Février 2007

Dernière mise à jour:mercredi 28 février 2007 - Accueil - Premier jour - Archives - Message



Purger ma peine




Dimanche 4 février


Comment aurais-je pu décrire un tumulte qui s'éteint ?
Aberration que de chercher à imprimer la marque de ce qui s'effaçait.

Au contraire, laisser aller.
Me laisser porter par le fleuve assagi.

Le silence était mon éloquence.



En garder la trace ?
Écrire le silence n'a pas de sens...

Laisser filer à la brise du temps qui passe.
En solitaire, partir au large des sentiments sombrés dans l'oubli.

Pensées apaisées, comprendre chaque jour davantage.
Laisser la distance s'installer et prendre son aise.

Observer le champ de vision élargi ainsi dégagé.
Reculer plus loin, encore plus loin.

Espace.
Ouverture.
Détachement.
Effacement.
Liberté.

Et comprendre. Comprendre encore et encore. Pas après pas.
Comprendre enfin qu'il n'y a rien à comprendre. C'est ! C'est comme ça.

Accepter. Sereinement. Entièrement.
Redevenir digne de confiance.
Silencieux.



C'est par quelques bribes d'autres vies croisées, par leur ressemblance confondante, que j'ai trouvé le sens caché qui me manquait. D'autres voix pour entendre l'inaudible. D'autres oreilles pour capter mon ressenti. Partages feutrés. Jeux d'ombre et de lumière. Clair-obscur. Sens des choses et sens de la vie. Capter ce que l'air du temps diffuse. Fragments de pensées éparpillés au quatre vents. Grapiller, glaner, assembler.

Ressentir la paix s'installer.
La laisser m'imprégner.

Avoir quitté la peine et la souffrance.
Éteindre l'espoir et l'attente.

Libération.
Sourire.



Tout ça est déjà loin maintenant.
Autre temps, autre monde.

Je crois que j'ai purgé ma peine.
Le chagrin s'est écoulé, le deuil est fait.
J'en sors différent, plus lucide.

Il me reste à purger la longue peine que je me suis infligé pour toutes mes maladresses, mon ignorance, mon inconscience, mon inexpérience.

Pour me préserver de moi-même.
Pour épargner de ma toxicité.

Pour protéger ce qui reste de nous. 

L'essentiel.






Un si long détour




Samedi 10 février


Je me tiens à l'écart de ce qui m'a si longtemps et si intensément occupé l'esprit. Mon emploi du temps chargé est un précieux allié... Quoique me sentant guéri, je crois préférable de ne pas trop solliciter ce qui pourrait réveiller une sensibilité encore trop fraîchement anesthésiée. Et puis je constate qu'en prenant du recul je sens mieux en moi ce qui opère. Je pense par moi-même, et pas sous le regard des autres.

Du coup, j'écris peu ici. Je me laisse porter par la vie qui me mène ailleurs, vers d'autres préoccupations. Je réintègre peu à peu un moi disqualifié. 

Finalement, après s'être indéfiniment étiré dans le temps, le processus de séparation amicalo-amoureux est allé assez vite... Voila seulement deux mois que j'ai décidé de penser à moi d'abord, et la mise entre parenthèse me semble déjà tellement lointaine...

Je n'ai fait que quitter l'espace d'un nous dont je comprenais enfin que j'étais seul à désirer y demeurer. C'est tout ce que j'avais besoin de comprendre.

Il m'a fallu tout ce temps pour trouver cette clé: désir relationnel non partagé. Vingt-sept lunes. Trois cycles de gestation. Et une ou deux lunes de plus pour apprendre à utiliser cette clé de désamorçage avec efficacité. Au total, une trentaine de lunes c'est à la fois long et très court, vu les avancées que j'ai pu faire durant cette période. Dans une vie, qu'est-ce que c'est que ça représente, au vu des avantages qui en découlent ? Car ce qui s'est passé durant ce temps de lutte entre souffrance et paix, entre peur et espoirs, est celui d'une libération. Et un investissement du moi.

C'est grand ! C'est immense ! C'est magnifique !


Lorsque je me suis lié si fort, si intimement, si éperdument, je savais que cette rencontre était celle qui révolutionnerait ma vie. Je le sentais au plus profond de moi, sans le moindre doute. Ce que j'ignorais, c'est que la révolution serait complète, passant de la lumière aux ténèbres, traversant autant la douceur que la douleur, le bonheur que le désespoir. Mais pouvait-il en être autrement ?

Il ne s'agissait pas seulement d'une évolution, mais bien d'une révolution, après une révélation.

Ne devais-je donc pas passer par le blanc et le noir, le yin et le yang ? Qu'est-ce qui a pu me faire croire que je ne vivrais que l'émerveillement ? Fallait-il que je sois inexpérimenté de la vie...

Ah oui, ma désillusion a été terrible ! A la hauteur de ce que j'avais à découvrir. Oh oui, qu'est-ce que j'ai souffert, qu'est-ce que j'ai eu peur, qu'est-ce que je me suis nié... Jusqu'à ce que je comprenne mes erreurs. La leçon a été dure, la sentence sévère, mais je crois que j'ai su optimiser cela.

Maintenant je me sens bien. Je me suis libéré de beaucoup de rêves... qui m'empêchaient de vivre. Nombre de mes craintes se sont effacées au moment où je les traversais. En passant le mur de la peur j'ai compris l'illusion qui le créait.

Tant d'illusions, tant de fantômes, tant d'espoirs. Pfffft, ce n'était que du vent.


Maintenant je sais que je suis fondamentalement seul dans mon existence. Je cherchais la confiance absolue avec une autre, dans un rapport de sincérité, comme pour me rassurer. Je sais désormais que la confiance ça n'existe pas. Pas au sens où je l'entendais. La confiance n'est là qu'à l'instant présent. Je ne pourrais jamais garantir quoi que ce soit en provenance d'autrui, ni même de ma part. L'avenir restera toujours imprévisible. Oui, rien n'est acquis...

Libéré de ces entraves qu'étaient la peur de l'abandon et celle de la trahison, c'est encore un nouveau monde qui s'ouvre devant moi. Plus réaliste. Cette fois je crois qu'il ne sera pas que transitoire.

Par la rencontre émerveillée que j'avais faite s'était ouvert le monde multidimentionnel du désir de vivre. Simultanément j'allais m'écraser très souvent sur ses limites inconnues et m'y blesser à chaque fois. Non, le nouveau territoire n'était pas infini. Ensuite, dans la déchirure de la séparation j'ai mesuré la perte et la solitude, mais aussi trouvé mes propres ressources. Enfin, par l'émancipation et un égoïsme salutaire je me suis donné les moyens d'explorer et apprivoiser ce monde. J'établis désormais ma nouvelle carte du monde. Seul, à mon rythme, à ma façon.

Je m'y sens bien, paré pour en apprécier toutes les possibilités.



Ce long détour, temps de réflexion incontournable et indispensable pour comprendre que le monde qui s'était effondré sous mes pieds n'était pas celui que je croyais, m'a permis de parvenir à l'acceptation de la séparation.

Le monde que je découvre désormais en solo, fort du contraste de mes expériences, n'en est que plus attirant.







Nous nous sommes tant trompés




Mardi 13 février


Ma pensée fait encore des va-et-vient entre un passé trépassé et le présent sur lequel il se construit à chaque instant. C'est ainsi que je prépare le futur, pour bien le vivre à chaque instant, dès maintenant. Ainsi je m'éloigne des illusions dépassées d'un avenir espéré.



