Décembre 2006

Dernière mise à jour:dimanche 24 décembre 2006 - Accueil - Premier jour - Archives - Message



L'ombre du non-dit




Dimanche 3 décembre


Depuis que je me suis intéressé à la "communication relationnelle", j'ai compris à quel point il était important que les choses soient dites. Toute chose. Et plus spécialement celles qu'on pourrait être tenté de dissimuler.

Tout ce qui est caché est un poison qui se diffuse insidieusement et contamine l'ensemble de la relation. La rend bancale, boiteuse. Et peut même la tuer.

On sait depuis longtemps que l'inconscient "capte" à notre insu, ce qui n'est pas dit. Les inconscients communiquent entre eux, sans qu'on s'en rende compte. Les mots du conscient ne trompent jamais durablement l'inconscient. Il ne font que créer des distorsions, des parasites, et finalement des illusions source de malaise. D'autant plus qu'est affirmée avec vigueur et insistance la "vérité" et la "franchise" de propos consciemment choisis. Le signal ne cadre alors pas avec ce que l'inconscient perçoit et il s'ensuit un grand trouble pour celui qui entend des messages qui se contredisent. « Ceci est écrit en bleu !». Le trouble ressenti cherche à se dire et être entendu. S'il est nié, alors le caché génère du caché dans une spirale infernale et destructrice.

On sait que des "secrets de famille" ont ainsi pourri des vies entières, passant de génération en génération sous un silence trompeur. Les affirmations "officielles" qui contredisent le ressenti profond, la répétition de fausses vérités, posent un tabou sur la recherche du non-dit. Il se crée des zones de non-droit à la parole. Des silences qui enflent démesurément en bourdonnant. Hurlements muets, cris indicibles qui déchirent l'être, incapable de se constituer sur une telle scission. Finalement se génère l'exact opposé de ce qui est désiré : faire venir au jour ce qui ne doit pas l'être.

On ne passe pas sous silence ce qui est.
On ne triche pas avec ce qui est ressenti.
On ne nie pas ce qui existe.

Le silence est transparent, mais pas son ombre.

Le non dit, c'est la minuscule écharde qui génère un abcès parce que l'organisme sain lutte contre ce corps étranger, aussi infime soit-il. Affirmer qu'il n'y aucune raison visible d'abcès ne supprimera jamais l'écharde. Minimiser son importance ne la fera pas disparaitre. Le corps manifestera avec insistance ce refus jusqu'à ce qu'il soit pris en compte. Sans répit. Jusqu'à la délivrance.


Ainsi, dans une relation, le mal-être sournois induit par le non-dit prend progressivement toute la place nécessaire pour ce qu'il soit entendu. Il envahit tout, comme les métastases d'un cancer, jusqu'à ce que la vérité crue s'exprime enfin. Quelle qu'elle soit. Quitter coûte que coûte l'incertitude incapacitante qui rend l'agir hésitant. Tout, sauf le silence indifférent devant la maladie létale qui inexorablement progresse, faute de traitement.

On ne guérit rien dans l'inaction, et on ne peut agir sans diagnostic clair.

Alors, quand les vrais mots sont dits, franchement, sans fioritures ni faux-fuyants, sans brutalité, courageusement même si c'est indirectement, alors seulement le soulagement vient. Et la paix de l'âme.

Qu'au moins l'aboutissement du non-dit soit exprimé, même si le cancer en est au stade terminal.

Il n'est jamais trop tard pour communiquer.







Fin de règne




Mercredi 6 décembre


En brisant bruyamment le tabou du silence je me suis libéré de mes entraves. Arrêter le bourdonnement cyclique des questions en suspens; obsédant bruit de fond. Cesser l'ébullition encéphalique. Récurrente, elle inhibait l'agir. En un dernier cri écrit j'ai hurlé à tue-lettre ma révolte contre ce baillon de craintes. Acte symbolique et ludique de délivrance. Ailleurs j'ai retrouvé le rire en partage.

Désormais je veux écrire, parler, vivre, et rire comme bon me chante, sans brider quoi que ce soit. Il n'y a plus d'obstacle, je suis libre de mes mots et de mes pensées. Je ne laisserai plus à quiconque le privilège exorbitant de les contraindre. Je me suis affranchi, quel qu'en soit le prix à payer. Foin des complications et des interdictions invraisemblables. Ce site est ma terre, que je laboure comme je l'entend, aussi profondément et aussi longtemps qu'il me plaira. Ici germe ma liberté d'être, ici grandit l'homme en devenir. Mon avenir. Espace fertile de libre parole. Mon jardin se crée...

On aurait tort de voir dans mes gesticulations une insistance déplacée, un acharnement absurde, ou une solitude mal vécue. Ce serait un contresens. Mais l'interprétation de mes écrits est libre de droits et chacun peut se les approprier. Sans mot dire et sans maudire, me lire sans rien me dire.


Pourtant quatre mots italiques ont montré l'insaisissable vérité. Mots sussurés avec élégance, mots caressés, mots de fin. « Je dois te quitter ». Légers comme un duvet d'oiseau sauvage dans l'envol. Sous le voile du lointain je me les sens destinés. Ultime communication ? Mots clairs éteignant l'incertitude crépusculaire, ils me fixent. Enfin un "je" qui s'affirme sans me noyer dans un "nous" ou un "tu" usurpés, révoltants de n'être pas moi. Je suis le seul à savoir ce que je dois faire.

Je les observe ces quatre mots. Les soupèse. Les évalue. Les comprends. Ils ont perdu leur pouvoir effrayant. Je les avais vus venir de loin dans l'avant et ils sont toujours restés tapis dans l'ombre du nous, à proximité. Menaçants gardiens d'une liberté farouche et intouchable. Ils attendaient leur heure inéluctable. Je les observais du coin de l'oeil, inquiet du moment de leur morsure fatale.

Leur souffle m'a déjà déchiré. Plusieurs fois. J'ai tenté de les tenir à distance, longtemps, puis les ai laissés s'approcher. Ils m'attendaient comme je les attendais. Collusion inévitable de destins choisis. Cette fois ils me sont offerts et me happent. Ils sont doux. Je les adopte. Je me laisse couler en eux sans résistance. En me broyant ils me libèrent. Fin de règne.

En rien je ne m'y oppose, ni ne retiens personne en une imaginaire prison. Ma main tendue se voulait ouverte et accueillante. Elle fût hésitante et offerte, fragile et patiente, blessée et pérsévérante. Bouleversée. Épuisantes contradictions d'élans et de craintes. La mort en soi.

Alors, quand se sentant devenue présence indésirable cette main ne touche plus que le vide, que le partage n'est plus qu'un soupir, le rire un souvenir, que le lien se dissoud dans un silence immobile, il n'y a même plus lieu d'être quitté: c'est déjà fait.



Les mots l'assènent et je les accepte.

L'épée de Damoclès est enfin tombée.
Je suis délivré de sa menace.
L'incertitude meurt en paix.

Merci.




Edit du 11 décembre:

la deuxième partie du texte, en grisé, à été mise en ligne le 6 décembre
puis retirée quelques heures plus tard. Le message d'une lectrice avait entretemps ravivé mes doutes quant au fait que je sois le destinataire des quatre mots en italiques. Il faut savoir que je n'avais aucune possibilité de le vérifier puisque la rédactrice ne veut pas que j'interprète ses textes. J'avais donc face à moi ces quatres mots lourds de sens, quelques jours après avoir hurlé mon ras le bol devant la situation d'incommunication qui règnait entre nous. Plusieurs indices, dans le flou artistique, me faisaient fortement penser que le texte faisait allusion à mes agissements. J'ai voulu écrire à la narratrice pour confirmation... mais les diverses interdictions de contact rendaient la chose tellement complexe que j'ai explosé devant tant de contraintes et écrit ce texte de libération.

Toutefois, afin d'en avoir le coeur net, j'ai retiré la partie en grisé et posé très précisément la question à la rédactrice. Elle m'a répondu avec une telle ambiguïté qu'à ce jour je ne sais toujours pas si j'étais effectivement concerné par ces quatre mots ! L'incertitude demeure (ne meure) donc...

Cependant ces deux textes (le sien et le mien) ayant permis une prise de conscience par laquelle s'est joué un tournant décisif dans mon émancipation, donc dans notre rapport, je remet l'intégralité de mon texte. Même s'il est devenu en partie obsolète.

 





Oui ou non




Jeudi 7 décembre


Dans le doute, je devrais toujours passer par une question simple, à laquelle la réponse se résumerait en trois lettres.

oui
ou
non

Aller au plus court.







Nouvelle ère





Vendredi 8 décembre


Qu'importe la méthode, qu'importe la vérité des faits et des intentions, ce qui compte est le résultat. J'étais prêt. J'attendais ma délivrance et j'ai cueilli ce que le jour m'offrait. Que cela me fut réellement adressé ou non ne change désormais plus rien.

Le doute demeure mais le déclic s'est fait.

Il venait de tellement loin, il se préparait depuis tellement de temps.
Il était temps.

En quelques jours quelque chose a opéré en moi. Changement puissant. Nouvelle ère.

Je me sens étonnamment bien.








Pour la paix





Samedi 9 décembre


3h45 du matin. Je ne dors pas. Agitation des pensées. Non, je ne veux plus de ça ! Il est temps de sortir de la situation.
Je me lève. La lune est presque pleine dans le ciel étoilé et illumine le paysage bleuté. Je vais d'un pas décidé vers mon ordinateur... qui m'attendait encore allumé. Ça ne m'arrive jamais de le laisser en marche durant la nuit. Un signe...


Cette fois il faut en sortir. Je continue le processus d'émancipation déclenché depuis quelques jours.


Autrement dit: explications et mise à plat de ma situation actuelle, de ce qui y a mené, ce qui s'y joue, et le moyen que je choisis pour retrouver une authentique paix intérieure. 




