Décembre 2009

Dernière mise à jour:mercredi 30 décembre 2009 - Accueil - Message
















Retrouver le fil



Jeudi 17 décembre


Je me suis beaucoup éloigné de l'esprit de ce journal, et un peu trop longtemps, pour y revenir simplement. Il y a un mélange entre aspiration à un "retour au sources" et désaffection vis à vis de ce mode d'expression-communication. Cette ambivalence pourrait induire un certain malaise si je ne la regardais pas avec beaucoup de recul et de détachement : rien ne presse et je n'ai aucune obligation. Peut-être vais-je reprendre le fil, peut-être vais-je le laisser aller. Je n'ai rien décidé. J'observe les pensées qui me traversent...

Il m'arrive assez régulièrement, lorque je suis dans des moments de liberté de pensée mais d'impossibilité matérielle d'écrire, de sentir s'allier désir d'expression et lucidité de l'instant. Je me dis « ah, c'est ça que j'aurais envie d'écrire, là, maintenant ! ». Comme si une part de moi cherchait à "débloquer" ce mécanisme après tellement de temps. Mais quand j'ai de nouveau la possibilité de pianoter sur le clavier... l'envie s'est évanouie. Et les idées sont parties.

C'est bizarre quand même : je me sens maintenant libre d'écrire... et ça ne fonctionne pas. Je me suis tellement retenu que l'évitement était devenu le point focal de mon inspiration. Invisible mais fortement présent. Maintenant que l'objet même de ce que je poursuivais a disparu la quête de sens s'est éteinte. N'ayant plus a me contenir je ne ressens plus le besoin de l'exprimer.  

Je peux passer à autre chose. Changer d'ère...
Oui, mais pour aller vers quoi ?


J'ai envie de reprendre le fil... tout en me demandant si c'est une bonne chose. À quoi ça sert, à qui ça sert, que je raconte certaines de mes pensées ? Qu'est-ce qui motive les choix que je fais de parler de tel ou tel élément de mon existence ? Est-ce une démarche utile ou néfaste ? Est-ce une façon de "grandir" ou une forme de régression ? Une démarche courageuse ou un enfantillage ?

Il y a potentiellement les deux alternatives, à chaque fois. Tout dépend des choix que je fais, à chaque phrase déposée, à chaque acte posé.

L'idée maîtresse est toujours de « témoigner » de mon parcours. Mais ce que je voudrais éviter c'est l'auto-complaisance : je n'ai pas envie de me ménager. Mon besoin de lucidité et de conscience s'est accru, comme aspiré dans le cercle vertueux qu'il auto-génère. La conscientisation est sans doute le fil directeur de mes écrits, depuis l'origine. Et avec elle la responsabilité : j'ai besoin de savoir ce qui, dans mon existence, m'incombe. J'ai besoin de savoir sur quoi je peux agir pour la part qui me revient.

Si je reviens vers l'écriture "silencieuse", à l'écart des commentaires publics du blog, c'est parce que j'ai pris conscience de certains effets négatifs de ce dernier. Je les crois nombreux. Ils me perturbent depuis longtemps, et plus fort encore depuis quelques mois. J'y reviendrai probablement, ultérieurement.

Mais ce que je crois important de poser, là, aujourd'hui, préalablement à toute vélléité de retrouver une liberté pleine et entière dans l'écriture, c'est ceci : j'ai accepté.

J'ai accepté de laisser aller...

Laisser aller l'amie qui me le demandait.
J'ai cessé de résister. J'ai abandonné la lutte. Je lui ai dit « oui, d'accord ».

J'ai rétabli l'équilibre.







Aller bien




Dimanche 20 décembre


Je n'imaginais pas que les années passées à contourner les mots tabous allaient induire autant de blocages dans mon expression. Je crois qu'il va me falloir beaucoup de temps pour retrouver un relatif confort dans l'écriture. Et ne libérer que très progressivement, parcimonieusement, ce qui gagnera à l'être.


Comment vas-tu ?
Rituelle question à laquelle je m'entends répondre « très bien ! » la plupart du temps. Conviction qui s'accompagne généralement d'un franc sourire. Il est devenu rare que quelque chose me préoccupe dans ma vie au point d'influer sur mon moral. Probablement parce que je vis seul, ainsi épargné des contrariétés induites par la présence d'une compagne. Non pas qu'une présence serait pesante en soi, mais parce que la perception qu'on a de moi, lorsque je ne suis pas accepté dans ma différence, me renvoie une image négative. Ce n'est pas la personne qui m'est pénible à supporter, mais ses moments de mal-être quand elle cherche, sans le vouloir vraiment, à m'en faire porter la responsabilité. Des regards accusateurs ont pu être très destructurants, anihilants, pour quelqu'un qui, comme moi, manquait d'assurance. Alors je préfère vivre bien en solitaire que mal lorsque l'autre ne m'accepte pas. On dit aussi « mieux vaut vivre seul que mal accompagné »...

