Année 2017

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Sans adresse




Vendredi 2 juin 2017
Mis en ligne le 1 septembre 2017


Reprendre le fil des mots. Comme ça, subitement. Peut-être parce qu'ailleurs, sur mon autre espace d'expression, ils se tarissent aussi ?

Qu'est-ce qui fait qu'un jour l'on se met à écrire publiquement ? Puis qu'éventuellement l'on cesse ? À qui ces mots lancés vers l'inconnu s'adressent-ils ? Dès l'origine de ces pages j'ai voulu comprendre ce qui me motivait à passer du journal personnel secret à la formule "Journal intime en ligne". Il apparaissait dans cette transformation une logique, une forme d'évidence, et même de nécessité, quand bien même les questionnements sur le bien-fondé de cette expression étaient infinis. Mais maintenant qu'est-ce qui pourrait faire qu'un jour j'arrête, alors que tant de raisons auraient déjà pu me pousser à le faire ? Peut-être des motifs inverses à ceux de la mise en ligne : un manque d'adresse...

Mes lignes orphelines n'ont plus vraiment de destinataire. Certes, de rares missives peuvent me confirmer que je suis encore lu, fidèlement. Ces signes sont les derniers fils qui me relient à un lectorat qui, jadis, était interlocuteur à part entière. Me viennent à l'esprit les vers de Du Bellay... « Que sont mes amis devenus, que j'avais de si près tenus ? ».

Cette déshérence m'attriste un peu, bien sûr, mais ainsi va la vie. Des chemins s'entrecroisent un temps puis divergent inéluctablement, libérant l'espace pour d'autres rencontres, d'autres préoccupations. Les miennes aussi ont changé. Je ne me questionne plus sur "les relations" dans toute leur diversité, ample sujet qui a pu, en son temps, mobiliser beaucoup de mon énergie. Je crois que je vis plutôt bien, désormais, cette part importante de l'existence. Leur densité est sans aucun doute moindre que ce que j'aurais pu souhaiter qu'elle soit, mais j'ai fait le choix de la sérénité et n'ai nulle envie de le remettre en question. Ce relatif désinvestissement émotionnel et affectif m'a permis de trouver mon chemin d'équilibre. Il est stable. Mon ego est beaucoup moins sollicité, autorisant une plus grande ouverture à d'autres champs d'exploration et de connaissance. Mon espace s'est agrandi.



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Tentative


Dimanche 23 juillet 2017
Mis en ligne le 1 septembre 2017
 
J'ai ouvert mon éditeur de texte. Je voudrais écrire mais ça ne vient pas. Tout le week-end je me suis dit que je pourrais tenter de mettre en mots ce qui cherche à se dire mais que j'ignore encore. Je sais que la mise en écriture peut enclencher un processus de pensée, libérer ce qui est contenu. Encore faut-il qu'une amorce soit à saisir...

Quelques mots me viennent en tête depuis plusieurs jours mais ne s'assemblent pas, ne parviennent pas à se combiner, ne s'engrennent pas : solitude, immobilisme, liberté, relation. Inspiration, émotion. Partage.
Vite fait ça pourrait donner « L'émotion du partage m'inspire ».



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Rêver encore, rêver à mort


Vendredi 1er septembre 2017


Qu'il est difficile à reprendre le chemin des mots, quand on le délaisse trop longtemps...
C'est à peine si j'ose "revenir" ici, après des mois sans publication.

Mais ce n'est pas un hasard : le silence indique que l'expression n'a pas été nécessaire. Me revient en mémoire une phrase que des personnes, ne comprenant pas mon système de pensée, me répétaient lorsque je relatais mes abondantes cogitations : arrête de te poser des questions ! Ce à quoi je répondais que c'étaient les questions qui s'imposaient à moi.

Devrait-on en déduire, puisque je ne m'exprime plus, qu'aucune question ne se pose désormais ? Pas si simple...
Je dirais qu'il y a probablement des questions en suspens mais que, pour le moment, elles restent informulées. Je sens bien que tout n'est pas clair mais je ne sais pas encore distinguer ce qui reste dans l'ombre.

