ce qui reste de notre relation. Mais c’est un autre problème…]


Autre constat de prise d'autonomie: par rapport à la famille. Leur regard m'importe peu. Je n'ai rien a prouver, rien à justifier. Je ne suis ouvert que face à une ouverture. Je ne cherche plus vraiment à convaincre (et d'ailleurs lorsque je le fais un peu je me sens mal à me dévoiler devant quelqu'un de fermé). Je fais MA vie, à ma façon, comme je sens que c'est le mieux pour moi.

Autonomie aussi par rapport a vous aussi, lecteurs. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent à quel point j'étais affecté par des remarques déstabilisantes autrefois. Ce n'est plus le cas. Je ne me sens plus atteint par d'éventuelles critiques ou "bons conseils". Au contraire, ça m'aide à réfléchir, me titille parfois, mais ça ne me bloque plus. Et puis ma... prise d'autonomie par rapport au petit monde du diarisme m'a fait le plus grand bien. Je ne cherche plus à plaire.

Bon... ben finalement tout ça est en bonne voie. Y'a plus qu'a continuer.



Oui...


Euh... j'ai pas tout dit là. Reste quand même quelque chose de bien important. La forme d'autonomie la plus difficile à acquérir pour moi. Quelque chose qui s'est manifesté à plusieurs reprises depuis environ un an...

Autonomie amoureuse...

Pfff, là y'a du boulot, je vous assure! Ça avance, douuucement, mais ça brasse sérieusement à l'intérieur. C'est sans doute une des plus délicates parties du vaste chantier de reconstruction que j'ai entrepris. Attention, hyper-fragile! Il s'agit de démolir ce qui ne va pas et de reconstruire sainement... mais sans rien casser de ce qui existe. Travail de précision.

Décortiquer mes représentations mentales, mes schémas amoureux. Aller grattouiller dans l'inconscient profond, en dégager l'essentiel et le débarrasser de tous ses parasites.

C'est pas un chantier, c'est de la chirurgie. Ablation d'un cancer et de toutes ses métastases.



Aimer, pour moi, correspondait à certains schémas que j'avais construit il y a très longtemps. Sans doute avant même que je tombe amoureux pour la première fois. Et finalement, l'idée de l'amour-souffrance y est rattachée. Si j'ai souffert en amour, c'est parce que j'attendais trop de l'amour.

Oui, tout les clichés de l'amour passionnel, l'amour-haine, c'est comme ça que je fonctionnais. Avec Laura, mon premier amour fou, c'était comme ça. Ma vie entière était occupée par cette fille et le regard qu'elle portait sur moi. Ma vie dépendait d'elle en fait (sans qu'elle n'en sache rien). Son attention me portait aux nues, son désintérêt me faisait descendre aux enfers. Et c'est surtout moi qui donnait du sens à son "attention" ou pas, rendant hypersignifiant le moindre geste, regard, mot.
Ouais... j'ai vécu des bonheurs intenses avec elle, mais aussi beaucoup de souffrance. Truc débile quoi...

N’oublions pas le sens premier du mot passion : souffrir. Et que la racine est la même que celle du mot passif. [Tiens tiens, moi qui pointais récemment ma passivité…]


Mais je suis un grand garçon. Depuis j'ai mûri et compris (tardivement) que ce genre d’amour n'était pas vivable. Je suis même allé jusqu'à "tuer" tout espoir (délirant...) d'attirer un jour l’attention de laura. Ce fût ma tentative de recontact, deux décennies plus tard.

Ouf, j'étais débarrassé de tout ça. J'allais pouvoir aimer Charlotte totalement [du moins le croyais-je]. Ben... oui, parce qu'avec elle aussi j'avais été tenté de reproduire le schéma passionnel. Mais ça n'avait pas marché. Là aussi j'avais parfois pas mal souffert, ne comprenant pas sa façon de m'aimer et de le manifester. Et puis bon, au fil du temps j'avais acquis sa confiance. Elle a eu moins peur de cet "amour" débordant que je manifestais. On a appris à fonctionner ensemble.

Pas toujours bien…

Du moins de mon coté. Parce qu'en fait, en renonçant à l'amour passionné... ben j'ai abandonné une grande part de l'amour. J'ai perdu cette flamme dont je rêvais. Et je suis entré dans un amour-amitié. Amitié conjugale. Attachement et vie partagée, apparence de l'amour... mais sans ce quelque chose qui fait qu'on accepte entièrement l'autre. Je n'ai pas vraiment aimé Charlotte de façon désintéressée, je n'ai pas respecté ses différences. En gros... je lui ai fait payer le fait de ne pas pouvoir l'aimer comme j'en avais envie. Ou qu'elle ne m'aime pas à la façon dont j'avais alors besoin.

Ouais, c'est bien malsain comme amour. C'est même pas de l'amour ça...
Aimer, c'est prendre l'autre tel qu'il est, sans chercher à le "plier" à soi. C'est ça, le respect de l'autre.

Pfff, il m'en aura fallu du temps pour comprendre tout ça...
Et évidemment, c'est avec nathalie que je le comprends. Toujours par les différences-ressemblances.
Alors... ben ça me déprime de voir l'étendue des dégâts. Il y a un boulot énorme pour remettre d'aplomb ma façon d'aimer.


Ben oui, hein... faut pas se leurrer. Avec nathalie aussi j'ai tendance à reproduire le phénomène. Oui oui, l'amour tendance passionnel et tout ça. Pfff, déprimant je vous dit...
Et là, j'ai bien besoin de toute ma raison (la bonne cette fois, la vraie mienne) pour juguler les dérives de ce "moi" qui ne sait pas aimer.

Je sais que tout passera par la prise d'autonomie. Ma vie ne doit pas être dépendante de celle de nathalie, de sa "présence" (avouez qu'avec l'éloignement, ça ne simplifie pas les choses...). Quoique... il est bien possible que cette distance nous protège de mes dérives, justement. Parce que cette présence ne peut qu'être fragmentaire. Le reste du temps, je suis bien obligé de vivre "seul".

Il est assez paradoxal que je sois tombé amoureux d'une personne que je savais ne pas pouvoir côtoyer alors que, précisément, je percevais probablement (inconsciemment) que l'état amoureux déclenche chez moi un désir fusionnel de présence quasi continue.

C'est là que je crois que l'inconscient est très fort pour parvenir à ses fins...
C'est comme si j'avais senti, avec nathalie et sa façon de vivre en autonomie, toutes les découvertes que j'avais à faire. C'est sur le thème de l'amour et de l'autonomie amoureuse que nous nous sommes rencontrés. Je me suis évidemment enthousiasmé pour le sujet en sachant combien j'y étais soumis. Et je ne pensais pas succomber une nouvelle fois au phénomène, quoique sous une forme très atténuée, heureusement.

En fait, depuis un an, depuis la première fois ou nathalie a ressenti le besoin de me rappeler son besoin d'autonomie... je dois parfois lutter contre moi-même. Entre ce que je sais "sain", et ma façon de vivre les choses. Et si tout se passe bien lorsque nathalie est entièrement disponible, à chaque fois qu'elle l'a moins été pour des raisons indépendantes de sa volonté j'ai du "prendre sur moi" et lutter contre mes vieux démons. Peur d'être abandonné, peur de me retrouver "seul".

C'est marrant, mais je l'intègre seulement depuis quelques jours. Peut-être parce que cette fois je surmonte la crise "seul", alors qu'auparavant nathalie finissait toujours par sentir quelque chose et déclenchait ainsi une discussion qui désamorçait le processus en me rassurant.

Ouais bon, je suis pas très fier de me savoir fonctionner comme ça... pfff, puéril. C’est affligeant de se voir agir d’une façon que l’on réprouve. Je sais très bien que ça ne peut pas marcher… et pourtant une part de moi s’obstine à m’entraîner dans cette direction.

En revanche je suis plutôt content d’en prendre conscience. Ça me donne la possibilité de réagir en sachant ce qui se passe. Et d'ailleurs j'ai pu développer longuement avec elle ce que j'ai écrit ici. Le mettre au jour marque déjà ma volonté de ne plus laisser ça dans l'ombre.