Je ne me souviens pas qu'autrefois, hormis durant des périodes d'euphorie sentimentale, je me sois si souvent et si longtemps senti « aller bien ». Je n'avais pas non plus une réelle conscience que ce que peut être le sentiment diffus du bien-être quasi permanent. Il consiste essentiellement à me sentir libre, et à être bien là où je suis au moment présent.

Incontestablement mon état actuel découle de quelques années d'intense questionnement. J'ai cherché sans relâche à "comprendre" les impasses successives de situations douloureuses où l'affectif était malmené et c'est finalement au décryptage de mon mode de fonctionnement que cela m'a conduit. Davantage que des systèmes relationnels c'est ma façon d'y être que j'avais à comprendre.

En fait, tant que j'ai cherché à comprendre des dysfonctionnements j'étais autant dans la souffrance de ne pas y parvenir que dans le plaisir de la découverte. Mes récompenses étaient les états temporaires de félicité durant lesquels je croyais avoir compris l'origine de ma douleur et comment m'en libérer. Ce n'était que fragmentaire, à chaque fois. Sans cesse j'ai dû reprendre mon ouvrage.

Jusqu'à ce que je comprenne, très progressivement... que je ne pourrais pas tout comprendre. Ou pas aussi vite que je l'aurais voulu. Et si, avec le temps et les expériences, il y avait des chances pour que je comprenne/ressente bien des choses, il resterait probablement une part inatteignable à mon entendement parce que trop étrangère à mon être profond. Tout a un sens, mais pour percevoir ce qui en semble dénué il faut parfois lâcher la quête et seulement entendre ce qui se dit, accepter ce qui est. Prendre tel quel ce sur quoi je n'ai pas prise. Je n'ai pas de pouvoir sur l'autre. Ou plus précisément : je n'ai sur l'autre que le pouvoir qu'il/elle m'accorde.

Cette prise de conscience, lente et profonde, véritable révolution intérieure, a été incroyablement libératrice au fil des mois. J'ai cessé de me torturer l'esprit en songeant à ce que j'aurais pu faire pour que les choses soient autrement. J'ai arrêté de me culpabiliser et de prendre à ma charge plus que de raison. Sans pour autant me résigner, j'ai accepté de n'avoir qu'un pouvoir très limité en matière relationnelle. Je suis sorti de l'illusion enfantine de la toute-puissance qui consistait à penser : « il y a forcément un moyen de s'entendre et je dois le trouver ». Non, il n'y en a pas forcément. Et tenter de communiquer peut être pire que de ne rien faire. Je deviens un adepte du silence choisi et du "laisser venir". Et plus j'agis avec prudence et circonspection, plus je me vois entrer dans une ère de sérénité accrue.

Le plus gratifiant, dans ma démarche, c'est qu'à partir des cogitations autour d'une relation particulière et ses complications j'en sois venu à une extrapolation globale : c'est mon regard vis à vis de ma relation à autrui et au monde qui a changé.






Responsable




Lundi 28 décembre


Mon dernier texte m'a fait réfléchir. En allant au travail, le lendemain, je me suis demandé : « est-ce que je vais si bien que ça ? ». À l'évidence la réponse que j'avais développée ici demandait à être nuancée. Oui, je vais bien dans ma vie sociale, dans mes rapports professionnels, dans tout ce qui reste relations distantes. Selon les apparences, je vais bien. Mais en ce qui concerne les relations proches, l'affectif... ouh la la !


(moment de réflexion)


Je ressens comme extrêmement compliqué d'aborder ce sujet. Voila des semaines que je ne sais comment faire, ne trouvant pas d'amorce satisfaisante. J'en perds la volonté d'écrire...

C'est compliqué à élaborer parce que ma façon de penser est en évolution dans deux axes dont les interconnections ne sautent pas aux yeux : la responsabilité et l'affectif. Et c'est compliqué à exprimer parce que j'ai, en même temps, pris conscience de la part affective qui teinte mon écriture publique. Or l'affectif peut entraîner une dépendance, chose dont je cherche absolument à m'émanciper...

Alors régulièrement je me demande si l'écriture, que je ressens comme nécessaire, ne serait pas, aussi, en partie néfaste. En même temps je sens bien que la mise en mot me permettrait de clarifier ce qui me paraît "compliqué". Après des mois de silence une vaste zone d'ombre s'est étendue sur ce qui relie mes diverses problématiques et une mise en lumière ne peut m'être que bénéfique...



D'abord poser quelques repères sur ce qui me travaille : l'affectif, les ruptures, la solitude, la liberté, la responsabilité. Mais aussi le réel et l'imaginaire, la fin d'une ère... et l'inconnu qui s'ouvre devant moi. Jusqu'en octobre dernier j'ai été porté, animé, par ce que je pourrais appeller "projet réparateur". Depuis son aboutissement je me vois placé devant une liberté d'action et de choix jamais connues. C'est à partir de là que s'est ouverte la possibilité d'orienter mon existence selon mes aspirations réelles. Pour la première fois vraiment en individuel, sans tenir compte de quiconque.

