Novembre 2015

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Samedi 7 novembre


Lorsque j'ai ouvert mon "Carnet" (blog), il y a dix ans, c'était pour sortir du huis-clos qu'était devenu ce journal. L'idée de départ était de parler d'autre chose que ce qui, ici, m'envahissait l'esprit. J'avais besoin de prendre du recul et m'extraire du bain tiède de l'autobiographanalyse, un peu trop agité par mes gesticulations désespérées et maladroites visant à rétablir un dialogue interrompu. La diversion a plutôt bien fonctionné puisque le blog n'a pas été contaminé par le sujet qui m'obsédait. Je crois n'avoir jamais abordé directement la controverse qui, presque exclusivement, a nourri ce journal à partir de 2004. Journal qui, de fait, semble aujourd'hui tarir en même temps que sa source.

Par contre, indirectement, mes réflexions sur le relationnel ont longtemps alimenté mon blog. Relations amoureuses et/ou amicales, mais aussi rapport au silence, avec un succès inattendu sur ce thème. C'est ainsi que, régulièrement, l'un ou l'autre des vieux billets que j'ai consacrés au silence est réactivé par des lecteurs de passage déposant quelques commentaires. Lorsque j'y réponds je m'abstiens, dans la mesure du possible, d'évoquer trop précisément mon expérience personnelle. J'en reste aux idées directrices qui tracent désormais ma ligne de conduite.

A la longue j'ai pris un recul considérable sur cette affaire et acquis quelques certitudes quant à la responsabilité de chacun dans les causes d'un silence. Après avoir bu ma colère jusqu'à la lie, après avoir accepté le silence initial, puis de le voir s'éterniser, après avoir fait le tour de ce qui avait pu l'engendrer, le renforcer, et mesurer que je n'y étais pas pour rien, j'ai épuisé le sujet et retrouvé sérénité et détachement. Le silence est devenu objet d'observation mais ne me touche plus en tant que tel. C'est un élément relationnel comme un autre. J'ai même un tel détachement, quand j'en parle, que je me fais parfois malmener pour cela ! Comme si je donnais l'impression d'être incapable de comprendre la souffrance de ceux qui ont à y faire face. Le besoin de clamer sa détresse et d'être entendu rend parfois injustement agressif. J'en sais quelque chose, hélas...

Mais j'ai beau avoir ce détachement par rapport à l'installation d'un silence durable, si ce n'est définitif, ça ne m'empêche pas de continuer à empiler des briques de compréhension à chaque fois qu'une situation me permet de le faire. A coup d'analogies et d'étincelles de clarté, je continue à accroitre l'édifice de mon acceptation. C'est particulièrement vrai pour ce que je vis au sein de relations sensibles et affectives signifiantes : elles ouvrent des pistes me permettant de comprendre ce qui a dysfonctionné avec mon amie d'autrefois... et que je ne voudrais pas voir se reproduire ! Entre passé et présent tout cela s'amalgamme et constitue ce qu'on appelle expérience, pour ne pas dire savoir. Et pour peu que cela se vive avec quelque intensité, les éléments s'agrègent rapidement. Il y a là un petit effet euphorisant.

Alors il m'arrive, spontanément, d'avoir envie de faire part à l'ancienne amie de mes avancées dans un domaine qui nous intéressait tous les deux autrefois. C'est comme si, assez bizarrement, j'oubliais que la rupture est solidement installée, clairement déclarée comme étant irrévocable. J'ai beau m'être martelé des milliers de fois en tête l'idée qu'Elle ne reviendrait pas, il me reste ce réflexe de penser à un retour possible de sa confiance. Peut-être parce que la mienne est restée en attente, potentiellement prête à revenir ? Décidément, quelque chose résiste puissamment ! Pas si simple de réfuter une intuition aussi tenace ! D'où l'importance des confrontations au réel, telles que celle qui m'a fait prendre conscience de la mise au passé de l'amitié, le mois dernier, près de Montréal, au moment où la possibilité de me présenter en chair et en os devant l'amie de jadis était à ma portée. Non, ce n'était pas à moi de faire le moindre pas sans y être invité...

C'est amusant, finalement : même privé de tout contact le lien demeure "vivant" par ces aller-retour de la pensée entre passé et présent. Chaque élément nouveau contribue à l'élaboration de la pensée qui me structure et réactualise en continu ma perception des situations analogues actuelles.

Ainsi un grave échec relationnel est devenu, après dix ans de digestion, référence majeure pour le présent à vivre. Voilà bien un recyclage utile !









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Mois de décembre 2015