Lorsque je regarde loin en arrière, lorsque je me souviens, je revois une toute autre réalité que celle d'aujourd'hui. Les mots d'aujourd'hui ne pourraient la décrire qu'en l'altérant. Cette réalité d'avant, je ne l'oublie pas car elle éclaire le présent. Tout ce que j'ai vécu était bien réel et forgeait le maintenant. Une réalité née de mots, qui avaient permis de passer à l'acte.

Des mots...

Inutile de raviver les mots d'alors, tant ils s'étaient puissamment ancrés comme autant de balises fiables. Pour avancer. Aller plus loin dans la découverte. Ensemble. S'engager un peu plus, s'ouvrir, se lier en s'arrimant à ce qui paraissait solide. En commun, se faire confiance. Y croire, vraiment. C'est ainsi que je l'imaginais et le construisais.

Tout au long de cette découverte chacun des "Je" se posait, décrivait, annonçait, énonçait. Je d'intention. Le jeu de ce que je crois être, de ce que je voudrais être, de ce que j'aimerais être. Je qui s'affirme au présent, lancé vers l'avenir. 

Mais... suis-je ce que je dis être ? Jeu sincère du Je qui peut se tromper et tromper. Jeu de dupes.

Les mots du Je, aussi pénétrants qu'ils soient, ne sont que pensées vocalisées. Libres de s'envoler aussitôt prononcées, aussitôt entendues. Idées assemblées en lettres, petits signes sur un papier, quelques pixels sur un écran... objectivement les mots ne sont rien. Ils n'engagent à rien. Déclarations d'intentions. Leur potentialité vient du sens qui leur est attribué.

À certains mots on peut attribuer un tel sens qu'ils en deviennent presque des actes. Mots qui font vibrer les cordes sensibles. N'est-ce pas poser un acte que de les prononcer ? En prendre acte que de les écouter sans les réfuter ?

Erreur funeste ! Le mot n'est acte qu'en l'instant. Il se fige en naissant et seul le souvenir lui permet de continuer à vivre dans l'imaginaire. Pour durer il doit renaître indéfiniment, être répété en conscience. Jusqu'a la mise en actes qui le rendra réel. Seul l'acte compte.

Éphémères et fragiles, les mots sont des leurres. Ils s'échappent de la cage de leur définition à l'instant où ils sont prononcés, au moment où ils sont entendus. Même leur trace sur le papier n'est que l'ombre inscrite du jour où ils ont jailli d'une pensée. Aussitôt posés ils deviennent libres de leur devenir. Photographie d'un instant déjà mort.

Les mots donnent l'illusion d'être vus tels qu'ils sont alors que chacun les voit avec les colorations de son regard. Quoique identiques, les mots de l'un ne sont pas les mots de l'autre. Nos mots semblables sont trompeurs. La sincérité, la franchise, la bonne volonté, ça ne change rien à l'évanescence des mots. Ils ne sont qu'un code de communication instantanée, sans garantie de conservation.



Parce que j'ai cru qu'ils étaient fiables, stables, et communs, les mots m'ont trompé. Je me suis trompé. J'ai trompé. J'ai été trompé. Nous nous sommes trompés. En toute bonne foi. En toute franchise. En toute honnêteté. En toute confiance.

C'est cette vérité qui m'a fait si mal : les mots ne sont pas fiables.

Je ne pourrai plus me fier aux mots de quiconque, quelle que soit la conviction ou l'émotion fragile qui les accompagne. Loin d'en être déçu, j'avoue que je trouve ça drôle. De découvertes en découvertes, ma naïveté m'amuse...

J'en souris maintenant, quoique le temps du deuil soit à la hauteur de l'illusion qui meurt. D'autant plus compliqué à admettre que tant de mots résonnent encore dans ma mémoire. Échos morts.

Mais non, ce n'est pas triste ! Chaque illusion qui meurt est une délivrance. Une enveloppe trop étroite qui se désagrège, un peu plus de lucidité, un peu plus de liberté.

Et puisque toute chose a son contraire, ça signifie aussi que tous les mots sont éphémères. Les doux comme les blessants. C'est aussi ça, vivre au présent. Chaque jour est le premier du reste de la vie...


Waow, je me réjouis de ces découvertes. Après tout, n'était-ce pas l'objectif du voyage ? J'aime ce voyage...






Flou trompeur




Mercredi 14 février


Après réflexion, j'ai trouvé que mon texte d'hier offrait une vision un peu... pessimiste.

Bon, on va dire que je suis dans une phase de joviale désillusion qui, bien que salutaire, peut laisser apparaître quelques traces résiduelles d'amertume. Me voyant contraint de quitter des concepts que j'avais toujours cru améliorables, j'ai tendance à jeter en arrière des coups d'oeil nostalgiques. Naaan, ça ne marche pas comme ça ! Nous ne sommes pas au pays des Bisounours [je ne connais pas, mais l'expression est imagée].

Alors, tout en me coltinant la réalité, je quitte ce pays rose bonbon en traînant un peu des pieds et renaclant.

Oui, je ne pourrai plus faire confiance à quiconque, même pas à moi-même [mais ça je m'en doutais un peu...]. Oui les mots, comme les promesses, n'engagent que ceux qui y croient [notez bien que ça marche aussi pour les mots désagréables, et ça c'est le bon côté de la chose]. Oui, le Je se trompe et trompe...

Mais tout ça n'empêche en rien la poursuite du cheminement, bien au contraire ! Ce sont simplement des règles différentes, que j'ignorais, mais qu'il fallait bien que je découvre. Sinon, pas moyen de dépasser certaines étapes.



Et puis nuançons : ce n'est pas parce que le Je ne se connaitrait pas vraiment qu'on ne peut aucunement se fier à son expression. C'est quand même la meilleure façon d'annoncer la couleur...

Par exemple, en choisissant le pseudonyme de "L'idéaliste", on pouvait se douter que je ne me considérais pas comme un défaitiste déprimé. En affichant cet idéalisme j'indiquais une tendance, a priori fiable en tant que telle. Pour autant, était-je vraiment quelqu'un qui ne jure que par l'atteinte d'une utopie maximaliste ? Avais-je pour seules visées un idéal de perfection absolue ?
Bah non, je voulais dire par là que je sais avoir un comportement plus idéaliste que ceux que je trouve renfrognés, aigris et avec une vision étriquée de la vie. En fait je voulais dire « je me sens plus idéaliste que l'idée générale que je me fais des gens ». Je revendiquais un certain idéalisme positiviste. Le mot était d'ailleurs mal choisi, parce que trop connoté et pas vraiment en adéquation avec ce que je prônais. De plus je ne porte ce regard que sur certaines idées qui me sont chères. Mon idéalisme est séléctif.

Ceci dit, un récent sondage de Psychologies magazine de ce mois-ci révèle que 92% des gens « trouvent important d'avoir un idéal dans la vie » ! Voila qui relativise la portée de ma déclaration d'intention...


J'ai aussi dit que j'étais en recherche de sincérité, avec un désir d'authenticité. Malheureusement la complexité de mon psychisme ne me permet pas toujours d'atteindre cet idéal de sincérité. Parce que mes craintes, mes doutes, peuvent me faire trahir cette volonté affichée.

En cela mes mots peuvent tromper. Ils agissent comme des actes engageants : « je suis quelqu'un de sincère ». Or les véritables actes peuvent contredire mes mots, d'où une "tromperie" : je n'ai pas été ce que je disais être.

