Avril 2015

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  Tant pis



Lundi 20 avril 2015
[mis en ligne le 15 mai]

Ma fille est passée me voir au travail, en fin de journée, pour me proposer de prendre un verre ensemble. J'avais prévu autre chose mais, sans hésiter longtemps, j'ai changé de programme. Finalement cette petite pause détente avec elle ne pourrait que me faire du bien. Nous nous sommes installés en terrasse, non loin de mon bureau, profitant du soleil enfin revenu. Une pâtisserie chacun, un thé glacé, et en avant la conversation.

J'en viens à lui parler de mon épuisement actuel, qui dure plus que je n'aurais pensé. Puis de quelques jours de vacances, en fin de semaine. Destination encore inconnue, seulement une envie de changer d'air, de respirer ailleurs, de me couper de mes habitudes. Nous hasardons ensemble des possibilités, évoquons la magie de ces parenthèses dépaysantes qui dilatent le temps et oxygènent l'existence.

Et puis, par je ne sais plus quelle association d'idées, ma fille me demande :
- Tu as des nouvelles de ton amie québecoise ?
- Non... aucune.
- C'est quand même bizarre, ça.
- Ben oui...
- Elle est peut-être morte ?
- Non, elle n'est pas morte.
Je lui ai alors raconté ma tentative de contact, lors de mon dernier voyage au Québec, et la sécheresse du refus reçu en retour.
- T'es triste ?
- Non, lui répondis-je en un sourire qui s'acheva en une vague hésitation muette : que trouverais-je si je sondais mes profondeurs ?

Je lui ai répété, comme une litanie bien rôdée, que j'avais transformé cette situation en opportunité. Que cela m'avait permis d'explorer toutes les éventualités explicatives, d'ouvrir un large éventail de possibilités... bien qu'aucune ne puisse être certaine. Finalement c'était une richesse qui avait éclairé ma conscience. J'aurais quand même préféré qu'il en soit autrement, ai-je terminé sur un ton amusé. Ma fille poursuivit :
- Tu sais, si ça s'est fini comme ça c'est qu'un jour ou l'autre ça devait arriver. Il vallait mieux que ce soit pas trop tard...
- Oui, sauf si j'avais su avoir l'attitude adéquate. J'ai fait des erreurs, des maladresses... [tendance à me sur-responsabiliser...]
- Qui n'en fait pas ? Que je sache tu n'as pas fait d'erreurs qui méritaient une rupture de contact aussi radicale.
- Que je sache non plus.
- Alors c'est qu'il y avait autre chose.
- Certainement. J'ai tout envisagé... mais je ne sais pas quelle est l'explication ou la conjonction d'explications.

« Je ne sais pas ». Ces mots m'échappent parfois, lorsque un regain de pensées accompagne le processus sans fin de l'acceptation. Je les répète alors, perplexe : je ne sais pas.

Leur écho s'éteint dans le silence.

- Tant pis pour elle ! conclut ma fille, rassurante.
- Pour moi aussi :) Mais tu as raison ma fille : tant pis pour elle !




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Mois de mai 2015