Juillet 2016

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  En vie à deux




Samedi 2 juillet 2016


Je laisse entendre que je vis seul mais il m'arrive, de temps en temps, de partir en escapade à deux pour quelques jours. Toujours avec la même personne, depuis plusieurs années. La durée maximale de ces mini-voyages est de deux ou trois jours, pas plus. Par expérience nous savons qu'au delà ça peut devenir compliqué quand, le dialogue spontané s'étant tari, le silence prend place. Un silence perçu comme inquiétant, suscitant diverses interprétations liées à une moindre intensité apparente. Si bien que plusieurs de ces séjours se sont achevés dans une certaine morosité, fort peu satisfaisante.

J'en ai conclu qu'avec cette personne, malgré nos affinités et goûts communs, faire durer le temps de coexistence nous était néfaste. Avec elle je préfère les rencontres courtes, portées par la dynamique du désir, lui-même stimulé par l'absence. Ainsi chacun, se nourrissant à d'autres sources, peut apporter des éléments nouveaux et fertiliser l'échange. J'ai fait mienne cette idée : pour qu'il y ait élan vers l'autre il faut pouvoir prendre suffisamment de distance. Nous alternons donc temps d'absence et de présence, avec prédominance, à ma demande, du premier élément. Au fil des ans nous sommes parvenus à trouver la fréquence optimale, celle qui fait que je ne me sens pas étouffé, ni trop vite drainé de mes ressources partageables...

Dernièrement, les circonstances paraissant favorables, nous avons tenté une expérience inédite : partir une semaine ensemble. Une semaine de cohabitation, loin de nos domiciles respectifs, avec (long) trajet aller-retour commun. Autrement dit : sans possibilité de mettre rapidement terme à l'expérience si elle devenait pénible à vivre. Fort heureusement ce séjour en Finistère s'est plutôt bien passé. Nous avons pu largement profiter de l'environnement sauvage et photogénique que nous convoitions. Pour le reste... j'ai préféré me plier à quelques exigences d'exclusivité pour éviter toute tension : interruption des contacts avec d'autres relations, rester "présent" même lorsque les moments de silence prolongés m'incitaient à trouver des palliatifs à l'ennui. Ce ne me fut pas facile mais j'ai consenti à accepter ces limites, tout en me disant que l'importance que j'accorde aux moments de liberté et de respiration gagneraient à être précisés préventivement, à l'avenir.

Bilan de l'expérience : un plaisir à partager des sensations telluriques, à vivre simultanément l'ivresse des grands espaces, à pratiquer le même type de photographie contemplative, à prendre le temps de respirer les éléments. Mais aussi une sensation de... manque de liberté [quoique modérée et tout à fait supportable]. Par rapport à un voyage en solitaire, ce que je perds en sensation de liberté, je le trouve dans le partage. Notamment dans la visite des espaces humanisés que sont villes et villages. Hors de ceux-ci, par contre, la présence d'autrui me coupe de l'ineffable sensation de "solitude", de lien avec la nature et les éléments, de ressourcement dans l'isolement. Indépendamment de la personne avec qui je suis.

Cela confirme en tout point ce que j'ai perçu durant mes itinerrances canadiennes. À moi de choisir ce que je veux privilégier, désormais en toute connaissance de cause.

Ce "voyage à deux" présentait une autre particularité : il était la première expérience de cohabitation "captive" d'une telle durée depuis douze ans que je vis seul. En effet, je n'étais plus parti avec quiconque depuis l'abracadabrantesque fin de relation dont ce journal s'est fait témoin, jadis. La réitération m'a d'ailleurs permis de mieux comprendre l'importance des moments de respiration et de liberté en situation de confinement relationnel...
Un écueil qui n'a pas existé lorsqu'il y a quelques années j'ai accueilli chez moi, pour des durées équivalentes, de rares visiteuses. Mon absence durant la journée, pour cause de travail, laissait à chacun le temps de se nourrir dans différents registres, puis d'en restituer plus moins l'essence au retour.

J'en conclus, sans surprise, que l'absence et l'ailleurs enrichissent les relations.


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Confidences





Dimanche 24 juillet 2016


Permettez-moi d'aborder aujourd'hui, dans la confidentialité feutrée de ce journal "intime", un sujet fort sensible pour moi. Sensible dans le sens qu'il m'est difficile d'assumer ce que je vais décrire, et qui me correspond pourtant bien. Je veux parler de mon attirance vers le féminin.

Dit comme ça, il n'y a rien de gênant, mais si j'entre dans le détail...