1 - Le cadre: un pacte bi-autobiogaphique

Il y a quelque chose qui nous relie, vous qui me lisez et moi qui écris. Je dépose mes mots ici parce que vos regards me suivent, connus et inconnus. Sans vous cet outil de travail que constitue ce journal n'opérerait pas. Sans la présence d'un lectorat fidèle ma vie ne serait pas ce qu'elle est devenue. J'ai progressé avec vous. Vos regards me sont importants. Il existe une relation bien particulière entre vous et moi, et pour certain(e)s d'entre vous un lien d'amitié. Je ne souhaite pas interrompre cette forme de "relation" avec l'altérité que vous représentez (qui est aussi une relation de moi à moi).

Beaucoup d'entre vous lisent aussi le journal de nathalie et ont suivi, parfois depuis le début, ce qui nous as liés. Vous avez été les témoins muets de cette histoire forte, et avez assisté à ce qui nous a liés, puis séparés.

Cette lecture ancrée dans le temps a joué pour moi un très grand rôle dans les développements de cette histoire. Devant vous je considère m'être "engagé" en affirmant mes convictions et mes intentions. Devant vous nous nous sommes "liés" publiquement, ouvertement, au mois de novembre 2003. Un acte symbolique fort, proposé par nathalie et que j'avais accepté avec enthousiasme.

C'est aussi devant vous que nous nous sommes "séparés" qu'elle a quitté le lien amoureux, en septembre 2004. Il y a 27 lunes...


Qu'on le veuille ou non, qu'on tente d'en faire abstraction ou non, vous, nathalie, et moi, sommes restés reliés par une sorte de pacte. Non plus seulement le "pacte autobiographique" qui relie écrivant d'un journal et son lecteur, mais une sorte de "pacte bi-autobiographique". Une triangulation.

Cette triangulation vous a rendus témoins de mes pensées personnelles, de celles de nathalie, et enfin du rapport qui demeurait entre elle et moi. Il y à là quelque chose qui, quoique pas inédit (il y a d'autres "couple" parmi les écrivants en ligne) peut faire penser à la mise en lumière de la vie privée des personnages publics. Cela peut être touchant ou devenir vite sordide.

Je ne suis pas seul "avec" nathalie et votre présence tierce a joué un rôle incontestable durant l'évolution de cette relation. Tout comme cela peut arriver dans la vie terrestre, d'ailleurs. On est jamais "seuls au monde" dans une relation...

Ce qui est particulier ici, c'est que cette présence ne se limite pas aux rapports sociaux, mais offre un accès aux profondeurs de l'intime. Vous lisez mes ressentis, et je sais que vous les lisez. Or un journal intime en ligne est une exposition de soi, avec une certaine théatralité. Je me mets en scène. Avec un souci d'authenticité, certes, mais il s'agit toujours d'un choix de ma part dans le dévoilement ou la dissimulation. Je suis le maître du jeu.

nathalie fait de même de son côté, quoique très différemment.

Nous sommes donc dans un jeu qui se joue avec trois entités: deux acteurs et "les spectateurs", observateurs absents de la scène et généralement muets. Et même si tous ne sont pas muets, leurs paroles ne sont entendues que par un seul à la fois des deux acteurs en scène.

Par ailleurs vous n'avez pas eu accès à ce que se sont dit, ou pas dit, les acteurs dans les coulisses. La transparence choisie des écrits intimistes ne vous offre qu'une vision parcellaire.

Une grande part de ce qui relie cette trinité se joue donc en "secret", ou du moins à l'insu de certains protagonistes. Il existe, de fait, une part de "non-dit" (ou non-écrit) qui tient du simple respect de l'intimité. Tout comme cela existerait pour une relation de la vie courante, là encore.

Et pour être exhaustif, il y a aussi un lectorat plus récent qui ignore qui est nathalie et ne connaît pas son journal.



2 - Le problème: la déterioration de la communication

Au sein de cette relation blessée il pèse désormais entre les acteurs une lourde part d'incommunication. Je me suis bien assez révolté contre ça et vous ne l'ignorez donc pas. Ce silence fait suite, assez bizarrement, à une amitié qui s'était établie dans l'expression poussée de confidences. Avec nathalie nous nous sommes liés parce que nous nous faisions confiance et pouvions aller très en profondeur dans nos discussions. C'est, il me semble, cette authenticité réciproque qui nous a si fortement rapprochés. Ce fut incontestablement le cas pour moi.

Ainsi, ce qui nous a liés et déliés se joue autour de l'expression sincère de soi. Dans la parole et la communication. Quelque chose qui, normalement, aboutit à un rapprochement et une confiance accrue. Or là nous avons fini par progressivement nous éloigner, dans une égale souffrance ainsi que, ne le cachons pas, un immense désenchantement. Quelque chose s'est fissuré dans nos vies respectives, sans qu'on sache si c'est réparable, ni comment le réparer, ni s'il faut chercher à le réparer.

Durant nos échanges antérieurs il avait aussi beaucoup été question des rapports de séduction et de couple, des liens d'amitié et amoureux, de la liberté au sein de ces rapports, de l'importance du dialogue franc et sincère. Autrement dit: tous les ingrédients nécessaire pour que ne se produise pas... ce qui s'est produit.

Et pourtant nous semblions largement en accord sur tous ces points !

Cet éloignement , cet abandon du défi commun, est assurément un grand mystère que je ne m'explique toujours pas avec certitude. Ce doute n'était pas étranger à ma demande de dialogue... et à mon insistance.

Par contre, puisque j'ai eu autrefois une porte largement ouverte sur les pensées et le fonctionnement intime de nathalie, par son journal puis ses confidences, je dispose d'une foule de clés pour "donner du sens". Ce qui me manque c'est le plan, qu'elle seule pourrait me donner en confirmant ou invalidant les hypothèses que je fais. Car en l'absence de réponses... je ne peux que me fonder sur des hypothèses pour tenter de "comprendre" ce qu'est devenue notre relation.

Je suis un "chercheur de sens" et vous pouvez imaginer la frustration que j'ai ressentie à ne pas comprendre pourquoi cette relation qui a complètement bouleversée mon existence en est arrivée à ce point d'incommunication. Sans parler, bien sûr, de la tristesse que je ressentais en voyant s'étioler une relation d'amitié amoureuse qui fût si forte, tendre, et porteuse d'espoirs réciproques.

Vraiment, j'ai vécu avec nathalie quelque chose d'extraordinaire. A tous points de vue...



3 - La mauvaise solution: la communication parallèle

Au fil du temps cette relation fondée sur le partage de l'intime et l'amitié amoureuse qui en a découlé s'est donc délitée en public. Bien avant notre "séparation" j'évoquais déjà les prémices de la mal-communication. Il s'établissait sur mon journal une communication parallèle, due à des interactions complexes au sein de la relation. D'après mes hypothèses, cette dernière concernait notamment une approche différente de la franchise. C'est donc au coeur même de la confiance que s'insinuait la fissure qui allait miner la relation, puis tout faire éclater. La sincérité directe laissait insidieusement la place au non-dit. Évolution complice évidemment, chacun ayant sa part dans la dynamique d'installation des zones de secret et tabous.

Je n'ai alors eu de cesse de "travailler" sur ce problème, mais pas de la bonne façon. Ce n'était pas en l'évoquant publiquement, à mots plus ou moins couverts, que je pouvais accéder au coeur du problème. De son côté nathalie essayait aussi de désamorcer ces "décalages" qui apparaissaient entre nous. Vigilante et plus aguerrie, elle savait que cela faisait éclater les relations. 

Nous étions donc entièrement d'accord sur cette nécessité de parler de ce qui posait problème au plus tôt. Sauf que notre façon d'en parler ne concordait pas exactement. A la longue les décalages sont donc bien apparus, et n'ont cessé de croître. A partir de là d'autres phénomènes psychologiques complexes sont entrés en jeu, aboutissant à la spirale d'éclatement.

Avec la séparation c'est une complication supplémentaire qui s'est mise en place: le silence s'ajoutait au non-dit prééxistant, tandis que la situation de séparation générait en elle-même d'énormes changements qui auraient nécessité beaucoup de dialogue.

Au début j'ai surtout souffert du silence, de l'absence, et de la déséspérance devant l'évolution dégénérative de la situation. Je crois qu'il y a eu énormément d'incompréhensions à ce moment-là, qui se sont cristallisées faute de pouvoir être exprimées.

A partir de là l'expression parallèle, via nos journaux respectifs, est devenue le mode de "communication" principal entre nous. L'effet pervers prenait de l'importance.



4 - La dérive : le jeu pervers

Lorsque je l'ai laissée prendre l'initiative de ce qu'elle appelait alors "suspension" nathalie m'avait demandé de ne plus la lire. Mais après quelques jours, par un hasard facétieux de l'existence, elle m'a envoyé par erreur un avis de mise à jour. M'y croyant autorisé j'ai donc pu lire où elle en était. Et j'ai vu que ce qu'elle écrivait en privé était différent de ce qu'elle m'avait dit ou écrit pour la séparation. J'ai vu un gros malentendu, sa souffrance, et qu'elle m'avait repoussé bien plus à contre-coeur que ce qu'elle m'avait laissé voir. J'ai vu aussi qu'elle interprétait mes réactions et m'attribuait des pensées que je n'avais pas. C'est comme si elle avait pris un mauvais aiguillage, partie dans un autre monde.

De son côté elle m'avait demandé si elle pouvait continuer à me lire. Ce que j'avais accepté car c'était pour moi une façon de maintenir le lien.