Pour autant, afficher cette volonté d'être sincère n'est pas dénué de portée. J'exprime bien une intention, un objectif... même si je ne l'atteint pas systématiquement [ce serait atteindre l'idéal...]. Ma bonne volonté est là, quoique ça ne suffise pas.

Voila l'idée générale, à travers ces deux exemples, de ce que je voulais exprimer hier en symétrie de point de vue : trompeur et trompé.



En fait, et c'est bien tout l'enjeu de la communication interpersonnelle, chaque mot est porteur d'un sens entouré de flou, tant dans l'idée que dans l'intensité. Les mots ne sont que des vecteurs imparfaits de la pensée. Or nous, humains, n'aimont guère le flou. De façon quasi-automatique en face d'un concept flou on met une idée précise. Cette idée posée sur un mot correspond à nos désirs inconscients, attendus ou redoutés. Chaque flou est interprété selon ce que j'ai envie d'entendre (ou redoute d'entendre, ce qui n'est qu'une envie inversée). D'où une réception parfois fort éloignée de l'émission, et des décalages de perception qui peuvent se révéler désastreux.

Bien évidemment plus une relation est chargée d'affect et plus les désirs se chargent en potentialités. D'où les cruelles désillusions lorsque les actes, bien réels, montrent à quel points il sont en décalage avec les mots qui les avaient annoncés. La tromperie est bien sûr involontaire, et imputable autant à celui qui s'exprime qu'a celui qui l'écoute. Manque de précisions, manque de nuances, représentations différentes de chacun... autant d'ingrédients qu'il faut bien garder à l'esprit. Malheureusement, je ne crois pas que ce soit suffisant pour se prémunir de ce genre de "tromperies" de bonne foi... 

Le dialogue constant est, à mes yeux, la seule solution qui permette de réajuster les perceptions. Accompagné de quelques ingrédients indispensables à la fluidité relationnelle : capacité à l'écoute, à la remise en question, à l'acceptation de la différence, au pardon...

Bref: communiquer ça s'apprend.



[en combien de leçons ?]







Figer le mouvement




Jeudi 15 février


Suite à mon billet précédent, il pourrait paraître quelque peu contradictoire de dire que la fiabilité du je se limite souvent à la déclaration d'intention... alors que j'écris au je sur des milliers de pages.

Flagrant délit d'incohérence ?

Et bien justement, non. Dès qu'il sort du regard rétrospectif, ce journal démontre que le je au présent est davantage prospectif que réel. Mon regard sur le passé est, me semble t-il, honnête. En revanche, bien des affirmations de ce que je serais au présent tiennent de la déclaration d'intention : j'ai compris, mais ne sais pas encore faire, et encore moins être.

Cette démonstration d'un décalage intentions/réalité est d'ailleurs un des intérêts de l'écriture au long cours. Il ne s'agit pas là d'une histoire romancée où, en une demi-page, un personnage comprend et change instantanément de comportement. Pour moi la compréhension précède de loin l'intégration profonde. Bien souvent j'ai eu besoin de redécouvrir quelque chose sous un angle nouveau pour que cela pénètre un peu plus profondément en moi. Ce que j'appelle parfois "lenteur évolutive" est aussi une façon de laisser diffuser dans toutes les couches de mon psychisme ce que j'apprends de la vie. Processus lent, mais que je crois particulièrement efficace. Toute marche arrière serait, j'en suis quasiment certain, impossible.

Ainsi ce que j'énonce ici comme étant compris (intellect) n'est pas forcément opérationnel (actes) au moment où je l'écris, mais à de grandes chances de le devenir. Le mouvement est amorcé. D'une certaine façon c'est un futur moi que j'écris au présent.

L'introspection, se révèle être un état improbable entre la rétrospective et la prospective. Tentative de figer l'instantanéité d'un mouvement entre "là d'où je viens" et "ce vers quoi j'ai envie d'aller".

Simple question de patience...









Pensées paradoxales complexes




Vendredi 16 février


Je me suis souvent interrogé, et m'interroge encore, sur ce que j'écris ici depuis euh... de nombreux mois [restons pudique...]. Il me semble avoir souvent indiqué que je ne me sentais pas très à l'aise de parler d'un sujet qui ne concerne pas que moi. Pas très fier non plus d'avoir montré par quoi je passais, ce marasme qui s'étirait, ces marécages sentimentaux dans lesquels je me suis longuement englué en m'y vautrant avec un déplaisir jouissivement nauséeux.

J'ai souvent tergiversé sur la suite à donner, et l'envie de tout arrêter s'est attardée jusqu'à très récemment. Et pourtant, j'ai continué.

Oh, pas sans quelques accommodements. Ma censure à fréquemment tranché dans le vif et le nombre de textes non mis en ligne dépassait parfois ceux que je publiais. La plupart des textes impliquants ont été expurgés, épurés, adoucis, polis. Rendus présentables. En soupesant longuement mes mots je me suis beaucoup éloigné de la spontanéité volubile de mes débuts. Mais je crois que je ne pouvais pas faire moins. Il n'était pas question que je laisse publiquement libre cours à mes tourments, ni ne continue à dévoiler aussi largement mes pensées intimes. Peut-être que ça m'aurait fait "du bien" (?) de me soulager, sur le moment, mais je ne crois pas que mon estime de moi-même y aurait gagné.

Donc, disais-je, j'ai continué à écrire. C'était ça ou l'extinction de ce journal. Je n'aurais pas pu tricher en essayant d'évoquer n'importe quoi... sauf ce dont j'avais envie/besoin de parler. D'ailleurs mes retenues artificielles finissaient toujours par céder en flots tumultueux. Fallait que ça sorte quelque part, même a minima.

Avec le recul, je me rends compte que ce que j'avais à tracer était l'intégralité d'un processus. Au moins dans ses principales lignes. Ma démarche d'écriture aurait été privée de sens si j'avais totalement occulté la face sombre de ce qui m'arrivait. Certes ça n'a peut-être pas été très agréable à lire, mais je crois que sur la durée il y a quelque chose de positif à tirer de tout ça. Une espérance éclairée, un retour vers l'harmonie intérieure, et une pacification de l'âme. Et surtout, l'acquisition d'une maturité affective.



Ce récit au long cours est celui d'une expédition vers l'inconnu qui, {voix déclamatoire} portée par des vents favorables après avoir surfé sur les vagues vers le grand large, a subi les éléments déchaînés qui l'ont précipitée vers les récifs {fin de la voix} (toute autre métaphore est utilisable à votre convenance). Je suis resté longtemps échoué dans l'écume de ces eaux troubles, apparemment immobile. Abasourdi, à peine mieux qu'anéanti. Et puis lentement, très lentement, est venu le temps de la reconstruction. Et je crois que c'est ce dont j'avais envie de témoigner.

Je sens d'ailleurs l'intérêt qui est porté à ma démarche avec les courriels que je reçois de temps en temps, soit pour me manifester un plaisir à me voir trouver une maturité sereine, soit pour me remercier pour ce témoignage qui se révèle utile à lire.

