Janvier 2011

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Écriture fertile




Dimanche 2 janvier
(mis en ligne le 30 janvier)


Si je voulais que ce journal soit aussi fertile qu'il pourrait l'être il faudrait que j'écrive aussi souvent que j'en ai la tentation. Car c'est bien souvent après avoir écrit que des idées nouvelles s'enchaînent dans le même mouvement. Malheureusement je ne dispose pas du temps nécessaire. Notamment parce que, comme je le disais récemment, je cherche à être au plus près de ce que je veux exprimer.

Un peu surpris j'ai remarqué que mon dernier texte ne m'a pas demandé ce travail de reprise. J'ai gardé tel quel le premier jet. Peut-être parce qu'il concernait un sujet avec lequel je n'ai pas à prendre de précautions ? Ouais, c'est ça...

Il est évident que je me soumet à une autre rigueur dès que j'aborde la vaste nébuleuse autour de laquelle gravitent la plupart de mes écrits...

Je me demande un peu ce qui s'y cache. Cela tourne autour de mon rapport aux autres, et plus spécifiquement aux femmes dans le registre de la séduction. J'ai beau me dire célibataire... je trouve que je parle un peu trop souvent de mon rapport aux femmes pour être aussi détaché que je le ressens. Me semble que je me cache quelque chose...





À la conquête de l'homme



Dimanche 30 janvier


Le mois de janvier se termine et je n'ai quasiment rien écrit ici ! Et alors, quelle importance ? Aucune, si ce n'est que je garde l'envie de maintenir ce journal vivant... Écrire une fois par mois, au minimum, ça serait bien, je trouve.

Rien écrit parce que la vraie vie m'apporte sans doute suffisamment d'occasions d'échanger sur les sujets qui m'importent. Les discussions de vive-voix ont un avantage indéniable pour le jaillissement d'idées à haut débit ! Et puis ce qui constitue ma vie intérieure n'a peut-être plus besoin d'être déposé quelque part aussi régulièrement qu'avant. Je crois que j'ai beaucoup moins besoin d'échanger sur ce qui me pose question, même si j'apprécie toujours quand des conditions favorables le permettent. C'est à dire lorsque je suis en présence de personnes suffisamment ouvertes, réceptives, pour établir un véritable dialogue : d'égal à égal, sans jugement.

Dans mes dernières interventions de décembre il me semble [je ne me relis pas] que j'écrivais mon intention de me tenir à l'écart des personnes un peu trop critiques. Finalement ce comportement d'évitement m'a fait penser à une fuite et m'a déplu : je n'ai pas envie de me restreindre ! Me préserver, oui, mais pas m'empêcher de m'épancher. Et tant pis si ça déplaît ! Et tant pis si ça déclenche des réactions. Après tout... c'est aussi ce que je cherche. J'aime la controverse fertile. À moi de ne pas me laisser happer lorsque une agressivité parasite vient polluer les échanges...

Donc je ne vais pas me confiner dans ce lieu abrité !

Par contre... il m'est apparu un faisceau de convergences autour de quelques notions-clé : maturité - masculinité - violence - respect - séduction - désir - domination. Je les donne en vrac, mais toutes sont reliées d'une façon ou d'une autre et sous-entendent que leurs contraires sont aussi présents. En fait je me suis rendu compte qu'en étant excessivement respectueux des désirs d'autrui je me faisais violence et m'empêchais d'atteindre l'attitude masculine qui était attendue de moi. Je simplifie, hein, et pourrais le dire autrement, mais l'idée générale est là : je ne suis pas suffisamment "homme". À trop vouloir "comprendre" l'autre, à trop vouloir être "aimable" (aimé), j'en perds une certaine consistance. Et en particulier avec les femmes... surtout celles qui me plaisent. Celles que je ne voudrais pas perdre.

C'est compliqué cette histoire, parce que je plais, apparemment, pour ma capacité à échanger dans le registre de l'intériorité. Sur ce point je me différencie de nombre de mes homologues masculins. En revanche, il m'apparait avec de moins en moins de doutes que beaucoup de femmes recherchent certaines caractéristiques masculines protectrices que je n'ai pas forcément développées. Notamment parce que je refuse d'être "fort", parce que dans mon esprit j'associe la force à la brutalité, la domination, donc la violence. Ce n'est bien sûr pas un raisonnement étayé, mais bien une construction mentale issue de mon enfance. C'est idiot... mais je fonctionne ainsi.

