Mars 2005

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Un si long hiver




Jeudi 3 mars





Alors qu'ailleurs il neige, jusqu'en bord de mer, dans nos montagnes il fait beau. Inversion des habitudes...


Mais qu'on ne s'y trompe pas. Ici, avant le soleil, tout était blanc depuis longtemps, dans le silence d'un froid mordant.


Je profite de l'éclat matinal pour observer les mouvements figés d'une nature éphémère.

La trace de vagues de résistance, qui n'ont pu que s'éroder sous le souffle glacé.

De nouveaux reliefs sont apparus, dans lesquels l'ombre et la lumière s'opposent.


Ils masquent et déforment le fond sur lequel ils se sont accumulés.

En regardant de près, on voit étinceller, fragile, la douceur d'une fourrure gelée.


Aucun contact ne peut effleurer ses plis bleutés sans en altérer la texture.

Quelques brins givrés conservent pourtant le lien entre la terre et le ciel.


En un improbable mikado vertical, ils s'obstinent à dessiner des signes.

Plus haut, l'ombre d'un vieil arbre me couvre en convergeant vers un tronc solide. Il semble s'être penché vers le soleil en mouvement, au détriment de son équilibre.
Après m'avoir observé immobile, un chevreuil effarouché disparait parmi les troncs. Le froid n'a pas engourdi son agilité.
Mes pas laissent leur marque dans ce désert blanc que nul autre n'a arpenté.

Bientôt il n'en restera plus de trace et personne ne suivra ce passage solitaire.





Car aussi acéré que soit le froid il finit toujours par s'effacer. Même la raideur cristalline n'est qu'une dague illusoire.



La neige devenue glace dure finira toujours par revenir à sa fluidité naturelle.


Par alternance de jour et de nuit elle se transforme et cède en une source nouvelle.

Sur les pentes exposées au soleil l'herbe apparaît déjà depuis quelques jours.


Avant-goût d'un retour à l'état antérieur. Bientôt toute la neige aura fondu. Ce n'est qu'une question de patience.

Car aussi longtemps que dure l'hiver, et aussi glacial qu'il soit, il est certain qu'un printemps refleurira.


Et si cette fleur se fait griller le bout du nez en sortant un peu trop tôt, comme celles qui l'ont précédée, d'autres prendront la relève.




Inspiré, écrit, et mis en page d'après le style original de l'Incrédule ®











Envie de changement





Samedi 5 mars


Mon rapport avec ce journal se modifie. Régulièrement je me demande jusqu'à quand je vais continuer à écrire ici comme je le fais depuis quelques années. C'est le signe que je ne me sens plus vraiment à l'aise dans cette introspection publique [l'ai-je jamais été?]. Je sens, je pressens, que quelque chose pourrait [devrait?] changer. J'ai parfois l'impression de voir le bout d'une démarche qui m'a été nécessaire mais qui deviendrait obsolète. Voire néfaste. Car si mon "travail" auto-analytique m'a permis d'avancer considérablement dans la connaissance de moi, il présente l'inconvénient majeur de rester dans le conceptuel.

Il se produit donc un décalage entre ce que je sais et ce que je fais. L'intellect a compris, mais pas l'émotionnel. Il est plus lent [ah ben déjà que l'intellect n'est pas rapide...]. C'est un peu comme si je me livrais à une course de vitesse vers la connaissance théorique des phénomènes inconscients qui m'animent, mais sans être en prise avec la réalité. Comme un chercheur qui ne prendrait pas le temps de mettre en application ses découvertes. Qui n'en vérifierai pas la validité par l'expérience, ne pouvant donc améliorer ce qui ne convient pas. L'écriture introspective, en donnant l'illusion d'avancer, dilue le passage à l'acte. Il me faut donc rester vigilant afin de ne pas me déconnecter de la réalité. Or ce journal a parfois lourdement mobilisé ma pensée. J'étais davantage préoccupé par la consignation de mes "découvertes" que par le travail pratique d'intégration. Ma démarche était «ça c'est important, il faut que je l'écrive», plutôt que «comment agir pour changer?».

