Septembre 2005

Dernière mise à jour:dimanche 23 octobre 2005 - Accueil - Premier jour - Archives - Message



Douleur lumineuse




Samedi 3 septembre


Ça devient difficile d'écrire ici. J'ai l'impression que c'est le journal d'un temps dépassé. Depuis que j'ai lâché prise... il perd sa raison d'être. Ou bien n'ai-je pas encore trouvé un nouveau challenge ? On verra bien...

Oh... et puis je vais vous dire... je crois qu'il y a finalement trop de... douleur... rattachée à ce journal. Et la douleur, je n'en veux plus. Je ne veux plus qu'elle me submerge. Après tout... j'ai bien su trouver une foule d'éléments positifs à ce que j'ai vécu, hein ? Chaque épreuve rend plus fort, et bla bla bla... chemin de connaissance, bla bla bla...
Je continuerai à rester positif, c'est ainsi que je veux vivre. Et que je vivrai !

C'est bizarre comme on peut contenir cette douleur en soi sans qu'elle ne détruise. Je sais que je conserve en profondeur une charge émotionnelle considérable mais qui me nourrit plutôt qu'elle ne me mine. C'est difficile à expliquer... En fait cette douleur est due à une perte, mais si j'en souffrais autant, c'est que ce que j'ai perdu était très précieux. C'est ce qui fait que maintenant la douleur restitue une lumière...

Amusant paradoxe, non ?



Dans le genre « douleur lumineuse », j'étais ce matin à un enterrement. Bon, c'est jamais très gai, et l'émotion est vite palpable. Je regardais le cercueil, je regardais la foule... et je me disais que de toutes façons nous finirions tous un jour dans les mêmes circonstances: dans une belle boite avec plein de gens autour qui pensent à nous une dernière fois. Toute la vie on répète ces cérémonies, et d'autant plus qu'on vit longtemps (ben oui, un centenaire enterre ses amis, sa famille, et tous ceux qui ont accompagné sa jeunesse).

Et en plus, à ces moments-là, y'a des gens qui trouvent un malin plaisir à évoquer le défunt, avec des textes bourrés de souvenirs tire-larmes, chacun imaginant celui qui dort dans sa boite comme s'il était encore présent. Tsss... On sourit même au rappel de ce qui pouvait passer pour un mauvais caractère. On pardonne tout à un mort...

Bon, mais c'est pas de ça que je voulais parler.
Non... c'est de cette lumière qui semble rayonner de certains personnes, même au moments les plus éprouvants. Ce sont parfois les plus proches qui soutiennent et réconfortent la parentèle éloignée ou les amis ! Et je ne sais pas s'il y a un lien, ni si c'est statistiquement vérifiable, mais j'ai remarqué que la foi semble être un puissant soutien pour certaines de ces personnes. Je parle de la vraie foi profonde, de ceux qui la vivent au quotidien tout au long de leur vie et la mettent en application. Hasard ou pas, j'ai souvent trouvé une chaleur et un élan vers les autres, une attention sincère, qui sont plutôt rares dans la vie courante. Ainsi on voit sourire et rayonner ceux qui pourraient être effondrés de douleur... Leur foi les sauve.

Moi qui ai deserté les églises depuis bien longtemps, qui écoute avec patience ce que je considère comme un folklore usé sans ressentir le moindre fragment d'émotion, je m'interroge toujours sur ce qu'est la foi (quelle qu'elle soit...). Je ne me considère pas comme athée, malgré ma prise de distance. Et sans chercher à définir quoi que ce soit de ce en quoi je crois, je sais être sensible à la spiritualité. Et à la communion des esprits.
Je regarde donc tout cela de loin, avec méfiance, car je sais toutes les dérives d'un endoctrinement, aussi pacifiste et humaniste se prétende-t-il. De toutes façons, je n'aime pas ce qui tend à réduire les individualités... Il n'empêche que je suis fasciné par la foi qui nourrit et porte au devant des autres. Celle qui illumine les regards et réchauffe les coeurs.