Sachant cela je ne m'étonne pas d'éviter les relations [notez le pluriel qui se glisse subrepticement...] sentimentalement investies. Enfin je veux dire amoureusement investies. Je garde mes distances, pour rester libre. Non pas libre de quitter (ça n'a pas de sens pour moi), mais libre d'être éventuellement quitté. Libre de laisser l'autre partir. Sans attaches [oups ! j'ai écrit "sans arraches"...]. Libre aussi de vivre seul tout en partageant plusieurs relations diversement investies, plus ou moins simultanées, plutôt épisodiques. Sans engagement. Sans régularité. Sans habitudes. Je reste disponible, mais ne suis jamais demandeur. Surtout pas demandeur, surtout pas la moindre dépendance. Tout au plus suis-je parfois (rarement) "proposeur". Je vis ainsi des relations de partage d'intériorité, parfois un peu plus investies dans l'affectif, ou dans une sensualité plus ou moins désirante, plus ou moins sexualisée. Mais il n'y a rien d'établi, rien de fixe. Ça se vit au jour le jour. Ça peut s'arrêter n'importe quand. Liberté ! Et si je ressens bien attirance et désir, cela ne va jamais effleurer le domaine des sentiments. Soit parce que je n'en ressens pas, même si j'ai de fortes affinités, de la sympathie, de l'affection, de l'amitié, soit parce que... j'évite les situations qui pourraient favoriser la machine à fantasmes amoureux. En fait... j'évite carrément le désir amoureux !

Bon... tout ça n'est pas fiable à 100% et il m'est arrivé de m'attacher un peu, ressentant une petite tristesse lorsque je me suis senti délaissé. Ben ouais, je ne suis pas indifférent quand même ! Pas aussi impassible que je peux en donner l'impression ! Mais j'ai relativisé et me suis dit qu'il arrivait ce qui devait arriver. Je suis devenu très... acceptant. Ni résigné, ni fataliste, encore moins défaitiste. Mais je ne me bats plus pour des causes perdues d'avance, faute d'accord. Je ne cherche plus à résister seul à ce qui arrive. Je ne lutte plus contre les décisions d'autrui et considère qu'il advient ce qui résulte d'une dynamique duelle. J'en prends ma part de responsabilité, ni plus, ni moins. Il se vit ensemble ce qui se peut, c'est à dire la partie compatible entre ce qui se veut de part et d'autre.

Globalement, en agissant ainsi, j'ai l'impression de ne me priver de rien. Dans ces nouveaux liens je ne connais plus le manque, excepté quelques frustrations éphémères lorsque mes désirs du moment ne peuvent être assouvis faute d'avoir été assez entreprenant. Car bizarrement, j'ai constaté que plusieurs femmes attendaient de moi que je fasse preuve d'audace. Quitte à être un peu "forcées" quand, hésitantes, elles disent ne pas vouloir aller plus loin. C'est là que le respect excessif devient pénalisant. Plusieurs fois j'ai perçu la grande ambivalence d'une femme, tenaillée entre ses pulsions et ses réticences. Et je crois que, finalement, il était attendu de moi que je fasse voler en éclat ces résistances. Que je me montre fort et sans craintes. Conquérant. D'ailleurs quelques unes de mes amies m'ont confirmé cette ambivalence féminine : l'homme se devrait d'être à la fois respectueux et audacieux. Doux et fort. Protecteur et désirant. Mouais... pas si facile d'être un homme complet !

Mais chercher à le devenir est passionnant !

En fait je sais que je suis bien un homme, vu comme tel, désiré comme tel. Mais parce que j'en doute il m'arrive de ternir cette identité masculine en perdant de ma consistance. Comme si j'avais peur... d'être fort. Non : d'être dominateur. D'abuser de ma position masculine. Peur de ressembler à mon père.

Et voila comment on peut demeurer stupidement conforme à ce que l'on (ne) croit (pas) être...

Mais là j'ai envie que ça change !






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