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Janvier 2010 | |||||
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Dimanche 31 janvier Rédigé du 26 au 31 janvier Longtemps j'ai évité d'évoquer ici l'indicible qui me tourmentait. J'avais une intense soif de clarifier mes idées grâce aux bienfaits de l'écriture mais, ayant mesuré les dommages collatéraux causés par mes "libérations", je préférais m'abstenir. Je savais que si j'ouvrais les vannes... le risque était grand que je ne sache pas canaliser le flux. Et vraiment, je n'avais plus envie de déclencher des ires catastrophiques. Surtout pas... Alors, la plupart du temps, je me suis contenté d'écrire en pensées. C'est à dire de penser à ce que j'aurais voulu écrire. Composer des phrases sans jamais les inscrire, prendre des notes mentales. Parfois je griffonnais sur des bouts de papier. Une phrase. Un mot... Et quand il m'arrivait néanmoins d'écrire ici, dès que je m'approchais de l'évocation proscrite je me sentais très mal à l'aise. Sensation physique d'angoisse oppressante, de nausée. De honte. D'ailleurs je reste marqué par la crainte de... mal dire. Ou de trop dire. Bref : ça a longtemps été extrêmement compliqué d'écrire ici ! Et bien souvent j'ai pensé, je l'avoue, "disparaître" en éteignant mes espaces d'expression en ligne. Voire en les supprimant carrément. Tuer mon identité du net, rompre vraiment avec une histoire devenue folle. Certes, j'aurais très bien pu écrire pour moi seul mais... non... je n'en voyais pas le sens. J'avais besoin que ce soit lu. Par qui ? Hum... beaucoup de monde ! Notamment ceux qui ont été témoins de... avant. Lorsque j'étais encore un homme "moralement irréprochable" (ou presque...). Face à ces regards je ressens, encore aujourd'hui, le besoin de me réhabiliter. Comme si je portais une culpabilité injustifiée. Une double culpabilité. Trop lourde. Coupable ? Mais de quoi ? On verra ça plus tard... Qu'est-ce que ça t'apporte d'être lu ? Être lu c'est comme parler : me sentir "entendu". C'est partager quelque chose qui a à se dire. Quelque chose que je considère comme important à exprimer. Ici c'est pour évacuer un peu de cette charge de culpabilité injustifiée. Tout ce que je garde en moi alors que j'aurais envie de le dire pèse sur mon existence et garde une place excessive. L'avantage d'un partage, quand il est écrit, c'est qu'il ne pèse pas sur ceux qui viennent et reviennent volontairement y trouver quelque chose qui, d'une façon ou d'une autre, les enrichit. Les ouvre à eux-mêmes. Mais... n'y avait-il pas aussi un rapport avec un regard bien particulier ? Bien sûr que si, évidemment... et la majeure partie de mon problème se situait là ! Mais n'entrons pas dans ces considérations aux enjeux vertigineusement complexes. La situation se pose autrement, maintenant. Une grande part des attentes que j'avais s'est épuisée et il serait vain d'espérer pouvoir sauver davantage que ce qui a pu l'être. Je reste encore étonné, heureux et satisfait, ému et reconnaissant, d'avoir pu aboutir à une certaine pacification. Alors tu te sens plus libre ? Oui. Je peux laisser le fil des mots reprendre son cours. Avec, bien sûr, modération et circonspection, tact et mesure, respect et dignité. Une écriture corsetée... Non, une écriture responsable, recherchant l'équilibre. Une libération mesurée, pondérée par un souci de justice, plutôt qu'un cri égocentré. J'ai davantage d'expérience désormais, que j'utilise en miroir. Je peux faire preuve de discernement réfléchi pour éviter les dommages : je ne gagne rien à aller plus loin que nécessaire. Tu vises l'excellence ? Euh... je vise surtout à ne pas mal faire, ni faire mal. Parce qu'à long terme ça ne me fait pas du bien. En blessant autrui je me blesse en retour. Tu te sens prêt ? Mes mots ne sont plus chargés d'amertume. Vraiment ? Hmmm... presque totalement, je crois. En tout cas j'ai fait ce qu'il fallait pour leur voir perdre cette désagréable saveur. Et j'ai la volonté de venir à bout des traces résiduelles, que j'essaie de détecter au plus tôt. C'est très important, à mes yeux. Mais je reste vigilant : l'expérience m'a appris que l'amertume provient de ce qui est retenu, des pensées qui ne circulent qu'en circuit fermé, sans pouvoir s'échanger directement. C'est comme le sang qui s'empoisonne s'il n'est pas oxygéné. Les mots devraient toujours pouvoir circuler librement, avant de devenir amers. Après... ça complique tout : soit le silence du non-dit étouffe l'échange, soit les mots deviennent piquants. En écrivant cela... je prends conscience que les personnes avec qui j'ai cessé de m'exprimer dans un registre de confiance intime sont celles par qui je me suis senti jugé, mes idées rejetées... Ressenti qui n'est pas forcément conforme à leur intention. Il n'y a probablement jamais eu d'intention volontaire et consciente, mais des attitudes inopportunes, auxquelles je suis très sensible, aboutissant a ce ressenti. S'il s'est installé ce genre de décalage, comment comptes-tu t'y prendre puisque la discussion franche et confiante, adulte, t'es devenue "impossible" ? Je n'ai pas encore trouvé... mais l'aventure que j'ai vécue de façon paroxystique m'offre une magnifique occasion d'aller vers une voie de réconciliation