La question qui s'impose est la suivante : qu'est-ce que je veux faire de ma vie ? Ou plus exactement : qu'est-ce que j'ai envie de faire de ma vie ?

Je me trouve devant un vaste champ de possibilités et je n'ai qu'à choisir dans quelles directions je vais agir. En fait je suis
libre de choisir. Je n'ai plus aucune attaches que je ressente comme une entrave : mes enfants sont en plein envol, mes amours ne sont plus là. Restent mes racines, ma terre, le morceau de nature dans lequel j'ai réalisé un rêve. Je m'y ressource et y trouve mon inspiration. Je crois important d'y rester ancré. Restent aussi mon histoire et mon expérience de vie, en fonction desquelles je peux faire des choix éclairés.

Me voila donc face à moi-même, seul avec ma responsabilité de me réaliser.

C'est peut-être ce dont je n'avais pas pris conscience jusque-là :
je suis seul. Ça ne m'était jamais arrivé de ne tenir compte de personne d'autre que moi. Jusqu'en octobre dernier je ne me sentais pas "seul", je n'agissais pas qu'en fonction de moi...

Mon voyage au Québec avait d'autres objectifs que de seulement m'émerveiller devant des paysages d'automne, aussi sublimes soient-ils...



La prise de conscience majeure de mes années de réflexion est la notion de responsabilité : je suis responsable de ce que je fais de ma vie, responsable de ce que je ressens, responsable du sens que je donne aux faits. C'est à dire que je ne suis pas "victime" de quoi que ce soit, ni de qui que ce soit. C'est bien moi, et moi seul, qui donne un sens à ce qui m'arrive. Même si mes parents ont joué un rôle dans mon enfance, c'est bien moi qui ai interprété les choses dans un certain sens, puis qui ai continué tout au long de ma vie à rester dans des idées qui, d'une façon ou d'une autre, me convenaient. Je trouvais un certain "confort" à agir et me comporter comme je le faisais.
Plus tard c'est bien moi qui ai été acteur dans chacune des relations que j'ai eues depuis l'enfance. C'est moi qui ai choisi d'y entrer ou pas, de les préserver ou pas, de les faire durer ou pas. J'adopte une phrase célèbre de Boris Cyrulnik, en l'adaptant au présent : « l'important n'est pas ce qui vous arrive mais ce que vous faites de ce qui vous arrive ». Elle situe bien chacun à sa place d'acteur de sa vie, devant faire avec les aléas des rencontres et de l'existence.

Je suis actuellement dans le processus d'intégration lente d'une prise de conscience déjà ancienne. C'est à dire que je passe du « je sais » au « je suis ». Par effet repoussoir ça me rend particulièrement sensible aux postures de "victime" que je peux croiser sur mon parcours. Je ne supporte guère de voir ce qui me rappelle ce que j'ai été... et peux être, encore, sans m'en rendre compte immédiatement. C'est notamment pour éviter ce risque que j'écris peu en ce moment. Je ne supporte plus les personnes qui sont dans la plainte : si une situation ne convient pas il n'y a que trois options : change-là, quitte-là, ou accepte-là !
Et quand il s'agit d'une autre personne, la première option n'étant pas envisageable, il ne reste que l'alternative des deux dernières...

Fort de cette conscience de ma part de responsabilité dans ce que je ressens, je me sens détenteur de mon potentiel de liberté. Ma liberté découle de ma responsabilité : je suis libre d'accepter ou non une situation et j'assume la responsabilité du choix que je fais : changer, quitter ou accepter. La liberté est saisissable à chaque instant et c'est à moi de voir si je choisis ce qui me plaît ou reste dans des aliénations. J'ai obtenu ma liberté en faisant des choix... ou en choisissant de laisser d'autres faire les leurs.

À ce sujet j'ai longtemps été dans la plainte et le reproche. Je n'en suis pas fier...

Il m'a fallu trèèèèèès longtemps pour que finisse par prédominer ma part de responsabilité et que j'assume les conséquences de mes actes (ou non actes, en l'occurence). Je me suis longtemps comporté comme un enfant en rejetant sur l'extérieur la responsabilité de ce que je ressentais. Faisant cela je m'insupportais... mais ne savais pas être autrement. J'avais trop mal. J'étais trop dépendant du regard que l'on portait sur moi (ou de ce que j'en imaginais). J'avais trop besoin d'être reconnu et accepté... oubliant que j'étais inacceptable par cela même !

Mais le temps a passé, les rôles ont changé, et aujourd'hui je sais à quel point l'attente d'amour peut exercer une pression sur celui qui se voit chargé, sans l'avoir choisi, d'en "donner". Celui qui vit la dépendance affective ressent une réelle souffrance, qui conduit à des attitudes exigeantes. Refuser d'y répondre systématiquement, donc d'apporter un apaisement éphémère, expose a un rejet.... qu'il n'est pas facile d'endurer. Cela demande patience, recul et confiance en soi pour ne pas se sentir coupable de "non assistance à personne en souffrance". Le dépendant affectif, par son immaturité, se comporte en enfant tyrannique. Il est important de ne pas entrer dans son jeu.