Le temps de la mue




Dimanche 11 avril


Je m'étais mis en mode "pause" après mon dernier texte. Stop aux cogitations sans fin. Car a force de brasser des réflexions complexes je me perds parfois dans les méandres de ma pensée, et laisser décanter les choses me fait du bien

Pourtant, face aux rencontres que j'ai faites, j'ai senti que je donnais certainement une image un peu morose. Sans que j'en connaisse vraiment la raison d'ailleurs.

Alors dans l'après-midi j'ai relu un bouquin qui m'avait fait beaucoup de bien à la première lecture: "la musique des anges". Je sais maintenant que lorsque je m'égare il m'est bénéfique de prendre le temps de me retrouver avec l'aide de certains livres choisis. Ils me permettent de m'entendre et de faire taire mes inquiétudes.

Cela a très bien fonctionné. Pouvoir des mots qui sonnent juste, qui "parlent" directement le langage que je ne sais plus entendre en moi. Je me suis senti à la fois apaisé et fort, avec une grande confiance en moi et dans le sens de ma démarche. Avec une envie de continuer à être acteur de ma vie, en quittant ce mode passif que j'ai encore bien trop souvent.

Depuis je me sens bien. Je suis détendu, heureux.


Je sais bien qu'il est inévitable que la mue que je suis en train de faire demande beaucoup de temps, et que les moments de "régression" font partie du processus. Je ne perds jamais durablement courage, même dans les moments difficiles. Je sais que je suis sur mon chemin, et que personne d'autre que moi ne peut me le dicter.

Et je ne dois pas me culpabiliser pour ces moments d'hésitation ou d'égarement. Il est bien normal que je ne puisse quitter d'un seul coup une vieille défroque à laquelle j'étais habitué. Au contraire, je dois bien mettre à jour tout ce qui se présente. Ne pas refouler, ne pas cacher, ne pas faire "comme si" ça n'existait pas.



«Arrête de fuir ton ombre,
Tu sais très bien que partout où tu iras
Elle te suivra.
Cesse de te craindre toi-même,
Car en t'éloignant de toi
Tu fuis qui tu es»

"La musique des Anges" - Catherine Bensaid





Agir




Lundi 12 avril


J'ai l'impression que quelque chose de profond à changé en moi ces derniers jours. Pas vraiment flagrant. Plutôt un état d'esprit. Me reviennent en tête des mots comme «passif», «victime», que je me souviens avoir observés comme étant de ma responsabilité. Je n'ai plus envie de rester dans cette logique-là. Je veux devenir acteur de ma vie beaucoup plus que je ne l'ai été.

Je n'ai plus envie d'être malheureux ou abattu, déprimé. Je sais très bien que c'est une part de moi qui "choisis" cet état, comme pour me conformer à une certaine image, héritage d'une adolescence mal vécue.

Je ne veux plus être triste sans vraie raison. J'ai envie de poursuivre mon chemin de libération.

Car c'est bien parce que je sentais un mal-être existentiel que j'ai entrepris une remise en question permanente depuis... pfff, je ne sais même plus quand. Et le but était justement de sortir d'une certaine passivité devant les évènements.

Bon, maintenant je crois que je commence à avoir bien cerné le sujet. J'ai exploré un peu tous les domaines et je sais désormais comment je fonctionne. Au moins dans les principales lignes.



Alors euh... ben il est peut-être temps de profiter de tout ce travail, hein? En commençant par sortir de ce coté passif. J'ai plus envie de me laisser sombrer parce que quelqu'un ne me renvoie pas l'image que je souhaite qu'il ait de moi. Qui que ce soit, des inconnus aux plus proches, je ne veux plus dépendre des états d'âme de l'autre. C'est à moi d'agir comme j'ai envie que les choses se passent. Autant pour ce qui est bon, et que je désire vivre, que pour ce que je ressens comme néfaste et dont je dois me protéger. Ma vie m'appartient. Et c'est à moi de la vivre comme je le désire.

Mouais, c'est assez cliché tout ça. Cependant... au moment où je l'écris ça va plus loin que l'apparence. C'est une prise de conscience, et non plus des mots écrits pour se convaincre. Oui, je suis très fort pour ça: décrire ce que je sais intellectuellement, en espérant que ça m'influencera dans ma façon de le vivre en profondeur. Méthode Coué. C'est pas inefficace, mais bon... c'est quand même mieux quand c'est vraiment intégré.

Je savais, intellectuellement parlant, à quel état d'esprit il faut parvenir pour vivre bien, mais quelque chose en moi résistait. Le coeur n'y était pas. Mes émotions étaient trop habituées, et finalement confortablement installées dans un coté "victime". Victime de mon père, de mes amours déçus, de ma timidité, de ceux qui décident pour autrui, de ceux qui ne m'apprécient pas.

Victime de moi en fait. Je suis mon bourreau. J'accepte les sentences que je m'inflige. Ou bien j'accepte de laisser les autres choisir à ma place. C'est débile comme système. Il suffirait que je me veuille du bien pour faire disparaître la plupart de mes contrariétés. Il suffirait que je m'aime pour prendre soin de moi comme la personne la plus précieuse au monde.

Putain [cibole!], mais c'est tout con en fait!

A quoi bon quémander de l'amour et de l'attention de la part de ceux à qui je veux plaire? Alors que c'est à moi de m'occuper de mon bien-être. Me dorloter, me bichonner, me permettre de vivre selon mes envies.

Mais pourquoi ai-je mis ma vie entre les mains des autres depuis si longtemps?



* * *




Comment ai-je compris? Suite d'évènements [synchronicités], comme d'habitude.
Le plus déterminant aura sans doute été une énième répétition d'un état de souffrance, causé parce que la femme que j'aime ne pouvait répondre à mes attentes. J'en ai eu marre de ressentir des émotions négatives alors que rien ne m'y autorise. J'en ai eu marre de reproduire avec elle ce qui se passait avec d'autres alors que jamais elle n'avait eu les mêmes comportements. nathalie m'a toujours laissé entièrement libre, n'a jamais émis le moindre commentaire négatif à mon encontre... et j'avais pourtant "peur" de son jugement et de ce que cela implique par effet de cascade: peur de déplaire, peur d'être moins aimé, peur d'être abandonné. Avec des effets négatifs potentiellement désastreux de ma part: anticipation, extrapolation, scénarios d'échec. Et même... parfois une certaine rancoeur [ahem...] qu'elle ne m'apporte pas ce dont j'avais "besoin". Sentiments détestables dont je me sentais coupable... de là conflit intérieur, mal-être, retenue... Bref, tout ce qu'il faut pour empoisonner une relation. Par chance nathalie a déjà fait ce travail de réappropriation de soi et à su ne pas se laisser atteindre par mes "bad trips", tout en m'apportant l'accompagnement nécessaire pour en sortir.

Bon, oui, j'en suis pas fier. D'ailleurs, ce sont des choses que je n'écrivais pas trop ici [oui oui, journal se voulant transparent... mais pas sous tous les angles...]. Je peux l'écrire maintenant parce que j'ai compris le fonctionnement et que je sais comment l'éviter [rechutes pas impossibles...]. Par contre, je suis fier de m'être accroché pour comprendre. La qualité de la relation que j'ai avec nathalie, notre étonnante compatibilité, m'ont donné la force de perséverer. Parce que je suis convaincu que ça en vaut la peine.
Je crois aussi que la confiance que nathalie met en nous, en moi, aura été un formidable soutien. Comment douter de soi alors que la personne qu'on aime à confiance? Cela donne une grande force et aide à la lucidité sur soi.