avec ces quelques personnes qui ont eu une très grande importance dans ma construction. Je pense à mon père et mon frère. C'est tout ? Je pense aussi, évidemment, à celle avec qui s'est réalisé, après le rêve... mon pire cauchemar. Vivre son pire cauchemar... l'inconscient est très fort pour nous faire passer par là où nous devons nous libérer... Le rêve et le cauchemar ne sont que les deux faces de contact avec nos désirs profonds. Tu as eu le rêve ET le cauchemar. L'avantage que je trouve dans cette expérience riche de contrastes, maintenant que c'est refroidi, c'est de disposer d'un énorme stock de matière première : pensées, souvenirs, écrits divers. Le tout étalé sur une très longue période de temps avec, partiellement, le précieux point de vue de l'autre côté... L'ensemble constitue un véritable trésor pour aller vers davantage de conscience, de lucidité, et de responsabilité ! Une infinité de questions s'est implantée dans mon esprit au fil du temps et j'ai de quoi puiser dans cette source une inspiration pour des années. Et probablement jusqu'au bout de ma vie. Les questions se renouvellent constamment, se précisent, évoluent en fonction des réponses qui m'apparaissent subitement, ou m'ont été données au fil du temps. Tout cela opère comme une lente distillation. Je voudrais en tirer le meilleur... Je prends un exemple : après avoir posté mon dernier texte, je me suis demandé ce qui pouvait encore me tenir captif d'une histoire qui, pour d'autres, aurait été digérée depuis longtemps. Qu'est-ce qui peut faire que je sois encore dans des questionnements ? Et quels sont exactement ces questionnements ? À quoi servent-ils ? Ouais... fondamentalement : à quoi ça sert, tout ça ? Qu'est-ce qui se joue d'important là-dedans ? Qu'est-ce qui fait que je passe des années à tenter d'interprêter *quelque chose* qui n'a pas duré aussi longtemps ? Et puis je réalise, là, au moment même où j'écris, au fil des relectures et des modifications que j'apporte à ce texte, que c'est là que tout se joue : la force de cette histoire provient de la juxtaposition du vécu et de l'écriture-lecture. Le tout sur fond d'opposition entre expression et silence. C'est la confrontation entre le réel et mon imaginaire. Imaginaire, fantasmes, projections, représentations, interprétations... quel que soit le nom donné, c'est tout ce qui constitue mon monde intérieur. La dialectique du conscient et l'inconscient. En moi-même, d'abord, mais aussi en "communication" avec les vôtres, selon le rapport que j'entretiens avec chacun, chacune, d'entre vous... Je n'écris pas dans le vide, ni seulement "pour moi". J'écris sous vos regards. J'écris en fonction de tout ce qui a pu exister avec toi, lecteur ou lectrice, et tout ce que j'imagine de toi. Il y a de toi dans mes écrits, et d'autant plus que nous avons, ou avons eu un jour, des échanges approfondis. D'autant plus que je te connais. Dans la façon que j'ai de choisir tel ou tel mot, phrase, idée, ou de les atténuer, modifier, intensifier, il peut y avoir une part d'un(e) ou plusieurs d'entre vous. Grâce à vous je m'interroge et, ainsi, apprends à mieux me connaître. C'est donc à un extraordinaire travail personnel que je suis convié depuis le début de cette fabuleuse histoire entre deux mondes, dans ses aspects les plus agréables comme les plus ténébreux. Et ben dis donc, quelle aventure ! Tu ne crois pas que tu prends ça trop au sérieux ? Après tout ce n'est qu'un défouloir... Pfff, ce serait minimiser le rôle puissant que peut avoir l'écriture dans la conscientisation de soi. Pour peu que ce soit un objectif, évidemment... Et ça sert à quoi cette conscience, si toutefois elle est atteignable ? Ce qui m'importe c'est de devenir plus lucide, donc plus à même d'agir de façon responsable et mieux interagir avec les autres. Notamment en ne réagissant pas de façon trop "personnelle". Me sentir happé par une émotivité excessive qui me fait perdre contact avec ma conscience, ampute une part importante de mon existence sociale. Quand ça ne l'influence pas directement de façon dommageable... Et euh... il y a un rapport avec la culpabilité susmentionnée ? J'y viendrai plus tard. Tu cultives le suspens... C'est surtout parce que les éléments s'emboitent dans un certain ordre. Il me faut partir de la surface, des apparences, pour aller vers le plus profond. Par exemple, et pour revenir à mon sujet, je suis certain, depuis son début, que ce que j'ai abondamment relaté ici n'était pas une simple histoire amoureuse. L'ampleur qu'elle a prise quand elle s'est brutalement retournée le confirme. Il y avait autre chose en jeu, beaucoup plus important, beaucoup plus signifiant, beaucoup plus déterminant. Ça te dérange, hein, qu'on puisse croire que tu te serais laissé déborder par une éconduite amoureuse ? Chacun peut penser ce qu'il veut mais... oui, ça me dérange fortement parce que c'est trop réducteur et que ça néglige l'essentiel. Et c'est quoi, cet essentiel ? Je n'en identifie pas encore l'exacte teneur. Les éléments sont encore épars mais ça se précise peu à peu. Maintenant que j'ai terminé le marathon visant à une improbable "réparation", mon esprit libéré me permet de revenir sur des pistes insuffisamment explorées... ( à suivre...) |