Novembre 2003 (2eme quinzaine)
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Récapitulatif


Samedi 15 novembre


Pour être juste, il faudrait que j'interrompe le contact avec Charlotte. Pas seulement avec nathalie. Il faudrait que j'aille m'isoler, loin de tout, loin du monde, loin de tout regard. Et m'écouter moi. Moi, moi, moi!
Savoir ce qui se cache au fond de moi, sous tout ce coté "raisonnable", "réfléchi". Savoir ce que j'ai dans les tripes, dans les sentiments, dans le coeur... Faire taire toute cette raison qui m'étouffe, qui me déboussole, qui me tire dans le sens contraire de ce qui m'attire.

Ce que je vis en ce moment est une folie, un de ces fameux dilemmes dits "cornéliens". Je n'aurais jamais pensé avoir une chose aussi difficile à faire dans ma vie.

Mais bon... j'ai aussi tout fait pour ça. J'ai voulu suivre ma route, saisir les choses comme je le ressentais, et il fallait bien que je m'attende un jour à me trouver au pied du mur. Je le franchis ou je m'en détourne? J'escalade la montagne ou je reste dans les plaines rassurantes?

Les choses s'éclaircissent sans cesse, mais rien n'est fait dans mon choix. Je parle beaucoup avec Charlotte, cette fois avec toute la sincérité que j'ai dans ce journal. Chaque jour elle en sait un peu plus. Il n'existe plus ce décalage entre mes écrits et ce que je lui dit. Elle sait que je ne l'aime pas d'amour-amoureux, je lui ai dit ce matin. Parce que lui cacher aurait été mentir. Quand les discussions s'approfondissent, on ne doit plus cacher ou omettre. Maintenant que je suis lucide avec moi-même, je me dois de ne pas lui cacher mes découvertes.

Je me suis menti depuis des années, et je ne le savais pas. Je m'accomodais de fausses vérités auxquelles je croyais dur comme fer. Entre mon conscient et mon inconscient, c'était un jeu de menteurs. Et mon coté raisonnable dirigeait le tout. Oh, j'en ai raconté des choses sur l'amour, sur la différence que je faisais entre aimer et être amoureux. J'avais établi toutes mes convictions là dessus, je les propageais ici même. J'en discutais avec certaines de mes lectrices, dont nathalie, avant que nous ne soyons aussi proches.

C'était tout faux: je croyais aimer d'un amour assagi, alors que j'aimais d'attachement... mais sans ce coté amoureux. Je le constate jour après jour désormais, à une infinité de détails qui me sautent aux yeux.
Par exemple ce matin, alors que je découvrais sous la douche un nouveau savon un peu bizarre acheté par Charlotte dans un magasin bio, j'ai très bien senti le phénomène. J'aurais été tenté de dire «C'est quoi ce savon au foin que t'as acheté?" [quelle élégance!] Or au même instant j'ai réalisé que si j'avais été chez nathalie, découvrant un savon de ce genre (à la lavande avec des morceaux dedans), j'aurais été charmé par cette originalité, cette poésie...
Ce genre de soit disant "humour" familial de merde, dénigrant, plutôt masculin (mon père et mon frère en sont parfois odieux) cache je ne sais quoi, mais certainement pas de l'amour. J'ignore ce qu'on veut faire passer par ce biais là. Une insensibilité? J'en ai honte...
Mais la différence de réaction que j'aurais eue entre Charlotte et nathalie me semble signifier quelque chose de bien important.


Dans le même genre, mais plus parlant encore... Lorsque j'imagine de perdre Charlotte, je me sens d'abord coupable (pour la souffrance engendrée), puis triste, ayant l'impression d'avoir raté quelque chose, de devoir renoncer...

Lorsque j'imagine ce qui se passerait si je perdais nathalie, il y aussi de la culpabilité, mais surtout une impossibilité à accepter ça. C'est pas de la tristesse, c'est une déchirure, c'est un cri, ce sont des pleurs, une révolte, une rage. Non non non, pas ça, c'est pas possible!

Mes réactions ne sont pas du tout les mêmes. Je crois que c'est significatif.
[putain, mais tu vas réagir oui ou merde? Il te faut quoi pour que tu oses choisir? Tu sais bien où est l'évidence!]

Oui, je sais bien... Mais cette culpabilité obscurcit mon discernement. Je ne vois qu'une seule chose: la souffrance que je vais infliger à l'une ou à l'autre.
[T'as pourtant bien dit que tu devais t'écouter TOI, et non pas la souffrance puisque de toutes façons il y en aura. Il est IMPOSSIBLE qu'il n'y en ait pas. Il est IMPOSSIBLE d'épargner les deux femmes que tu aimes. L'une des deux souffrira]

C'est tellement difficile à accepter... Je connais leurs fragilités à toutes les deux, je sais à quel point la désillusion sera grande, et la souffrance...

[La lucidité fait parfois mal... mais le mensonge est bien pire lorsqu'on le découvre]

Charlotte m'a tellement donné, s'est tellement "sacrifiée" pour moi. Elle pensait que c'était comme ça qu'on prouvait son amour: dans la difficulté, dans le renoncement, dans le don de soi. Elle n'a jamais bien su le montrer autrement. Et pas par les mots. Chez elle on n'exprimait pas ses sentiments ni ses émotions. La sensibilité y est un défaut.

Et moi cette sensibilité exprimée m'a manqué terriblement. A tel point que je suis allé la chercher ailleurs, et que d'autres femmes me l'ont offerte.

~*~
[je pense à toi...]




Si je m'écoutais... si je m'écoutais vraiment, laisant tomber tout le coté raisonnable...

Alors je choisirais...

L'originalité, le rire, la fantaisie...
L'aventure, l'audace, le courage d'être soi,
Des yeux qui me regardent vraiment, des yeux qui m'aiment, des yeux dans lesquels je me noie.
[Grrr, lutte intérieure entre l'écoute de mes désirs et ma raison qui me dit: «non, n'écris pas ce genre de choses»]

Je choisirais...

Celle qui ose se poser des questions, affronter ses peurs
Celle qui recherche le bonheur, qui désire le vivre, qui veut positiver sa vie
Celle qui est venue me chercher, aussi loin de chez elle
Celle qui m'a dit et écrit tant de belles choses
Celle qui me rend beau
Celle qui m'émerveille

Mais la raison... Naon! Pas de mais! Y'en a marre des mais, elle l'a bien dit: elle n'en veut plus de ces mais. De ces oui qui disent immédiatement non. Il faut cesser d'être ce personnage à double face, perdu entre raison et sentiments. Écoute-toi un peu, laisse-toi aller à être toi-même. Enfin, pour une fois, ose d'écouter. Saisis cette chance unique de changer ta vie et te disant "oui", sans te préoccuper de ce qui est bien ou pas bien, moral ou raisonnable.
Poursuis ce virage que tu as pris, au lieu de revenir doucement à la position initiale. Souviens toi de ce que tu écrivais le 8 septembre, lorsque tu parlais d'ouvrir les yeux sur soi:

«Dans deux jours je vivrai un des évènements les plus importants de ma vie. C'est comme ça, je le sais. Je rencontrerai nathalie, pour qui ce sera d'une nature comparable. Pour moi, puisque je sais que mon calendrier intérieur est fixé sur cette date, cette rencontre marque déjà le passage entre un avant et un après. Une certaine vie prendra symboliquement fin ce jour là, parce que l'essentiel de mes pensées s'est focalisé sur cette date, et tout mon cheminement intérieur s'est fait en fonction de cette échéance. C'est parce que je la savais approcher, et que je voulais la vivre à la hauteur qu'elle méritait, que j'ai pris conscience que ma liberté d'être n'avait pas de prix. Et qu'elle était la source de ma libération. Je voulais être capable d'être moi-même ce jour là. Au plus profond de moi, le plus absolument possible. J'ai tout fait pour y être prêt et je crois y être parvenu.»


Souviens-toi aussi comme tu envisageais qu'il te serait nécessaire de te battre pour gagner ta liberté d'être:

«(..) je sais bien que je perdrai encore confiance en moi parfois. Je n'ai pas découvert la voie de la félicité perpétuelle. Mais je sais que je suis maintenant sur un chemin de sérénité et de paix intérieure... même s'il me faudra toujours lutter pour m'y maintenir. Le bonheur n'est pas une voie facile et demande sans doute de la vigilance. Je connais désormais le chemin... à moi de le suivre. Je ne suis qu'au tout début, mais j'ai déjà suffisamment d'expérience de vie pour ne pas craindre de ne pas y parvenir.
»


Souviens-toi encore comme tu t'extasiais sur une certaine idée du bonheur que tu vivais:

«Je crois que le bonheur est un état d'esprit. Il ne peut exister, et durer, que par une démarche volontaire. On se met en position d'avoir accès à lui. Être heureux ne vient pas sans efforts.»


Souviens-toi surtout de ce que tu disais après la rencontre, alors même que tu te retrouvais sans mots pour décrire ce que vous aviez vécu:

«Je n'ai pas eu le bonheur que j'espérais.
J'ai eu infiniment mieux, et plus que ça encore. Notre rencontre a surpassé mes rêves, de très loin. Je ne pensais pas pouvoir vivre un jour quelque chose d'aussi bon. Trois jours de pur bonheur.
»

Et ensuite, regarde un peu ce que tout celà est devenu. De jour en jour tes mots ont tenté d'expliquer combien la situation devenait complexe. Tu as peu à peu "oublié" ce bonheur, pour ne te consacrer qu'aux difficultés d'adaptation à cette situation bien compliquée. Toujours plus difficile, malgré toutes les directions explorées.  Et quelque chose qui devenait de plus en plus lourd.

Tu as abordé l'aspect séduction... mais sans aprofondir, alors que nathalie avait trouvé cette piste fort intéressante. D'ailleurs tu déclarais
«Pour moi est venu le temps d'interrogations nouvelles, qui étaient restées dans l'ombre depuis bien longtemps. Une fois de plus c'est vers mon passé que je me retourne, remontant jusqu'au début de ma relation avec Charlotte.»


Et peu à peu tes mots se sont perdus alors que tu rentrais véritablement dans les fondements de ce qu'il y avait à découvrir:
«J'ai l'impression que, mots et gestes confondus, ce que nous avons partagé en terme de complicité et de confiance, est quelque chose de très rare. Et nathalie employait ce mot-là dans un des courriers fabuleux que l'on s'écrit en ce moment. Fabuleux parce que faisant preuve d'une confiance/sincérité inégalées alors que nous échangeons sur des sujets éminemment fragiles. Nous touchons à l'essentiel de nos vies, ce sur quoi elles sont bâties.
(...) Alors... quand se produit un contact d'une telle nature, qu'il amplifie une complicité déjà exceptionnelle, il y a de quoi réfléchir sur l'intensité de ce frisson inattendu
»


Alors tout à commencé à devenir un peu dur, et tu sentais qu'il fallait que les choses évoluent:
«Mais j'ai bien dû convenir que pour moi aussi ce n'était pas simple de vivre cet "après". Parce que tellement de choses ont été bousculées que mes repères anciens ont subitement disparu. Je dois trouver une nouvelle voie qui permette de concilier tout ce que j'ai découvert. J'y travaille actuellement mais c'est encore trop en chantier pour que je me risque à l'écrire.

Bon... mais tout cela je me sens capable de le gérer. Ça me turlupine, mais je sais que j'arriverai au bout, plus lucide à la fois sur moi-même et sur le fonctionnement de notre couple
»


Un jour Charlotte à eu ces mots terribles, quoique sincères: «Je ne t'admire plus»
Là, ça commencait à devenir grave. Mais tu restais sûr de toi:

«Dans ma tête c'était clair: ce que je devenais ne lui plaisait pas... mais je n'avais aucune intention de ne pas suivre ce chemin. Je comprends que mon évolution ne lui convienne pas, mais... je n'y peux rien. C'est regrettable, mais je ne peux pas m'empêcher d'être celui vers quoi je vais afin de ne pas lui déplaire.»

Et plus loin tu écrivais: «Avec mes nouvelles façon de voir l'amour, c'est limpide: on aime l'autre pour ce qu'il est, pas pource qu'on voudrait qu'il soit. C'est devenu, en quelques semaines, une conviction.»

Beaucoup de choses importantes on été énoncées ce jour là: «Charlotte sent notre couple menacé (davantage par mon évolution que par ma relation avec nathalie, même si celle-ci a servi de révélateur), alors que je ne ressens pas du tout ça, restant très optimiste sur l'évolution à venir. Mais de la sentir douter de moi, de nous, ça m'atteint quand même beaucoup (preuve que je ne suis pas aussi autonome que je l'imagine).»

Tu sentais bien que quelque chose avait changé: «Tournant majeur dans notre relation de couple, donc. Qui, bizarrement coïncide avec ce tournant de mon existence concrétisé par la rencontre avec nathalie. Un peu normal que l'évolution de l'un amène à une évolution du couple...»

Et tu réalisais que «simultanément (là encore, est-ce vraiment un hasard?)... de l'autre coté, avec nathalie... ben on ne sait pas du tout où on va! Notre attachement, contrarié par la distance qui nous sépare, nous laisse perplexes.
Comment va t-on pouvoir vivre cette relation à distance alors qu'elle a pris autant d'importance dans nos vies? Alors qu'elle remet autant de choses en question, d'un coté comme de l'autre? Comment "oublier" (ne plus trop penser...) à cette complicité merveilleuse en face à face? Comment faire alors que... ni l'un ni l'autre nous n'avions jamais connu un tel bonheur?
Comment... bordel, comment ne pas se poser plein de questions???
C'est un truc de fous


Et tu achevais avec «Pfff, pour le moment je ne parviens même pas à penser à tout ça. Mes pensées sont sans avenir, accrochées à tout ce qui a changé mais sans rien percevoir au dela du brouillard dans lequel je suis immergé.

Je crois que je ne veux pas y penser. Il le faudra pourtant bien... »


Et oui, il faut bien y penser...


Car en abordant les variations autour du mot aimer, tu as enfin oser voir ce qui était aveuglant:
«Il est évident que l'intensité amoureuse est plus forte envers nathalie qu'envers Charlotte. En langage raccourci, ça donne cette chose que je ne pouvais/voulais pas accepter de voir: j'aime nathalie plus que Charlotte.» [oups, là j'ose quand même pas mettre en gras la dernière phrase...]

Ce jour là, tu as écrit des choses essentielles. Tout était bien décrit.
Et puis peu à peu, les choses ont commencé à se figer. Tu ne parviens pas à t'approcher plus près de la vérité. Tu tournes autour et évites les décisions. Ton dialogue intimiste avec, ton alter ego, cette écriture bleue, se fige. Même toi face à toi, tu n'y parviens plus, avec cet aveu flagrant
«Et c'est amusant, parce que quelques jours plus tôt c'est nathalie qui m'orientait vers cette piste pour laisser venir en moi ce que je lui avouais "bloquer" dans mon processus de pensée. Toutes ces choses que j'aurais tendance à décréter "impossibles"... tout en sachant combien ce mot est un leurre derrière lequel il est facile de s'abriter.
Alors je lui avais répondu en riant, un peu troublé, que non non non, surtout pas ça! Pas d'un dialogue intérieur, parce que je craignais trop ce qu'il pourrait me révéler..



Plus tard il y aura ce constat: «Je ne relis que rarement des extraits de mon journal, mais peut-être que je devais le faire plus souvent. Ça me permettrait de constater de qui évolue dans mes pensées, ou bien qui n'a fait que s'affirmer depuis le jour où elle se sont révélées à moi.» C'était le jour où Charlotte a dit vouloir lire ce journal.

Idée qu'elle n'a d'ailleurs pas poursuivie... Elle dit que c'est par souci de protection de mon intimité. Je me demande s'il ne s'agit pas de rester dans un aveuglement, comme elle le fait fréquemment. Charlotte préfère souvent fuir la vérité plutôt que de l'affronter.
A l'instant ou j'écris ces lignes (interrompues quelques minutes) Charlotte me disait se demander quelle était la nature de ma relation avec nathalie, semblant "oublier" que j'aime nathalie, bien que très régulièrement j'utilise ce mot sans équivoque. Je lui ai rappelé que je n'avais rien à cacher si elle me le demandait, mais que je préférais ne pas lui dire pour ne pas risquer de la blesser inutilement. Elle n'est pas allée plus loin dans la moindre question...

Dis donc, mais est-ce si différent de toi... qui t'exprimes abondamment mais ne va pas au fond des choses les plus décisives?

Euh...

