Octobre 2014

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  Vers quoi ?





Jeudi 9 octobre 2014
[Rédigé le 29 septembre, affiné par intermittence jusqu'au 9 octobre]

Ce que je donne à lire, là, en tant qu'objet littéraire
[appelons le comme ça...], a t-il un nom ? Dix années d'écriture continue qui tiennent à la fois du journal intime, de la confidence publique et de la lettre personnelle, sans toutefois correspondre à aucune des trois formes, c'est quoi ? Comment dois-je considérer mes écrits ?

Euh...
quelle drôle de question, penserez-vous peut-être. Et puis quelle importance ? Mais depuis le temps que vous me lisez vous aurez compris que j'aime à préciser les choses pour aller plus loin [toujours plus loin...]. J'ai la faiblesse de penser que le sens des mots induit une orientation, un regard, une perception des choses. Dès lors la question du destinataire ne me paraît pas superflue. Certes je pourrais me satisfaire de l'idée que, fondamentalement, la dénomination importe peu puisque la finalité de mon écriture est claire : aller vers davantage de lucidité. Mais il m'intéresse de comprendre quelle énergie (motivation) anime tout ça et je sens confusément que c'est du côté du triple destinataire (moi-même; les lecteurs; une personne particulière) que je trouverai réponse. En effet selon les instants du récit, les thèmes abordés, l'intention sous-jacente, l'un ou l'autre des destinataires prédomine - sans jamais se dissocier des deux autres - et je pressens que c'est dans la zone de frottement [affrontement ?] entre ce qui cherche à s'exposer aux uns, à rester encore dissimulé aux autres, que naît une dynamique singulière.

Il est clair que la plus libératrice des
expressions est celle qui s'affranchirait de l'auto-censure et des interdits. Contrainte par ceux-ci, contenue, c'est aussi la complexité de la libération qui la rend éclairante. Parce qu'il y a hésitation, donc analyse et réflexion. En la matière le doute est fertile. Pour moi c'est là, au coeur de l'indécision, que se situe tout l'intérêt de "l'avancée" qu'induit la publication de mes textes : « que vais-je libérer aujourd'hui ? que vais-je encore garder de ce que je sais déjà ? ». Le risque de surexposition intime existe, tout comme celui d'un dévoilement trop précoce pour être bien assumé. Alors, face au trouble désir d'extimité, c'est dans la prudence nécessaire, dans le doute et l'hésitation, dans la lente libération que s'anime cette énergie qui me meut.

Vers quoi ?




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Trésor (de mon cœur)



Samedi 11 octobre 2014
[Rédigé le 30 septembre, amendé, précisé et retravaillé jusqu'au 11 octobre]

Il y a une dizaine d'années j'inscrivais sur la page d'accueil de ce site : « Aventure relationnelle vers la maturité ». Je n'imaginais évidemment pas que mon « itinéraire d'une ouverture à soi et vers autrui » me mènerait là où j'en suis aujourd'hui mais, finalement, je crois n'avoir pas dévié de la ligne directrice que je m'étais choisie. J'ai *simplement* intégré au passage le récit lui-même ainsi que ses conséquences. À tel point que l'expérience vécue et la narration que j'en fais sont devenus indissociables. Un bloc. Ce journal-tribune-lettre est partie prenante du cheminement qu'il raconte. Je pourrais presque dire qu'il l'entretient, voire qu'il l'a engendré. C'est en l'écrivant que je me suis émancipé d'une relation de couple, grâce à une rencontre "révélatrice" elle-même fille de cette écriture. Et c'est encore par l'écrit que j'ai pu, lentement, m'émanciper de la relation issue de cette rencontre, en faire le deuil, puis entamer celui des retrouvailles [qui semble s'achever...]

Pourquoi tout ça ? Pourquoi avoir consacré autant de mots, d'énergie, et de temps, pour chercher à comprendre le sens de... de quoi, au juste ? Quel mots pourraient décrire ce dont il est question ? Je n'en trouve pas un qui saurait circonscrire l'étendue de ce qui s'est tissé entre mes textes au fil des ans ! En soi, n'est-ce pas symptomatique que de ne savoir nommer ? Je sens qu'il serait trop réducteur de limiter mes écrits à l'histoire d'une relation, de sa naissance à son déclin.
Ce n'est pas non plus le récit d'un silence et de ses conséquences. Ce n'est pas davantage la chronique d'une rupture, ni celle de la reconstruction qui a suivi, quoique ces développements aient pris une large place. Non, ce serait plutôt l'histoire... d'une persévérance ["perséverrance" avais-je écrit un jour...].

