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Lundi 7 mars 2016
[publié le 16 avril 2016]
J'ai confusément l'impression d'entrer peu à peu dans une nouveau cycle de mon existence. C'est extrêmement lent, sans aucun élément déclencheur significatif, plutôt flou... et néanmoins je le ressens avec une certaine assurance. Le premier cycle de l'âge adulte aurait débuté lors de ma rencontre avec Charlotte [j'avais 18 ans] ; le second, trente ans plus tard, avec la rencontre bouleversante racontée tout au long de ce journal. Brutalement interrompue, elle m'aurait fait basculer dans une ère intermédiaire. Celle d'une longue errance, d'une recherche stabilisatrice, d'un nouvel équilibre après le chaos. Une sorte d'absence restructurante. Un quatrième cycle, s'il s'agit bien de cela, émergerait lentement depuis l'acceptation de la perte. Il serait celui de la rencontre avec moi-même en solitaire. D'où la lenteur du processus et l'absence d'élément significatif...
Mais je me demande si un véritable changement peut opérer sans altérité. Je veux dire : peut-il être aussi marqué dans la solitude que dans la rencontre ? N'est-il pas nécessaire d'être à la fois déstabilisé et stimulé par autre que soi ?
Depuis des mois je ressens un vague désir de rencontre. Ou plutôt un désir contrarié : j'en ai à la fois envie et pas envie. Deux pulsions d'égale intensité, qui s'annulent réciproquement. L'été dernier, si mes souvenirs sont exacts, je me suis discrètement immiscé sur... un site de rencontre. Juste pour voir ce que je pourrais y trouver. Il s'agit d'un site qui, par une série de questions tous azimut, est censé mettre en évidence des affinités mesurées par un taux de compatibilité. Comme le site est mondial, je suis fort aise d'apprendre que quelque part aux USA ou aux Philippines une femme présenterait 99% d'affinité avec moi. Ça me fait une belle jambe...
Géographiquement plus proches, quelques femmes semblaient avoir des valeurs et centres d'intérêts fortement compatibles avec les miens. J'ai regardé leur photo et... je n'ai pas été inspiré. Comment ressentir une attirance envers de parfaites inconnues ? Du coup je ne suis pas allé plus loin dans mon exploration, ne tentant aucun contact. D'une certaine façon j'ai confirmé ce que je savais déjà : je n'étais pas intéressé. Ou du moins pas suffisamment pour tenter l'expérience sans un fort attrait.
Le mois dernier j'ai de nouveau été tenté d'aller voir si, par hasard, il n'y aurait pas quelques nouveaux profils séduisants. Le résultat ne m'a pas plus enthousiasmé qu'auparavant et je me suis donc infiltré sur un second site, au catalogue plus classique, avec un choix beaucoup plus vaste. À peine inscrit mon profil était visité, alors que je n'ai mis ni baratin d'accroche, ni photo. Par contre j'ai vu les visages de mes visiteuses. Et là encore aucun ne m'a inspiré. J'avais l'impression d'un énorme décalage entre leurs attentes, que je pouvais imaginer, et les miennes, extrêmement floues. Nulle envie d'entreprendre la moindre approche ! Je suis resté bien planqué, totalement silencieux.
Qu'est-ce que ça veut dire ? Je cherche quoi ?
Oh j'en ai bien une petite idée... Je pense que je suis en veille. D'un oeil je regarde de temps en temps si, par hasard, ne passerait pas un visage, un profil, qui me donneraient envie d'aller plus loin. Sauf que je ne m'en donne pas les moyens ! Je ne cherche pas à être contacté, en restant volontairement minimaliste. Je me contente de renseigner les champs nécessaires, sans accéder aux versions payantes, donc sans possibilité de communiquer.
Je crois que ce qui me retient, outre le fait qu'il n'est pas question que je m'engage dans quoi que ce soit qui pourrait être prévu pour durer, c'est que je sens très bien que l'apparence physique est déterminante dans mon choix. Ce n'est pas le seul critère, évidemment, mais ce serait le premier. Et ça, j'assume pas trop... Ça ne correspond pas à l'idée que je me fais d'une approche relationnelle. Pourtant, je dois bien reconnaître que l'enjeu est là : si je "cherche" confusément quelque chose c'est bien une attirance physique.
Mais pour en faire quoi, puisque je ne veux pas m'engager dans une relation ?
C'est pas clair, cette affaire !
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Dimanche 13 mars 2016
[publié le 16 avril 2016]
Il me semble que j'ai souvent écrit au passé, dans ce journal. Comme si je cherchais à donner du sens aux évènements en en faisant le récit. J'assemble les faits, leur donne une cohérence logique en interprétant ce qui les relie les uns aux autres.
Je le fais d'autant plus que mon présent n'est pas particulièrement ponctué de faits marquants. Or il y a bien longtemps que je ne suis plus dans une réflexion permanente, continuellement activée par de nouveaux apports. Mon présent est assez neutre. Presque terne.
Je ne peux pas dire que ça me convienne parfaitement et pourtant je ne fais pas grand chose pour que ça change. Disons que je m'en accomode... Je sais très bien qu'il est en mon pouvoir de vivre plus intensément. Je peux voyager, faire des rencontres. Mais en ce moment je n'ai pas envie de faire les efforts pour cela. Je me contente de me laisser vivre. Paisiblement. Je n'ai pas envie de me compliquer l'existence. Et finalement je crois que ça me convient bien. Pour le moment, du moins...
À long terme je ne souhaite pas que cette posture s'éternise.
Bon. Je dois quand même dire ça m'interpelle un peu. Qu'est-ce qui fait que je n'ai pas envie de bouger ? Qu'est-ce qui pourrait me donner envie de le faire ? Je le sais bien : une amie. Pas n'importe laquelle : une amie avec qui je m'entendrais bien, avec qui je me sentirais bien. Une amie avec qui je me sentirais en confiance.
Hmmm... non, ça ne suffit pas : j'ai déjà des amies avec qui je peux ressentir cela. C'est donc que je souhaite autre chose. Mais quoi ?
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Mois d'avril 2016