Et... depuis que j'ai eu accès à certains dimensions de l'amour, que je qualifie volontiers de "spirituelles", je sais que cela me donne à la fois une force, une sérénité, et une foi en moi. Tout cela me porte lorsque le doute pourrait m'envahir...

Je... crois que l'amour de l'autre à un rapport avec une foi en quelque chose.







Rien ni personne




Lundi 5 septembre


«Rien, vraiment rien, personne, vraiment personne, ne m'empêchera d'aller jusqu'au bout». En voila de la détermination! Est-ce moi qui aurait écrit ça un jour ici ? Non, c'est Nicolas Sarkozy , entendu ce matin à la radio. Fallait l'entendre, détacher les mots en les appuyant fermement afin d'être vraiment compris... Voila un gars qui sait ce qu'il veut !
On a un point commun, lui et moi: la séparation conjugale. Et c'est en faisant allusion aux commentaires d'une certaine presse à ce sujet qu'il a fait cette déclaration. Bon, je vous parie qu'il va mener ça plus rapidement que moi. Ouais, c'est certain, on a ni la même envergure, ni les mêmes ambitions. Ni les mêmes méthodes... Il n'empêche que cette petite phrase m'a secoué dès le réveil.

Il est certain que je n'ai pas cette force de caractère [côté ambition, je me mesure là à un adversaire tout de même assez coriace...]. Ma lenteur évolutive est notablement... lente. Je reconnais volontiers que je ne m'étais pas rendu compte de l'ampleur de ce qui m'attendait. Je savais que ce serait difficile... mais pas à ce point. Je n'avais pas conscience non plus (et surtout...) que je serais seul pour l'accomplir, malgré les divers encouragements qui pourraient se présenter. Et là où je me suis complètement fourvoyé, c'est en comptant sur le soutien de mes partenaires. J'étais beaucoup trop dans une illusion de "nous"... qui n'existait pas vraiment. Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre que Charlotte, compagne depuis toujours, cette fois ne me suivrait pas vers ce chemin. Et encore davantage pour accepter le rôle décroissant de nathalie dans le soutien qu'elle pouvait m'apporter. Plus j'avançais vers mon chemin personnel... moins elle pouvait m'apporter une aide. Dans les deux relations les divergeances allaient s'accroître. Ce qui est absolument normal et correspond aux contours des personnalités de chacun. Et peu à peu je me suis retrouvé seul sur mon chemin de vie. Comment aurait-il pu en être autrement ? 

En fait, ce que je voulais vivre était mal défini (grosse différence avec les ambitions de Sarkozy...), et je ne pouvais l'engager qu'en étant "élément moteur". Je n'avais pas compris qu'il faut compter d'abord sur soi, y compris pour vivre une relation à deux. J'attendais trop un travail conjoint et un soutien continu. C'est là que je me suis complètement planté.

J'étais seul pour toute une part de mon travail d'émancipation. Je le suis toujours, et davantage, mais maintenant je le sais. Je peux adapter mon évolution à cette marche solitaire. Avancer pour moi, pour un objectif de vie personnel, et non pas vers une personne avec qui je désire le vivre. La nuance est de taille... Parce que dans le second cas je suis automatiquement dépendant des réactions de ladite personne. Et si elle a des craintes, cela se répercute forcément sur mes propres doutes en ralentissant mon avancement.

Je suis certain que Sarkozy ne doute pas de lui...
D'un autre côté... euh... je ne suis pas sûr de vouloir lui ressembler...


Voila encore un enseignement très positif que je retire de cette aventure.
Mon objectif de vie se dessine au fur et à mesure de mon avancement et je m'adapte du mieux que je peux.




