Novembre 2006

Dernière mise à jour:dimanche 3 décembre 2006 - Accueil - Premier jour - Archives - Message



Question de confiance


Mardi 14 novembre


Je suis en mutation. Inévitablement mon écriture se voit affectée par ce changement. Autrefois elle l'accompagnait, voire le stimulait; désormais ma recherche intérieure hésite entre différents canaux. Tentatives pas forcément convaincantes...

Bien évidemment ma liberté d'expression a été fortement contrariée par la remise en question du principe de transparence. Je suis en recherche d'un nouvel équilibre entre l'expression d'une pensée personnelle, sincère, et un dévoilement abusivement fragilisant. D'où ces textes paraissant selon un rythme très fluctuant...

Mais la volonté de poursuivre ce journal est là ! J'ai envie de trouver une formule qui me convienne, réhabiliter l'aisance, restaurer une liberté de ton adaptée à cet interface entre mon intimité et vos regards de lecteurs. Il faudra le temps nécessaire, mais je pense que j'y parviendrai...



D'ailleurs je crois que je suis, comme probablement beaucoup de monde, un être fait de contradictions. C'est ce qui nous rend tous insaisissables et, finalement, j'y vois plutôt un signe de vitalité et d'attractivité. Imaginez quelqu'un qui serait toujours égal et fidèle à lui-même, entièrement prévisible... ce serait d'un monotone !

Mes tribulations de ces dernières années, notablement marquées du sceau de la contradiction entre des pensées et leur impossible mise en actes simultanée, me donnent amplement matière à réflexion dans des domaines variés. J'analyse en continu, comme un bruit de fond, tout ce qui a découlé de ces aventures diverses aux répercussions multidimensionnelles. Je tire de leurs analogies des enseignements qui me sont très utiles.

Hormis ce rapport complexe avec le journal, exutoire entravé, la dernière contradiction observée est celle qui tourne autour de la confiance en soi.

Je pourrais dire sans sourciller que je suis quelqu'un qui a une très grande confiance en lui... et qui, en même temps, doute énormément de lui.

Cette grande confiance en moi est celle qui me fait suivre avec persévérance [obstination, diront les mauvaises langues...] mon chemin. Sauf que je n'en connais pas le tracé à l'avance. C'est au jour le jour que je le dessine [ou qu'il se dessine ? allez savoir...]. Dans cette incertitude le doute se développe, en me faisant souvent peser le pour et le contre. Chaque alternative est comme une bifurcation devant laquelle je dois choisir pour poursuivre. Et parfois j'hésite longtemps...

Le rapport à l'autre prend à ce moment-là toute son importance. Si je me sens soutenu "dans le bon sens" [celui que je sens être le mien], alors le doute s'efface et c'est avec une grande assurance que j'avance, sourire franc dans le regard. Je me sens... beau dans cette détermination. Si, au contraire, on éveille mes craintes, alors le doute envahit tout, obscurcit ma pensée et me paralyse. Inquiétude, irritabilité, déprime, inconsistance.... autant de manifestations de l'hésitation qui figent mon visage et me font me sentir laid.

En quelque sorte la concrétisation de mes projets dépend du regard des autres. Mouais... c'est pas folichon comme méthode : soutenez-moi et j'irai au bout du monde, découragez-moi et je resterai englué dans une morne et gélatineuse médiocrité.

Je crois avoir longtemps cherché auprès des autres, et d'autant plus que je leur accordais ma confiance, un soutien qui ne pouvait pas forcément m'être donné. D'où de grosses désillusions. Probablement réciproques.

Si j'avais appris depuis longtemps à me méfier ce certaines attitudes de "conseilleurs" inaptes à l'écoute, ainsi que des personnes trop sûres d'elles-mêmes, je pense avoir mal estimé l'impact de qui m'écoutait mais ne partageait pas les mêmes projets ou idéaux. Ou n'avait pas la même détermination. Ou qui n'aurait pas procédé de la même façon que moi vers un objectif commun.

