Mois de juillet 2000


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8 juillet 2000

 

 

Ouh la la! Et si ce site est lu?

Hier soir je parcourais les sites de quelques journaux intimes sur internet. J'étais sur le site de multimania et j'ai tapé le mot "diariste". Jusqu'à maintenant il y avait "zéro réponse". Pour je ne sais quelle raison, ce site que vous êtes en train de lire (mis en ligne en février) n'était jamais apparu. Ce qui fait que j'avais laissé tomber son suivi. D'un certain coté, ça ne me dérangeait pas vraiment... Parce que je mesurais parfois la gène qu'il y avait à s'exposer ainsi au regard d'autrui, je me disais que j'aurais bien le temps, si l'envie devenait trop forte, de tenter l'expérience.

Et là, tout d'un coup, je m'aperçois que si mon site est répertorié, il se peut trés bien que j'ai des lecteurs. Bigre! Il va falloir que je me montre à la hauteur de l'enjeu! Quel enjeu au fait? Ben... je sais pas trop. Pour le moment c'est une envie de diffuser mes écrits, puis de voir si je suis lu, et éventuellement savoir ce qu'en pensent lesdits lecteurs.

Pas de bol, je ne parviens pas à mettre de compteur, ce qui fait que je n'ai aucun moyen de savoir si des yeux étrangers parcourent ces lignes.

Et puis tout d'un coup je me dis qu'il faut absolument que j'améliore la présentation. C'est vraiment pas folichon comme c'est actuellement (jaune sur fond bleu marine: précision au cas ou je change un jour).

 

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Bon, et si je rentrais dans le vif du sujet maintenant?

Parce qu'il s'en passe des choses dans ma vie (euh... qui ne changeront rien à la face du monde, j'en conviens). Il est possible que, peu à peu, je ferai un "flash back", dans le genre de ma page "génèse", pour expliquer plus clairement les motivations qui m'ont mené à vouloir écrire au sujet des "Cyber-relations" (un peu nul comme mot...).

En ce moment, je suis en période boulimique de ce genre de relations. Mais déjà, elles se modifient: presque plus de "Chat", par contre des échanges par email assez impressionnants (jusqu'a 7 pages par message!), ainsi qu'une forte participation au forum de discussion d'un hebdomadaire.

Je fais mes expériences, je me brûle parfois un peu les ailes, mais je reviens toujours, comme ces papillons de nuit attirés par la lumière. Plus délicat, c'est parfois mes interlocurtices qui se brûlent... et je sais que je n'y suis pas pour rien. Ca me pose des problèmes de conscience.

Parce que mes pérégrinations virtuelles m'on fait nouer des relations fortes. Sans doute plus fortes que je ne le souhaitais, et qu'il faut donc que ces personnes admettent que je ne veux pas aller trop loin. Je n'ai pas la disponibilité d'esprit suffisante pour des contacts forts trop proches dans le temps.

Si avec Inès nous avons eu pendant des mois des contacts quotidiens sur le Chat, complétés par des mails dans la journée, je ne peux plus garder ce rythme. Désormais c'est plutôt un mail tous les deux ou trois jours, un ou deux coup de fil par semaine et... une soirée chat tous les dix jours. Forcément, il a fallu que Inès s'adapte à mes exigences. Comme moi d'ailleurs, en faisant un effort pour ne pas la laisser trop longtemps sans nouvelles.

Il lui a fallu aussi accepter de me "partager" avec d'autres interlocutrices... Parce que ma sincérité ne m'a pas permis de lui cacher que je correspondais avec Kathryn, elle aussi découverte sur le même Chat. Avec Kathryn, ce n'est pas du même ordre (pas de sentiment amoureux), mais trés intense quand même. C'est avec elle que nous avons des échanges de mails de plusieurs pages.

Désormais s'ajoute aussi Anne, rencontrée sur le forum de Télérama, et que j'ai "initiée" au chat. Nos contacts sont épisodiques, et nos mails encore espacés. Mais c'est évidemment encore une partie de mon temps que je lui consacre, qui n'est plus disponible pour Inès.

Sans compter des "rencontres" inattendues, comme celle que j'ai faite avec le journal de l'Incrédule. Je me suis senti tellement proche de cette Québecoise, que je n'ai pu résister à l'envie de lui écrire. Fort gentiment elle m'a répondu longuement, avec des mots qui m'ont fait trés plaisir.

Et encore une soirée que je n'ai pas passée avec Inès...

Hum, ni avec Charlotte d'ailleurs! Pas facile à gérér toutes ces relations. Moi qui regrettais de ne pas avoir de contacts avec les gens, je crois que je me suis bien rattrapé maintenant. Bon, quelques esprits chagrins et un peu fermés trouveront que je ferais mieux de passer mes soirées avec ma femme plutôt que de batifoler "virtuellement" avec d'autres femmes. Mais ça ne se passe pas comme ça. Charlotte s'est toujours couchée avant moi, internet ou pas. Avant, soit je travaillais jusque vers minuit, soit je lisais, ou écrivais. Encore avant, je regardais parfois la télé: intéressant si possible, et sinon, ce qu'il y avait.

Donc, à part un décalage du coucher vers les 2 ou 3 h du matin, celà n'a pas beaucoup changé nos fins de soirée.

 


12 juillet 2000

 

Je me rends compte comme il ne va pas être facile de suivre un rythme régulier. D'ailleurs, je n'y ai jamais prétendu... En fait, c'est de me dire que je vais peut-être avoir un lectorat qui m'y pousse.

Pas de bol, je ne parviens pas à installer un compteur, ce qui fait que j'ignore si une seule autre personne que moi à lu ce que j'écris. Bon, ce n'est pas grave. Pour le moment je crée le fond de ce journal, je verrais ultérieurement si je cherche à le faire connaître.

Hier soir j'avais prévu d'y écrire mes impressions, inspirées par la lecture du journal de la jeune Frannie. Mais j'ai eu la malencontreuse (?) idée d'aller faire un tour sur le Chat pour saluer un peu mes connaissances. Toutes mes correspondantes favorites étaient là! J'ai commencé à dire quelques bétises, parce que j'étais en forme. Mais Inès est arrivée... et j'ai rapidement céssé. Inès n'apprécie pas vraiment que je me divertisse sur le canal général. De plus, je savais qu'elle n'allait pas trés bien...

Notre relation est en train de prendre un tournant depuis plusieurs semaines. Nous tentons de parvenir à concilier nos attentes respectives. Elle qui souhaiterait me voir et poursuivre la relation de tendresse que nous avons connu il y a quelques mois. Et moi qui ne sait plus tellement comment faire pour ne pas la faire souffrir en ne voulant plus ce coté "tendresse". Je souhaite que nous gardions cette forte amitié qui est née entre nous, mais sans aller jusqu'à la tendresse intime.

Difficile équilibre à trouver. Nous avons chacun nos vies de couple, et il n'est pas question de les remettre en cause, pour aucun de nous. Notre relation, hormis ce qui peut se passer par internet ou le téléphone, ne peut donc être qu'épisodique. Mais là n'est pas vraiment le problème. En fait, mon problème est de faire cohabiter cette relation "tendre" avec ce que peut en penser ma femme, Charlotte.

Je dis "ma femme" ce qui prouve que je m'adresse plus à un lecteur qu'a moi même... Il n'est pas facile de passer du "vrai" jounal intime à celui-ci, ouvert à des yeux extérieurs dont je crains le jugement. Ce qui me pousse à me justifier inutilement.

Charlotte, je crois l'avoir écrit, est au courant de cette relation que j'entretiens avec Inès. Et même si elle ne sait pas exactement de quoi nous parlons, ni ce que nous avons fait lorsque nous nous sommes rencontrés, elle n'est pas totalement naïve. Un jour, elle m'a demandé quelques précisions. Je préferais ne pas lui donner de détails, mais je ne veux pas lui cacher non plus. Si elle insiste, je lui répond. Elle s'est arrétée trés vite, et ne semble pas m'en vouloir outre mesure.

Je sais qu'elle ressent une certaine jalousie, mais je comprends tout à fait cela.

Je précise (besoin de justification), que je ne me suis autorisé que ce que je lui aurais autorisé. Ce sont mes seules limites. Il faut être cohérent avec soi-même!


 

14 juillet 2000, 1h du matin

 

Je me demande si je ne vais pas finir par me prendre au jeu du journal...

J'avais commencé en écrivant que je n'interviendrais qu'occasionellement, plus comme un recueil d'impression qu'un journal. Mais de m'imaginer que je puisse être lu me pousse à maintenir un rythme relativement régulier. Ce n'est pas que j'ai peur de faire du remplissage, au contraire! J'ai tant d'idées qui se bousculent dans ma tête que je sais que je ne peux pas toutes les explorer.

Je viens de lire le début d'un texte, sur les journaux intimes en ligne, de Philippe Lejeune, appelé parfois "le pape de l'autobiographie". Il est spécialiste du sujet et a tenté de se pencher sur les journaux dits "virtuels". D'abord, comme me le disait une diariste, en ligne depuis quelques mois (c'est elle qui m'a communiqué le texte), je regrette de m'être mis si tard à tenir ce journal. J'avoue que j'aurais bien aimé faire partie de l'étude de Philippe Lejeune. Je me demande pourquoi. Certainement pour avoir un echo de ce que j'écris... peut-être aussi pour avoir mon moment de "gloire" en constatant que quelqu'un parle de moi...

Bon, j'ai à peine commencé son texte, et puis j'ai eu envie d'écrire. D'abord parce que la jubilation que je ressentais en lisant ses mots m'a poussé à exprimer ce que cela engendrait chez moi. Mais aussi parce que je ne voulais pas être influencé par ce qu'il disait. Pourtant je sais qu'en le lisant, je serais forcément influencé pour les jours suivants. Mais la vie n'est -elle pas faite d'influences permanentes?

Ce que j'ai déja compris, c'est qu'il était déstabilisé par le style d'écriture des diaristes virtuels. Lui qui lit des journaux intimes depuis des années est surpris par le ton, forcément différent puisque le diariste virtuel sait qu'il va être lu. Ce qui n'est pas le cas du journal traditionnel. Moi même qui en tiens un, parfois avec des interruptions assez longues, depuis l'age de 17 ans, je sais trés bien que je n'ai pas la même écriture dans celui-ci et dans ce que... j'allais dire dans ce que vous lisez!!!

Ce qui montre bien que je m'adresse à un lectorat! Non, rien à faire, le journal sur internet est forcément différent du journal intime.

Parfois, je me dis que je pourrais peut-être mettre en ligne mon authentique journal. mais je me demande si j'en serais capable. Même anonymement, il me semble trés difficile de livrer son intimité totale à des inconnus. Pourtant, je crois que je suis capable d'écrire avec la plus grande sincérité ici... mais une sincérité mesurée, je m'en rends bien compte!

 

***

 

Ce journal est théoriquement en ligne, mais comme je ne l'ai pas encore référencé sur des moteurs de recherche, il n'est en fait accessible que via mon hébergeur, Multimania (leurs bandeaux pub m'énervent d'ailleurs!!!). Si je ne lui donne pas une diffusion plus large (Société des diaritstes virtuels, Cercle des écrits virtuels,...), c'est que j'attends un peu pour voir si je tiens le rythme. Je sais que pas mal de journaux sont nés... puis rapidement sont morts.

Je ne sais pas comment ont procédé les autres (ce qui en soi n'a aucune importance) mais j'ai déjà lu pas mal de journaux. Je sais aussi l'existence de ces "lieux" de regroupement entre diaristes. En fait... j'ai un peu peur de chercher à m'y intégrer. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que ce que je dis soit inintéressant, ou ait déjà été dit.

Et puis sa forme ne me convient pas: les couleurs, la mise en page sont vraiment peu élaborées! Même le nom, je ne l'ai pas encore trouvé. "Idéal et réalité" sur la page d'accueil, la mention "Chrysalide" sur le cadre de navigation... et le nom de "diariste" qui ne me convient pas vraiment.

J'ai bien un pseudo qui me plait et que j'utilise sur le Chat, mais je préfère ne pas mélanger les genres! Celui que j'utilise sur le forum est encore différent. Je ne tiens pas à être découvert par des gens qui me "connaissent" par ailleurs, même si c'est sur internet. Je n'ai qu'une crainte, c'est que mon fils, qui navigue pas mal, aille faire un tour sur les sites de journaux intimes et tombe sur le mien. Je me demande s'il ne découvrirait pas qu'il s'agit de moi.


 

15 juillet 2000

 

Je viens de modifier un peu ma page d'accueil, tansférant une trop longue introduction sur la première page du journal. Du même coup, cette introduction étant non datée, je me suis permis d'y ajouter un petit paragraphe. J'explique (certainement trop longuement) pourquoi je me choisis finalement le nom de Chrysalide.

Je sais que ce nom à quelque chose de féminin... mais ça n'est pas pour me déplaire. J'assume tout à fait la part de féminité qui est en moi. Et puis on dit une chenille, et un papillon. De quel sexe est donc une chrysalide?