Au fil des mois elle a bien vu ma désespérance et ma profonde déprime. Et moi je la voyais se détacher... De temps en temps je lui écrivais, ne tenant plus dans cette situation. Le contact, que nathalie avait initialement voulu couper définitivement, s'est donc maintenu. Mais de façon nettement espacée. Environ une fois toutes les trois semaines. Entretemps je n'avais que mon journal pour "communiquer" et le sien pour essayer de comprendre un peu où elle en était et comment elle évoluait.

Cette façon de communiquer indirectement, et sous le regard d'autrui, s'est révélée être tout à fait perverse au fil du temps.

Car de mon côté, face à sa détermination, j'ai exprimé beaucoup de mes frustration et ressentiments, toute ma douleur et ma plainte, mais aussi mes espoirs et ma persévérance. J'espérais plus ou moins consciemment que nathalie comprendrait que je n'avais renoncé à rien... tout en sachant que cette tendance à "insister" lui était désagréable. En fait je n'avais guère de marge de manoeuvre. A la longue toute mon écriture est devenue crispée, contrariée et bridée. J'ai ouvert le carnet pour tenter de trouver une autre façon d'écrire et sortir de cette sclérose. Puis j'ai progressivement désinvesti ce journal, finalement devenu "impossible" puisque sans liberté d'expression sur ce dont j'avais le plus besoin de parler.

Ici mon écriture était devenue schizophrénique, soufflant le chaud et le froid. Fluctuations très désagréable à vivre. Je n'avais aucune envie d'être critique envers nathalie, et en même temps je lui en voulais de ce silence qui ne faisait que nous éloigner d'avantage. Du moins le craignais-je...

De l'autre côté le journal de nathalie est fort différent du mien. Elle cultive un certain mystère et ne s'en cache pas. nathalie c'est toute une culture de l'insaisissable. Elle revendique ses contradictions et joue des ambiguités, du flou, et de l'évanescence. Vous pouvez imaginer à quel point, alors que le silence m'était torture, je pouvais scruter dans et entre ses lignes tout ce qui pouvait m'apporter le moindre éclairage.

Sauf qu'elle ne voulait absolument pas que je me livre à ce genre d'exercice ! C'est son espace d'écriture et de liberté. Je me suis parfois inquiété devant des textes qui me paraissaient assez sombres et dans lequels je sentais en filigrane notre histoire. Je me suis fait vertement remettre à ma place !

Je me suis donc abstenu. Sauf pour le texte qui a déclenché mes écrits récents et un changement radical dans mon attitude. Un texte ou elle énonce un très ambigu « Je dois te quitter ». Cette formulation, dont rien ne me disait avec certitude qu'elle me concernait ou pas, aura été pour le moins maladroite à un moment où j'exprimais mon exaspération face au silence assassin. Je vois mal comment j'aurais pu lire ces mots fortement signifiants sans rien en penser... Or j'étais "piégé" puisqu'elle m'avait demandé avec fermeté de ne rien analyser de ces textes ! Vu l'importance de ces quatre mots, c'était de nature à me faire fortement cogiter sans que je ne puisse obtenir de réponse. Là ça paraissait quand même un peu gros à avaler...

Trop gros. J'ai pris ce texte comme je le perçevais intuitivement et m'en suis servi pour m'éjecter de l'orbite d'une soumission résiduelle à des exigences excessives. Hop, libéré d'un coup. J'y étais prêt. C'était la suite tout à fait logique de mes récents textes de révolte contre la non-communication et ses conséquences (laisser libre court à l'interprétation et aux fantasmes).



C'est donc avec ce genre d'échanges sur nos journaux en parallèle, forme de communication qui ne dit pas son nom, que nous nous sommes fait du mal, chacun à notre manière. Moi en parlant "trop" d'elle et de nous, et pas forcément de belle façon. Elle en distillant ses pensées insaisissable tout en refusant la communication dont j'avais besoin. Plus j'insistais pour comprendre, plus elle était insaisissable. Et plus elle était silencieuse, plus j'insistais.

Voila donc en quoi à consisté notre jeu pervers: du sado-masochisme. Et en public en plus !
Nous nous sommes mis en guerre: parole contre silence.

Une amitié ce n'est pas une guerre.
Je trouve très moche ce que nous avons fait de nous. Tout à fait indigne de ce qu'a pu être cette relation qui fut magnifique et rare.

J'ai voulu rattraper les choses, sauver cette relation, mais je me rends bien compte que mon insistance à communiquer était tout autant préjudiciable que son insistance à le refuser. 

Alors je cède.



5 - Le remède : accepter, lâcher-prise, s'abandonner

Je ne poursuis plus cette lutte, mortelle pour ce qui reste de notre relation et épuisante pour moi. C'est fini, j'ai posé les armes. J'accepte le silence. Entièrement.

Je l'accueille, en paix et en souriant. Bienvenue au silence partagé et conjointement consenti.

Avec les récents évènements j'ai compris beaucoup de choses, autant par le dit que le non-dit. Je ne ressens plus le besoin d'en discuter maintenant. J'ai obtenu, en quelque sorte, quelques clefs manquantes. Des clefs absolument essentielles. Car c'est parfois en se dissimulant qu'on se dévoile le plus, à son insu...

Je suis libre. Je retrouve toute mon énergie, ma force, ma liberté de pensée, et le sens d'ouverture vers lequel j'ai choisi d'orienter ma vie. Je m'émancipe.

Finalement la seule chose que je pouvais faire pour aller vers la paix était d'aller dans le même sens que nathalie. Ne plus lutter à contre courant. Le pouvoir du silence est redoutable. Par expérience je le sais insurmontable et destructeur pour celui qui s'acharnerait.

Je cesse donc là mes démarches vers elle. Je ne m'oppose plus à son éloignement et entre moi aussi dans ce processus à l'issue incertaine.

Maintenant j'y suis prêt.







Malsain ?




Lundi 11 décembre


J'ai ressenti un certain malaise en mettant en ligne mes derniers textes. Impression d'y dévoiler je ne sais quelle faiblesse. Sans doute celle de mon "acharnement" à expliquer et comprendre l'invraisemblable aventure que je poursuis.

J'assume !

Je suis un chercheur de sens. Je suis comme ça et ne le renie pas, ni ne le cache à ceux qui me lisent. C'est la vérité nue de ce que je suis. Je sais que c'est de cet arrachement de l'intime de soi que vient une appropriation plus aboutie de soi. Et si cet arrachement se fait sous des regards, cela contribue à l'affirmation de soi devant autrui. Cela ne se fait pas toujours sans douleur.

Heureusement, ça ne dure pas...

Ce qui est un peu gênant c'est d'avoir évoqué ce jeu possiblement pervers de l'écriture sous regard impliqué... et de continuer à écrire. La logique voudrait que, en ayant pris conscience, je cesse illico d'évoquer ce qui s'y rapporte. Mais comme je viens à peine de me révolter contre la contrainte de discrétion que je m'imposais, aboutissant à l'impossibilité d'écrire, c'est une impasse. Ou alors il ne me resterait plus qu'à fermer ce journal.

Vous vous doutez bien que j'y ai souvent pensé. De plus en plus souvent, récemment.


Mouais, sauf qu'il est mon outil de travail (au sens psychanalytique du terme).

Donc... aucune envie d'arrêter.


Pour continuer librement tout en sortant du jeu sado-maso, j'ai quelques options.

D'abord ne plus lire nathalie tant que je suis en période "sensible". C'est ce que je fais dès à présent. J'évite ainsi le risque de réveiller ma machine à interpréter le pire. D'ailleurs, comment ne pas interpréter ? Est-ce que chacun ne donne pas un sens subjectif à ce qu'il lit ? On adapte les mots de l'autre à notre référentiel de pensée, inévitablement. Le problème se pose lorsqu'on est en interaction avec autrui, comme dans toute forme de relation, parce que le système de pensée des deux peuvent se comparer et montrer les différences.

Et là, comme l'essentiel se passait indirectement, il n'est pas surprenant qu'on en soit arrivés à un gros cafouillage. Il est certain que la lecture de l'intime devrait se faire "en sympathie", donc pas entre partenaires qui ont un différend. Ah la la, tout cela n'est pas simple.

Car malgré les éventuels désaccords, il y avait aussi de ma part un intérêt pour ce que vit ma partenaire. Et du plaisir à avoir quelques nouvelles, en l'absence de contact direct. J'aimais savoir comment elle allait, sentir son humeur, ses préoccupations. J'ai été très content de lire récemment qu'elle retrouvait le goût de faire des projets. Mais bon... forcément si je lis des trucs qui pourraient me concerner, et si c'est inquiétant... difficile d'éviter les interpérations. Impossible même, dans le cas en question.

Deuxième option (qui se cumule avec la première): ne plus avoir une double expression direct/indirect. Et là c'est finalement assez simple puisqu'il suffit qu'il n'y ait plus qu'une seule voix. La voie (voix) directe était quasi inexistante, mais je la considérais quand même comme préférentielle: le meilleur moyen de communication. C'est parce que cette voie directe fonctionnait mal que je me suis mis à écrire en parallèle.
Il suffit donc qu'il n'y ait plus cette voie directe pour retrouver une seule voix: celle du journal. Fini le double langage. Je retrouve ainsi une voix "libre" d'expression de mes pensées.

Évidemment il reste quand même le regard potentiel de nathalie. Sauf que les conditions ne sont plus celle d'une relation avec communication. Il n'y a donc plus d'effet parasite. Et de toutes façons la lecture est facultative. Je laisse l'accès libre, mais ne suis pas responsable des conséquences. La lecture se fait aux risques et périls du lecteur ou de la lectrice...

Il n'empêche que j'ai l'impression désagréable de flirter avec quelque chose de malsain...
Une lectrice s'est désabonnée aujourd'hui. Ça m'interpelle.

Je n'aime pas ce que je mets en ligne en ce moment. C'est pas très beau.
Pourtant il faut bien que je sorte de tout ça.