Mais terminons...
Le dernier rebondissement notable a été celui qui a marqué un retour au calme:
«Alors que Charlotte est passée par un moment difficile, évoquant très clairement une éventualité de séparation... elle est revenue le lendemain en me disant qu'elle ne me quitterait pas.»

J'ai cru que tout était arrangé, et que cette assurance de non séparation me permettait de faire durer la situation. Et tout est resté depuis dans cette incertitude floue, attendant on ne sait quel évènement qui bouleverserait l'équilibre.
Ce fut conjonction de la décision de sortir de ce marécage et l'ultimatum donné par Charlotte.


Bon, j'arrête pour ce soir cette écriture-relecture. J'avoue que je n'en peux plus... Je passe mes journées à réfléchir sous tous les angles, m'y perdre, pleurer de rage et d'impuissance, à en avoir envie de vomir. 
Et pourtant je suis actuellement en surcharge de travail, les clients sont là et je dois être présent, efficace, disponible... C'était pas la meilleure période pour ce genre de décision.
Je passe le reste de mon temps à discuter avec Charlotte, et enfin à écrire ici, sans chercher à être clair. Tout est un peu confus, je rabache... désolé.

Les choses sérieuses ont commencé. Fini le temps des incertitudes, voila venu celui des choix.
Tant d'évidences énoncées dans ce journal... saurais-je les voir? Vais-je oser m'entendre?
Je sais que les choses se précisent. Il le faut. Vite, très vite maintenant.

Allez faut bien que je mette en ligne de temps en temps...
La suite sans doute très prochainement.



[Privé de ton contact, mais pas de tes mots en parallèle, tu me sembles si loin de l'autre coté de l'océan. Je sais que ce n'est pas facile du tout pour toi, et je te remercie de me donner ce temps de réfléxion afin que je m'écoute. Tu vois qu'il m'est nécessaire...]




Cheval sauvage



Dimanche 16 novembre


Je me sens dans un état assez bizarre, flottant. Pas hésitant, non: flottant. Entre deux eaux, entre deux vies, et peut-être entre deux femmes. Mais c'est davantage l'aspect "vie" qui est dans mes préoccupations. Je crois que je suis sur la ligne qui départage deux mondes. Celui du "comme il faut" et celui du "comme j'ai envie".

Je crois que, sans même m'en rendre compte, j'ai enfin pu accéder à l'écoute de mon intériorité. nathalie s'est mise à l'écart, afin de me laisser libre. Charlotte est là, mais devenue différente de ce qu'elle a toujours été pour moi.
J'ai déjà mis un pied dans l'autre monde. Je suis au portail, encore avec elle, mais je crois bien que je vais le franchir. Je sais qu'elle ne me suivra pas. Ce n'est pas son monde, ou bien elle n'y est pas encore prête. Mais pour moi c'est le moment. C'est maintenant.

Une amie diariste m'a parlé par tchat hier, sachant ce que je vivais. Elle a voulu me faire partager un peu de son chemin de vie et m'a parlé d'un homme qu'elle avait connu autrefois, qui se trouvait un peu dans la même situation que moi. Cet homme n'a pas osé s'aventurer dans l'autre monde, il n'a pas osé libérer le cheval sauvage qui vivait en lui et aspirait à la liberté. Quelques années plus tard, il est devenu triste et résigné. Parce que, ne voulant pas blesser ceux qui l'entouraient, il a ainsi brisé les jambes de son cheval.

Cette histoire va tout à fait dans le sens de ce que je crains: ressentir éternellement des regrets de n'avoir pas osé m'écouter. De n'avoir pas eu le courage de me lancer vers l'inconnu. Par peur de perdre. Oubliant que je peux découvrir ce que j'ignore encore.

Oui, je l'avoue, j'ai peur. Mais j'ai aussi une grande confiance en moi, en la vie, en mon intuition. Je vais peut-être me lancer vers ce monde inconnu, riche de promesses. J'y suis attendu par celle qui m'y a précédé et qui m'a aidé à en découvrir les potentialités. Je sais que dans ce monde là je serai plus libre. Parce que pour y rentrer, il faut déjà s'être libéré. J'ai commencé à le faire, il ne me reste qu'à poursuivre. Mon cheval sauvage est là, piaffant d'impatience, prêt à se ruer vers ce dont il a eu un aperçu, et qui l'attire. Personne d'autre que moi n'a le pouvoir de le libérer. Et il n'y aura pas éternellement quelqu'un en face pour accompagner sa cavalcade. C'est maintenant... ou peut-être jamais.

_______



A l'orée de ce monde nouveau, je peine de plus en plus à voir un avenir dans le monde duquel je viens. Pourtant, avec Charlotte, nous parlons beaucoup et comprenons avec une étonnante clairvoyance tout ce qui n'a pas fonctionné entre nous, et pourquoi. Depuis l'origine nous analysons les mécanismes faussés, les suites d'erreurs partagées, l'engrenage de comportements nuisibles pour notre relation. Tout ce qu'il faut pour un nouveau départ. Et pourtant... il me semble que je n'y crois plus. J'ai l'impression que c'est trop tard, déjà. Trop de mauvaises habitudes héritées depuis l'enfance, puis transmises, reproduites depuis nos débuts... Nous n'étions pas prêts lorsque nous nous sommes connus, nous n'avons pas su, pas pu nous soutenir et nous reconstruire dans tous les domaines. Nous avons tous les deux fait un énorme travail ensemble. Nous nous sommes co-reconstruits afin de vivre mieux et nous réadapter à une vie heureuse, blessés que nous étions par nos enfances.

Mais maintenant nos chemins semblent de plus en plus divergeants. L'autre monde m'attire et Charlotte ne peut m'y accompagner. Désormais, pour une part, nous nous nuisons l'un à l'autre. Alors que d'un autre coté nous ne cessons d'apprendre à mieux vivre ensemble.

En ce moment nous sommes très tendres l'un avec l'autre, nous prenant souvent dans les bras. Notre complicité dans la situation instable que nous vivons nous a rapprochés. Nous savons que ce lien est menacé. Dans quelques temps, peut-être, nous ne pourrons plus nous enlacer de cette façon...

Souvent, pour un geste, un instant particulier, je réalise que ce que nous vivons actuellement est en sursis. Nous ne faisons plus de projets à long terme. Les phrases lancées s'interrompent parfois brutalement quand elles évoquent ce que nous pourrions faire pendant les prochaines vacances. Nous envisageons aussi les possibilités "autres": où Charlotte irait-elle habiter, puisqu'elle ne peut imaginer de rester dans notre maison si pleine de souvenirs? Elle me dit aussi qu'elle aura certainement besoin de prendre de la distance, si nous devions nous séparer. Elle m'a prévenu qu'elle ne voudrait certainement plus que je la touche... ce sera sans doute difficile à vivre pour moi, qui ne ressens absolument pas ce besoin de marquer une distance.

Pourtant Charlotte veut croire que, forts des découvertes que nous faisons sur notre mode de fonctionnement, nous allons pouvoir recommencer sur de nouvelles bases. J'ai du mal à y croire, pour ma part. Je sais que la menace de la séparation nous rend pleins de bonne volonté, mais je crains l'inertie des habitudes, et la perte de motivation sur le long terme.

Et puis j'apprends jour après jour comment elle envisage la suite, si finalement je renonçais à franchir le pas vers l'autre monde: supprimer les contacts avec nathalie, au moins pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une amie... sans amour.

C'est impossible pour moi. Absolument impossible. D'une certaine façon, ça m'aide à orienter ma décision, renforcant se qui semble se préciser. Car Charlotte n'envisage ni demi-mesure, ni arrangement. Elle semble vouloir tout... ou rien.



Je ne cache pas que me lancer ainsi "dans le vide" m'effraie quelque peu. C'est un peu comme le saut à l'élastique: on sait qu'on ne s'écrasera pas au sol, mais la peur est immense. C'est une décision personnelle, que je prends sans l'aide de nathalie. Elle me laisse me déterminer seul. C'est ma voix intérieure que j'écoute, sans aucune influence de sa part.
Je ne sais même pas vers quoi je vais, sauf que je décide... déciderai peut-être (gardons une marge d'incertitude...) de changer de monde. Je sais que nathalie m'y attend, mais sous quelle forme... je ne le sais même pas. Nous n'avons qu'à peine évoqué certaines possibilités, qui nous avaient paru un peu folles. C'est ma foi en elle, sa foi en moi, qui sont mes guides. Même privé de son contact en ce moment (j'ai l'impression que ça fait une éternité...), je me fie avec confiance à tous ces mots que nous avons échangé depuis si longtemps. Je me fie aussi à ces seulement deux jours et demi passés ensemble. Deux petits jours et demi...

Je sens nathalie très loin de moi en ce moment, mais je la sais attentive à tout ce que j'écris ici. De loin, et en silence, elle me soutient, elle m'encourage, elle croit en moi et en nous, très fort. Et même sans un mot de sa part je trouve en moi la force de me déterminer. Seul.

Cet isolement m'est nécessaire. Car, comme elle l'a écrit «Et alors, quand il n'y aura plus tout ces mais, je saurai que les conditions nous seront favorables. Et tu pourras penser à moi sans crainte, sans redouter les blessures et des jugements.

Et tu auras le droit de m'aimer sans mais après ou devant.»

Les mais, c'est la lutte que je dois mener entre ma raison et mes sentiments. Et personne ne peut m'y aider. Ce serait m'influencer, donc nuire au processus d'écoute de moi. nathalie me respecte bien trop pour cela.

D'ici peu, je prendrai une décision. Je sais désormais de quel ordre elle sera: aller ou non voir nathalie. Je ne déciderai rien de plus. Je sais pourtant que Charlotte se déterminera en fonction de ce choix.

J'irai (ou non...) voir nathalie parce que je le désire, parce que c'est nécessaire à notre relation, parce que c'est nécessaire aussi pour mieux nous connaître. J'ai envie de voir son cadre de vie, de partager un peu de son existence, de la suivre dans ses lieux favoris. J'ai envie de retrouver son regard, de vivre à nouveau cette complicité de bonheur... celle qu'une part de moi à tenté en vain de me faire oublier.

J'ai envie de revoir son sourire, ses dents et ses gencives [private joke]. Je veux l'entendre rire, la sentir heureuse, et vivre quelque chose de fou avec elle.

Après?... je ne sais pas. J'ai confiance en ce que nous avons déjà partagé, même si l'incertitude est notre avenir.
Cette incertitude est l'exact opposé de ce que j'ai toujours voulu assurer. Si je choisis l'aventure, c'est cette prise de risque qui me donnera la liberté d'être moi-même. Car l'enjeu est bien là: c'est avant tout pour moi que je vais me déterminer.

Si je devais renoncer à ce voyage, c'est que j'aurais eu peur du risque et aurais préféré tenter de reconstruire quelque chose avec Charlotte qui, elle aussi, croit en moi et en nous. Il y aurait là, je le sais, une résignation. Je ne le ferais pas pour moi, mais pour Charlotte, pour nous... parce que j'aurais eu peur de l'incertitude, peur de perdre ce que j'ai. Je le ferais pour une amie, en renonçant à l'amour.

J'ai bien du mal à voir là quelque chose de globalement positif...

Ce ne serait pas un vrai choix.



[Que c'est difficile... vraiment, que c'est difficile...]

[Sais-tu ce que j'écoute? Tu vas reconnaître: «alors je t'ai trouvé une plaine sans route. Et sans autres limites que les points cardinaux. Et sans traces que celles de nos chevaux qui absorbent l'espace». J'aime retrouver ce qui nous rapproche...]




«Ben non. Je suis pas là pour être gentille. Il y a eu un temps où je croyais qu'être gentil avec tout le monde c'était la plus grande des vertus. Et puis je me suis posée, assez tardivement, pour réfléchir à la chose. Et je me suis rendu compte que mon éducation était largement responsable dans mon engluement dans cette idée, mais qu'il n'y avait pas que ça. Une autre raison bien plus présente me motivait et cette raison c'était la peur qu'on ne m'aime pas.»

Sans prétention (11/11/2003)







Difficile mise en ligne



Lundi 17 novembre
00h45 [dimanche soir deuxième édition, quoi...]


Depuis que j'ai entrepris ma grande démarche d'éclaircissement de mes idées, j'ai peu pensé à nathalie. Enfin si, j'y pense tout le temps puisque c'est pour ce que je vis avec elle que je me pose ces questions fondamentales. Mais je veux dire que j'étais tellement absorbé par la complexité de la chose que je n'avais plus de place pour penser à elle, vraiment à elle.
Oh, j'y songeais fugitivement, mais c'est comme si je reportais à plus tard, lorsque j'aurais le temps, librement, de penser à nouveau à nous. Il m'arrivait aussi de carresser (et renifler...) ce bracelet de cuir bleu qu'elle m'a offert, parfumé de son essence. C'est un peu d'elle que je touchais, illusion d'effleurer sa peau. C'est un peu d'elle que je porte sur moi...

Et puis ce soir j'ai eu envie de la rendre plus présente. D'abord en regardant des photos d'elle, même si elles ne rendent que bien imparfaitement la réalité de ce que j'ai vu lorsqu'elle était là, à coté de moi. Puis en écoutant une musique qui nous ressemble et nous rassemble. En relisant aussi cette écriture en parallèle dans laquelle elle parle parfois de nous (elle est beaucoup plus réservée que moi à ce sujet...)

Oui, tu me manques. Ce silence indéfini entre nous [entre 1 et 52 semaines, m'as-tu dit en plaisantant.. gloub!] est devenu long après seulement trois jours... Il est long parce que je sais que demain, après-demain, je ne pourrai toujours pas parler avec toi. Alors que je suppose que tu le désires autant que moi.
Plus j'y pense, et plus tu me manques. Pourtant je ne romprai pas le silence, parce que mon travail de réflexion n'est pas encore poussé assez loin. Il faut que je laisse s'exprimer en moi des voix contradictoires, ne rien occulter. L'enjeu est bien trop important pour ne pas le prendre très au sérieux.

Tu sais... j'ignore même quelle serait ta décision si je te disais que je renonce à aller te voir prochainement. Peut-être ne voudrais-tu pas poursuivre notre relation, parce que tu ne voudrais pas souffrir de cette situation? Les choses sont allées finalement tellement vite que nous n'avons jamais vraiment parlé de ça. Mais c'est sans doute mieux ainsi, puisque c'est ma seule voix que j'écoute.

Pour le moment ma voix intérieure me porte vers cette rencontre, telle que nous avions commencé à l'évoquer. C'est ce que je désire, sans aucun doute. Mais... (car oui, il y a encore des mais) ma raison fait de la résistance. Elle cherche à faire barrage à ce qu'elle estime folie. Elle cherche à s'insinuer partout, dans la moindre faille de mes certitudes, pour tenter de me dissuader. Ma raison me pousse sans cesse vers l'avenir et son incertitude. De quoi demain sera fait? A coup de «et si...» elle cherche à me démontrer que je ne suis sûr de rien.
Et si quelque chose évoluait défavorablement entre nous?
Et si la culpabilité finissait par me dévorer?
Et si Charlotte sombrait dans la déprime?
Et si.. et si...

* * *



9h50


A force de chercher ce qui me fait hésiter dans mon choix (je veux dire... celui qui s'imposerait si j'allais voir nathalie), je crois avoir trouvé une piste importante.

Si je m'écoute, moi et seulement moi, égoïstement, au présent, en oubliant Charlotte. En oubliant les enfants, en oubliant tout le coté matériel des choses. Je sais très bien ce que je choisirais.

Je choisirais nathalie
J'aime nathalie


Cette question abrupte m'avait été posée par une de mes correspondantes, et je n'avais jamais pu y répondre parce que, justement, il m'est trés difficile de faire abstraction de tout le reste.

Cependant... parce que je sais ce que j'abandonnerais, j'ai peur. J'ai peur de perdre quelque chose qui me manquerait ensuite. J'ai peur de perdre... la sécurité affective. Cette insouciance qui provient de la stabilité du couple et de la vie familiale (qui, soit-dit en passant, se résumera (-rait?) dans quelques années à Charlotte et moi en tête à tête, la plupart du temps...).

Oui, j'avoue, j'ai peur de l'inconnu avec nathalie. Nous n'avons que peu parlé d'avenir, privilégiant le présent et le futur immédiat. Or je crois que j'ai besoin d'un minimum de "visibilité". J'ai besoin (du moins il me semble...) de... mais en ai-je vraiment besoin, en fait? (le mot était "sécurité")

Bon, autant aborder les choses en face. La question à laquelle personne ne peut répondre est :«et si ça ne fonctionnait pas avec nathalie?». Et si, quelques temps après avoir renoncé à ma vie de couple, stable, confortable, et "normalement bien", je me retrouvais seul? Aurais-je des regrets?