(à suivre)






Désaffection affective




Mardi 29 décembre


Qu'en est-il donc de ma vie affective ?

Elle est enfermée et sous haute surveillance. J'observe ce qui s'y passe et comment ça me touche. Prudemment. Très prudemment. En même temps je m'interroge sur cette prudence, sur ma désaffection de l'affectif. Comment se fait-il que je ne recherche pas ce dont tout le monde semble avoir besoin ? Pourquoi n'ai-je pas envie de relations affectives impliquantes ? Ben oui, je m'interroge par rapport à une "normalité"... alors que ce que je vis me convient très bien. Je regarde ce qui se passe à l'extérieur mais l'intérieur me plaît. Du coup ce décalage avec les autres m'interpelle et... me fait gamberger : suis-je normal ? [quand je ne me pose pas de questions ça me fait m'en poser !]

Affectif sous clé, donc, et très fort besoin de solitude en ce moment. Je n'aspire qu'à une chose, dès que je suis dégagé de mes obligations professionnelles et municipales : me retrouver seul. Je perçois mon temps de travail comme une parenthèse dans l'océan de solitude dans lequel j'aimerais pouvoir vivre en continu [trop cool, je suis en vacances !].

La solitude semble effrayer beaucoup de gens mais moi j'aime me retrouver en tête à tête avec moi-même. Prendre le temps de penser [beaucoup] et de me livrer à des activités qui me plaisent : me promener, entretenir et aménager mon coin de nature, photographier, ressentir, rêvasser, ne rien faire..

Tout cela contribue à maintenir mon équilibre et me permet d'évoluer en restant en contact avec mon être profond. Je sens que ça m'est nécessaire, sous peine de me désaccorder dans la cacophonie de l'altérité. J'ai besoin des autres... mais à petite dose.

En fait je me consacre quasi exclusivement à des activités qui s'exercent en marge du relationnel, et surtout des émotions qui l'accompagnent. C'est un peu bête à dire mais... en ce moment je me sens mieux quand je ne suis pas trop en contact des autres. Pas trop proche, ou pas trop souvent. Ma paix intérieure en dépend. Cependant, bien que je ne les sollicite pas, je ne refuse pas non plus les propositions de temps partagé [hé là, ne vous sauvez pas !]. Je n'ai pas l'intention de vivre en ermite ! Je suis simplement dans un état... plus solitaire que jamais.

Je suppose que c'est transitoire, le temps d'établir de nouveaux repères et de trouver en moi mes assises solides. Le temps d'éprouver la solitude, de la sentir prendre place... et peut-être de perçevoir le vide qu'elle représente ? Je sais bien que le contact des autres m'est important. Je sais bien qu'il est possible de vivre de grandes satisfactions dans les temps partagés avec des personnes appréciées. J'aime bien rencontrer les autres. Et même... tenez-vous bien, je sais qu'on peut être heureux en aimant ! Mais oui, je vous assure ! Je n'ai pas oublié ce que j'ai vécu dans ma vie d'avant. Ah ouais, c'était très bon d'aimer et d'être aimé ! Trop bon... [soupir béat]

Mais là, maintenant, non, vraiment, je n'en n'ai aucune envie ! C'est pas le moment...

C'est évidemment parce que je me suis fait un petit peu trop mal, après avoir perdu le contrôle de mes émotions et dérapé sur mes idéaux. Ssschpaff ! fracassé contre le mur du réel ! Fin du rêve ! Depuis je suis devenu très, très, prudent. Je me suis patiemment et minutieusement reconstruit. Vous comprendrez bien qu'après cet accident affectif et n'ai aucune envie de recommencer les mêmes erreurs ! Et bien que me considérant comme "guéri" je me sens encore convalescent. Alors j'y vais mollo, mollo. Les rencontres que j'ai faites depuis l'accident m'ont montré que je n'étais absolument pas prêt à revivre une relation affective forte où s'insinueraient des attentes auxquelles je ne saurais répondre. J'ai pas grand chose à offrir... et pas davantage dans le registre amoureux qu'amico-sentimental. Désolé, c'est hors de ma portée. J'ai trop l'impression de revoir le film dont j'étais le héros kamikaze ! Je suis devenu allergique à la souffrance affective et sentir la moindre insistance sur ce point me met sur la défensive. Naooon, faut rien attendre !!! [je le formule plus aimablement...]

Finalement j'en viens à ne partager que des amitiés "naturelles et spontanées" : lorsque *quelque chose* apparaît, sans attente particulière d'aucun côté, et se développe en fonction de ce que chacun y apporte. Sans précipitation, sans crainte que ça n'aille pas assez vite ni assez loin, sans redouter qu'un jour il ne soit trop tard. Bref : sans penser à l'avenir ! Prendre ce qui est là...