Bon, je ne renie pas ce travail d'écriture et d'analyse, mais je sens que maintenant il me faut poursuivre de façon plus active. Le mécanisme de pensée est en place, les choix ont été faits, le changement est une question de mise en actes. Sortir de l'intellectualisation, cesser de vouloir tout consigner. Vivre plutôt qu'écrire ce que je veux vivre. Passer du... virtuel au concret

Le point positif de tout ça, c'est que j'en sois arrivé à le comprendre [euh... oui, mais je suis encore dans l'écrit, là...]




Je ne vais pas cesser d'écrire, mais j'aimerais écrire différemment. Peut-être en m'extrayant de ce regard égocentré. Rouvrir mon horizon, chercher à élargir mon propos. Et puis intervenir moins souvent. Ou moins longuement, moins précisément. J'sais pas... mais j'aimerais trouver autre chose.

A moins que... plutôt que de l'écriture en elle-même, le malaise que je ressens parfois vienne surtout du regard des lecteurs? Car c'est ce regard qui me bouscule. Je ne peux écrire avec la même spontanéité que dans un journal intime privé. Je ne peux faire abstraction, en particulier lors des écrits les plus intimistes, de ces regards derrière mon épaule. C'est pourtant ce regard là qui joue un rôle essentiel dans ma démarche. Justement parce qu'en faisant attention à ce que j'écris, en mesurant le sens de mes mots, je me contrains à une précision que l'écriture libre n'aurait pas.

[Le regard des autres? Mais je suis au coeur de mon sujet là! C'est ce que je suppose de ce regard qui fait que je n'ose pas être moi-même]

En fait j'ai commencé à écrire en ligne avec un lectorat très réduit, au sein d'un petit cercle de lecteurs ou écrivants-lecteurs. Dès le début ce regard était dans mes préoccupations. Mais l'ambiance qui régnait alors entre les diaristes francophones était plutôt feutrée et relativement conviviale. Jusqu'à ce que le développement accéléré des écrivants en ligne suscite des tensions qui ont abouti à la désintègration du microcosme dans lequel je m'étais inséré, lui-même étant déjà beaucoup plus élargi que celui des pionniers du diarisme (dont bien peu survivent encore). J'ai fini par comprendre que l'intimisme sur internet impliquait... de ne plus s'impliquer dans la moindre action publique. Ne pas attirer l'attention sur soi. Se mettre à l'abri des regards "connus", ne surtout pas devenir "visible" [un comble, sur internet!]. Pour moi l'intimité n'est libre que sous anonymat total. On peut se foutre à poil devant une foule... du moment que personne ne peut nous reconnaître et qu'on n'est pas le seul à le faire. Ainsi, après avoir abandonné toute participation active dans le milieu du diarisme, dont les nouvelles règles d'échange étaient inconciliables avec ma forme d'écriture intime, j'ai pu retrouver une relative sérénité.

Mais je n'avais pas vraiment pris en compte le nombre croissant de lecteurs. La concrétion a eu lieu surtout lors du développement de ma relation amoureuse avec une autre diariste (avec désaffection progressive lorsque la belle histoire a perdu son côté magique...). Lancé dans un processus enthousiaste de narration tout autant que de découverte, je n'ai pas prêté attention à tous ces regards et au poids qu'il prenaient du simple fait du "roman en direct" que je racontais. Je n'avais pas mesuré qu'en attirant ainsi l'attention je me piégeais en cas de déconvenue. L'intimité de ma douleur s'est, du même coup, trouvée surexposée. Il m'a fallu du temps pour comprendre que je me faisais du mal en divulguant sans pudeur mes découvertes, mes errements ou ma souffrance. Et puis bon... je sais bien que j'écrivais aussi [et surtout...] pour celle qui suscitait autant de bouleversements intérieurs. Je me demande même si ce journal n'était pas devenu une sorte de lettre publique...
Mais autant une déclaration amoureuse peut être touchante, autant la souffrance amoureuse me paraît gênante, déplacée, et son expression virer rapidement au pathétique.
Vous aurez donc remarqué, ô fidèles lecteurs et lectrices, que je n'évoque plus que rarement cette relation amoureuse. Ce n'est évidemment pas un signe d'oubli, pas plus que ce serait significatif d'un renoncement. Mais j'ai compris qu'il était devenu nuisible que j'en parle. Pour moi et pour ladite relation. 
Si vous êtes sages, un jour je me livrerai peut-être à une analyse plus complète des conséquences de cette dérive de la transparence intime. Car tout cela a joué un rôle non négligeable dans nos difficultés relationnelles. Nos journaux ont fini par perturber gravement notre relation, alors que c'est par eux qu'elle s'est si merveilleusement développée. Ou plutôt: c'est par l'interaction de nos journaux qu'est apparu un problème de communication, dont je mesure peu à peu la part qui me revient. Les journaux n'ont été que des révélateurs. Là encore je ne peux que tirer de mes déconvenues des enseignements positifs sur le principe de sincérité, en l'élargissant aux relations en général. J'y reviendrai prochainement, le sujet étant d'importance.