Orientée vers quoi ? Et bien voyez-vous, là encore je ne saurais être précis. Je crois qu'une part de ma persévérance est allée vers des potentialités fortement attirantes : celles d'une personne en laquelle j'ai longtemps cru; poursuivre la découverte entreprise avec elle; prolonger ce qui s'est révélé en moi à son contact. Des trois, seule la dernière potentialité m'est restée réalisable. Mais c'est aussi
celle qui ne dépendait que de moi...

Pour les deux premières, déception et désillusion ont été profondes. La lucidité est à ce prix. Il semble qu'une certaine liberté le soit aussi et il faut peut-être y voir le motif pour lequel, depuis, je n'ai pas cherché à "être en relation" réellement impliquante avec d'autres. M'être retrouvé seul à croire et a persévérer a
durablement fait vaciller mes convictions en matière de confiance et surtout de durabilité de celle-ci. J'y ai perdu beaucoup de mes repères fondamentaux et je crois que c'est la principale raison de ma quête de dialogue, exceptionnellement longue en fonction des refus. En toute logique j'aurais dû, au bout d'un certain temps, abandonner la partie. J'y ai souvent pensé, bien sûr, épuisé de constater combien ma résistance était vaine. Mais immanquablement des forces me revenaient et l'espoir reprenait place. Je l'ai souvent sous-entendu dans mes écrits : c'était plus fort que moi. Ça ne veut rien dire, cette expression, et pourtant c'est incontestablement celle qui s'applique le mieux.

J'espérais quoi ? Je m'en suis un peu ouvert dans un de mes récents textes : renouer un contact et retrouver une confiance. C'est probablement mon histoire personnelle qui s'invite là, avec une grande sensibilité à la confiance érigée au rang de valeur suprême. J'ignore d'où me vient cette sensibilité-là. Je ne sais pas davantage pourquoi je me suis acharné à vouloir rétablir une confiance avec une personne qui y est assurément tout aussi sensible, mais qui a réagi dans un sens opposé au mien. Nos stratégies respectives semblent s'être télescopées de la pire façon. En toute logique cartésienne j'aurais dû comprendre
[admettre ?] que mon insistance était vouée à l'échec puisqu'elle renforçait visiblement une résistance équivalente. La meilleure chose à faire, si j'avais réellement voulu rétablir la confiance, était sans doute de ne surtout pas insister. Et de ne pas attendre d'explications...

Je m'étais trop impliqué pour y renoncer.

Si j'avais eu la maturité nécessaire, si j'avais eu le recul que j'ai aujourd'hui, j'aurais agi autrement. Évidemment. Oui, mais je ne peux l'affirmer aujourd'hui que parce que la maturité m'est venue de cet échec ! Ma confiance relationnelle n'a pu se développer que parce que,
privé de celle que je croyais trouver chez l'autre, j'ai trouvé cette ressource vitale au seul endroit où elle ne pourrait plus m'être retirée : en moi.

C'est mon trésor le plus précieux. J'ai renforcé la forteresse qui le protége et le labyrinthe qui permet d'y accéder ne s'ouvre qu'aux personnes qui en respectent les codes secrets. En même temps, tout en étant devenu plus vigilant, ce système de protection renforcée me permet d'être plus accessible dans des zones personnelles moins sensibles.

J'aimerais, assez profondément je crois, aller maintenant vers davantage de simplicité et de générosité. Plutôt que d'avoir à la protéger, j'ai envie que la consolidation de ma force intérieure me permette d'en offrir les bienfaits. Il me faudra encore du temps, c'est certain, mais je sens que c'est un objectif qui m'attire. Après tout, il suffirait que je croie davantage en moi. Que je fasse confiance au regard que ceux qui m'apprécient portent sur moi...



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Big brother is watching you !



Dimanche 12 octobre 2014


J'ai appris hier que le site de mesure qui me permettait de savoir si ce journal était lu allait
fermer très prochainement. Il m'est donc recommandé de procéder aux exports de données que je voudrais éventuellement conserver...

C'est l'occasion de faire un petit bilan, avant disparition de cette masse de renseignements plus ou moins signifiants et indiscrets.

L'audience
J'avoue que dans les premiers temps j'allais régulièrement vérifier ma courbe d'audience. J'en surveillais la progression, histoire de me situer dans le monde en expansion des diaristes en ligne. J'avais besoin d'être rassuré : est-ce que je suis lu ? Mais la réponse n'était pas sans ambivalence puisque si mon ego se voyait flatté de voir croître le nombre de lecteurs, d'un autre côté je perçevais la "folie" qu'il y avait à livrer mon intimité devant autant de monde. Constater que d'une quinzaine de lecteurs quotidiens je passais à trente, puis cinquante, devenait vertigineux ! Presque effrayant ! Alors progressivement je me suis désintéressé de ces mesures de "visites" abstraites, dont je savais par ailleurs le peu de représentativité. J'en vins à me contenter de lire, à intervalle de plusieurs mois, le rapport de visites reçu par mail.