C'est violent...
Peut-être faut-il passer par cette violence pour trouver la paix ?







Comme une libellule




Mardi 12 décembre


[matin]

L'idée de relation sado-masochiste fait son chemin...

Évidemment ce dont je parle n'est pas une histoire de cuir et de latex, de fouet et de cordes. Amateurs de sensations fortes pous pouvez retourner d'où vous venez.

En fait ce terme est impropre, bien qu'on associe souvent les deux concepts. 

Le sadisme est une perversion: « Le sadisme est la recherche de plaisir dans la souffrance (physique ou morale : domination, contrôle,...) volontairement infligée à autrui.». Donc je zappe, nous ne sommes pas concernés. Quoique... à dose infime... sous l'effet de la colère...

Par contre le masochisme est un phénomène psychique beaucoup plus complexe. Et notamment si on l'aborde sous le concept du désir mimétique. Vous ne connaissiez pas ? Mon non plus. Mais c'est assez intéressant quoique plutôt ardu à saisir...

J'y ai retrouvé beaucoup d'éléments de ce que j'ai développé ici depuis quelques années, et notamment toute une logique paradoxale autour du désir et de l'altérité. Tout cela dépasse évidemment mes compétences, mais j'y vois des explications intéressantes à des phénomènes qui m'apparaissaient comme "incompréhensibles".



Alors je m'interroge sur ce qui m'anime...

Qu'est-ce qu'il y a dans cet esprit qui se cherche ? Quelles sont les motivations qui me poussent à évoluer ? à chercher à me surpasser ? Y aurait-il une part de masochisme vaguement pathologique ?

J'ai souvent évoqué ici la souffrance que je ressentais à avancer sur un chemin ardu. Je crois qu'elle est en partie normale puisqu'on ne change pas, on ne va pas au devant de ses peurs et des obstacles psychiques sans une certaine souffrance. Ceci dit, ce qui m'a fait le plus souffrir est lié à un sentiment d'impuissance. C'est à dire que ce n'est pas de surmonter mes blocages et mes peurs qui me fait souffrir, mais de me retrouver en échec devant un mur infranchissable. Ce n'est pas de gravir péniblement la montagne, mais de voir que je n'atteindrai pas le sommet convoité. Et dans le domaine qui me tient le plus à coeur: la communication relationnelle.

Comprendre pourquoi cette communication a tant d'importance à mes yeux ouvrirait d'autres pistes de réflexion, mais je ne les explorerai pas aujourd'hui.

Donc, j'ai investi énormément de mon énergie et abusivement de mon temps de vie à chercher à comprendre une mal-communication (le terme d'incommunication serait impropre puisque même le silence est une forme de communication). J'ai cherché à rétablir cette communication, en vue de restaurer une relation harmonieuse et agréable, enrichissante et épanouissante. En bref, j'ai cherché à restaurer ce qui a existé au départ, et qui est donc, en toute logique, possible. Théoriquement possible.

Je suis en train de comprendre, et ce n'est pas surprenant, qu'il y avait probablement derrière tout ça des phénomènes psychiques très complexes. Hors d'atteinte de ma capacité de raisonnement.

Cette recherche constante d'une harmonie relationnelle, qui est apparue dès que le tout premier accroc s'est manifesté, est devenue à la longue quasi-obsessionnelle [pourquoi y tenais-je autant ?]. Plus le temps de la relation s'est avancé et plus l'initiale « complicité merveilleuse » s'est dégradée. En toute logique cela menait donc vers une impossibilité. La relation semblait être née pour mourir de son éclat. Un peu comme si de son intensité naissait sa fin. La supernovæ qui finit en trou noir...

Vouloir maintenir en vie une telle relation vouée à la mort [ et qui "cherche" sa mort] ressemble donc à une impasse. Relation mortifère. Suicidaire. Persévérer ne pourrait que mener à la folie et une souffrance extrême. C'est évidemment, vous l'aurez compris, le chemin absurde que j'ai suivi... tant que je n'avais pas compris ce mécanisme.

Et surtout tant que je n'avais pas ressenti que le moment était venu de changer d'orientation.

Parce que, comme je dispose quand même d'une certaine dose de conscience et de lucidité, il y a bien longtemps que j'avais perçu la complication croissante, et la souffrance qu'elle induisait. J'ai cherché, point après point, ce qui rendait les choses compliquées. J'ai ainsi pu découvrir tout ce qui, en moi, provoquait blocage et dysfonctionnements. Je crois avoir changé beaucoup d'élements défectueux. Ma vie, hors de ce cas particulier, va bien. Cependant la relation à continué à se dégrader, bien que ma demande fût devenue infiniment moindre. Ma patience s'est démesurément accrue et j'ai appris à supporter l'ascétisme de contacts espacés avec celle avec qui j'estimais encore être "en relation". Il devenait difficile d'avoir moins...

J'ai tenté, par le biais de ce journal, de faire part de mes avancées à ma partenaire. J'ai essayé de décrypter ce qui, en elle, pouvait avoir des conséquences sur la relation. En bref, j'ai fait tout ce qui m'était possible pour que nous communiquions à ce sujet et trouvions des clés communes pour sortir du cycle infernal.

Mais il semble que le seul fait de vouloir en discuter aggravait la situation. J'ai eu beau chercher toutes les façons d'aborder le problème, insister, laisser aller, forcer, être gentil, tenter d'en rire, me mettre en colère... Rien à faire. Pas moyen de communiquer sur le problème ! Refus explicite ou implicite. Très frustrant. J'acceptais bien le fait qu'elle puisse avoir ses raisons... mais j'avais besoin de les connaître. Donc d'en parler ! Tout aboutissait à une impasse.

Alors forcément, quand il y a un tel poids de non-dits, il était devenu difficile de bavarder sur autre chose... même la forme d'amitié la plus basique ne trouvait plus sa place. On n'avait rien à se dire !

En fait, plus j'insistais et moins j'obtenais. C'est assez logique. Je savais donc, depuis très longtemps, que la résolution du conflit résidait dans ma non-insistance envers ma partenaire. Bien sûr j'ai tenté cela, surmontant ma frustration et espérant que mon silence finirait par laisser place à son désir de me recontacter. Mais comme on se retrouvait devant tout un poids de non-dits et de "complications" dont il ne fallait pas parler... nous sommes restés dans la spirale d'éloignement.

Ainsi, quand nathalie me donnait quelques éléments de réponse, elle le faisait avec une parcimonie croissante. Je devais comprendre avec peu d'explications, qui d'ailleurs soulevaient généralement d'autres questions... de nouveau sans réponses. D'où une certaine lourdeur puisqu'il fallait replonger dans l'avant... ce qu'elle n'appréciait pas. Mais parler du présent sans se référer à l'avant n'avait pour moi guère de sens. Le présent n'est jamais détaché du passé, qui en constitue les racines.

Ainsi, au lieu d'aller bien au fond des choses pour clarifier tout ce qui restait flou, nous avons laissé de développer une énorme bulle d'incompréhensions. Avec chacun une façon différente de la gérer: moi voulant en parler pour dégonfler la bulle, elle ne le voulant pas pour éviter de brasser des histoires compliquées. Avec de telles oppositions de méthodes, il était difficile de trouver un compromis...

Mon insistance à en chercher n'a eu d'égale que la persévérance de nathalie à penser que nous n'y parviendrions pas. C'est pourquoi j'ai fini par céder et accepter le silence, parce qu'il n'y avait aucune autre solution.

Hier j'ai annoncé à nathalie que je m'imposais six mois sans la contacter. Je ne veux plus qu'elle souffre de mon insistance, je ne veux plus me sentir laid dans le rôle du quémandeur, je ne veux plus continuer à investir autant d'énergie en vain. Et surtout je ne veux plus continuer à ce qu'on s'entre-déchire.


Mais... mais alors que je suis en train d'écrire ce texte, je réalise que... ce journal me maintient encore là dedans !

Tout cela mène à la déraison. A quoi cela me sert-il de continuer à écrire là dessus ? L'exploration de ce qui a mené à notre échec est infinie. Elle ne mènera à aucune paix tant que je continue à m'exprimer publiquement.

Tout cela fait du mal.
A elle. A moi. Et peut-être même à vous.

Je suis en train de me perdre dans la psychologie des profondeurs. Je touche à l'intouchable parce que je mélange l'intime et le dévoilement.

Je dépasse les limites. Je vais trop loin.



* * *



[midi]

Avec le recul je ressens un profond malaise. L'impression désagréable d'avoir "tout cassé". Irrémédiablement. Je ressens un grand déplaisir à évoquer ma partenaire sous un jour qui n'est pas celui que j'aurais voulu montrer d'elle. Je préférais de loin mes envolées lyriques de nos débuts. Pourquoi faut-il que les belles choses se finissent ainsi ?

Pourquoi avons-nous échoué ?
N'étions-nous pas beaux quand tout allait bien ?


Pourquoi n'avons-nous pas su rester solidaires dans notre plaisir de la rencontre ?
Pourquoi n'avons-nous pas su désamorcer la conjuguaison de nos névroses ?


Je sais que ces questions sont inutiles et n'ont qu'une seule réponse : parce qu'il devait en être ainsi.

Il s'est passé ce qui devait se passer. Notre rencontre contenait aussi ces différences qui allaient nous rendre incompréhensibles l'un à l'autre. Il ne sert à rien que j'aie des regrets en me disant que j'aurais pu faire ceci ou cela. J'ai fait ce que je pensais le mieux, et ce que je pouvais à chaque instant de notre relation. Et nathalie a fait de même. On ne pouvait rien éviter. Rien ! Quelle que soit notre vigilance et notre désir d'éviter cette chute.