Là encore, je vois tout le côté positif de cette prise de conscience exercée par l'écriture. En allant "trop loin" j'ai mieux appréhendé mes limites et cerné un des éléments-clé de mon problème relationnel.




J'ai donc souvent pataugé, sous des regards [supposés...] de portée variable, dans le marasme de mes complications existentielles. D'ailleurs, il n'aura pas été inutile que je dégringole aussi bas: je me suis vu laid. Je crois que je ne le serai jamais plus de cette façon. Ce que j'ai vécu, je ne le revivrai plus. Une fois m'aura suffi. Normal... le but était de me comprendre. Fallait bien que ça sorte pour que je constate les effets de cet étalage et en comprenne les raisons. Jusqu'à constater que quelque chose n'allait plus du tout dans mon écriture. Je me sentais mal à l'aise. Beaucoup trop impudique. Beaucoup trop... pitoyable. Symptômes flagrants d'une inacceptation de ce que je vois de moi, d'une disharmonie intérieure. Le problème n'étant pas que je le montre, mais que je le vive ainsi. Ce n'est pas la transparence qu'il faut éviter, mais de ne pas l'assumer. De ne pas s'accepter.

Depuis, j'ai envie de retrouver un peu de contenance. Un minimum de dignité, avant tout vis à vis de moi-même.

C'est pour toutes ces raisons que je m'interroge sur la forme que pourrait prendre ce journal. J'aimerais séparer l'intime de ce qui se veut un peu plus réfléchi et généralisable. Peut-être en fractionnant en différentes rubriques?
Je préférais, initialement, suivre un déroulement chronologique linéaire, avec l'enchainement naturel des thèmes abordés. Je me demande maintenant si cette formule me convient. Je songe à séparer toute la part intime, la mettre dans un petit coin un peu plus secret. Voire même (j'y ai souvent pensé) à écrire ailleurs, sans lien avec ce site.


A suivre...



[J'avais pas dit que j'écrirais moins?]






Ici aussi la neige est revenue ouater le paysage...










Moi, selon moi




Dimanche 6 mars


Allez... écrire, encore. Tant qu'il est temps. Tant que j'ai le temps. Solder les comptes, terminer les affaires en cours. Mini-bilans de chaque thème abordé avant de passer à autre chose [le ferais-je? Je ne sais pas encore... Je crois que ce serait une bonne chose].
Aujourd'hui le coté vie professionnelle. Evidemment pas sans corrélations avec ma personnalité globale, donc avec une possibilité de double lecture...

J'ai eu un entretien il y a quelques jours, suite aux tests d'orientation que j'avais passé. Globalement les résultats sont conformes à ce que je pressentais. Pas de surprise majeure, quoique certaines certaines tendances étaient inattendues.

Euh... bon, je mets ça en ligne alors que ça n'intéresse que moi, mais pourquoi pas? Après tout, l'ensemble de mes écrits ne fait que dévoiler une personnalité, et il faut croire que ça intéresse ceux qui me lisent. Voila une façon de me "photographier" sous un angle nouveau, vu à travers des tests censés avoir une relative objectivité. Et puis bon... ça peut donner des idées à ceux qui se posent des questions sur l'adéquation qu'ils ressentent entre leur métier et leur personnalité.
Hop, ça suffit les justifications: je le mets en ligne parce que j'ai envie. Point.