Les autres évènements déclencheurs sont, pour la plupart, liés à ma séparation. D'abord en fonction des réactions de rejet de Charlotte, qui m'atteignaient profondément et que je vivais en baissant la tête. Comme si je devais payer pour une faute que j'aurais commise. Culpabilité... Coupable de devenir lucide, de vouloir être soi, d'éviter ce qui entretient un mal-être, de prendre sa vie en main! Débile, non? En totale contradiction avec tous les bienfaits que je savais exister dans cette façon d'appréhender ma vie.
D'où ce long temps de doute, d'hésitations, de non-choix. Phase de transition entre deux conceptions de l'existence. Passif ou actif? Passé ou avenir? Enfant ou adulte?
Me sentant triste depuis des mois, et toujours affecté par les réactions de Charlotte alors que nous ne vivons plus ensemble, j'ai fini par comprendre que je ne pouvais rester à ce point dépendant d'elle. Je n'ai plus envie d'être triste alors que je vais vers un chemin de bonheur. C'est contradictoire et donc invivable.
Ma tristesse n'est pas d'être séparé de Charlotte (même si notre complicité d'autrefois me manque) mais vient du regard qu'elle porte sur moi. Regard qui est surtout l'expression de son propre mal-être, et de sa bien compréhensible souffrance. D'ailleurs, toute ma joie de vivre revient lorsque nous retrouvons un bon contact dans nos discussions. Et si je peux avoir un rôle à jouer, c'est bien celui de rester sûr de mes choix et d'en être heureux. Pas en étant déprimé, entretenant ainsi une culpabilité en retour chez Charlotte de ne pas savoir être forte [oui, nous sommes vraiment des adeptes de la relation-culpabilité...]

Ce sont aussi les réactions de mon entourage qui m'ont fait réfléchir. Même si je ne ressens pas une franche adhésion au chemin que je prends, il y a cependant un certain respect. Et pas de rejet marqué. Au départ, me fondant sur les premières réactions inquiètes et critiques, je me suis senti décalé. Et aussi rapidement coupable. Il me fallait sans cesse me raisonner pour retrouver le cheminement qui m'avait amené à la situation actuelle. Je me suis donc auto-exclu. A tort, visiblement, puisque je ressens une certaine sollicitude de la part des gens qui m'aiment.
J'avais tellement peur de ce rejet que je l'ai vécu sans raison.

Pfff, un peu con, non?


Bon, il y a d'autres facteurs qui m'ont amené à prendre conscience de ce coté victime passive. Par des courriers de lecteurs, notamment. Ou en me souvenant de mes difficultés sur des forums, autrefois. Je savais bien que ces expériences douloureuses avaient un coté positif. Rien ne se fait au hasard...
Ma thérapie est aussi une aide efficace. Certaines de mes réactions émotives me démontrant que je ne suis pas aussi détaché que je ne le crois, offrant ainsi de nouvelles pistes à explorer.


Bref, tout ça pour dire que je n'ai plus envie d'être de me rendre malheureux. Et ça ne dépend que de moi.


Depuis hier, je me sens bien. Et puis j'ai envie de vivre. Retrouver la vraie vie, sentir battre celle du monde. M'extraire de ce nombrilisme, étape certes nécessaire, indispensable... mais à condition de savoir en sortir.



«Nous avons le choix, mais ne le savons pas. De voir et d'entendre, d'ouvrir grand les yeux et les oreilles, de rester lucides sur ce que nous éprouvons. Nous avons le choix de ne pas nier nos émotions, ni de les réduire au silence. En refusant de s'écouter, on est dans le déni de soi et de sa vie. On s'éloigne de l'essentiel: on se perd, et on se sent perdu. Revenons à nous-mêmes, à l'unique que nous sommes. Reprenons des droits sur notre vie; elle n'appartient qu'à nous. »

"La musique des Anges" - Catherine Bensaid






Ouvrir les yeux





Jeudi 15 avril


Toujours pas beaucoup le temps d'écrire. Ça me bloquerait presque, puisque je suis habitué à développer longuement. Je ne sais pas faire succinct. Quand je vois que certains bloggeurs résument leur journée en deux lignes...

Bref, là n'est pas mon propos [d'ailleurs, je ne sais même pas quel est mon propos...]. Euh... juste envie d'écrire que ça va plutôt bien. Mon tout nouveau mode de fonctionnement semble être efficace. J'ai décidé d'aller bien, de faire ce qu'il faut pour ça... et ça semble marcher! Ouaaaiiiis!!!

Je n'ai que de brefs contacts avec Charlotte, mais je le vis bien. Je ne cherche plus à être présent à ses cotés, puisque ça semble la déranger. Et moi ça ne m'affecte plus.

Avec nathalie nous avons un rythme de contacts espacés, pour cause de surcharge de travail encore pire de son coté. Le genre de situation que j'avais souvent mal vécu auparavant. Mais bon, je connais les raisons maintenant. C'est frustrant, mais je ne m'en inquiète plus. Ma confiance ne vacille plus. Et puis lorsque nous avons la chance de pouvoir nous retrouver, notre complicité est intacte.

Finalement ma vie solitaire n'est pas aussi pesante que j'aurais pu le craindre. Même si ça me fait une drôle d'impression de me dire que ce sera sans doute durable. Je ne me suis pas encore fait à cette idée. 
Et puis ça me permet d'avoir des contacts privilégiés avec mes enfants, lorsque nous sommes seuls ensemble.

Hier c'est avec la soeur de Charlotte que j'ai longtement discuté. Toutes les deux avaient parlé auparavant, mais il semble que l'issue a été un peu abrupte. Sa soeur m'a confié qu'elle trouvait Charlotte souvent "cassante". Alors, fait rarissime, nous avons parlé de son comportement et de notre vécu semblable. Je crois que je n'avais jamais vraiment parlé avec un de nos proches de Charlotte sous un angle critique. Mais je dois bien constater qu'effectivement ce n'est pas la première personne qui trouve Charlotte assez "entière". Finalement, ça m'a fait du bien de pouvoir échanger des points de vue à ce sujet. Je n'avais jamais accepté de qui que ce soit des critiques un peu trop poussées de mon épouse. Notamment de ma mère, qui avait parfois fait les frais des ripostes Charlottiennes. Peut-être voulais-je rester un peu aveugle?

Il est vrai que je découvre ma tendre épouse sous un jour nouveau depuis quelques mois, et surtout depuis ces dernières semaines. Je sais qu'elle est en souffrance et que cela exacerbe l'intensité de ses réactions, mais quand même... je ne la savais pas si "froide". Je pense que c'est une réaction de protection que de se montrer insensible, blessante. Mais je ne pensais pas qu'elle aurait pu réagir ainsi avec... quelqu'un qu'elle dit aimer. Le coté amour/haine, sans doute, mais poussé bien plus loin que ce que je peux moi-même ressentir.
Cependant je ne la jugerai pas. Elle réagit comme elle le peut. Il faut simplement que je ne me laisse pas atteindre par ses manifestations. Je sais qu'elle m'aime toujours dans la part de moi qui est restée intacte. Et sa souffrance vient du fait qu'elle ne peut supporter une autre part de moi. Il nous faudra du temps pour savoir ce qui nous relie encore et nous sépare désormais.






Le silence pour s'entendre




Samedi 17 avril


J’ai écrit récemment que j'avais «envie de retrouver la vraie vie, sentir battre celle du monde»… mouais, pas si facile que ça. Mes sujets de préoccupation restent les mêmes, bien que je m’oriente vers d’autres sphères d’échange. Je crois que tant que je n’aurai pas épuisé mes réflexions du moment je ne saurai passer à autre chose. Le monde m’ennuie rapidement, et souvent m’indiffère. Que ce soit le monde au sens littéral, ou celui qui m’entoure. Trop de choses à régler dans ma tête pour que je parvienne à m’y soustraire.

Les circonstances actuelles font que je suis confronté à la solitarité du face à face avec moi-même. C’est sans doute une bonne chose. C’est forcément une bonne chose, car toute expérience est instructive. Et particulièrement celle de la solitude qui permet de mieux s’entendre penser. Le silence pour s'entendre.

J’ai encore beaucoup de travail à faire sur moi, afin de comprendre comment je fonctionne, quels sont mes besoins actuels, quelles sont mes limites du moment. J’ai envie de m’écouter et prendre soin de moi, avant quiconque.

Car personne ne le fera à ma place.