« Etre libre, ce n’est pas pouvoir faire ce que l’on veut, mais c’est vouloir ce que l’on peut. »
Sartre






Terre et racines




Mercredi 7 septembre


Vous savez quoi ? Il paraît que je ne suis plus en couple ! Si si, j'vous jure ! Et on ne m'en avait rien dit...
Naaan, j'déconne là... on me l'avait dit. Mais je l'avais pas compris [ben oui, pas la peine de faire ces yeux ronds !]. Je crois que vais bien être le dernier à accepter cette évidence. J'ai la caboche dure, quand il s'agit d'accepter certaines choses.

Du coup je capte mieux l'étonnement de nos connaissances quand ils nous voient encore ensemble. Ça fait des mois que Charlotte me dit qu'à ses yeux nous ne sommes plus un couple, mais pour moi ça ne m'était pas rentré dans le crâne. Non que j'ai des vélléités de retour en arrière, mais plutôt parce que... il n'y avait pas tant de changement que ça. Ouais, bon, on habite chacun de notre côté, on ne fait plus l'amour, on ne s'embrasse plus... On est comme des copains quoi. Mais à part ça... ben on est toujours proches et "attachés" (affectivement) l'un à l'autre. Comme des frère-soeur. Dans le fond, le lien reste presque intact...

Presque... oui, mais c'est ce « presque » qui fait toute la différence avec un couple. Nous sommes un ex-couple.

Je viens de le réaliser...
Nous sommes un ex-couple !
Et pourtant, voila fait plus de deux ans que j'ai décrit cela, ici même. C'est dingue ce temps qu'il me faut pour que les choses pénètrent en profondeur ! Là c'est Charlotte qui a de nouveau manifesté un besoin impératif de séparation claire, me rappellant au passage que la situation actuelle n'est que transitoire (je le sais, mais bon...). Alors que de ma part ce besoin de séparation n'est pas aussi net. Et hier c'est ma psy qui m'as mis devant cette évidence, que j'ai moi-même énoncée avec conviction devant elle: nous ne sommes plus un couple.

Rigolez pas... c'est pas du tout évident d'accepter une chose pareille quand toute une vie d'adulte a été construite sur cette base. Même si je le "sais" depuis longtemps, d'ici à ce que je le "ressente", il faut du temps. Passer du cérébral aux profondeurs émotionnelles.
Et puis il est fort probable qu'auparavant ces constats m'étaient surtout utiles pour me libérer, sans que je cherche à les intégrer en tant que tels. J'étais davantage dans un "vers nathalie" que dans un "constat de fin de couple"...

Du coup on en a reparlé avec Charlotte, pour se redire les évidences: notre histoire commune est parvenue à son terme. On a fait un joli bout de chemin ensemble, c'était bien, on ne regrette rien, on s'aime encore, mais nos désirs ne correspondent plus. « Désir » dans son sens le plus large.

En fait, si j'ai du mal à accepter cela, c'est parce que je porte une culpabilité répétitive, dans le genre disque rayé: celle de l'avoir "abandonnée"... Celle d'avoir changé de chemin, d'avoir choisi le mien, que je savais devenir sans elle. J'étais bien prévenu, avant le point de non-retour du passage à l'acte et de ses réitérations. Et pourtant j'ai poursuivi...

Je l'ai "lâchée"... (ou libérée ?). Depuis c'est elle qui me "lâche" (et me libère...). En fait on ne se lâche pas, on sépare nos routes parce que nous avons tous les deux autre chose à vivre.




Maintenant je cerne beaucoup mieux les raisons qui m'ont attiré hors de ce couple qui n'en était plus vraiment un. Il y avait un très fort désir de vivre selon mes aspirations, et donc de me libérer de tout ce qui me maintenait "attaché": couple, métier, enfance. Au delà, il y avait surtout un désir inconscient de mouvement, de libération de moi-même. Avancer, oser être et oser vivre. Cela à commencé par l'amour, parce qu'il donne la force nécessaire pour initier un changement. Il y avait conjointement, venu de très très loin dans mon histoire, le désir brut de partager une amitié authentique (et sans limites...). Mais il n'y avait pas que ça.
En fait ma vie était en panne depuis plusieurs années déjà.