Le premier test est un classique, très utilisé [Test de Holland "RIASEC"]. Pour ce qui est de mes «Tendances et intérêts professionnels», je me découvre ainsi à prédominance "artiste" (7, sur une échelle de 1 à 9), puis "social" (6/9), et enfin "investigatif" (5/9, ce qui correspond à la médiane). Artiste Social Investigatif. En revanche les types "réaliste" (pourtant typique de mon métier), "entreprenant" et "conventionnel" sont minorés (4/9).

J'indique en gris foncé gras les passages qui semblent me correspondre, en gris clair ceux dans lesquels je ne me reconnais pas.


«Les personnes de type "artiste" sont très axées sur la liberté, l'originalité, il est très important pour elles de pouvoir exprimer leurs émotionsElles préfèrent des activités non systématiques, spontanées, qui leurs permettent de créer. Cette création peut se faire sur des supports très divers. Ces personnes de type "artiste" se basent beaucoup sur leurs impressions, elles utilisent leur fantaisie et leur intuition lorsqu'elles doivent trouver des solutions(quelque soit la nature du problème posé). Elles préfèrent les domaines artistiques: musical, littéraire, spectacle,... et toutes les activités qui sont créatives par nature. Ces personnes n'aiment pas les contextes rigides, réguliers. Les règles, règlements de toute sortes leurs pèsent et entravent leur créativité, elles ont besoin de beaucoup de souplesse. Elles sont perçues comme sensibles, émotives, intuitives, impulsives et flexibles et sont nettement plus originales que les personnes appartenant à chacun des autres types.»

Je me reconnais très largement dans ce type, que je ne pensais pourtant pas voir apparaître en dominance (en fait je n'avais aucune idée des résultats). J'y associe l'idée d'esthétique, d'harmonie, que j'essaie toujours de trouver ou réaliser dans ce que je fais. Et pour le côté créatif, peut-être l'écriture?




«Les personnes de type "social" ont un réel "talent" pour entrer en contact et traiter avec les autres individus, elles échangent très facilement et avec beaucoup de plaisir. Le sujet des discussions importe moins que le fait d'avoir l'occasion d'échanger. Ces personnes ont besoin de nombreux contacts qui peuvent avoir des formes différentes, ainsi elles aiment enseigner, écouter, conseiller, soigner. En règle générale elles ont une bonne écoute et aiment aider les autres. De ce fait elles préfèrent des domaines comme l'enseignement, les soins, l'aide sociale... Ces personnes de type "social" sont perçues comme sociables, chaleureuses, coopératives, généreuses, elles se sentent concernées par le bien-être de tous et en particulier par l'aide aux personnes en difficulté

Cette dominance est à moitié surprenante. La prise de conscience en est très récente, parce que je me suis longtemps considéré comme étant "asocial" au vu de mes difficultés à entrer en contact. Je sais maintenant que cela est dû à une anxiété sociale... que je cherche à dépasser depuis plusieurs années et qui est à l'origine de tout mon "travail analytique". Il n'est pas étonnant qu'elle apparaisse donc en forte dominance maintenant que je parviens peu à peu à surmonter mes blocages antérieurs. L'écoute des autres, le souci de l'harmonie intérieure ou de celle des relations est devenu ma principale préoccupation depuis plusieurs années.




«Les personnes de type "investigatif" recherchent spontanément le "pourquoi du comment". Elles remontent derrière les apparences, investiguent, décortiquent, elles sont guidées par un besoin impérieux de comprendre. Ce goût pour la recherche concerne tous types de domaines (social, culturel, scientifique) et peut se manifester sous des formes variées (lectures, expérimentation, interviews, enquêtes). Ces personnes de type "investigatif" sont particulièrement à l'aise pour manipuler les idées, les mots, les symboles. Elles préfèrent les domaines scientifiques, les approches théoriques, la lecture, le rassemblement de données, et certaines activités créatives. Ces personnes aiment apprendre, étudier, observer. Elles sont d'une grande curiosité intellectuelle, possèdent un sens critique certain. Elles sont également perçues comme intellectuelles, complexes, érudites, réservées, originales, indépendantes

Pas vraiment étonnant, vu ma propension à m'interroger en permanence sur chacune de mes pensées, mais aussi sur le monde en général (lorsque je ne suis pas trop préoccupé par mes problèmes existentiels...).