«Je voulais briser avec l’enchaînement fatal des « ratages » de ma lignée familiale. J’ai payé le prix fort en travail sur moi et en thérapie, mais cela en valait la peine. Je suis heureux aussi du rôle et de la place immense qu’a eu ma compagne dans ce chemin là. Sans elle, ses qualités de mère, sa présence (…), ses talents de pédagogue, et surtout son amour infini…

Je ne peux oublier les années difficiles où mon travail en thérapie me repliait sur moi et où je l’emm… avec mon passé et mon histoire désastreuse. C’était l’incontournable prix à payer et je ne peux qu’ici rendre hommage à sa patience et à son amour»


J'en rêve encore (15/04/2004)








Question d'espace-temps






Dimanche 18 avril


Il y a deux mois je vivais avec nathalie, dans le même lieu, dans le même temps. Neuf jours passés ensemble, préparés, anticipés, chacun de notre coté afin que nous soyons entièrement disponibles l'un pour l'autre.
Nous savions que cette parenthèse d'intimité dans le même espace-temps serait suivie par quelques semaines difficiles d'éloignement temporaire. Géographiquement, bien entendu, mais aussi en temps de disponibilité.

Je crois que j'avais mal mesuré les effets de ce manque de disponibilité, alors même que je savais qu'à plusieurs reprises il avait déjà été source de complications. Mais lorsque je ne suis pas confronté au problème, qu'il reste une donnée vague et abstraite, que je suis comblé dans la satisfaction de mes besoins... je n'ai pas la plus grande capacité d'évaluation qui soit.

Là, on est en plein dedans, depuis plusieurs semaines. Travail sept jours sur sept chacun de notre coté de l'Atlantique. Et toujours six heures de décalage horaire, qui font que je me couche à l'heure ou finit son après-midi, alors qu'elle travaille encore. Difficile de trouver le temps d'être en relation. Alors on ne peut que se croiser de temps en temps, rarement longtemps.

Pour moi c'est parfois frustrant, même en ayant anticipé cette situation. Rencontres écourtées, reportées, impossibilités de se croiser, journées entières sans nouvelles... les frustrations s'additionnent et vient un moment où ça devient trop. Mes fragilités se réveillent, ma sensibilité est mise à l'épreuve, et je ressens un mal-être s'installer.
Pas bon du tout. Y'a quelque chose qui cloche là dedans...


Décorticage.

Ce qui, à mes yeux, caractérise une relation de qualité:
- des préoccupations communes
- du temps pour les partager
- un espace pour se retrouver.

C'est la conjonction de ces trois éléments qui rend la relation possible.

Autrefois, l'espace de relation était forcément réel: sans être dans le même espace-temps, c'était quasiment impossible. Sauf par courrier, avec un rythme d'échange beaucoup plus espacé. Aujourd'hui cet espace peut-être virtuel et instantané, grâce à internet, ou au téléphone. C'est ce qui permet à des relations d'exister à travers l'Atlantique. Moyennant quelques adaptations, on peut recréer un espace de rencontre en remplaçant la parole orale (onéreuse à longue distance) par les mots écrits. On peut même lui donner une certaine réalité grâce au sens de communication essentiel qu'est la vision. On peut se voir ou s'entendre, ce qui est un atout précieux et donne davantage de matérialité en sollicitant nos sens habituels de la communication.

On peut donc inventer et créer un espace-temps partiellement virtuel.  Avec un inconvénient de taille: pour compenser la virtualité il faut davantage de temps. Puisqu'il manque des moyens de communication non verbale, il faut compenser avec un temps de communication accru. Mais le temps, lui, reste toujours très réel.

Et bien évidemment, rien ne remplacera jamais la réalité permise par la conjonctions des cinq sens fonctionnant simultanément [oups... fragments de souvenirs qui me reviennent...].

Sachant cela, on accepte (ou non) de vivre cette relative virtualité. Avec les avantages et inconvénients inhérents.


Je sais depuis longtemps qu'on peut parvenir à des relations de grande qualité par ce biais là. A tel point qu'on peut s'aimer à distance...

Mais il demeure, à mes yeux, un inconvénient majeur: que le temps vienne à manquer, et la relation peut se trouver lourdement handicapée. L'espace étant déjà virtuel, si le temps est réduit... la relation fonctionne mal. La compensation n'existe plus. Du moins... c'est ainsi que je fonctionne parfois.


Je ressens alors un manque de communication puis, si la situation dure, parfois une frustration croissante. Car j'ai un besoin de communication de qualité avec qui j'aime. L'espace virtuel sans le temps nécessaire pour communiquer n'offre pas une qualité suffisante.

Le partage demande du temps. L'intimité demande du temps. Temps de réapprivoisement, de reprise de contact, de remise en relation, de confiance. Le partage intime demande aussi de réduire l'espace... ce qui est particulièrement complexe à distance. Et c'est là une des raisons de ce besoin de temps de compensation.


Sans temps, sans proximité, il me devient peu à peu impossible de rentrer dans cette bulle d'intimité. Le partage de qualité devient difficile. Et j'en suis chaque jour frustré davantage.

Alors, puisque j'ai décidé de prendre soin de moi en m'écoutant... je veux me protéger de cette frustration. Je préfère ressentir le manque de contact, que la frustration de contacts. La frustration peut engendrer des sentiments négatifs que je n'ai pas envie de voir se développer. Nous avons longuement discuté de tout ça avec nathalie, prenant cette fois le temps nécessaire pour aller au fond des choses.

Et je crois que nous avons trouvé une solution satisfaisante. Même si elle passe par le renoncement temporaire à tout échange en temps réel. Le manque plutôt que le frustration.







Prioritaire





Samedi 24 avril


Mon nouveau statut de "célibataire" est probablement en train de modifier ma perception des relations rapprochées. En ce moment, avec mes confidentes, les circonstances font qu'entre quelques échanges approfondis s'intercalent des périodes de silence prolongées. Je n'ai pas tellement le choix de la situation. Soit que l'une n'ait plus assez de place dans son emploi du temps, soit que l'autre n'ait plus envie de me donner beaucoup de place dans son existence, je dois m'adapter.

En quelques semaines, je suis passé de la densité d'une double relation à l'espacement d'un double éloignement. Auparavant c'est le temps qui manquait pour concilier cette double vie, désormais ce sont les relations qui me manquent pour remplir les temps laissés vides (oui, car malgré le travail il me reste du temps disponible).
Il y a pourtant un avantage à tout cela: seul, je peux cogiter de façon plus libre. Je peux mieux entendre ma voix intérieure. Après avoir beaucoup échangé lorsque je défrichais des domaines inconnus, ce relatif isolement était sans doute salutaire. Je retrouve mon moi, que j'avais eu tendance à diluer dans un double "nous" me tiraillant souvent dans des directions opposées.

Ces temps de solitude temporaire deviennent du temps "pour moi". J'apprends à ne plus attendre le contact, à ne plus dépendre de l'échange. C'est aussi ça l'autonomie: apprendre à penser seul, à vivre seul. Je crois que j'étais aussi trop attentif [et vite inquiet] aux réactions des personnes à qui je tiens. J'anticipais trop, surprotégeant qui ne me demandait rien, et sans doute cherchant trop à être présent et disponible... mais pas forcément à bon escient. Ce n'était, en fin de compte, qu'une façon détournée de me faire aimer en tentant d'être toujours là. Inutile de dire que c'est loin d'être une méthode fiable...



Je me retrouve donc seul dans mon quotidien, tout en partageant une double vie affective. Ce n'est pas de la solitude pesante car je vis toujours deux relations privilégiées, même si elles sont beaucoup moins soutenues qu'elles ont pu l'être.
En fait, je crois que j'apprends à ne plus être considéré comme prioritaire. Petite leçon d'humilité... qui me fait le plus grand bien. Je ne le ressens pas comme si j'avais moins d'importance pour celles qui m'aiment, mais simplement que je ne passe plus avant tout le reste. Je crois que c'est une nuance capitale. Et dans toute relation, dès lors qu'il se crée un déséquilibre entre les degrés de priorité respective donnée à l'autre, il faut procéder à un réajustement. C'est typique de la phase qui suit l'état amoureux des débuts. Il suffit de le savoir et de s'adapter à la situation.