Tout cela va disparaître et je viens donc d'aller relever les compteurs. Je suis remonté jusqu'à l'origine, en juillet 2000. En 14 ans il y a eu 125.000 visites, avec une moyenne mensuelle de 738.
Ces chiffres bruts n'indiquent pas grand chose. Il suffirait que chaque jour 25 personnes se soient égarées ici au hasard d'un clic pour arriver au total des visites ! Je pourrais aussi bien imaginer que tous les jours 25 fervents lecteurs sont venus voir si j'avais écrit quelque chose...
Il faudrait donc une analyse plus fine. Mensuelle, par exemple, en observant la courbe des relevés. Celle-ci a culminé en 2004, entamant à partir de ce point haut une lente décroissance qui semble coïncider avec la généralisation des blogs et l'extinction de l'ère éphémère des diaristes introspectifs. Je suppose que, face aux blogs, puis aux réseaux sociaux, les sites "à l'ancienne" - dont ce journal est un des derniers représentants - sont devenus peu attractifs, et très peu "visibles". Mais je pourrais tout aussi bien considérer que mes écrits ont intéressé moins de monde... ou que les lecteurs "historiques" se sont peu à peu tournés vers d'autres centres d'intérêt. Quoi qu'il en soit l'audience maximale de ce journal fait partie du passé et j'apprécie qu'il soit redevenu confidentiel.

Les chiffres sont éloquents : certaines périodes de ma vie ont suscité un accroissement notable du lectorat, qui tient peut-être de l'effet "Closer". Par exemple, à partir de septembre 2003 la fréquentation a subitement augmenté de 40% ! Pourquoi ? Et bien je racontais alors ma première rencontre amoureuse avec une espiègle diariste québecoise [encore non identifiable] et les remous que cela suscitait dans mes convictions conjugales. Autre moment significativement fort : l'automne 2004, qui marquait la "fin" [!] de l'aventure romantique susmentionnée. Dans les mois qui suivirent ce journal connut sa plus haute fréquentation, caracolant entre septembre et décembre 2004 autour des 2000 visites mensuelles, soit près de 70 visites quotidiennes.

Après une lente mais inexorable décroissance, la fréquentation est approximativement revenue au niveau de celle des débuts : l'audience de l'année 2011 rejoignit celle de l'année 2000.

Les "vrais" lecteurs
Bien sûr il existe toujours une part de clics dûs au hasard des recherches d'internautes. Après s'être égarés ici ils n'y reviennent pas et ne peuvent donc être considérés comme lecteurs. Je peux avoir une idée relativement précise de leur nombre en observant les relevés durant ma période de silence : de
janvier 2012 à novembre 2013, la moyenne s'est stabilisée autour de 100 visiteurs par mois. Je considère donc cela comme le "bruit de fond" de fréquentation hasardeuse. Cela représenterait trois visiteurs par jour. Le minimum a été atteint en juillet 2013, avec seulement 55 visites mensuelles sur un site apparemment "mort".

De ces savants calculs et audacieuses hypothèses je peux déduire empiriquement qu'au delà de 100,
tous les visiteurs sont des lecteurs plus ou moins réguliers. Actuellement (aout et septembre 2014), avec environ 450 visites mensuelles, cela représenterait 350 visites de "vrais" lecteurs. Mais comme je n'écris pas tous les jours, que certains lecteurs ne viennent qu'occasionnellement, j'estime que vous êtes entre vingt et trente à suivre mon évolution (il y a 52 abonnés à la liste de diffusion, mais je suppose que plusieurs adresses mail sont caduques). C'est à la fois très peu, si j'avais visé une forte audience, et beaucoup pour des écrits à tonalité confidentielle. Globalement ce chiffre me convient parfaitement. Cela correspond à un modeste auditoire... [modeste par le nombre, mais bien sûr d'une qualité incomparable !]
 
Anecdotiquement, le temps de lecture cumulé sur 14 ans est de 587 000 minutes, soit 405 jours. À raison de 8 h par jour ça représente 3,3 années de lecture. En moyenne 58 heures par mois. Eh ben, vous en avez du temps à perdre... ;)
[dommage que je ne dispose pas du cumul de temps que j'ai passé à écrire, ce serait édifiant...]