Je dis que j'assume cette féminité, alors que je me rends de plus en plus compte de ma masculinité! Ces hommes dont je me suis si longtemps senti éloigné, moi qui n'aime aucune violence, qui déteste les démonstrations de force, qui honnis les machos, qui n'apprécie ni le sport ni les moteurs... Au point de me demander qui j'étais, parce que bien que me sentant assez proche de la sensibilité féminine, je n'ai jamais eu de doutes sur l'attirance qu'elles exercaient sur moi!

Alors voilà, depuis peu je me suis rendu compte de l'évidence: je suis bien un homme. C'est con à dire comme ça, mais je ne le savais pas. Il a fallu que ce soit justement sur ce chapitre de la séduction que se fasse la différence. En particulier grâce au "Chat". Moi qui n'ai jamais osé draguer, qui n'ai jamais été courtisé (ou ne l'ai jamais vu?), il a fallu ce moyen de communication débarassé du coté physique pour découvrir un monde inconnu. Ce monde de la séduction que je croyais inaccessible.

Alors là j'ai senti se libérer en moi des pulsions que j'avais toujours ressenties comme "mauvaises" et refoulées aussitôt que je les percevais. J'ai osé parler de désir, de plaisir, de sexe. Et enfin je me suis senti "homme" normal. Jamais pourtant mes discussions ne se sont déroulées sans une connaissance approfondie, des opinions partagées, un grand respect mutuel dans le dialogue.

Moi qui défends le "Chat", je ne voudrais surtout pas conforter dans l'idée qu'il s'agirait d'un "36.15 sexe" amélioré!! C'est ce que je croyais au départ. Non, les dialogues que j'ai eu sont apparus avec beaucoup de respect, beaucoup de temps. Seul mon premier contact avait abordé ce sujet trop rapidement à mon goût. Et je m'empresse de préciser que, depuis, j'ai eu des centaines (et oui!) d'heures de discussions sans une seule allusion au sexe!

Au passage, je constate une fois de plus que je m'adresse à un lectorat et que je veux vite me justifier pour éviter tout jugement défavorable. Ce qui ne se fait jamais dans un journal intime secret. Je crois que ce que j'écris tiens plus du récit au jour le jour, un peu comme des lettres envoyées sans réponse attendue, que du journal. Il faut bien que je m'y fasse...

Donc... les discussions du chat m'on révélé ma masculinité. Ce que je n'ai pas précisé, c'est qu'avant de découvrir le chat, je suivais une psychothérapie depuis plus de 6 mois. Le sujet de la masculinité avait été souvent abordé. Ces contacts que j'ai eu sur le chat sont donc venus en complément de la psychothérapie et m'ont permis de "mettre en pratique" ce que je découvrais au fond de moi. Tout cela n'étant évidemment pas prémédité et je l'attribuerais volontiers au hasard. Sauf que je sais que le hasard n'en est jamais un: on est en état prédisposé à recevoir le hasard, ou à le créer.

Puisque j'évoque cette psychothérapie, je dois aussi préciser qu'elle s'est imposée lorsque je me suis senti totalement bloqué dans ma découverte personnelle. Depuis trois ans je me débattais avec le règlement d'une histoire d'amour d'adolescence qui avait laissé des traces trés marquantes dans ma vie. Spontanément j'avais alors repris l'écriture dans mon journal d'ado, abandonné depuis des années. Des pages et des pages d'écriture. Des moments de grand bonheur et des périodes de durable déprime se sont succédées. J'ai avancé tant bien que mal dans les méandres de mes contradictions, découvert des aspirations profondes, remonté à la surface autant de rancoeurs que de moments de pur bonheur. Un sacré cocktail qui a chamboulé ma vie.

C'est lorsque j'en suis arrivé au point où plus rien n'avançait que j'ai entamé la psychothérapie. En fait, tout procède de la même démarche: une remise en cause de ce qui n'avait jamais été réglé, la reprise de mon journal, la psychothérapie, l'engouement pour le chat... jusqu'a ce journal en ligne! Sans oublier les 80 pages d'une autobiographie romancée qui m'a aidé à me voir avec un oeil "extérieur" . Et avec tout ça j'ai avancé, mais avancé!!! je ne me reconnais plus, débarassé de tant de vieilles peaux, de casseroles encombrantes.

Et depuis, chaque jour j'avance. C'en est même surprenant! Comme quoi, il y a tout a gagner à se poser des questions, quitte à brasser un peu le passé, se faire un peu du mal, mais en ressortir débarassé de ces vieilles douleurs.

Ce journal en ligne, dans lequel j'évoque le passé pourrait bien devenir autant celui du présent que du passé. C'est ma façon d'avancer: regarder le passé pour aller serein vers l'avenir. Il se pourrait donc que j'intègre peu à peu des textes écrits avant le début de ce journal. C'est le cas de celui que j'ai intitulé "génèse" qui est repris de mon autobiographie (mot qui me semble un peu pompeux...) écrit fin 1999.

A ce sujet, j'intègre aujourd'hui une page intitulée "les acteurs". J'aurais pu avoir la prétention de me sentir original en le faisant... mais je sais depuis peu que d'autres diaristes font aussi cette présentation. Si mes renseignements sont exacts, je crois que c'est MöngôlO qui, le premier a utilisé cette méthode. Je la trouve intéressante et la reprends donc... D'ailleurs, on invente jamais rien, on ne fait que copier, consciemment ou non, ce que l'on a vu autre part. L'invention ne vient que de l'assemblage d'idées glanées ici et là.

***

Même jour, quelques heures plus tard

Acte symbolique aujourd'hui: je viens de donner à lire les premières années de mon journal d'ado à mon fils. Il a le même âge que celui que j'avais en l'écrivant... mais il est nettement plus mature!

Il m'avait demandé à le lire il y a quelques semaines, mais j'avais laissé un peu passer le temps. D'abord je voulais le relire, pour savoir ce que j'allais lui livrer de moi. J'ai rapidement vu que je ne pouvais lui offrir que ce qui ne faisait plus partie de moi. La partie "morte" de celui que j'étais et ne suis plus. J'ai constaté que, bien que trés anciens, certains "secrets" n'ont jamais été dévoilés. Je ne pouvais donner à lire ce qui "vivait" encore au fond de moi.

Ce n'est pas que je veuille dire que les souvenirs ne sont pas vivants. Mais ils doivent avoir été mis au passé. Si un souvenir évoque encore des questions, des doutes, je ne peux m'en libérer en le livrant. C'est à moi de régler mes histoires, sans tenter de m'en décharger sur un autre.

Ce n'est pas le même cas avec des réflexions présentes, parce que le dialogue peut aider à avancer.

Je lui donne à lire aujourd'hui... je veux faire connaitre ce site... j'ai écrit une autobiographie... Mais quel est ce besoin de me dévoiler? Moi qui suis plutôt réservé (à mon âge, on ne peut plus dire timide...), moi qui parle si peu de moi avec les gens, pourquoi ce besoin d'en dire autant? C'est certainement une réponse à la frustration engendrée par des années de silence. Certainement aussi la marque d'une certaine confiance en moi que je prends depuis peu. Mes doutes restent immenses, mais j'ose me sentir "différent" (le suis-je ?). Je n'ai plus envie de ne pas être moi-même.

 

***

Je n'ai jamais été aussi prés de m'inscrire à un cercle de diaristes virtuels...

 


  

16 juillet 2000

 

"Longtemps je me suis senti englué dans un sentiment d'insignifiance qui m'empéchait de m'épanouir. Ces choses changent et j'entrevois depuis quelques années une autre dimension que celle à laquelle je me croyais condamné. De chenille rampante, je me verrais bien devenir papillon, libre de mon passé, libre de mes idées. Qui n'y tendrait pas?

Puisqu'il me faut bien un nom, je choisis donc celui de Chrysalide "

 

Et gna gna gna... Ah ben j'ai l'air malin avec ma trouvaille de "Crysalide"! Pfffff!

En allant sur le site du Cercle des écrits virtuels, j'a vu qu'il y avait déjà une "Chrysalyde". A une lettre près, je ne peux pas prendre ce pseudo. Du coup, je trouve que mon idée était bêtasse. Et mon baratin carrément ridicule! Affligeant!

Bon, ce n'est pas trés important, je trouverai autre chose.

 

********

 

Ce matin, temps gris, je me suis connécté à nouveau sur le site d'une diariste. C'est étonnant comme on peut parfois se sentir proche de ce que ressent une autre personne. Du coup, l'envie de lui écrire m'est venue. Avec une confiance qui me surprend. Je ne la connais pas autrement que par son journal et, bien que je lui ai écrit deux fois et qu'elle m'ait répondu, je lui parle avec plus de sincérité que des amis que je connais depuis 20 ans. Amis... le mot n'est peut-être pas approprié. Depuis que je découvre comme on peut avoir des discussions approfondies grâce à internet, je constate que le monde réel permet difficilement ce type d'échanges.

J'espère que la plupart de gens peuvent avoir des contacts poussés dans le monde physique, mais pour moi qui suis assez timide, donc intimidant, c'est sur le monde dit "virtuel" que j'ai pu aller le plus loin dans l'écoute et les confidences. Je ne parle évidemment pas des échanges que j'ai avec Charlotte qui est hors concours. C'est avec elle que j'ai les discussions les plus poussés et elle me connait mieux que quiconque.

Je parle de monde "physique", parce que j'ai du mal à utiliser les mots "réel" et "virtuel". Je sais que ce sont ceux qui seront compris par tous. Mais je ne veux me résoudre à n'utiliser que le mot "virtuel" pour ces relations que l'on noue sur le net. Elles sont bel et bien réelles, autant que la personne qui correspond de l'autre coté de l'écran. J'aurais envie de les appeler "imaginaires", mais ce mot a une connotation encore plus détachée du réel.

C'est certainement le mot d"idéal" qui me semble le plus approprié. Idéal parce qu'en l'absence du physique c'est l'imaginaire qui se met en route et qui appose sur la personne en correspondance une enveloppe qui correspond à nos attentes. Je ne sais pas pour vous (voila encore que je m'adresse à un public!!), mais jamais je n'ai imaginé la personne avec qui je correspond comme étant disgracieuse à mes yeux. Pas plus que je ne l'imagine correspondant à mes attentes... disons plutôt que je ne mets pas d'image sur elle. Parce qu'en fait je sais trés bien que mon esprit "idéalise" cette personne. Il suffit que son mental me plaise pour que se mette en route une sorte d'image floue, que je ne visualise pas, mais qui n'est en aucun point dissonnante avec un certain "idéal". Je ne sais pas si c'est trés clair comme explication.

En fait, je ne m'en serais certainement pas rendu compte si une catastrophe ne s'était pas produite. C'était avec Héloise, la deuxième femme que j'ai rencontrée sur le Chat. Nous échangions depuis presque deux mois lorsque j'ai eu l'occasion d'aller à Paris. Nos échanges avaient été trés forts et je ne peux nier qu'une forte attirance étaient née entre nous. Je lui disais que c'était entre amour et amitié, mais parfois j'ai senti que ça allait un peu trop vers ce premier sentiment. Etant marié... la situation était délicate. Bref, nous avions eu trés envie de nous voir. Entretemps notre relation s'était parfois dégradée, surtout parce que je ne pouvais accéder aux désirs d'Héloise qui, elle était trés amoureuse de moi.

Cette question de l'image était revenue souvent, et je me suis rendu compte que ça comptait pas mal pour moi. Nous nous étions décrits physiquement, mais, bien qu'elle ne corresponde pas à mon "idéal féminin" (comment l'aurait-elle pu!), ça ne me génait nullement. Pas trés grande, plutôt ronde... qu'importe puisqu'elle me plaisait par ses pensées! Esprit trés ouvert, tolérant, elle était écoutante, respectueuse, ne jugeait pas... bref, quasiment parfaite. Et de surcroît, particulièrement intelligente, diplômée d'une grande école, avec un poste important... ce qui m'impressionnait.

Quelques jours avant notre rencontre, je lui parlais une nouvelle fois du fait que je craignais une réaction possible de ma part. J'idéalisais à fond, je fantasmais, et craignais le choc de l'image. Elle me proposa l'envoi d'une photo.

Ce fut un effondrement! Elle ne correspondait pas du tout, mais alors pas du tout, au type de femmes qui me plaisaient. Je n'ose dire qu'elle n'était pas trés... enfin bref. Je ne savais plus quoi penser, plus quoi dire. Tout s'écroulait tout à coup.

Le hasard fit qu'elle s'absenta pour affaires quelques jours lorsque je reçus les photos. Je mis ces jours à profit pour essayer de comprendre ce qui arrivait et surtout, comment j'allais lui dire! Ce que je ne savais pas, c'est qu'en femme d'affaires avisée, elle avait un ordinateur portable avec elle... et qu'elle m'envoyait des messages de plus en plus inquiets en ne trouvant aucune réponse. Et pour cause! Je ne regardais même pas ma boite en étant persuadé qu'on ne pouvait communiquer.

La conjonction de cet envoi de photo, qu'elle redoutait terriblement, et de l'absence de message de ma part a fait que nos retrouvailles téléphoniques ont été quelque peu... cataclysmiques.