Je l'ignore encore...

Mais je me dis aussi: pourquoi envisager cette solution défavorable, la pire, alors qu'au contraire tout semble prouver que nous sommes faits pour fonctionner ensemble sur bien des points? Nous avons tout à découvrir de l'autre, nous avons le désir de partager du temps ensemble, nos sentiments sont là, évidents (tant que je ne cherche pas trop à les raisonner...).

Reste cette distance qui nous sépare... est-il possible, réellement, de s'aimer à 5900 km de distance? Est-ce possible durablement? Indéfiniment?
Saurions-nous nous satisfaire de quelques semaines par an passées ensemble? Pouvons-nous imaginer que l'un de nous change de continent? (on l'a imaginé, oui... mais le faire vraiment?)

Je sais que ces questions me sautent à la figure dès que j'envisage de me lancer "dans le vide" [non, ce n'est pas le vide, puisque je sais que tu es là... mon élastique au pied, qui tient fermement à moi et empêchera que je m'écrase]. C'est sur cette incertitude, cette insécurité, que ma raison agit en me disant «mais tu ne sais même pas vers quoi tu te lances, tu n'as partagé que deux petits jours et demi avec elle, alors que plus de 7700 l'ont été avec Charlotte. Tu te laisses emballer sans réfléchir, tu n'anticipes rien, n'as aucune garantie... sauf le désir que ça marche.»

nathalie, faut qu'on parle de tout ça...

Je sais ta foi en moi, en nous. Elle est très grande. Impressionnante même. Mais notre parcours face aux relations durables est inverse. Tout comme nos habitude de liberté et d'attachement. Nous sommes attirés chacun par une part du mode de vie de l'autre, et nous retrouvons sur ce terrain là... mais dans les principes seulement. Nous ignorons tout de la réalité des choses. J'ai toujours vécu en couple, avec cette sécurité affective. De ton coté ta situation de femme libre a été bien différente. Tu pourrais etouffer à sentir quelqu'un faire partie de ton existence, ou bien moi être en manque de présence...

C'est à tout ça que je pense. C'est ce qui retient mon élan spontané. Je n'en suis pas vraiment fier... Je suis un peu froussard.

Pourtant je sais que si nous n'avons jamais vraiment parlé de tout ça, c'était pour ne pas créer de faux-espoirs face à ce qui (me) paraissait "impossible". Et maintenant que le possible est là... et bien je ne sais pas ce que tu penses de ton coté.

Nous savons tous les deux que nous désirons vivre le présent, et qu'on ne doit rien établir sur l'avenir, toujours aléatoire. Mais il est important pour moi de connaître nos souhaits présents pour cet avenir inconnu. Ce n'est ni un engagement définitif, ni une garantie quelconque.

J'aimerais qu'on les reprécise en fonction de ce qui devient désormais possible...


En écrivant tout ça... je me rends bien compte que je ne veux rien lâcher tant que je ne tiens pas autre chose... C'est pas bien. Ça trahit ce besoin de sécurité.

C'est moi que je dois écouter, savoir si je veux continuer avec Charlotte... dans une relation "très bien" coté affectif, seulement "pas trop mal" dans le domaine amoureux, et "pas terrible" dans des cotés essentiels pour moi, tels que la communication, la sincérité, la lucidité, la recherche du bonheur. Sachant que... j'espère, souhaite, désire... (du moins actuellement) conserver avec elle cette complicité affective, cette tendresse amicale, et la beauté de ce chemin de vie partagé durant deux décennies. Même si, forcément, je devrais renoncer à une tendresse sensuelle et sexuelle (cette dernière n'ayant jamais été extatique pour moi, même si elle fut douce et agréable). [tiens, tu parles déjà au passé?]

En fait, ma complicité avec Charlotte s'exprime surtout dans l'amitié. Pour la sexualité elle s'exprime plutôt dans... notre *souhait* commun de parvenir à la vivre pleinement.
Et même dans nos projets de vie, il auront plutôt été faits de concessions que de vrais choix communs. Excepté pour notre jolie maison de bois, construite à notre image, en commun et en harmonie. Et surtout nos enfants... mais qui commencent à voler de leurs propres ailes.

Ce coté "bilan de mi-vie" est un peu triste... Pourtant, je reste plein d'espoir quant à ce qu'on peut reconstruire ensemble... en tant qu'amis. Ex-conjoints restant amis, afin de garder tout ce passé commun qui nous lie. J'aurais pas du tout envie qu'on fasse comme ces couples qui se séparent en fracas et refusent de se voir ensuite. Je n'imagine pas ma vie sans la "présence" de Charlotte, sans le maintien du lien affectif qui nous as toujours liés. Je n'imagine pas que nous ne puissions plus offrir à nos enfants le plaisir de nous réunir tous ensemble.

Mouais... lorsque je me laisse aller à écrire sans trop réfléchir, je constate bien que je suis prêt à franchir le portail...
La culpabilité me retient encore, mais elle finira sans doute par se lever.

Ce qui est curieux, c'est que je parle beaucoup avec Charlotte (bien que parfois elle fuit un peu la discussion, se sentant mal à l'aise avec ça). Elle est donc la mieux placée pour m'influencer dans un sens favorable à notre couple, alors que je n'ai plus de contact avec nathalie. Malgré cela, c'est de Charlotte que je me sens me détacher.

* * *


Ma raison fait de la résistance et contre cela j'ai un remède radical lorsque je la sens gagner du terrain face au "silence" de nathalie: relire des extraits de nos échanges. J'y retrouve alors tout ce qui nous lie, cette incroyable complicité qui nous fait comprendre à demi-mot, cette volonté d'aller au fond des choses... de nous aimer, et de nous en donner les moyens. Cette aspiration au bonheur.

Il y avait un risque à me laisser seul avec Charlotte, nathalie l'a pris. Pour moi. C'est un geste qui a une grande signification à mes yeux.
Tout comme Charlotte a pris le risque de me laisser suivre mon chemin de découverte depuis des années... Il m'aura porté là où j'en suis aujourd'hui. Charlotte ne peut plus m'y suivre... mais il serait bien stupide de renoncer maintenant, après en avoir accompli autant, sous le prétexte noble de ne pas faire souffrir celle qui m'a accompagné. La vie est une succession d'étapes, de rencontres, d'amitiés qui durent, puis parfois cessent. L'amour passe aussi sans doute, parfois (souvent?) par ce genre de chemins suivis un moment... puis qui se séparent un jour, s'ils ne peuvent continuer côte à côte. Ce n'était pas dans ma vision des choses, mais ça s'impose à moi maintenant. Je rêvais d'avoir la force, le courage, la volonté, de vivre un amour de toute une vie... c'était sans doute un beau souhait, mais ce n'est pas toujours possible.

Lorsque j'écris des choses comme ça, c'est vraiment ma voix intérieure qui s'exprime, oubliée un temps par la voix qui raisonne (et résonne).
Mais je ne parviens pas bien à réaliser que ça implique que je vais devoir me séparer de Charlotte, que j'aime pourtant. Je sais qu'elle va en souffrir, et que ça va me déchirer de la voir ainsi, mal, pleurant, se sentant abandonnée. Et l'amour que je voudrais alors lui donner me sera refusé, parce qu'elle aura besoin de se détacher de moi.

Ça risque d'être bien difficile pour nous. Et pour nos enfants, qui ne vont pas comprendre qu'aussi subitement leurs parents, qui ne cessent de se faire des câlins, peuvent en arriver à se séparer. J'ai un peu peur qu'ils soient déstabilisés par ce choix. Ils sont déjà grands, mais en pleine découverte de leur personnalité. Ma fille découvre l'amour, à 17 ans, et notre plus jeune fils de presque 15 ans est assez solitaire... Quant à l'aîné, majeur depuis peu et en relation amoureuse durable, il me semble déjà plus affirmé dans sa personnalité.

Pour le reste, famille et amis... assez curieusement, je m'en fous. Enfin... disons que ça ne rentre pas en ligne de compte, tout simplement.



12h00

Et si j'écoutais le langage des rêves, celui de l'inconscient?
Je me souviens très rarement de mes rêves, mais depuis que nathalie fait partie de ma vie elle fait souvent partie de mes rêves. Notamment des rêves de tendresse, fréquents le matin... alors que je me réveillais dans les bras de Charlotte. Confusion enrtre ces deux femmes que j'aime. Dois-je dire que... je ressentais comme une petite déception?

Et si j'écoute le langage du désir?
Je rêve (éveillé cette fois-ci) d'une sensualité-sexualité avec nathalie. Je ne le rêve pas avec Charlotte. Certes, je ressens du désir, de l'attirance sexuelle... généralement liés à des moments de partage approfondi. Ce désir de sexualité (mais plus rarement de sensualité...) ne vient que lorsque nous avons été très proches. Alors qu'avec nathalie (est-ce parce que j'en suis privé?) cette envie de tendresse me vient à chaque fois que je pense à elle. Faut-il faire des comparaisons? Je ne sais pas, je ne fais que constater des différences.


Et si j'écoute le langage du corps?
Frustré de sexualité j'essaie parfois de compenser le manque... et bien... c'est à nathalie que je pense. Et jamais ça ne m'est arrivé en pensant à Charlotte. Et euh... ça me procure des sensations que je n'avais jamais connues auparavant, et de loin!

Imaginez vous que je n'ai jamais connu le paroxysme orgasmique avec Charlotte. Je veux parler d'une sensation inconnue, mais que je sens possible, atteignable. Quelque chose qui est sans doute lié à l'amour vrai, union des sentimenst et du corps. Quoique... inconnue... euh... je... bon, c'est pas si inconnu que ça depuis quelques temps. Mais pas avec Charlotte.

Et euh... quand l'émotion est telle que les larmes me noient, je pense que ça signifie quand même quelque chose d'extraordinaire.

Et si j'imagine perdre Charlotte, je ne pleure pas. Je pleure en me rendant compte que je vais la faire souffrir.
Et si je pense à nathalie, je souris... [et j'ai envie de lui dire... attends-moi!]


Ces langages là, qui s'expriment hors de la portée du "raisonnable", me semblent importants à prendre en compte.



12h 20

Mesdames et messieurs qui me lisez, vous rendez-vous compte que c'est votre présence qui m'aide à avancer? Je me demande, si j'avais été seul face à un journal secret, si j'aurais pu faire le même chemin. Car je vous prends à témoin. Je m'engage devant vous. Je m'engage aussi devant nathalie, qui me lit avec attention. Je m'engage devant ceux qui la connaissent, que ce soit "en vrai" ou par ses écrits. Ce vers quoi mes pensées s'infléchissent, ces espoirs que je lui donne... vous les lisez aussi bien qu'elle.

Seul face à moi, ma raison n'aurait cessé de chercher à éteindre le feu. Et peut-être qu'elle y serait parvenue. Le processus de révélation aurait été beaucoup plus lent, c'est certain. Là, chaque mot qui échappe à la vigilance de la raison est imprimé sur les pixels de votre écran et lu (il est bien rare que je supprime quelque chose de signifiant...). Chaque mot m'engage et je ne peux plus reculer sans me dédire. Ma volonté de sincérité avec moi-même, de lucidité, fait que je ne retiens pas ce qui vient. A force, la vigilance de cette "raison" qui m'enferme finit forcément par être trompée. C'est comme si le mouvement ne pouvait plus être arrêté. Chaque idée en appelle d'autres, et toutes savent qu'elles peuvent s'échapper, prendre leur liberté. Ça enfle, ça se réveille de partout, ça grouille, comme des prisonniers qui voient la liberté à leur portée, s'unissent pour se libérer entre eux, et débordent leurs gardiens. Et vous, observateurs extérieurs, êtes comme des téléspectateurs attentifs à l'évènement, témoins empêchant toute répression autoritaire.

Je ne pensais pas que ce journal public pourrait à ce point jouer un rôle libérateur...

[oh la la, comme tu t'emportes toi... t'es pas encore au bout, ne l'oublie pas... la force de répression du raisonnable cherche toujours un moyen de te faire rentrer dans le rang. Ne cries pas victoire trop tôt. Les observateurs n'on aucun pouvoir sur toi]

{Si, justement: celui de l'empêcher de renoncer, de se renier. Il aurait trop honte de lui, et en public ça lui serait insupportable... lui qui veut être apprécié et aimé...}

[Il pourrait disparaitre du jour au lendemain du monde virtuel, celui qui n'a d'existence que tant qu'on le veut bien]

{Il ne le fera pas. Il a trop besoin de ces regards sur lui pour exister. Il est trop intègre pour disparaitre ainsi.}

[alors il devra aller jusqu'au bout, et assumer totalement ses choix.]

{Exactement... et en commençant par mettre tout ça en ligne, afin de, vraiment, s'engager.}

[hyerk hyerk hyerk... c'est là le moment décisif, celui ou la raison peut intervenir et dire «efface tout! supprime ça, ne t'engage pas sur ce que tu ne pourras peut-être pas tenir. Relis tout ça et vois comme tu es inconscient»]

{Nan, ne pas relire, mais faire confiance à ce qui s'est exprimé. Ne pas renier ce qui est en soi. Oser s'affirmer, oser être soi. "Le courage d'être soi", c'est le titre d'un bouquin de Jacques Salomé, fort utile dans la prise de décision de cet été... Il dit en conclusion:
«La recherche et l'effort de conscientisation ne constituent jamais un aboutissement en eux-même, seulement un chemin qui nous ouvre sans cesse sur des interrogations nouvelles, sur des remises en question. C'est par leur enchaînement inlassable que s'inscrit le déroulement de l'histoire courageuse d'une démarche, celle que nous accomplissons au quotidien, non pour survivre mais pour vivre au coeur plein de la vie»



13h20 [07h20 outre-atlantique]

[ah nathalie, si tu m'avais vu... de sentir tous ces possibles, j'en ai retrouvé une force en moi. Alors j'ai mis notre musique, tu sais, celle par laquelle tu mas dit comment tu nous veux. J'ai mis le volume très fort et, comme à chaque fois, je me suis instantanément retrouvé sur cette plage de Méditerranée, à coté de toi, chacun un casque du baladeur sur les oreilles afin que tu me fasses entendre enfin la musique qui accompagnait ces paroles qui m'avaient tellement ému.

Alors tout seul, là, chez moi et si loin de toi (mais tout près dans le coeur), je me suis mis à chanter à tue-tête, en riant, en dansant (oui, un peu fou le mec...) Puis je pleurais aussi un peu... Toi, de ton coté de la terre tu te réveilleras sans doute bientôt...

Cette chanson, j
e veux la chanter avec toi... et pas dans 52 semaines]

Tu m'as dit que, parmi toutes les questions que je me pose, celle de chercher à savoir si mes sentiments pour toi étaient assez forts ne devait pas venir perturber le choix que je devais faire. Tu as raison, et c'est pour ça que je réflechis d'abord au monde intérieur dans lequel je veux vivre. Mais tu sais... dès que je sens que je peux me libérer de mes chaînes... alors je me sens libre d'aller vers toi. Car c'est bien la seule raison (oui, "raison", encore une fois) qui me retient.]



18h30

Au secours! j'ai pas travaillé de la journée! Ouille ouille, je vais me trouver vachement en retard. 
Mais bon, il y a parfois des priorités.

Nous avons passé l'après-midi à discuter avec Charlotte. Ambiance pré-fin de couple... Je ne garde plus sous silence ce que j'écris ici, elle est informée des avancées de ma pensée dès que j'en ai conscience. C'est dur pour elle.
Ça me fait mal d'être sincère, mais je sais qu'il n'y a rien d'autre à faire. Tout converge pour que nous prenions conscience que mon amour pour elle n'est pas aussi fort qu'on le croyait. Si je ne peux pas faire ce qu'elle attend de moi... c'est que je ne l'aime pas suffisamment. En fait, nous ne nous étions pas rendus compte que notre couple ne fonctionnait pas vraiment, pour des raisons diverses. Bien souvent ancrées dans nos tous premiers mois, alors que nous n'avions que 19 ans.

J'ai longuement parlé, comme si c'était un autre moi qui s'exprimait. Et de fait, c'était sans doute celui qui parle sans la censure de la raison. J'étais moi-même, totalement sincère. Parfois jusqu'aux larmes.