D'où venez-vous ?
Le cumul des données géographiques sur 14 ans n'aurait pas beaucoup de sens. Le pourcentage des québecois, par exemple, était très fort lorsque j'ai commencé. Alors depuis un an,
de date à date (10 octobre), voici les pays d'origine :
France : 70 % (2 584 visites)
Canada : 12 % (463 visites)
Etats-unis : 6 % (217 visites)
Belgique : 4 % (142 visites)
Maroc : 2 % (51 visites)
Liban : 1 %
Algérie : 1 %
Panama : 1 %
Roumanie : 1 %
Autres : 3 %


Plus indiscret... les villes à partir desquelles vous vous connectez. Rassurez-vous, je ne sais pas tout puisque 13% d'entre vous passent à travers les mailles du filet en étant seulement indiqués comme "France". Par contre... je pourrais presque pister ceux d'entre-vous dont je connais suffisamment précisément l'origine géographique ou que la probabilité d'y être plusieurs est très faible. Cet accès à "vous", qui vous considérez sans doute comme non identifiables derrière vos écrans, est presque gênant. Je ne l'utilise pas. Je ne piste pas mes lecteurs...

Euh... sauf exception. J'ai en effet eu recours à cette pratique douteuse envers celle qui refusait une communication directe, à l'époque où cela m'était le plus insupportable. J'étais fort troublé par la possibilité qu'elle avait de me lire à mon insu et j'avais besoin d'en avoir le coeur net. Mes observations étaient incertaines puisque les données étaient moins précises qu'aujourd'hui mais leur croisement me permettait d'aboutir à un fort taux de probabilités. Plus tard j'ai eu de sa part confirmation de cette lecture discrète qui, forcément, a toujours eu une influence très significative sur mon écriture. C'est encore le cas, j'en suis conscient, et c'est un des points autour desquels je tourne dans mes textes actuels.

Hum... j'ai quand même eu envie d'en savoir plus sur vous : d'où venez-vous ? Je veux dire d'où, précisément ? Pour ce bilan je me suis amusé à suivre votre trace. Big brother is watching you ! Honnêtement j'ai fini par me sentir mal à l'aise de pouvoir savoir qui me lisait en "reconnaissant" sans trop de doutes certain(e)s d'entre vous. J'avais déjà remarqué que des lecteurs non-identifiés résidaient dans un périmètre proche de chez moi (personne à moins de 20 km, puisque les données actuelles semblent offrir ce degré de précision) mais notre anonymat réciproque fait que ça ne me pose pas de problème. Par contre, pouvoir savoir que telle personne est venue me lire x fois le mois dernier, ou si elle est passée hier... ben je trouve c'est vachement intrusif. Même si la plupart du temps je ne pourrais rien déduire d'autre que « Tiens, le lecteur qui habite xxxxx est passé ! », sans savoir de qui il s'agit.

J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir farfouillé dans ce que je peux savoir de vous...

Je vais quand-même vous donner une idée de ce que j'ai obtenu, en restant vague, à l'échelle d'une année. C'est Paris qui emporte la palme de fréquentation, avec 7% d'entre vous qui y résident
[conforme à la représentativité de la capitale]. Plus inattendu, Tours vient juste après, avec 5%. Presque à égalité avec Montréal [je me réjouis de voir que le nombre de québecois reste important].
Puis, par ordre décroissant, viennent Argenteuil, Valley Stream (USA), Rennes, Bruxelles, Grenoble, Chambéry, Greenfield Park (Canada), Beyrouth, La Madeleine, Québec, Rochester (USA), Albertville, Les Bains
[manque pas kekchoz, là ?], Carquefou, Saint Jacques (Canada), Is sur Tille, Fleury les Aubray, St Lambert (Canada), Chlef (Algérie), La Ravoire, Tampa (USA), Montbazon, Liège (Belgique)...

Vous vous êtes reconnu(e)s ? Alors vous faites partie des lecteurs réguliers.

Mais je peux être plus précis en regardant les données du mois dernier. La fréquentation en provenance de Paris et Tours a fortement diminué, plaçant Argenteuil en tête, avec pas moins de 36 visites sur un mois !
[mais combien de lecteurs êtes-vous à Argenteuil ?!]
Puis viennent Montréal avec 30 visites, Chambéry (18), Paris (16), Valley Stream (11) [ça je crois savoir qui c'est ;)], Bruxelles (10), Is sur Tille, Issy les Moulineaux, Rochester, Wattignies, Grenoble, Thonon les Bains, Boucherville, Liège, Rennes, Tours, Bondues, Chaudfontaine, Seclin, Beyrouth [je savais déjà que ce n'était pas mon fils qui m'y lisait mais c'est encore mieux de le voir confirmé]...