Effectivement tout avait changé pour moi ce jour là. Il m'était devenu impossible de "fantasmer" sur une femme qui ne me plaisait pas. Je me rendis compte que le physique comptait MÊME pour une relation qui n'était pas vraiment amoureuse. Le petit jeu de séduction (mentale et imaginée) ne pouvait fonctionner que si il n'y avait pas conflit trop flagrant avec la réalité.

Finalement je l'ai quand même rencontrée, mais dans un tout autre état d'esprit. L'amitié restait intacte, mais la séduction avait disparue. Ce changement lui a été trés pénible à vivre, ce que je compris non sans une grande gène. En effet, je ne pus me percevoir autrement qu'en salaud.

Victime de ma pensée, de mes attentes, victime des images, victime de ces femmes de rêve qu'on offre à nos regards de mâles... Oui, je sais bien, je ne suis pas victime mais coupable. Et les femmes qui me liront risquent fort de ne pas apprécier du tout cet état d'esprit. Mais il est là, et je dois bien faire avec. Malgré mes regrets...

On ne domine pas si facilement son inconscient.

Mais depuis, mes rapports sur le chat on totalement changé. Je suis devenu extrêmement méfiant sur ce "jeu" de séduction mutuelle. Et je m'empresse de raconter cet épisode désastreux. Au moins, je ne cache rien de ce qui peut arriver. Cela n'a pas empêché qu'une nouvelle séduction apparaisse, malgré toutes mes précautions. Mais c'est une autre histoire...

Avec Héloise, notre relation a cessé deux mois plus tard. Nos tentatives de conciliation entre amitié d'un coté, amour de l'autre, on fini par devenir inutiles. La violence des mots est apparue chez celle qui se sentait trahie, bléssée, humiliée. Nous allions droit vers une situation destructrice pour notre sensibilité. Nos émotions étaient trop sollicitées. J'ai décidé de mettre un terme à cette relation.

Nous nous étions engagés à cesser dès que l'un ne voudrait plus. Héloise à tenu parole. Cela fait six mois que nous n'avons plus eu le moindre contact.

 


17 juillet 2000

 

Petit malaise cette journée en pensant à la mise à jour. Hier, j'ai dit des choses qui peuvent donner une bien mauvaise opinion de moi. Et je n'aime pas sentir que l'on ne m'apprécie pas.

Tout ça parce que j'ai parlé de ce rapport à l'image qui est important dans mes relations avec les femmes. Je ne voudrais pas être comme ça, mais je le suis. Il faut donc bien que je m'accepte comme ça . Et ne pas en parler n'y changerait rien.

Le seul point positif de ce déballage est que je suis sincère et ne cache pas mes pensées...

Je dois préciser que j'ai évoqué ce problème parce qu'il se pose sous un angle nouveau avec internet. Auparavant je pouvais être attiré par une femme selon le coté physique. Se mettait alors en route un mécanisme de tentatives (invisibles et donc inopérantes) de séduction de ma part. Et plus la personne en question avait ce je ne sais quoi qu'on appelle "charme", et plus je pensais à ça. Il va sans dire que ma timidité, causée par des doutes gigantesques sur mon pouvoir de séduction au sens le plus large (celui de plaire, d'être apprécié par quiconque), ne m'a jamais permis de franchir la barrière des regards... Parfois, si cette jeune femme était assez sociable et venait vers moi, un dialogue à pu s'établir... et mon trouble augmenter.

Bon, mais tout cela s'est fait APRES attirance physique.

Il en est tout autrement sur internet, puisque la séduction (au sens large) se fait sur le mental. C'est le passage au physique qui peut poser ultérieurement des problèmes. Dèja la voix au téléphone est un passage à une nouvelle intimité. Mais qui ne fait que perturber un peu plus l'idéalisation du personnage. Timbre envoûtant qui exacerbe l'attirance naissante...

Je précise que je pourrais presque dire que je n'attache aucune importance au physique. C'est bien évidemment l'intérieur qui compte, et uniquement ça. Bon, ça c'est pour le coté conscient, autrement dit: la théorie.

Coté inconscient, ça ne se passe pas du tout de la même façon. Lui il a des envies, il ressent des pulsions, des désirs, et il se moque bien de la morale du conscient. L'inconscient c'est lui qui à envie de "mettre la main au cul" d'une femme particulièrement bien moulée dans un jeans... lui qui voudrait se jeter sur ces seins si délicieusement soulignés par un décolleté ou un T-shirt moulant.

Mais ça n'est pas possible. On ne se jette pas bestialement, instictivement sur ce qui n'est presque plus femme, mais femelle. Horreur des propos que je tiens... (vais-je oser les mettre en ligne? au bout d'une semaine de journal, ça part un peu fort!!). Non, on est des gens civilisés et on a appris à dominer son inconscient archaique (le "ça" des psychiatres, non?).

Tout ça pour dire qu'il existe au fond de nous des choses qui nous échappent. Et si j'attache de l'importance au physique "contre mon gré", c'est probablement aussi parce que ce que je cherche en ce moment en a besoin. Je suis marié et heureux en couple, bien! Pourquoi alors discuter sur Chat pendant des heures? Pourquoi toujours avec des femmes?

Je sais d'autre part que, malgré moi, j'idéalise ces personnes avec qui je discute. Je sais que s'éxerce un jeu de séduction qui est loin de me déplaire (même si désormais je l'évite).

La conclusion est évidente (il m'a fallu un moment pour le comprendre et l'accepter): j'ai envie de séduire une femme qui me plait, une trés belle femme, une femme "idéale" (mais pourquoi est-ce que je raconte tout ça moi?). Je sais, ou crois savoir, d'ou me vient cette quète. Elle vient de loin, au minimum de mon adolescence. Vestige d'un amour non partagé que je portais à la si belle Laura. Laura que je n'ai pas su intéresser...

Bon, il faudra bien que je la raconte cette histoire avec Laura. Elle est la cause d'une remise en question trés profonde survenue il y a cinq ans. Laura à conditionné mon existence sentimentale pendant vingt ans. Enfin, elle... non, c'est moi qui me suis conditionné d'aprés ce que j'avais vécu avec (ou plutôt sans) Laura.

Il est peut-être regrettable que je n'ai pas eu ce journal en ligne lorsque j'étais perdu dans des questionnements incessants. Mes lecteurs (éventuels) auraient pu suivre en direct mes péripéties, mes pauvres audaces, et mes atermoiements... En fait, je crois qu'a ce moment là je n'aurais pas pu en parler. C'est mon journal papier qui était redevenu mon confident.

 

*****

Tout cela n'était pas le sujet dont je voulais parler en commençant. Tant mieux, ma pensée à suivi librement son chemin.

Je voulais parler des sensations que je vis en lisant le journal de... hmmm, mieux vaux ne pas le répéter. C'est fou ce que je peux ressentir les mêmes choses qu'elle. Pas tout, évidemment, mais beaucoup d'éléments importants. D'ailleurs je m'en suis ouvert à elle... et j'ai un peu regretté tant de familiarité.

Toujours la même chose!! Ses pensées me plaisent et... voila que je me mets à ressentir une sorte d'attirance! C'est stupide, je le sais, mais c'est comme ça. (je sais trés bien que je ne devrais pas dire ça, surtout que je lui ai donné l'adresse de mon site, mais tant pis, j'assume mes atttirances. Enfin... j'essaie). De toutes façons, ce genre d'attirance, je le ressens souvent. A chaque fois qu'une femme me plait physiquement, alors pourquoi pas lorsque des idées me plaisent? Et puis c'est une chose normale. Ce qui l'est moins c'est d'en parler comme je le fais...

Bah! c'est un journal intime alors... personne ne le saura ;o))

Parfois je me dis que je suis un peu félé de mettre mes pensées sous le regard des autres. Je me demande pourquoi je prends ce risque. Soif de sincérité? Envie de confiance?

Et si je me fais agresser pour mes propos qui peuvent paraître macho? Je sais que je tenterais de me défendre, de me justifier... et que ce sera peine perdue. Alors je me sentirais mal, j'en serais blessé.

Envie de connaître les limites de la sincérité...


 

20 juillet 2000

 

Il ne m'est pas toujours possible d'écrire sur ce site. Le travail ou la vie de famille, les rencontres avec des amis, ne me laissent pas toujours ce moment de liberté dont j'ai besoin.

Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque. Surtout après ce que j'ai écrit la dernière fois! Je crois que je suis allé un peu loin dans mes confidences. Certaines des phrases que j'ai écrites me tournent dans la tête et, si je ne m'étais pas donné comme règle de ne rien effacer, j'aurais volontiers modifié mes propos.

"Envie de leur mette la main au cul...". Je me demande encore ce qui m'a pris d'écrire des choses pareilles! Ce sont des idées que je n'ai pu aborder que trés récemment dans mon journal "authentique" (version papier et non déstiné à la lecture). Et voila que je me permets de livrer ça sur le web!

Dans un sens, ça veut dire que j'accepte d'écouter et de formuler mes pensées. C'est donc positif. D'un autre coté je me pose des questions sur ce coté "exhibitioniste" tant décrié. Mais je crois que si je parle de mes attirances féminines en sachant que je serais lu, ce n'est pas pour me vanter (de quoi? de quels exploits?), mais pour me prouver que je suis capable de les énoncer.

Les gens sûr d'eux, qui n'ont jamais douté de leur potentiel de séduction, ne pourront évidemment pas me comprendre. Ces pauvres phrases qui me tourmentent sont bien anodines. Mais je ne les avais pourtant jamais prononcées. En fait, ce qui me gène, c'est la crainte d'être jugé comme naïf par les hommes, et comme étant vulgaire par les femmes.

La nuit qui a suivi ce que j'ai écrit, j'ai fait un cauchemar: ma femme découvrait ce journal en ligne, en fait elle découvrait tous mes "secrets" et pensées intimes. Je me suis réveillé vraiment mal à l'aise. Ce qui me prouve, s'il en était besoin, que j'ai fait un excercice de mise à nu un peu trop précoce.

 

L'autre sujet qui m'a fortement brassé depuis deux jours, est d'avoir déclaré ici, en "direct live" un soupçon d'attirance pour une diariste. Et, comble du pire, en sachant qu'elle pouvait éventuellement le lire. Mais, là encore, qu'est-ce qui m'est passé par la tête ce jour là? Pourquoi écrire ici des éléments de ma vie qui devraient rester cachés? Le chemin entre journal intime et journal en ligne n'est pas si clair. Je passe de l'un à l'autre, tantôt en oubliant mon lectorat, tantôt en m'adressant directement à lui. Je pense que c'est une question de réglages et que je trouverais vite la voie qui me convient.

 

*****

 

Puisque je suis dans le chapitre du journal intime, je vais dire un peu quelle est ma pratique de ce sport (là je parle à mon lectorat, puisque moi-même je n'ai pas à me décrire ce que j'ai fait)

Mon premier journal, un recueil de mes activités quotidiennes, ne présentait pas beaucoup d'interêt. J'avais 13 ans et je ne l'ai tenu que quelques mois. Une deuxième tentative un an plus tard me permis d'aller un peu plus loin, mais la pauvreté de ce que je peux relire me sidère. Etais-je à ce point immature pour ne pas me poser plus de question?

Mon journal véritable est né un an aprés la rencontre avec Laura. J'avais presque 16 ans. Devenu fou amoureux et ne sachant à qui en parler, je m'étais spontanément tourné vers l'écriture. Il fallait que ce trop plein d'émotions se libère. Mais en fait, je n'ai écrit qu'une quinzaine de pages sur quatre ans. Mon rythme n'étais pas effréné!

C'est ma rencontre avec Charlotte qui a vraiment libéré mon l'écriture. En quelques mois je noircissai une centaines de pages. Mais cette frénésie fût de courte durée: quelques mois aprés que Charlotte ait accepté mes avances, je cessai mes écrits. Puisque le dialogue me permettait de livrer mes pensées, l'écriture n'avait plus lieu d'être.

Je n'eus que quelques épisodes de reprise de mon journal. Les plus marquants étant ce jour où, tombé subitement amoureux, j'ai failli suivre une femme avec qui j'avais eu des dialogues intéressants. Et le jour ou j'ai vu passer à quelques mètres de moi Laura, cinq ans après l'avoir perdue de vue.

Si je n'ai rien caché de ces épisodes à Charlotte, je ne pouvais quand même pas tout à fait librement exposer les sensations que cela m'avait procuré. C'est pour cette raison que mon journal avait repris temporairement du service. Ce sont les seuls souvenirs écrits qui se soient infiltrés dans un sommeil total qui dura 8 ans.

Le grand retour de l'écriture, avec une dimension vraiment introspective, analytique, date de 1995. C'est un tournant dans ma vie qui marque la volonté de prendre mes problèmes à la racine. Une remise en cause profonde nécessitant de fouiller dans le passé pour trouver l'origine des maux. En vrac: sentiment d'insignifiance aux yeux des autres, relations de dépendance vis à vis de mes parents, souvenirs d'enfance douloureux, découverte de causes toujours antérieures à ce que je croyais savoir, acceptation du fait d'avoir souffert... tout a été remonté à la surface.