Charlotte a compris que ma décision commençait à s'infléchir dans un sens qui ne lui est pas favorable. Elle est alors devenue froide comme du marbre. Elle m'a même rejeté à un moment où je la prenais dans mes bras, ne comprenant pas que je puisse agir ainsi alors qu'elle réalisait que je ne l'aimais pas autant qu'elle le croyait. J'ai compris ce geste, je m'y attendais.

Charlotte n'est pas quelqu'un de demi-mesures, elle veut que les choses soient claires et nettes. Parfois à l'excès... Elle a du mal à comprendre que je puisse être toujours autant attaché à elle, alors que mes mots essaient de nuancer un peu la qualification de l'amour que je lui porte. Elle verrait volontiers un oui ou un non. Je t'aime ou je ne t'aime plus. Mais que je lui dise que je l'aime toujours autant qu'avant... mais en requalifiant ce sentiment avec des mots plus précis, elle ne comprend pas.

Ce comportement tranché se retrouve dans sa réaction probable si je lui annonce que je vais revoir nathalie. Elle m'a dit qu'elle me quitterait sur le champ et entamerait la procédure de divorce.
Bon, j'en prend acte. 
De mon coté je lui ai dit que j'imaginais quelque chose de beaucoup plus gradué, en prenant le temps de voir comment réagir et nous adapter à la nouvelle situation. Mais c'est parce que pour moi rien n'a changé dans mes sentiments.

Je comprends bien que l'on doive se séparer physiquement, puisqu'elle ne peut admettre l'existence d'une autre dans ma vie, mais bon... entre la situation actuelle et la simple annonce d'une décision, pour moi ça ne change pas grand chose. Sauf la fin de ses espoirs que je poursuive avec elle.

Je dois dire que j'ai quand même des difficultés à comprendre son mode de fonctionnement. Je ne raisonne pas du tout de la même façon, j'en fais une nouvelle fois le constat.

Charlotte commence à se rendre compte douloureusement qu'il est peut-être trop tard maintenant. Même si elle croit fermement que nous pouvons repartir sur de nouvelles bases. Ce qu'elle semble oublier, c'est que c'est parce que je suis en contact avec nathalie que j'ai autant évolué. Et que cette évolution n'est pas terminée. Ce n'est pas avec Charlotte que je peux poursuivre, elle même étant encore trop prise dans un système nuisible. Je crois qu'il nous faudrait des années pour commencer à en sortir... si toutefois je n'étais pas stoppé net dans ma progression en devant renoncer à nathalie. Moi, c'est maintenant que je dois agir. C'est maintenant que je veux exploser. Je ne peux pas attendre qu'elle y soit prête sans même savoir si ce sera possible pour elle.

Mais elle dit se sentir désormais prête... estimant avoir pris une "claque" suffisante pour lui faire prendre conscience des choses.

Impression bizarre de se croiser dans nos chemins. Mon évolution tendant à me transformer en l'homme qu'elle attendait que je sois. Mais cette évolution s'étant achevée sans elle. Comme si nous nous étions ratés de très peu, alors même que nous partagions notre existence depuis longtemps. Elle me découvre au moment où je m'apprête à la quitter, semblant me promettre qu'elle peut devenir celle que j'aurais aimé qu'elle fût. Situation un peu cruelle...



19h30

Alors que nous préparions tous les deux le repas, je ressens une injustice et une tristesse. Je me trouve à coté d'une femme que j'aime, je suis bien, l'ambiance est sereine, aimante. Tout pour être heureux. 
Et pourtant, peut-être que dans quelques jours cela n'existera plus...

La tentation de tout abandonner dans cette histoire compliquée me revient en tête. Je dois pourtant me souvenir que cet état de sérénité est transitoire. Il existe parce que nous parlons beaucoup, abordant les sujets en profondeur, exactement comme je l'aurais souhaité toutes ces années. Mais nous ne le faisons que parce que la situation l'impose. Je sais que ça ne serait pas durable si nous reprenions le cours des choses. On ne change pas en quelques jours sans que quelque chose se soit passé. Et la peur que cela se passe ne me semble pas être suffisante.

Dans les bras tendres de Charlotte, je pense aux bras tendres de nathalie...
Je suis un peu (beaucoup) perdu.



20h45

Je ne sais plus quoi penser. Mes pensées vont en tout sens, je suis devenu incapable d'entendre ma voix intérieure, à nouveau.



00h27

Voila une heure que je suis devant mes écrits de la journée. Pas satisfait. J'ai l'impresssion de faire du surplace.
C'est incroyablement complexe d'entendre ce que je désire. Je n'en sais plus rien du tout. Charlotte est devenue extrêmement présente, écoutante, attentive. Elle ne fuit pas la discussion, et écoute tout ce que j'ai à lui dire, même les choses les plus "dérangeantes". Une métamorphose totale.

Et en face... le silence choisi de nathalie. C'est très très perturbant. Charlotte comble mes attentes, tandis que nathalie n'est plus là. Et moi je suis perdu.

Est-ce une façon d'éprouver la force de mes sentiments? C'est tout le processus qui s'inverse entre ces deux femmes que j'aime. L'une absente, l'autre présente... Mais c'est à y perdre la tête!!!

J'ai pas cette force, j'en peux plus... Je suis trop secoué en ce moment, fragilisé, épuisé par toutes ces réflexions invraisemblables. Il va me falloir du temps, davantage de temps.



01h30

Non, décidément, je ne mettrai pas en ligne mes écrits ce soir. Trop contradictoires.






Accouchement en douleur



Mardi 18 novembre
08h15 [02h15]


On m'avait dit qu'il y aurait de la souffrance... mais je ne pensais pas qu'il puisse y en avoir autant. Et c'est pas fini...

Je me bats contre moi, contraint par la tournure des évènements, avec rage et désespoir. C'est infernal. Ce matin, entre deux crises de larmes et de cris [quand je suis tout seul, hein... parce que c'est pas beau à voir], je crois avoir compris encore un peu plus loin les choses.

Je suis un enfant. Celui qui se voudrait cheval sauvage n'est qu'un jeune poulain mal dégrossi. J'ai peur tout seul. J'ai besoin de me savoir soutenu, accompagné. Je ne parviens pas à lâcher une femme (mère?) en la blessant au coeur, pour aller vers une autre femme (qui ne sera pas mère...) dont je sais qu'elle restera avant tout libre.

Elle est là, elle m'attend. Mais c'est un homme qu'elle attend. Pas un enfant. Je ne sais pas si je suis assez solide pour ça... je crois que j'aurais trop peur de la perdre un jour. Elle a toujours été un oiseau libre, j'en ai même souffert à nos débuts. Et puis j'ai appris à la laisser libre et elle est venue toujours plus près de moi. C'est à ce moment là que j'ai vécu mes plus grands bonheurs. Mais de vrais bonheurs, pas de ceux qui dépendent de quelqu'un d'autre.

Ce que je dois faire maintenant, ce n'est pas quitter une femme pour une autre, mais c'est oser me lancer dans la vie.
Seul.
SEUL.
En suis-je capable?

Je dois être capable de quitter une femme que j'aime, et qui m'aime, parce que... (je ne trouve pas de raison valable).

Parce que je veux sentir un amour aimant et généreux, libre, plein de promesses... un amour comme celui que je vis avec nathalie. Mais j'ai encore trop peur de perdre la sécurité affective dont j'ai aussi besoin. Si je renonce à Charlotte, et que je perde un jour l'amour de nathalie, j'aurais l'impression d'avoir tout perdu. Il ne faut pas. Il faut que la liberté d'être que je gagne soit plus forte que ça. Il faut que ce soit une vraie liberté.

nathalie est une femme autonome, elle a travaillé fort pour ça. C'est elle qui m'apprend l'autonomie... mais j'ai peur de ne pas encore y être prêt. J'ai peur de me lancer dans le vide. J'ai peur de m'écraser au fond...

Et si pour cette audace un peu trop précoce je dois blesser profondément cette femme-mère que j'aime...
Vraiment, c'est extrêmement difficile pour moi. Je le mesure dans la solitude que je vis actuellement. Les mots de nathalie me manquent cruellement. Ce matin, voyant qu'elle n'avait rien écrit... je me suis senti tellement seul dans ma démarche douloureuse. Pourtant je sais que pour elle cette attente est douloureuse aussi. Et ce silence lui coûte certainement. Il m'est nécessaire. Peut-être ne dois-je pas chercher à le rompre. Ne pas chercher à me rassurer en lui demandant ce qu'elle envisage de vivre avec moi. Je dois me lancer dans le vide en confiance, parce qu'elle sera là, en face... mais toujours aussi libre.

* * *

11h00 [05h00]

Je suis parti chez ma psy avec les idées qui précèdent et mes cogitations ont continué en chemin. Me sont revenues en mémoires des bribes de toutes ces idées qui foisonnent depuis des mois dans ma tête. Tous ces éléments épars qui ont des points de reliance que je ne vois pas encore tous.

Je crois que tant que je rechercherai une sécurité affective dont je dépend, je ne serai pas libre d'être moi-même. Je dépend beaucoup trop du regard d'autrui. Cette quête incessante de l'amour des autres (mais pourquoi en ai-je tant besoin???) est une entrave. J'attends plus que je ne suis prêt à donner, parce que ma soif est trop grande. Et qui d'autre que moi-même pourra m'aimer sans que j'en sois dépendant? nathalie a su m'aimer pour ce que je suis. Avec patience, confiance, foi en moi. Elle n'attend "rien" de moi, seulement ce que je peux lui donner spontanément. Elle sait ne pas dépendre d'autrui. C'est avec elle que j'ai commencé à prendre ce chemin nouveau pour moi. Que j'ai compris l'amour-qui-n'attend-pas. C'est toute une remise en question de ma façon de fonctionner, qui commence à agir. Je ne peux pas cesser maintenant, en pleine découverte.

Alors peut-être que mon passage à un état d'homme doit se concrétiser par l'affirmation de moi avec la personne à laquelle je suis le plus attaché, dans tous les sens du terme. Malgré la douleur que je lui infligerai, et l'injustice qu'elle en ressentira.
Car, oui, il y a quelque chose d'injuste. La vie est injuste, que ce soit par des évènements naturels ou décidés par d'autres.

Je crois avoir compris que, comme me le disait récemment la sage Lou, ce que je vis en ce moment est comparable à un accouchement: quelque chose qui doit se faire une fois que c'est commencé, quelle que soit la douleur. J'accouche de moi. J'accouche de l'homme qui est en moi, et c'est douloureux. C'est un arrachement. Je suis à la fois celui qui accouche, et celui qui est accouché. Je dois quitter le bain amniotique de ma vie rassurante pour entrer dans un monde inconnu. Le vrai monde, le mien, celui dans lequel je pourrai vivre et m'apénouir librement, de façon autonome.

Et je vais devoir couper le cordon ombilical qui me relie à ma "mère-épouse", celle qui me donnait cette sécurité affective rassurante... mais qui me maintenait en état d'enfance. Charlotte, fille gentille, bien sous tous rapports, "adoptée" par ma mère comme parfaite épouse pour son fils, est devenue un prolongement de ma propre mère. Elle a pris soin de moi et a comblé mes manques, avec dévouement, gentillesse. D'ailleurs, lorsqu'elle me demandait ce que j'aimais chez elle, c'était toujours ce terme qui me venait à la bouche: «tu es gentille, attentionnée» (ce qui ne semblait pas la satisfaire... je la comprends). Charlotte a toujours pris soin de moi, et je me suis laissé faire. Elle a sans doute répondu à une attente de ma part, et peut-être à un besoin de sa part. Toute cela s'est fait sans que nous nous en rendions compte, très rapidement lorsque nous nous sommes connus.

J'étais parti sur ce mode "amour-qui-demande" avec nathalie, qui m'a tout de suite signifié que ça ne pouvait pas fonctionner comme ça entre nous. J'ai cru que tout allait s'écrouler si je ne pouvais pas m'appuyer sur quelque chose de solide. Mais nathalie a tenu bon. Elle n'a pas cherché à me faire plaisir dans ce qu'elle sentait comme néfaste. Et elle a eu raison. J'ai alors appris à fonctionner différemment, non sans quelques difficultés, et tout s'est arrangé. Elle n'a pas perdu confiance en moi.

Et désormais, lorsque je constate à quel point nathalie a confiance en moi, au point de me laisser seul avec Charlotte à un moment très difficile pour moi, je ne peux qu'être profondément renforcé dans ma foi en moi. J'ai l'impression que nathalie voit en moi quelque chose de solide que j'ignore moi-même. Elle a foi en moi, et c'en est bouleversant.

Je ne sens pas cette foi chez Charlotte, doutant beaucoup trop d'elle-même pour cela. D'où notre danse un peu masochiste qui consiste à se sentir mal aimé dès que l'amour ne se démontre plus. Nous souffrons tous les deux de ne pas trouver chez l'autre celui que nous attendons.
Et chaque fois que j'ai senti Charlotte perdre confiance en nous, elle a atteint cette foi aveugle que j'avais en elle. Je n'accable pas Charlotte, évidemment. J'ai agi de façon néfaste de mon coté aussi, le dysfonctionnement est co-partagé.


Bref, cette fois j'ai fait ma séance psy avant d'entrer dans son bureau. Et j'ai une nouvelle fois beaucoup pleuré en conduisant (c'est chiant, on y voit rien!). Ce qui fait que je n'ai fait que lui répéter ce que je venais de découvrir, avec seulement quelques nouvelles pistes. Notamment cette idée que c'est tout mon rapport à autrui qui est conditionné par cet état de "petit garçon" qui a peur de déplaire et n'être pas aimé. Ma timidité vient de là, c'est certain.

Alors... comment en sortir? N'est-il pas nécessaire de marquer le changement par un acte fort, engagant, définitif? Une rupture d'avec l'"avant". La prise de conscience seule serait-elle suffisante? Puis-je envisager d'essayer de reconstruire quelque chose sur des bases un peu bancales, avec une femme avec qui je me sens bien, certes, mais pas porté par l'enthousiasme? Une femme que, peut-être (?) je peux à nouveau aimer d'amour... mais qui ne répondra pas forcément aux besoins que je suis allé assouvir ailleurs. Qu'est-ce qui ferait que je n'aurais plus ce besoin d'échange et de réflexion sur soi? Qu'est-ce qui pourrait ranimer le désir, la séduction, les éclats de rire, la joie de vivre qui rayonne? Qu'est-ce qui pourrait me rendre beau dans le regard de Charlotte... si ce n'est être devenu un homme?

Je crains que nous ne puissions, Charlotte et moi, redémarrer quelque chose alors que tous les deux nous avons mal fonctionné. Deux éclopés trop semblables peuvent ils retrouver toute leur force ensemble? Peut-être, peut-être pas...

Mais la vie passe... ma chance est là, maintenant.
Avec une autre.

C'est cruel pour Charlotte.

Ce serait cruel pour nathalie dans le sens contraire, elle qui s'est ouverte à moi au delà de ce qu'elle se serait crue capable. Je n'ai rien promis à nathalie, sauf d'être sincère entre nous, et avec moi-même. Je sais qu'elle aurait la force de continuer sa vie... je sais aussi que quelque chose en elle serait brisé. Un élan, un espoir...


18h30 [12h30]

Bon... j'ai un peu triché... j'ai envoyé un p'tit message à nathalie. Très court, juste pour dire que je pensais à elle, même si nous ne sommes plus en contact. Et euh... elle m'a répondu ce soir et ouuuuffff, que ça fait du bien de la lire. Oh la la, comme ça me manquait de savoir comment allait son moral.

Elle me parle de mon courage...
Oui, je commence à réaliser qu'il faut du courage pour se lancer dans un pareil travail sur soi. Parfois je reçois des mails dans ce sens (ah oui, tant que j'y pense: je lis tous les messages que je reçois, avec attention... mais je ne peux pas y répondre). Même Charlotte me l'a dit! Surprenant non? (faut dire que c'est quand même quelqu'un de vachement bien, ma Charlotte).

Si j'ai envoyé un message à nathalie, c'est à la fois parce qu'elle me manquait beaucoup, et aussi parce que je savais n'avoir rien mis en ligne hier. Donc elle ignorait tout de ce qui se passait dans ma tête. Autant que moi dans la sienne (et dans des moments pareils, ben c'est quand même difficile de ne pas savoir comment l'autre vit les choses).