Nos chemins respectifs se sont croisés pour que chacun de nous grandisse et se nourisse de ce que l'autre pouvait lui apporter. Alors ce qui s'est joué entre nous nous était nécessaire. Nous nous sommes apportés le meilleur et peut-être le pire, mais c'était nécessaire pour que chacun nous grandissions en fonction de l'autre. Ni l'un, ni l'autre, nous n'étions prêts à accepter l'autre tel qu'il était à ce moment-là.



* * *



[soir]

Les mécanismes de la pensée sont surprenants. Voyez comme le fait d'être passé à l'acte est en train de changer toute ma représentation : le matin en pleine réflexion analytique, à midi une sorte de tristesse qui m'étreint en voyant ce qu'on est devenus, et le soir... ah ben attendez, ça arrive.

Vous avez encore cinq minutes ? parce que ça va faire long à force...


Donc cet après-midi, pendant que je travaillais dehors, mes neurones peu sollicités en ont profiter pour penser en roue libre. Pof, associations d'idée qui sautillent et virevoltent sans que j'y fasse vraiment attention.

J'en étais à me dire que cette fois j'avais baissé les bras pour de bon. Que je ne croyais plus qu'on se retrouverait. Qu'on ne se reverrait jamais. Parce que jusqu'à récemment j'y avais toujours crû, je vous assure. Je n'en démordais pas !

Puis bon, hein, on voit où ça m'a mené...

En même temps je repensais à tout ce qu'on avait vécu de beau, elle et moi. Ah la la, que de bons moments, que de plaisir, que de temps passé à échanger et boire mutuellement nos paroles. Vraiment une très belle complicité intellectuelle, sentimentale, et désirante. L'idéal quoi...

Ouais, tout ça pour expliquer pourquoi j'étais "accro" à ce point.

Donc je repensais à tout ça... et je me suis rendu compte que s'il y avait bien quelque chose que je n'oublierai jamais, c'était cette époque. Par contre, toute la période dont je viens de sortir... pfiouuuu, elle est déjà loin ! Celle-là je vais m'empresser de l'oublier.

Et c'est là que j'ai eu the revélation: ce n'est pas mon amie que j'ai quittée, ni mon amour, mais quelqu'un qui ne voulait pas de moi. C'est trèèèèès différent ! C'est pour ça que finalement je ne suis pas vraiment affecté par cette "disparition", qui n'est en fait qu'une régularisation. Voila 27 lunes que mon amoureuse m'a quittée, et depuis tout ce temps je crois que le deuil s'est fait. Et là j'étais prêt, plus-que-prêt, à en finir.



Vous avez remarqué ? J'ai écrit que je l'avais quittée...

Oui, en réagissant si fortement à son message subliminal ambigu, je sais que j'ai cassé ce qui restait du lien perverti. En me mettant entre parenthèses pour six mois, en me déconnectant de son journal, je la quitte. Définitivement ou non, seul l'avenir le dira, mais là on s'est mutuellement quittés. D'accord ! enfin d'accord ! Ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé.

Je suppose qu'elle est très fâchée, je l'ai été aussi. Mais pour ma part c'est déjà fini [rapiiiiide !]. J'étais fâché avec quelqu'un que je ne veux plus revoir. Celle qu'elle était devenue n'est pas celle que j'ai envie de fréquenter. A une époque je l'avais affublée du surnom circonstantiel de "Fatalie". Quelqu'un avec qui je n'ai jamais pu m'entendre. L'autre face de nathalie, qui rencontrait mon autre face, tout aussi moche, tout aussi désagréable. Nos deux pôles sombres. Rien à tirer de ces deux-là !

Or donc, je réalisais avec mes neurones en roue libre que, finalement, voila 27 mois que j'étais avec cette Fatalie-la-défaitiste. Oui, bon, il y a quand même eu un "retour" d'une nathalie-amie durant l'année 2005. Mais quasiment toute l'année 2006 ne m'aura mis en contacts, très rares, qu'avec Fatalie. Et franchement... ça n'avait rien d'agréable.

En fait je crois que les six mois de silence qu'elle m'avait imposé [ça fait toute la différence] en début d'année, brièvement interrompus par un éphémère retour au bout de quatre mois... avant qu'elle ne s'isole de nouveau dans une léthargie, a laissé un gros contentieux. J'ai eu quelques difficultés à comprendre le sens de ce retour avorté. Globalement c'est donc près d'un an de silence qui s'est écoulé. Un an de mal-communication. Si j'y ajoute quelques mails fortement décourageants, je trouve que ça fait beaucoup.

J'ai bien assez enduré et bien assez montré mon attachement et mon désir. Si ça n'a pas suffi... rien de plus ne suffira.

Donc je me suis "sauvé" de cette situation.

Et je me reconnecte maintenant avec "l'avant", quand je m'entendais bien avec celle que j'appelais Libellule. Au temps ou on était désireux d'être en contact et d'échanger. Ce sont ces souvenirs que je veux garder en tête. Le reste, je zappe ! Trop moche, trop de souffrance.

Ter-mi-né !



J'ai dit que je voulais sortir de tout ça "par le haut" et serein. Je sais que ça ne peut être qu'en gardant une belle image de nathalie. Sans amertume, sans rancune ni rancoeur. Juste quelque chose de léger et doux. Aérien. Comme une libellule...




PS: je demande instamment de ne PAS être informé de quoi que ce soit en ce qui concerne les éventuels écrits de nathalie. J'ai besoin pour le moment d'une coupure totale.









Abandon




Jeudi 14 décembre


J'ai retrouvé une liberté d'écriture qui est tout à fait agréable. Je peux de nouveau laisser les mots s'enchaîner sans me demander s'ils ne sont pas trop... ou pas assez... ou si je fais bien d'en parler... ou si je devrais en parler...


Pfiouuuu, usant !

Je me demande comment j'ai pu rester dans cette situation aussi longtemps.

Non, en fait je sais bien pourquoi : je ne voulais pas abandonner.

Aaaaaah, revoila ce fameux mot: abandonner.

Abandonner dans le sens de "renoncer", comme on abandonne quelque chose de trop difficile, et surtout abandonner dans le sens de "laisser tomber l'autre". Or je m'étais engagé, ce qui voulait dire que je tiendrais bon : je n'abandonnerais ni le "couple" (amitié avec ou sans l'option amour, peu importe) que nous formions, ni nathalie.

Sauf que je voyais bien que ma persévérance ne sauvait rien du tout. Au contraire...



Je me trouvais donc pris dans un conflit interne insoluble : continuer ainsi menait à l'échec, et abandonner menait aussi à l'échec. Du moins... c'est ce que je supposais.

"Abandonner" était pour moi la pire des trahisons, ma hantise, ce qui m'avait empêché de me lier fortement jusque là. Donc par extrapolation je ne pouvais pas abandonner mon amie nathalie, même si elle me repoussait.

Tout comme je n'avais pas pu abandonner Charlotte.

Conflit entre deux loyautés. Et c'est bien moi que j'avais perdu au milieu de tout ça.

Finalement, si je n'ai pas perdu Charlotte, c'est parce que je l'ai laissée s'éloigner. Il suffisait que je fasse la même chose avec nathalie.

Oui... mais la nature du lien était bien différente. Dans toute cette histoire, c'est quand même bien la poursuite de ma relation avec nathalie que j'avais privilégiée sur le long terme.

L'avait-elle bien compris ?

Et si oui, en a t-elle eu peur ?








Ondes sismiques




Vendredi 15 décembre


Je ressens... comment dire ?.... une certaine *culpabilité* après ce qui s'est passé. Non, pas une culpabilité mortifiante écrasée de regrets éternels. Plutôt le regret d'avoir dû en passer par quelque chose de violent. Oui, je trouve que qui s'est passé a été violent.

Je crains d'avoir fait du mal à mon amie en évoquant publiquement notre crise, et en donnant d'elle une image pas vraiment sympathique. Je n'aime pas faire du mal. Je n'aime pas blesser. Et pourtant... c'est parfois inévitable.

Je n'ai aucun regret d'avoir agi avec détermination : il était temps de sortir de cette impasse. J'ai fait ce que j'avais à faire. Peut-être pas de la façon la plus élégante, mais bon... c'était aussi une réaction à des comportements qui m'avaient atteint.

Tout le long de notre relation, puis non-relation, c'est bien conjointement que nous avons agi. J'ai accepté ses agissements, donc m'en suis rendu complice. Et inversement. C'est conjointement que nous n'avons pas su empêcher la dégradation de notre relation. Je n'aurais jamais plus que la moitié de ma part de responsabilité.... mais jamais moins non plus.

D'ailleurs elle aussi, en son temps, a décrit son éloignement progressif et les raisons qui l'avaient conduite à me repousser vers ma vie d'avant. Et ce que je lisais était violent, parce que non conforme à mes ressentis. Et atrocement déchirant, parce que non conforme à ce que je croyais exister entre nous. Je l'ai vue prendre les rênes tandis que j'étais dans l'incapacité d'agir, et décider pour nous deux, selon sa perception des choses.

Il était indispensable que je reprenne ma part de libre arbitre et que je décide, pour moi, de ce que je n'acceptais plus. Il était indispensable que je me positionne devant nathalie et que j'affirme ma différence en cessant de me conformer à ses lubies.

Il était indispensable que je retrouve ma dignité.

Ainsi, il s'est établi une sorte de retour à l'équilibre entre nos comportements respectifs, par le jeu des réactions successives. Ajustements certes assez chaotiques. Et donc "violents".

Ce qui est certain c'est que tout acte "négatif" envers l'autre (non respect de sa différence, ou tentative de le rendre conforme à nos désirs) se paie d'une façon ou d'une autre, un jour ou l'autre. Ce sont des formes de violence, qui créent des tensions cumulatives. C'est le principe du tremblement de terre : libération soudaine d'une énergie trop longtemps contrainte.