Voila des mois que je ressens une sorte de "vide" existentiel, alors même que ma vie est stable, pacifiée, tranquille. Mais, précisément, un peu trop tranquille. Je ne suis pas loin de m'y ennuyer. Autant les périodes de grands questionnement ont pu être épuisantes, autant elles donnaient à mon existence une densité et une épaisseur inégalées. Sans questionnement, c'est un peu l'inverse...

Sur mon carnet j'ai tenté à plusieurs reprises d'élaircir un peu ce qui pouvait générer cette sensation de "vide", de manque de densité. Sans succès. L'écriture s'est révélée inopérante. C'est un peu frustrant. Je me sens désemparé face à cet outil qui ne fonctionne plus après des années de bons et loyaux services. Je n'en ai pas de substitution pour accoucher de mes pensées infertiles. Ici même j'ai fait deux vagues tentatives, encore plus infructueuses. Frustrant, vous dis-je.

Néanmoins, à force de me grattouiller la cervelle en vue de sortir de l'incapacité à tirer des fils d'amorce... j'en ai peut-être déniché quelques uns. Ténus, épars, distincts, sans rien de bien tangible. Il m'est difficile de tisser quelque chose à partir de cette inconsistance-là mais je vais quand même essayer.

1er fil : la solitude.
Il y a quelques années j'écrivais que je n'avais besoin de personne en particulier, mais des autres en général. Affirmation toujours vraie, mais sans doute à préciser. Certes j'ai accédé à une grande autonomie relationnelle mais... avec pour conséquence - choisie - une certaine solitude. Or je ne suis pas sûr que la solitude soit propice à tous les épanouissements. La solitude dont je parle ici n'est pas celle de l'isolement : je ne suis pas seul, physiquement parlant. Ni même pour l'échange et la discussion. Mais je me sens seul quant à l'inspiration. Je veux dire par là que mes rêves ne trouvent pas d'écho. D'ailleurs... je ne sais même plus si je rêve ! J'ai l'impression que pour rêver (imaginer, s'élever, se surpasser...) il faut de l'altérité, du partage. Bref : il faut pouvoir rêver ensemble !
En solitaire certains rêves ne développent pas leur puissance. Ils avortent, faute de ressources externes. L'autre, les autres, donnent du sens aux rêves.

2eme fil : la muse
Peut-être un prolongement du fil précédent.
Je crois avoir toujours eu besoin, pour écrire, d'être "inspiré" (énergisé, potentialisé...) par une (ou des) relation(s) privilégiée(s), réelles ou souhaitées. Inspiré par ce qui s'y produisait ou que j'aurais aimé qu'il se produise
[rêve, fantasme, désir...] . C'est ce que j'appelle "processus de rencontre" et qui consiste à découvrir qui est l'autre, à quoi elle [au féminin, toujours] est sensible, réceptive ou hermétique. Une curiosité respective, un intérêt marqué avec, en ligne de pire [oh, je laisse là ce très intéressant lapsus...] en ligne de mire un désir de réciprocité à haute compatibilité émotionnelle et intellectuelle, source idéalisée d'échanges approfondis et fertiles, réjouissants et régénérants. En d'autres termes une inspiratrice, ou muse, est probablement nécessaire au plein épanouissement de certaines de mes potentialités.
Tenter de relier ce fil avec celui de la solitude n'est pas le moindre des paradoxes.

3eme fil : le désir
Encore un prolongement des précédents ?
Le rêve a un rapport avec le désir (l'élan vital). La muse aussi, probablement. Désir en tant que moteur, qu'aspiration. Qu'inspiration, pour la seconde. Mais, plus précisément, le désir que je veux évoquer avec ce troisième fil est le désir physique. Tendresse, sensualité, attirance vibrante des corps. Or je vieillis, et les femmes de mon âge aussi. Cela n'a aucune d'influence sur le désir mais, par contre, l'attirance vers des silhouettes graciles et d'apparence relativement juvénile ne "vieillit" pas au même rythme. L'écart s'accroît donc continuellement entre la réalité et le "rêve"
[encore lui] de pouvoir accéder un jour au "corps idéal" (désirable) que j'ai toujours convoité sans y avoir accès. Plus les années passent et plus les possibilités s'amenuisent. Il y a là un travail de renoncement à effectuer, qui ne m'est pas facile. Ça résiste. Fort...

