Janvier 2010

Dernière mise à jour:lundi 1 février 2010 - Accueil - Message






Le temps devant moi



Dimanche 24 janvier
Écrit le 9 janvier, amendé et complété le 17, retouché le 24


Pendant cinq ans j'ai consacré une grande part de mes réflexions à « trouver un sens » à ce qui, à mes yeux, en manquait cruellement. Cinq ans c'est long ! Près de 10% de ma vie ! Mais je crois vraiment que c'était un processus indispensable de conscientisation et de lucidité. Il s'inscrivait dans un mouvement de plus grande ampleur entrepris depuis une quinzaine d'années.

Dans le même temps je me suis acharné à rendre possible ce qui ne l'avait pas été à un moment donné. Avec le recul, et après un échec partiel [donc une semi-réussite !], je me dis que cette démarche était plus discutable... Elle était cependant tellement imbriquée avec la première, antérieurement, qu'il m'était difficile de faire autrement. De toutes façons, là aussi je crois qu'elle m'aura été fort utile.

Ce que je réalise maintenant c'est qu'en allant jusqu'au bout de cette démarche je n'ai pas seulement accompli la mission que je m'étais fixé : je me suis aussi affranchi d'une contrainte de temps.

C'est dès 2003, lorsque Charlotte m'a demandé de me déterminer sur mon engagement de couple, que j'ai compris que le temps m'était compté. Il fallait aller vite. Du moins... plus vite que ce que ma conscientisation demandait de temps. Je suis un lent, qui pèse et mûrit longuement ses choix. Là il ne m'était pas laissé le loisir de « laisser le temps au temps ». À cette époque je considérais que certains choix de vie demandent une profonde réflexion, que seul le temps permet. Parce que ça se passe à l'intérieur de soi bien plus que dans la pensée. Avec le recul je me dis que mon choix s'était rapidement fait et que le temps dont je croyais avoir encore besoin n'était que celui destiné à m'éviter la culpabilité. J'aurais tellement voulu trouver des solutions sans douleur pour personne... Finalement Charlotte n'a pas supporté mes atermoiements et m'a un jour sommé de choisir sans délai. 

Il se trouve qu'à ce moment là j'étais dans une période de doute, pour tout un tas de raisons. J'ai hésité... et ce fut fatal.

À partir de là tout s'est emballé, sans délai. La conduite des opérations m'a échappé et une autre échéance m'a été donnée par l'amie avec qui je m'étais sentimentalement lié. Échéance que j'ai imédiatement perçue comme un compte à rebours s'enclenchant pour une date lointaine : août 2010. D'un côté ça me laissait suffisamment de temps pour évoluer, de l'autre c'était vraiment trop lointain pour que je l'accepte ainsi. En outre les conditions auxquelles cela m'était imposé, sans concession, me semblaient intenables. Insoutenables. Défait, je me voyais subitement seul face à mes défaillances, mes limites, mon incapacité à aller suffisamment vite. Je payais cher le prix de ce que j'étais : paralysé par un excès de réflexion, tiraillé entre scrupules, morale, valeurs et aspirations vitales. Le fait d'avoir voulu faire les choses "bien" se révélait avoir été ultra-pénalisant.

Rapidement j'ai senti qu'il fallait que j'aille très vite en voyant se déliter une relation que je croyais plus solide. Le renoncement, tel un inéluctable effondrement, opérait sous mon regard impuissant. Ça lâchait beaucoup trop vite ! Il y avait urgence et je n'avais pas les moyens d'agir. Alors j'ai consacré mon énergie à "changer" pour être capable de vivre ce que je désirais le plus rapidement possible. Être capable... Obnubilé par cette course contre la montre je ne réalisais pas qu'elle devenait de plus en plus vaine. Ou plutôt... je refusais de le voir.

Au lieu d'accepter une réalité du présent qui, sans cesse, se redessinait j'ai obstinément persévéré en restant fidèle à une réalité passée. Distorsion de la réalité, dualité des identités. Si bien qu'un jour je me suis senti prêt, capable de vivre ce que je désirais : j'avais rempli les conditions. Il m'avait fallu beaucoup plus de temps que ce que j'imaginais, mais moins que l'échéance loitaine. Alors j'ai tenté ma chance...

Et puis... et puis comme je le pressentais, comme l'évidence aveuglante me l'avait asséné avec une pérsévérance égale à la mienne, c'était trop tard. Évidemment.