Et pourquoi que j'avais pas mis en ligne hier, pourra de demander le lecteur qui aura eu le courage de lire jusqu'ici? Et pourquoi que je suis resté deux heures à relire mon texte (et m'endormir dessus, épuisé que je suis), hein? Et ben parce que le soir je ne pensais plus du tout la même chose que ce que j'avais écrit dans la journée. Alors je ne savais pas coment faire.
Et en plus... ben ça allait dans un sens qui pouvait inquiéter nathalie (qui me lit, je le rappelle). Et là, j'ai eu du mal à assumer mes écrits. C'est quand même vachement délicat d'être sincère dans ce genre d'auto-analyse, alors que les pensées vont dans tous les sens, se contredisent, hésitent, changent de sens...
[Je ne donne pas des textes élaborés, mais un cheminement "en direct" (même s'il est mis en ligne en différé). Parce que je sais que parmi ceux qui me lisent ce cheminement erratique touche parfois une part de leur vie. Et c'est ce qui m'intéresse dans cette écriture en ligne: un partage d'écriture/lecture.]

Donc (je reprends mon propos...) je n'ai pas mis en ligne hier parce que je sentais que je me mettais une pression, alors qu'il me fallait du temps pour réfléchir au bien fondé de ces aveux hésitants. Et puis ce matin, je me suis dit que, non, nous avions décidé avec nathalie de ne pas nous cacher nos pensées, et que je devais respecter ce pacte. Même si parfois lesdites pensées vont dans un sens qui peut la chagriner. Parce que ces pensées sont là et que je dois les assumer, et à elle de voir comment elle les vit. Cacher serait mentir.


A propos de mensonge, cette coquine de Charlotte m'a avoué avoir un jour lu une page de mon journal. En allant sur la CEV, elle a vite fait de trouver le pseudonyme "Idéaliste". Et elle est tombée le jour ou je décrivais dans mes "Je me souviens..." là rencontre avec nathalie. Quand elle a vu que je parlais de «cheveux couleur d'automne» et que j'avais su en la voyant que «tout devenit possible»... Charlotte avait soudainement compris que ce genre de poésie trahissait nettement plus que de l'amitié (ce qu'elle savait, mais qu'elle essaie sans cesse d'oublier). Nous avons ri. Elle de cette petite tricherie, moi en pensant à ce que je dis de nathalie ici.


Bon, la suite ultérieurement. Cette fois je mets en ligne tout de suite. Et il est possible que désormais je fasse plusieurs mise à jour quotidiennes, mais avec seulement un seul avis aux abonnés, en fin de journée. Pour moi il est plus facile de mettre en ligne immédiatement après écriture que de relire dans un état d'esprit différent et ne plus me reconnaître. Petits détails pratiques...




Inventer



Mercredi 19 novembre

Souvent j'ai reçu des messages me disant: «on sait très bien comment ça finira: tu vas quitter ta femme. Alors ne laisse pas traîner les choses». Comme si l'issue était une évidence et qu'il était inutile de perdre du temps à poursuivre la réflexion.

Oui, il se peut que ça se termine ainsi. Et si j'en étais certain je ne perdrais effectivement pas de temps. Sauf que... c'est pas une solution qui me convient actuellement. Et que tant que je sentirais qu'il existe une éventualité que ça se passe autrement, je continuerai à réflechir. Après tout, jusqu'au dernier moment je peux changer d'avis, tant que je n'ai pas énoncé mon verdict. Et je veux ne pas avoir à le regretter.

Si j'avais tranché dès le départ, j'aurais agi stupidement. Je me serais privé d'un accès à une certaine lucidité sur moi-même, qui s'exerce bien mieux en conditions difficiles, voire extrêmes. C'est dans l'action que l'on peut constater comment on réagit vraiment. J'aurais pu choisir la facilité: renoncer à cette double relation complexe et rentrer sagement dans une vie tranquille dont je n'aurais jamais dû sortir. Et je n'aurais rien découvert de tout ce qui m'est apparu ces derniers jours (sans même parler de toutes les découvertes faites dans mes échanges avec nathalie, sans même parler de tout ce bonheur que j'ai vécu).
J'aurais aussi pu euh... partir vers nathalie (faisons abstraction de toutes les complications pratiques...), vivre quelque chose de sans doute merveilleux au départ... mais sans avoir pu approfondir autant notre vision commune de l'amour et du rapport aux autres et à soi. C'est notre distance qui nous a permis d'aller très loin en nous même.

Je n'ai donc aucun regret que les choses se soient passées ainsi, dans la lenteur, la réflexion, l'approfondissement.

Ceci pour répondre à ceux qui seraient tentés de penser «mais il va se décider oui ou merde?». Il y a un temps pour la réflexion, et un temps pour la décision. Mais tant qu'il n'y a pas urgence... la prise de décision n'est pas impérative. Et c'est bien souvent l'urgence qui fait qu'une décision s'impose. Enfin, c'est ma vision des choses...




«Pensez-y bien: Il y a une infinité de façons de mal faire une chose, quelques façons de bien la faire, et une seule meilleure façon de la faire. Si à chaque instant, la lucidité nous permet de savoir quelle est la meilleure décision à prendre, pouvons-nous vraiment nous permettre de faire autre chose que de prendre cette décision ? Quel autre choix nous reste-t-il ? Pouvons-nous vraiment choisir consciemment et volontairement de ne pas prendre la meilleure décision possible ?»

Le tunnel de mon existence (17/11/2003)



* * *



Hier soir nous avons craqué avec nathalie [enfin, c'est elle qui a craqué, hé hé] lorsque nous avons vu le nom de l'autre s'afficher sur l'écran de présence du Chat. Pendant un moment on n'a rien fait... hésitant sur l'opportunité de rompre le silence qu'on s'était imposé, puis bon... hein, faut pas exagérer. L'abstinence à ses limites.

Wow, c'était vachement bon de se retrouver! Même si on a mis un moment avant d'oser lancer la discussion. Nous ne savions pas bien si c'était une bonne chose. nathalie craignait que ses mots m'influencent, mais moi j'avais besoin d'être éclairé sur ce qu'elle ressentait de son coté. Alors on y est allé dooouucement, puis la parole s'est libérée. Et comme c'était un peu compliqué par écrit, c'est le téléphone qui a pris le relais.

Conversation très intéressante, qui nous a permis de préciser certaines choses. nathalie avait bien senti que je commençais à pédaler dans la choucroute, tout seul sans son écho. Ouais... en même temps c'était très bien que je puisse réfléchir seul sur mes attentes profondes. Mais rendu à un certain point j'avais quand même besoin que nous nous remettions en phase parce que... bon, à la fois je suis seul à pouvoir entendre ce qui est en moi... mais c'est quand même très lié à nathalie.

Je trouve qu'elle a très bien réagi [j'vous dit qu'elle est fantastique cette femme...]. En se rendant compte que je me mettais une pression énorme pour trouver en urgence une solution, elle m'a permis de prendre un peu de recul. C'est vrai quoi, je n'ai pas de réponse à donner dans les jours qui viennent! Même si la situation est douloureuse et complexe, vouloir résoudre en quelques jours un problème qui concerne une relation de deux décennies serait absurde. Coooool, prenons tout le temps nécessaire!

Et finalement, nous nous sommes fait beaucoup de bien à tous les deux en baissant la pression. Car nathalie ne souhaite surtout pas que mon couple explose [elle serait capable de "s'effacer" pour ça... Pas folle non???]. Elle sait à quel point cette relation est importante à mes yeux.

[Oh, et puis c'était très bon de se retrouver en contact, entendre la voix, le rire... Et savoir comment se sent l'autre. Ce silence était... oppresant]

Du coup, ce matin, j'étais en pleine forme. Sauf que dès les premiers mots avec Charlotte elle a freiné mon enthousiasme. Bon... pas grave.


Longue discussion à midi avec elle (nous passons un temps incroyable à discuter), puis ce soir lorsque je suis rentré de mon boulot (oui, parce qu'en plus de tout ça y faut bosser...pfff). Et là, beaucoup de choses importantes sont sorties.

D'abord, après avoir vu les mots "amour divin" dans un bouquin consacré au couple et à l'amour, j'ai eu une réaction que Charlotte a remarqué. J'aurais pu tricher, mais j'ai préféré saisir l'occasion pour lui dire que... je ne pouvais pas aborder tous les sujets avec elle. Parce que je sais qu'elle n'y réagirait pas forcément bien. Et pourtant, certaines choses me touchent profondément et j'aimerais parfois en parler avec elle.
Elle m'a répondu que je l'infantilisais en désirant la protéger. Ouais, pas faux. Même si bien souvent ce sont des réactions "infantiles" (culpabilisation, dévalorisation, blocage...) qui m'ont appris à être prudent. Bref... j'ai donc re-saisi cette nouvelle opportunité d'aller un peu plus loin, et je lui ai expliqué pourquoi ce mot de "divin" m'avait fait tressaillir.
Là où nous en sommes actuellement, autant être sincères...

Ce mot de "divin", ou ceux de "mystique", "spititualité", "absolu"... ce sont ceux que j'ai employé il y a quelques mois pour caractériser ce que je vivais avec nathalie. Cette impression de plénitude dans le bonheur, dans l'amour, et la sérénité dans laquelle je le vivais, loin de toute "folie amoureuse". Oui, nous en avions souvent parlé avec nathalie, émerveillés par ce que nous ressentions [on en parle moins parce que la situation complexe nous préoccupe notablement].

Voila, c'est ce que j'ai dit à Charlotte, ajoutant (sans aucune cruauté!) que je ne l'avais jamais ressenti avec elle. Mais complétant immédiatement mon propos en l'assurant que tout cela n'avait rien changé à l'amour (attachement) que je lui portais. C'est "autre chose", un amour différent, que je ne compare pas. J'aime Charlotte d'une certaine façon que les mots décrivent mal, et j'aime nathalie d'une autre façon que les mots décrivent tout aussi mal. Pour moi c'est limpide, sans aucune incompatibilité.


J'ai poursuivi en expliquant à quel point il était impossible pour moi de renoncer à une telle relation. Ce serait un crime que de ne pas vivre quelque chose de cette rareté. Je ne pourrais que regretter à vie un tel abandon.

C'est aussi la force de ce lien qui m'a permis d'autant évoluer en quelques mois. Et la confiance que nathalie a en moi. C'est toute l'intensité de notre relation qui me donne le courage d'aller aussi profondément en moi, et de tout remettre en question. Au point que, pour seulement quelques jours à passer avec elle dans un futur indéterminé je suis prêt à perdre une relation de couple établie. Ça peut paraître hallucinant, mais c'est quelque chose qui se met en place avec la plus grande détermination, en toute conscience.

Il y a à la fois cette notion de liberté d'être et d'agir, et l'idée que ce que je vis avec nathalie ne peut pas être empêché. Nous pouvons patienter, reporter à plus tard... mais pas empêcher.

Je me suis exprimé très en douceur, avec une voix calme, sereine, mais sans la moindre hésitation. Une fois de plus c'est une part de moi qui parlait sans entrave, en toute sincérité.

Une nouvelle fois Charlotte m'a dit qu'elle ne pourrait supporter de me partager avec une autre. J'en accepte l'idée, s'il doit en être ainsi. Et une fois de plus elle a semblé prendre conscience de la force de ce qui me liait à nathalie. Elle espérait encore que je pourrais y renoncer.

Je lui ai alors dit très clairement ceci: nathalie fait désormais partie de ma vie et ça ne changera plus. C'est quelque chose qu'il faut accepter... et agir en conséquence si elle l'estime nécessaire. C'est là, c'est comme ça. Incontournable. Et il lui faut faire le deuil d'un amour exclusif avec moi.
Mais j'ai ajouté une nouvelle fois que mon amour pour elle, Charlotte, était intact. Et que je ferais tout pour chercher encore des solutions, même si le problème paraît insoluble.


Et à force de chercher, j'en suis venu à la proposition suivante, que j'ai énoncée à Charlotte avec la même douceur que ce qui précédait.
Et si, puisque l'amour doit être exclusif selon son concept, elle acceptait de requalifier notre relation de couple? C'est à dire la placer sous le signe de l'amitié, plutôt que le mot "amour", trop chargé de sens.

Nous pourrions alors nous considérer comme "amis", ex-conjoints, chacun libre de l'autre tout en gardant un lien affectif fort. Pour ce faire, nous pourrions passer par une séparation de corps, habitant chacun un domicile privé, tout en conservant des liens. C'est à dire nous retrouver aussi souvent que nous le désirons, chez l'un ou chez l'autre, puis retrouvant notre liberté pendant les moments plus difficiles. Ainsi nous pourrions, d'une certaine façon, être unis pour le meilleur... mais pas pour le pire.

Chacun autonomes, nous pourrions mener notre vie comme bon nous semble, et avoir quelques activités en commun... celles qui nous plaisent à tous les deux. Finies les concessions lourdes ou les frustrations. Juste du plaisir à être ensemble.
Et il me semble que nos rapports pouraient en être bien différents, faits non pas d'obligations, mais de plaisirs partagés. Je m'imagine volontiers recevant Charlotte "chez moi", l'accueillant avec plaisir et l'envie de prendre soin d'elle. Ou bien faire des sorties ensemble avec une vraie joie de se retrouver, avec des choses à se raconter. Et on pourrait se voir les week-ends avec les enfants, très régulièrement.

Et puis, ben... de temps en temps je rencontrerai nathalie pour des séjours de moyenne durée, attendus avec impatience, et vécus avec intensité. Et en toute liberté.

Euh... est-ce vraiment idéaliste, ou bien envisageable. Réalisable?
Sans parler du coté économique des choses (qui n'est pas à négliger...), je pense qu'une telle façon de vivre, mi-couple mi-amitié, avec une ouverture à des relations diversifiés, pourrait fort bien exister. J'y crois volontiers.
Ce serait aussi une façon de passer en douceur de notre statut conjugal à un statut amical. En prenant le temps de voir comment nous ajuster. Faire ça au mieux.

En outre cette solution éviterait qu'une souffrance terrible due à un abandon existe chez au moins deux des protagonistes de cette relation ternaire. Dans l'idéal, tout le monde pourrait être être relativement heureux, même si ce ne serait la perfection pour personne. Quoique... qui sait les bénéfices qu'on peut retirer de cette liberté?

Charlotte m'a écouté sans mot dire, puis assez rapidement a re-manifesté assez fermement la nécessité de divorcer (ce qui ne me semble pas nécessaire dans un premier temps), et de vendre une part de ce qui nous appartient. Et puis de se désengager des emprunts que nous avons co-soucrits. Puis elle m'a dit qu'elle ne se sentait pas libre de choisir... (pfff, mais elle est bien... chiante!). J'ai eu l'impression que pour elle ce genre de séparation devait se passer avec un certain fracas. Marquer la rupture nettement.
Boah... moi j'essaie de faire en douceur, mais elle n'imagine pas sans une certaine brutalité...

Elle m'a dit plus tard que lorsqu'elle devenait sèche et catégorique c'était parce qu'elle souffrait. J'ai quand même toujours eu du mal à supporter ce genre de comportement...

Finalement, plus tard dans la soirée (c'est à dire il y a quelques minutes), elle est venue me dire qu'elle avait compris ce que je voulais: opérer une transition tout en douceur, afin de nous adapter à une nouvelle donnée dans notre relation.

Ouf... (en espérant qu'elle ne change pas d'avis d'ici demain...)


Voila où nous en sommes ce soir. Je reprends espoir. J'aimerai tant que nous puissions trouver une solution qui ne fasse souffrir personne. Et s'il faut trouver un système particulier, fait sur mesure rien que pour nous, et bien cherchons. C'est pas parce que ça n'existe pas en magasin qu'on ne peut pas l'inventer. D'ailleurs, je sais très bien que ça existe et que des gens le vivent.





A mon insu



Jeudi 20 novembre
13h30


Après avoir passé une nuit un peu perturbée (réalisant tout d'un coup que la solution que je proposais nécessite des moyens financiers dont nous ne disposons pas...), je me suis réveillé finalement plutôt en forme. Cette possibilité me redonne un espoir, évitant de me maintenenir devant un dilemme sans issue. C'est terriblement fatiguant d'être dans l'incertitude et en charge de décider quelque chose d'indécidable. A s'en faire pêter la cervelle.

Nous avons encore longuement discuté au réveil, non sans quelques larmes, mais de façon plutôt calme (voire très calme, compte tenu des circonstances). Ensuite je n'ai pas trop pensé à tout ça, au bénéfice de mon boulot. Ouf!

Au repas de midi on s'est retrouvé en tête à tête et, inévitablement, on a abordé le sujet d'actualité [pfouuu, mais c'est un feuilleton que je raconte là. Je suis en plein dans le factuel... mouais... c'est l'effet du direct qui fait ça. Pas assez de recul pour faire le tri dans l'essentiel. Bon, je vais tâcher de faire court.] 