Maintenant, après l'année d'errance constructive qui a suivi un premier envol raté et ratatiné [image: les premiers aéroplanes de toile et de bois qui, après un envol pataud et hésitant, rejoignaient brutalement le sol en se fracassant...] j'ai rassemblé de nouveau mes forces pour découvrir et vivre selon mes désirs. C'est la seconde tentative et il vaudrait mieux ne pas me planter de nouveau.




Ces derniers jours j'ai nettement senti le risque d'être saisi par l'encroutement, parce que le mouvement se figeait faute d'objectif. Je connais trop cette somnolence confortable, celle qui a engourdi notre... ex-couple, en panne de projets communs. Maintenant que je suis seul, je dois trouver une motivation nouvelle qui ne dépende de personne. C'est tout ce travail qui opère progressivement, conjointement aux deux histoires amoureuses desquelles je dois tirer des enseignements. Puisque l'une d'elle est désormais largement éclaircie, je peux mieux me consacrer à l'outil de ma liberté: l'indépendance financière, qui passera par un indispensable déracinement.

Car ce dont je prends peu à peu conscience, c'est que l'entièreté de ce mouvement de libération consiste à trancher les racines qui le retiennent dans la terre nourricière: parents, épouse, métier... et peut-être cette terre elle-même. Terre et racines, c'est assez signifiant pour moi...
C'était mon besoin vital d'autrefois, et j'avais même fait de la métaphore ma raison de vivre.

Mais c'est fini. J'ai d'autres besoins. Si le désir, le mouvement, l'élan, l'appel du large, ont été si puissants, c'est qu'il était vital que quelque chose évolue. Je dois me sevrer de ce qui m'a nourri. Je le dois si je veux grandir indépendamment. Il n'y a pas d'alternative.

Alors je continue à trancher. Avec précaution, parce que je suis ainsi fait.








10, 11, 12 septembre



Il y a deux ans.








Juste pour toi et moi.







Sereine tristesse heureuse




Mardi 13 septembre


« Autoportrait homme calme heureux confiant perseverant ». C'est cette suite de mots-clés qui a orienté un lecteur (ou une lectrice cherchant son homme idéal...) vers ce journal, via un moteur de recherche. Je me voyais volontiers comme ça il y a quelques années.
Et maintenant ? Euh... oui, aussi. Mais... disons que je reviens vers cet état de sérénité, après passage en zone de turbulences ayant fortement sollicité les qualificatifs susmentionnés (sauf la persévérance, assez immuable). Entretemps j'ai changé en profondeur, et je me suis aguerri. Quoique c'est loin d'être terminé...

Remarquez, il y avait aussi d'autres séries de mots-clés qui complètent bien la première: « amour adulte et discipline ferme ». Le terme "discipline ferme" quasi-militaire, me semble assez parlant, tant le niveau d'exigence que j'essayais d'atteindre d'un seul coup était élevé. J'ai appris à modérer mes ardeurs, à temporiser. Chaque chose en son temps... Quant à "amour adulte", je n'en suis pour le moment qu'à l'adolescence...
Il y avait aussi « être bloqué en amour », et là je trouve particulièrement pertinente la réponse de Google ou autres: bienvenue sur ce journal ! En fait je ne suis pas bloqué, je suis pris dans un entrelacs de fils que je dois suivre et dénouer un à un, comme un immense plat de spaghettis. Travail qui demande précisément "calme et persévérance"...

Suis-je heureux ? Et bien je crois que je peux de nouveau dire oui ! Heureux de parvenir à un état de relative sérénité et de paix. Heureux d'avoir trouvé que ma vie ne m'allait plus et qu'il fallait évoluer vers quelque chose qui corresponde mieux à mes aspirations. Le travail commence à porter ses fruits. Et même si la réalité des choses est moins aisée à vivre que ce qui se passe dans le mental (c'est tellement facile, en théorie...), je ne peux qu'être satisfait des résultats. Ce n'est pas encore vraiment opérationnel, mais je suis confiant.