La reconstruction correspond à la dernière phase d'un deuil, après la sidération, le chagrin, et le refus obstiné de l'évidence. J'ai enfin repris le dessus et me vois devenu acteur à part entière, cette fois bien mieux paré pour poursuivre ma route. J'aime bien le qualificatif d'homme debout, dont on me gratifie parfoisJe sens bien que j'ai passé de nombreux caps et que j'ai maintenant "sorti la tête de l'eau". Constatant jour après jour les effets bénéfiques et fortifiants de cette reconstruction, je me sens être un autre en profondeur. Je ne pense plus de la même façon, mon horizon s'est élargi, et j'ai l'impression rassérénante d'avoir une bien plus grande lucidité sur la vie. C'est quelque chose de tout à fait bienfaisant.



Certes, en poursuivant mon écriture ici je me suis parfois égaré, submergé par l'incompréhension, l'esprit obscurci par une souffrance tenace. Révolté, déçu, fâché, je n'ai pas toujours été très correct vis à vis de ma partenaire, blessé par des attitudes qui ne l'étaient pas davantage à mon égard. Dans leur style nos exutoires parallèles n'ont rien eu à s'envier. Nous nous sommes fait du mal, hélas. Beaucoup de mal, après ce que nous avions partagé de beau. C'était probablement difficile à éviter, vu certains de nos contrastes. Notre complicité initiale n'était pas dénuée d'un attrait pour les différences de cet autre, par ailleurs si semblable. Les antagonismes, en s'exacerbant, semblent l'avoir emporté. Mais il y aurait encore tant à dire à ce sujet...

Il n'est pas facile de dépasser une histoire forte qui s'interromp brutalement. Quitter le lien amoureux pour se limiter à celui de l'amitié ne va pas de soi. Complètement désappointé par les choix de ma partenaire, j'ai mis très longtemps à les comprendre avant de les accepter. Réciproquement j'ai senti une incompréhension certaine vis à vis de ma persévérance, si ce n'est un total malentendu. Je trouve vraiment dommage que nous n'ayons pas su trouver un chemin commun de pacification, que j'ai toujours cru existant. Je sais que, pour ma part, j'atteindrai cette entière pacification. Mon travail d'écriture y participe. En cherchant à comprendre je trouve toujours plus d'éléments qui me le permettent. Un jour mon regard sur cette histoire sera serein et ma paix complète. Et "j'oublierai" dans un coin les mauvais souvenirs.

Autrefois j'aurais exprimé des regrets pour les erreurs que j'ai faites. J'y aurais vu la seule façon de rétablir la paix. Mais je sais maintenant que les regrets sont inutiles : il s'est fait ce qui devait se faire à ce moment-là, en fonction de ce que nous étions et des projections que nous faisions.
Par contre je suis profondément désolé pour tous les effets nuisibles qui m'incombent, découlant de mon inexpérience de la vie ou de mes fragilités sollicitées.

J'ai souvent été très triste de voir ce qui advenait de nous. Je crois pourtant avoir fait ce qui était en mon pouvoir pour que les choses se passent au mieux de ce qui me semblait bon. Peut-être que je me suis trompé, ou que j'ai mal apprécié une situation qui se complexifiait à souhait. Peut-être... mais j'ai fait avec ce dont je disposais. Je n'avais jamais vécu de séparation... Je n'avais jamais non plus vécu de relation aussi complète, aussi enthousiasmante, aussi ouverte. Aussi porteuse d'espérance dans un cheminement que j'imaginais solidaire et construit pour durer.

Je n'ai pas à rougir de ce que j'ai fait. Je n'en ai pas honte. J'ai agi et réagi en fonction de ce que je trouvais en face de moi : les réactions d'une personnalité qui se dit changeante et complexe, cultivant une part de mystère et de contradictions. Autant dire que le défi était quasi-impossible à relever sans passer par la case échec. Mon intention était de trouver le meilleur compromis possible entre nos besoins respectifs, mais je crains que par sa dynamique même il était voué à l'échec. Manifestement c'était sans issue... A moins que, au contraire, je sois bien parvenu à ce qui était secrètement attendu : la preuve de l'impossible alliance. Était-ce un lien contre-nature entre deux êtres dont les croyances semblent irrémédiablement les séparer ? Était-ce une façon de tester une vision contraire ? Qui sait ce que nos inconscients ont manigancé en nous liant, qui sait ce que nous ferons chacun de cette expérience forte...

Je suis certainement loin d'avoir épuisé tous les enseignements de l'aventure absolument révélatrice que j'ai vécue. J'y ai découvert quelques unes des complexités paradoxales de la pensée. Le séisme a été profond et c'est tout un réagencement de mon mode de fonctionnement qui est en cours. J'apprends à penser par moi-même, alors que j'avais toujours pensé "avec" quelqu'un. En relation avec l'autre.

La route me mène maintenant vers un détachement croissant. Depuis que j'ai compris que c'est ce qui était désiré, je l'accepte, tout en acquérant l'autonomie qui me faisait défaut. C'est aussi ma façon de croire en un lien pacifié, et d'agir pour cela.

J'ai tout à gagner de cette acceptation.








Mon enfance en pleine gueule





Lundi 19 février


Je pensais avoir à peu près fait la paix avec mon enfance, et voila qu'elle me revient en pleine gueule. En rafale.

En fait ça fait longtemps qu'elle me revient en pleine figure, mais j'avais pas bien compris. Et surtout je n'avais pas fait le lien entre les chocs encaissés ces dernières années et pourquoi ça faisait si mal. Il aura fallu que je joue le jeu des ricochets pour que je comprenne un peu l'assemblage complexe de mes névroses conjuguées.

Le dépit amicalo-amoureux que je vis avec tellement d'intensité correspond au surgissement de mes problèmes d'enfance, dynamisés en synergie à l'âge adulte. Cocktail explosif. D'une certaine façon c'est bon signe puisque que je me mets en règle avec mon passé. De l'autre... putain que ça m'a fait mal. J'en ai vraiment pris plein la tronche.

C'est tellement imbriqué que je ne saurais même pas comment en parler. C'est un gigantesque puzzle qui, une fois de plus, relie d'autres grands puzzles précédemment assemblés. Tout est interconnecté.



Peur ..... Rêves..... Réalité..... Confiance .....Virilité..... Désir .....Argent.....Esprit..... Puissance..... Pouvoir..... Colère .....Douceur..... Haine Amour ..........Amitié .....Paix..... Raison .....Soumission .....Accord..... Immobilisme .....Dialogue .....Modèle .....Sincérité .....Franchise..... Bonheur..... Souffrance .....Mal-être..... Père.....Sérénité..... Oubli .....Réflexion .....Curiosité .....Audace..... Lâcheté..... Humilité..... Courage ..... Timidité .....Abandon..... Bonheur..... Retenue..... Conscience..... Gentillesse..... Oser .....Mère .....Pardon..... Attention..... Identification..... Sensibilité..... Sexualité..... Sensualité..... Corps..... Honnêteté..... Souffrance..... Sagesse..... Avancer..... Lucidité..... Projection..... Ressentiment..... Don .....Aide..... Échec...




Quand je comprends à quel point tout ça me dépasse, je craque un peu. C'est tellement de travail de se mettre au clair avec son passé... Je suis fatigué de traîner mes blessures d'enfance, fatigué de les voir se réouvrir une à une, fatigué de constater que tirer d'un côté déchire d'un autre.

C'est comme un champ de mines. Il y a des fils entremélés de partout qui peuvent actionner un détonateur. Moi je sais à peu près où sont les fils sensibles, je ne les suis qu'avec une extrême prudence pour les déméler, mais les autres ne peuvent pas le savoir. Et quand ils tirent sur un fil par inadvertance, ça explose. Ça fait des dégats. En moi, mais souvent aussi à ceux que j'ai laissé entrer dans mon jardin secret.