J'attendais l'approbation, et c'est ainsi que j'ai parfois dépensé une énergie colossale à faire du sur-place, tiraillé entre des aspirations contraires. Je me perdais dans des hésitations sans fin en voulant écouter et suivre voix et voies allant à l'encontre de ma foncière assurance. Tout ça parce que j'avais besoin [ou le croyais...] de me sentir soutenu et suivi.

Parce que je fais davantage confiance au jugement de l'autre qu'au mien... sans toutefois jamais renoncer à ce que je sens profondément. D'où d'interminables conflits intérieurs pour, finalement, bien aller vers le but que je m'étais choisi. Je ne peux aller durablement à l'encontre de mes convictions.
Aurais-je spontanément une grande confiance en l'autre, au même titre que celle que j'ai fondamentalement en moi ? Ma propre assurance me porterait-elle à croire que celle de l'autre est équivalente ? Se pourrait-il que j'aie parfois davantage confiance en l'autre qu'il n'a en lui-même ?

Or c'est ma propre assurance qui renforce chez l'autre sa confiance en moi...
Inversement mes doutes éveillent les doutes de l'autre, qui me renvoie alors cette image hésitante et floue. Jeu de miroirs. Jeu de dupes inconscients.

Tout cela, en fin de compte, ne fait que mettre en évidence la problématique de la confiance réciproque. Spirale qui peut aussi bien rapprocher que séparer.

C'est un drôle d'embrouillamini que ce rapport à l'autre, à soi, sur fond de confiance.



Finalement, je me rends compte que ma confiance, en moi et en l'humain, est à longue portée. Je vois loin. Je crois loin. Par choix. Et peut-être par construction de l'esprit. Je suis bâti ainsi. C'est dans l'instant, dans la prise de décision immédiate, que je manque de confiance en moi... craignant peut-être de me perdre en m'écartant de ce regard porté vers des objectifs lointains.

Ainsi en est-il de l'Amour altruiste, dont je ne doute aucunement en tant qu'objectif de paix profonde, mais qui, dans l'instant, se trouve confronté à une réalité parfois très éprouvante et de nature à éveiller le doute. Je crois que c'est dans la conviction soutenue par ce regard vers le lointain que résident mon optimisme, ma patience et ma persévérance.

C'est ma force.
Ma faiblesse est d'en douter.








Pensées en mouvement




Vendredi 24 novembre
[Samedi 25 novembre] [Dimanche 26 novembre]


Il suffit souvent de quelques mots justes pour amener à la surface ce qui était prêt à germer (merci Mathieu).
Et il suffit de quelques jours pour que le pessimisme évolue vers la lumière.



Je me retrouve régulièrement face au même verdict : je suis encore dépendant du regard des autres.
Du regard que tu imagines qu'ils portent sur toi.

Dépendant... Accro quoi. En manque si je n'ai pas ma dose.

Une drogue ? 
Ou un déficit à combler ? Ou un besoin d'échange ?
Ou un besoin de comprendre le sens de la vie ?

C'est terrible un truc pareil !

C'est terrible parce que mon équilibre en dépend. Si tu le veux bien...
Ma joie de vivre en dépend. Il ne tient qu'à toi qu'il en soit autrement...
Mon courage en dépend. Crois en toi...
Ma liberté en dépend. Tu es libre...

Et une liberté dépendante... c'est une soumission.
Absolument !

Tant que je me soumets...
...a des regards fantasmés...
... je ne me sens pas libre. 
J'étouffe ! J'aspire à la liberté !
Ou, pour être plus précis: l'autonomie.
Il ne tient qu'à toi de t'écouter...

Je me vois esclave de ma dépendance. 
Chaines qui me maintiennent et que je maintiens.

Jusqu'à quand ?

Chaines dont je me détache... pour me voir attaché ailleurs.
Sevrages trompeurs, qui me font passer d'une dépendance à une autre.
Je crois me libèrer d'un côté alors que je m'attache de l'autre.

Patience... Ce dont tu te détaches te libère.

