Juin 2015

Dernière mise à jour - Accueil - Archives - Message
























  Confiance limitée


Samedi 27 juin  2015


« Nous avons perdu beaucoup parce que nous avons eu beaucoup, n'est-ce pas?

Mais nous avons perdu plus encore que ce que nous avions, nous avons perdu ce en quoi nous pouvions croire. La confiance totale. Peut-être est-ce pour cela que c'est si long ("Nous sommes lents à croire ce qui fait mal à croire". Ovide).
C'est comme si, non seulement j'avais perdu x., mais j'avais aussi perdu l'idée même que cette confiance qui était si évidente, cet accord, si entier, soient en vérité possibles avec quiconque à l'avenir - même avec x. s'il nous était donné de nous retrouver à nouveau (je l'aimerai(s) toujours, c'est sûr, mais différemment). Terrible désillusion pour celle qui avait dû attendre cet amour-là pour sentir enfin la vie en elle, faute de l'avoir ressenti enfant. C'est le principe de vie même qui disparaissait à nouveau, après avoir disparu déjà en 82.
Comment le retrouver​ ​​( le principe de vie, l'élan en soi )​?​ telle était/est la question. Qu'est-il possible d'espérer vivre ?

Dans le repli, on se protège, on se retrouve aussi face à soi-même, on cherche, on se désespère, on comprend, on change, ​on se repose​, on fuit​ aussi, mais peut-être cela nous est-il nécessaire après un si grand bouleversement en nous-mêmes.  »

Ces phrases, j'aurais pu les écrire. Elles sont extraites
d'un courrier qu'une lectrice m'a adressé après avoir lu mon texte du 22 mai. Si mes mots ont eu un écho pour elle, les siens ont eu une profonde résonance en moi.  Par ce retour j'ai perçu, à travers un autre regard, la profondeur de l'impact : nous avons perdu ce en quoi nous pouvions croire. La confiance totale.

Ainsi d'autres que moi ont été atteints, de façon similaire, au plus profond de leur confiance en autrui et leur vie en a été bouleversée.
Ce "nous" m'a fait beaucoup de bien. Je me suis senti compris. Et même réhabilité. Car au final je crois que je me sentais coupable d'avoir été si profondément atteint et de mettre tant de temps à m'en relever, tant de temps à "comprendre"...

Merci, chère lectrice. J'ai
laissé l'onde bienfaisante de tes mots se propager en moi, sans rien écrire à ce sujet, sans même y penser. Mais cette histoire de confiance perdue a cheminé et, un mois plus tard, j'y reviens. Parce que là se situe l'essentiel.

Oui, j'ai perdu la foi dans la confiance totale. Je n'y crois tout simplement plus. Ça n'existe plus dans mes croyances, ni dans mes désirs, ni dans mes rêves. Et tant mieux, puisque c'était une chimère ! D'une certaine façon je pourrais aussi remercier N. de m'avoir mis face à cette réalité. Grâce à elle mes illusions se sont écroulées. Prendre conscience des limites de la confiance m'a conduit à un changement de paradigme et mon rapport à l'autre ne sera plus jamais comme avant. Alors oui, comme l'écrit ma lectrice, le bouleversement est tel que tout un pan de vie a été mis en attente. Et il faut du temps pour trouver un nouvel équilibre, une nouvelle ligne de conduite, de nouveaux repères fiables. Du temps pour cultiver de nouveau le champ de la confiance, en l'envisageant autrement. Plus intelligemment.

Oui, c'est vrai, j'ai perdu beaucoup parce que j'avais eu beaucoup. Parce que j'ai vécu un rêve immense, que je n'imaginais même pas réalisable. Quel enchantement de sentir se développer un telle confiance entre deux êtres... Alors oui, forcément, après l'émerveillement l'effondrement a été rude. Douloureux. Déchirant. Aujourd'hui, pourtant, je ne ressens plus amertume ni tristesse face à l'effacement de celle qui m'a retiré sa précieuse confiance après avoir si patiemment conquise la mienne. Elle par qui j'ai appris à exprimer mes vulnérabilités, à m'exposer, à laisser tomber mes défenses. À sentir l'audace surgir en moi.
Elle qui ne voulait pas me voir douter mais qui, par une étonnante volte-face, à fini par me laisser seul et nu face au pire scénario d'abandon que je pouvais redouter.

Quelle magistrale leçon de vie ! Ce qui ne tue pas rend plus fort, dit-on...


Le temps des vaines espérances est maintenant dépassé. Récemment j'ai vu se rouvrir d'autres perspectives, d'autres possibles.

Ailleurs et sans elle.



 



__________________________________________________________________________________________


Ailleurs




Dimanche 28 juin 2015

« Ailleurs et sans elle ». Pourquoi ai-je écrit cela ? Ailleurs, certes, nécessairement, mais pourquoi "sans elle" ? Ça sent l'autopersuasion a plein nez.
L'affichage gratuit. Et ça n'a pas de sens...

Non, je ne suis pas prêt de me défaire de l'empreinte laissée dans mon esprit, mon coeur et mon âme (si toutefois ces entités diffèrent...). Il est probable que je ne m'en détacherai jamais, pas davantage que je ne me détacherai du passé qui m'a forgé. Cette présence restera en moi, quoi que je fasse, quoi que je vive, notamment parce que son passage a marqué mon esprit et a été à l'origine d'un notoire changement de direction. Je crois pouvoir affirmer qu'aucune autre personne n'a eu autant d'influence dans ma vie d'adulte.

Souvent je me sens faire référence, intérieurement, à tel ou tel moment de notre trop brève histoire commune lorsqu'une situation me la rappelle. Ce n'est pas au sens des souvenirs ou de la nostalgie mais bien en tant qu'étapes évolutives. Je me souviens de nos discussions riches et passionnantes, des points de repères que je posais grâce à cela et sur lesquels je m'appuie encore aujourd'hui. Avec elle j'ai posé les bases d'une nouvelle perception de moi-même, des autres, des relations, de la vie. Ce qui s'est élaboré durant cette période particulièrement féconde m'est précieux.

Alors non, quoi que je sois amené à vivre ce ne sera pas "sans elle" mais, en grande partie, "grâce à elle".

J'aurais aimé pouvoir l'en remercier.








Mois de juillet 2015