Et moi je ne peux que constater, désolé et bredouillant, que quelque chose m'échappe dans tout ça. Que mon terrain d'accueil n'était encore pas suffisamment préparé, pas dégagé de mines enfouies, invisibles.






Un fil qui craque




Mercredi 21 février


Le paysage de mes états d'âme change vite. Des « montagnes russes émotives », disait une amie chère, jadis. Ne pas se fier à la tonalité parfois morose et poisseuse de mes textes. Ne pas oublier qu'il s'agit d'une écriture thérapeutique, instrument de travail analytique. L'écriture en elle-même interagit avec mon existence et contribue au processus d'avancement.

Lorsque je craque un peu, c'est que quelque chose en moi est en train de céder. Un moment de déprime passagère correspond à une prise de conscience annonciatrice d'une libération prochaine dans le domaine correspondant. C'est un signe d'avancement. Un fil qui craque. Ça évolue... mais pas après pas, étape après étape, élément par élément. Bien sûr, j'aimerais que ça aille plus vite, mais je ne peux qu'accepter la lenteur de progression. Je fais un travail de deuil, enterrant quelques rêves et illusions, et ça demande un temps certain, incompressible. C'est lorsque ces deuils sont en succession serrée que je fatigue.

La tristesse du deuil correspond à un renoncement à ce qui n'est plus. C'est le passage d'un seuil. C'est parce que j'accepte un nouvel élément de la perte que je suis morose. Donc... c'est plutôt réjouissant, pour le long terme.

Toujours voir le bon côté des choses !



Malheureusement l'indulgence bienveillante que je m'accorde n'est pas partagée par les personnes qui attendent quelque chose de moi. Mon rythme d'avancement, ma façon d'approfondir, peuvent entrer en conflit avec leurs craintes. Elles me sont alors exprimées sous forme d'injonctions plus ou moins subtiles. Parfois l'image négative qui m'est renvoyée touche de plein fouet mes sensibilités et me place face à mon incompétence. Oui, j'ai forcément des failles...

Lorsque ce sont des personnes qui comptent à mes yeux, cette dépréciation a un impact redoutable. Le risque de réveil de vieilles blessures d'enfance, dont j'ai mis tant d'années à me semi-guérir, est maximal.

J'ai appris à me protéger de ces influences qui me sont néfastes, mais n'y parviens pas toujours. J'ai acquis une certaine assurance, mais elle n'est pas infaillible si on me pousse vers mes limites. Il y a ainsi certains sujets d'incompatibilité que je préfère ne plus aborder parce que je sais que cela va créer des tensions...

Toutefois, si les limites sont dépassées par inadvertance, par dérapage inattendu, par insistance inopportune... alors là il peut y avoir des dégats. Régression vers mes souffrances d'enfance et toute la révolte dont elles sont porteuses. Fort sentiment d'injustice. J'ai trop enduré la négation de ma personnalité pour accepter encore de me plier à des exigences extérieures. Je crois être déjà bien assez exigeant avec moi-même...

Ces situations créent une vive tension interne, entre abattement ("je suis un incapable") et colère (NON, je ne suis pas un incapable !). Mais comme je refoule la colère, tout ça explose en moi et me désarticule de l'intérieur. Je deviens une bombe froide.

Heureusement, maintenant, les effets de ce genre de déflagration ne durent pas. Je restaure assez rapidement le système.

Ce journal m'y aide...


... sauf que...


... il est accessible à une personne devenue très proche, et avec qui s'est produit le phénomène susdit de dévalorisation. De là sont venues beaucoup de complications, tant dans ma liberté d'écriture que dans la relation elle-même. Le jaillissement plus ou moins contrôlé de mes révoltes, les tentatives de sensibilisation à mon ressenti, l'expression de ma souffrance et de ma peine, et surtout l'inefficience de toute cette logorrhée de l'égo, ont fortement influé sur la dynamique relationnelle. Et plus encore lorsqu'il a fallu faire face à une entière recomposition.

Depuis, ce journal qui me libère n'est jamais loin de m'enfermer simultanément. Il ne peut, ni ne doit, servir d'exutoire. Mes émotions concernant cette relation, bien qu'elle soit déterminante dans mon processus évolutif, n'ont pas leur place ici.

Cependant, discerner ce qui tient de la relation, de l'écriture, et de mon évolution, alors que les trois sont restées longtemps indissociablement conjointes, demeure encore assez compliqué.

Mais je m'en sortirai :o)







En quête humaine




Jeudi 22 février


Je me suis souvent interrogé [est-ce surprenant ?] sur le temps et l'énergie que j'aurais consacré à prendre la distance correspondant a ce que désirait mon évanescente ex-complice. Voila bientôt trente mois que je "travaille" là dessus, ce qui pourrait paraître abusif à des gens pressés. Après tout, « une de perdue et dix de retrouvées », dit un adage stupide. Oh, je ne m'inquiète pas pour ce qui est de "retrouver" des amitiés et mêmes des aventures sentimentales. Ça reviendra tout seul dès que j'y serais ouvert. Mais il s'agit bien évidemment de tout autre chose que ça...

On pourrait aussi penser que je me complais dans une situation desespérée, ou bien que je suis incapable de "tourner la page". En bref: que je fais preuve de faiblesse.

Ce n'est pas totalement exclu...

Cependant je ne crois pas qu'on "choisisse" consciemment, par pur masochisme, de se morfondre dans une situation désagréable. Lorsque quelqu'un "choisit" de souffrir, ou de rester durablement dans une situation insatisfaisante, il y a des raisons à cela. Et c'est là que ça devient intéressant ! Pourquoi ce choix ? Ce peut être l'incapacité de dépasser un évènement, ou bien préférer un aveuglement pour rester dans une illusion, ou encore avoir besoin de temps pour "avaler" un choc. Quoi qu'il en soit, cela correspond à ce qui est perçu comme étant la meilleure solution en fonction de la conscience qu'on en a. C'est évidemment une appréciation subjective, que des personnes extérieures ne pourront pas nécessairement comprendre. D'où leur étonnement, leurs critiques, ou leur insistance poussant à sortir rapidement de la situation.

C'est leur façon de gérer leur vie. Ni meilleure ni moins bonne. Différente...



Pour ma part cette durée d'apparent immobilisme est particulièrement active. Je ne me suis jamais senti m'installer dans un status quo. Je dirais même que je n'ai jamais été aussi actif de ma vie... cérébralement parlant. Depuis les jours fatidiques de la suspension-séparation (et même bien avant puisque je sais maintenant que je pressentais ce qui allait advenir) j'ai constamment travaillé sur ce qui se passait, pour en comprendre le sens mystérieux.

Je me suis livré à une sorte d'enquête [peut-être une autopsie, en l'occurence], pour analyser ce qui avait pu mener à ce magistral échec relationnel.