Mais ce qui a mobilisé mon énergie pendant quatre ans, qui m'a fait écrire des centaines de pages (en continuité logique de ce journal abandonné), c'est la suite (et la fin) de la non-histoire que je n'ai jamais achevée, avec Laura. Mes mots sont confus, je m'en rends bien compte, mais comment qualifier une relation amoureuse à sens unique qui n'a jamais été déclarée, tout en étant sue, et qui s'est diluée sans jamais s'achever?

Bon, je sais, en me lisant vous n'y comprenez certainement rien. Patience... je vous la raconterais bien cette histoire!

 

*****

 

Tiens, juste pour vous permettre un peu de me situer (je ne raconte que trés peu mes activités). Aujourd'hui j'ai passé ma journée à faire les foins sur mon terrain (fauche tardive). Sur le tracteur, j'ai aidé mon voisin agriculteur en andainant le foin (mise en lignes pour le ramassage), puis en chargeant ensuite une charette à la fourche, à "l'ancienne". Les agriculteurs n'utilisent plus ces bottes de foin rectangulaires, préferant les grosses "balles" rondes de 150 kg. Mais les possesseurs de chevaux, souvent des néo-ruraux (ou "rurbains", préfèrent les petites bottes.

Voila quelques précisions agricoles, bien éloignées de celles des citadins...


 

21 juillet 2000

 

Je viens de changer les couleurs des ces pages: fond beige et écriture bleu lavande. Je crois que ce sera plus agréable à lire. Pour le moment, je laise le texte en gras (ce qui me permet de détacher mes petites remarques personnelles). Mais si mes lecteurs en sont génés, qu'ils me l'écrivent. A titre de comparaison, j'ai laissé la page du début de journal en caractères fins.

Bref, tout cela n'est pas trés important...

 

Et qu'est-ce qui est important d'ailleurs? Certainement pas le fait que ça n'aille pas trés fort aujourd'hui. Non seulement un grosse fatigue qui m'épuise, sans que je sache à quoi l'attribuer, mais aussi un moral... euh... plutôt bas.

On ne sait pas toujours à quoi ça tient ces choses là. Je crois pourtant que c'est une tentative de discussion avec Charlotte au sujet de nos vacances qui en est la cause. J'ai tenté de lui expliquer que je n'avais pas besoin de partir, et que c'est surtout d'avoir du temps libre pour faire ce qui me plaît qui me manquait. Parce qu'en ce moment je suis en pleine période de réflexion sur moi-même (oui, ça peut paraître bizarre), et que j'ai besoin de beaucoup de temps libre pour ça. Ce journal en fait partie. Besoin de discuter aussi. Et tout ça, pour le moment, je le trouve sur... internet.

Pas d'internet en vacances!

Ce que je n'ai pas encore dit ici, c'est que nous avons trois enfants... On voit tout de suite que le besoin d'être "seul" avec moi-même n'est pas facilement compatible avec la vie de famille! Mon envie n'est d'ailleurs pas d'être seul, mais d'avoir du temps libre. Je suis trés heureux de passer des vacances en famille, mais pas forcément d'aller faire du camping avec activités diverses. Ce n'est pas ma préoccupation du moment.

Le pire c'est que ce besoin de me connaître est directement issu du fait d'avoir des enfants. C'est pour être plus à leur écoute, plus apte à ne pas projeter sur eux mes attentes ou mes angoisses, que je veux savoir comment je fonctionne. Comme on dit souvent: "il faut d'abord s'aimer soi-même pour pouvoir aimer les autres". Et pour moi le verbe aimer signifie "accepter totalement". Je ne parle évidemment pas de l'amour paternel (ou maternel) naturel, qui est là presque instinctivement.

Le gros problème de l'amour parental, c'est qu'il s'exerce dans un temps limité. Et qu'il doit en outre s'adapter à des enfants qui grandissent, avec des besoins qui évoluent rapidement. Ce n'est pas comme l'amour marital qui peut s'améliorer tout au long de la vie commune (même si les adultes changent aussi...). On est donc forcément "inaptes" pour élever ses enfants, puisqu'il s'agit d'une expérience nouvelle... alors qu'on sort à peine de nôtre propre enfance, avec nos manques, nos blocages, nos souffrances.

Bon, il faut bien dire que, grosso modo, on se sort pas trop mal du rôle de parents. Mais (est-ce une envie de perfectionisme?), savoir que l'on fait des erreurs qui ne dépendent que d'une certaine immaturité a quelque chose d'insupportable. Je sais que j'ai fait des erreurs, que j'en fais, et que j'en ferais encore. Mais si je sens qu'il est dans mes possibilités d'en éviter une partie, je ressens la nécessité de tout faire pour améliorer les choses.

D'où ce besoin de réflexion. Et quand on se lance dans ce genre d'auto-analyse, c'est toute sorte de problèmes qui remontent à la surface... Mes propres rapports avec mes parents, mon rapport à moi-même, comment je me perçois, comment je m'estime (ou pas...). C'est un abîme de réflexions qui s'ouvre. Heureusement que cet état n'est pas permanent. Chez moi, c'est plutôt cyclique: plusieurs jours d'affilée, pendant quelques semaines. Puis une période de calme avec l'esprit serein, comme s'il fallait emmagasiner les nouvelles données et recharger la machine. Et tout à coup, tout se remet en marche à nouveau, jusqu'à la prochaine acalmie.

Je ne sais pas si j'en ai parlé ici, mais j'ai eu deux périodes de psychothérapie qui ont duré environ un an chacune. Cela m'a permis (surtout pour la deuxième) de faire des avancées vraiment considérables dans la connaissance de moi-même. Avec effets trés sensibles sur mes rôles d'époux et de père. J'en parlerais certainement ultérieurement...

 


 

22 juillet 2000

 

Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres diaristes du net, mais depuis que j'ai (re)pris ce journal, j'ai une envie d'écrire qui ne tarit pas. Je suis même en manque de temps. Je voudrais écrire encore et encore, dire tout ce que j'ai dans la tête depuis bien longtemps et qui ne demande qu'a sortir.

Au point que je me demande pourquoi j'avais cessé mon journal papier depuis quelques mois. Mais la démarche est ici différente. Il ne s'agit plus d'écrire pour me comprendre, mais d'écrire pour "verbaliser" et me faire accepter. Le fait d'écrire mes pensées procède du même principe que de parler de ce que je ressens. Je ne peux pas vraiment parler, d'abord à cause d'une certaine timidité, mais surtout parce qu'on ne raconte pas sa vie à tout bout de champ. Ici c'est bien différent: je me raconte pour ceux qui veulent bien me lire. Lecteurs de passage ou qui deviendront habituels, je crois qu'il y aura toujours quelqu'un pour lire ces lignes.

Et puis, par essence, les lecteurs des journaux en ligne sont, sinon intéréssés, du moins curieux. Si ce que j'écris les ennuie il peuvent abandonner sur le champ la lecture, pas de danger de les lasser. Du moins: pas de danger que je m'aperçoive que je les lasse.

Il est possible que j'écrive dans le vide, ou que mes mots n'intéressent pas, mais du moment que je sais qu'on visite ce site, c'est suffisant pour moi. Je veux dire que c'est suffisant pour que l'effet thérapique marche. Illusion...

Evidemment, je préferais savoir que ce que j'écris plaît, touche les gens, leur fait ressentir des émotions...

 

***

 

Je n'ai pas encore parlé de mon âge. Il me semble que ce n'est pas trés important, bien que le lecteur ait cette curiosité, juste pour savoir un peu à qui il a à faire. Sur les Chats, une proportion importante des participants (je crois que c'est surtout le cas des jeunes, ou des "chercheurs de rencontres") vous aborde par un "asv?" assez péremptoire. Ces initiales (age, sexe, ville) sont comme une demande de carte d'identité. "Qui es-tu?", pour savoir si je vais te parler, si tu es intéressant, si tu es un "coup" potentiel.

Je n'ai jamais demandé ces renseignements à mes interlocuteurs. Parce qu'apparaît très rapidement le "s", sauf fautes d'accords grammaticaux désastreux. Pour le reste, peu m'importe de savoir l'âge, du moment que ce que dit la personne me plaît. Quand à la ville, je ne vois vraiment pas l'interêt.

Que ces renseignements viennent ensuite dans la conversation, de façon naturelle, est par contre agréable. On a forcément envie d'en savoir un peu plus lorsqu'on discute depuis des heures avec quelqu'un avec qui on se sent bien.

Donc, pour mon âge, vous comprendrez que je ne le donnerais pas tout de suite. Simplement pour éviter les jugements hâtifs. Mais le lecteur perspicace n'aura pas de mal à évaluer peu à peu, au fil des précisions, la décénnie dans laquelle je suis né...

Une enquète trés simple à suivre...

Si je parle d'âge, c'est parce que c'est aujourd'hui la date anniversaire de la rencontre de celle qui accompagne ma vie. En disant "rencontre", je veux parler du jour où nous nous sommes avoués nos sentiments réciproques.

C'était une belle journée d'été, comme aujourd'hui. Le soleil était radieux et les montagnes étaient visibles à plus de 60 km (ce qui est assez rare). Pour ce premier rendez-vous, avec 150 km a faire dans une vieille 2CV, j'avais eu... deux heures de retard! Toutes mes chances auraient pu être perdues, mais Charlotte avait su être patiente.

Nous avons marché une dizaine de minutes, laissant nos pas nous guider vers un parc. Nous ne savions pas vraiment quoi dire, trés intimidés tous les deux, et puis... surmontant une peur paralysante, je lui ai dit "j'ai quelque chose à te dire". "Oui, je sais" m'a-t-elle répondu. Alors trois petits mots magiques, puis dans la seconde qui suivait je la pris dans mes bras. Moment extatique, basculement de vie.

Quelques secondes plus tard, j'apprenais le baiser profond...

Vingt-quatre heures de pur bonheur, avant que je reprenne le chemin du retour. Cette visite sous un fallacieux prétexte ne pouvait d'éterniser puisque je faisais partie de l'encadrement d'un groupe de jeunes. C'étaient les vacances d'été et un mois d'absence interminable avait suivi.


 

23 juillet 2000

 

Il est des moments qui semblent voués à la répétition de moments particuliers. Hier je parlais de l'anniversaire de la rencontre avec Charlotte, et aujourd'hui, nouvel épisode orienté vers le souvenir. Et pour demain ce sera... l'anniversaire de notre mariage.

Depuis six mois, nous avions organisé un repas pour nous retrouver entre anciens d'une école. Pour une bonne part, nous ne nous étions pas revus depuis... 17 ans! Aucune nouvelle si ce n'est par les uns ou les autres, qui avaient vu tel ou tel. Nous ne savions pas quel était le métier de chacun, s'il avait fondé une famille, où il habitait.

Et bien nos retrouvailles se sont faites, passé les premières minutes, comme si nous ne nous étions pas vus de la veille! Etonnant de voir comme tout revient vite. Pourtant, nous n'avons pas fait les "anciens combattants" égrénant les souvenirs, plus ou moins intéressants pour nous, totalement ennuyeux pour nos conjoints.

Parce que les conjoints étaient aussi de la fête, de même que les enfants. Marrant de voir que certains rejetons ressemblaient à des clones miniature de ces anciens copains de classe.

Coté physique, quelques surprises: des fronts nettement prolongés, des cheveux déjà blanchis... des kilos en plus. C'est ce qui fait le plus changer les gens, la prise de poids. Les kilos n'embellisent pas... On se souvient de silouettes jeunes et on revoit des hommes, des femmes, installés dans la vie, dans un certain confort, peut-être une routine.

La surprise, c'est aussi de constater que certains n'ont pas changé. A peine quelques plis au coin des yeux, un visage plus marqué.

Coté caractère, pas de changement non plus. Les timides le sont un peu moins, les grandes gueules le sont un peu plus. Taciturne, optimiste enjouée, sérieux discret, jovial insouciant... tous étaient tels que je les avait connus. Même les retardataires ont été fidèles à leur réputation.

Cela voudrait-il dire qu'on ne change plus aprés un certain age? Que celui ou celle qu'on est à 20 ans sera le même à 40? Pour moi, ça a un coté à la fois triste et rassurant. Oh, je le savais bien, puisque les amis avec qui j'ai eu un contact continu n'ont pas tellement changé. Mais je pensais que c'est le fait d'une lente évolution qui faisait que je ne voyais pas les changements. Et bien non.

Alors je serais toujours ce personnage discret, un peu timide, qui ne parle que lorsqu'il sent un interêt de la part de son entourage. Bof! je pensais qu'à force de me découvrir, m'écouter, me coomprendre, je parviendrais à me libérer de mes chaînes. Peine perdue!

Pas tout à fait perdue, quand même. Je sais que les changements seront modestes, mais qu'ils sont possibles. Et tout ce qui sera gagné sera un pas vers un mieux-être.

Ce qui ne change pas du tout, ce sont les rires et les voix. Les rires... quelle ambiance! On a rigolé comme ça m'arrive rarement. On était tous trés contents de se retrouver.