Les choses se mettent en place doucement et nous intégrons l'idée d'une séparation. C'est marrant, parce que je m'étais dit qu'il n'y avait plus de pression... et finalement les choses se décident très vite. Elle se décident même à mon insu!
Charlotte m'a dit: «puisque tu as choisi il faut en passer par là...» hein, quoi, j'ai choisi moi?. Ben oui, j'ai choisi. Lorsque je lui ai dit qu'il ne fallait pas qu'elle garde espoir, que nathalie faisait désormais partie de ma vie et que ça ne changerait plus. Je ne m'étais même pas rendu compte de ce que je disais. Et ici même, hier, j'écrivais en début de texte «Après tout, jusqu'au dernier moment je peux changer d'avis, tant que je n'ai pas énoncé mon verdict.», alors que ce que j'énonçais plus bas montrait que le choix était fait. Ouais... sauf que le début du texte à été écrit à la mi-journée, et la fin en soirée. C'est donc dans l'intervalle, et au cours de la discussion avec Charlotte, que l'idée s'est imposée à mes mots.

Alors nous en sommes à étudier comment, en pratique, les choses vont pouvoir se passer. Et nous nous heurtons à nos différences de fonctionnement: elle qui veut que le choses aillent vite, soient claires et tranchées... et moi qui préfère quelque chose tout en douceur, en demi-teintes et en nuances. Une transition la plus indolore possible. Car c'est désormais mon objectif principal: éviter la souffrance. D'ailleurs, ça a toujours été mon objectif, d'où l'impossibilité de trancher dans le vif. Bon, chacun son mode de fonctionnement. Il n'y en pas de meilleur ou de moins bon. 

Charlotte voulait savoir comment j'envisageais les choses, concrètement, alors que j'étais encore en train de lui dire qu'il fallait que nous laissions l'idée nous imprégner, prendre le temps de trouver la solution optimale, en commun, consensuelle... Mais bon, elle voulait des chiffres, des faits. Alors je lui ai donné le délai de «quelques mois, sans doute avant l'été». Elle même envisageant bien moins que ça, disant qu'elle souffrirait trop (gniii, je ne parviens pas à comprendre comment elle fonctionne: puisqu'elle m'aime, pourquoi vouloir me quitter aussi vite???).
Bref, même en cherchant comment faire au mieux... nous ne parvenons pas vraiment à trouver de terrain d'entente. On en trouvera bien un, je suis confiant, mais c'est pas simple et ce sera laborieux. A se demander comment on a pu cohabiter si longtemps ensemble. Quoique... ça explique aussi bien des incompréhensions inexpliquées.

Il aura fallu un évènement majeur, une incompatobilité qui touchait à quelque chose de vital pour chacun de nous pour que nous en prenions conscience. On aura au moins appris ça... piètre consolation.

Ce que j'aimerais maintenant, c'est que nous ayons comme projet commun de réussir au mieux cette transformation. Qu'on y travaille ensemble, et non pas chacun dans son sens. Je ne sais pas si Charlotte y est prête. Il va me falloir beaaaaauuuucoup de patience, et savoir accepter l'expression de son mal-être dans une certaine agressivité (bouarf... j'ai bien du mal avec ça moi...).


[Euh... c'est pas un peu indécent de raconter la séparation d'un couple en direct? Manque de pudeur, non? Je sais pas trop...
Je sais que ça m'aide à y voir plus clair, mais bon...]



15h00 [09h00]
Par fulgurances; il m'arrive de réaliser tout d'un coup ce qui me paraît inimaginable. Impression de rêver éveillé, d'un cauchemar qui ne peut que cesser.



17h45 [11h45]
Pourquoi est-ce que j'écris en public ce que je vis en ce moment? Pourquoi ce besoin de relater en continu la succession rapide des évènements? Pourquoi prendre à témoin tous ces yeux inconnus qui me lisent?
Ne ferais-je pas mieux d'entrer dans le silence? Ne devrais-je pas me recentrer sur moi, à l'écart de toute influence extérieure (car le regard, même muet, n'est pas sans influence)?

Ces derniers jours ont précipité les réflexions qui étaient en cours depuis des années. Je pense que l'écriture en ligne a joué un rôle, sans que je sache si elle aura été favorisé ou non ce qui se passe actuellement. Je pense que cette thérapie en public augmente les effets, accélère les choses. Mais sans en modifier le cours, je le souhaite.

Il y a un effet vertigineux à se dire que la réflexion qui mène à la lucidité sur soi peut conduire vers des voies que l'on redoute. Si j'avais su, il y a dix ans, lorsque j'ai entamé cette démarche, que j'en arriverais à... perdre ce à quoi je croyais tenir le plus, je pense que je ne m'y serais pas lancé. Par peur du résultat. Je me souviens encore de ma mère qui était assez méfiante vis à vis de tout ça, disant que ça pouvait déstabiliser trop de choses. Elle avait même eu cette phrase surréaliste: «si j'avais fait une psychothérapie, je pense que ça m'aurait mené au divorce». Tout est dit. Elle a choisi de rester dans l'ignorance volontaire... mais elle a gardé son couple intact. C'est un choix qui peut se comprendre...
J'envie parfois [euh... est-ce vraiment le cas???] les gens qui ne se posent pas trop de questions, ou les résolvent rapidement. Je pense cependant qu'on se prive d'une infinité de détails de vie, imperceptibles sans une observation attentive. Un peu comme sur une autoroute: droit au but avec une vision lointaine qui donne l'impression d'avoir saisi l'ensemble d'un paysage.
Je pense que je suis plutôt adepte des chemins de campagne, avec leurs détours et leurs petites surprises. J'appréhende le paysage de ma vie par petites touches, en profondeur. Je prends le temps d'y écouter les sons infimes, les bruissements inattendus. J'observe les variations d'éclairage, la pénombre qui demande à l'oeil de s'habituer à l'obscurité pour en saisir les détails. Je prends le temps d'effleurer les éléments de ce paysage, comme si je voulais m'imprégner de l'essence de chaque plante, de la diversité de chaque rocher, de sentir l'humus des bois ou la terre sèche des bordures de chemin. Je flâne, je musarde, je suis à l'affut de l'inattendu. Et ainsi je connais mon paysage intérieur toujours mieux. Certes, c'est long. Je ne suis pas rendu au but aussi vite que d'autres... mais... quel est-il mon but? Certainement pas d'aller vers quelque chose de précis, mais de découvrir. Découvrir ce que j'ignore, ce dont j'ignore même jusqu'à l'existence.

Alors parfois il peut arriver que la curiosité me mène en dehors d'un chemin qui me semblait plein de promesses, qui était agréable à parcourir. Dans ce sentier de traverse je peux découvrir un domaine nouveau de mon paysage. Et le trouver beau, captivant, plein de surprises. Par lui découvrir des espaces ensoleillés qu'il fait bon parcourir.

C'est ainsi que, de surprise en surprise je mène ma vie.

[Bon, c'est fini ces métaphores lyrico-bucoliques?]





Sursis


Vendredi 21 novembre


Je suis absolument épuisé ce soir. En plus de mon travail qui reste intense, mes réflexions des derniers jours m'ont vidé. Peut-être aussi le contrecoup des émotions contradictoires qui m'ont animé et sont, pour un temps, apaisées.

Car de nouveau tout est remis en sursis. Charlotte a décidé ce matin de se donner du temps avant de prendre une décision définitive. Celui d'entreprendre une thérapie de couple. Nous en parlions depuis quelques jours, hésitant sur son utilité vu l'orientation que nous prenions, mais nous sommes quand même décidés à tenter tout ce qui est possible.

J'ai accueilli cette nouvelle avec un mélange de soulagement et de circonspection. Car je sais Charlotte coutumière des brusques revirement de situation. Et aussi parce que, dans le fond, rien n'est changé. Il s'agit d'un temps de réflexion supplémentaire (et c'est très bien) mais aussi d'un prolongement de l'incertitude quant au dénouement (ce qui reste donc inconfortable). Nous savons bien que nous ne devons garder qu'un espoir modéré puisqu'il y a peu de chance que l'un de nous évolue dans un sens qui convienne à l'autre.

Pourtant ce mince, très très mince espoir, nous a redonné à tous les deux un ballon d'oxygène. Au moins nous ne nous séparerons pas dans un temps prochain. Cette perspective nous était insupportable, malgré nos tentative de l'imaginer et de passer au coté pratique des choses.
Je crois que Charlotte a mieux mesuré a quel point je tenais à elle, quoique déterminé dans mes convictions. Je lui ai manifesté mon attachement en permanence et elle du être convaicue de la sincérité de mes propos. Mon attitude effondrée et ma tristesse à voir cette inéluctabilité s'imposer jour après jour ont peut-être fini par lui faire comprendre que ce n'était pas elle que je remettais en question. Elle m'a dit depuis qu'elle ne savait pas que je tenais autant à elle (sans doute parce qu'elle ne conçoit pas qu'on puisse être profondément attaché deux personnes à la fois...).

Ce qui est curieux c'est que sa décision intervient alors que je lui ai récemment dit beaucoup de choses qui auraient pu la convaincre d'aller dans un sens contraire. En lui décrivant plus précisément ce qui me faisait aimer nathalie, avec quel force je ressentais cet amour, et pourquoi je ne pourrai y renoncer. Elle aurait pu se sentir exclue, abandonnée, se dévaloriser (ce qu'elle a fait initialement, mais a réussi à surmonter ensuite). En lui avouant aussi, a postériori, la nature de la relation que j'avais eue avec Inès il y a trois ans. Notamment en lui expliquant que je l'avais rencontrée bien plus que ce qu'elle croyait. Donc que je lui avais caché quelque chose, "menti" par omission. Mouais, pas bien fort pour quelqu'un qui prône la sincérité hein? C'est d'ailleurs parce que cette contradiction m'était insupportable que j'ai cessé cette relation.

Et bien malgré ces aveux... Charlotte reste avec moi, semblant presque plus attachée. Comme si ma sincérité clarifiait les choses. Peut-être que ces précisions évitent des angoisses dues à l'inconnu, propice à l'imagination du "pire"? Ou alors elle apprécie que l'homme qu'elle aime ne soit finalement pas ce gentil garçon bien sage qu'elle n'appréciait pas trop? Je sais qu'il y a quelque chose de cet ordre puisqu'elle m'a souvent dit admirer ce que je faisais... tout en souffrant de me voir le faire.

Du coup je me sens très soulagé de pouvoir partager ce que je portais avec une certaine culpabilité (le secret), ou avec une joie muselée (le bonheur de l'amour). De toutes façons, je ne veux plus de zones de silence entre nous. Du moins pas de silence retenu. Ce qui ne signifie pas que tout doive être dit, chacun ayant droit à son jardin secret, et à ne pas se voir imposer ce qu'on n'a pas envie d'entendre. Mais tout ce qui concerne notre couple ne devra plus rester caché à l'un des deux.

Bientôt ce journal ne sera plus en décalage par rapport à ce que je dis à Charlotte.



«Nous sommes, nous serons patients tous les deux. Nous avons confiance, en nous et en l'avenir. Reste à déterminer comment nous ferons. Il quittera sa ville, je quitterai peut-être la mienne. Ionnesca me semble un bon compromis. J'aurai mal de quitter mes enfants, mais ils sont grands, ils se débrouilleront. J'aurai mal de faire mal à mon mari, mais il est grand, il se débrouillera.»

Azulah... et voilà (21/11/2003)







Reprendre son souffle



Samedi 22 novembre


Mes pensées s'apaisent tout d'un coup, sans cette pression de l'incertitude. Je prends le temps de revivre, de souffler un peu. Nous nous retrouvons très proches avec Charlotte, avec un désir commun de sauver notre couple. Probablement... avec l'espoir inavoué, pour chacun, que l'autre puisse finalement infléchir sa réflexion et comprendre, puis accepter le point de vue opposé. C'est sans doute un espoir vain... mais comment avancer sans espoir? Nous verrons bien comment les choses évoluent... Peut-être que ce qui s'est passé n'est qu'une préparation à ce qui sera inéluctable un jour?

Moins sollicité par cette inquiétude sourde, je pourrai peut-être mieux analyser ce qui se passe entre nous, avec une portée plus élargie.

Ce qui est certain c'est que la nature de mon attachement à nathalie ayant été très clairement exprimée, que l'importance en ait été prouvée par ma détermination à ne pas renoncer à elle, coûte que coûte, je me sens beaucoup plus libre de vivre pleinement cette relation. Et, profondément en moi, ce qui retenait une part de mes élans perd de son pouvoir inhibant. Je constate que la retenue dans la résurgence de mes souvenirs me permettait de ne pas laisser mes émotions prendre trop d'importance. Je maintenais (inconsciemment) tout cet attachement à quelque chose de "maîtrisable". La raison gardait une emprise.

Je crois que cet état n'existe plus [pour le moment...]. Mes souvenirs reviennent, non comme des faits, mais comme des instants que je revis vraiment. Je retrouve le visage perdu de nathalie. Le vrai visage, pas celui de la webcam ou des photos. Je ressens à nouveau les ambiances de nos moments partagés, et je les laisse revenir avec un grand plaisir. J'avais eu peur de les avoir perdus, et mes "Je me souviens..." m'aidaient à en garder la trace.

Je sais que c'est en sentant ces souvenirs s'estomper que j'ai commencé à réagir. J'ai refusé de les voir s'effacer et de laisser ma raison-morale [surmoi] prendre le dessus. C'était quelques jours avant que Charlotte n'énonce son ultimatum. Ce dernier ayant perturbé tout mon mode de pensée, ébranlé mes convictions, il m'a fallu un certain temps pour retrouver le fil.
Devant cette situation insupportable, je devais aller au fond des choses, questionner ma conscience pour bien savoir ce à quoi je tenais. Vérifier si je ne me leurrais pas, s'il n'y avait pas une part d'illusions qui m'aurait aveuglé. Moments difficiles durant lesquels je sentais le doute rôder et chercher la faille.
Le silence que nathalie m'avait proposé aurait pu être cette faille. Il la défavorisait grandement, face au contact permanent et très soutenu avec Charlotte. Alors j'ai compris que je devais poursuivre mon idée première, momentanément interrompue. Je suis allé rechercher tout ce qui pouvait me rapprocher de la réalité de son existence, regarder des photos, relire des textes, des messages. J'avais besoin de retrouver ce qui vivait en elle, et me manquait. J'ai relu son superbe «Je nous veux»... puis en ai écouté la musique. Les paroles eurent un effet surprenant. C'était lundi dernier [ce jour où mon écriture fût intensive], j'étais seul à la maison, et j'ai mis cette musique en boucle, à plein volume. Ouais j'ai euh... un peu disjoncté à ce moment là [hum hum... m'étais laissé aller dans mes écrits, sans beaucoup de pudeur..]. J'ai ressenti très profondément à quel point le contact avec nathalie me manquait, et que c'était ce sentiment que je devais écouter. Les souvenirs très forts de nos moments partagés me revenaient, libérant un bonheur trop contenu, et quelque chose en moi s'exprimait par ce biais là. J'ai eu conscience que je devais entendre, et suivre, cette voix (voie?). Je me suis senti tout à coup libre, et heureux.

Je pense que c'est ce jour là, en écoutant cette musique qui ranimait les souvenirs, ces paroles qui signifiaient tant de choses de sa part, que j'ai... "choisi" en toute conscience (mais sans m'en rendre compte sur le moment) de ne pas renoncer à nathalie. Avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler (que j'imagine mal...).
Je crois que c'est à compter de ce moment là que j'ai parlé plus franchement avec charlotte, refusant de persister à voiler ce que je ressentais.


* * *



Hier soir, discutant avec nathalie en face à face visuel, nous avons philosophé autour de l'amour, de l'attachement, de la liberté d'aimer. Nous avons retrouvé ainsi une part de ce qui animait nos échanges l'an dernier, alors que nous n'étions encore "que" des amis qui ne s'étaient jamais vus, jamais entendus. Et nous avons pu constater que nos points de vue restaient toujours très proches [ben heureusement, hein?]. Même s'ils sont désormais passés de la théorie à la pratique... sur nous mêmes (à l'époque nous parlions en général, sans nous sentir concernés l'un par rapport à l'autre).

Je crois que j'ai désormais assimilé ce qui est devenu pour moi la bonne façon d'aimerMa bonne façon d'aimer et d'être aimé. Deux décennies de vie de couple, des mois d'apprivoisement avec nathalie, puis d'ajustement l'un à l'autre, cette remise en question de la façon dont mon couple fonctionnait, m'ont permis d'explorer en profondeur ce qui me convenait.