Il y a quelques temps j'ai évoqué mes explorations, sans but identifié, sur divers sites de rencontre. Une errance comparable à la traversée d'une morne plaine, sans point d'intérêt majeur, hormis deux amorces de correspondances à l'initiative de femmes intriguées par mon annonce. Le premier échange a cessé par ce que j'étais trop peu répondant
[je n'y trouvais pas grand chose de stimulant...]; le second s'est terminé cordialement [non sans quelques remous] après que j'aie précisé que ma vie de célibataire n'empêchait pas que je sois actuellement "en relation" [on va dire ça comme ça, faute de vocable plus adéquat...]. L'aspect bénéfique de ces deux brèves correspondances, c'est qu'elles m'ont permis de voir confirmé que mes qualités humaines d'écoute et de dialogue, de sensibilité et d'honnêteté, étaient appréciées. Visiblement je me distinguais de pas mal de mes homologues masculins, plus prompts à "conclure" qu'à échanger. Ce n'était pas une surprise mais c'est toujours bon de se l'entendre dire.

De temps en temps je reprends mes errances - bien que peu satisfait de leurs résultats -
toujours à la recherche vague de je ne sais quoi. Passant d'un profil à l'autre, je vois défiler des centaines de photos ou descriptions, lis des demandes peu ou prou similaires [et par la-même un peu pathétiques...]. Eh bien figurez-vous que pas une seule fois je n'ai "flashé" ! Je veux dire que pas une seule fois je n'ai cliqué sur l'icône qui aurait signalé que tel profil m'intéressait.

Et pourquoi donc ? D'abord parce que la plupart des profils ne donnent que trop peu d'éléments pour susciter l'intérêt. Que faire d'un simple descriptif issu de cases à cocher s'il n'y a pas une part de présentation personnelle ? J'ai besoin que la personne se dévoile un peu, s'implique, s'exprime, donne quelque chose de ce qui fait sa personnalité et sa sensibilité. Hop, au moins 50% de profils inexploitables à mon sens. Si je retire encore celles qui croient qu'en écrivant deux phrases bateau elles peuvent éveiller l'attention, il ne doit pas rester plus d'un quart des profils. Venons-en aux photos, maintenant. Honnêtement, c'est la première chose que je regarde lorsque c'est possible. Et là, selon ce seul critère... c'est l'hécatombe. Pratiquement aucun visage qui m'allume. Serais vraiment trop exigeant ?

Bon... c'est là que j'entre dans le côté délicat de mon sujet...

Inutile de tergiverser : je suis sensible à l'apparence physique. C'est même un critère déterminant
[discriminant ?]. Je l'ai toujours su... mais jamais vraiment assumé. Parce que ça va à l'encontre de mes valeurs : on ne devrait pas juger quelqu'un sur son apparence. Sauf qu'il ne sagit pas de "jugement" mais de critères d'attirance. Et qu'ils ne sont pas choisis : il y a des femmes qui m'attirent et d'autres pas. C'est comme ça. Indépendamment d'autres critères d'affinité, tels que ceux qui sont fondés sur l'intériorité, ô combien importants.

Or ce que,
de moins en moins confusément, je me vois chercher en faisant défiler ces profils féminins... c'est d'abord une attirance physique. Je ne peux plus me cacher derrière mon petit doigt : je constate sans ambiguïté ce qui éveille ou éteint mon intérêt.

Là où ça se complique c'est que je cherche aussi une attirance intellectuelle et émotionnelle, ainsi que des sensibilités compatibles, une profondeur de pensée, une vision semblable de l'existence. L'ensemble de ces critères croisés fait que les probabilités affinitaires sont extrêmement réduites. Si j'y ajoute mes propres lubies, à savoir cette liberté qui m'est chère et se traduit par un désintérêt pour la relation "à deux" telle que la convoitent la plupart... et bien il ne reste probablement plus aucune possibilité de rencontre ! C'est d'une logique toute mathématique. Statistique. Alors je me résouds peu à peu à ne jamais plus vivre ce que j'espérais encore sans trop y croire
[mais qu'espérais-je ? ]. Je me prépare à renoncement un peu amer, que j'accepte cependant bien : il en va ainsi de tout ce qui ressort de l'éloignement de la jeunesse [pessimiste, va ! ]. Cela dit je ne saurais avoir de certitudes et, en matière de rencontres, tout reste possible [aaaaah ! ]. Mais peu probable... [ooooh!]

Il y a douze ans j'ai fait le pari de la liberté relationnelle, prenant le risque de rester seul. Depuis mes goûts et convictions se sont affirmés, notamment grâce à des rencontres plus moins approfondies. Là où j'en suis rendu, aujourd'hui, c'est que je préfère ma liberté à des relations insuffisamment épanouissantes. D'où mon attrait tenace vers la pluralité relationnelle, tendant hypothétiquement vers une satisfaction globale...

Ma recherche floue laisse entendre que je n'ai pas encore atteint cet équilibre. Mais fais-je vraiment ce qu'il faut pour cela ?

Sur les sites de rencontre parcourus il arrive, malgré mon exigence, que je voie des photos qui me plaisent ! Un regard qui m'accroche, un sourire qui me fait craquer, un visage lumineux... ou les promesses d'une silhouette attirante. Sauf que je ne me résouds pas à ce que ce dernier critère puisse être déterminant !
Il me suffirait de cliquer pour tenter ma chance... mais je n'assume pas l'idée d'être intéressé d'abord par l'apparence physique. Féministe dans l'âme, je m'y refuse. Et pourtant...