Confiant dans mon avenir, dans ma capacité à me réinsérer dans la vie et à poursuivre mon mouvement vers les autres. J'accepte mes limites, que je connais de mieux en mieux. J'accepte aussi les limites des autres, et l'impossibilité parfois de se rejoindre sur certains terrains. Le fait de mieux me connaître me permet de ne pas moins me laisser entraîner vers des voies qui ne sont pas les miennes.



Tout va bien, donc ?
Oui, pas si mal. Même si une conjonction de faits et de mots venus de divers horizons m'ont de nouveau porté vers les larmes, ces derniers jours. Renoncements et acceptations, qui mènent à la sérénité du détachement, passent parfois par la tristesse. Mais la tristesse sereine qui accompagne le lâcher prise est le point de départ d'un bonheur à venir. Comprendre et se libérer pour continuer le chemin...








Faire de l'erreur une chance




Samedi 24 septembre


J'écris moins ici. C'est logique et correspond à ce que j'avais senti se profiler il y a quelques mois. Pour diverses raisons j'ai choisi de prendre de la distance par rapport au compagnon de route qu'aura été ce journal. Il est devenu souvent plus encombrant que salutaire à cause de certaines restrictions devenues nécessaires. Et sans savoir si c'est une cause ou une conséquence liée à cet éloignement de la mise en mots publique, je constate que pas mal de choses ont changé dans ma tête ces dernières semaines. J'ai pris un certain recul en accédant à des niveaux de conscience trop longtemps refoulés, parce qu'inexprimables. Je me sens beaucoup plus lucide sur l'ensemble des évènements récents de ma vie.

J'avais atteint plusieurs des limites de l'analyse écrite et publiée, ainsi que celles de la transparence émotionnelle: j'en disais "trop". Davantage que ce que je pouvais assumer sous des regards extérieurs. Ce que je découvre de moi maintenant est à la fois très personnel et trop universel pour que j'essaie de le transcrire: des livres de spécialistes le décrivent beaucoup mieux que je ne le ferais. J'en suis au socle commun à tous, aux fondements des comportements psychologiques et relationnels. Il y a tant à comprendre sur l'interaction qui les relie indissociablement... et il faut tellement de confiance pour en parler au "je", que la modestie et la discrétion deviennent préférables. Je crois avoir désormais le vécu suffisant pour intégrer pleinement nombre de choses que je ne comprenais qu'intellectuellement. Même s'il me faudra encore et encore du temps...

Et puis... honnêtement, je ne ressens plus la même nécessité de raconter le détail de que je comprends de moi ou de mes rapports aux autres. J'ai grandi. Je n'ai plus besoin de regards bienveillants (supposés comme tels...), et de beaucoup moins d'encouragements à perséverer dans ma démarche. J'ai confiance en mes objectifs...
Peut-être que ma prise de distance correspond aussi à l'apparition d'un besoin d'intimité ? Garder en moi ce qui ne concerne que moi, et ne me dévoiler que partiellement, selon le sens des échanges et les personnes avec qui je les ai. Une sorte de prudence afin que la confiance donnée ne devienne jamais une menace. Mieux cerner ce qu'il est important de dire ou de taire.

Il y a enfin le fait que de larges parts de mes questionnements existentiels se sont simplifiées, rendant inutile leur analyse. Je suis en paix dans ces domaines-là, qui auparavant me faisaient remplir des pages d'écriture. Je sais bien mieux ce que je veux faire du sens de ma vie, et comment agir pour atteindre mes objectifs.

Tout va dans le bon sens, donc...




Pourtant je ne saisis pas encore très bien toutes les répercussions de ce que j'ai vécu depuis quelques années, et notamment depuis un an. Il me faudra encore du temps pour comprendre ce qui doit l'être. Mais il est certain que la rencontre de celle par qui ma vie allait être profondément bouleversée, puis la tournure prise ensuite par les évènements, auront été infiniment riches de découvertes. Expérience de vie comme je n'en vivrai sans doute que très peu, si ce n'est aucune autre.