Je peux même savoir "qui" (pas le nom, mais la ville) est passé hier : 24 d'entre vous, soit 10 de plus que la moyenne de la semaine. Et je peux savoir le nombre de page que chacun a visité. La personne de Fleury les Aubray, par exemple, à visité hier 5 pages...

Effrayant, non ?


Soyez sans crainte : je n'aurai bientôt plus la possibilité de savoir tout ça !
Et je crois que c'est tant mieux...


En plus il y a un bonus : la moche pub qui apparaît à gauche, sur la page d'accueil, devrait disparaître avec la fin du service !


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Un rêve



Lundi 13 octobre 2014


Une grande avenue. Je suis en voiture. Pas seul. Nous bavardons. Je vois défiler un paysage urbain que je ne connais pas dans une ville qui, elle, ne m'est pas totalement étrangère. Soudain, parmi les passants, je vois une silhouette traverser la voie à quelques dizaine de mètre devant la voiture. Instantanément je la reconnais comme étant la tienne. Est-ce vraiment toi ? Je ne te lâche pas du regard. Tu portes une jupe qui te donne une discrète élégance, qui me plaît. Dans la même fraction de seconde j'ai le temps de penser qu'une rencontre par hasard était tellement improbable que je ne l'avais même pas envisagée. Mais oui, finalement, elle est fort possible dans cette grande ville si proche de chez toi. M
a trajectoire croise perpendiculairement ton sillage, à quelques secondes d'écart. Je te vois maintenant de trois-quart dos, marchant sur le trottoir. Tu te diriges vers un grand magasin. Tandis que la voiture te dépasse dans un travelling latéral je vois tes cheveux plus courts que ce que j'avais connu. Un fragment de ton visage m'apparaît fugitivement. Une petite tache sur ta pommette gauche, tout près de l'oeil, me confirme que c'est bien toi. Je n'ai rien vu d'autre : un peu de ta joue, tes cheveux, ta silhouette. Mais c'est toi, j'en suis certain. Le temps d'arrêter la voiture et tu passes déjà la porte du magasin. Il va être trop tard. Je me précipite au dehors. Ce serait trop bête de te laisser filer alors que le hasard nous effleure de si près. In extremis, sans réfléchir sur la façon d'attirer ton attention, je crie : "NAT !". Jamais je ne t'avais appelée ainsi mais il fallait que ça claque. Je me demande si tu as pu m'entendre... mais tu te retournes. Et là, à ma grande surprise, tu sembles me reconnaître. Tes yeux me dévisagent et un sourire se dessine sur le tien. Tu sors du magasin sans hésitation pour venir à ma rencontre. En te voyant approcher je retrouve ton regard qui m'avait tellement charmé. Il y a si longtemps que je ne l'avais pas revu... En quelques pas tu es devant moi. Sans un mot, sans une hésitation, avec évidence et simplicité nos bras se prennent dans un geste d'affection. Je comprends que tu ne m'en veux plus...
Ineffable soulagement.
Mais déjà je sais que nous ne pourrons pas rester longtemps. Il y a quelqu'un dans la voiture, qui m'attend. J'hésite à te présenter.

Et là... je me réveille.


Il y a très longtemps que je n'avais pas fait ce genre de rêve, tellement prégnant qu'il semble réel. Tellement incarné que les sensations restent au réveil, dans l'esprit et dans le corps. Je ne me souviens pas d'avoir un jour rêvé de cette façon à... toi.




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En toute conscience



Mardi 14 octobre 2014


Il y a trèèèès longtemps, quasiment dans une autre vie, je m'étais mis à rêver [je veux dire : en dormant...] de rencontres fortuites avec une amie-confidente-amoureuse qui, vingt ans plus tôt, m'avait "oublié" au sortir de l'adolescence. Les rêves, qui s'étaient répétés, présentaient une similitude : je me trouvais dans le même lieu qu'elle, mais à distance, parmi de nombreuses personnes d'un entourage plus ou moins commun. Quelle que soit la scène j'approchais à chaque fois un peu plus près du moment où je pourrais enfin lui parler. Mais systématiquement les circonstances faisaient que le dialogue espéré ne pouvait avoir lieu. Soit que l'amie restait apparemment indifférente à ma présence, soit que les conditions d'un dialogue n'étaient pas réunies, ou encore qu'il ne se produisait pas, faute de temps avant le réveil. Car, chose troublante, la frontière entre état de conscience et sommeil était si ténue que l'émergence progressive hors du rêve faisait elle-même partie du rêve. Comme si je savais compté le temps avant la sortie du songe. Ce phénomène un peu bizarre se répliqua pendant quelques années, à intervalles très espacés. Peut-être une dizaine de fois. Néanmoins il y avait une progression dans les rêves : j'approchais toujours d'un peu plus près le moment où j'allais pouvoir enfin savoir... avant que je ne me réveille. Hélas, quelques instants plus tard, sorti du rêve, il ne me restait que l'impression bizarre et frustrante d'un vécu inachevé.