On pourrait me rétorquer que ça ne sert plus à rien, que c'est passé, terminé, et que la vie est là, à saisir. Ne serait-ce pas manquer singulièrement de perspicacité ?
- D'abord parce que comprendre mes erreurs m'est fort utile pour la suite de mon existence et que j'entends bien profiter de cette "chance" qui m'a été offerte de vivre tant d'émotions intenses. Je me suis trouvé face à une masse énorme de données à analyser. J'ai un stock conséquent d'émotions multicolores et de ressentis polymorphes à décortiquer. Puisque c'est là, autant en tirer profit. Je ne veux pas recommencer les mêmes erreurs...
- Ensuite, parce que ce travail d'analyse me plaît. Il est lourd, certes, pas toujours agréable, mais sa finalité est importante: apprendre à mieux connaître ce qui m'anime afin de mieux vivre avec les autres. Donc à mieux vivre tout court ! En même temps, cet apprentissage en lui-même est bien de la vie, selon moi. J'aime apprendre, j'aime découvrir, je suis curieux de comprendre les mécanismes si complexes de la pensée. Tout ça c'est très vivant. D'un côté c'est parfois douloureux, puisque ce sont mes émotions qui me taraudent, mais de l'autre c'est très satisfaisant d'avancer dans la découverte de ce qui les génère.

Voila pourquoi je me complais dans une situation... mi figue, mi-raisin.
Je trouve globalement satisfaction dans ce que je vis. Ou du moins j'accepte que les avantages que j'en retire aient quelques inconvénients liés. Avec le temps les lourdeurs s'estompent et l'aspect "découverte" devient prédominant. De plus, je goûte à la satisfaction non négligeable du changement intérieur.

En fait cette "enquête relationnelle" ("en quête" ?) est une sorte de jeu de piste. Je glane les indices, les compile, les laisse décanter... jusqu'à ce que tout-à-coup je comprenne comment ils s'assemblent. Le plaisir de l'eurêka est assez jouissif. Je retrace l'histoire, avec le recul pris au fil du temps, et comprends les choix qui ont été faits. Ainsi ce qui était incompréhensible sur le moment trouve un sens a posteriori. J'aime beaucoup trouver un sens à nos choix d'humains, et pour quelle raison, dans une problématique donnée, l'un ou l'autre font des choix différents. Ça me fascine. Ce peut être le cas dans chaque situation où peur et désir s'opposent et qu'il faut se déterminer. A la guerre comme en amour, en affaires comme en amitié.

A chaque fois que je trouve un sens à un comportement humain je comprends ce qui l'a motivé. Ensuite je peux être en accord ou en désaccord avec ce choix, mais je ne me place plus en situation de celui qui juge par peur de la différence. Je n'ai plus peur de ce qui m'est inconnu, je n'ai plus besoin de savoir si c'est noir ou blanc. J'ai toujours préféré la palette des gris...

Je crois que ma quête insatiable, ce qui m'anime, c'est de comprendre le psychisme humain...



Et là, j'ai eu une occasion inespérée de comprendre beeaaauuucoup de choses.




Oups, j'allais oublier: aujourd'hui ce journal fête ses sept ans d'existence.







À coups, deuils




Samedi 24 février


Fond de l'âme.
Lames de fond, vagues d'écritures.  

Flux et reflux. Marées de mes vague à l'âme. Vagues alarmes après des vagues de larmes.
Ondes de fluctuance.  Optimiste des crêtes et creux désabusés, en alternance.
Houle porteuse et chahuteuse.

Les yeux dans le vague, j'ai l'âme qui divague.
Les vagues dans les yeux, je gave ledit mal qui... euh... qui me gave grave !


[ouais, bon, j'déconne...]

Hé hé... ne trouvez-vous pas que la mélancolie est esthétique ?

Pas de bol, je ne suis pas mélancolique ! J'ai plutôt le coeur à rire, d'où ce petit jeu autour des mots.


Pourquoi le coeur à rire, te demanderas-tu, lecteur impavide et néanmoins impatient ? Et bien parce que jour après jour, deuil après deuil, j'ai la vague impression [oups... j'ai pas pu résister...] d'émerger des miasmes putrides et fangeux du glauque marécage de mon âme torturée [je me demande si j'exagère pas un peu, là...].

Non, en fait c'est le plaisir de comprendre qui me rend joyeux. Après tant de temps à chercher, j'exulte avec exubérance d'avoir trouvé.

J'ai trouvé quoi ?

Des raisons à tout mon mal-être, à mes errements et égarements. C'est pas rien !
Ça signifie que je n'ai pas mal fait.

En aurais-je douté ? Euh... apparemment oui.

Donc, je me réhabilite à mes propres yeux: je ne suis pas un incapable. Je ne suis pas ce que d'autres ont vu en moi. Je ne suis pas ce que des proches me renvoient parfois comme image. Enfin... pas tout à fait. Certainement un peu quand même. Mais je ne suis pas le reflet fidèle des projections que l'on peut faire sur moi. Ah ces projections... quelle source de malentendus et d'incompréhensions...

Oui, c'était évident que je n'étais pas ainsi... mais c'est encore meilleur quand ça rentre un peu plus profondément en moi [hum, n'y voyez aucune allusion graveleuse...].



Bon, si je ne suis pas cela, pourquoi ai-je échoué ?

Parce que... j'étais un enfant. Un tout petit enfant fragile, crédule et naïf. Ou immature, si vous préférez. Je ne savais pas faire, je ne connaissais pas. J'étais plein de rêves et d'idéaux, et dans l'illusion de la toute puissance [« si je veux, je peux ! »]. Du moins dans les domaines que j'avais insuffisamment explorés jusque-là.

Et comme je me fourrais le doigt dans l'oeil, je me suis cassé les dents ! [l'anatomie révèle quelques surprenants raccourcis ].


Donc là, maintenant, après quelques bévues assassines engendrant autant de deuils, je me sens devenu un peu plus adulte. Un peu plus expérimenté. Un peu plus moi. Et ça me donne autant de satisfaction que d'assurance. De confiance en ce que je suis.

Les deuils que j'ai eu à faire, dans cette affaire, étaient nombreux, concomittant, et juxtaposés. D'où l'ampleur du travail...

Voici une petite énumération non exhaustive des principaux deuils auxquels j'ai dû procéder.


Deuils dans le registre du couple et de la famille: ceux de mon engagement "pour la vie" avec Charlotte, de la vie en couple cohabitant, et tout ce qui en fait partie (confiance, solidarité, partage, échange, tendresse, sexualité), de la vie en famille (bulle solidaire de convivialité "ensemble": repas, temps partagé, vacances, retrouvailles "au complet").

Ces deuils ont été les plus difficiles, parce que touchant aux bases de mon équilibre affectif et coupant court à un projet de vie commencé un quart de siècle plus tôt. Là se trouvait une des source de ma sidération lorsqu'on me demandait de "choisir". En fait je devais choisir entre l'enfant et l'adulte... et c'était pas évident de trancher dans le vif. C'était le tournant majeur de mon existence.


Deuils dans le chapitre du lien affectivo-relationnel: deuil du désir de Charlotte de poursuivre dans une dimension "aimante", celui d'une certaine dimension de la solidarité, celui de la proximité affective (attentions, gestes, gentillesse...). Mais aussi, simutanément, deuil similaire pour ma relation avec nathalie... tout en y ajoutant des dimensions bien spécifiques que j'ai cru "perdre" en même temps qu'elle s'évaporait. Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'il n'en était rien et que je gardais en moi tous les découvertes faites avec elle. Et même au delà...

Ces deuils ont été profondément douloureux, tristes, pénibles. Plus ou moins intenses et durables, selon le degré de dialogue maintenu avec mes partenaires et l'implication affective...


Deuils dans le domaine de l'intimité: confiance, sincérité, transparence, abandon de soi.