Je ne me lancerai pas ce soir dans la description de quelque chose d'aussi important, mais j'espère pouvoir le faire prochainement.



[aparté: je constate que le genre de rencontre qui s'est produite entre nathalie et moi ne peut être que le fruit d'un certain hasard, une concordance de temps et de lieu (appellée parfois "synchronicité") qui nous à mis en présence au moment propice.

Actuellement je reçois des mails, parfois très approfondis et qui pourraient eux aussi susciter des échanges passionnants. Hélas je ne suis plus dans la disponibilité d'esprit pour cela et je ne réponds que bien imparfaitement (hum hum... j'en suis vraiment désolé...). Il y a quelques années j'aurais commenté avec passion, cherchant en chaque interlocuteur un possible alter ego, quelqu'un qui me conforte dans ce que je pense, ou développe des points de vue qui éveillent ma curiosité, avec qui une réflexion stimulante pouvait se développer. Je recherchais une certaine forme d'amitié-confiance... non sans un attrait vers le coté séduction.

Maintenant que j'investis une grande part de ma disponibilité vers nathalie, dans une relation que nous nourissons, je me sais ne plus être aussi réceptif et accueillant envers les personnes qui me font le plaisir de m'écrire. Il est rare que je me lance dans de longs messages... ]






La réappropriation de soi



Dimanche 23 novembre


Bidouillant sur ce journal des trucs qui déconnent un peu (problème de petits caractères sur les récents mois d'archives...), je suis tombé sur ma page de juin 2003. Hop, instinctivement j'ai relu un peu, juste pour voir ce que j'en pensais avec un peu de recul. Allez, je vais être franc: ça m'a plu. Oui oui, je le dis. J'ai trouvé que ce que je disais était assez intéressant pour reparcourir mon cheminement depuis les derniers mois [oui bon, "intéressant" pour moi...]. Et puis mon écriture me... hum... me plaît. Je la trouve plutôt fluide, agréable à lire [oh la la, mais y va où lui???]. On me le dit assez régulièrement et à la longue je finis par m'ouvrir à un peu plus d'objectivité. Ben oui, si quelque chose de moi plaît à d'autres, il serait peut-être temps que ça me plaise à moi. Faut aussi savoir être content de soi, dans une certaine mesure.

Mais ceci n'était pas mon propos [d'ailleurs, je ne sais pas quel est mon propos puisque je me suis mis à écrire sans but connu...]. Je voulais revenir sur le coté éclairant a postériori de mes écrits. Car en relisant certains passages, je me rends compte qu'était en germe l'évolution actuelle et la remise en question qui l'accompagne.

D'un coté je réfléchissais à mon rapport de couple avec Charlotte:
«En fait, notre relation se nourrit des évolutions qui se produisent grâce à cette relation parallèle. Nous abordons des sujets restés longtemps en friche, voire même devenus "tabous" sans que nous y ayons pris garde après des années sans en parler

D'un autre coté j'abordais ma façon d'investir ma relation avec nathalie:
«Et puis: quelle est notre façon d'aimer? Question en apparence simple, mais finalement assez complexe et... intime quand il s'agit d'en parler justement à une personne qu'on aime.»

Parallèlement je réalisais que je n'étais pas en accord avec moi-même:
«Je ne suis plus sincère parce que je m'efforce de faire concorder ma pensée et mes actes, et me tais lorsque mes actes ne suivent pas ma pensée. Lorsque ma volonté est impuissante face à l'inconscient qui la domine. Mais ça me tiraille de plus en plus et soudainement le décalage me paraît béant. Je me sens mal à l'aise dans cette double personnalité. Celui qui voudrais être et celui qui est.»

Apparaissait aussi un nouveau mode de perception de ce qu'est "aimer":
«Je ne dois rien attendre, et seulement jouir de ce qui m'est donné. Le concept me va et je le trouve très sain. C'est une relation libre d'attaches. Attachement libre... mais je ne sais pas encore vivre les choses de cette façon. »

Et je mesurais l'importance capitale de ce que je que je découvrais avec nathalie:
«De la réussite ou de l'échec de cette relation dépend en grande partie mon rapport à autrui pour les années qu'il me reste à vivre (...). J'ai trop investi affectivement, émotionnellement, et en confiance donnée pour pouvoir supporter sans dommages, si cela devait advenir, la perte de la confiance qui existe entre nous.»

La porte de sortie semblait évidente, seule me manquait la clé:
«c'est d'abord à moi de m'accepter tel que je suis. Je ne devrais rien attendre du regard d'autrui sur moi, quel que soit la nature de mon attachement à cet(te) autre. C'est une forme de dépendance, donc d'aliénation... c'est une prison que je m'impose à moi-même.
Mais comment fait-on pour en sortir???
»

Pourtant, je la détenais:
«La seule façon que j'ai trouvé pour me sortir de la prison de mes doutes est de les verbaliser. Peut-être est-ce ce que j'attends de la confiance dont j'ai tant besoin? Savoir que je peux être sincère sans rien retenir.
Sans doute cela demande t-il à ceux qui m'approchent la capacité d'accepter d'entendre des chose qui, peut-être, ne se disent pas habituellement? Je ne sais pas être autrement que sincère. Je crois que c'est parce que je désire qu'on m'apprécie en toute connaissance de cause. Je ne veux pas cacher ce que je ressens. Je ne veux pas "tricher".
»

Tout en sachant qu'utiliser cette clé de libération n'était pas sans risques:
«Ma sincérité est source d'inquiétude pour moi, parce que je sais qu'elle peut faire peur. Je sais aussi qu'elle peut être inconfortable, gêner... et faire fuir. J'en ai déjà fait la très cruelle expérience il y a quelques années [épisode Laura]. En fait j'ai le choix entre une sincérité qui peut déstabiliser l'autre, ou bien la rétention de ce que je pense, qui pour préserver l'autre empoisonne ma vie. Si bien souvent le choix n'est pas crucial (et j'ai alors longtemps "choisi" de m'empoisonner la vie...), il est des cas ou le dilemme devient difficilement supportable. Lorsque je sais que de la sincérité dont dépend mon intégrité (mon bien-être profond) risque de me faire perdre ce à quoi je tiens.

Le non-choix s'impose peu à peu: je dois être moi-même... et courir le risque de perdre ce à quoi je tiens le plus. Le poids devient alors considérable pour qui est en face de moi et mesure la "responsabilité" que je lui octroie. Il y a de quoi inquiéter, je le sais.

Être moi et risquer de perdre... ou ne pas être vraiment moi et m'y perdre.
Risquer de souffrir... ou être certain de vivre un mal-être parce que la confiance/sincérité n'est pas là.

Non, décidément je n'ai pas le choix: je dois être sincère. Je risque d'y perdre beaucoup, mais j'ai tout à y gagner


J'écrivais ces lignes en pensant à ma relation avec... nathalie. Je voulais me montrer sans fard, tel que je suis, au plus près de la transparence des apparences. J'ai joué le jeu de la sincérité... et elle m'a accepté comme tel. Je pense que cela m'a donné une grande assurance dans ce lien. Je ne cachais pas, et elle me prenait comme j'étais. Je n'avais plus à douter de moi, de nous, d'elle.

Désormais je me livre avec la même transparence avec Charlotte. Avec une différence de taille: le poids des habitudes. Il n'est pas aisément acceptable de modifier un rapport établi depuis si longtemps. Et il demeure le risque que cette adaptation ne puisse se faire...



En récapitulant ces extraits significatifs de mon journal, je constate une fois de plus à quel point la conscience oppose une résistance au changement. J'ai écrit je ne sais combien de fois, et sous des formes très diverses, ce que je passe mon temps à redécouvrir. Il me faut sans cesse remettre en question de qui s'était construit comme système de pensée, et aborder les problèmes sous tous les fronts pour en arriver à chaque fois aux mêmes conclusions... qui seront "oubliées" dans les jours suivants. Incessant travail de réappropriation de soi.

Combien de fois aurais-je dressé des bilans-récapitulatifs comme celui que je fais en ce moment?


Faisant ce constat alors que j'essayais de poursuivre ma pêche aux extraits, je me rends compte que je ferais mieux de relire plus souvent mon journal, comme me l'avait suggéré un lecteur très attentif...
Je suis sûr que j'aurais beaucoup à (re)apprendre sur moi en me relisant...

Il est peut-être temps que je mastique un peu tout ce que j'ai régurgité de mes pensées dans un vomissement continu de mots [beeeeurglll, bon appétit...]




Textes de référence sur le sujet:
Simples questions (6 juin)
Antidéal (7 juin)
Ce que je suis pour elle (8 juin)
Partenaires (16 juin)
Mode binaire (19 juin)
Différentes façons d'aimer (23 juin)
Croire en moi (24 juin)
En manque (25 juin)
La question qui tue (26 juin)




Héritage



Lundi 24 novembre


Frscch scchft schff [bruits de draps]
Moi: Tu dors pas?
Elle: Non
Moi: ...
Elle: Je ne fais que rêver à des histoires de divorce
Moi: Ah bon? Moi aussi... mais dans le rêve que je faisais, il s'agissait de gens qui faisaient une cérémonie pour annoncer l'annulation de leur divorce

Petit dialogue à 6h30 ce matin, entre Charlotte et moi. Faut croire que tout ça nous perturbe un peu [nooon, sans blaaague?]. Par contre je ne sais pas quoi penser de mon rêve. Sauf que... ben j'ai pas envie de divorcer (mais ça je le savais déjà).

On a discuté un moment ensuite, poursuivant un échange de la veille qui ne s'était pas trés bien terminé. Et très rapidement, comme la veille, comme depuis vingt ans... nous sommes entrés dans une logique de culpabilisation. Vraiment chiant. Je ne supporte plus ce genre de pseudo-dialogue. Je suppose que j'y ai ma part (ben voui hein, je ne suis pas un saint...), sans avoir précisément conscience des moment ou je dérape, mais par contre je constate tout de suite lorsque l'attitude de Charlotte fait que je me bloque. Quand elle me fait des reproches, ou quand elle n'accepte pas quelque chose de moi tout en me disant comment je devrais être. En fait, lorsqu'elle ne respecte pas mon intégrité, ma différence. Ben oui, dans notre couple, depuis très longtemps, nous n'avons pas le respect de l'autre. C'est con hein?
Ce qui se passe à ces moments là, lorsque je ne me sens pas écouté, lorsque je ne nous ressens pas en phase, en harmonie, en union, c'est que je me tais. Plus rien à dire.
Parce que la confiance n'est plus là. Parce que je n'ai pas envie de surenchérir en rentrant dans des reproches à mon tour. Puis parce que ça me blesse. J'aime pas que Charlotte montre un signe d'agressivité, aussi minime soit-il. Pour moi ce genre d'attitude n'a pas sa place entre des gens qui s'aiment.
On n'a pas non plus à demander à l'autre de se transformer pour convenir à nos désirs.


Faut dire qu'on a des antécédents...
Le couple des parents de Charlotte est un modèle d'échec absolu. Pas de dialogue, mais des reproches permanents, une agressivité verbale ininterrompue, des piques de méchanceté ponctuant chaque intervention. Chacun rend l'autre coupable de l'échec du couple. Et c'est dans cette ambiance que Charlotte a grandi. Pas étonnant que pour elle le couple soit lié à de l'agressivité... Pour elle, c'est ça l'amour, même si rationnellement elle sait bien que ce n'est pas le cas.
Ce "couple", qui ne partage plus la même chambre depuis au moins trente ans (!) ne s'est jamais séparé. Parce que «ça ne se fait pas». Résultat, la mère de Charlotte est... euh... "folle" (paranoïa délirante ou quelque chose du genre). Une personne qui tient des propos incohérents, complètement déconnectée de la réalité, et qu'il ne faut surtout pas contredire. Le tout baignant dans une affectivité exacerbée, voyant dans les moindre gestes des signes d'amour ou de non-amour (entrainant réponse violente) entre ses enfants et elle.

Le couple de mes parents fonctionne aussi de façon perverse, mais plus sournoise. En apparence, tout va bien, surtout devant les gens extérieurs. Mais mon père est hyper-culpabilisant, dénigrant ma mère devant nous lorsque nous étions enfants, "gueulant" après elle pour des broutilles absolument insignifiantes. Un vrai tyran domestique. Mais un tyran vulnérable puisque, incapable de se socialiser, il dépendait entièrement de ma mère pour tous les rapports à autrui.
Ma mère aurait pu le quitter... sauf que là encore ça ne se faisait pas trop (les apparences, vous comprenez... puis les enfants). Elle m'a même dit avoir pensé au suicide (préférer le suicide au divorce... pfff). Ouais, mais ma mère comme celle de Charlotte n'avaient d'autre emploi que celui de mère de famille. Donc sans ressources. Prisonnières.
J'ai grandi entre ce père sans aucun sentiments (du moins en apparence) et cette mère hypersensible qui recevait des "coups" verbaux sans broncher. Père très exigeant et rigoureux ayant inculqué à ma mère cette exigence et ce sentiment d'être toujours coupable de mal faire (comme si on pouvait être parfait et irréprochable...).

Voila le charmant tableau de nos héritages éducatifs (une part seulement, puisque nous traînons nombre d'autres casserolles...). Agressivité et culpabilité/culpabilisation d'un coté, exigeance et culpabilité/culpabilisation de l'autre. Une beau poison...
Tous les deux on apprend à s'en défaire, mais c'est loooong!

Puis on avance pas à la même vitesse, ni en simultanéité. Quand l'un fait des efforts, l'autre n'est pas forcément disposé à en faire au même moment. Ou bien n'a pas la même conscience des choses. C'est ce qui m'arrive en ce moment puisque Charlotte ne parvient pas à se sortir du mode culpabilisation/agression alors que j'essaie de faire bien attention de m'en extraire (sans y parvenir à chaque fois...)





Décompression


Jeudi 27 novembre


Quelques jours sans écriture. Sans même avoir mis en ligne le texte précédent. Cette fois ce n'était pas à cause d'un blocage dans l'écriture. Non, juste un trop de boulot qui ne me laisse que très peu de temps disponible dans la journée, et des soirées au rythme très ralenti (fatigue) qui ne me permettent pas de réfléchir. Aussi, je crois, un moment de décompression après ce que j'ai vécu la semaine précédente.
Hmmm, il se peut enfin que cela se soit combiné avec une certaine lassitude de raconter en direct quelque chose de finalement plutôt intime. Pas mon intimité, mais celle de mon couple.

D'ailleurs, j'ai parfois des scrupules à dévoiler ce genre de choses ici. Notamment lorsque je parle de Charlotte. Et d'autant plus que je le fais souvent pour exprimer des manques et frustrations que je ressens avec elle... mais omettant de préciser les manques et frustrations qu'elle ressent avec moi [ben oui hein, je raconte mes soucis, pas les siens...]. Et puis bon... si je vis avec Charlotte, c'est quand même que je lui trouve des bons cotés. Et si je dis que je l'aime, c'est qu'il existe un peu plus que seulement des "bons cotés".







Donner sans contraintes



Vendredi 28 novembre


Trop crevé hier soir pour écrire. Et puis pas d'inspiration. Alors j'ai tout fermé et je suis allé me coucher. Bon... je le mets en ligne quand même, parce que, comme je l'ai souvent écrit, ce journal n'est pas oeuvre qui se voudrait *littéraire*, ni même peaufiné. C'est du vécu brut [bon, un peu amélioré quand même...] duquel je ne retranche pas [ou du moins que rarement...] ce qui a été écrit.


Séance psy 3.16

Une fois de plus j'y suis allé la tête vide. Mais alors vraiment très très vide. Je me demandais bien ce qui allait pouvoir sortir. J'ai commencé en disant «Je ne sais plus où j'en étais au dernier épisode» [pensez-donc, ça change si vite d'un jour à l'autre...]. Mme psy m'a rappelé que j'avais parlé de l'ultimatum de Charlotte. Bon, je l'ai mise au courant des derniers développements: Charlotte repousse sa décision jusqu'à l'issue de la thérapie de couple que nous allons entreprendre (ah voui, je vous avais pas dit [commer si ça vous passionnait de suivre ma vie...] que c'était maintenant officiel, avec rendez-vous dans une quinzaine de jours).