Je n'ai pas grand chose d'autre à offrir que des temps de partage aléatoires. Je n'ai plus envie de rassurer l'autre sur ma présence pendant les absences. Je me suis rendu compte que ça m'épuisait. Je me sais fiable et je n'ai pas à le prouver. Pas envie non plus de devoir donner encore et encore pour que l'autre ne quitte pas la relation. Je ne supporte plus ce genre d'exigences... dont je comprend pourtant bien l'origine : un manque affectif. J'en viens à dire, désolé mais ferme : « si ça ne te convient pas tu peux partir ! Je ne te retiendrai pas. C'est ton choix et je le respecte. Je peux même t'y encourager si je sens que c'est préférable pour toi. » Voila ma façon d'aimer et d'être lié. Librement lié.

Je me demande même si je n'en serais pas venu, inconsciemment, à laisser les silences durer pour voir ce qui se passe...

De séparations en ruptures successives j'en suis arrivé à une très grande désillusion sur les relations sentimentales. C'est à dire que je suis devenu lucide. Et tant mieux ! C'était le cadeau caché ! Je sais ce qui me convient maintenant. Je sais ce que j'ai envie de vivre... et de ne pas vivre.

On me souhaite régulièrement de trouver « la femme qui [me] conviendra ». C'est fort aimable et prévenant. Sauf que... non seulement je n'attends pas cette hypothétique personne idéale, mais en plus je ne crois pas qu'elle existe de façon stable et durable. Je dis bien « je ne crois pas » : c'est une croyance et à ce titre elle influe donc sur le regard que je porte et les orientation que je pourrais prendre. Peut-être croiserais-je un jour « la bonne personne au bon moment ». Ce sera un hasard, un concours de circonstances, une heureuse coïncidence. Un croisement de trajectoires. Une fenêtre ouverte... pour un temps. Voila, c'est ça la différence avec avant : maintenant je ne privilégie plus la durabilité. Alors... qu'une belle rencontre se produise de nouveau ou pas, peu importe. Je ne cherche pas à être en relation par manque affectif et n'ai pas à offrir davantage que ce dont je me sais capable. C'est à prendre ou à laisser, sans amertume ni tristesse.

Je suppose qu'on peut trouver ça triste et résigné...

Moi je sais que c'est une façon de vivre heureux que de m'épargner des souffrances. Je suis encore, et peut-être pour encore longtemps, beaucoup trop sensible affectivement pour m'engager tête baissée vers les contrées contrastées des émotions exacerbées. La distance que je maintiens, l'indépendance affirmée, ne sont que des moyens de me protéger afin de vivre mes émotions à un niveau soutenable. Mes attitudes peuvent paraître dures... alors que c'est ma protection qui est efficace.

Il apparaît clairement, et ce journal en est le témoin, que j'ai vécu trop péniblement, trop profondément douloureusement, l'arrachement qu'occasionnait l'éloignement de femmes avec qui je m'étais viscéralement engagé. Je reste, à l'évidence, marqué par ces expériences de fort décalage. Probablement définitivement. Mais qu'importe : je me suis reconstruit à partir de cette douleur et c'est libérateur. Je ne vivrai plus l'amour comme je l'ai vécu. Sans aucun regret !

Relations fortes, elles n'ont pu se prolonger telles quelles. Mon insistance à tenter de maintenir ce qui me semblait important s'est montrée vaine, si ce n'est lourdement préjudiciable. J'en ai tiré des leçons et suis devenu... non pas fataliste, mais "acceptant" : je ne m'accroche plus pour faire durer ce qui s'éteint. Si l'autre veut s'éloigner... je dis ce que je ressens mais laisse faire. Il se fait ce qui se fait, tout simplement, et il n'y a rien à regretter. Seulement à accepter ce qui est. Pour moi l'acceptation se fait encore dans une certaine tristesse, à la hauteur de ce que je pouvais avoir engagé sans en avoir conscience. Pour le moment je ne sais pas l'éviter. Mais cette tristesse n'est pas inhibante, ne déclenche pas d'animosité ni de rancune. Tout au plus un peu de colère et de frustration, parce qu'il ne m'est pas facile de voir s'éloigner une personne avec qui j'aime partager. Mais je n'ai pas à lui en vouloir...

C'est aussi une façon de ne pas endommager les souvenirs de ce qu'il a été bon de partager. Rester reconnaissant envers l'autre de ce que j'ai appris et vécu. Préserver l'essentiel.








Et pourquoi pas ?




Mercredi 30 décembre


Le billet que je vous propose aujourd'hui date du 13 juillet. Initialement écrit pour être publié sur mon blog il m'avait finalement paru un peu trop provoquant pour être mis en ligne à une période où les échanges de commentaires devenaient passionnés. C'est que le sujet est délicat ! Il touche aux représentations de chacun dans un domaine sensible. Le besoin de différer cette publication s'est donc fait impérieusement sentir. C'est d'ailleurs à la même période que j'ai commencé à prendre une distance avec l'exposition de mes réflexions intimes sur le blog...