C'est dans ce registre que j'avais le plus d'idéaux. Ils se sont évidemment effondrés dans leur dimension d'absolu... Je n'y crois plus en dehors d'un cadre limité, clairement défini. Probablement le deuil le plus déstabilisant, m'obligeant à revoir complètement des valeurs et croyances. Celles qui me semblaient fondamentales et vers lesquelles je dirigeais mon évolution. Impasse cruelle, quoique indispensable. Deuils d'autant plus complexes que c'est en grande partie sur ces points que j'avais crû que s'était bâtie ma relation d'amitié amoureuse.


Deuils dans le registre de l'aide à autrui: je ne peux aider qui ne le désire pas.

Je croyais que la bienveillance et la sollicitude portée à l'autre l'aideraient forcément. Je pensais pouvoir passer les barrières que l'autre érige dans sa douleur. Mais d'une part chacun ne fonctionne pas de la même façon, et d'autre part toute insistance en ce domaine est une violence. L'exact contraire de l'objectif souhaité. Là encore il m'a fallu beaucoup de temps, et l'amère douleur du rejet, pour le comprendre.


Deuils dans le registre matériel : celui de l'attachement aux objets (vente de biens communs, dont la vieille maison où je vivais).

Ce deuil à correspondu à une sorte d'arrachement, mais plutôt parce qu'il symbolisait la fin du lien de couple et tout ce qu'il permettait de "commun".



Maintenant que ces deuils sont acceptés, ou en voie d'achèvement, quels sont les avantages que j'en retire ?

Et bien exactement l'inverse de tous ces attachements ! Une certaine forme de détachement, et donc de liberté, de légèreté, d'individualité. Quant à mon idéalisme... il a pris un peu de plomb dans l'aile. Me voila idéaliste lucide. Toujours croyant dans une amélioration de l'humain, mais en moins naïf. J'ai même trouvé dans cette lucidité une force nouvelle...

Finalement ces épreuves ont été difficiles, mais je ne crois pas y avoir perdu au change...
En tout cas je ne voudrais pas revenir en arrière !







Jeux de l'égo




Mardi 27 février


Ici est le terrain où je cultive mon égo. Où je lui donne la place de se développer. Parler autant au je montre le besoin d'existance du moi. Le je qui se dit est un égo qui cherche sa place. Ce que je suis pleinement, harmonieusement, je n'ai pas besoin de le dire. Mais toute expression de soi n'est-elle pas besoin de se sentir exister ? Besoin fondamental d'être parmi le monde. D'être au monde.

Écrire sur soi serait une entreprise narcissique ? Oui, absolument. Où est le problème ? 
Surdimentionnement d'un égo boursouflé... ou indispensable dilatation existentielle ? 

Ne s'agit-il pas simplement de permettre à un égo atrophié de prendre la place qui lui revient ? Je soigne et répare ce que l'on n'a pas su me transmettre. Ce qu'on a, par maladresse et inexpérience, distordu, étouffé, déformé.

Si je clame ce je c'est que j'ai besoin de le voir exister, accepté, reconnu. J'ai besoin de le solidifier, le conforter. Un égo faible n'est ni un avantage, ni une qualité. C'est un handicap. Il se voit de loin, il dérange. A ce titre je n'ai jamais apprécié d'entendre dévalorisée l'écriture de soi. Ils ne savent pas, ceux qui s'en gaussent, la chance qu'ils ont de ne pas avoir besoin d'en passer par là. Ne savent-ils donc pas que toute expression de soi trahit un manque, à guérir ? Un manque d'amour-propre ? Que ce complexe jeu de construction de l'égo est une entreprise courageuse ?

À moins d'être immodérément extraverti et fat, arrogant d'égo, pourquoi parler au je est-il si mal perçu ? Que sait-on de ce qui est à l'intérieur de chacun ? Quelles blessures y sont cachées ?



Moi et moi et moi... Mois, émois, et moi... aime-moi ! Moi-même, moi m'aime.

Tout ce que je livre ici, mes fragilités, mes faiblesses, mon immaturité... participe de ce je de l'égo en construction. J'assume ces failles. Je les expose. Non pour qu'on me protège, ou me plaigne, mais parce qu'elle sont un constat lucide de la réalité. Je suis cela ! Je suis fort et faible. Et je n'ai pas envie de tricher avec moi-même. Je m'auto-dissèque.

« Avant je croyais qu'en parlant de mes problèmes, j'allais dévoiler mes vulnérabilités... montrer mes faiblesses... et oui, je pense même que j'avais honte. Pourtant... pourtant ! n'est-ce pas justement faire preuve d'une sorte de force que d'être transparent ? Je dirais même que cette transparence me rend plus forte. Je ne camoufle plus, j'expose. Je ne refoule plus, je mets à jour. Je n'enfouis plus, je mets à vif.
C'est devenu ma libération. »


Ces quelques phrases, je pourrais les contresigner. Je les ai déjà citées plusieurs fois dans ce journal. Elles sont celles qui ont vraiment enclenché mon écriture publique, embrayant sur mes premiers pas hésitants d'il y a sept ans. Je les avais lues sur le journal internet d'une inconnue et elles m'ont insufflé une énergie incroyable.

Cette inconnue est devenue mon amie. Amie intime... complice. Mon alter ego.
Oui, altère-égo aussi... mais cette altération était, je le sais maintenant, indispensable pour construire l'altérité. La tentation de fusionner dans la ressemblance me menait à être un autre que moi, alors que j'avais à être autre qu'elle. Me confronter à l'altérité, la différence qui surprend, pour bien me faire comprendre que seul mon égo me correspond. En elle j'ai bien du trouvé du même, mais autant de différent. Sans comparaison possible, ni idée de jugement. Alterité et égalité. Alter... égaux.


« N'est-ce pas justement faire preuve d'une sorte de force que d'être transparent ? ». Sept ans après avoir lu, adopté, et suivi ces lignes révélatrices, j'ai écrit que j'avais fait le deuil de la transparence sans limites...

Incohérence ? Changement subit ?

Je ne crois pas. Je veux adapter ma transparence à mes interlocuteurs. Je ne veux pas imposer ma transparence. Elle est là, accessible, parce qu'il n'y a rien que je veuille cacher, mais je ne l'offre plus spontanément. Embarassant cadeau non désiré. Je peux répondre à tout, et sans détour... si je me sens en confiance. Non-jugé. Si je sens que ça pourra être accepté comme étant ma différence. J'apprends le sens de la mesure. J'apprends à ne pas trop dire. Pas plus que nécessaire. Pas plus que désiré.



Alors justement... ce journal auto-analytique est un lieu d'expression bien particulier. C'est en grande partie par lui que je me libère. Pourtant, depuis plusieurs années il ne peut plus répondre entièrement à mes besoins de libre parole. Il est devenu compliqué de correspondre à la transparence que j'aurais eue spontanément. Ici ma liberté est cadrée par les limites du respect d'une intimité qui fût partagée. D'une part avec mon amie nathalie, d'autre part avec nos lecteurs communs. Ce qui était avantage est devenu, en partie, inconvénient. Je ne dédaigne pourtant pas cette liberté mesurée, qui m'apprend à décrire les choses selon un point de vue qui s'efforce d'être objectif. Je dois toujours m'interroger sur moi-même avant de dire ce dont je souffre. Je ne peux, ni ne veux, me "lâcher" ici. Je sais ce que c'est que d'être "en face" quand l'autre à besoin d'un exutoire... et comme en peu de mots beaucoup peut être dit.