Regard des autres... ma douceur et ma douleur. Oublie la douleur...
Pouvoir que je leur donne de me faire vivre ou de me tuer. Tu n'en mourras pas...
D'être heureux ou malheureux. Aimes-tu à ce point être malheureux ?
En manque. De quoi ?

Quête insatiable d'amour ?
Ou désir de rencontre de l'altérité ?
De l'humanité ?


Chercher à être aimé. Apprécié. On en a tous besoin...
Jusqu'à en oublier qui je suis, et ce que j'aime ?
Tu veux dire « ceux que aime » ?
Jusqu'à ne plus m'entendre ?
Tu t'entends. Petite musique qui s'insinue...

Devenir aimable, par tous et en toutes circonstances ?

C'est un piège dont je ne sortirai pas vivant. C'est exact...
Je m'y tue en croyant en vivre. Tu apprends à vivre libre...
Aimez-moi et je vis... Tu aimes et tu vis...

Sinon je meurs.
Tu crois mourir.

Accepter cette mort. Le sevrage. Le manque. En affronter la peur...
Cure de désintoxication. Travail sur moi. Labour patient.
Jusqu'à la mort de ma soumission. Crève, charogne !
Envie de vivre. Envie de m'en sortir. Cette envie en est la porte...

Apprendre à être avec autrui sans dépendre de son regard. Sois toi !
Apprendre à être sans l'autre, sans ressentir le manque. Le manque de quoi ?

Apprendre à être moi-même, différent de l'autre.
Oser la différence. L'assumer. La revendiquer
Et tant pis si ça ne plaît pas.
Et tant mieux si ça plaît. Tout sauf l'indifférence...
C'est comme ça !

C'est à moi que je dois veux plaire.
Pas encore convaiquant... Persévère jusqu'à le vouloir vraiment. Et change !
A moi avant tout autre.
Moi d'abord !

Plus fort, j'ai pas entendu...

Moi d'abord !

Égoïste, va !! [hyek hyek hyek...]

Là réside ma liberté.
Mon indépendance.

Ouais, ben continue l'autopersuasion, y'a encore du boulot.
C'est en bonne voie. Tu y parviens. Pas à pas.







En chemin de sérénité



Dimanche 26 novembre


J'écris de temps en temps ici que je suis serein. Ailleurs on me dit parfois que je ne parais pas l'être autant que je le dis.

Normal.

Je ne suis pas serein tout le temps ni en toute chose.

Je suis en chemin de sérénité.
C'est à dire que je suis parvenu à atteindre un état de conscience et de connaissance personnelle qui me donnent les moyens d'agir sur moi-même. Je suis moins dominé par mes émotions.

Et rien que ça, c'est déja apaisant. Je sais que ce n'est qu'une question de temps. 








Pour le meilleur du pire




Lundi 27 novembre


Lorsque j'ai commencé à écrire en ligne j'y ai trouvé une libération. En osant laisser venir au jour ce qui était enfoui je crois avoir fait un fantastique travail de découverte personnelle. Bien que je sache la méthode contestée, je considère avoir effectué une "auto-thérapie". Incomplète, certes, puisque je crois que le risque de ce genre de pratique est de renforcer certain mécanismes de refoulement. 

Il n'empêche que ma vie a beaucoup changé, dans ma façon de me perçevoir et mon rapport aux autres. Je vis incontestablement mieux qu'avant, ai noué de nombreux contacts, établi des amitiés, et repoussé bien loin les limites de ma timidité. Bilan tout à fait positif en ce qui concerne mon rapport à l'altérité.

Je redoute infiniment moins le regard d'autrui... même si j'y reste soumis, comme je l'écrivais récemment. C'est encore agaçant, mais je suis sur un chemin de libération, c'est certain. Ce n'est plus qu'une question de temps (et de détermination).


En revanche, il y a eu... oui, c'est ça: en fait, c'est comme si une météorite s'était pulvérisée sur mon parcours évolutif, le désorganisant totalement. Cela m'a fait lourdement régresser dans certains domaines. J'étais parti sur un chemin de découverte que je pensais être le bon, et qui l'était largement, mais trop fraichement étayé il s'est partiellement dérobé sous l'impact.