Ce qui est sorti aujourd'hui:
Notre détermination à chacun semble égale: nous espérons [et on devrait pas!] que l'autre changera d'avis. Accord total sur cette opposition, donc (ou opposition totale sur ce point d'accord, si vous préférez). En revanche, nous avons un gros point d'accord puisque tous les deux nous souhaitons que notre couple dure. Enfin... que notre relation dure (de ma part) puisque peut-être que la vie en couple cohabitant sera peut-être remise en question.

Je suis par ailleurs lucide sur le fait que ce que je vis avec nathalie n'est pas ancré dans le quotidien. Nous choisissons les moments où nous nous rencontrons, lorsque nous sommes disponibles pour l'autre. Conjonction de moments désirés par chacun, forcément propices pour que tout se passe bien et soit agréable.

Mais je vis très bien cette situation [vu de mon coté personnel à moi, sans tenir compte de ce que vivent chacune de mes partenaires]. Une femme (épouse) avec qui je partage le quotidien, comme je l'ai toujours fait, dans une relation attentive, écoutante, solidaire... mais pas forcément extatique sur le plan des sentiments et des émotions.
Une femme (amie) avec qui je partage des moments choisis, en toute liberté, ce qui permet aux sentiments et émotions de rester intacts, sans le poids des obligations qu'entraine une vie en commun.

La situation est confortable, c'est certain... à condition qu'elle soit acceptée par mes deux euh... conjointes... euh... coéquipières... euh... mes deux amours. On pourrait trouver ça "macho", mais je ne le vois pas du tout de cette façon. C'est pour moi une diversité qui permet à chaque forme de relation de s'enrichir des particularités de l'autre relation. Je suis beaucoup plus attentif à ce qui se passe avec Charlotte depuis que je vis des sensations inconnues avec nathalie. Et je pense avoir importé dans ma relation avec nathalie certaines caractéristiques de ma relation avc Charlotte. Notamment la pondération, la patience, la réflexion... toutes choses qui m'ont empêché de tomber dans le piège de la passion amoureuse.
Car je ne vis pas un amour passionné. Je vis un amour plein. 

Mais je digresse... 
Ce n'est pas vers ces réflexions que mes pensées m'ont porté.
J'ai évoqué le fait que cette "expérience" in-vivo de relation parallèle était quelque chose dont j'étais très sûr. Je me sens déterminé et convaincu de vivre la bonne chose au bon moment avec la bonne personne. C'est mon chemin, et je le prends (presque) sans hésitation...
Sauf que parfois je me mets à douter [sainement] de ces si sûres convictions: et si je me mentais? Tout comme je me suis leurré pendant des années en croyant vraiment aimer Charlotte. Et si tout ce que je défends avec conviction, ici ou sur un forum consacré à ce sujet, n'était que la projection de mes désirs? De fantasmes d'amours pluriels? De plaisir à sortir de la norme? De simple attrait pour l'inconnu? De tentation de repartir à neuf? D'appel vers l'aventure? De jouissance à transgresser la morale?
Parfois il devient difficile de savoir à quel niveau de conscience se situent les véritables motivations. Lorsque plusieurs "moi" parlent simultanément, lequel est le bon?

Je me vois transformé sans le vouloir en chantre du polyamour, écouté avec attention par ceux que le sujet intéresse [voire même apprécié, remercié... hmm, merci]... mais me demandant parfois si je ne suis pas un usurpateur. Si moi-même je ne me fais pas prendre dans un piège d'autopersuation. C'est à ne plus savoir qui je suis.

Alors, pour y voir clair, j'ai énuméré mes certitudes à madame psy: je ne veux pas me sentir prisonnier en amour. Je ne veux pas de l'amour-devoir, de l'amour-sacrifice, de l'amour-don obligatoire. Je veux l'amour qui donne librement, et qui ne demande pas. Je veux le don spontané, avec plaisir, qui procure du bonheur. Je veux le partage de bonheur. Je ne veux plus des concessions qui coûtent. Je ne veux pas me sentir obligé de faire quelque chose parce que l'autre le désire ou le demande.

Pour moi tout cela tue l'amour-amoureux.


Je suis allé un peu plus loin... en fait, je n'accepte pas tout ce qui devient contrainte. Je suis résolument réfractaire à tout ce qui serait "obligatoire" (et la culpabilité de mal faire ou de ne pas être aimé crée parfois cette obligation). Je ne supporte pas d'être obligé de faire quelque chose. Avec Charlotte, bien souvent je m'efforcais de lui faire plaisir, prenant sur moi ce sacrifice que cela me demandait... Et puis bien souvent, suite à n'importe quel imprévu, il fallait que je donne davantage (de temps, de disponibilité, etc...) et alors là ça éclatait: reproches, rebellion, ras-le -bol. J'avait été trop près de ma limite, in extremis, et tout dépassement me devenait intolérable. Combien de disputes à cause de ça...

C'est pas bon tout ça... C'est pas un bon mode de fonctionnement.

En fait, je suis un doux, un calme, un gentil, un obéissant... mais parfois ça n'est qu'une façade. En moi, bien souvent, ça hurle la révolte sous un aspect de petit garçon (devenu grand) bien sage. Je résiste avec une force incroyable face à ce qui ne me convient pas. Je dis oui... mais je fais non. Je déteste tout ce qui est règles, obligations, autorité, hiérarchie... si elles me semblent inutiles (en revanche je suis scru-pu-leu-se-ment celles qui me semblent utiles pour le bien de tous). Si je sens la moindre faille je m'y engouffre et entre en résistance. Tout cela de manière inconsciente, évidemment. Du moins... ce fût longtemps inconscient. Maintenant je sais mieux entendre cette voix intérieure qui aspire à la liberté d'être.

Lorsque je suis entré dans le système scolaire désindividualisé et hiérarchisé (collège), il parait que j'ai fait un «blocage psychologique» (dixit mon premier psychologue...). Devenu subitement résolument fermé à l'apprentissage, notamment des matières les plus strictes (maths, grammaire, ou tout ce qui suit des règles à apprendre par coeur). C'était même pas la peine d'essayer, rien ne rentrait. Et pourtant, le petit garçon bien sage faisait tout ce qu'il pouvait pour apprendre, être obéissant, être apprécié. Mais une part de lui disait «je me fous d'apprendre ces choses là, ça ne m'interesse pas parce qu'elles me sont inutiles et je ne les apprendrai jamais». Et cette part là a gagné. J'ai quand même réussi à m'en sortir, mais à ma façon, parce que je le décidais, et non pas parce qu'un système scolaire décidait pour moi quelles étaient les matières importantes [fuck le système scolaire!].

Plus tard, lorsque j'étais salarié, je faisais ce qu'on me disait... à condition que j'en comprenne les finalités, et que je sois d'accord avec elles. Sinon... résistance! J'orientais les choses pour qu'elles aillent dans le sens qui me semblait bon. Ou bien je me défilais pour ne pas faire les boulots qui ne me plaisaient pas. Je peux être très bosseur, persévérant, efficace, donner beaucoup de moi... à une condition: que ça me plaise. Que je comprenne les buts et les approuve.
Finalement j'ai quitté mes patrons et je me suis mis à travailer seul. Libre et autonome (et faut pas que mes clients soient trop chiants, sinon je laisse traîner jusqu'à ce qu'ils abandonnent... ou m'engueulent).

Mouais, pas vraiment un comportement "adulte", "responsable", "réaliste", selon les critères de pas mal de gens. «Dans la vie on fait pas ce qu'on veut»... mouais... je sais pas... à discuter. Faut voir ce qui est indispensable.


Doooonc, tout ça pour dire qu'avec Charlotte je ne sais pas faire ce qui ne me plaît pas, ou que je ne sens pas nécessaire [selon mes critères]. Et que j'ai de moins en moins envie de me "sacrifier" pour lui faire plaisir. J'ai envie de lui faire plaisir... parce que ça me fera plaisir. Pas parce que je "dois" le faire. Et plus je l'aimerai, plus j'aurais envie de lui faire plaisir. Et pour que je je l'aime beaucoup... ben faut qu'elle soit au plus près de mes besoins (d'échange, de confiance, de recherche personnelle, etc.).

Non non, c'est pas égoïste de dire ça. C'est juste la réalité de la naissance des sentiments. C'est dans ce don mutuel, cette correspondance des besoins réciproques, que s'épanouit l'amour. [faudrait que j'approfondisse tout ça une autre fois...]


A force de réfléchir à la situation dans tous les sens, d'hésiter, tâtonner, être contredit ou approuvé, je sens que je me forge une solidité. Que je parviens à croire en moi. Parfois je ressens une grande sérénité intérieure, une force qui me permet de m'affirmer sans hésitation. C'est quelque chose d'assez nouveau pour moi. Auparavant ça restait intérieur (et encore auparavant je me sentais lamentablement nul). Maintenant je me vois capable de dire ce que je pense, même si parfois on me désapprouve ou me rejette.
Oh, je suis toujours un peu atteint (ce qui fait vaciller mes convictions), lorsqu'on juge le "vilain petit garçon" qui s'écarte du bon chemin, mais ça pénètre assez peu en moi. En quelques jours la blessure cicatrise.
Par exemple je sais que des gens qui me lisaient et semblaient m'apprécier (petit garçon sage?) ont cessé de suivre mes errements (de grand garçon "pas sage"?). Et bien tant pis, ça ne m'aura pas empêché longtemps de poursuivre ma route. Ce genre de tentative de "contrainte" [rentre dans le rang!] ne pouvait pas fonctionner avec mon caractère finalement libre, et euh... (gentiment) rebelle-indépendant [ourfff! c'est moi ça???].


Autour du regard des autres [outre le plaisir tout particulier que j'ai ressenti en lisant beaucoup de ses mots], j'ai bien apprécié ce texte de... l'Incrédule qui indique le poids parfois bien lourd du regard d'autrui sur nos écrits.



«Cette démarche est bien étrange parfois... c'est une écriture pour se sortir de l'ombre... mais on devient facilement incommodé quand on nous remarque. Pas évident de rétablir la situation par la suite. Et pas facile de faire complètement abstraction de tout cela. Je suis sans doute devenue un peu plus farouche depuis ce temps. Et je manifeste une forme de détachement... d'éloignement.»

Apologies inutiles et petites lubies sans façon (27/11/2003)



Double langage



Samedi 29 novembre


J'aime bien constater de quelle façon se mettent en place les éléments lorsqu'ils sont prêts à sortir au grand jour. Comment, quand est venu le moment, les yeux s'ouvrent tout d'un coup devant ce qui semble alors évidence. Voyez plutôt. 

Il y a quelques temps, j'ai reçu un mail dont le passage suivant m'avait interpellé: «En prétendant que vous parlez sincèrement avec les autres sur internet vous n'avez pas émis le doute que ce était (un peu ) une fuite de votre ennui familial et conjugal, vous allez les reveiller brusquement. Pensez au film "Marie Jo".
Vous vous pretendez sincère et cachez votre vie, vos sentiments. La sincérité que vous voulez atteindre n'est que personnelle. Bonne chance à vous, lorsque Charlotte lira votre journal. D'autant plus qu'elle ne comprend pas pourquoi vous le cacheriez, votre journal tant sincère.
» Assez bien vu, non? Ben oui, je veux des rapports sincères et de confiance... et finalement j'y dérogeais sans m'en rendre compte. Oh, il y avait des raisons à cela, puisque ma sincérité initiale s'est peu à peu enveloppée de parts d'ombre lorsque je constatais qu'elle déstabilisait Charlotte. Pour la "protéger" je suis devenu un peu moins sincère, gardant pour moi une part de mes pensées les plus "dérangeantes". Ça ne partait pas d'un souhait de dissimuler, mais d'une intention louable [l'enfer est pavé de bonnes intentions...]. C'était pourtant une erreur. On ne fait pas disparaître une pensée en la cachant.
Cette remarque pertinente m'a trotté dans la tête. Il y avait incohérence entre le pacte de sincérité-confiance que je vivais avec nathalie, correspondant au type de rapport que je souhaite et prône, et le manque que je ressens à ne pas avoir un rapport de même nature avec Charlotte.

Mais, et c'est là que le phénomène de mise en évidence montre qu'il a un coté inéluctable, il y a eu une suite. Il y a quelques jours, Charlotte m'a dit que j'avais un double langage. Bigre!?? Comment est-ce possible? Pourtant je lui dis le maximum de ce qu'elle peut entendre [euh... que je décide pour elle en fait...]. Il s'est passé qu'elle a voulu parcourir le forum auquel je participe et n'a pas pu s'empêcher de lire certaines de mes contributions. J'y ai effectivement des propos... euh... sincères, n'imaginant pas qu'elle les lirait un jour. Sans fioritures, sans "protéger" sa sensibilité. Pour elle ce fut assez difficile à lire, et je la comprends. En a suivi une discussion âpre, au cours de laquelle elle m'a demandé de ne plus la "protéger". Et tant pis si elle devait réagir à sa façon (parfois assez agressive, ce que je supporte mal... et dont sans doute je voulais me protéger à mon tour). En fait, en voulant la protéger je me protège aussi de la culpabilité de la rendre malheureuse... [pfouuu, mais c'est bien compliqué quand on cherche à comprendre toutes les ficelles qui se tirent...]


Mais c'est pas tout! Un peu plus tôt c'est nathalie qui me faisait passer de façon quasi subliminale le message suivant: «Et alors, quand il n'y aura plus tout ces mais, je saurai que les conditions nous seront favorables». Tiens oui, j'avais jamais remarqué que mes oui étaient bien souvent atténués par une part de "non" qui en diminuait grandement la force.
Hop... la petite idée continuait son cheminement.

Et hier, c'est Charlotte, pour qui la remarque de nathalie avait beaucoup de sens, qui me la ressort de façon assez semblable: «Je ne veux plus de "oui mais". C'est oui, ou c'est non». Heuhhh... ben vi, elles ont raison! [ouais, bon d'accord... je bats ma coulpe et me fouette jusqu'au sang..]. Faut que je sache ce que je veux, que je cesse de vouloir ménager toutes les éventualités, que je cesse de penser à la fois à l'autre et à moi.

Enfin, alors que croulant sous le poids de l'évidence et d'une fraîche lucidité j'avais prévu d'écrire ici à ce sujet, un dernier doigt (de lecteur) vient tout juste d'appuyer sur ce point noir devenu purulent: «Et si, au vu du modèle "à la con" du couple parental, du père tyran-dépendant, ce n'est qu'aujourd'hui que, apprenant à savoir qui tu es, tu commençais par dire NON, ce que font les ados pour grandir...»

Ok, ok, je me rends.

Mouais, tout ça était en germe lorsque je disais que je devais m'écouter, que je devais respecter mon intégrité, ou être fidèle à moi-même... Tsss, je ne cherchais à l'appliquer que face à la situation très complexe du choix [liberté d'être ou renoncement], sans réaliser que c'est toute ma vie qui doit suivre ce principe. Être moi-même, ce n'est pas seulement chercher à m'écouter dans des circonstances particulièrement délicates, mais c'est m'écouter tous les jours. C'est m'affirmer en tant qu'individu. Que ce soit face à des inconnus ou à coté des personnes que j'aime.
Elle est là la solution [faut ben être aveugle pour pas l'avoir compris avant, hein?]. Tout se mettait en place depuis un moment, mais j'avais pas pigé le lien entre chaque pièce du puzzle.

Être soi, c'est savoir dire non. De vrais non, fermes et sans hésitation, afin que les oui soient de vrais oui. Ne pas craindre de déplaire en étant... celui que je suis. C'est aussi ça la sincérité, et la transparence.
[ouille, mais c'est vachement insécurisant ça! Et si je déplais au point qu'on me laisse tout seul? Bouhouuu, je suis perdu tout seul, ne m'abandonnez pas à mon triste sort...]

[abruti, on peut aussi t'apprécier pour ce que tu es]

Il est vrai que mon indécision, mes atermoiements, mes tentatives d'adoucir, d'arrondir... au point qu'on ne sait plus fraiment ce que je pense (et moi-même le sais-je?)... ça agace.
Boooon, et ben y'a du boulot! Va falloir agir sérieusement pour sortir de ce mode de fonctionnement hésitant. Va falloir... ben... oser être moi.


Gloups...



Et dire qu'hier j'écrivais: «Je ne veux pas me sentir obligé de faire quelque chose parce que l'autre le désire ou le demande.»

Et puis «Je résiste avec une force incroyable face à ce qui ne me convient pas. Je dis oui... mais je fais non.»

Eh ben... c'est long pour que ça me rentre dans le crâne! Mais ça rentre, ça rentre... Je vais bien finir par y arriver.







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Mois de décembre 2003