Pour le test des "Racines professionnelles", c'est à dire «des éléments que l'on méconnait le plus souvent et sur lesquels prennent appui nos comportements, nos attitudes et nos choix professionnels», de nettes tendances se dégagent:


autonomie et indépendance (94% du maxi)


«L'autonomie/indépendance est une racine professionnelle qui nourrit ceux et celles qui ont un besoin irrépressible d'agir à leur façon, à leur rythme, et selon des objectifs et des normes qu'ils se fixent eux mêmes. Mais attention, ce goût de l'autonomie ne les dote pas tous pour autant d'un "esprit d'entreprise": créer une nouvelle affaire, prendre des gros risques, n'est pas forcément leur tasse de thé.
En valorisant l'autonomie et l'indépendance, ces personnes rejettent la contrainte de règles organisationnelles collectives et refusent d'embrasser des carrières classiques au sein d'une structure. Elles préfèrent poursuivre des chemins parallèles qui sortent des routes balisées»



goût du service et dévouement à une cause (92%)


«Les personnes dotées de cette racine professionnelle trouvent leur principale source de motivation en dédiant leur travail, leur action, et jusqu'à leur existence à servir les autres. Ce type de dévouement peut s'exprimer sous des formes variées mais se concrétise toujours dans des activités en rapport direct avec les autres, telles que conseil, médecin, thérapeute, infirmier, et toutes les professions d'aide médicale ou sociale.
Le dévouement peut d'autre part se manifester à travers un engagement dans la défense ou la réalisation de valeurs qui dépassent le plan individuel. L'argent n'est généralement pas une motivation importante. Par contre la reconnaissance s'avère essentielle: elle régente le plus souvent les modes d'offre de service.»



qualité de vie (90%)


«Les personnes dotées de cette racine professionnelle ne trouvent pas directement dans le travail le moyen de s'épanouir. Pour elles importe avant tout la possibilité de mener une vie centrée sur des intérêts aussi divers que la famille, les amis, les loisirs, l'étude et l'apprentissage dans tout domaine ne touchant pas de près ou de loin au travail.
Ces personnes développent leur jugement en fonction du style de vie qu'elles mènent. Leur modèle de vie est leur objectif prioritaire, mais aussi la principale contrainte pour mener leur carrière.
Elles choisiront donc des professions, des structures, des organisations leur permettant de coordonner et d'intégrer les différentes facettes de leur existence. En aucun cas les décisions purement professionnelles seront prépondérantes sur la conduite de leur vie»



expertise technique (86%).


«Le contenu du travail réalisé est la véritable motivation de ceux qui appartiennent à la racine "expertise/technicité". Leur souci majeur est d'être hyper calé et au top de leur spécialité afin de donner le meilleurs d'eux-même sur des missions pointues. S'identifiant complètement à leur expertise, ces professionnels ne peuvent se sentir heureux que s'ils sont reconnus par leurs pairs et cela d'autant plus qu'ils possèdent une notoriété dans leur domaine d'intervention.
Cette tendance peut conduire à des postes d'encadrement. Cependant, il n'est pas question pour ces personnes d'abandonner leur champ de spécialiste. Elles refuseraient certainement une promotion exigeant une coupure de leur milieu professionnel d'origine. Ainsi, cette racine engendre rarement des généralistes heureux de l'être.»



Puis dans une moindre mesure apparaissent les racines "esprit d'entreprise" (69%) et "goût du challenge" (57%)
La moyenne se situant à 50%, je suis nettement moins enthousiaste pour le "management" (28%) et la "sécurité-stabilité" (21%).

Cette mise en évidence de mes préoccupations et de mes désintérêts me permet de mieux comprendre ce qui me plaît encore dans mon métier, ainsi que ce qui ne me convient pas, ou ce qui ne peut s'y réaliser et me frustre au point de perdre toute motivation. Je pense particulièrement à la racine "Goût du service et dévouement à une cause", presque inexistante.




Dernier test, celui d'auto-estimation. Sans doute le plus instructif à mes yeux: il s'agit de choisir entre deux adjectifs de personnalité celui dans lequel on se reconnait le mieux. Il est le moins susceptible d'auto-influence. Trois pôles dominent à égalité, avec de forts scores (9 sur une échelle de 11):

- Ténacité: fermeté, persévérance, résolution, constance, détermination, obstination dans l'effort.

