Mars 2014

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Parce que je le vaux bien




Samedi 15 mars 2014


Ça y est, tu as fini d'en parler ?

Oui.

On peut passer à autre chose ?

Avec plaisir :)

Alors ?

Une lectrice de mon blog m'a proposé un appel téléphonique, afin d'avoir un échange plus proche du réel que par mail. Ne sachant jamais jusqu'où ce genre de "rapprochement" peut conduire, et peu désireux d'aller vers je ne sais quelles complications, j'ai accepté avec un peu d'appréhension mais sans réticence. Je ne fais pas de mystère de mon peu d'appétit pour tout ce qui pourrait ressembler à une *relation*, ne serait-ce qu'amicale, et je n'ai aucune envie que quelqu'un s'égare sur ce genre d'impasse avec moi.

Cela dit je n'y suis pas absolument fermé mais alors il faut que je ressente une attirance suffisante pour me laisser aller dans ce registre-là. Bref : je ne recherche pas... mais accepte les propositions.

Au cours de la conversation ladite lectrice, parlant précisément du blindage que je laissais paraître dans mes écrits, m'affirma que j'étais intransigeant. Le mot m'a surpris. Exigeant, oui, certainement. Mais intransigeant ?!

Bon, c'est ainsi qu'elle m'a perçu et c'est probablement ce que perçoivent un certain nombre de personnes. Ça ne me chagrine pas, chacun interprétant les choses selon son référentiel propre. En revanche ça réveille un peu mes questionnements autour de ma façon d'être en relation, étonnamment détachée
[je m'en étonne moi-même, c'est dire !]. Et là je pense en particulier à mes proches...

D'ailleurs la remarque de la lectrice est arrivée fort opportunément, au lendemain d'un message de Charlotte qui me suggérait de dire à nos enfants que je les aime. Elle est actuellement très émue par les mots délivrés par son père qui, hospitalisé, sent probablement sa fin proche et multiplie les signes d'affection.

Bien sûr que j'aime mes enfants, et je suppose qu'ils le savent. De là à leur dire... c'est quelque chose qui me semble encore très difficilement atteignable. Comme s'il y avait une impossibilité à délivrer clairement ce message ! Qu'est-ce qui m'en empêche ? Je l'ignore...

...

Quoique...

Et si c'était simplement parce que je n'arrive pas à intégrer que je peux être important pour autrui ? Que mon affection compte pour l'autre ? Que mes mots peuvent donc avoir de la valeur ?

Car je peux répondre que j'aime... mais ne peux le dire sans être certain d'être important pour l'autre.

Finalement je crois qu'il faut être suffisamment sûr de soi pour déclarer son amour !



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Question de principe



Dimanche 23 mars 2014


A l'occasion de la Table ronde à laquelle j'étais invité, j'ai eu la chance de déjeuner aux côtés de Philippe Lejeune, bien connu dans le domaine de l'autobiographie. Il a été question, à un moment donné, entre lui et l'auteur qui lui faisait face, du respect de la vie privée des personnes dont pourrait parler un diariste publiquement. En l'occurence, les très jeunes enfants de l'auteur.

Forcément très sensibilisé à cette problématique, vu mes lourds antécédents, je me suis rendu compte que ma position était assez radicale dans le principe... mais se heurtait évidemment très vite aux limites ainsi définies. Ne pas évoquer autrui sans son accord dés lors que la possibilité d'identification existe... conduit très vite à amputer une très large part de ce qui fait la vie relationnelle.

Ainsi, il deviendrait impossible de parler des rapports avec son conjoint, ses parents, ses enfants, ses collègues et amis, puisque leur nombre restreint permet à coup sûr leur identification. Mais quand on écrit sous anonymat... quel est le sens de cette restriction puisque personne n'est identifiable ?

En fait le problème se pose surtout s'il peut y avoir préjudice : personne ne se plaindra d'être décrit de façon élogieuse, je suppose...