Avec le recul, je constate que nous avons eu 27 mois de décalage. Je passe par des phases similaires à ce qu'elle décrivait quand elle "abandonnait" la relation, en septembre 2004. Je retrouve dans mes pensées ce qu'elle exprimait des siennes.

J'ai simplement résisté 27 mois...

En cessant cette résistance, c'est en fait une chance que je donne à notre relation. Une mise à plat pour une vraie remise à zéro.

D'ici à ce que ça puisse redémarrer de façon fonctionnelle... il y a tout un paquet d'incertitudes que le temps éclaircira.







Le révélateur du moi




Samedi 16 décembre


Mouais... ça cogite pas mal dans ma tête en ce moment. Ce qui s'est passé avec mon amie nathalie est loin d'être anodin, vous vous en doutez bien.

J'ai pris le risque très sérieux de la perdre. Qu'on se perde. Définitivement.
Si je la connais bien, elle doit être très très fâchée contre moi.

Et moi... je suis aussi très fâché contre elle [amicalement fâché...].
Parce que, d'une certaine façon, c'est son comportement qui m'a obligé à réagir ainsi. Elle m'a poussé à la quitter. D'ailleurs, ne lui dites pas, mais je suis certain que si je lui avais raconté mon histoire elle m'aurait dit « mais quitte là cette femme ! ». Et elle se serait même mise en colère contre cette personne, parce qu'elle n'aimait pas quand je souffrais à "cause de" quelqu'un [les guillemets sont importants puisque la souffrance est bien un choix].

Les jours passent. J'y pense pas mal à tout ça. Pas comme avant, parce que je me sais désormais libre, mais j'y songe quand même. Il opère une sorte de deuil... et en même temps, comme vous pouvez le constater, je n'ai pas totalement renoncé.

Je continue à m'y préparer. Un jour peut-être que nathalie ne sera plus qu'un souvenir doux-amer. Celle par qui ma vie a basculé, celle par qui j'ai grandi, mais celle avec qui nous ne sommes pas parvenu à nous accorder.

Ça serait assez bête parce que je crois qu'on avait quand même un gros paquet de points communs. Et notamment sur la façon de vivre l'amour et l'amitié. En principe.


Maaaaais... entre la théorie et la pratique, il y a parfois un gouffre. Et on est tous les deux tombés dedans. Chacun dans le gouffre des incohérences de l'autre.

Je le dis tout net: nous nous sommes trompés !

Trompés sur nous-même, trompés sur l'autre, et nous avons donc chacun "trompé" l'autre.

En croyant être, en disant être, on a induit l'autre en erreur. On s'est fait abusivement confiance. Nous nous sommes attirés avec nos belles et grandes idées ("attachement libre"), mais nous n'étions ni l'un ni l'autre capables de les vivre à ce moment-là.

Peut-être parce qu'on est allé très loin dans les confidences et la confiance et que brutalement cette mise à nu nous a mis sans défenses devant l'autre. Dès que les premiers problèmes sont apparus il a fallu trouver de nouvelles stratégies de protection. Des stratégies que chacun ne connaissait pas en soi. Des stratégies défensives, potentiellement brutales, afin de protéger notre territoire personnel.

C'est le sens que je donne à tout cela.

Devant elle je me suis vu très différent de ce que je pensais être. Et je l'ai vue très différente de ce qu'elle disait être.

Car il ne faut jamais oublier, pour saisir la particularité de cette histoire, que nous nous entrelisions, échangions beaucoup par mail, et que nous avions déjà trois ans de ce genre de "connaissance" de l'autre lorsque nous sommes tombés en amour. Je sais énormément de choses sur nathalie, probablement bien davantage que ce qu'elle peut imaginer. Et je suppose que c'est réciproque.

Mais peut-être qu'on se connaît "trop bien", et que le décalage qui existe entre ce que l'on se sait être et ce que l'on montre de soi à l'autre a quelque chose d'incompréhensible. Deux faces, deux pôles aimantés... Attirance et différence mêlées. Contradictions entre l'être et le faire. Ambivalences, paradoxes, ambiguïtés...

Qui est l'autre ?
Qui est-elle ?
Qui suis-je ?

Mais n'est-ce pas le but de toute rencontre que d'aller à la découverte de cette part inconnue de soi, de l'autre ?

L'autre, révélateur de mon moi, inaccessible sans lui.


« Suis-je ce que j'ai conscience d'être ? » n'est-ce pas là une des premieres interrogations philosophiques ?







Reprendre les rênes




Dimanche 17 décembre


Pas mal de monde suivait mes péripéties amoureuses, dans le cybermonde ou dans la vie terrestre, et on me pose des question sur ce qui s'est passé. Alors je raconte pourquoi j'en suis venu à me mettre à distance et renoncer à lutter. Je raconte selon ce que j'ai compris, et les hypothèses que j'ai pu poser. Rien de vraiment certain, hormis les faits.

On me propose d'autres visions, d'autres hypothéses, et à force tout cela prend un sens.

Ça me fait du bien de réfléchir hors du circuit fermé de ce journal. Le dialogue, lorsqu'il est possible, est évidemment bien plus enrichissant et dynamique que le monologue scriptural qui s'auto-nourrit. D'autant plus que j'ai peu de pudeur et évoque aisément la situation, y compris les "faiblesses" dont j'ai fait preuve. C'est autant une volonté d'honnêteté que de lucidité.

Ce week-end j'étais chez un couple d'amis, avec qui nous avons toujours de passionnantes discussions sur le sens de la vie, les relations interpersonnelles, et les dynamiques de couple. Et je me rendais compte que ce que je dis à l'extérieur est bien différent du ressassement de ce journal. Ma vie est évidemment bien plus ouverte que cet interminable monologue autour d'une relation d'amitié amoureuse interrompue. Lorsque j'en discute, il semble qu'on apprécie plutôt mon tempérament posé, le recul que j'ai sur cet épisode, et la maturité que j'ai acquise grâce à cela. Moi-même je m'étonne de m'entendre énoncer avec autant de paisible assurance des attitudes que je ne savais pas avoir aussi bien intégrées. Décidément ces derniers mois de réfléxion m'auront beaucoup apporté...

Je me réjouis de voir à quoi je suis parvenu.


Cependant... je suis là sur ce journal, observatoire de mes tortuaisons laborieuses et je vais donc rester dans mon sujet de prédilection. Il y a encore des choses à évacuer...

En fait, je crois que s'épanche souvent ici ce qui est le plus négatif de moi, et parfois le plus pessimiste. Mes découragements, mes visions noires. Il ne faudrait pas croire que c'est une image représentative de ce que je suis. [remarquez, chacun croit ce qu'il veut...]


État des lieux, une semaine après m'être mis entre parenthèse.
Ou après avoir quitté nathalie, je ne sais plus trop...
Ça veut dire quoi "quitter", quand on n'a plus de contacts et quand l'autre exprime depuis longtemps un cocktail de lassitude, de non-désir, et finalement de "toxicité" (c'est ce mot qui m'a fait m'éclipser sur le champ) ?
Ça veut dire que je jette l'éponge et que j'en ai marre de tendre la main à quelqu'un qui n'en veut pas. Ça veut dire que je suis désolé d'avoir été trop insistant... et en même temps irrité de n'avoir pas pu éclaicrir la situation. Ça veut dire que.... je suis en colère et en même temps attentif à mon amie rebelle.

Ça veut dire que j'en ai eu ras le bol, que ça m'a énervé, et qu'il était temps qu'on se sépare une bonne fois pour toutes. Qu'on se donne le vrai temps d'un "break" plutôt que cette situation hyper-floue d'une semi-amitié silencieuse soumise à des règles aussi strictes qu'ambiguës.

Ça veut dire que j'ai pris une décision qui n'était pas vraiment prise (quoique lourdement suggérée).


Maintenant que je peux penser librement à moi, je ressens ce qui se manifeste en profondeur. D'abord une très rapide prise de distance. Je tenais ce lien "à bout de bras", et d'avoir lâché me ramène très rapidement au point où mon amie a subitement déserté le lien d'intimité. Tiré par un élastique dans le dos, je recule des 27 lunes durant lesquelles j'avais tenté de maintenir, puis restaurer rafistoler ce lien de confiance endommagée. Comme la confiance n'est pas revenue depuis ce temps là... alors je me reconnecte au moment de la "suspension-arrêt". Sauf qu'entretemps j'ai changé. J'ai mûri de 27 mois, aguerri par toutes les réflexions nées de mon incompréhension. Je suis un autre... et pourtant le même.

Je crois que nous sommes maintenant sur un pied d'égalité, chacun s'étant déterminé. J'ai rompu le sortilège. J'ai cessé de suivre nathalie [comme un toutou obéissant]. J'ai cessé de me plier à ses exigences fantasques.

C'est un changement énorme.

Et maintenant je sais que je n'irai pas au delà de mes limites. Cette assurance m'apporte une grande sérénité. Je sais que je préfère perdre la relation plutôt que de m'y perdre. Et non seulement je le sais, mais je le ressens.

Je suis redevenu un homme.


Ça brasse beaucoup dans ma tête, mais de façon apaisée. Je ne suis plus dans la souffrance. Je me sens parfaitement bien et sûr de moi.

Je vois s'éloigner mes attentes et mes espoirs antérieurs, mais ça ne me dérange aucunement. Si nathalie veut bien reprendre un jour elle me fera signe, sinon... l'histoire n'aura pas de suite. Je ne m'y accrocherai plus.

J'ai repris les rênes de ma vie. J'ai retrouvé ma confiance en moi.
Et je me sens bien !