Tant pis. Le plus important c'est qu'en me confrontant au réel j'ai reconquis une liberté. Certes, je n'ai pas obtenu ce que je désirais mais la démarche a été constructive. Je crois avoir atteint une conscience et une lucidité qui me faisaient défaut.

Et surtout... je n'ai plus d'échéances. Je ne ressens plus la pression du temps.

Je dispose maintenant du temps nécessaire pour poursuivre mon évolution. À mon rythme. À celui de mes prises de conscience. Tout le temps nécessaire pour entendre ce que cette incroyable saga a bouleversé en moi, et que faire de cette expérience résolument déterminante dans mon parcours d'homme.

Parce qu'en fait... c'est une nouvelle vie qui s'ouvre devant moi.






Risquer la confiance




Lundi 25 janvier


J'ai tergiversé longtemps avant de mettre en ligne le texte précédent. Je l'ai senti, après l'avoir laissé reposer, dépassé, presque d'une autre époque. Un sentiment agaçant de honte à évoquer encore ce passé décidément bien difficile à digérer m'a traversé. Ouais... hésitations : dissimuler ou assumer ?

J'assume ! Tant pis si qui que ce soit estime que je suis encoooooore dans des pensées filandreuses et inlassablement remâchées. Je ne crois pas que j'en terminerai en faisant "comme si" tout ça n'avait plus d'influence sur ma vie. "Comme si" les nombreuses pages tournées avaient permis de fermer un livre. Non, ma vie est ce qu'elle est parce que je suis passé par là. C'est mon histoire maintenant. Il s'est passé quelque chose de vraiment déterminant !

Pour le pire... et le meilleur !

Ce n'est pas parce que j'ai fini par accepter les conséquences pénibles de l'effondrement qui a suivi un dynamitage incontrôlable que je me suis émancipé des questions qui ont découlé de ce chaos. Une infinité d'éléments restent en suspension et n'en finissent pas de se redéposer, jour après jour. Je les rencontre dans toute la diversité des situations quotidiennes. Il n'y a pas un jour sans qu'un souvenir, un rappel, une réminiscence, ne me remette en face de "ça". C'est toujours "là", maintenu en état de veille.

Il est cependant rare que je le ressente encore dans un sens douloureux. La plupart du temps c'est un élément de compréhension qui s'ajoute à l'édifice en reconstruction. Il y a aussi de belles satisfactions ! Par exemple lorsque je me vois évoluer dans des dimensions auparavant hors de portée, ou que je perçois les clins d'oeil que me fait la vie. Je réalise alors combien j'ai changé. Combien je me suis ouvert l'esprit grâce aux confrontations passées...

Par contre ce qui me dérange est de me voir être devenu... "dur" en sentiments. Exigeant. Incapable de me laisser aller. Extrêmement prudent. Je sais que ces attitudes sont des conséquences post-traumatiques. Il me faudra probablement encore des années pour que cette raideur s'assouplisse. D'un côté elle me protège mais... de l'autre elle m'isole.

Je constate aussi que ma paix intérieure, que je cultive avec succès en solitaire, me maintient à distance de l'affectif proche. Je n'en souffre pas mais... je me dis que c'est peut-être dommage. Je crois que j'y perds quelque chose. Ce que j'y gagne c'est la tranquillité, mais en me privant de la richesse de certains partages qui n'opèrent que dans une libre confiance en l'autre. Et c'est là que le bât blesse : ma confiance est restreinte. Elle bannit tout ce qui pourrait me mettre en contact des sentiments forts. Il n'est pas question que je m'en approche ni ne les laisse m'approcher !

Bizarrement ce n'est pas les sentiments qui me font peur, mais le besoin de confiance. Le mien et celui d'autrui.  En fait ce n'est pas tant dans le domaine sentimental que j'ai été profondément atteint, mais dans celui de la confiance. Par contre c'est bien en matière sentimentale que je n'ai plus confiance. Et ce n'est pas en l'autre que je n'ai pas confiance, mais en sa part humaine, qui me constitue aussi. J'ai pris la mesure de l'inconstance humaine.