Charlotte est en train de procéder à ce réajustement, en disant qu'elle à besoin de penser beaucoup à elle en ce moment. Elle a besoin de prendre du large, afin de s'éloigner de moi à la hauteur de ce qu'elle perçoit comme une distanciation de ma part. Elle me dit qu'elle ne pourra à nouveau se sentir durablement bien en ma compagnie que lorsqu'elle ne m'aimera plus.
Elle est dans un mouvement de reflux amoureux, sans que je sache jusqu'où elle reculera. Sans que je sache comment je le ressentirai alors...

Quant à ma relation d'amour à distance... et bien elle subit régulièrement des fluctuations plus ou moins indexées sur les périodes de disponibilité de nathalie. Plus habituée que moi à cette existence solitaire, elle a apprivoisé une forme d'autonomie que je ne connais guère. Je me sens néophyte, apprenant assidument un mode relationnel cyclique que j'ignorais jusque là. Je ne sais pas encore en combien de temps, ni jusqu'à quel point, je saurai m'y adapter. Je sens bien toute la liberté d'être qui apparaît sous cette non-dépendance, ce farouche esprit qui fuit tout ce qui pourrait devenir de potentielles chaînes. Elle y est vigilante, avec raison, je le sais.
C'est bien pour cette raison que je tiens bon [et que me bats intérieurement], espérant seulement être capable d'évoluer suffisamment dans cette direction. C'est tout le sens de ce travail de réappropriation de moi que j'effectue. Afin de ne plus dépendre du regard d'autrui pour ne plus douter de moi. Cela passe évidemment par l'écoute de mes ressentis, et de prendre soin de moi par rapport à ce qu'ils expriment.


Et je sens que ça commence à faire de l'effet, tout doucement.
J'ai compris que je devais retrouver un ajustement des priorités. Fluctuantes, variables, s'ajustant selon les périodes de l'année favorables ou non. Comme je le faisais à l'échelle des heures du jour, lorsque je privilégiais l'une ou l'autre de mes relations, ou encore nos enfants lorsqu'ils étaient présents.
Vouloir garder un haut niveau permanent est un leurre. Une relation respire. Parfois elle palpite, d'autres fois elle se calme, sans que cela n'ait rien d'inquiétant.
J'ai sans doute trop voulu garder comme prioritaire une relation qui ne peut l'être en permanence. Surtout si une autre relation existe en parallèle. J'ai trop pris à l'une pour donner à l'autre... qui n'en demande pas tant. En parallèle, ça ne signifie pas en concurence...

Et finalement, je crois que l'espace qui se dégage entre les deux pourrait bien être celui que je dois m'approprier. Celui dans lequel je pourrai exister, m'entendre, m'affirmer, et croire en moi.

La personne qui doit être prioritaire, dans mes relations, c'est moi... Car c'est en étant en harmonie interne que je pourrai offrir le meilleur de moi-même à ceux (celles...) qui m'aiment.



[Mine de rien, cette petite phrase constitue une révolution dans mon mode de pensée.]


J'en profite pour exprimer ma gratitude à nathalie, dont le cheminement personnel me sert souvent de fil rouge et guide mes propres réflexions. Sans les échanges passionnants autour de ce sujet que nous avons eu depuis plusieurs années, je n'en serais pas là...
Je tiens aussi à dire que si elle-même n'avait pas fait ce cheminement elle n'aurait sans doute pas eu le recul nécessaire pour "comprendre" mes moments d'égarement.




[mis en ligne le 26/04/2004]





Un an plus tard





Dimanche 25 avril


Subitement j'ai eu envie de relire un peu ce journal, lorsque je l'écrivais il y a un an. Je savais confusément que c'est à peu près à cette période que des changements importants avaient vu le jour.
J'entrais alors dans une double problématique. D'un coté je commençais à pressentir le risque de séparation d'avec Charlotte. De l'autre je comprenais, avec les réactions de nathalie, que ma façon d'aimer n'était pas bonne.
Depuis un an je me débats donc pour faire émerger de ces deux relations en évolution ce qui me conviendra. Ce qui sera vraiment ma façon d'aimer. Et des deux cotés je tente de voir ce qui est possible avec chacune, en fonction de leur personnalité respective.



Il y a un an, j'en étais encore à tenter d'expliquer à Charlotte tous les bienfaits supposés de cette autre relation. J'essayais de l'initier à des notions toutes neuves, constatant qu'elle ne les partageait pas [03/04/2003]

«j'ai envie de lui parler un peu de ce qui se passe dans ma tête afin que nous restions en contact. Parce que si je laissais un commode silence s'installer, je pense que nos chemins risqueraient de s'éloigner doucement. Ne pas lui parler, ce ne serait pas m'empêcher de penser. Mes réflexions sont là, cheminent, avancent. Si je ne veux pas découvrir un jour qu'un fossé sépare nos convictions, je veux en parler avec elle. Et puis ma réflexion se construit aussi sur la sienne, ses acceptations, ses limites. Notre couple s'est construit autour de valeurs et idées communes. Je ne peux ni ne veux cheminer seul alors que ce que je vis peut influer sur le couple que nous formons. Et puis surtout, je suis convaincu qu'il y a bien plus à gagner qu'à perdre, pour tout le monde»


Je commençais à pressentir les risques pour la perennité de notre couple, tout en demeurant confiant [04/04/2003].

«C'est une vaste remise en question. La mienne ayant forcément des répercussions sur celle qui partage ma vie. Mais je ne voudrais pas renoncer à cette aventure intérieure sous prétexte que cela peut occasionner quelques remous, ou même qu'un effondrement est possible. Parce que je suis vigilant et que j'estime prendre beaucoup de précautions afin que rien de trop douloureux ne se produise.»




Simultanément dans "Amour et dépendances" [07/04/2003], se manifestaient les premiers effets d'un attachement à nathalie qui avait tendance à devenir excessif .

«Il aura fallu que je ressente l'absence, le manque, pour que je réalise à quel point l'attachement que je ressens vis à vis de ma complice ressemble au sentiment amoureux. Car comment qualifier cet état d'attente, ce désir de partager, cette envie de proximité? Je sais très bien que je vis désormais "avec" ma complice. Elle occupe mes pensées, elle conditionne le sens de mes réflexions, et de nos contacts dépend très largement mon humeur. Bref, je peux dire que "je l'ai dans la peau".»


Et tout comme mon texte d'hier, j'en voyais aussi les avantages de par la liberté de pensée que procurait la solitude:

«De plus, depuis quelques jours les contacts que j'ai avec ma complice sont très réduits, frustrants parce que le temps dont nous disposons est largement insuffisant pour aborder les sujets qui nous importent, voire inexistants pendant quelques jours faute d'emplois du temps compatibles. Cette situation particulière me laisse seul dans mes réflexions, ce à quoi je n'étais plus habitué sans avoir de retour rapide. Le processus d'élaboration des idées en est bien différent.»


Mes réflexions d'alors étaient, comme très souvent, un mélange entre mon ressenti et mon raisonnement. Entre le cerveau émotionnel et l'intellect. Discours contradictoire, tentative d'autopersuasion, lutte interne flagrante:

«La forme d'... amour (mot a prendre avec des pincettes) que je vis avec ma complice est avant tout fondée sur la liberté. C'est toute la différence. Une contradiction entre l'attachement et la liberté. Un lien fort, mais sans conditions ni entraves, rien d'autre qu'un plaisir partagé à être bien ensemble.»

Je savais très bien ce que je désirais vivre... feignant d'oublier que je n'y parvenais pas vraiment.

«Je me vois trèèèèès attaché à ma complice, je n'imagine plus ma vie sans elle (du moins... l'imaginer devient une souffrance), et chaque jour, chaque contact, renforce la trace de son existence qui s'imprime dans la mienne.»
Dépendance évidente dont je ne percevais même pas à quel point elle était explicite.

Immédiatement le coté raison répliquait:
«Tout ce que je décris ressemble en bien des points à l'amour au sens amoureux du terme... et pourtant, je persiste à bien différencier les deux. Peut-être parce que ça me semble plus confortable par rapport à ma situation matrimoniale? Car, objectivement, je ne saurais bien caractériser ces différences. Sauf par cette idée de liberté»
Idée toute théorique, que j'aurais bien des difficultés à mettre en pratique avec le conditionnement culturel dont j'ai hérité avec l'idéal de "l'amour romantique" (fusionnel, exclusif, absolu, éternel, etc...). Je faisais la démonstration pratique de cet incapacité dans la suite de mon texte...