Euh... ouais, bon, ça ne me semble pas étonnant. J'ai fréquemment employé plusieurs de ces adjectifs dans ce journal. Hé hé, je ne suis pas du genre à lâcher facilement ce en quoi je crois. Limite obstiné...


- Reflexion, circonspection: prudence, sérieux, prévoyance, maturité

Hum... là encore je crois que ça me définit assez précisément (quoique mon degré de maturité soit variable selon ce dont il est question...)


- Pondération: équilibre, stabilité, maîtrise de soi, calme, contrôle, patience, tranquilité.

Pfff... je suis peut-être un peu trop pondéré pour être en adéquation avec les impératifs de liberté et créativité qui sont apparus ailleurs... Pas étonnant qu'il me faille du temps pour me décider.

Disons que ces trois points, aussi haut placés, présentent les défauts de qualités un peu trop poussées. Une frein au changement.



Trois autres tendances se situent à un niveau de 7 sur 11:

- Sociabilité: compréhension, amabilité, politesse, coopération, prévenance, facilité dans les contacts sociaux

Je suis effectivement aimable et poli... Un peu trop, hélas (voir plus bas les conséquences néfastes). Un peu trop prévenant aussi, trop attentif au bien-être d'autrui. Ce qui semble avoir pû être étouffant avec mes relations amoureuses... [point à approfondir ultérieurement]


- Intelligence sociale: souplesse, finesse, subtilité, adresse, diplomatie, habileté dans les relations humaine

Ouais bon, si je suis tout ça c'est plutôt bien...


- Ambition, confiance en soi: audace, assurance, indépendance, hardiesse, sans le besoin de domination.

Eeeh ben, il semblerait que je ne doute plus autant de moi que ce que j'ai longtemps cru... Je suis certain que ce test n'aurait pas donné les mêmes résultats il y a quelques années.



Au niveau 5 sur 11, soit juste en dessous de la moyenne:

- Optimisme: gai, joyeux, enjoué, content de vivre, spontané, insouciant (né du bon côté)

Ah, ça c'est à moduler. Je suis de nature optimiste et enjouée... lorsque je me sens bien. En confiance, en harmonie. Au contraire, à chaque fois que l'anxiété sociale perturbe mon fonctionnement relationnel, je suis inquiet, préoccupé, soucieux. Ce qui nuit gravement à ma capacité à me sentir détendu et à rire. Ouais... justement, c'est précisément cet état d'optimisme que j'aimerais vivre dans mes relations. Pas étonnant que je me retrouve donc entre ces deux pôles.


Au niveau 3 sur 11:

- Sincérité: loyauté, honnêteté, droiture, franchise, fidélité, naturel

Ouille! Ça, ça fait mal! Moi qui me veux un chantre de la sincérité, qui la situe parmi les plus hautes valeurs, voila que je me vois fort mal placé sur ce point. Comment est-ce possible? C'est pourtant moi qui me suis auto-évalué ainsi...
Je me sais de nature sincère. Rigoureusement sincère. Honnête, droit, loyal, etc... et pourtant, je sais aussi que, en face à face, je ne dis pas tout. Par politesse excessive, souci de diplomatie. Mais surtout par crainte des tensions. Crainte du rejet, avec comme conséquence la perte de mon équilibre intérieur, et de l'harmonie relationnelle qui m'est essentielle (anxiété sociale). Résultat: je nie mon ressenti ou mes émotions, et cela réapparait ailleurs en tensions diverses, esprit préoccupé, mal-être perceptible. Tout mon problème relationnel se situe là. Il va falloir que je me penche sérieusement sur cette sincérité limitée, qui semble bien être, là encore, à l'origine de sérieux problèmes dans mes relations amoureuses. [point à approfondir ultérieurement]


Au niveau 1 sur 11 (le minimum):

- Energie, dynamisme: Ardeur au travail, efficacité, tonus vital du sujet.