4eme fil : la perte
Pas vraiment lié aux autres fils, quoique...
La perte dont je parle ici - qui n'est pas sans rapport avec le renoncement au rêve - c'est celle d'un futur réjouissant. Pas celui du solitaire vieillissant en manque d'inspiratrice désirable mais le notre, commun. Celui d'un monde meilleur, auquel j'ai longtemps cru, ou voulu croire. Je pensais que le progrès nous mènerait tous vers une vie plus heureuse (harmonieuse). Or j'ai pris conscience que ce ne serait certainement pas le cas avant très longtemps. Et que, avec une forte probabilité, les temps à venir vont être de plus en plus rudes. Si monde meilleur il devait y avoir un jour, ça ne pourra pas advenir sans douleurs inombrables auparavant. L'effondrement annoncé de notre monde de nantis, conjointement aux destructions environnementales en cours et à venir, ont porté un coup sévère à mes espérances naïves...
Si l'avenir devait perdre son sens, comment nos existences, et nos rêves, ne pourraient-ils pas en être affectés ? Je crois que la prise de conscience de cet horizon quelque peu bouché a plombé quelque chose dans ma vision de l'existence. En tout cas cela relativise bien des réflexions existentielles...

5eme fil : la mort
Plus le temps passe et plus la mort me semble être une évidence acceptable. Il m'arrive assez souvent de me dire que je pourrais mourir dans l'instant. J'accepte cette éventualité avec une déconcertante facilité. Est-ce parce que je suis parvenu à un haut degré de détachement en toutes choses ? En quelque sorte ma propre mort m'indiffère (mais pas la souffrance qui pourrait la précéder). Pour la mort de ceux qui me sont proches c'est assez variable. Je crois que seule celle de mes enfants serait une déchirure effroyable. Bien sûr, la mort de quiconque avec qui je suis en relation affective m'attristerait mais, il me semble, sans révolte. Peut-être parce que je ne me rends pas compte... Peut-être parce que je ne suis plus vraiment "attaché" à qui que ce soit ? Peut-être parce que quelque chose est un peu mort (éteint) en moi ?
[à relier au désir frustré ?]
Ces pensées bizarres, légèrement perturbantes, sont sans doute à approfondir...

6eme fil : ma pensée
Récemment je suis tombé sur une possible explication au rapport un peu complexe que j'entretiens avec les autres. Notamment le "détachement" susmentionné et une relative insensibilité à certaines formes d'attachement et d'empathie. Le goût pour la solitude, aussi, et la difficulté à entrer en relation. Je ne sais pas trop qu'en penser, mais je me dis que mon cerveau n'est peut-être pas tout à fait structuré de la même façon que la majorité des gens. La carte de ma sensibilité ne correspondrait pas à celle des autres, tantôt plus développée, tantôt moins. De telle sorte qu'il y a finalement très peu de personnes avec qui je me sente bien.
Ma pensée, qui a été parfois qualifiée d'arborescente, mon goût prononcé pour certains détails et précisions, font que je suis doté de singularités finalement peu communes. Cela aurait-il pu être à l'origine de ce qui a été qualifié de "blocage psychologique" lorsque j'ai quitté l'enfance ? Au vu des réactions de rejet que cela avait alors suscité et des conséquences fort regrettables que celles-ci ont eu sur mon estime de moi, donc sur la construction de ma personnalité adulte, je me dis que la piste de la pensée complexe est peut-être à explorer...
Accepter d'être peut-être "différent" me semble finalement plus réaliste que de persister à faire des efforts de sociabilisation très peu suivis d'effets.

J'en resterai à ces six pistes d'exploration pour aujourd'hui. Elles sont d'importance variable mais interagissent, conjuguant rêves, altérité et mort. D'autres fils pourront certainement être tirés une prochaine fois...



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En latence



Dimanche 10 septembre 2017



Ma réflexion sur le rêve s'est un peu précisée, grâce aux commentaires qui ont été apportés sur mon blog et surtout une longue discussion en face à face autour de ce thème. Il en ressort que je me trouve probablement à une de ces périodes charnière de l'existence qui indiquent qu'un changement relativement profond est en cours.