 

****

 

Détail troublant et drôle de hasard: le lieu où nous nous sommes rencontrés ne m'était pas inconnu. J'y étais passé quelques mois plus tôt au bras d'une femme... qui n'était pas la mienne.

C'était lors d'un rendez-vous que j'avais eu avec Inès, profitant d'une livraison à proximité, à mi-chemin entre nos domiciles respectifs. Rendez-vous dont je n'ai jamais parlé à Charlotte. Pourquoi? Pour ne pas solliciter inutilement sa jalousie. Parce que Charlotte sait que j'ai rencontré Inès à deux reprises.

Je ne voulais pas agir à son insu, en trichant avec elle, mais lorsque je n'avais pas besoin de lui signaler mes escapades, je ne l'ai pas fait. Je me suis bien posé la question avant d'agir de la sorte, mais je crois que j'ai bien fait. Pour elle, pour notre couple.

Charlotte m'avait simplement dit un jour "assume tes actes". Elle ne voulait pas que je vienne vers elle étouffé de remords et rongé de culpabilité. Si je rencontrais une femme, je devais assumer tout ce que je ferais avec elle, y compris les conséquences éventuelles. C'est ce que j'ai fait.

Nous avions beaucoup parlé des attirances extra-conjugales, mais les choses s'étaient précisées aprés mes dialogues poussés sur le Chat. Au fil de l'intimité qui naissait avec d'autres femmes, j'avais évoqué l'envie de rencontre. Je n'ignorais rien des risques qu'il y avait à "tenter le diable", mais je devais m'assurer de la façon dont Charlotte vivrait les choses.

Puisque je lui avais précisé que j'étais comblé sur bien des points avec elle et que je ne cherchais pas à vivre autre chose ailleurs, elle ne s'est pas opposée à ce que je rencontre cette femme avec qui j'avais des échanges profonds. D'ailleurs, elle à constaté comme ces discussions m'ont changé en quelques mois. Je suis devenu beaucoup plus sûr de mes convictions, plus ouvert aussi. Sûr de moi au point de ne pas ressentir de culpabilité ni de gène en étant là avec Charlotte, avec mes enfants, avec des copains qui, je le pense, n'auraient jamais imaginé que je puisse être passé en ce lieu précis avec une autre femme. J'y ai pensé, mais sans aucune gène.

Je n'ai jamais eu l'impression de "tromper" ma femme en agissant de la sorte. D'une part parce qu'elle sait plus ou moins ce que j'ai fait, et ensuite parce que je considère que cela fait partie de ma vie propre. Bien que nous vivions en couple, je suis de plus en plus persuadé que la clé de la réussite durable est dans le respect de la liberté de l'autre. Nous suivons un chemin commun, certes, mais notre personnalité propre continue à vivre.

Ma vie, j'ai choisi de la vivre avec Charlotte et je lui resterai fidèle. Mais cela ne m'empêchera pas d'aller éventuellement vers d'autres femmes. C'est un autre type de relation, fondé sur l'instant, le plaisir mutuel, et non plus sur un projet de vie. J'ai mis presque vingt ans pour en arriver là, et quitter des idées que je considère désormais comme archaïques sur la fidélité absolue. Fidélité qui ne l'était d'ailleurs pas forcément dans les idées, lorsque une femme me plaisait particulièrement au point que sa présence captive mon esprit et que son image reste des jours dans ma tête.

Désormais, je suis fidèle dans mon engagement conjugal, mais je garde mon autonomie de désir. Et bien sûr, je considère que la réciproque est vraie pour Charlotte. Cela me semble être un chemin de réussite.

L'avenir me donnera peut-être tort?

 


 24 juillet 2000

 

Ce journal aurait pu s'appeller "Virtuel et réalité", ou bien "Virtuel idéalisé et réalité", ou que sais-je encore. Je suis quelqu'un d'assez indécis et j'ai du mal à décider ce qui est "mieux". Mais mieux que quoi?

Je crains toujours le jugement des autres et cela m'empêche souvent de suivre mon intuition. Pour ce journal, par exemple. J'ai dit qu'il était en ligne depuis un moment, mais je ne l'ai pas encore référencé dans les moteurs de recherche. Je ne l'ai pas inscrit non plus dans les cercles de diaristes virtuels. Pourtant j'aimerai qu'il soit lu.

Pourquoi faire les choses à moitié alors? Je sais bien que c'est pour mettre le pied doucement dans cette espèce de "société secrète" que constitue le cercle des diaristes virtuels. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que l'on juge mes écrits comme sans interêt. En fait, je crois que c'est parce que je "connais" depuis pas mal de temps les plus anciens des ces adeptes de l'autobiographie en direct. Des gens que l'on retrouve partout, qui sont cités par d'autres diaristes, dont on a l'impression qu'ils se connaissent. Des gens "célèbres" dans leur genre, dont on a parlé dans les journaux qui ont abordé le sujet.

Et moi j'ose à peine m'imiscer la dedans.

Je fais trop de chichis, je le vois bien. Et le nombre croissant des diaristes virtuels ne semble pas s'encombrer de mes scrupules. Ils ont un jour envie de mettre leurs pensées en ligne et ils le font illico.

Mes craintes viennent aussi de la peur d'être reconnu par quelqu'un de mon entourage. Pourtant... les risques sont infimes. Il faudrait d'abord que cette personne s'intéresse au sujet, tombe sur mon journal, et enfin déduise que cet anonyme soit une de ses connaissances. Et puis même, si j'étais démasqué, qu'est-ce que cela changerait?

Et bien... c'est au sujet de mes fréquentations extra-conjugales. J'ai beau me dire que c'est pour moi une liberté nouvelle que je revendique et que j'assume, je crains que cela puisse choquer. Je suis vachement rétrograde, hein? J'imagine si cela parvenait aux oreilles de mes trés proches, de ma famille, et... surtout de ma mère! Merde, je suis à ce point encore dépendant des opinions de ma mère???

Je sais qu'elle serait choquée profondément (sur le sujet, elle est vraiment trés trés conservatrice) et j'ai sans doute trés peur de son jugement. Cordon pas coupé alors? Sacrebleu, ça me fait bizarre de m'en rendre compte une fois de plus!

 

Bien! mais ma mère ne surfe pas sur le web (elle à déjà bien du mal à se servir du traitement de texte) et personne n'ira lui raconter que son aîné a une vie de débauché. Et comme débauche... on a vu pire.

Beuh! qu'est ce que je suis encore de livrer au regard des autres moi? Auto-analyse un peu trop personnelle.

Bref! Tout cela pour dire que j'ai décidé de passer au stade supérieur. Voila trois semaines que j'ai apprivoisé ce mode d'écriture, et ça me plaît. Moi qui commençais en disant que ce site n'était pas celui d'un diariste, je suis tombé en plein dedans. Et tant mieux!

Je vais donc, dés ce soir, m'inscrire dans le petit monde des diaristes virtuels...

Ce qui me pousse, je le sais bien, c'est aussi le fait que je n'ai eu... (hum!) aucun message indiquant que j'étais lu. On connaît ce besoin d'être lu et d'avoir un écho... De plus, ce site est maudit pour tout ce qui est comptage. Pas moyen de mettre un compteur, malgré différents modèles essayés. Même e-stat ne fonctionne pas! Ce qui fait que j'ignore si ce que j'écris depuis trois semaines à été lu par une personne. Un peu frustrant quand-même!

Je l'ai donné à une des diaristes qui fait déjà partie des "anciens" et avec qui j'ai débuté une correspondance que j'apprécie beaucoup (forcément, dès que je constate que j'existe pour un autre...). Ce fameux journal dont les pensées me touchent particulièrement. Il me semblait naturel de lui donner un peu de moi alors que je lisais toute une année de sa vie. Je ne la cite pas (parce que j'ai dit quelques... bétises à ce sujet, hum hum!), mais elle se reconnaîtra, j'en suis certain.

***

L'avantage d'apparaître tard dans le cercle des diaristes virtuels (j'utilise ce nom à dessein, puisqu'il n'existe pas) est que je serai "dilué" parmi un nombre important. Je ne crains donc pas de sentir d'un coup des regards se tourner vers le nouveau venu.

L'inconvénient... est inverse. Je n'aurais pas l'honneur de me voir citer dans un journal traitant du sujet, nous sommes trop nombreux désormais. Ah! sacré égo qui aime bien être valorisé!

Tiens, dans la même veine, vous savez pas quoi? Dans un tout autre domaine (associatif), il m'est arrivé plusieurs fois d'être interviewé à la radio (certes des radios locales "seulement"), mais aussi à la télé (hé hé!, dont une chaine nationale une fois). Et bien vous ne pouvez pas savoir comme cela a peu d'importance... mais comme ça flatte aussi l'égo.

Oui, j'avoue, ça m'a fait plaisir ensuite lorsqu'on m'a dit plus tard "je t'ai entendu à la radio", ou "c'est bien toi que j'ai vu à la télé l'autre jour?". Moi, modeste: "hmmmoui, bah! c'était juste un petit reportage comme ça", le teint légèrement rosé, mais intérieurement bêtement fier de ça. Bon, allez, assez fait ma pub!

****

Même jour, 23 h

Oups!!! Je viens d'enregistrer mon site sur la Communauté des Ecrits Virtuels.

Pas si facile de cliquer sur "envoyer". J'ai mis un petit moment, en me demandant dans quel engrenage je m'avançais. Mais bon, j'avais décidé de le faire et attendre n'aurait fait que rendre l'engagement plus difficile.

Juste avant je m'étais inscrit sur Yahoo, aparemment le seul (?) moteur de recherche qui ait une vraie rubrique "journaux intimes". Mais là, la démarche ne m'a pas posé de problème. Sans doute parce que je sais que le Cercle des Ecrits Virtuels est parcouru par des gens forcément intéressés par le sujet, donc plus curieux.

Brrrr! J'ai un peu peur quand même...

 


25 juillet 2000

 

Bon! Je viens de voir les infos: un concorde s'écrase au décollage, 113 morts.

Comment penser à soi, à sa petite vie tranquille alors que le malheur frappe d'un coup? Je sais bien que la mort fait partie de la vie, qu'il meurt des milliers de gens chaque jour, parfois en quelques secondes lors d'une catastrophe naturelle.

Mais chaque fois qu'un évenement nous montre la mort simultanée de plusieurs personnes, chaque fois que j'imagine la stupeur et la douleur des ces familles brutalement confrontées à l'absence, j'ai un moment d'anéantissement.

Identification, compassion, mesure de la fragilité de nos vies? Je crois que c'est tout cela à la fois.

Et puis c'est vrai, il y a cette notion bizarre du "mort/kilomètre". Ce ratio absurde qui nous fait sentir d'autant plus concerné que le ratio est grand. 1000 morts à 10000 km nous affectent moins que deux morts dans un accident dans la rue d'en face. Même si on ne connaît pas plus les uns que les autres. Comme si on sentait le "souffle de la mort" passé bien prés de nous. Mesurant la chance de ne pas faire partie de la moisson funeste.

Peut-être est-ce une réaction de sauvegarde de ne pas s'attacher à la mort et à la souffrance dés lors qu'elles paraissent lointaines. On voit bien que ce qui se passe en Tchétchénie nous "touche" moins que ce qui s'est passé au Kosovo, alors que c'est bien plus terrible. Et que les outrances des régimes totalitaires Birmans ou Nord-Coréens nous laissent finalement assez froids. Notre révolte reste superficielle.

Mais qu'un assassinat d'enfant se produise dans notre pays et c'est la colère qui se déchaîne. Injustice de la révolte, injustice de la distance.... Sauvegarde de notre conscience qui ne pourrait supporter de vivre le malheur en permanence.

On accuse parfois les médias de trop ou pas assez montrer ce qui se passe. Mais c'est bien nous qui avons aussi notre part en réagissant d'avantage à certains évenements et peu à d'autres.

Enfin, ce sont la mes théories qui ne valent rien de plus que le crédit que je leur accorde.

Ce genre d'histoire brise mon élan... ce sera tout pour ce soir.


27 juillet 2000

 

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous (oui, ça y est je m'adresse à vous comme si j'écrivais une lettre), mais internet devient de plus en plus un "lieu" où je passe du temps. C'est venu tout progressivement, en surfant trés occasionnelement sur le web, d'avantage par curiosité que par vraie recherche, puis avec l'échange de mails. Trés tôt (dans la semaine qui à suivi l'achat du modem) j'ai créé mon propre site. Oh, un site "sérieux" puisque c'est celui de mon entreprise (je suis travailleur indépendant, mais avec une partie de ma clientèle répartie sur tout le territoire Français). C'était d'ailleurs ce seul but utilitaire que je visais en achetant ce modem.

Rapidement ce site à généré la réception de mails, ce qui fait que le geste d'aller vérifier le courrier est devenu quotidien. Il est bien rare que ma boite soit vide, et j'ai pris l'habitude de répondre le jour même, au pire le lendemain.