Je suis tombé d'un peu haut.
Tout cassé.
Rétamé.
Embourbé.

Échoué.

Égaré et hagard devant le cratère béant.


Je crois que c'est ce qui pouvait m'arriver de pire (toutes proportions gardées...). Je l'ai souvent dit: je n'étais pas encore prêt à vivre ce que j'ai vécu. Et pourtant, si je ne l'avais pas vécu je n'en serais pas là.

Alors je crois que ce "pire", en me faisant plonger et involuer, m'a obligé à approfondir et retravailler mes bases. Ce qui aura eu des effets grandement positifs. Je pense même que c'était... une chance. Un peu ardue à vivre, certes, mais chance quand même. Auparavant je réglais mon histoire d'enfance et m'interrogeais sur ma relation de couple; depuis la catastrophe j'ai pu amplement analyser mes zones sensibles et passer au scanner toute ma personnalité. Je dois bien reconnaître que je me connaissais assez peu sur bien des points. J'y ai trouvé un certain nombre de forces en devenir, pas mal de faiblesses à consolider, et une estime personnelle.

Alors oui, pendant deux ans [et plus si affinité...] j'ai sérieusement ramé pour remonter à la surface, mais ça en vallait la peine [euh.... avais-je un autre choix ?]. J'en ai chié, nom de Dieu que j'en ai chié ! Putain que ça a été dur ! Mais toutes ces erreurs que j'ai faites et les déboires subis m'ont été un très utile apprentissage de la vie.

J'ai pris mes insuffisances en pleine tronche, mais j'en ai retiré du bon.


Par contre, tant que je ne serai pas sorti, d'une façon ou d'une autre, de ma convalescence, je ne saurai pas si j'en garderai séquelles et handicaps.








Allez comprendre !




Mercredi 29 novembre


Faut que j'arrête de me mentir. Je ne suis *~°serein°~* que parce que je travaille à l'être. Parce qu'il le faut bien. Parce que la vie continue et que je vais pas me laisser bouffer l'existence par ce qui me tracasse.

Je suis artificiellement serein. C'est déjà pas si mal... mais franchement ça ne vaut pas quelque chose qui serait profondément et largement installé. Je ne sens qu'une profondeur aléatoire, et une largeur vastement trouée.

C'est une sérénité cérébrale et intellectuelle, pas suffisamment ancrée dans le coeur des émotions. Oh, il y en a bien des parts qui s'y ancrent, et de plus en plus, mais faut pas que je me leurre outre mesure.

Je ne suis pas vraiment serein parce que...




parce que...






deux choses...






merde de câlisse de ciboère de tabarnak de bordel de viarge de marde encalissée d'asti de putain de saperlipopette !







Parce que je ne peux pas gnnnnnn....




COMMUNIQUER comme je le voudrais, et je ne comprends pas pourquoi c'est devenu comme ça !





Et chercher à comprendre me bouffe le ciboulot. Ça me broute le chou !






Ma patience légendaire me coûte cher.
Nom de Dieu !




Chiasse !






Taboère...








[respire]








Bon... on s'habitue à tout, mais quand même.
Fait chier...


Et puis en plus de chercher à comprendre... toute cette énergie dépensée à me séréniser, à me dire « mais non, sois cool, t'en fais pas, laisse le temps au temps, accepte, laisse les choses se faire, lâche prise, sois zen... », c'est de l'énergie manquante pour agir plus concrètement dans ma vie. C'est con, hein ? Surtout qu'à force, ma vie... ben c'est que je suis de plus en plus dans la merde. Financièrement.

La réalité crue se rappelle à moi.

Le fruit de mon travail se trouve assez loin dans la chaine du plaisir et du futile. Or en ce moment, je sais pas si vous êtes au courant, mais les gens ouvrent de moins en moins facilement le portefeuille. Et ce qu'ils sacrifient en premier, une fois qu'ils ont payé le plein d'essence, l'abonnement du téléphone portable, les divers appareils informatiques à renouveller, la dernière télé à écran plat, et bien c'est le superflu. Ce que je vends, donc.