Pour ce qui me concerne, je pense bien sûr à tout ce que j'ai écrit sur "une certaine personne", indentifiable sans ambiguité par des lecteurs qui pouvaient la reconnaître sous son identité numérique, voire son identité réelle. J'ai longuement fait état de mon questionnement à ce sujet, il y a plusieurs années, et n'ai pas sû trouver la juste conduite puisque, à l'origine, j'avais été autorisé (voire encouragé) à évoquer ce qui nous réunissait. Je n'ai pas su à partir de quand j'aurais dû passer sous silence tout ce qui concernait mon rapport à cette personne. En particulier parce que la complication relationnelle croissante était devenu le coeur de mes écrits. Cesser d'en parler, c'était cesser d'écrire (et pourquoi pas ?). Du moins sous mon identité habituelle...

J'ai analysé, bien plus tard, comment j'aurais pu éviter cette situation fort désagréable et préjudiciable... et je n'ai toujours pas trouvé. Sauf à "disparaître" en cessant d'écrire. Clore mon journal, tout simplement. Toute autre alterative n'était pas tenable dans une démarche autobiographique telle que je l'entends.

En le le faisant pas j'ai bafoué le principe de respect de la vie privée. Et je n'en suis pas fier...

Certes je ne me suis pas senti respecté et c'est cela même qui a favorisé mon besoin d'expression, mais cela ne m'autorisait pas à ne pas respecter la vie privée d'autrui, qui aurait dû rester un principe supérieur. J'ai mal agi. Je n'avais pas suffisamment de recul pour faire mieux, à cette époque. Et une fois parti du "mauvais côté" je n'ai pas su sortir de l'ornière. Trop de culpabilité nécessitait que je tente de me disculper en "justifiant" mon attitude antérieure. Résultat : je n'ai parlé que de ça !

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Légitime ?




Samedi 29 mars 2014

Décidément, ma prestation lors de la table ronde sur "Ego numericus" me fait réfléchir...

J'essaye de comprendre pourquoi je me suis fourvoyé dans un développement beaucoup trop long pour le temps qui m'était imparti. Je crois que c'est pour une question de légitimité. Je m'explique : bien que le sujet me passionne et que je l'analyse depuis longtemps, je me suis rapidement rendu compte, en le préparant, que je n'avais pour "matériau" que ma propre expérience et de vagues aperçus sur celle des autres. Comment tenter d'universaliser à partir d'une expérience personnelle ?

Certes mon ego numérique existe depuis quinze ans, ce qui est davantage que beaucoup de gens. Mais en quoi cela légitimerait-il mon expression ? Cette question a vite fait obstacle à ma réflexion, en me poussant à justifier surabondamment ma légitimité. Du genre : j'ose m'adresser à vous parce que j'ai quinze ans d'expérience, que je vais vous décrire. Ouais, la belle affaire ! Ce n'est pas la durée qui compte, mais la capacité de recul et d'analyse.

Là, nouvel écueil : j'allais me trouver en présence de personnes plus qualifiés, plus "légitimes" que moi pour décrypter l'identité numérique. Notamment Dominique Cardon, sociologue, dont j'avais pu avoir une idée des travaux grâce à G**gle. Dès lors, comment oser l'analyse en partant de ma propre expérience, forcément étriquée ?

Et puis, phénomène inattendu, plus je développais la préparation de mon sujet, plus je me rendais compte qu'il me renvoyait à... mon ego. Je me voyais me mettre au centre (forcément, puisque je décrivais mon parcours...) et cet égocentrisme me dérangeait beaucoup. Moi, moi, moi... mais comment élargir le propos à partir d'un tel support égocentré ? Et puis en quoi cela peut-il intéresser ceux qui allaient m'écouter ? Et ceux qui me lisent habituellement ? J'ai pris conscience que j'avais de plus en plus de difficultés à parler de moi. J'ai un sentiment d'impudeur, voire de honte.
Et la raréfaction progressive de mes écrits, ici ou , en est le signe...








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