Tout aurait pu en rester à ce petit trafic gentil (et néanmoins utile!), si je n'avais pas un jour cliqué sur le bouton "Chat". A compter de ce jour là, internet à vraiment commencé à entrer dans ma vie. Moi qui auparavant surveillais attentivement le temps qui restait de mes 3 h (!!!) de forfait mensuel, j'ai trés vite changé de formule! Forfait illimité pour des heures de connection par jour.

Depuis, internet est ce lieu sans limites dans lequel je me rends depuis mon bureau, dans une pièce de la maison.

Alors maintenant, chaque soir, entre la récéption des messages (professionnels et privés), les réponses (parfois plusieurs pages...), la mise à jour du présent site, la participation à deux ou trois forums, la visite de quelques sites... et occasionnellement une participation au Chat, ça commence à faire beaucoup de temps passé.

Hier soir je n'ai pas rédigé tout de suite ma chronique quotidienne. C'est une erreur puisqu'ensuite, pris dans le cycle, coincé par des horaires pendant lesquels je peux rencontrer des relations du Chat, je n'ai plus eu le temps de le faire. Sur le Chat, j'ai rencontré Inès avec qui nous avions un vague rendez-vous qui s'est achevé... au lever du jour: 5h du matin. Bon, ce genre d'horaire est quand même exceptionnel. Habituellement c'est plutôt 2h du mat'.

Sauf qu'hier c'était déjà 5h du mat'. Mais pas sur le chat: je parcourais des sites de journaux intimes, réagissais au forum de la cev, presque en direct (6h de décalage avec le Québec). Le temps passe si vite devant cet écran!

Tout ça pour vous dire qu'internet prend de la place dans mon temps. Je me demande si certains lecteurs ne vont pas trouver que c'est fou de passer autant de temps devant un ordinateur. Qu'on doit se couper du monde, oublier la réalité etc. Je ne crois sincèrement pas. Du moins pas autant qu'on peut le penser. Ce temps que je passe n'est pas au détriment de mes sorties puisque je ne me suis jamais empêché de sortir à cause de ça. Pas vraiment au détriment de la vie de famille non plus, puisque je m'y mets souvent à l'heure ou les enfants sont couchés et quand Charlotte (qui est couche-tôt) se met au lit. Avant internet, j'étais quand même devant mon ordinateur le soir pour faire des factures, de la comptabilité, ou autres activités professionnelles (site web).

Sur quoi prends-je donc ce temps? Et bien sur les loisirs tels que télé, lecture... et sur le sommeil. J'ai fortement réduit la durée de mes nuits. J'en suis rarement à plus de 6 ou 7 heures. Les réductions à 3 ou 4 heures sont rares, je ne peux pas les cumuler trés longtemps. Oui, faut quand même pas exagérer! En fait j'ai mes soirées ordinateur, qui finissent rarement avant 1h du mat' et mes soirées "libres" que je passe avec Charlotte, ou chez des amis. Mettons trois soirs de libre pour quatre pour les relations via internet, connécté ou non.

Je prends aussi du temps sur l'activité professionnelle, ce qui est moins bien. J'ai la chance d'avoir une activité saisonnière, ce qui fait que j'ai parfois pas mal de temps libre, ou que j'organise comme il me plaît. Inversement, à certaines périodes, mon temps disponible est trés réduit (vous le constaterez en octobre!).

Là, il est 9h30 du matin... et à l'évidence je ne travaille pas. Mais ça ne gène personne. Pas de clients. Pas de travail urgent.

 

On pourrait penser que passer tant de temps devant un ordinateur (100 h de connection mensuelles environ, plus les heures de rédaction, réponse de mails, etc), fait que je deviens complètement coupé de la réalité. Que je n'ai plus de vie sociale. Et bien je pense exactement le contraire! Je n'ai jamais eu une vie relationnelle aussi dense.

Pensez-donc: échanger intensément tous les jours soit par courrier, soit par Chat. Donner son opinion et écouter celles des autres sur des forums... Je suis loin de quelques visites par mois chez des amis! Et puis je discute toujours autant avec Charlotte, en vrai contact sensitif.

Et il ne faut pas négliger le contact avec soi-même lorsqu'on se livre à l'écriture d'un journal. Prendre le temps de s'écouter, de s'analyser, de se comprendre. Je suis en relation avec moi. Et ça n'a rien de narcissique. Vous, les diaristes qui me lisez, en êtes déja convaincus.

Paradoxalement, être à l'écoute de soi-même, si c'est dans le cadre d'une réflexion sur le contact avec les autres en général, aura des retombées sur la vie sociale en cours et future. Parce que connaître la façon dont on fonctionne, nos attentes et nos manques, nos blocages et nos envies, permet de ne pas faire porter sur d'autres nos propres difficultés à vivre. Combien de dialogues "réels" qui ne sont que des monologues à deux, ou pire à un seul qui s'impose à l'autre?

Bon, mais en fait je ne cherche à convaincre personne. Je sais que les relations que j'ai sur internet m'apportent beaucoup de satisfactions et je crois que c'est l'essentiel.

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Autre sujet: cette nuit, entre minuit et 5 h, mon site à été inscrit à la "Communauté des écrits virtuels". Curieux (hé, hé!), je suis allé voir avant d'éteindre mon pc (oui, oui j'attendais avec impatience, j'avoue). Il était trop tard pour que je commente en direct.

Donc, depuis quelques heures, ce site est public. Wow! je vais voir ce que ça va me faire. En fait, ça ne changera pas grand chose je pense. J'écrivais déjà pour un public dont j'igorais même s'il existait (mes problèmes de compteur). Maintenant les statistiques e-stat fonctionnent, et je vois les visites. Ouf, c'est quelque chose de rassurant! On écrit bien pour être lu, pas pour que nos pages traînent en prenant la poussière (virtuelle!) sur un serveur.

Les premiers mails (s'ils arrivent...) seront une étape nouvelle. Une nouvelle forme d'échange que je ne connais pas encore: les commentaires sur mes idées, par des inconnus.

Vous ne savez peut-être pas comme cette possibilité d'expression est quelque chose d'extraordinaire pour un timide. Parler à haute voix (virtuelle) devant un auditoire (virtuel parce qu'invisible, mais bien réel). Et ce sans bafouiller, sans se perdre dans le fil de ses idées, sans abréger par peur d'être long et inintéressant, sans peur de laisser paraître sa gène en étant raide et gauche, parce que tortillant ses doigts.

Bon, je sais, je suis bête de le dire puisque vous ne le voyez pas. Mais justement, je peux tout dire ici. Sans avoir peur de vous lasser puisque si vous interrompez la lecture je ne le saurais pas. Rien à voir avec une salle qui se viderait au fur et a mesure que je parle...

Reste les commentaires éventuels, s'ils devaient être désagréables, peu flatteurs, moqueurs... Bah! je verrais bien ce qu'il adviendra.

 

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Plus tard...

 

Voila qui n'a pas trainé: mon premier courrier est arrivé!

De la part d'un diariste qui... commente trés peu en fait. Il m'offre plutôt de lire un de ses textes et "m'invite à lui faire part de ce que j'en pense" :o))

Oui, c'est une façon de faire que je n'avais pas envisagée! Pourquoi pas. Personnellement, je préfère suivre mon inspiration plutôt que d'agir sur "demande". Mais je lui répondrais quand même. D'ailleurs son opinion est intéressante, même si je ne la partage pas entièrement.

Euh... je ne pense pas trahir le secret de la correspondance en rapportant ses propos? Je ne ferais pas une règle de raconter les mails que je reçois, mais puisque celui-ci comporte un lien vers un site d'accès libre, je ne crois pas que cela pose un problème. Enfin, j'espère...

***

Je me rends compte, en relisant ce que j'ai écrit ce matin, que je dois donner l'impression de quelqu'un trés "soumis" à internet (hum! ça sent le besoin de justification à plein nez ça...). Si en ce moment j'ai des nuits trés raccourcies, c'est dû au fait que je suis en semi-vacances et que je peux me permettre d'être un peu moins performant la journée qui suit. Impossible de suivre ce rythme en période de travail un peu soutenu.

D'autre part, ma lancer avec une certaine démesure dans ce qui me passionne est une tendance naturelle chez moi. En ce moment, avec la découverte des journaux intimes et du plaisir de créer le mien, je sais bien que je suis dans un excés euphorique. Cela ne durera pas. C'est ma façon de fonctionner de m'enthousiasmer ainsi.

Il y a quelques mois c'était pour le Chat, sur lequel je me rendais quatre ou cinq fois par semaine. En ce moment, je reste parfois une dizaine de jours sans m'y rendre. Il y a quelques années, c'était mon journal intime papier qui gonflait a vue d'oeil avec des interventions multiples dans la journée, totalisant trois ou quatre pages. Ce journal est en sommeil depuis au moins six mois (et celui-ci entérinera certainement la fin du précédent). Quelques années plus tôt c'est l'écriture qui me passionnait, avec la aussi des nuits presque blanches répétées. Encore avant, j'ai eu des passions éphémères pour la lecture, l'histoire de ma ville, le bricolage, la photo, le jardin (pas la nuit pour ces dernières...!).

Sans compter mon travail qui, par périodes aussi, me passionne au point que j'en oublie toute mesure. Les 35 h par semaine étant totalement hors-sujet.

Ces périodes un peu folles sont contrebalancées par d'autres, vouées à une inactivité culpabilisante. Envie de ne rien faire, de "traîner", de flemmarder. Finalement, ce sont ces moments que j'ai le plus de mal à vivre sans être géné.

C'est ma pauvre Charlotte qui vit plus ou moins bien cette démesure et me rappelle parfois à l'ordre. Autant pour le trop que le pas assez d'activité. Et elle à bien raison! Alors je reprends un chemin un peu plus facile à vivre pour les autres... jusqu'à la période suivante.

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Grosse peur avec l'ordinateur, à l'instant: une fenêtre "erreur registres" (je sais pas ce que c'est) qui revenait sans cesse. Je relance le pc et tout est alors bloqué. Bigre! Je re-relance, il me remet des tas de trucs que je ne comprends pas et ne lance pas le processus d'installation. " Bla bla bla disque C" Fichtre! Sueurs froides... et s'il ne redémarrait pas? A toute vitesse le scénario catastrophe se lance (sans problèmes pour lui!). Tous les fichiers qui ne sont pas assez régulièrement sauvegardés sur disquette me reviennent en tête. Et puis ce journal, tout juste mis en ligne sur la CEV, qui risque de ne plus fonctionner pendant un bon bout de temps (je pars en congés la semaine prochaine). Pour un début, bravo, ça fait bonne impression (moi qui tient tant à ce qu'on ait pas une mauvaise opinion de moi...)

Je tente alors de tout éteindre, puis rallumer. Le bazar égrenne ses lignes de programme... tout semble normal... windows... OUF! ça marche! Je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est la première fois depuis cinq ans que ça me fait ça.

Bref, tout ça pour dire que si d'un coup je ne donne plus de nouvelles, ça peut trés bien venir d'une panne de pc.


28 juillet 2000

 

Hier j'évoquais le temps passé sur internet. C'est dans le sens le plus large. Parce qu'une bonne partie de ce temps est absorbée par le courriel. Prendre le temps de lire de longs messages avec toute l'attention nécessaire. Et surtout celui de répondre.

Depuis quelques mois j'ai noué des relations, disons... particulières avec des personnes qui m'étaient totalement inconnues. N'allez pas chercher quelque allusion coquine derrière cette expression. Par "particulière" je veux dire: qui n'étaient pas du type de ce que j'avais connu jusqu'à présent. Ces messages ont donc commencé avec quelques personnes que j'ai rencontrées sur le Chat (IRC), comme un moyen de préciser, poursuivre, approfondir, une conversation que nous avions eu.

Je ne parle pas des petits messages de quelques lignes que l'on peut s'envoyer pendant la période de "lune de miel" qui suit des discussions particulièrement intenses, fondées sur une attirance mutuelle, marquant plus un manque, une envie de garder un contact presque permanent. Ce comportement n'est pas sans rapport avec l'attirance amoureuse, bien que l'on sache (que l'on soit censé savoir?) que ce n'est qu'une réponse idéalisée qu'il serait illusoire, voire dangereux (émotionellement parlant), de prendre trop au sérieux.

Non, ces relations dont je parle sont celles qui aparaissent instantanément et qui font que trés rapidement on sente que "le courant passe". En quelques phrases on sent un écho mutuel dans l'expression des pensées de l'autre. C'est quelque chose de magique. Comme si on trouvait littéralement un "alter-ego". Mêmes sensations, mêmes opinions, mêmes émotions, vécu similaire... ces découvertes successives me procurent comme une euphorie. Pendant ces moments là, je dois dire que je suis parfaitement heureux, un état proche de la béatitude. Non, non, je n'éxagère pas! La béatitude sur internet, vous auriez cru ça possible vous?