Par un raccourci de langage je pourrais être tenté de dire que je n'ai plus confiance en l'humain. Ce serait non seulement excessif, mais aussi inadéquat et... stupide. Ce en quoi je n'ai plus confiance c'est la pérénnité des sentiments favorables. J'y vois une sorte de loterie : parfois ça dure, et parfois non. Sans que personne n'y puisse rien. Parce que ça évolue, se transforme, et parfois la concordance n'est plus là. Je considère que nous sommes irresponsables de nos sentiments. Ils nous saisissent davantage que nous les orientons. Et ça... c'est une totale révolution dans mon système de pensée. J'ai très longtemps cru l'inverse.

Alors je suis probablement en pleine transformation interne sur ce point, bloquant tout le système en attendant qu'il se stabilise sur une nouvelle façon de vivre la confiance.


Ce que j'appelle confiance consiste avant tout en un pacte de non-agression. Que je pourrais aussi appeller "respect de la différence". En écrivant ces mots je mesure à quel point moi-même je ne parviens pas à être digne de ce haut degré de "confiance"... Parce que trop sensible, trop facilement mis en émoi. Avec des réactions de défense qui peuvent, par retour, me conduire à attaquer l'autre...

En fait j'ai encore insuffisamment confiance en moi. De ce fait je ne peux me lier qu'avec des personnes non-attaquantes. Que j'appellerai "fiables". Attitude que je ne peux vérifier qu'au fil du temps. Voila pourquoi je considère désormais que la confiance ne se décrète pas, mais s'acquiert avec le temps. Mes amitiés se construisent et se renforcent en fonction du constat durable de non-agression. J'ai fondamentalement besoin de me sentir accepté, non jugé. Entendu avec bienveillance. Je n'ai pas en moi la solidité suffisante pour ne pas être atteint par ce que l'autre m'envoie de négatif... surtout dans les rapports teintés d'affectif. C'est ma grande faille...

La seule parade que j'ai trouvée et de me tenir suffisamment à distance dans la proximité pour ne pas être trop atteint par l'autre. Ce n'est pas efficace à 100% mais ça me permet d'être en relation sans risquer de trop lourds préjudices.

Et qu'on ne vienne pas me dire que vivre c'est prendre des risques ! Je le sais, j'en ai pris... et j'en assume les conséquences. D'ailleurs, comme tout est réversible, en adoptant un comportement solitaire je prends aussi des risques. Différents de ceux des relations amoureuses, certes, mais constructifs d'une autre façon.







Enquête de sens



Dimanche 31 janvier
Rédigé du 26 au 31 janvier


Longtemps j'ai évité d'évoquer ici l'indicible qui me tourmentait. J'avais une intense soif de clarifier mes idées grâce aux bienfaits de l'écriture mais, ayant mesuré les dommages collatéraux causés par mes "libérations", je préférais m'abstenir. Je savais que si j'ouvrais les vannes... le risque était grand que je ne sache pas canaliser le flux. Et vraiment, je n'avais plus envie de déclencher des ires catastrophiques. Surtout pas... Alors, la plupart du temps, je me suis contenté d'écrire en pensées. C'est à dire de penser à ce que j'aurais voulu écrire. Composer des phrases sans jamais les inscrire, prendre des notes mentales. Parfois je griffonnais sur des bouts de papier. Une phrase. Un mot...

Et quand il m'arrivait néanmoins d'écrire ici, dès que je m'approchais de l'évocation proscrite je me sentais très mal à l'aise. Sensation physique d'angoisse oppressante, de nausée. De honte. D'ailleurs je reste marqué par la crainte de... mal dire. Ou de trop dire.

Bref : ça a longtemps été extrêmement compliqué d'écrire ici ! Et bien souvent j'ai pensé, je l'avoue, "disparaître" en éteignant mes espaces d'expression en ligne. Voire en les supprimant carrément. Tuer mon identité du net, rompre vraiment avec une histoire devenue folle.

Certes, j'aurais très bien pu écrire pour moi seul mais... non... je n'en voyais pas le sens. J'avais besoin que ce soit lu.

Par qui ?

Hum... beaucoup de monde ! Notamment ceux qui ont été témoins de... avant. Lorsque j'étais encore un homme "moralement irréprochable" (ou presque...). Face à ces regards je ressens, encore aujourd'hui, le besoin de me réhabiliter. Comme si je portais une culpabilité injustifiée. Une double culpabilité. Trop lourde.

Coupable ? Mais de quoi ?

On verra ça plus tard...

Qu'est-ce que ça t'apporte d'être lu ?