J'ai donc reporté plusieurs fois la publication, oubliant presque ce texte.

Aujourd'hui il retrouve, par son épilogue, une certaine actualité (même si que ce que je vivais à ce moment-là est largement dépassé). Je préfère le mettre en ligne ici, à l'écart des commentaires publics.
[Ah ben oui, hein, c'est toute une subtilité de distinguer les différents registres d'expression...]



* * *




Durant les périodes où je suis pris dans une problématique relationnelle - ça arrive - j'aurais bien du mal à écrire sur autre chose. Depuis quelques années c'est régulièrement LE sujet principal de mes écrits. Pas de ma vie, hein : de mes écrits seulement. Car si j'écris principalement autour de ce qui me questionne et me tarabuste, le reste du temps je vis. Et oralement je parle bien souvent de tout autre chose.

Voila, c'est dit.

Petit préambule qui me permet de revenir discrètement sur une expression qui s'est imposée au cours d'une discussion : « Et pourquoi pas ? ». Nous discutions autour de ce qui peut amener à vivre plusieurs relations à la fois.

Que ceux que ce sujet sensible choque veuillent bien quitter ce blog sur la pointe des pieds. Ceux qui sont intéressés peuvent rester. Merci.

Comment moi en suis-je venu à cette pluralité ? C'est très simple. D'abord j'y étais préparé par des années de réflexion, autant sur le plan moral que personnel. Ensuite... et bien c'est un enchaînement de circonstances mélangé à une curiosité atavique, un goût pour l'inconnu et ses frissons, un plaisir de la découverte et de l'exploration. Rien de vraiment malsain, a priori...

Une attirance vers les femmes aussi. Portée, selon toute vraisemblance, par un désir diffus mais néanmoins réel issu de mon cerveau reptilien de mâle testostéroné.

Enfin, et ce n'est pas le moindre détail, je ne suis pas homme à considérer qu'une relation se termine. Elle peut évoluer, se transformer, mais je n'ai pas besoin d'en faire cesser une avant de la remplacer par une autre. Les ajustements sont toujours possibles au gré des circonstances.

Les circonstances, justement : il se trouve que, depuis un an, je vis une relation particulière. Particulière parce que ma partenaire habite loin et que nous nous voyons peu. Généralement pour quelques jours, à plusieurs semaines ou mois d'intervalles. Chez moi, toujours. Le reste du temps, c'est à dire la plupart du temps, je vis en solo. Avec quelques inconvénients (dont le manque de contacts directs n'est pas le moindre) et un avantage notable auquel je ne souhaite pas renoncer : je suis libre de mes mouvements et de mes rencontres. Ça tombe bien, la belle n'est pas exclusive...

Or il advint qu'au printemps, une autre femme, déjà en couple mais avec qui je suis en contact quotidien, après moult hésitations et force complications, renouvella une esquisse de rapprochement entamée antérieurement. Sans s'enquérir en rien de ma vie affective récente. Elle s'est contentée de l'annonce de mon imminent divorce pour me croire "libre". De mon côté, me sentant effectivement libre, appréciant sa compagnie et nos échanges, je me suis dis « et pourquoi pas ? ».

Mais ce n'est pas tout ! À la même période, une autre, mariée, entamait une démarche similaire vers moi. Je me sentais tout aussi libre. Étonné par son désir de rapprochement, attiré, je me suis dit pareillement « et pourquoi pas ? ».

Envers chacune de ces nouvelles venues, à ce moment là, je me sentais libre puisqu'il n'existait rien de concret. Libre de mon temps de célibataire en dehors des séjours de la femme lointaine. Sans demande d'exclusivité de sa part je restais "disponible". En outre j'ignorais tout des éventuels prolongements que pourraient prendre les avances encore balbutiantes de mes nouvelles soupirantes [veuillez tenir compte de mes efforts littéraires avant de me pourfendre tel un Don Juan de bas étage, merci]. Il aurait été idiot de refuser une approche intime sous prétexte qu'une autre faisait, au même moment, la même démarche hésitante sans garantie de résultat. Surtout pour le curieux que je suis...

Et voila comment je me suis retrouvé embarqué dans trois relations actives simultanément ! Sans compter d'autres, en état de veille prolongée et éventuellement susceptibles de se réactiver...

Je précise pour les âmes sensibles qui n'ont pas tenu compte de mon avertissement préliminaire que non, c'était pas un jeu.

Que nooon, je n'étais pas sans état d'âme. Naaaaaan, je ne suis pas un dragueur impénitent !

Ouiiiiiiiiiiiiiiiii, je sais qu'on ne plaisante pas avec les sentiments et sensibilités... mais... euh... c'est quand même rigolo, non ?

