Avril 2016

Dernière mise à jour - Accueil - Archives - Message
























  Infimes probabilités




Samedi 2 avril 2016
[publié le 16 avril 2016]

Je n'écris plus beaucoup, n'en resssentant plus guère la nécessité. Je ne me précipite pas non plus pour publier le peu que j'écris. Par gène. Je ne suis pas très à l'aise avec le thème que j'aborde actuellement...

Mon lectorat a toujours été très majoritairement féminin et je suppose qu'il l'est toujours. De ce fait je redoute de heurter des sensibilités en faisant preuve d'une franchise que je sens pourtant libératrice et nécessaire pour l'exploration de mes pensées secrètes.

Oh là, que de précautions ! Mais qu'ai-je donc à (m')avouer ?

Je raconte : depuis quelques temps j'observais de loin trois sites de rencontre. C'est à dire que je regardais les photos des "catalogues", filtrés selon des critères de proximité géographique et/ou d'affinité supposée entres les personnalités. J'ai vite eu confirmation que pour moi, quel que soit le mode d'entrée (photo d'abord ou description d'abord) le critère déterminant était la photo. Et accessoirement des caractéristiques physiques, comme la taille, bien que celle-ci soit secondaire.

Honnêtement, je n'ai jamais bien assumé ce coté "maquignon" qu'induisent les sites de rencontre : jauger à l'apparence. C'est principlament pour cette raison que j'avais rapidement cessé mon exploration, il y a une dizaine d'années, en acceptant l'idée d'un célibat à long terme. Cette fois j'y reviens... en sachant que dépasser l'obstacle ne me sera pas facile.

Sur le principe je trouve abject de choisir une rencontre en fonction du physique. Parce que cela exclut de fait toute femme qui ne correspondrait pas à des critères que je sais assez étroits, dans mon mental. Or il est certain que des personnalités tout à fait intéressantes peuvent se cacher sous un physique qui, de prime abord, ne m'attire pas. Mais bon, ma réalité est bien celle-ci : en allant sur ces sites je recherche d'abord une femme qui me plaise physiquement. Ouais, je suis bien obligé de le reconnaître. J'en ai eu la confirmation en regardant ces fameuses photos. S'il n'y a que le visage, après l'ensemble je regarde... la bouche. En me demandant « aurais-je envie de l'embrasser ? ». Si le champ s'élargit au corps, immédiatement je jauge la silhouette.

Je suppose que la plupart des hommes et des femmes procèdent ainsi, et ça ne me choque pas. Mais de ma part... ça me gène. Je trouve assez dégueulasse d'exclure quelqu'un en fonction de son apparence. J'imagine la blessure d'amour-propre si la personne l'apprenait. Sauf qu'elle ne le saura évidemment pas, et c'est tout l'intérêt de ce genre de sites...

La semaine dernière je suis passé un cran au dessus dans ma démarche d'apprenti : j'ai payé pour avoir accès aux fonctionnalités d'échange (ces sites sont toujours conçus pour appâter en montrant tout ou partie des profils, mais il faut systématiquement payer si on veut établir la moindre correspondance). J'ai aussi mis ma photo, parce que si on veut appâter, hein, il faut bien en passer par là ! Aussitôt fait... je me suis demandé ce que je faisais là, à exposer mon apparence physique. Espérais-je séduire ? Me sens-je donc suffisamment attirant pour oser cette démarche ? Et que vais-je faire si une femme cherche à me contacter ? De quoi ai-je vraiment envie ?

Dans mon annonce de présentation, pour éviter les désillusions de celles qui souhaitent trouver l'âme soeur, j'ai rapidement précisé quelle était ma recherche, pour la part consciente que j'en ai : « Avide de liberté, je ne cherche pas à reconstruire un couple (belle expérience, mais dont j'ai atteint cles limites). Je ne cherche pas davantage le grand amour (magnifique, mais un peu trop aléatoire pour l'attendre). Par contre une belle et stimulante complicité ouverte à divers partages ne me déplairait pas... ».

Et pour que tout soit bien clair, j'ai ajouté cet élément important : « l'exclusivité sentimentale et/ou sexuelle ne fait plus partie de mon système de valeurs ». Avec ça j'exclue d'emblée 90% des éventuelles prétendantes ! Et comme j'estime à 10% le taux des profils qui m'attirent l'oeil...
[et à 1% ceux qui m'attirent vraiment], ben ça fait pas beaucoup de probabilités de rencontre ! Moins de 1% des profils [voire moins de 0,1%...]. Sachant que toute rencontre ne débouche pas sur une attirance mutuelle, autant dire que les possibles sont proches du zéro absolu.

Loin de me déprimer, je crois que ça me rassure.