Je savais déjà par nathalie qu'elle ne me suivrait pas vers cette impasse de l'amour-dépendance. J'avais même l'audace de citer un extrait d'un de ses textes, très précis sur ce point...


Ah, quelque chose d'encourageant tout de même, dans "Infidèle idée" [08/04/2003]:

«Parce que c'est extrêmement difficile de tout remettre en jeu lorsqu'un couple fonctionne d'une certaine façon depuis aussi longtemps. Adepte d'une fidélité rigide, rigoureuse, je dirais presque "noble", depuis avant même que je connaisse Charlotte, je suis en train de reprendre à zéro mon raisonnement et mes "valeurs". Ça ne peut pas se faire sans peine.»
Il ne m'aura fallu que quelques mois pour faire voler en éclats ces soit-disant "valeurs" de fidélité qui n'avaient finalement guère de consistance. Signe que ce qui est long à faire évoluer est beaucoup plus profondément ancré.


C'est le cas de ce que je mets derrière le terme "aimer" qui commençait à me faire sérieusement cogiter ("Les mots pour le dire" [09/04/2003]). A l'évidence je découvrais que ce concept était infiniment plus complexe que ce que je croyais.
A ce moment là j'avais déjà compris comment il fallait faire (quoique en restant dans la théorie des amours pluriels, qui était ma préoccupation du moment):
«En fait c'est toute une démarche qui est nécessaire, qui passe par la confiance en soi, la discussion écoutante... et la recherche du bonheur. Du vrai bonheur, pas du plaisir éphémère. Je suis de plus en plus intimement persuadé qu'il y a davantage de courage et de grandeur d'âme à donner la liberté plutôt qu'à retenir prisonnier. Ou, autrement dit, à permettre des amours pluriels plutôt qu'exiger une fidélité de présence, de temps, de sentiments.»

Ce qui est un peu déprimant, c'est qu'un an plus tard j'en suis sensiblement au même point: tout compris en théorie, mais avec quelques difficultés pratiques vis à vis de cette «fidélité de présence et de temps». Bon, il y a quand même eu des progrès depuis, mais ça ne s'est pas fait pas sans efforts.
Il semble que ces derniers temps je sois enfin parvenu à comprendre le mécanisme de désamorçage [a voir ce qu'il en sera dans un an?]



C'est dans "Spirale sans issue" [21/04/2003], un texte à la fois noir et fort, que j'ai vraiment pressenti [prédit?]avec clairvoyance qui allait arriver entre Charlotte et moi:
«Je sais que je suis une voie qui est mienne, que je découvre peu à peu. Je me révèle à moi-même et je crois que rien ne m'en empêchera. Rien. Alors parfois je prends conscience de la fragilité de ce qui nous lie. Seulement une façon de voir la vie qui nous est similaire. Si les différences venaient à s'accroître, ce lien ténu pourrait bien s'effilocher. Je sais que je ne reviendrai pas en arrière, je sais que Charlotte doit aussi suivre son propre chemin d'épanouissement. Je le souhaite très sincèrement pour elle.

Mais peut-être qu'un jour nous allons nous rendre compte que nos chemins, initialement parallèles, nous attirent vers des directions incompatibles? Ni l'un, ni l'autre, ne peut renoncer à ses aspirations profondes pour plaire à l'autre. Ce serait une relation faussée. On peut faire des concessions dans une certaine mesure, renoncer à une part de soi, se plier aux désirs de l'autre... mais pas si cela crée des tensions internes trop difficiles à supporter.

Charlotte attend de moi autre chose que ce que je lui donne. Autre chose que ce que je suis. Que puis-je faire? Je souhaite son bonheur, et me rendre compte que je ne lui donne pas assez crée entre nous une crevasse dans laquelle je tombe. Si je ne lui apporte pas ce qu'elle attend, je ne peux qu'envisager qu'un jour elle s'en aille. Je ne peux pas lui en vouloir. Elle aura raison de le faire.

De mon coté je suis bien avec elle... si je sais qu'elle est bien avec moi. Sentir que je peux être la cause d'une souffrance m'est insupportable. Il n'y a pas d'alternative: soit je change (mais comment?) soit nous nous séparons. Je crois que c'est la première fois que je l'envisage aussi sérieusement.»




D'un autre coté, avec "Couple et liberté" [25/04/2003] je découvrais ce que j'avais envie de vivre, notamment grâce à un bouquin qui m'a énormément aidé dans mon chemin de découverte ("La déliaison amoureuse"). Tout était là, il y a un an, prêt pour le chantier de reconstruction. En fait, ces réflexions m'ont à la fois permis de me déculpabiliser du besoin d'ouvrir ma vie sentimentale à une "polyphonie amoureuse" [bon, ça a fait couac, mais j'aurais tenté le coup...] et d'élargir mes réflexions à la dépendance affective, dans un sens élargi.


Car c'est bien là que se situe un problème récurrent, depuis un an:
«Cette idée de liberté est toujours délicate à manipuler. Je m'en rends compte lorsque les hasards des circonstances me placent à mon tour en position de "demandeur". C'est un peu ce qui s'est passé avec ma complice ces derniers jours, puisqu'elle était professionnellement très occupée. Donc peu disponible pour des échanges.
Le contraste a été fort après des semaines d'échanges très soutenus. Je me rends compte que j'ai eu un peu de mal à vivre ce changement. Sa présence m'a manquée. (...) Je ne parviens plus à trouver en moi la force de continuer "seul". J'ai besoin de signes de sa part... Et je déteste cette forme d'exigence. Je ne veux pas me sentir exercer la moindre forme de pression, même involontaire. Je veux qu'elle se sente totalement libre et je voudrais l'être aussi. Malheureusement on sait bien que coeur et raison ont parfois du mal à associer leurs objectifs. (...)
Je sais très bien que souvent je ne suis pas conforme à ce que je voudrais être. Que mes paroles sont plus fortes que mes actes. Je sais très bien comment je voudrais être, mais je vois que je n'y parviens pas. Partisan de la liberté, je ne sais ni la vivre, ni la laisser totalement aux autres. Je le vois avec Charlotte, avec ma complice. Et je me sens faire ce que je n'aime pas qu'on fasse avec moi...

J'ai encore beaucoup à apprendre pour me détacher de comportements que je subis contre ma volonté.»



Les choses se sont améliorées lentement, puisque je suis peu à peu parvenu à ce que les manques ne déclenchent plus de crises. Ça se passe relativement bien actuellement, quoique m'ayant souvent demandé de gros efforts (que je tentais de ne pas laisser paraître...). Je veux que désormais ces efforts n'aient plus lieu d'être.
Et ne plus avoir l'impression de pouvoir écrire le même texte, à un an d'intervalle, montrant à quel point j'ai pu me sentir dépendant [29/04/2003]

«Oui, parce que j'ai beau dire que je deviens de plus en plus autonome, libre et indépendant... ça reste pour le moment plus une déclaration d'intention, une tendance, qu'une réalité. Je suis bien obligé de reconnaître que du regard que l'on porte sur moi dépend mon bien-être. Si je parviens à être moins dépendant des regards étrangers (ceux qui m'ont tellement dérangés il y a quelques temps, lorsque j'étais mal perçu par quelques internautes au jugement expéditif), je le suis encore beaucoup de ceux que j'aime. Et plus mon lien d'affection est fort, plus je suis dépendant du regard que l'on me porte. Si la sympathie, les encouragements, l'estime ou tout autre appréciation "positive" joue favorablement, au point de me permettre de frôler le bonheur, en revanche les reproches, désaprobations, voire même seulement le silence, me perturbent et influent dans un sens "négatif".

Le silence, la non-communication, cette absence d'effet-miroir de ce que l'autre pense de moi est un facteur négatif que je maîtrise mal. Et déjà, pourquoi cette neutralité la considérè-je comme quelque chose de forcément négatif? Essentiellement parce que je doute de moi et ai du mal à croire que je puisse plaire. Que le silence dure, pour quelques raison que ce soit, et mes doutes vont s'immiscer et se developper avec le temps qui passe.