Cette façon de rêver, par l'imprégnation qu'elle me laissait au réveil, m'intrigua. J'y voyais le signe que *quelque chose* d'important cherchait à se régler ainsi dans mon psychisme. La persistance et l'intensité de ces songes m'avaient finalement poussé à entreprendre une démarche de reprise de contact réelle. J'avais besoin d'avoir réponses à quelques questions qui, à la longue, me hantaient. Quelques péripéties et pas mal d'années d'écriture plus tard je parvenais enfin à m'extraire de ces retours anachroniques. Dans la dernière série de rêves le dialogue s'amorçait enfin, côte à côte, en douceur. Comme si les rêves précédents avaient permis qu'une certaine confiance revienne... C'est ce que j'avais besoin de sentir. Depuis, ce type de rêve ne s'est jamais plus manifesté.

Celui que j'ai relaté hier pourrait bien se situer dans un processus similaire d'acceptation psychique : en imaginant dans mon sommeil une scène de "retrouvailles" pacifiques il se pourrait que mon inconscient ait cherché à résoudre l'insoluble. Ne pouvant obtenir ce que j'aurais souhaité, rêver la scène pourrait permettre de contourner le réel. D'une certaine façon j'aurais ainsi obtenu par l'inconscient ce dont je *rêve* en toute conscience depuis dix ans. La "proximité" que je ressens encore à l'égard de N. nécessite sans doute que je passe par une forme d'adieu. Pourquoi pas par le rêve ?


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Elle ne reviendra pas




Samedi 25 octobre
[rédigé le 22 octobre, méticuleusement poli jusqu'au 25]

Je suis en vacances. À l'avance je m'étais dit que j'en profiterais pour écrire, poursuivre le mouvement libératoire en cours. Et puis là, rien ! Je n'ai plus la tête à ça.

Mes épisodes d'immersion dans le récit qui m'a tant occupé l'esprit s'espacent et sont de moins en moins durables. Le "détachement" continue d'opérer.


[moment de réflexion]


Il est difficile d'évoquer un détachement puisqu'en parler montre que son objet a encore de l'importance. Finalement, constater qu'on a cessé d'en parler est probablement le signe qui le caractérise le mieux.
Quoique... la non évocation ne se distingue pas de l'autocensure, par exemple. Ne rien dire peut signifier autre chose que n'avoir rien à dire. La preuve : longtemps je suis resté empêtré dans un semi-mutisme plus ou moins volontaire, généralement parce que je me savais dans l'incapacité d'aborder le sujet avec la serénité voulue.


[moment de réflexion]


...


Ce que j'avais en tête de développer, ces derniers jours, découle de mes écrits récents [mais oui, ça avance !]. J'ai notamment parlé d'un « deuil de retrouvailles », qui serait en voie d'achèvement, et ce point m'a paru important [tout est relatif...] à développer.
Faire le deuil ce ce qui n'existe plus est une chose, faire le deuil d'une "réparation" espérée en est une autre. Il m'a fallu près de cinq ans avant de renoncer aux tentatives de rétablissement, par diverses variantes imaginables, d'une relation malmenée [oué, j'suis persvérant !]. Il m'en aura fallu cinq de plus pour renoncer, difficilement, à ces fameuses "retrouvailles" qui auraient signifié un rétablissement de la confiance, même en l'absence de "relation" effective [très persévérant...]. Je rêvais - au sens conscient du terme - que puisse se rétablir un contact afin de "neutraliser les charges accumulées" (principe des vases communiquants). J'imaginais qu'il existait une possibilité de déposer *délicatement* nos ressentiments rémanents en écoutant chacun ce qui, pour l'autre, avait pu être lourd à porter. J'imaginais, tout simplement, de pouvoir « faire la paix » [c'est à dire trouver la mienne]. Certes nous l'avons partiellement fait, par écrit, il y a cinq ans, et c'est déjà beaucoup. Cela n'a pas été tout-à-fait satisfaisant pour moi mais, assurément, bien préférable au silence forcé qui me rendait obstinément loquace en entretenant ma quête de réponses.