Il y a une importante baisse des achats dans mon secteur d'activité. Et il n'y a pas que moi qui suis touché puisque nombre de mes collègues sont dans le même cas. On est bien dans la merde !

L'an dernier j'avais commencé à me réorienter vers quelque chose qui est beaucoup plus en accord avec mes aspirations et qui me permet d'être en contact avec l'humain. Avec un vif intérêt j'ai effectué la première partie de la formation... mais je n'ai pas d'argent pour la suite. Alors hop, au placard la réorientation. Pour le moment. En attendant il faut quand même bien que je trouve autre chose puisque je ne vis pas de mon activité actuelle. Mais faire quoi ?

Je suis en train de monter un projet. Quelque chose qui me plairait mais demande du temps. Quelque chose qui n'existe pas vraiment mais qui pourrait être appelé à un développement. J'ai tout à inventer. Ça me plaît. Mais... le spectre du découvert bancaire est tout proche. J'entends le cliquetis de ses chaînes et le souffle froid de la précarité dans mon échine. Brrrr...

Je n'ai pas assez d'argent. Et cela au moment ou Charlotte est partie, me laissant tout à fait logiquement la charge (et les charges...) de la maison dans laquelle je vis. C'est moi qui l'ait poussée à me laisser me débrouiller et m'assumer. Mais je n'ai actuellement pas les moyens d'y vivre !

Ouaip... on a vendu la vieille maison où je vivais, c'est vrai. Mais l'argent n'est pas pour moi. C'est la part qui reviendra à Charlotte pour le divorce. Alors pas touche...

Il va falloir que je trouve un travail rémunérateur de toute urgence. Je guette les offres d'emploi depuis plusieurs mois, mais rien ne semble convenir à mon profil... et mes exigences. Car après avoir connu la liberté du travailleur indépendant, il est particulièrement difficile de revenir à un travail encadré par d'autres, possiblement moins compétents. Voila quinze ans que je suis "libre" dans mon organisation, quoique ne gagnant que difficilement ma vie, donc avec une liberté de mouvements restreinte... 

De plus, je n'ai pas toute latitude pour trouver un poste éloigné puisque notre dernier fils vit avec moi. Encore sept mois de paternité à domicile.

Alors voila : ces deux préoccupations font que je ne suis pas toujours serein !

Mais bon... globalement je le suis quand même.
Dans le fond. Ou en surface. Boaf... je sais pas trop.

Ça dépend des jours. Des heures.
Incertaines fluctuations.


Allez comprendre...








Rien ne presse



Jeudi 30 novembre


Ce que j'ai écrit hier, ici et , m'a fait beaucoup de bien. Je me suis lâché, libérant finalement ce qui, à l'évidence, me pèse lorsque je le garde trop longtemps en moi. Bénéfique effet de soupape, pour retrouver la paix

Peut-être qu'il est difficilement compréhensible pour un regard extérieur de me voir tourner encore autour de ce pot-là, après tant de temps.

Mais je vais vous dire: je me fous de ce qu'on peut en penser (avec tout le respect que je vous dois, le cas échéant). Mais je comprends qu'on s'inquiète pour moi ;o)


Il y a une excellente raison qui fait que mes pensées sont encore occupées à se libérer : ça m'est nécessaire.

Il y a un travail qui se fait, très important, et de temps en temps des éruptions de mots. Une extériorisation mesurée. Mes différents espaces d'expression en sont les exutoires.



Ce journal décrit un cheminement. J'y raconte une histoire : la mienne. C'est, comme il est indiqué en page d'accueil, un "roman vivant". Je n'ai aucune raison de passer sous un silence total ce qui m'anime. Et je dirais même que je le refuse ! Par souci de préservation du domaine intime j'évite de m'apesantir inutilement sur ce qui pourrait être préjudiciable. De même je m'efforce d'éviter l'aspect répétitif, qui peut être désagréable. Je tiens quand même compte de l'interaction avec vous, lecteurs, et essaie de diversifier mes sujets. Ou alors je n'écris pas.