Coup sur coup les deux personnes dont je suis le plus proche, celles qui ont le plus grand pouvoir sur moi sont entrées dans le silence. Je parle du silence des émotions et du ressenti, pas de celui des mots du quotidien. Charlotte qui ne supporte plus que je lui parle de mes remises en question, qui n'est pas actuellement disposée à me suivre sur ces chemins inconfortables. Et ma complice qui est trop occupée pour poursuivre actuellement des échanges intensifs. Si le coup d'arrêt de Charlotte a été net et sans échappatoire (motus!), et accompagné de divers reproches cumulés quoique sans rapports entre eux, en revanche je n'ai pas su sentir que la distance forcée que subit ma complice jouait sur mon moral. Je n'ai pas su me mettre en marge, désinvestir provisoirement une relation fortement affective.
Notamment parce que je n'ai pas voulu laisser pointer ce que je percevais comme une forme de dépendance de ma part... que je ne voulais pas accepter. C'est un tort. Ma dépendance affective est réelle et la meilleure façon de ne pas y être soumis est sans doute de me mettre en position "off" lorsque l'affectif ne peut plus s'exprimer. Déconnecter ce mode de fonctionnement pour en rester à quelque chose de plus dégagé, moins sensible.»

Ce qui a changé, depuis, c'est que je n'utiliserai plus cette métaphore du "off". Je n'ai pas envie de me fermer. Seulement de m'écouter et d'ajuster ma présence à ce que je ressens, et d'offrir le «meilleur de moi-même», dans le sens de ce que j'ai décrit hier.

Ce que j'écrivais l'an dernier reste en partie valable: «Je me rends compte que j'ai tendance à investir très fortement les relations. Ce qui fait que dans le passé j'ai préféré ne rien investir du tout, me privant d'amitiés dont pourtant j'aurais eu envie. Lorsque j'aime, j'aime fort. C'est très bon... mais ça peut faire peur. C'est très bon... à condition que ce soit partagé. C'est très bon... mais lorsque ça ne l'est plus, ça peut devenir très noir Je ne veux justement plus ressentir ce coté "noir", je ne veux pas non plus me priver d'aimer..

Ceci est toujours d'actualité: «J'apprends peu à peu à me sortir de ces relations fusionnelles, et j'y parviens. Du moins... un certain temps. Mais je me rends compte que j'ai quand même encore "besoin" de marques d'attention. Et surtout... de communication. Je suis un être communiquant (comme tout le monde...). Je suis aussi un être sensible (probablement plus que d'autres...) et émotionnel. Et puis... exigeant en confiance réciproque. Tout ça fait que j'ai besoin de beaucoup échanger, dire et écouter, sentir ce qui nous unit. En amitié et en amour.

Lorsque, pour n'importe quel raison, cette communication intime et confiante n'est plus possible... je me retrouve seul. Et je pense seul.»


Mais je ne veux plus le poursuivre tel qu'alors: « Et je me met à broyer du noir seul, parce que privé de ce qui compte le plus pour moi.»

En revanche je laisserai ceci: «Il est étonnant que j'aie pu croire aussi longtemps que j'étais un solitaire. C'est exactement l'inverse. J'étais solitaire parce que je ne trouvais pas le moyen d'échanger. J'en étais profondément malheureux... sans en savoir la raison. C'est simplement parce que je n'avais pas trouvé ce rapport de confiance et de dialogue auquel j'aspire. Et les moments les plus heureux de ma vie correspondent à des périodes ou je sentais cette communication possible.»

Ce qu'il faut que j'apprenne à vivre, maintenant, c'est à profiter des acquis des bons moments, afin de les faire durer lorsqu'ils ne sont plus possibles. Et pour cela... faire un peu plus confiance à ceux... celles... qui m'aiment.

Qu'il est long de retrouver confiance en soi...»


Ces bonnes résolution et cette conclusion restent parfaitement d'actualité un an plus tard...
Alors? Si peu de choses auraient changé?



[mis en ligne le 26/04/2004]




Grand jour




Lundi 26 avril


Je rentre de chez ma psy. Elle a acquiescé lorsque je lui ai dit que je pensais avoir suffisamment avancé, et que maintenant il fallait que je laisse le temps faire son oeuvre. C'était donc ma dernière séance...

Chouette, non?

Tout avait commencé le matin. Installez vous, je raconte. Mais profitez-en, c'est la dernière fois que je me livre de cette façon [vous verrez pourquoi plus loin].


Il était une fois un beau matin ensoleillé de printemps... euh... nan, ça va pas.
Tout bêtement je me suis réveillé et, comme à mon habitude, je suis allé voir si dans ma boîte il y avait un courriel de nathalie puisqu'elle ne m'avait rien écrit hier. Il y en avait bien un. Et comme ceux de ces derniers temps, il était assez court et plutôt factuel, hormis la formule tendre qui le termine. Bon... c'est comme ça. Je me suis adapté à ce genre d'échange. Je prends ce qu'elle me donne, et tant pis si c'est court, ou s'il la boite est vide. Du moins... je travaille intérieurement pour ne pas en être affecté outre mesure. C'est convenu entre nous depuis un an: je ne dois ni attendre ni demander.

Mais ce matin, sans que je sache pourquoi... j'ai été déçu. Déçu qu'une nouvelle fois il y ait si peu. Et tout d'un coup, je me suis entendu penser cette déception. Déçu, déçu, déçu... 
Déçu de cette relation qui parfois n'existe plus que comme s'il s'agissait d'une simple amitié. Déçu que nous n'ayons plus de contacts prolongés. Déçu que nous n'ayons plus que rarement ces échanges approfondis qui m'avaient tant séduit et fait mon bonheur.

Ben oui... ça arrive ce genre de choses.
Faut dire qu'hier j'avais relu quelques un de nos échanges passionnants, datant de la période qui a vu notre amitié devenir intense, puis se transformer en ce [pas de mot existant] que j'ai ensuite admis comme étant de l'amour. Alors y'a du y'avoir un p'tit coup de nostalgie [y'a eu, mais je sais que ça ne sert à rien, alors j'ai pas laissé se développer].

Tout cela s'est conjugué a ce que j'ai écrit ici ces derniers jours (et pas encore mis en ligne au moment où j'écris...). Mélange bizarre entre ma volonté d'aimer en toute liberté ("libraimance"...) et ce cri étouffé qui a besoin de davantage d'attention pour aimer.
Un moment... j'ai douté de ma capacité à pouvoir vivre un tel amour distant. Silence et distance, c'est beaucoup à supporter [honnêtement, c'est même parfois cruellement douloureux...].

Mais bon, je sais aussi ce que nous avons vécu de merveilleux ensemble. Je sais que la distance causée par le manque de disponibilité est un état transitoire et qu'il suffit d'être patient et de garder confiance: l'expressivité amoureuse reviendra tôt ou tard. Ne serait-ce que dans les bras l'un de l'autre... Je sais que nathalie m'aime et que ses moments de silence/distance ne sont pas signifiants. Je le sais tout ça, et je me raisonne...
Ça fait un an que je me raisonne pour passer à travers ces périodes de manque.



Et puis, par un de ces drôles de hasards qui surviennent au bon moment, en prenant un de mes vétements je suis tombé sur l'endroit ou j'avais caché les quelques vraies lettres qu'elle m'avait envoyées l'an dernier. Exactement à la même date qu'aujourd'hui [vous verrez plus loin ce que signifie cette date]. J'ai retrouvé tout ce qu'elle essayait de me transmettre de "réel" alors que nous ne nous étions encore pas rencontrés. J'ai retrouvé toutes les attentions dont elle avait fait preuve, et à quel point j'avais été touché de tant de marques d'amour.

Alors, immédiatement, j'ai ressenti tout autre chose. Un manque. Un terrible manque de sa présence, de ses mots, de ses attentions. Ce que j'avais attribué à la déception était en fait le manque de ce qui nous relie, de ce qui me touche et me séduit chez elle.
Et... je me suis dit que je ne l'avais tout simplement pas exprimé. Ou pas suffisamment clairement. Elle ne peut donc pas le savoir, ni y répondre.