La paix plus entière à laquelle j'aspirais, j'ai dû me résoudre à l'établir seul en moi-même [on est jamais si bien servi que par sois-même, n'est-ce pas ?]. Au fil des ans, et en particulier grâce à l'écriture "délivrante" ici [dont j'imaginais qu'elle serait lue par (toi) la seule lectrice véritablement concernée], je suis parvenu à atteindre cette zone de paix tant désirée. Une paix encore relative, toutefois, à laquelle il m'importe d'ôter à la charge émotionnelle du refus de dialogue son pouvoir nocif. Car je sais, par les précautions que je prends dans l'écriture, que je veille à ne pas "salir" mon ex-partenaire. Signe que demeurent des rugosités, des aspérités que je voudrais adoucir au maximum. Par ce travail de polissage j'ai déjà pu faire émerger un sentiment de gratitude, à conserver et chérir comme un précieux cadeau de la vie. J'ai aussi pu laisser se développer ma reconnaissance envers celle qui m'avait tant apporté, malgré tous les griefs que j'ai pu formuler à son encontre. En parallèle les ultimes traces de ressentiment n'ont cessé de se s'atténuer, y compris vis à vis de ce silence que j'avais si douloureusement enduré et qui avait suscité ma profonde [très profonde] colère. J'en suis arrivé à ne plus en vouloir à l'amie enfuie pour ses attitudes passées, en dispersant peu à peu dans un saupoudrage de mots ce qui m'avait été pénible à vivre autrefois. Et puis surtout, à force d'auto-questionnement sur mes propres manquements, sur mes erreurs, mes failles, j'ai pu "comprendre" la plupart de ses réactions. Même les plus hostiles à mon égard. L'examen de conscience m'a ramené à une certaine humilité...

Au final je crois avoir accepté tout ce qui s'est passé, de ma part comme de la sienne.


Tout... ou presque. Car il est resté le présent perpétuel d'un silence indéfiniment reconduit. Chaque jour nouveau est venu s'agglomérer à la masse de silence ancrée dans le passé. Et j'ai beau l'avoir digéré, ce passé, l'actualité du présent m'a maintenu dans une vague mais indépassable attente/espérance. Encore récemment je ne parvenais pas à admettre ce point d'achoppement : la résolution du conflit n'aura pas lieu. Bien qu'elle ait été claire sur ce point, je n'acceptais pas l'idée que l'amie d'autrefois persiste indéfiniment dans son mutisme, alors que je me voyais incapable de me défaire définitivement de l'idée des "retrouvailles" souhaitées. À mes yeux l'étape de réconciliation était la seule voie de salut vers la paix de mon esprit... bien que je sache qu'elle me restait fermée. J'étais donc "coincé" dans l'impasse mentale d'une attente vaine [ma patience inoxydable est parfois une tare...]. Et puis progressivement, ces derniers mois, grâce à quelques échanges externes me permettant de préciser mes espérances, puis en me libérant peu à peu ici de quelques "secrets" auquel l'immuable silence a fait face, j'ai pu prendre conscience de l'inutilité de mon attente. Non, il n'y aura pas de retour. Il n'y aura donc pas le dialogue espéré, souhaité, désiré, fantasmé. L'amie d'autrefois ne reviendra pas vers moi en souriant, comme dans mon rêve... Quoi que j'ai pu faire et quoi que je fasse encore, quel que soit le cheminement; la compréhension; la reconnaissance de mes erreurs et du préjudice causé.

Elle ne reviendra pas.

Intellectuellement je le sais depuis longtemps, ne serait-ce que parce qu'elle a été très ferme sur ce point, mais quelque chose en moi a résisté, jusque-là, à accepter cette idée. Notamment parce que cela impliquait d'invalider la représentation que je m'étais faite de cette femme. Ses capacités à reconnaître ses erreurs, remettre en question ses décisions, rester perméable à un autre avis étaient, semble t-il, moindres que ce que j'avais cru. Or j'ai maintenant compris à quel point ces éléments me sont essentiels pour me sentir à l'aise dans une relation vivante. Sans cette souplesse de la pensée je ne vois pas comment un rapport de confiance pourrait durer sans inéluctablement se fragiliser ! Et, de fait, notre confiance réciproque s'est peu à peu fissurée, à mon plus grand désarroi, avant de finir fracturée. Il me faut donc accepter l'idée que l'ouverture d'esprit que j'avais cru trouver chez mon amie d'antan, et qui m'avait initialement séduit, ne correspondait pas vraiment à sa réalité. Du moins pas dans la tournure que prenait notre relation qui, de toutes façons, n'aurait pas pu tenir sous un régime rigide [ne jamais oublier ça]. Parce qu'avec moi ça ne fonctionne pas comme ça...

Difficile pour moi de me rendre à cette évidence tant, fondamentalement, intuitivement, j'avais confiance en elle et en ce que nous pouvions établir ensemble. C'est envers moi que la confiance manquait, dès l'origine. Défaillance qui m'a fait plier devant l'intransigeance et les "certitudes" de mon amie quand elle entrait dans un mode défensif.