Lucide, je sais que mon histoire de couple s'est jouée en
[grande ?] partie sur des questions d'apparence physique. Je sais aussi que chaque autre relation a été concernée par ces questions. Ça me gêne mais c'est ainsi : je ne saurais faire durablement abstraction de ce qui, chez une femme, m'attire ou marque une limite dans l'approche relationnelle. Cela n'empêche pas la relation, mais peut l'orienter.

Ce matin, séduit par un des rares profils qui me plaisent physiquement, j'ai failli me laisser aller à tenter ma chance. Oser signifier que je suis intéressé et voir ce que ça donne... Mais immédiatement est venue la crainte d'éveiller une curiosité en retour qui aurait de fortes chances d'être déçue puisque je ne cherche pas une relation "classique". Vient alors la crainte de blesser, d'être perçu comme un être superficiel et rejeté pour cela. D'en être blessé à mon tour. Bref, tout un tas de complications que je n'ai pas envie de (re)vivre ni faire vivre.

Résultat : je n'ai rien fait.

Mais je sens bien que je reste dans l'attente vague de la relation désirante et amicale, affective et plus ou moins amoureuse, dans laquelle chacun se sentirait à la fois libre et en confiance, en équilibre. Épanoui et heureux. L'idéal, quoi ;)



PS: oups... je radote. Après mise en ligne je viens de lire que j'avais écrit un texte abordant la même thématique le 2 avril dernier. Bon ben tant pis, puisque c'est écrit je laisse...

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Assumer




Mardi 26 juillet 2016


Écrire quasiment le même texte à quatre mois d'écart
[la hooooonte !!] est un symptôme qu'il m'intéresse d'étudier. Ce bégaiement de la pensée peut signifier au moins deux choses :
- je commence à perdre la boule
[ce qui ne serait pas de bon augure pour le temps qu'il me reste à vivre].
- une question me turlupine et revient en boucle jusqu'à ce que je l'élucide.

Dans le premiers cas il n'y a pas grand chose à faire : la situation risque de s'aggraver et ce journal s'apprête à devenir encore plus répétitif qu'il n'est déjà. Bon, honnêtement je ne crois pas trop à cette hypothèse... même si, effectivement, j'ai bel et bien "oublié" que j'avais déjà écrit quasiment dans les mêmes termes. Mais si j'y reviens malgré moi, c'est peut-être bien que se valide la seconde hypothèse !

En même temps faut pas exagérer : le turlupinage en question reste fort modéré. Je n'y pense pas tous les jours et ça ne m'empêche pas de dormir, loin s'en faut. Mais il y a bien "quelque chose", c'est certain. Ou plusieurs choses combinées, peut-être ?

Une lectrice m'a fait part de son étonnement
[et de sa désapprobation] à me voir aussi  « gourmand » de nouvelles rencontres alors que j'évoque par ailleurs une relation existante. Selon elle je devrais me concentrer sur une seule. Je lui ai répondu que si ladite relation était suffisamment satisfaisante je ne serais pas tenté d'aller voir ailleurs. Mon "insatisfaction" provient assurément de quelques hautes exigences de ma part, mais je suis ainsi fait. Et ça, je l'assume complètement.

"Assumer" ? Dans mon précédent texte j'ai employé ce terme pour dire ma difficulté à endosser l'habit de celui qui accorde une importance préférentielle au physique. Je crois qu'il y a là quelque chose à creuser : pourquoi ai-je tant de mal à déclarer ouvertement ce que tant d'autres - hommes et femmes - expriment sans états d'âme ? Car je ne suis pas le seul à mettre l'apparence (l'attirance) physique au premier plan ! Alors qu'est-ce qui fait que, de ma part, cela m'apparaisse comme "honteux " ? D'où vient ce jugement moral ? J'ai beau chercher, je ne vois pas. Ni dans mon histoire, ni dans mon éducation.
Peut-être cela vient-il simplement d'une grande sensibilité au rejet que, par transposition, je ne voudrais pas faire ressentir à l'autre ? Impensable, donc, de "rejeter" quelqu'un sur son apparence, à laquelle il/elle ne peut rien. Or, je le sais, en m'efforçant de faire abstraction de ce qui m'habite, c'est contre moi-même que j'exerce une violence. C'est une part de moi-même que je rejette. Je ferais mieux d'accepter ce que je suis, m'accorder ce que je désire... et faire confiance à l'autre pour gérer éventuellement sa déception. Au lieu de ça je cherche à protéger l'autre tout en ne lui accordant pas l'entièreté de ce que je suis. Je ne donne que des fragments de moi. Je me divise, je me fractionne.

Tiens... un peu comme les relations fractionnées que je convoite dans la pluralité... Exactement à l'opposé du "tout" que tant d'autres exaltent dans le sentiment amoureux.














 Mois d'aôut 2016