C'est d'ailleurs ce qui a été la cause de ces flambées émotionnelles que j'ai ressenties au début et qui m'ont fait me poser de sérieuses questions sur la naissance ou non d'un sentiment de type "amoureux". Je savais bien, en mon for intérieur, que ce que je ressentais avait un coté irréel, mais c'était si proche de ce que j'avais ressenti il y a bien longtemps pour des filles qui me plaisaient... Si proche du genre de relation dont je rêvais, fondées sur une harmonie presque parfaite... Pourtant, sur le Chat, il est toujours resté en moi un coté "froid. Contrairement à ces femmes avec qui je discutais et qui me disaient m'aimer (???), je n'ai jamais dit, ni même pensé ces mots là. Je sentais que le coté "virtuel" ne pouvait pas servir de fondement. Et c'est d'ailleurs pour ces raisons que le passage à un coté plus physique (le téléphone ou la rencontre réelle) a été longuement réfléchi. Je craignais deux choses: la décéption, ou l'inverse, que l'idéalisation s'incarne trop bien. Dans le premier cas, je perdais cet état (certes illusoire...) de bien-être. Dans le second... je risquais fort de me perdre moi-même! Si le rêve devenait réalité, comment allais-je réagir? Ma raison serait-elle assez forte pour m'empêcher de plonger "malgré-moi" (?) vers quelque chose qui risquait de chambouler ma vie? Au risque de perdre le bonheur apaisant que je vis avec ma femme et mes enfants. Le risque devait être bien mesuré, et je crois que je n'ai pu le prendre que lorsque les premières fissures dans la relation idéale du début commençaient à apparaître. Parce que, forcément, vient le moment ou des mini-divergences, puis des petites incompréhensions se développent. Comme dans la réalité... La lune de miel s'achève et vient le temps de l'acceptation, de l'adaptation à l'autre, des concessions...

Bref, je ne parle justement pas de ces relations. Celles qui m'intéressent aujourd'hui sont dépourvues d'attirance amoureuse. Certes, je ne nie pas qu'il en reste un soupçon... mais qui ne se développe pas. Juste pour le petit goût bien agréable que ça laisse... Sans doute parce que je discute avec des femmes (toujours des femmes... ce qui prouve bien que le coté séduction n'est pas absent), qui connaissent aussi le processus à éviter et s'en méfient autant que moi. J'en ai parlé plusieurs fois avec l'une d'elle, et on sent trés bien que nous ne voulons pas nous laisser entraîner vers cette pente. Et c'est bien mieux ainsi.

Donc, j'en reviens à mon sujet (que de pistes potentielles à explorer...): les échanges d'e-mails et le temps que j'y passe.

Mes relations de Chat ont changé, ou évolué, et les contacts que j'ai désormais, réduits à trois personnes, se prolongent souvent par de longs mails. Ils ne sont pas forcément liés à nos conversations, abordent souvent des sujets plus enfouis en nous. Liés à l'enfance, à des souffrances anciennes, à nos comportements actuels qui nous posent question. Ils ont un coté "auto-analytique" trés proche du journal que j'écris là. Pas étonnant que ces mails, toujours assez longs, demandent du temps de rédaction. Et une certaine disponibilité d'esprit. Il y a aussi, puisque c'est un échange, toujours des mots d'accompagnement, d'encouragement, de réconfort ou de remerciements.

Comme me le disait une diariste avec qui j'ai eu quelques-uns de ces courriers, ce sont des cadeaux. De trés beaux cadeaux. Je me vois souvent le sourire aux lèvres lorsque j'en reçois un. Je sais que ce sera un moment de bonheur, d'émotion que je vais vivre en lisant ce petit morceau d'elle-même que la personne me donne en confiance. Et cette confiance, c'est toujours un superbe présent.

Quand je pense à ces gens qui disent que c'est du virtuel (!!!), avec comme sous-entendu:"c'est du faux", ça m'attriste. Je trouve que c'est blessant, ça me fait de la peine pour celles qui ont transcris leurs sensations. Les émotions, impalpables par nature, n'ont pas forcément besoin d'un moyen d'expression physique, tel que la voix ou le visage. Ce sont simplement des moyens différents. Rien ne remplace l'un ou l'autre, mais tous se complètent. Et, par je ne sais quelle magie, il semble que cette nouvelle forme de rencontres permet d'aller plus loin que ce que la réalité nous permet d'exprimer. Débarrasés de la timidité, de la gène, qui se trahissent trop bien dans le réel, on peut aller beaucoup plus directement vers l'ESSENTIEL. Vers le "fond de l'âme", l'intimité des sentiments, du vécu, du ressenti.

Bon, je peux paraître un peu euphorique... Pour ceux qui ont découvert ça depuis longtemps, je dois passer pour un doux naïf! C'est possible... je découvre peu a peu les inconvénients inévitables (comme le risque des brûlures amoureuses...). Peut-être que dans quelques mois ou années, je serais revenu de ce qui me sera apparu comme une illusion... Je ne l'espère pas. Je crois vraiment que ces relations sont potentiellement intéressantes. A moi, à nous de découvrir les limites de ce moyen de rencontre et d'échange.

 

***

Un autre problème qui commence à se poser pour moi: la disponibilité d'esprit. Je l'ai dit, j'ai une correspondance régulière avec trois femmes rencontrées sur le Chat. Depuis peu, j'ai envoyé des messages à deux diaristes, qui m'ont trés gentiment répondu. Avec l'une d'elle, qui se reconnaitra si elle me lit (et que j'apprécie tout particulièrement), nous avons des mails d'une bonne page. Il est possible que ces échanges se poursuivent. A cela s'ajoutent parfois des commentaires que je fais sur un autre journal, ou un jour particulier que j'ai lu. Tout ça commence à faire des heures...

Ma question est la suivante: Jusqu'où peut-on s'impliquer avec suffisamment d'attention avec différentes personnes? Peut-on multiplier, sans risque de perdre en qualité, ce genre d'échanges? Tout est question de temps, bien sûr. Mais l'amitié, l'amicalité tout du moins, est-elle partageable à l'infini? Je ne pense pas, à moins de tomber dans la superficialité. Ce que, évidemment, je ne désire pas.

 

***

Cette chère diariste, à qui j'avais donné en avant-première l'adresse de ce journal, a été la première à me livrer ses impressions (hmmm! que des gentillesses). Elle me faisait aussi remarquer trés justement que ce site, qui se voulait réceptacle occasionnel de mes ressentis à trés vite pris la forme d'un journal. Alors que justement je me disais que je n'aurais pas le temps nécessaire pour m'y livrer... Par prudence, je ne voulais pas m'engager à faire quelque chose que je n'étais pas sur de pouvoir tenir. Mais le virus de l'écriture, tapis dans l'ombre, m'a repris sournoisement! A se demander si je n'attendais pas que ça...

 


 

29 juillet 2000

 

Il est 2 h du matin... en fait je suis toujours dans ma journée du 28. Pas grave, la page est envoyée et je ne vais pas la modifier. Et puis bon, on est bien le 29!

Je viens de me balader de site en site... et je fais des complexes! L'est tout minable le mien, tout bête!!! Sans parler des sites qui ont une présentation parfois un peu tapageuse, avec tout plein d'images, il existe des journaux trés sobres, mais pourtant de grande qualité. Graphisme simple mais soigné, liens multiples...

Il en existe certainement d'autres, mais j'ai été particulièrement séduit par le journal de Chantal. Voilà le genre de site que j'aurais voulu réaliser. Il permet une lecture "transversale", et pas seulement linéaire. Elle a une rubrique classé par thème qui permet d'aller directement vers des sujets précis. J'ai trouvé ça trés astucieux. Bon, je suppose qu'elle s'y connait un peu plus que moi en informatique (apparemment elle fait des études dans ce domaine).

Pour la mise en page, j'utilise le programme fourni par mon fournisseur d'accès. Mais c'est une version ancienne. Pas moyen de faire des cadres sans bordure, pas moyen de faire des jolis textes... ou alors c'est que je n'ai pas encore trouvé. Je ne connais pas grand chose en html. Peut-être que je devrais me pencher un peu sur le problème?

Mais en même temps, je me dis que c'est d'avantage le contenu qui compte, plutôt que le décor. Et puis je ne suis pas là pour faire joli. Pour le moment j'écris, et c'est le but principal d'un journal, non? Je verrais ultérieurement si je peux arranger tout ça pour le rendre plus agréable. En tous cas, je ne m'amuserai pas à mettre ces petits gifs animés et autres gadgets.

***

Bon, suite de la journée... 23 h

Journée tranquille aujourd'hui. Pas mal de temps passé à répondre par mail à deux personnes que j'apprécie particulièrement. Courriers de trois pages, et pas du baratin pour rien dire. Des réflexions, commentaires, analyses (ce que certaines personnes appellent "se prendre la tête"). Moi j'aime bien ce genre d'échanges. Et mes interlocutrices aussi apparemment.

J'ai travaillé aussi un peu sur mon site, apportant quelques compléments. Et une nouvelle rubrique "Ce qu'ils en disent". C'est en trouvant le coup de coeur de la CEV de cette semaine qui citait un texte de "L'ApoStrophe". Il allait tellement dans le sens de ce dont je parle (les relations virtuelles) que j'ai demandé à Strophe si elle me permettait de l'insérer sur mon site. Je vous conseille d'aller lire ce texte.

Sinon, un peu de travail à l'exterieur, pour profiter du soleil qui s'est largement installé entre les gros cumulus.

Ce soir, je lisais un peu le forum de la CEV, en remontant jusqu'en juin. Je constate, un peu déçu, que les relations entre les diaristes sont comme dans la vraie vie (quoi de plus normal). Des disputes pour des petits rien, des petites méchancetés, des vexations... Encore une fois j'idéalisais les choses (on ne se refait pas, hein?) en voyant ce regroupement comme une grande famille, chacun étant tolérant, respectueux des opinions des autres... Ben non! Pas vraiment d'agressivité, mais une ambiance pas forcément très saine. J'espère que c'était un épisode malheureux et que tout redeviendra calme.

Bon, je ne devrais peut-être pas dire ça, puisque je sais que la plupart de mes lecteurs viendront ici par la CEV... Tant pis, je dis ce que je ressens! Après tout, c'est bien le propre d'un journal intime.

 

***

J'ai relu un peu ce que j'écrivais au début du mois. Et je me suis aperçu que j'avais fait quelques bourdes au niveau des prénoms utilisés. Une certaine "Marie" aparaissait à plusieurs reprises, ce qui rendait l'histoire incompréhensible. C'est simplement une hésitation sur le choix des pseudonymes choisis qui en est la cause. J'ai changé son pseudonyme mais j'en avais oublié dans le texte. Maintenant c'est tout bon.

 


30 juillet 2000

 

Travesti virtuel

 

Je suis un ardent défenseur du Chat (IRC) pour la qualité des relations que cela permet de créer. Je ne suis pourtant pas idéaliste (!) au point de penser que chacun fait le genre de rencontres que j'ai eu la chance de croiser. Je sais trés bien que pas mal de gens ne viennent là que pour combler une solitude affective, ou encore assouvir des fantasmes plus ou moins avouables.

Avec un pseudonyme asexué, je suis souvent "agressé" par des hommes à la recherche de "femmes chaudes" ou autres "dominatrices". Agacé (et curieux), je me suis parfois laissé aller à laisser l'énergumène entamer son processus de séduction. Autant vous dire que ça ne fait pas dans la dentelle! Heureusement, le fait de ne rien répondre finit généralement par lasser le bonhomme... qui part en chasse vers d'autres cibles censées être plus coopérantes.

Ce que j'ignore, c'est s'il en trouve? Probablement oui, sinon ce genre de conversations salaces ne se serait pas autant développées. N'ayant jamais joué ce rôle "viril", je n'ai jamais non plus rencontré ce genre de femmes. Ce qui est certain, c'est que jamais je ne me suis fait aborder aussi vulgairement par des femmes! Je suppose qu'elles le font de façon un peu plus fine, si toutefois elles le font?

Bref, sur internet, rien de changé par rapport à la réalité, ce sont les hommes qui draguent, et de façon assez pataude. Les femmes aussi abordent les hommes (sinon je n'aurais jamais eu de dialogues...), mais n'ont pas pour objectif premier de "se faire un mec". Où alors elles savent s'y prendre pour que ça ne saute pas aux yeux.

 

Un jour, j'ai carrément pris un pseudonyme féminin (à titre d'enquête, avec déguisement adéquat...). Pas besoin d'attendre longtemps, les demandes ont afflué immédiatement. J'ai laissé tomber tous les lourdingues et j'en ai choisi un qui paraissait un peu plus raffiné. J'ai joué le jeu: emploi systématique d'accord des verbes au féminin (quoique les fautes d'orthographe/grammaire ne rebutent personne sur le Chat!!), et me suis mis à "penser" en femme. C'est finalement trés facile lorsqu'on sait que c'est indécelable. Je suis resté un moment avec cet homme, plutôt poli (mais insistant!) qui voulait absolument draguer cette Amandine que j'étais (mignon le pseudo non?). "Tu préfères la mer ou la montagne?". Moi: "Euh! plutôt la montagne. J'aime bien le calme et les paysages...". Pas la peine de développer d'avantage, ce n'est pas ce qui l'intéresse. Et le voila qui m'emmène dans un chalet de montagne, l'hiver, avec un bon feu de cheminée (le virtuel étant censé me permettre d'imaginer fort bien tout ça...). Et que nous étions mouillés, et qu'il fallait nous réchauffer, et qu'il allait m'aider à enlever mes collants, mes vétements... de mon coté, si je m'étais "laissée" emmener dans son chalet virtuel, je lui dis vite que ça ne marchait pas vraiment coté imaginaire, et que je n'irais pas avec un inconnu comme ça. J'essayais de casser son plan à chaque occasion. Je rigolais pour lui faire perdre l'assurance qu'il avait de me séduire. Mais rien n'y faisait, il avait son scénario en tête.