Mais la rigidité ne masque t-elle pas une fragilité ? Que ne l'ai-je admis à temps...
Pourquoi ne me suis-je pas fié à ce que j'ai assez tôt pressenti ? Probablement parce que j'ai douté de ma perception, par excès de confiance en elle. Je croyais qu'elle savait. Aussi parce que mes forces se révélaient dans le regard positif qu'elle avait sur moi. Aaah, la magie du regard de l'autre... Elle était là ma "dépendance" : dans l'importance que j'accordais à son regard sur moi. Quelle folie ! Alors bien sûr, dès que j'ai constaté qu'il pouvait s'inverser j'ai vacillé. C'est un peu comme si j'avais accordé à cette femme, inconsciemment et sans son accord, le pouvoir de réveiller mes forces. Système éminemment vulnérable...

Et vous voyez... je me demande s'il n'en allait pas de même pour elle.

Alors voila : persuadé qu'à la longue l'amie d'autrefois ne pourrait que se raviser, s'adoucir, se rouvrir, j'ai patienté. Des mois, des années. Mais après dix ans je dois veux finalement accepter de mettre fin au mythe que mon imaginaire avait tissé autour d'elle. Admettre que la confiance que j'avais en elle était surévaluée. Non qu'elle ne la méritât pas, bien sûr, mais parce que j'avais surestimé ses capacités à endurer mes errements. Et sans aucun doute, aussi, ai-je surestimé la confiance qu'elle avait en elle...

Cela revient donc à admettre que j'ai manqué de clairvoyance ! Et que, par conséquent, mon intuition était erronée. Enfin non : elle était à la fois erronée et juste. Certes, celle qui fut ma complice n'était pas aussi intrinsèquement "forte" que ce que j'avais perçu. Ou bien pas là où je l'avais perçu, ou pas comme je l'avais perçu. Mais peut-être pouvait-elle l'être avec un autre "suffisamment fort" [que je n'étais pas, à l'époque]. Auquel cas mon intuition aurait été juste... Loin de moi l'idée de lui faire grief pour tout ça (qui n'est d'ailleurs qu'un scénario interprétatif) : c'est bien moi qui ait imaginé/supposé autre chose que sa réalité. Ma confiance en elle était telle [à juste titre ou pas ?] que je n'ai pas compris les alertes, lorsque je la voyais se retirer quand elle était contrariée. En fait elle connaissait ses limites. Lorsque je l'ai sentie renoncer à la relation et se retirer durablement dans le silence j'ai pressenti l'éventualité d'une grande sensibilité mais, parce que cela revenait à invalider la perception que j'avais eu d'elle durant nos années de rapprochement, j'y ai résisté. J'avais besoin de la sentir "forte"... et en même temps apte au doute ! Me suis-je laisser influencer par ses accès de raideur, illusion d'une solidité froide qui me faisait fléchir ?
Devant des attitudes inflexibles, ne reconnaissant plus ma partenaire, ma résistance à une nouvelle perception s'est traduite par diverses manoeuvres et gesticulations, tantôt protectrices [lorsque je la sentais vulnérable], tantôt agressives [dans le cas inverse]. Les plus regrettables auront été mes "attaques" envers elle, que j'imaginais maître de la situation. Il n'en était rien : tout au plus se préservait-elle avec les moyens dont elle disposait. La mise à distance en faisait partie. En résistant à cet éloignement volontaire, qui certes m'anéantissait, je lui ai fait du mal. Même si c'était en essayant de sauver une relation qui, je le pense encore, méritait bien mieux qu'une fin précipitée...

En finissant leeeentement [dix ans, tout de même...] par accepter toutes nos limites mes dernières résistances cèdent, y compris envers le refus définitif de toute nouvelle tentative conciliatrice. Je laisse aller, encore et encore. La relation, l'amie, l'hypothèse des retrouvailles... je lâche tout ce qui peut l'être. Je ne trouve même plus que ce soit « dommage », comme je l'écrivais encore récemment dans un relent de sentimentalisme. Non, c'est ainsi.

Indirectement l'acceptation des limites de ma partenaire de jadis pourrait revaloriser, a posteriori, l'image que j'avais de moi-même lorsque j'ai commencé à perdre pied face à ce que je prenais pour de l'intransigeance de sa part. Ce n'était, sans doute aucun, que de la peur. Celle de perdre sa liberté d'être ; celle-là même que je ressens aujourdhui face à qui me demande davantage que je me sens capable de donner...




[Finalement j'en avais des choses à dire...]


  


Oh ! 25 octobre ?
Pensées émues de ne pouvoir que se murmurer...

Heureux anniversaire !












Suite : Novembre 2014