Amitié sereine




Mardi 19 décembre


J'ai reçu aujourd'hui un appel téléphonique de mon amie Inès, une de mes plus anciennes connaissance d'internet. Nous avions eu, il y a plus de sept ans, une relation d'amitié intime qui, pour diverses raisons, a pris un peu de distance. Mais nous avons toujours maintenu un contact régulier. On se donne des nouvelles de temps en temps, et on se confirme dans nos choix de vie. Elle s'est séparée de son mari peu de temps après notre rencontre, en douceur. Cet exemple m'a été utile lorsque je me suis trouvé confronté à ma séparation conjugale, et a certainement contribué à dédramatiser la situation.

C'est aussi elle qui m'a appris à écouter mes ressentis plutôt que l'avis d'autrui, suivre mes émotions plutôt que ma raison, et surtout à « laisser le temps au temps ». Elle m'a aussi ouvert l'esprit à l'amour pluriel, et initié à l'amitié sentimentale. Je lui dois beaucoup.

Nous sommes tous les deux sur un chemin de paix similaire, et nous nous apportons du baume au coeur en nous confirmant que nous allons bien dans la direction qui nous convient. Nous partageons le même genre d'optimisme et de recherche personnelle. La même défiance vis à vis des personnes trop accrochées à leurs rigides certitudes. Je m'entends bien avec elle et lui fais une totale confiance. Jamais elle n'a haussé la voix avec moi, pas plus que je ne l'ai fait, et notre entente a toujours été cordiale, même durant ce qui a ressemblé à une "séparation" sentimentale. Une seule fois, à ce moment là, elle a eu une parole blessante, mais s'en est immédiatement excusée...

Après qu'elle m'ait parlé de sa vie je lui ai dit où j'en étais de mes diverses péripéties conjugo-séparativo-sentimentales, développant longuement les derniers aléas. J'ai beaucoup parlé... et elle a trouvé que j'avais l'air en pleine forme. Mon enthousiasme et mon assurance lui faisaient plaisir. Il est vrai que depuis quelques temps je me sens vraiment bien, libéré de pas mal de mes soucis.

Je repensais alors à ce que j'écrivais récemment sur ce journal, témoin amplificateur de mes préoccupations. Je me demande si je ne transmet pas ainsi quelque chose de vraiment déformé. D'ailleurs les personnes qui me lisent semblent parfois croire que je suis triste et mal en point et cela contraste avec l'état réel dans lequel je me sens.

Finalement, en racontant ici ce qui me pose problème, j'offre probablement le visage d'un personnage beaucoup plus tourmenté que je ne suis. Ce serait un peu fâcheux...








Advienne que pourra




Mercredi 20 décembre


J'ai été *un p'tit peu* monomaniaque avec mon histoire ces derniers temps, non ? J'ai bien l'intention d'en finir avec ça ! Au plus tôt...

Le temps d'expulser les derniers reliquats significatifs. Extirper ce qui pourrait diffuser trop amertume. Assainir et mettre à nu les germes des souvenirs heureux. Car ce sont eux que je veux conserver, pour la paix de mon esprit. Et pour la paix tout court.

J'ai besoin de "poser" ces pensées quelque part, et j'apprécie qu'elles soient lues. Ainsi elles existent au grand jour, sorties de l'ombre qu'elles ne méritaient pas.

Ensuite, pour bien tourner la page il va falloir très vite que je m'extraie du récit. Donc cesser d'écrire à ce sujet. Faire le vide. Laisser le silence prendre sa place dans les pensées... Laisser les pensées mûrir ét évoluer. Me laisser porter par le courant du fleuve. Laisser aller...

Fluide.



On ne pourra pas dire que je n'ai pas cherché à optimiser les enseignements de la mésaventure, mais là je crois que c'est assez. Le temps de l'intériorisation est tout aussi important que celui des apprentissages. Le travail silencieux a aussi ses vertus.

Il fallait quand même vraiment vouloir avancer pour y réfléchir autant, et avoir une sacrée foi en cette relation ! 
Ou alors être un peu fou. 
Ou complètement amoureux débile ?
Normalement vous devriez pouvoir rayer sans hésiter la dernière option. Pour la précédente... le diagnostic reste incertain.



Je ne sais pas ce que vous arrivez à suivre, vu de l'extérieur (si toutefois vous lisez en détail), mais il m'est apparu avec évidence que si j'avais autant persévéré il y avait plusieurs motivations conjuguées. Au moins trois, inextricablement liées:
- des désirs personnels
- la volonté de ne pas "abandonner" une amie qui me repoussait
- quelque chose d'autre... d'ordre transcendental [mais non, c'est pas un gros mot...].

Je crains hélas, au vu de son attitude, que la susdite amie n'ait perçue que la première hypothèse, et sous l'angle du cas le plus tragiquement pitoyable : celui de l'amoureux pathétique et gluant qui ne comprend rien à rien. L'autre version, c'est celle de l'ami inaltérable qui, certes captait peut-être mal le sens de ce qui lui est signifié, mais montrait surtout une sacrée persévérance pour résister malgré l'absence de répondant. Et cela dans le but, apparemment absurde, de "sauver" son amie. Celle dont il redoutait d'avoir brisé les espoirs les plus primordiaux. [Aaaah, le syndrôme du sauveur...]
Quant à la troisième motivation... c'est la moins explicable. Elle me dépasse...

Le mélange des trois sources a donné cette insistance. Alternance d'élans joyeux et de récriminations amères, selon le degré des espoirs, déceptions, colères, et tristesses successives. Je crois qu'on appelle ça "douche écossaise". Pas vraiment agréable...

Depuis que, lassé par l'incertitude qu'entretenait la mal-communication, j'ai cessé l'insistance excessive de l'ami, ce qui m'apparaît de l'homme aimant n'a plus de caractère collant. Je reste tout à fait stoïque (la douleur est passée depuis longtemps), simplement inquiet devant le manque de perspectives d'avenir, et un peu triste de voir cette dévastation conjointe (je tiens fermement à ce partage des responsabilités). Toutefois je relativise : il s'est passé cela parce que nos inconscients conjugués avaient besoin d'en passer par là. Dans une relation rien ne se fait par hasard. Chaque difficulté est un point de passage nécessaire, mais aussi une mise à l'épreuve de la résistance du couple et du désir de chacun de le voir durer.

Finalement, une fois compris le sens caché, tout devient simple...



Ces derniers jours j'ai relu d'anciens textes que j'écrivais ici-même, et des mails échangés autrefois avec nathalie. Meuh non, pas par nostalgie ! C'était juste histoire de me pincer un peu pour voir si je n'avais pas rêvé. Bah oui, à force, quand je vois à quoi notre belle complicité en est arrivée en quatre ans, après plus de deux ans d'approche intimiste, je finis par me demander si mon imagination ne se subsitue pas peu à peu à la réalité. C'est-y bien vrai qu'à une époque nous avions une entente délicieuse qui nous ravissait autant l'un que l'autre ? C'est-y bien vrai qu'on avait cette incroyable intimité et une confiance qui nous menait à un dévoilement des plus sensibles ? Ne nous sommes-nous pas confié nos secrets et nos fragilités, nos vulnérabilités et nos espoirs enfouis ? C'est-y bien vrai qu'on riait ensemble, avec un vrai plaisir partagé ?
Ben oui, ma mémoire est assez fidèle: nous étions bien en phase. J'avais bien des raisons de croire, à l'époque, que la volonté de nathalie était en correspondance avec la mienne. A savoir : faire en sorte que notre relation dure par delà les aléas et les complications. On y tenait tous les deux très fort à cette entente rare, et étions bien déterminés à affronter les obstacles. On y croyait ensemble !

Mieux : c'est elle qui jouait un rôle moteur dans le rapprochement, m'aidant à chaque étape à dépasser mes propres limites. Elle me stimulait, sans me forcer, et j'embrayais.

D'où ce choc terrible le jour où elle a déserté la relation... peut-être bien en croyant que c'est moi qui la désertais ! Quiproquo fatal, survenu à un moment où la relation avait déjà quelques problèmes de communication ? Car cette "suspension" ne s'est pas faite en plein milieu d'une entente parfaite. Le prétexte ne s'est-il pas présenté au moment opportun ?

Question sans réponse...


J'ai aussi relu les prémices de ce qui allait nous faire échouer, et qui se joue autour de l'expression "attachement libre" ("libraimance") que j'ai réactualisée récemment. Deux mots associés, dont je crois que chacun de nous en avait placé un en priorité. Pour l'une c'était probablement : d'abord la liberté, elle permet l'attachement confiant. Et pour l'autre c'était : d'abord l'attachement confiant, qui permet la liberté [je simplifie, hein...]. Ça se ressemblait beaucoup, mais dans les nuances cette subtilité donnait une orientation vers des sens radicalement différents. Sa liberté revendiquée m'inquiétait (risque d'abandon), mon degré d'attachement l'inquiétait (risque d'étouffement). Émulation de nos phobies respectives sur fond de pacte de confiance. Le sentiment amoureux avait changé toute la dynamique de l'amitié prééxistante. Les ingrédients explosifs étaient présents dès l'origine, connus, mais ne se révélaient qu'avec la dimension amoureuse. D'ailleurs on avait beaucoup "travaillé" là dessus, nos tensions naissant toujours autour de ça ou de dérivés.

Ouais, bon, c'est vrai que j'avais des tas de choses à apprendre et comprendre, des craintes à calmer, une assurance à forger. De son côté mon amie avait probablement d'autres problématiques, inverses, à travailler. Je n'étais quand même pas une sangsue qui allait lui pomper son espace vital... Un peu plus de patience et de souplesse m'aurait permis de m'ajuster.

Oui, oui... on n'a pas vraiment eu le temps, vu ma situation de couple et ses complications.
Vouais... j'en reviens toujours à ça: nous n'étions pas prêts à vivre quelque chose d'aussi fort [laissez-moi me répéter, c'est comme ça que j'assimile...]. A moins que d'autres raisons m'échappent encore...