J'ai peu à peu compris que je devais tout accepter de cette rencontre, le meilleur comme le pire, la douceur comme la douleur. C'est l'ensemble du processus qui me fait grandir. Le meilleur m'a donné l'impulsion nécessaire, le pire a mis à jour tout ce qu'il me fallait corriger. Les erreurs que j'ai faites, une fois analysées et comprises, sont autant de points d'appui pour rebondir.
Dire que je suis parfaitement heureux de ce par quoi je suis passé serait *légèrement* abusif... mais il y a un peu de ça. Disons que j'en accepte entièrement les conséquences. Acceptation longue, jour après jour, mois après mois, mais ça s'installe. Je décroche toutes les cordes que j'avais lancées trop loin pour revenir à quelque chose de plus en rapport avec les objectifs des personnes avec qui j'ai envie de partager ma route. Je m'adapte, je cherche les compromis possibles afin que tout le monde y trouve son compte. Cela ne peut passer que par une diminution du niveau d'exigence, issue d'une reflexion sur sa pertinence en fonction des objectifs de vie. Du genre: « il faut savoir ce que l'on veut, vouloir ce que l'on peut... et s'en donner les moyens ». Le temps d'obtention en faisant partie...

C'est surtout la rencontre de l'altérité que m'auront enseigné ces années, dans tout ce qu'elle peut signifier de ressemblances et de dissemblances. Ce qui rapproche et éloigne, quel processus le produit, et comment tenter d'en garder une part de maitrise si cela en vaut la peine.




Par un hasard qui n'en est pas un, la formation professionnelle que je suis actuellement n'est pas sans lien avec ce parcours de vie. J'apprends actuellement les bases de différentes méthodes pédagogiques de transmission du savoir. Elles s'établissent par une réflexion initiale sur les objectifs que se fixe le formateur, afin de répondre le plus adéquatement à ceux des apprenants. Cela passe par une écoute attentive et un échange. Et durant l'acquisition des savoirs, il est nécessaire de s'assurer que l'on répond bien à ces objectifs. Cela passe encore par de l'échange.
Le maître-mot est donc "communiquer", dans le but d'un transfert de connaissances, de compétences accrues. Avec l'idée que ce qui compte n'est pas seulement de transmettre un savoir, mais bien qu'il soit acquis. Quelle que soit la méthode pourvu qu'elle soit efficace.

L'une de celles qui m'a semblé la plus intéressante consiste à mettre l'apprenant en situation d'échec. C'est à dire à le mettre face à une "situation-problème" qu'il ne peut pas vraiment résoudre avec les connaissances dont il dispose. La déstabilisation qui en découle suscite une remise en question des connaissances, un bouillonnement d'idées duquel quelque chose de nouveau peut apparaître. Le but étant de faire comprendre qu'il faut acquérir des connaissances supplémentaires, et le désir de le faire. Pour cela il ne faut pas viser un objectif trop lointain, qui serait décourageant, ni trop proche, qui ne serait pas motivant. Il faut aussi du temps. L'apprentissage se fera par tâtonnements, avec des erreurs, puis un guidage. Mais les erreurs ne sont pas vues comme une faute, quelque chose de "pas bien". Au contraire elles sont l'exploration par l'expérience des impasses.
Cela ressemble beaucoup à ce que j'ai vécu ces dernières années dans ma démarche d'émancipation...