Être lu c'est comme parler : me sentir "entendu". C'est partager quelque chose qui a à se dire. Quelque chose que je considère comme important à exprimer. Ici c'est pour évacuer un peu de cette charge de culpabilité injustifiée. Tout ce que je garde en moi alors que j'aurais envie de le dire pèse sur mon existence et garde une place excessive. L'avantage d'un partage, quand il est écrit, c'est qu'il ne pèse pas sur ceux qui viennent et reviennent volontairement y trouver quelque chose qui, d'une façon ou d'une autre, les enrichit. Les ouvre à eux-mêmes.

Mais... n'y avait-il pas aussi un rapport avec un regard bien particulier ?

Bien sûr que si, évidemment... et la majeure partie de mon problème se situait là ! Mais n'entrons pas dans ces considérations aux enjeux vertigineusement complexes. La situation se pose autrement, maintenant. Une grande part des attentes que j'avais s'est épuisée et il serait vain d'espérer pouvoir sauver davantage que ce qui a pu l'être. Je reste encore étonné, heureux et satisfait, ému et reconnaissant, d'avoir pu aboutir à une certaine pacification.

Alors tu te sens plus libre ?

Oui. Je peux laisser le fil des mots reprendre son cours. Avec, bien sûr, modération et circonspection, tact et mesure, respect et dignité.

Une écriture corsetée...

Non, une écriture responsable, recherchant l'équilibre. Une libération mesurée, pondérée par un souci de justice, plutôt qu'un cri égocentré. J'ai davantage d'expérience désormais, que j'utilise en miroir. Je peux faire preuve de discernement réfléchi pour éviter les dommages : je ne gagne rien à aller plus loin que nécessaire.

Tu vises l'excellence ?

Euh... je vise surtout à ne pas mal faire, ni faire mal. Parce qu'à long terme ça ne me fait pas du bien. En blessant autrui je me blesse en retour.

Tu te sens prêt ?

Mes mots ne sont plus chargés d'amertume.

Vraiment ?

Hmmm... presque totalement, je crois. En tout cas j'ai fait ce qu'il fallait pour leur voir perdre cette désagréable saveur. Et j'ai la volonté de venir à bout des traces résiduelles, que j'essaie de détecter au plus tôt. C'est très important, à mes yeux. Mais je reste vigilant : l'expérience m'a appris que l'amertume provient de ce qui est retenu, des pensées qui ne circulent qu'en circuit fermé, sans pouvoir s'échanger directement. C'est comme le sang qui s'empoisonne s'il n'est pas oxygéné. Les mots devraient toujours pouvoir circuler librement, avant de devenir amers. Après... ça complique tout : soit le silence du non-dit étouffe l'échange, soit les mots deviennent piquants.

En écrivant cela... je prends conscience que les personnes avec qui j'ai cessé de m'exprimer dans un registre de confiance intime sont celles par qui je me suis senti jugé, mes idées rejetées...

Ressenti qui n'est pas forcément conforme à leur intention.

Il n'y a probablement jamais eu d'intention volontaire et consciente, mais des attitudes inopportunes, auxquelles je suis très sensible, aboutissant a ce ressenti.

S'il s'est installé ce genre de décalage, comment comptes-tu t'y prendre puisque la discussion franche et confiante, adulte, t'es devenue "impossible" ?

Je n'ai pas encore trouvé... mais l'aventure que j'ai vécue de façon paroxystique m'offre une magnifique occasion d'aller vers une voie de réconciliation avec ces quelques personnes qui ont eu une très grande importance dans ma construction. Je pense à mon père et mon frère. 

C'est tout ?

Je pense aussi, évidemment, à celle avec qui s'est réalisé, après le rêve... mon pire cauchemar.

Vivre son pire cauchemar... l'inconscient est très fort pour nous faire passer par là où nous devons nous libérer... Le rêve et le cauchemar ne sont que les deux faces de contact avec nos désirs profonds. Tu as eu le rêve ET le cauchemar.

L'avantage que je trouve dans cette expérience riche de contrastes, maintenant que c'est refroidi, c'est de disposer d'un énorme stock de matière première : pensées, souvenirs, écrits divers. Le tout étalé sur une très longue période de temps avec, partiellement, le précieux point de vue de l'autre côté... L'ensemble constitue un véritable trésor pour aller vers davantage de conscience, de lucidité, et de responsabilité ! Une infinité de questions s'est implantée dans mon esprit au fil du temps et j'ai de quoi puiser dans cette source une inspiration pour des années. Et probablement jusqu'au bout de ma vie. Les questions se renouvellent constamment, se précisent, évoluent en fonction des réponses qui m'apparaissent subitement, ou m'ont été données au fil du temps. Tout cela opère comme une lente distillation. Je voudrais en tirer le meilleur...