Bref, on n'a pas su trouver un modus vivendi qui puisse rassurer nos craintes respectives. Un code de bonne conduite, une complicité dans la difficulté... et pas seulement dans les bons moments. Une forme de solidarité, quoi... Il est vrai que la distance ne simplifiait pas la communication, mais était-ce une raison suffisante ?

[Je rabache pas un peu là ?]

Je ne sais pas ce que ça peut vous apporter de me lire, gens de l'extérieur, mais moi je trouve assez fascinant de remonter à la source des dysfonctionnements d'une relation. C'est ainsi que j'ai fait à propos de ma relation avec Charlotte. Je trouve que c'est très instructif sur soi, sur l'autre, et sur la dynamique du couple. C'est aussi le seul moyen de sortir des schémas personnels préétablis.

Mais en fait là j'écris des trucs dont j'ai déjà compris l'essentiel depuis longtemps...

Ben alors arrête !

J'aurais bien aimé qu'on en parle ensemble, elle et moi...

Elle ne le voulait pas...

J'aurais moins passé de temps à chercher seul

Tu ne serais certainement pas allé aussi loin... C'est ce temps de recherche qui t'a permit de TE trouver. Avec elle tu aurais encore cherché à correspondre à ses attentes.

Elle m'a dit qu'elle n'en avait pas...

Et tu y as cru, gros bêta ?

J'ai cru à beaucoup de choses avec elle...

Naïf...

Hein ? Crédule, moi ?

Hin hin hin, petit comique...

Elle affirmait avec tellement de conviction...

Tu aurais mieux fait d'écouter ton intuition !

Elle avait tant de certitudes apparentes...

Tu aurais mieux fait d'affirmer davantage les tiennes.

Grmbllll...



Ce qui est un peu bête c'est qu'à force, et depuis pas mal de temps, je sais avoir changé [heureusement hein, sinon ça servirait à quoi de comprendre ?]. J'ai aussi accepté que la "dynamique amoureuse" [concept nathalien assez flou...] ne soit plus là. Ce qui m'importait le plus était le lien de confiance et de complicité. Pourtant nous ne sommes pas parvenus à nous reconnecter en phase. Vigilance exacerbée de part et d'autre, sensibilité encore à vif, trop de mal-communication, trop de règles et d'interdits. Et trop de besoin de comprendre...

Comme me le disait nathalie il y a quelques mois, après sa tentative avortée de restauration de l'amitié: « ce n'était pas le bon "timing" » (= synchronicité). Oui, elle avait sans doute raison. Là encore, les hasards ne nous étaient pas favorables. Et puis elle m'avait dit plus récemment qu'elle n'avait actuellement ni l'énergie, ni le désir d'avoir des relations d'amitié.

Pflouatch... il était inutile d'espérer quoi que ce soit avec elle (au temps présent ?). Elle m'a encouragé, piètre consolation, à aller vers d'autres amitiés. Les bras m'en sont tombés ! Aller vers d'autres amitiés... C'était bien gentil de sa part mais... j'en ai déjà pas mal de belles amitiés, avec qui je développe des échanges qui me tiennent à coeur et me nourrissent. Mais franchement, peut-on remplacer une "amitié" comme celle-là par une autre ? Ou même par dix autres ? Chaque relation est unique. Et celle-là fut particulièrement unique. Elle le sait très bien.

Mais bon... n'épiloguons pas davantage.


Alors ? Quelle suite à donner maintenant ?
Suite ouverte, pour le moment.

Peut-être un jour (pas trop lointain), cette synchronicité redeviendra t-elle effective, avec un désir conjoint de reconnection. Si cela advient, alors on parviendra certainement à réenclencher quelque chose de différent. A ce moment-là seulement apparaitra ce que ces difficultés surmontées auront forgé : une amitié solide et fiable. Égalitaire cette fois, cela va de soi (mais une vraie amitié ne peut se concevoir autrement qu'équilibrée). Il parait que les relations les plus solides passent par ce genre d'épreuve de vérité. Un bon conflit, un gros coup de gueule, n'ont jamais tué une relation qui en vaut la peine [j'en connais qui opinent du chef en lisant cela].

Et si on ne se retrouve pas, parce que mon amie estime qu'il est trop tard et que les dégats sont irréversibles, parce qu'elle ne croit plus en nous, ou en moi, parce que je ne serai pas parvenu pas à transmettre ma foi dans cette relation que j'ai toujours considérée comme exceptionnelle et rare... alors chacun poursuivra le fil de sa vie, éclairé (ou assombri ?) par cette amitié étouffée par ses prolongements amoureux. Et... j'aurais fait tout ce que je pouvais.

Je fais donc le choix de garder ma porte ouverte, tout en sachant bien que nathalie ne reviendra peut-être jamais y frapper. Ce choix me regarde. Il est à la hauteur de la foi que j'ai dans cette relation, qu'il ne faudrait pas comparer à une "simple" relation amoureuse. Pour moi, et peut-être seulement pour moi, cela va bien au delà. J'en ai la conviction la plus profonde depuis bien longtemps. C'est d'ailleurs ce qui fait que j'ai acepté de renoncer à cette dimension amoureuse si le maintien du lien est à ce prix.



Quoi qu'il en soit, pour le moment nous n'en sommes pas aux retrouvailles, et le besoin de distance est manifeste, de part et d'autre.

La vie reste pleine de surprises à découvrir.

Life goes on !

Et advienne que pourra....



* * *


- Avis aux éventuelles personnes bien intentionnées -



Jusqu'à nouvel ordre je ne veux toujours RIEN savoir de nathalie ou de ses écrits. Pas le moindre détail. Cette coupure totale m'est nécessaire pour que je retrouve le fond de ce que je pense et que je poursuive ma restructuration en mode autonome. Peu m'importe si mon amie part dans une toute autre direction que moi. Je n'agis pas en fonction d'elle mais de mes convictions profondes. J'ai décidé de garder une porte ouverte, pour un temps indéfini à ce jour, et je ne veux pas savoir ce qui se passe éventuellement "de l'autre côté". Mon assurance est ferme... mais encore vulnérable. Laissez-moi le temps de l'épaissir. Je verrai si j'estime un jour nécessaire de me mettre face à une réalité qui peut être fort différente de mes désirs. J'en suis tout-à-fait conscient. Mais ce jour-là j'y serai prêt.

J'ignore si nathalie me lit et ça non plus je ne veux pas le savoir

Qu'on ne s'inquiète donc pas de me voir encore "pris" dans cette histoire. Après une expérience aussi forte je n'ai aucune envie de vivre quelque chose d'approchant pour le moment, et je me sens très bien dans ma vie de père célibataire. Le temps fera son oeuvre. Je ne suis pas pressé. J'ai atteint un stade de connaissance personnelle et d'épanouissement que j'ai besoin d'explorer largement. C'est moi que je dois apprendre à aimer, et à mieux écouter...

Je demande donc impérativement qu'on respecte mon rythme d'évolution et mes choix actuels. Ma vie m'appartient, mon célibat me plaît. J'en ai besoin. Je vous prie de vous abstenir de transposer sur moi vos propres craintes de la solitude ou vos désirs d'amour et de vie à deux. Ce ne sont pas les miennes. Je vous en remercie d'avance :o))

Ceci dit en toute amitié envers les personnes qui s'inquiètent (gentiment) pour moi. Votre sollicitude me touche... mais est inappropriée ;o)

Je vous assure que maintenant je vis très bien ma situation.


Ceci dit je reste ouvert à tout ce qui peut me permettre d'avancer...









Avoir osé




Samedi 23 décembre


J'ai vidé mon sac ces derniers temps. Ça va mieux. Je me sens plus léger maintenant.

Mais c'est stupéfiant de constater à quel point la sortie de la soumission peut changer la façon de penser. D'avoir oser affronter mes peurs m'en a libéré. Ce procédé n'est pas une nouveauté, je le savais, mais d'ici à affonter mes plus grandes peurs... il y avait un pas que je n'avais jamais osé franchir.

J'ai affronté ma hantise de l'abandon et ma phobie du rejet... et je les ai dépassées !
Mes amours se sont écartées de moi et je n'en suis pas mort. Au contraire, je me sens encore plus vivant. Enfin libre d'être ce que je suis et de poursuivre ma route. Certes je n'ai plus leur regard aimant, mais j'ai trouvé le mien, et la satisfaction de n'avoir plus "besoin" de personne pour être heureux. Et je n'en aime pas moins...

J'ai aussi osé "abandonner" qui j'aime et je ne m'en sens pas coupable. Parce qu'en fait je n'ai jamais abandonné personne: j'ai abandonné des systèmes relationnels insatisfaisants. Nuance...

Et toujours en souhaitant les reprendre de meilleure façon.

Que les personnes avec qui j'étais dans ces systèmes choisissent de s'éloigner de moi, ou pas, ça ne dépend plus de moi. Je peux en être peiné, ou mettre du temps à en comprendre le sens, mais dans le principe je l'accepte entièrement. Et de toutes façons je ne ferme aucune porte. [c'est bien ce qui a posé des problèmes...]



Je me suis rendu compte aussi que "l'indécision" qui m'a parfois caractérisé n'était qu'un état temporaire, face à la complexité d'une situation. Mais en fait ma démarche est très sûre, et ne s'écarte pas des objectifs qui se sont dessinés. Je crois faire en général ce que je dis (et dire ce que je fais). C'est parfois très long, mais je ne renonce pas. Il y a une seule chose sur laquelle je m'étais trompé, par méconnaissance de ce que j'étais: lorsque je disais que mon couple conjugal était prioritaire et que je ne ferais rien qui puisse le mettre en péril. C'était mal estimer la puissance de la pulsion de vie qui était en train de naître. Et surestimer la conciliance de Charlotte...

Pour le reste, je m'en suis tenu à mes choix.