Je n'irai pas plus loin dans l'explication (lire un manuel sur les méthodes pédagogiques), mais ce qui a très vivement retenu mon attention, c'est cette idée d'erreur constructive. Je l'avais bien admise depuis quelques temps, mais sans avoir aussi bien compris le sens, ni surtout à quel point cela allait éveiller de résonnance: à mes yeux l'erreur est/était teintée de l'idée de faute. De "pas bien". Souvenirs de la notation scolaire et des points qui se retirent à chaque "faute", jusqu'à un potentiel zéro, synonyme de nullité. Evaluation au sens de jugement: bon/mauvais. Dans ma tête, faire une erreur est à éviter absolument. Je n'ai pas la culture de l'erreur constructive, bien au contraire. Dans ma vie l'erreur était destructive. Pour mon père (et ma mère qui le suivait aveuglément...) l'erreur, la faute, induisaient la sanction. La menace était clairement formulée: « si tu ne fais pas ça, si tu ne comprends pas, si tu ne vas pas assez vite... alors sanction ». A coup de fessées, de punitions, puis de brimades dénigrantes. D'où une évidente peur de l'erreur... Excellente méthode pour tuer la confiance en soi d'un enfant.
Pas étonnant qu'il m'ait été difficile d'oser être moi avec une pareille construction mentale. J'ai appris la docilité en éteignant ma spontanéité, bien trop "dangereuse". Oser tâtonner pour trouver ma voie m'exposait forcément à des erreurs, donc à une forme de rejet, perçue comme du désamour. En condensé ça donne: être moi fera qu'on ne m'aime pas.

Voila pourquoi j'ai eu tant de difficultés à aller de l'avant, malgré une "compréhension" de ce que je devais oser faire pour cela. Il me fallait beaucoup de temps pour déconstruire ce mode de raisonnement. La peur de l'erreur, de l'échec, puis du rejet m'ont maintenu dans un état d'entre deux, à demi-émancipé mais sans la capacité à aller au delà. Notamment parce que des deux côtés de mes relations il y avait menace de "sanction" (assimilé à cela par moi). « Si tu... alors... » réactivant un comportement de crainte.. Cela se combinant bien sûr avec l'histoire personnelle de mes partenaires, et leurs propres craintes, plus ou moins bien identifiées et/ou exprimées.

Je ne livrerai pas ici la totalité de l'analyse de "l'échec" (constructif !) de ma relation amoureuse, mais j'en donne là un des éléments fondamentaux. Si ça peut servir de piste à quelqu'un parmi ceux et celles qui me lisent...

Il y a évidemment eu bien d'autres découvertes au fil des derniers mois, mais je ne désire plus les énumérer ici. L'important est qu'elles soient acquises.




Il est à noter, pour ceux que le cheminement personnel d'un individu intéresse, que les "hasards" de la vie me ramènent vers ce par quoi je me suis perdu au sortir de l'enfance.  En étudiant maintenant la pédagogie, en me préparant à transmettre un savoir basé sur la communication et le respect de l'apprenant, en découvrant le sens de l'erreur... je me retrouve face à mon passé. Comme pour le réparer. Tout comme en devenant père j'ai changé mon regard de fils...
Le sens de ma vie m'oriente vers la transmission d'un savoir, et surtout celui de mieux communiquer dans le respect de l'alterité. Car à l'évidence c'est davantage ce qui m'intéresse que le contenu de mon savoir professionnel. Et le détour que j'ai fait en entrant dans une relation amoureuse qui m'aura permis d'entendre ce qui était vraiment en moi aura été essentiel pour faire émerger tout cela. Depuis longtemps je sais que cette rencontre était pour moi exceptionnelle, unique, et "vitale" (dans le sens qu'elle changeait toute ma vision de la suite de mon existence). Même si je ne m'attendais pas (mais n'en avais-je pas le vague pressentiment inquiet ?) à ce qu'elle aille vers la direction qu'elle a fini par prendre...




Je serai très occupé dans les trois semaines à venir, travaillant même les week-end et souvent en déplacement. Je n'écrirai donc probablement pas. J'informe quand même ceux qui ne l'auraient éventuellement pas découvert que si j'interviens moins souvent sur ce journal, en revanche j'écris plus fréquemment sur mon carnet. Autre type d'écriture, plus légère et anecdotique. J'ignore encore comment évolueront ces deux supports complémentaires.





Mois d'octobre 2005