Lorsqu'il voulut m'embrasser, je lui répondis que c'était bien trop tôt... qu'importe, il continua. Et le voila qui se mit en charge de m'ôter mes vétements... non, non, je n'enlèverais pas mes vétements avec un inconnu comme ça! (cause toujours..) et voila que ses mains caressaient mes jambes, enlevaient mes porte-jaretelles (vous allez souvent en montagne avec ça vous?). A ce moment là, je n'avais même plus à dire quoi que ce soit, son imaginaire carburait à fond, il n'entendait plus ce que je disais. Bon quand il se mit en tête de m'enlever mon soutien gorge et remonter sa main sur mes jambes, j'ai dit STOP!

A ce point du "jeu" ça devenait insupportable. J'étais mal à l'aise depuis un moment, mais là j'allais me faire carrément violer virtuellement! Mon cri l'arréta: "ben quoi? t'es prude?" Prude, c'est ça! et pourquoi pas coincée? Parce que je ne veux pas "coucher" avec un inconnu?

Bon, j'ai arrété là le jeu, et le pauvre type n'a pas tout compris. Il bafouillait des excuses, me promis d'aller plus doucement... Berk! Et puis quoi encore? Je ne lui ai pas dit qu'il venait de fantasmer sur un homme et je l'ai laissé là.

Je n'ai jamais recommencé cette expérience, qui me plonge à nouveau dans cette impression de malaise en l'écrivant ici. J'ai touché de trop prés une certaine misère humaine. Il m'a fait pitié cet homme. Et puis je ne me sentais pas propre. En tant que "femme" je l'avais laissé (et pourtant!!) aller trop loin. Et puis vraiment, j'ai ressenti comme une oppression... j'ai du mal à l'écrire ici. J'ai ressenti l'ambivalence entre la "peur" de me faire violer (j'étais vraiment mal) et le fait de laisser ce pauvre gars s'exciter sur moi. Et puis bon, c'était un homme, et il me renvoyait à une image du mâle qui n'était pas trés flatteuse! Alors c'est comme ça un mec? Et moi je fais partie de cette tribu là? Ben oui!

Finalement je n'étais pas fier du tout de mon jeu.

 

Est-il besoin de préciser à nouveau que les échanges que j'ai n'ont rien de commun avec ça? Je crois que mes écrits précédents en disent assez long sur le sujet.

 

Pour vous qui me lisez, ça peut paraître un peu pervers ce jeu là. C'est possible, mais je l'ai fait sans me rendre compte dans quoi je me lançais. Il m'est encore arrivé, une dizaine de fois, lorsque je m'ennuyais à ne rien dire (j'aurais mieux fait de faire autre chose, je sais!) de reprendre un pseudo féminin. Mais je l'ai endossé par curiosité et en refusant de suivre des jeux de fantasme. Si le gars essayait, je le remballais sêchement. Drôle d'attitude que de vouloir "casser" l'arrogance des hommes? Pas forcément! Pour moi c'est une façon de me désolidariser des ces comportements de macho. Je prends temporairement une attitude féminine pour que mon discours (généralement vite raccourci: ce n'est pas ce qu'ils cherchent) porte un peu plus. En tant que mec, ils ne m'adresseraient même pas la parole! Lorsque je le révèle, ils disparaissent aussitôt.

Bon, j'ai renoncé à cette croisade inutile depuis un bon bout de temps... Désormais je ne cherche plus à lier connaissance avec qui que ce soit, ni hommes, ni femmes. Je préfère renforcer les contacts enrichissants que je connais déjà. C'est bien plus épanouissant!

 

Je n'insisterais pas sur le fait que ces petites expériences démontrent aussi que le mensonge est d'une facilité déconcertante sur le Chat... Et que l'imagination peut fonctionner à plein tubes.

La confiance est donc à la base de toute relation un peu poussée. Comment avoir confiance sans preuves visuelles? Avec le temps! C'est le seul moyen de confirmer que cette personne qui semble si ouverte, cette personnalité riche, ne se contredit pas, ne se "lâche" pas peu à peu. Personnellement, je n'ai jamais été trompé par des personnes avec qui j'ai des échanges forts. Et voilà presque un an que ça dure...

 

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Au sujet des Chats, IRC pour les Québecois, j'ai trouvé un site qui donne un tout autre point de vue que le mien. Celui de "Mr Anti-IRC", au nom explicite. Je l'ai trouvé trés intéressant, et on voit que son auteur en a été un fervent adepte. Maintenant il rejette avec une certaine virulence tout en bloc. Apparemment il n'a pas fréquenté le même canal que moi (combien existe-t-il de canaux?), ou du moins, pas ceux de ma tranche d'âge... Lui ne semble jamais avoir trouvé quoi que ce soit digne d'intérêt sur le Chat. On se demande d'ailleurs pourquoi il y est resté si longtemps?

Quoi qu'il en soit, il est fin observateur et décrit trés bien le comportement de la plupart des Chatteurs. Pour rester impartial, je me devais de mettre un lien vers son site (suivez les liens vers "Anti-IRC").

 

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J'ai depuis le début du mois une écriture presque quotidienne dans ce journal. Cela correspond à une décompression brutale de ce qui était contenu depuis quelques temps. Mais je ne pense pas que je garde ce rythme trés longtemps.

D'une part parce que je suis en période calme dans mon activité professionnelle, et que ça ne durera pas. D'autre part parce que je ne peux pas passer autant de temps que je l'ai fait ces derniers jours à écrire, aménager ce site, et continuer à avoir des relations.

Hier soir, j'ai fait du Chat avec Kathryn, encore une fois jusqu'à 4h du matin. Etant dimanche, j'ai fait la grasse matinée jusqu'a 9h. Je n'aime pas me lever si tard, ça empiète trop sur la journée. Et en plus, accumulation de fatigue de ces derniers jours, j'ai fait une sieste... qui a duré 2h. J'étais complètement ramolli.

Pas possible de reprendre à ce rythme aprés les vacances (je pars jeudi matin, pour une quinzaine de jours).

Surtout qu'il faisait trés beau aujourd'hui, malgré une fraicheur inhabituelle pour juillet. Quand je penses aux journées que je passais dehors il y a quelques années... Je ne supportais pas de rester enfermé. Alors je me promenais dans les champs et sur le chemins. J'étais bien...

Rien à voir avec ce que je fais en ce moment, mais je ne regrette pourtant rien. C'est simplement une façon de vivre qui me convient pour mon cheminement personnel actuel. J'ai besoin de vivre ces relations, tenter d'améliorer mon image, tant aux yeux des autres que des miens. Améliorer ne convient pas: c'est "être moi-même" qui convient mieux. Et ça, malheureusement, ça n'est pas dans la nature que je l'apprendrais. Je suis "moi" lorsque je suis seul à me promener, mais ça ne me suffit pas. Je suis, comme tout le monde, un être social, et j'ai besoin d'échanges avec mes semblables.

C'est ce que je cherche en ce moment.


 

31 juillet 2000

 

Un peu de réalité...

 

Avec le temps superbe qu'il a fait aujourd'hui, je n'ai pas passé beaucoup de temps devant mon ordinateur. Je viens juste de terminer quelques courriers et envois de devis.

J'ai bien profité du soleil, lumineux, dans un ciel absolument bleu. La luminosité était exceptionnelle aujourd'hui, aprés quelques jours pluvieux. Mais sans la grosse chaleur d'été: un air frais et vivifiant dû à la petite altitude à laquelle je vis.

Ce matin, je voyais au loin le Mont Blanc, seul sommet enneigé en cette saison, qui émergeait par delà les chaines de montagnes bleutées. Situé à une centaine de kilomètres, il n'est visible que lorsque la pureté de l'air le permet.

J'ai donc passé la journée dehors, à tondre une dernière fois l'herbe avant les vacances. Les dernières pluies ont redonné un coup de verdure inhabituel en cette saison. On se croirait en mai.

Ce soir, j'ai apprécié l'éclairage du soleil à contre jour, qui illuminait les longs épis de garminées, rendus translucides par le chute de leurs graines. Guidé par la trouée du chemin qui mène au petit bois qui couvre la colline, je suis allé jusqu'à l'orée de celui-ci, m'imprégner quelques instants de l'ambiance sombre et fraîche qui y règne...

 

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Voila encore que je me pose des questions: pourquoi est-ce que je raconte ça? Parce que j'ai des lecteurs, et que je voulais montrer que je ne suis pas complètement obsédé par internet.

Est-ce donc un journal, ou une chronique quotidienne? Je raconte quoi? Mes états d'âme ou ma vie? Est-ce que l'un intéresse plus mes lecteurs que l'autre? Dois-je dévoiler peu à peu qui je suis, quelle est ma vie, ou alors me contenter de raconter ce qui me passe par la tête?

Je sais que pas mal de journaux racontent les activités quotidiennes de leur auteur. "A telle heure j'ai fait ça, ensuite je suis allé là, puis deux heurs plus tard je suis allé faire des courses à Megatruc, puis je me suis acheté telle ou telle chose..." Personnellement, ce genre de journaux ne me passionnent pas. Mais, inversement, j'aime bien quand même découvrir un peu comment vivent les personne qui dévoilent leurs pensées. Il en faut un peu, mais pas trop... Ouais! et c'est quoi ce "un peu mais pas trop"? Quelle est la bonne dose?

Bon, en fait, je crois que je vais continuer à raconter un peu mon passé et mon présent, dévoiler lorsque l'occasion se présente quelques éléménts de mon cadre de vie. Et ensuite, je suppose, je pourrais aller plus à fond dans une introspection en direct. Je le fais un peu déjà, mais je dois dire que ce que je dis ici est souvent une réflexion déjà "travaillée". Dans le sens que je ne fais pas de découvertes: je raconte les plus récentes.

Ce n'était pas le cas de mon journal papier qui avait véritablement un rôle de "révélateur". Mais... ce n'est pas si simple de se découvrir "devant" des inconnus. Question de temps pour apprivoiser ce mode d'expression.

 

Il faut dire aussi que j'ai souvent l'occasion de discuter avec Charlotte, ce qui m'aide aussi beaucoup à faire le point. Ce matin dans la douceur du lit, nous avons beaucoup parlé, pendant plus d'une heure. Nous apprécions tous deux ces moments d'échange, de remise au diapason entre nous. Sans dialogue, je suis persuadé qu'on finit par s'éloigner peu à peu, chacun suivant son chemin, jusqu'au moment où on s'aperçoit que les deux chemins sont bien éloignés. Ce genre de chose ne nous est jamais arrivé, bien que de gros changements se soient opérés en chacun de nous.

En fait, les moments où j'ai besoin de réfléchir seul sont ceux qui sont difficilement partageables. Réflexions sur mon passé, sur des désirs que Charlotte ne peut pas entendre, sur les (rares) frustrations qu'elle ne peut éviter de me donner (et inversement pour elle!). Et puis, de plus en plus, j'essaie de faire mon cheminement seul. Une compagne de route n'est pas une béquille, ni un guide. A moi de réfléchir, de trouver des solutions et, ensuite seulement, lui en parler pour qu'elle sache ce que je pense, ce que je vis. Qu'éventuellement elle me donne son avis, mais qu'en dernier ressort ce soit moi qui prenne la décision qui me concerne.

Il y a quelques années, je venais avec mon indécision, je lui en parlais, et j'attendais les conseils qui m'aideraient à choisir. Or, bien souvent, les choix qu'elle me proposait correspondaient à sa vision des choses, et bien souvent ne me convenaient pas. Ce qui engendrait parfois des disputes inutiles...

Je suis longtemps résté (et le suis certainement encore) assez "gamin", jamais décidé sur des choix à faire. Pesant toujours avantages et inconvénients et devenant incapable de choisir. Je ne voulais rien perdre, et trouver les solutions idéales... Idéales? Tiens, ça me dit quelque chose ça!

 

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Petite frayeur hier soir, en voulant envoyer cette page chez mon hébergeur. Il ne reconnaissait plus mon mot de passe! Et impossible d'aller à ma boite d'email. Pas possible non plus d'écrire à cet hébergeur, qui n'acceptait pas mes messages, et dont je n'ai trouvé aucune adresse.

Frustration que d'être ainsi baillonné, privé de ma plume viruelle!

Aïe! Commencerait-il à y avoir une dépendance de ma part? Non, je crois plutôt que c'est par respect pour mes lecteurs. D'ailleurs, si cela avait duré, j'aurais choisi un autre hébergeur.

Heureusement, ce matin tout fonctionne à nouveau...


 

 

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