__________________________________________________________________________________________




  Entre partage et liberté



Samedi 16 avril 2016


Vivre seul, malgré les avantages que j'y trouve en termes de liberté, présente un inconvénient principal : les repas sont devenus insipides. Non pas gustativement, mais en terme d'échange. Sans dialogue, sans partage, ils sont dépourvus d'une convivialité qu'autrefois j'appréciais particulièrement. Aucun mot, aucun sourire, aucune autre présence que la mienne. L'avantage c'est que, désormais seul face à ma pitance, je mets ce temps à profit pour m'informer : j'écoute les voix de la radio. Ou bien je lis. Parfois je m'installe devant mon ordinateur ou regarde un documentaire à la télé. Faute de mieux...

Mais vivre seul c'est aussi dormir seul. Au début je pensais que ça allait m'être difficile. C'en était fini des moments de douceur de la tendre étreinte des corps lovés l'un contre l'autre. Peut-être est-ce étonnant, mais je redoutais davantage le renoncement à la tendresse qu'à celui de la sexualité. Probablement parce que mon épouse était une amie et une confidente avant d'être une amante...

Vivre seul après avoir vécu à deux m'a obligé à apprendre la frugalité. Le partage ne se fait plus qu'avec parcimonie. C'est vrai pour la parole, ce l'est plus encore pour la sexualité. Pourtant, bien qu'il me soit arrivé de traverser des périodes de disette plus ou moins durables, ma vie n'a jamais été vraiment solitaire. En tous cas je n'ai jamais senti la lourde tristesse de la solitude douloureuse. Il n'empêche que ce qui paraissait garanti auparavant - à tort - est passé sous statut précaire : ce qui existe aujourd'hui cessera peut-être demain. La liberté est à ce prix.

C'est sous ce régime incertain qu'est née ma relation avec A., et qu'elle dure. Depuis bien plus longtemps que je ne l'aurais imaginé, finalement. Perpétuellement remise en question, nous avons de nombreuses fois sérieusement envisagé d'y mettre un terme. Car, bien que nous ayons des goûts communs, nous ne sommes pas en phase sur de nombreux points fondamentaux. Et surtout notre investissement sentimental n'est pas équivalent. Mais nous avons deux désirs fortement compatibles : parler et faire l'amour.

Précisément les deux points auxquels la solitude ne permet pas de répondre.

Aussi instatisfaisante que puisse être notre relation, elle nous apporte cela et nous maintient reliés. Une interdépendance, en quelque sorte. Toutefois l'insatisfaction durable n'est pas une perspective très... satisfaisante. Régulièrement je ressens des envies de liberté. Sentir le poids d'attente que je ne saurai satisfaire me pèse. Je rêve aussi de nouvelles rencontres. Je garde en mémoire le souvenir de moments beaucoup plus réjouissants que ce que je vis actuellement. D'enthousiasmes forts, de dialogues hautement stimulants, d'émotions élévatrices, d'aspirations à vivre. D'une certaine façon je crois que "j'attends" quelque chose d'autre. Je désire vivre autre chose...

En fait je me satisfais d'une relation insatisfaisante, par crainte de me retrouver dans une situation qui le serait encore moins : de nouveau "seul". Non que ne sache m'en accomoder, mais parce que... oui, être privé de dialogue et de sexualité n'est pas une perspective attirante. Or c'est ce qui pourrait bien arriver si je m'approchais un peu trop d'une autre femme.

Cela interroge donc mon désir de rencontre : de quoi ai-je envie ? À quoi suis-je prêt à renoncer, entre partage et liberté ? Je connais mes exigences et sais que la probabilité de les voir satisfaites est faible. Depuis que j'ai connu les vibrations d'une rencontre de haute intensité, je mesure à quel point celles-ci sont rares. Dès lors... à quoi bon espérer ce qui confine à l'impossible ? Mon optimisme atteint ses limites face à l'évidence : combien de fois ai-je rencontré une femme avec qui j'avais puissamment envie d'aller loin ? Et combien de fois ce désir à t-il croisé une réciprocité compatible ? La conjonction des deux aboutit au nombre zéro. Tout peut arriver, bien sûr, mais encore faudrait-il que j'en aie suffisamment envie... Que ce soit d'abord par l'attirance des mots ou par celle du physique, force est de constater que rien ne s'est vraiment développé comme l'un ou l'autre a pu le souhaiter à un moment donné. Il y a des échanges de confidences, il y a parfois eu des ébauches d'attirance réciproque, de délicates vibrations, mais sans que cela ne déclenche vraiment ce que j'attends ni n'atteigne les dimensions que j'ai connues dans le passé. Et qui restent ma référence...






__________________________________________________________________________________________









Mois de mai 2016