Mais j'estime normal d'évoquer parfois ce qui agit en trame de fond dans mon existence. Parce que c'est là, parce que c'est la réalité. Et la réalité c'est qu'il me faut tout ce temps, et toute cette énergie, et toute cette concentration, pour "désinvestir" ce que j'avais si fortement investi. Aussi démesuré que ça puisse paraître.

D'ailleurs, si je l'avais si fortement investi, c'est parce que j'avais estimé que ça en vallait la peine. Et je le crois toujours.

Si maintenant je passe autant d'énergie à prendre du recul ce n'est pas seulement par rapport au choc frontal dans le mur de l'incompréhension, mais parce que je travaille aussi sur ma façon d'investir les relations de confiance, d'intimité et d'affectivité. Je ne travaille pas que sur une relation, mais sur ma façon de vivre les relations.

Moi-même je ne me rendais pas compte de l'importance de cette réflexion élargie. Elle est essentielle pour la suite de mon existence, que je voudrais vivre de la façon la plus entière possible, librement et sans craintes.

Pour le moment je n'ai aucune capacité, ni envie, d'investir une nouvelle relation affective. Je n'y suis absolument pas prêt. Ça ne m'intéresse même pas. J'ai l'esprit bien assez occupé pour cela. D'ailleurs je ne me sens pas seul et, hormis ce dont il est question, vis très bien ainsi. J'exprime là une conviction profonde.



Dès lors, rien ne presse pour ce "travail" que j'effectue. Je le ferai à fond, comme tout ce que j'entreprends. Ce n'est que lorsque j'aurai tout exploré que je serai libéré. De toutes façons je veux sortir "par le haut" de la situation dans laquelle je me trouve. C'est à dire en paix. Si je ne trouve aucune issue satisfaisante "avec", alors je pourrai , s'il doit en être ainsi, faire "sans" et renoncer définitivement à agir pour cette relation. Mais tant que, pour une raison ou pour une autre, je ne sens pas ce moment venu, je continuerai mon exploration. C'est ma façon d'être fidèle aux liens, sans limitation de durée, avec ou sans contact. Je peux m'en détacher et "oublier", en revanche je ne suis pas conçu pour les rompre.

Ma souplesse et ma patience n'ont rien à voir avec de l'inconsistance. Mes doutes, mes hésitations, ne font qu'exprimer une volonté adaptative et un souci de conciliance. A l'excès peut-être puisque je me suis égaré dans la soumission. Cependant cette "gentillesse" dissimule une forte ténacité: je vais jusqu'au bout de ce à quoi je tiens. Même si je n'en ai pas forcément une vision précise au départ, je ne lâche pas l'objectif prédéfini. Associé à cela, le souci de "faire plaisir", dans lequel non seulement je me perds mais crois aussi perdre l'estime de qui m'aime, est probablement une importante faille. Mes élans affectifs spontanés sont hélas accompagnés par des manques existentiels qui empêchent de les répéter trop longtemps sans retour. Je l'ignorais.

J'ai beaucoup "donné". J'ai trop donné. Au delà de mes ressources propres et au delà de ce qui était désiré. J'aime donner, mais j'ai besoin d'être nourri en retour. Or si je donne trop... je crée des dettes. C'est moi qui déséquilibre, en instituant excès et manque.

Je pense que mon erreur fatale se situe là. Il y a bien longtemps j'avais écrit un texte sur la réciprocité, mais je n'avais pas compris que c'est moi qui créais le déséqulibre. Il m'aura fallu le vivre, jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement, pour comprendre.

J'ai compris.


Et j'ai compris parce que je suis allé au bout des choses, au fond de moi, et que j'ai pris ma souffrance à bras le corps. Je ne l'ai pas refusée, je ne l'ai pas fuie, je n'ai pas mis un couvercle dessus. J'ai souffert de ce travail, mais si je l'ai enduré c'est parce que je le sentais nécessaire.

Je l'ai souvent écrit: de ma souffrance je tire une force, par le travail intérieur qu'elle permet.

Et là je me sens très fort. Vraiment !








Mois de décembre 2006