Je prends un exemple : après avoir posté mon dernier texte, je me suis demandé ce qui pouvait encore me tenir captif d'une histoire qui, pour d'autres, aurait été digérée depuis longtemps. Qu'est-ce qui peut faire que je sois encore dans des questionnements ? Et quels sont exactement ces questionnements ? À quoi servent-ils ? Ouais... fondamentalement : à quoi ça sert, tout ça ? Qu'est-ce qui se joue d'important là-dedans ? Qu'est-ce qui fait que je passe des années à tenter d'interprêter *quelque chose* qui n'a pas duré aussi longtemps ?

Et puis je réalise, là, au moment même où j'écris, au fil des relectures et des modifications que j'apporte à ce texte, que c'est là que tout se joue : la force de cette histoire provient de la juxtaposition du vécu et de l'écriture-lecture. Le tout sur fond d'opposition entre expression et silence.

C'est la confrontation entre le réel et mon imaginaire. Imaginaire, fantasmes, projections, représentations, interprétations... quel que soit le nom donné, c'est tout ce qui constitue mon monde intérieur. La dialectique du conscient et l'inconscient. En moi-même, d'abord, mais aussi en "communication" avec les vôtres, selon le rapport que j'entretiens avec chacun, chacune, d'entre vous...

Je n'écris pas dans le vide, ni seulement "pour moi". J'écris sous vos regards. J'écris en fonction de tout ce qui a pu exister avec toi, lecteur ou lectrice, et tout ce que j'imagine de toi. Il y a de toi dans mes écrits, et d'autant plus que nous avons, ou avons eu un jour, des échanges approfondis. D'autant plus que je te connais.

Dans la façon que j'ai de choisir tel ou tel mot, phrase, idée, ou de les atténuer, modifier, intensifier, il peut y avoir une part d'un(e) ou plusieurs d'entre vous. Grâce à vous je m'interroge et, ainsi, apprends à mieux me connaître.

C'est donc à un extraordinaire travail personnel que je suis convié depuis le début de cette fabuleuse histoire entre deux mondes, dans ses aspects les plus agréables comme les plus ténébreux.

Et ben dis donc, quelle aventure ! Tu ne crois pas que tu prends ça trop au sérieux ? Après tout ce n'est qu'un défouloir...

Pfff, ce serait minimiser le rôle puissant que peut avoir l'écriture dans la conscientisation de soi. Pour peu que ce soit un objectif, évidemment...

Et ça sert à quoi cette conscience, si toutefois elle est atteignable ?

Ce qui m'importe c'est de devenir plus lucide, donc plus à même d'agir de façon responsable et mieux interagir avec les autres. Notamment en ne réagissant pas de façon trop "personnelle". Me sentir happé par une émotivité excessive qui me fait perdre contact avec ma conscience, ampute une part importante de mon existence sociale. Quand ça ne l'influence pas directement de façon dommageable...

Et euh... il y a un rapport avec la culpabilité susmentionnée ?

J'y viendrai plus tard.

Tu cultives le suspens...

C'est surtout parce que les éléments s'emboitent dans un certain ordre. Il me faut partir de la surface, des apparences, pour aller vers le plus profond. Par exemple, et pour revenir à mon sujet, je suis certain, depuis son début, que ce que j'ai abondamment relaté ici n'était pas une simple histoire amoureuse. L'ampleur qu'elle a prise quand elle s'est brutalement retournée le confirme. Il y avait autre chose en jeu, beaucoup plus important, beaucoup plus signifiant, beaucoup plus déterminant. 

Ça te dérange, hein, qu'on puisse croire que tu te serais laissé déborder par une éconduite amoureuse ?

Chacun peut penser ce qu'il veut mais... oui, ça me dérange fortement parce que c'est trop réducteur et que ça néglige l'essentiel.

Et c'est quoi, cet essentiel ?

Je n'en identifie pas encore l'exacte teneur. Les éléments sont encore épars mais ça se précise peu à peu. Maintenant que j'ai terminé le marathon visant à une improbable "réparation", mon esprit libéré me permet de revenir sur des pistes insuffisamment explorées...



( à suivre...)





Mois de février 2010