Si je retrace brièvement mon parcours de vie depuis l'aube de l'âge adulte je peux repérer plusieurs épisodes de stabilité entrecoupés de tels moments charnière. Depuis l'entrée dans la vie active et l'installation en couple, il y a eu la parentalité, un changement de métier, l'envol des enfants...
Vie relationnelle et vie professionnelle se sont allègrement chevauchées. Quand l'un de ces domaines était stabilisé, l'autre pouvait s'ouvrir à des changements.

Aujourd'hui, côté professionnel, voilà dix ans que je suis "installé" chez un employeur que je n'envisage pas de quitter d'ici la fin de ma carrière. Grande stabilité en perspective, donc, qui me convient parfaitement. J'ai devant moi, globalement, une dizaine d'années pour améliorer mes compétences et en faire bénéficier toute l'équipe avec qui je collabore, pour le bien-être de tous. Beau projet en soi.

Familialement je suis déjà triple grand-père, sans avoir vraiment endossé ce rôle bien que je me réjouisse de voir cette progéniture enchanter mes enfants. Honnêtement... je ne me sens pas encore dans les dispositions d'esprit d'être grand-père. Cela n'a jamais été un de mes rêves. Ou bien ça ne l'était pas encore. Je n'y étais pas prêt. Ayant l'impression d'être depuis peu dans une pleine maturité, je ne suis pas du tout résolu à renoncer à ma liberté chèrement conquise. Mes rêves me portent davantage au voyage qu'au grand-paternage. Je sais bien que les deux ne sont pas incompatibles.

Par contre, ce qui pourrait l'être, incompatible, c'est mon appétit du voyage et mes convictions écologiques ! Et là mes rêves ont été sévèrement plombés par ce que je ne cesse d'apprendre sur notre avenir probable. Ça ne paraît peut-être pas mais prendre conscience que le voyage à longue distance ne devrait plus être pratiqué a quand même sérieusement sapé le joyeux horizon que j'avais imaginé. La liberté à laquelle j'ai commencé à goûter, depuis que j'ai eu la possibilité de voyager à ma guise, se voit entravée par la conscience que cela dépasse la part à laquelle j'ai droit. L'horizon s'est fortement rétréci. Il y a là un renoncement à mettre en place, et ce n'est jamais facile.

Dans la même veine, le renoncement au "rêve" (à l'idéal ?) d'un avenir "confortable" à l'humanité pèse, j'en suis certain, sur ma capacité à m'enchanter. Un boulet de plus qui entrave mes rêves. Pour autant tout n'est pas sombre et je suis certain que d'autres rêves peuvent émerger. Mais il me faut sans doute un peu de temps pour qu'ils m'apparaissent comme vraiment attirants...

Si j'ajoute à cela la conscience flottante que j'avance en âge et que, tôt ou tard, mon organisme va manifester son usure et réduire ma liberté, il ne serait pas surprenant qu'une petite crise existentielle s'insinue dans ma libido. La libido au sens du désir de vivre et même de dévorer la vie.

Mais la libido au sens plus trivial est en jeu aussi, je le sais (même s'il m'est plus difficile d'aborder ce thème). Toujours avec cette conscience que les années passent et que certaines possibilités s'amenuisent. Je veux parler des possibilités de rencontre. Et pas sous l'angle des potentialités physiques qui, fort heureusement, ne sont nullement altérées jusqu'à ce jour. Elles pourraient même bien être en amélioration constante, ce qui ne fait que rendre plus cruciale la question précédente : celle des "rencontres". Et là je veux clairement parler de la rencontre amoureuse, qui ne s'est plus concrétisée depuis... un peu trop longtemps.

Ben oui, avec le temps je me rends compte que cette dimension de l'existence est quand même fichtrement importante. Pas indispensable, du moins pas en permanence, mais quand même importante comme "dopant" de vie. Je me souviens de l'énergie qui a pu m'habiter, me porter, me donner des ailes lorsque j'ai été amoureux...

Le dernier grand mouvement relationnel date des années 2000, lorsque j'ai décidé de m'ouvrir à d'autres relations que celles du seul couple. Depuis j'ai traversé diverses étapes, des plus euphoriques aux plus sombres, conquérant une "liberté" qui, après bien des turpitudes, m'a mené à vivre en solo. Un choix assumé, mais un peu par défaut...
 







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