Très vite il m'a fallu gérer les téléscopages, les rencontres trop proches, et surtout annoncer l'existence des autres...

Je ne reviendrai pas sur les tribulations que j'ai [avec la froideur glacée d'un médecin légiste] relatées ici, au grand dam des défenseurs de l'amoûûûûr inconditionnel et passionnel, des nobles sentiments et des grandes vertus. Je ne tiens pas à relancer des polémiques sans grand intérêt...

Ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est ce « et pourquoi pas ? », qui a conduit à cette expérience singulière du fait de la simultanéité. Expérience dont je fus partie prenante, je m'empresse de le rappeller avant qu'on ne me soupçonne d'avoir manipulé sadiquement mes cobayes pour voir leurs réactions ! J'ai été autant cobaye qu'elles, pris dans des situations auxquelles j'ai dû faire face en inventant des solutions adaptées.

J'ai bien vu que je ne pouvais pas satisfaire toutes les demandes de mes partenaires, tout en essayant d'expliquer aux plus désappointées comment tout cela s'était passé sans que je ne le décide vraiment. Je n'ai fait qu'accepter des demandes, au nom d'un « et pourquoi pas ? ».

En a découlé une nécessaire reprécision de mes désirs relationnels : j'ai envie de relations de partage sans mettre de limites entre l'intellect et le physique. Mais sans avoir d'attente sentimentale ! Je ne cherche pas à avoir une (ou plusieurs) "relation", mais à établir un partenariat (ou autre terme plus adéquat) entre deux personnes désireuses de mieux se connaître (l'autre et soi) tout en profitant des plaisirs que le corps peut permettre si le désir est là. C'est simple, non ?

Non ?

Je ne parle même pas d'amitié puisque celle-ci ne peut se développer, selon moi, qu'au fil du temps. Intimité conviendrait mieux. Mais c'est l'idée de partenaires qui me plaît le plus. Qu'au fil du temps ce partenariat laisse place à une réelle affection, et même une forme d'amour, et ce sera d'autant mieux. Mais l'amour n'est pas un préalable ni même un objectif. Je laisse venir ce qui advient, me contentant d'influer dans le sens que je désire.

Je n'attend ni ne promet aucun engagement et chacun peut décider de cesser si cela devient difficile ou douloureux. Ce qui implique qu'une attention constante soit portée aux ressentis de l'autre. Pour ma part je n'aime pas l'idée de fin de relation qui est, à mes yeux, un aveu d'échec et se vit rarement dans la sérénité. Au contraire j'aime l'enjeu que représente cette forme d'alliance entre deux personnes restant libres l'une vis à vis de l'autre. C'est un peu compliqué, mais de ce fait même fichtrement intéressant !

« Intéressant » est un mot que j'emploie souvent. Parce que les relations humaines, et en particulier affectives, m'intéressent. Ce terme peut surprendre, mais il ne retire rien à l'affectif qui se développe.

Et l'amour dans tout ça ?

Aaaah l'amour... Et bien il a toute sa place ! Il est même indispensable. Mais... pas l'amour qui attend quelque chose de l'autre ! Celui-là peut être mis à rude épreuve puisque rien n'est dû. N'est *donné* que ce qui est sans attente de retour. C'est ce qui génère ma "distance" initiale, ce "détachement" qui perturbe autant mes partenaires [et mon lectorat le plus sensible à cet aspect des choses...]. Je ne donne pas ce qui me désagrègerait ou engendrerait de ma part une attente de réciprocité. Je donne parce que j'ai l'envie et la capacité de donner. Et je ne donne que ce qui m'est possible, pas forcément ce que l'autre attend ou demande. Il n'y a pas stricte correspondance. Je reste en contact avec mon être profond, tout en m'efforçant de rester en contact avec les besoins profonds de l'autre, et d'y répondre à ma mesure.

Tout cela est purement théorique, bien sûr ! Dans la réalité ce n'est pas si simple et la peur, la culpabilité, les blessures narcissiques peuvent perturber cette logique. Il n'empêche que c'est ma ligne directrice et que je crois m'y tenir sur le long terme.

Cela dit, honnêtement, je ne recommencerai pas l'expérience du flou entre plusieurs relations simultanées. Si celles-ci devaient coexister et s'installer dans la durée, je ne m'engagerai pas dans une nouvelle forme d'échange sans avoir dûment prévenu une éventuelle postulante qu'elle n'est pas la seule et que je privilégie la durée plutôt que l'intensité, l'amitié respectueuse plutôt que l'amour passionné, la liberté plutôt que la sécurité. Et que j'honnis la dépendance !

Pas besoin d'être psychanalyste chevronné pour déduire que ce sont mes propres peurs que je transpose. Y voir les cicatrices encore récentes d'une dépendance amoureuse ne serait pas pure spéculation...



* * *


- Epilogue -
(écrit le 30 août)



Deux mois plus tard, qu'en est-il de ces relations ?

