Octobre 2016

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Sublimation





Mercredi 19 octobre 2016


Anne Pingeot publie une partie des lettres à elle adressées par François Mitterand. La presse s'en est fait écho et l'impression que j'en ai eu c'est qu'il n'y avait là rien de scabreux ni de lamentable. Quelques articles et de brefs extraits m'ont convaincu : cette publication a son importance. Personnellement elle me touche, parce qu'elle se rapporte à l'intime profond et que, vu les protagonistes, elle est admirable. Cet homme-là avait, au minimum, un indéniable talent littéraire et une personnalité hors du commun. D'Anne Pingeot j'en sais beaucoup moins mais je suis certain qu'être auprès d'un tel homme aura été une expérience exceptionnelle.

Cette histoire d'amour longtemps caché, de double vie d'un personnage public, m'a fasciné lorsque, comme tout le monde, j'en ai appris l'existence. Jamais je n'ai eu la moindre tentation de jugement moral. Au contraire, j'étais plutôt admiratif...

Des années plus tard la publication de la correspondance réactualise ma réflexion, après que j'aie moi aussi, quelques mois durant, pensé pouvoir vivre deux amours simultanément. Certes je n'avais pas l'envergure d'un Mitterand, ni sa force de caractère, ni sa solidité, ni son talent... et l'aventure fut brève en ce qui me concerne. Il n'empêche qu'en écoutant Anne Pingeot, sur France Culture, j'ai perçu des fragments de ressemblances. Il serait bien prétentieux de ma part de me hasarder à des comparaisons mais, toutes proportions gardées, j'ai vibré en entendant certaines énonciations. Je pense en particulier à l'aspect stimulant que peut générer une puissante attraction amoureuse
[mais s'agissait-il seulement de cela ?] entre deux personnes qui s'estiment et se "reconnaissent"...

Il demeure en moi le souvenir d'un bain de jouvence régénérant, le surgissement d'une audace insoupçonnée, et l'impression de pouvoir surmonter tous les obstacles. C'était, en quelque sorte, un homme neuf qui m'aparaissait, comme éveillé par une muse avec laquelle je me sentais en parfaite résonance. De l'amour il y en avait, mais aussi bien davantage. Le potentiel était puissant. Bien que cela n'ait pas duré aussi longtemps que je l'envisageais je reste habité par cet épisode de synchronicité quasi-parfaite. Je n'avais jamais connu ça auparavant, je ne l'ai plus rencontré depuis. Sans surprise. Désormais, en lieu et place de l'Eden entrevu, demeure un jardin pétrifié. Vide. Silencieux. Comme si un sortilège avait figé le monde prometteur dans son élan suspendu.

La vie a continué cependant et j'ai su rétablir un relatif bonheur à vivre. Modeste et paisible, il reste empapillonné d'éclats de rires et de diamant. Inspiré, j'ai trouvé un équilibre. Une liberté. Peut-être une force, par sublimation, par continuation. Par fidélité au bonheur entrevu et à l'autonomie révélée.




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  Mois de novembre 2016