J'avais tellement dans l'idée de ne pas être demandeur et me satisfaire de ce qu'elle voulait bien me donner, selon ses priorités ou disponibilités, que je suis resté passif. Je souffrais le manque en silence, sans même savoir qu'il s'agissait de ça [ben oui... le manque de présence est tellement constitutif de notre relation...].
Et pourtant... combien de fois m'a-telle répété que si je n'exprimais rien elle ne pouvait pas deviner ce qui se passait dans ma tête...
Voui, mais encore faut-il que j'aie la capacité de m'écouter au fond. C'est à dire d'oser être moi-même et exprimer ce que j'entends... sans craindre de "mal penser" comme le ferait un amoureux demandeur. Oser dire «tu me manques» avant de ressentir le silence comme une marque de désintérêt...
Tout un travail pour ne plus penser comme ça... 
Pour écouter et exprimer les vrais besoins, au dela des simples désirs...



Bref, c'est juste après cette mutation de pensée que j'avais rendez-vous chez ma psy. En voiture, très vite m'est venu la sentation que ce serait mon ultime séance.
Tout s'est enchaîné de façon fluide. La seule chose dont j'avais envie de parler, c'était du fait que je sentais que j'avais mis à jour l'essentiel de ce qui créait mon mal-être. Tout ce que j'ai découvert ici, au fil de l'écriture, ou au sein de mes relations privilégiées, et qui demande maintenant seulement du temps pour l'intégrer. J'ai la plupart des éléments en main. Je sais comment je fonctionne, d'où viennent mes blocages, quels sont mes manques, mes attentes, mes fragilités.
Je dispose du plan d'assemblage, de la notice d'emploi, de la carte d'orientation. Il ne me reste qu'à apprendre à m'en servir. Juste une question de temps.

Alors j'ai procédé à une récapitulation succincte de tous les élements que j'avais compris. Sans oublier cette dichotomie qui existe entre la théorie, globalement bien maîtrisée, et la pratique... encore souvent inadaptée.
J'ai surtout dis l'assimilation du fait que mon mal-être existentiel venait d'une grande soif de reconnaissance. Un gouffre qui ne sera sans doute jamais comblé, mais dont je ne veux plus dépendre. Je veux devenir autonome, et ne plus quémander l'attention d'autrui, quel qu'il soit. Je veux avoir la capacité de me nourrir par moi-même lorsque je me sens seul. Être capable de vivre en autarcie affective entre les moments ou cette affection m'est offerte.
Et savoir me nourrir de ce qui m'est donné en acceptant d'être apprécié, aimé. Le manque affectif de mon passé ne sera jamais comblé, mais au moins que je laisse l'affection offerte au présent illuminer mon existence!

Ma psy m'a rappellé que les manques seront toujours là, parce que personne ne m'apportera tout ce dont j'ai besoin. Oui, je sais, l'idéal n'existe pas. Il n'est pas incarné en chaque personne que je rencontre. C'est à moi de voir si mes manques peuvent être comblés dans une diversité de personnes, et accepter que certains ne le soient jamais.

Je sais désormais que les choses changeront. Je n'ai plus besoin de cette assistance psychologique. Madame psy avait l'air satisfaite de me voir à ce point et trouvait que la thérapie avait été efficace. Elle m'a dit «bonne continuation» et j'ai senti tout le sens qui s'appliquait à cette phrase.



Mes deux textes qui précèdent, ainsi que ceux que j'avais écrit ces derniers temps, étaient révélateurs que quelque chose de profond se passait en moi. Et puis de constater que j'avais déjà tout compris il y a un an à servi de catalyseur: il est temps d'agir. Un an de gestation c'est assez. maintenant je suis prêt.
Je le suis parce que je le veux.

Alors j'ai décidé, là, ce matin, de tourner une page. Il semble que je m'y préparais sans bien m'en rendre compte ces derniers jours.

Par exemple hier une conversation avec Charlotte nous a fait prendre conscience à tous les deux que malgré notre attachement notre union n'était plus possible au sein d'un mariage. Nous avons un fort attachement et des tas de points communs, mais un seul qui ne l'est pas rend toute conjugalité impossible: mon besoin de liberté affective est incompatible avec l'exclusivité amoureuse dont elle a besoin. C'est bon, c'est clair, c'est admis. Et nous n'espérons plus rallier l'autre à notre point de vue. Ne reste qu'à voir jusqu'où nous devrons nous séparer afin que chacun se sente bien avec l'autre. Car ça aussi c'est maintenant clair: nous désirons tous les deux garder un lien, au moins dans la cellule familiale. Et nous désirons garder notre maison et son cadre, construite ensemble et dans un lieu à l'image de ce couple que nous formions.
Je crois que ce sont là les conditions pour que séparation ne rime pas avec échec. Ce qui a été construit ensemble (la famille et son cadre de vie) ne doit pas être démantelé.
Nous avons partagé notre vie durant un peu plus de vingt-et-un ans, et ça doit rester comme une étape positive de nos vies respectives. Quelque chose de beau, qui a compté beaucoup pour nous, et qui nous a fait grandir ensemble. L'essentiel de ce qui nous relie, cette complicité, ne doit pas diparaître. Et ne disparaîtra pas. Je n'ai plus la crainte que Charlotte veuille tout détruire. Je sais qu'elle tient trop à moi, et à nous, comme je tiens à elle, et à nous.
Il nous est maintenant apparu que, malgré cette épreuve douloureuse que nous traversons, nous nous aimions fort. Et certainement de meilleure façon désormais... Nous sommes tous les deux admiratifs de ce que vit l'autre, même si c'est au sein de la séparation. Malgré la souffrance (et en dehors de ces moments particulièrement lourds), se crée une certaine complicité dans la séparation. Cela parce que nous le voulons et gardons quand même confiance en l'autre.

Bon, c'est pas tous les jours aussi rose, mais je le ressens comme ça profondément. A nous ne ne pas céder à nos peurs, nos douleurs, afin de ne pas entrer dans tout ce qui pourrait s'"assimiler à un esprit de "vengeance".

Pour le coté anecdotique et délicieusement irrationnel des choses, il est amusant de constater que notre union aura duré 3 fois le fameux cycle de 7 ans (la scission datant de l'an dernier).

Et j'ai trouvé que l'occasion était trop belle pour laisser passer l'occasion d'un autre cycle de 7 ans: demain, j'entre dans le septième cycle de 7 ans de mon existence.
Alors la conjonction de la date symbolique et de tous ces hasards, entre mes avancées des derniers jours, le constat de stagnation depuis un an, l'impression d'être au bout d'un processus de déchiffrage, cette drôle de déception/manque qui s'est révélée ce matin, la fin de ma thérapie... me semble être l'occasion de marquer un grand coup.

Faut fêter ça!



Je décide donc que j'entre dans une nouvelle ère de mon existence. Celle où j'agis, et où je m'écoute et m'exprime. Celle où je n'attend plus la reconnaissance des autres. Celle où je me prends en charge pour vivre au plus près le bonheur auquel j'aspire.

Je décide aussi de ne plus m'épancher dans ce journal comme je le fais depuis le début de toute cette phase de transition. Le compte-rendu de mes amours en direct et en public, c'est fini. Je cesse de déverser tous mes états d'âme en public. Je crois que j'ai assez donné pour ça. Et d'ailleurs... je crois que j'ai assez tourné en rond (hé hé) puisque ne reçois pratiquement plus de courriers [tant mieux, puisque je n'avais pas toujours le temps l'envie d'y répondre].

Allez hop, il est temps de changer!
Mais, chers lecteurs et lectrices assidus, ne vous désespérez pas, je ne cesserai pas d'écrire. C'est simplement que j'ai envie de changer de champ d'écriture. Devenir plus léger. Plus résolument positif aussi.

Oh... et puis je ne suis pas naïf, toutes ces résolutions que je prends auront certainement quelques accrocs... Les habitudes ont généralement la vie dure.


Demain j'ai 43 ans. C'est un très bon âge pour prendre la décision ne plus laisser sa vie dans les mains des autres, non?





Mois de mai 2004