J'en souris, maintenant. 
Avec le temps vient l'indulgence.

Je pense que j'ai beaucoup appris de cette contrainte dans l'écriture intime. Je crois cependant qu'elle y a perdu une part de sa substance, et surtout de son pouvoir auto-analytique. Trop d'autocensure pour que le jaillissement spontané livre ses secrets. Ils n'apparaissent que dans la discrétion, inopinément, furtivement. Ce journal n'est plus mon principal outil de travail analytique. Ce n'est d'ailleurs pas un problème...

Par contre cette retenue est entrée en conflit avec la nécessaire renaissance de mon égo. En voulant "protéger" mon amie de mes justes colères, j'ai entravé l'épanouissement de ma personnalité. Je n'ai pas voulu me livrer à une construction de mon égo en m'affirmant contre quelqu'un, mais avec. Même si c'est en solitaire. Malheureusement (?) je ne suis pas parvenu à chaque fois à contenir mes rebellions... Mais ça aussi participe de la construction de l'altérité. Il y a forcément délimitation de territoire.

Je me suis auto-censuré pour ne pas endommager irréversiblement le lien de confiance, alors même que je souffrais cruellement de le voir se distendre. Je n'ai pas parfaitement réussi, mais je suis quand même satisfait d'avoir toujour maintenu ouvert le contact. Je n'ai jamais été dans le rejet.

Cette attitude conciliante a finalement contribué, de façon inattendue, à la reconstruction de mon égo. En finissant par accepter ce qui était, aussi déchirant que cela ait pu être, sans révolte excessive, sans amertume durable, sans rejet violent, je crois avoir conservé ce qui m'était essentiel : la confiance et l'esprit d'ouverture.

J'ai fait de même dans ma relation de couple conjugal.

De chacune de ces destructurations, concomittantes et complémentaires, j'ai pu reconstruire quelque chose de plus fort. J'aime bien ce qui est, maintenant.

J'aime ce par quoi je suis passé, avec elles.
Un jour prochain je pourrai regarder tout cela avec le sourire :o)

Je crois que je ne redoute plus les séparations. Ni l'abandon. Ni d'abandonner...
Je ne me sens pas loin de savoir vivre "l'attachement libre".

C'est très apaisant...

[hmmmm... soupir de satisfaction]





Voir le bout ?




Mercredi 28 février


Dans une des versions de mon précédent texte (je les retravaille souvent assez longuement), j'avais écrit, à propos de l'entreprise narcissique que serait mon écriture « Et je le revendique ! ». Finalement j'ai supprimé cette interjection, n'osant pas pousser aussi loin la provocation (le narcissime, pourtant indispensable, est généralement assez mal vu...).

Peut-être m'aura t-il été nécessaire de prendre conscience que si j'écrivais c'est que j'avais un besoin existentiel à assouvir, et de l'assumer en tant que tel... pour me rendre compte simultanément que... ben... mon égo me gonfle !

J'en ai marre de parler de moi et de mes états d'âme à longueur de pages ! J'ai envie de passer à autre chose. Vraiment.

En fait cette logorrhée est largement due à mon peu d'activité professionnelle. Lorsque je suis trop seul avec moi-même, ça me laisse le temps de gamberger. Au contraire, dès que je suis occupé et en relation avec le monde, mon égo devient très secondaire.

Voila des années que je passe beaucoup de temps seul, et le désir d'être en relation avec les autres devient vraiment fort. Envie de bouger, de communiquer, de m'engager, de militer. Mais pour ça... faut à la fois croire en soi, avoir la tête à peu près disponible, et avoir une idée des objectifs à suivre. Le seul "désir d'être en relation" ne suffit pas.



Mon parcours est assez logique : il y a six ou sept ans, me sentant seul et manquant de relations, j'ai commencé à m'ouvrir au monde. Rapidement je me suis trouvé confronté à ce qui avait induit cette solitude : la peur des autres, la peur d'être moi-même. Ont découlé de cette prise de conscience différentes tentatives d'approche de l'altérité. D'abord via internet, assez commode pour "rencontrer" l'autre sans affronter directement son regard, puis de plus en plus dans une approche physique.

Pourquoi ai-je commencé par des relations de séduction ? Je l'ignore... Hasard ? Autre manque que le besoin d'être simplement "en relation" avec l'autre ? Une façon de découvrir mon intérêt pour l'intimité et les profondeurs de l'être ? Qu'importe... Un chemin s'est présenté, c'était celui du désir et de la séduction, et je l'ai suivi. C'était ma porte, mon ouverture, ma chance, mon opportunité.

Quelques expériences ont fini par m'emmener très loin dans l'implication. Je m'engageais sur un chemin qui menait vers des changements plus grands que je n'imaginais. Je n'ai pas renoncé, bien que je comprenne qu'il y allait y avoir de gros bouleversements à prévoir. Pour moi... et pour d'autres. J'ai continué. C'était le chemin à suivre...

Entretemps, et en parallèle, c'est mon métier solitaire, l'absence de contacts et de rencontres de la richesse humaine qui sont devenus des freins à l'avancement. Mon métier ne me passionne plus depuis longtemps. Je me suis ouvert à d'autres perspectives, plus ou moins liées. D'abord me former à être formateur, pour transmettre mon savoir : communiquer, être en relation. Et puis très vite, l'orientation vers la relation d'aide, dans un domaine précis : les relations interpersonnelles, et en particulier au sein des couples. Formation interrompue pour le moment, faute de moyens.

Je suis en panne dans cette situation, ne pouvant prendre que très lentement le virage souhaité, parce que j'ai "trop attendu". Sans argent ma marge de manoeuvre est étroite. Je le savais, je l'ai vu venir de loin.

Mais... je devais aussi travailler sur mon égo défaillant. Comment entreprendre d'aller vers les autres lorsqu'on ne croit pas suffisamment en soi ?

Énorme travail de reconstruction, en descendant jusqu'aux fondations. Travail très absorbant... et d'autant plus que j'avais tout loisir d'y consacrer beaucoup de temps. J'ai bien assez expliqué que tous les pans de ma vie avaient été touchés, et notamment les plus sensibles. J'ai pris le temps de faire les choses aussi complètement que possible...



Voila, ça fait à peu près quatre ans que c'est devenu très compliqué, lorsque j'ai compris que je ne pourrais pas tout mener de front. Pas seul. Pas en voulant "tout garder". Quatre ans vraiment difficiles, même si j'ai aussi ressenti beaucoup de satisfactions à "avancer" et à découvrir les potentialités passionnantes de l'altérité.

Je crois, je pense, que je commence à voir le bout de cette période de transition existentielle. Ce n'est pas terminé, mais les grands lignes se sont tracées. J'ai coupé les amarres et je suis parti. Je ne sais pas encore très bien où je vais, mais je sais ce qui ne me convenait plus dans ce que je quitte.

J'aimerais que bientôt je puisse cesser de parler de moi. J'aimerais que l'horizon se dégage un peu plus loin que le futur immédiat. De nouveaux projets recommencent à naître, c'est bon signe. Quitter ce marasme, sentir de nouveau la brise gonfler les voiles, retrouver l'énergie de croire en... autre chose que moi. M'ouvrir, et cette fois pour de bon, et prendre la vie à bras le corps.

Je sais que ça viendra. Je sais que ce n'est qu'une question de temps... et de renouer avec des désirs accessibles.