L'une m'a annoncé la fin de notre relation, parce que je lui paraissais trop indifférent, trop détaché. Nous sommes cependant encore en lien flottant, n'ayant pas coupé les possibilités d'évolution dans un registre restant à définir.

Une autre, ayant compris que je ne pouvais répondre à ses désirs en termes d'intensité sentimentale et de disponibilité, s'est inscrite sur un site de rencontres par internet et semble avoir trouvé un homme plus à même de répondre à ses attentes. Elle a aussi annoncé à son mari qu'elle divorçait. Nous avons encore quelques contacts d'ordre amical.

La troisième, acceptant mal ma pluralité et après avoir à plusieurs reprises décidé d'arrêter tout en reprenant aussitôt, n'a pas eu le temps de profiter de se retrouver seule en lice. Son compagon ne supportant plus de la savoir passer du temps avec moi, elle a choisi, à contrecoeur, de cesser nos rencontres et donc notre rapprochement. Elle est en lutte avec ses aspirations contradictoires, tiraillée entre l'engagement avec son compagnon et un fort désir à mon égard. Puisque nous nous voyons quotidiennement dans le cadre de notre travail la mise à distance n'a rien de simple...

Et moi je me réjouis d'avoir gardé toute la prudence qui convenait vis à vis de ces relations où la demande d'intensité ne me semblait pas compatible avec la fiabilité que j'aime sentir...



- Post-épilogue et conclusion provisoire - (30 décembre)




Quatre mois après les pré-ruptures annoncées je suis encore en lien avec chacune mais les situations ont un peu évolué.

La première, insatisfaite de ce que je partageais avec elle, a poursuivi son éloignement bien que nous nous soyons revus entretemps. Depuis, elle a rencontré un homme qui semble lui apporter ce dont elle avait besoin et me confirme que je n'ai plus guère de place dans sa vie. Nous nous acheminons vers une fin, visiblement inéluctable, tout en ayant un dialogue de qualité qui nous permet de « mettre du sens » sur ce qui s'est joué, ou pas, entre nous. Inutile de préciser que j'apprécie beaucoup cette façon d'éteindre doucement, et ensemble, ce que nous ne sommes pas parvenus à faire durer...

La seconde, alias "la voisine" [hééééé oui !], depuis qu'elle a quitté le domicile marital, vit assez mal la solitude et le désert affectif. Nous partageons de temps en temps des moments de dialogue et de tendresse. Elle a compris qu'il était inutile de me demander davantage que ce que je peux donner. Elle propose sans exiger et tient compte de mon état de convalescence sentimentale. Une confiance semble pouvoir prendre place puisque je me sens respecté dans mes besoins d'indépendance, clairement exprimés.

La dernière, qui n'est autre que ma collègue de travail Artémis, vit toujours mal de "tromper" son compagnon en passant du temps avec moi après le boulot. De ce fait, bien que nous nous voyons quotidiennement, les moments que nous consacrons à nos échanges personnels se sont réduits, après une éphémère reprise, à une quasi inexistance. Elle est en pleine contradiction, entre désir intense et refus d'y céder. Ce dernier l'emporte, la menant à manifester une indifférence. Il en aurait peut-être été autrement si j'avais envisagé de vivre notre relation de façon plus entière mais ses besoins sont trop grands pour moi. Jusque-là, fidèle à ma conception des relations, je l'ai laissée libre de se déterminer, restant présent et volontiers accessible. Mais je sens bien qu'elle se protège des affres de l'ambivalence et s'éloigne... Je ne cherche pas à la retenir, sachant que je n'ai rien de plus à lui offrir et que c'est déjà suffisamment difficile pour elle de prendre de la distance. Je ne crois pas que cette relation ait beaucoup d'avenir mais... sait-on jamais ?.


Les coeurs sensibles auront remarqué que j'énumère froidement les situations. En cela je me conforme au recul affectif que j'ai prudemment voulu conserver, mais c'est évidemment une conséquence de mon système de protection. Je ne suis pas pour autant insensible à ces séparations, qui m'attristent. À chaque fois que je constate un éloignement, et surtout si la menace d'une fin est énoncée, accompagnée de reproches sur mes attitudes et de critiques sur ce que je suis, je ressens un mélange de tristesse, de frustration et de colère, avec l'envie de tout envoyer paître. Je me dis alors que je fais bien de rester "à distance", sans trop investir de sentiments ! Euh... d'un autre côté c'est ce détachement qui m'est reproché...

Le serpent n'a pas fini de se mordre la queue !

Mais avec mon regard d'éternel optimiste, si je prends un peu de recul, je me dis que les relations qui s'écartent du modèle traditionnel du couple sont certes quelque peu compliquées à établir, mais n'en constituent pas moins d'intéressantes expériences de vie. Ce sont des façons, pour chacun, de s'interroger sur ce qui est désiré dans une relation...

Et qu'est donc la vie si ce n'est une expérimentation continue ?



Suite : Janvier 2010