Là encore, un score assez surprenant pour quelqu'un qui, autrefois, passait une énergie considérable dans le travail. Oui, mais «autrefois»... Ce test est conjoncturel, représentatif de mon état d'esprit actuel. Or en ce moment, je suis bien dans cette situation de démotivation complète pour un travail qui ne m'intéresse plus. Je suis effectivement sans entrain, vidé de toute énergie. C'est d'ailleurs la raison de cette démarche de réorientation.
Ce qui est apparu durant mes premiers entretiens, c'est que je me suis littéralement épuisé en travaillant comme un fou durant des années. J'ai donné énormément de mon temps et toute mon énergie vitale dans des projets qui, à la longue, n'ont pas donné les résultats escomptés. En a résulté une démotivation, un renoncement progressif, et surtout un investissement vers d'autres sources d'intérêt plus en rapport avec mes désirs profonds. Ceux qui, précisément, se voient confirmés par tous ces tests, eux mêmes renforçant ce qui s'est dessiné durant les premiers entretiens.


Ce qui est ressorti très nettement de ces tests et au cours des entretiens, juste après ce fort besoin d'indépendance et de créativité, c'est cette vocation "sociale", avec le désir de transmettre une expérience, un savoir, une sensibilité. Communiquer, être en relation, aller vers les autres (n'est-ce pas ce que j'ai compris de ma démarche de connaissance de moi-même?). Toute la question est maintenant de savoir si je tente de bifurquer vers ce qui me motive le plus fortement, ou bien, quoiqu'en réorientant mon champ d'activité, je reste dans mon domaine de compétences professionnelles...





L'avantage de ce genre d'autoportrait dressé en public, c'est que ça me permet d'entrer dans cette peau que je n'ose pas endosser. Voir avalisé par des tests ce que je ressens confusément mais n'ose pas toujours laisser venir à la surface, l'afficher clairement, c'est oser me voir et me montrer tel que je suis. Et c'est très important pour croire en soi...








Je m'aime comme ça




Lundi 7 mars


Velléités de changement, soubresauts hésitants... il semble que je ne suis pas encore prêt à modifier la fréquence, la longueur, et l'égocentrisme de mes interventions. C'est maintenant que s'imbriquent entre eux les assemblages partiels antérieurs, que tout se relie. C'est maintenant que je passe un cap. Alors... je continue à écrire et à afficher mon intimité. Je crois que finalement cet affichage m'est nécessaire. Vous, quelques dizaines de lecteurs et lectrices réguliers, êtes les témoins silencieux [et hautement privilégiés, hé hé...] de la mue d'un pauv'gars qui n'en pouvait plus de son enfermement mental. Un jour tout cela sera pour moi de la vieille histoire, quelque chose de dépassé, mais pas oublié. J'aurais ce sourire et ce détachement des gens qui savent ce qu'ils ont dû affronter pour parvenir à ce qu'ils sont. Ce que je vis actuellement me construit et, pour le moment, vos regards anonymes et muets sur ce présent en mouvement sont un encouragement. C'est difficile à expliquer, mais c'est ainsi.



L'analyse des résultats de tests m'a fait prendre conscience de points dominants de ma personnalité qui s'opposent, se nuisent, se contrarient. Il me faut maintenant comprendre comment les allier pour en faire une force. C'est de là que viendra la confiance en ce que je suis.
Comment allier des pôles comme "réflexion, circonspection, pondération" et "liberté, originalité, spontanéité, créativité"? Ne paraissent-ils pas antinomiques? Ça existe comment, une "spontanéité pondérée"?
Comment laisser s'exprimer mon désir d'aider les autres alors qu'à leur contact l'anxiété me renferme?
Comment concilier l'habileté dans les relations humaines et le manque de franchise?

Je suis en train de comprendre d'où me vient cette impression ancienne de "ne pas exister". Ce sentiment de contention dans des limites étouffantes, ce sont mes pôles contraires qui s'annulent. Les séquelles d'un passé qui bride sans cesse les tentatives répétées d'envol, bouffant ainsi une énergie considérable. Depuis que je suis enfant je cherche à la fois à ne pas suivre le troupeau, tout en n'osant rien faire qui m'en démarque. Ou alors très timidement, là où ça ne se voit pas trop... Je m'habille de façon la plus neutre possible, sans aucune originalité. Je dissimule à mon entourage les activités qui pourraient me distinguer, tout en refusant de suivre ce que font les autres. Je m'empêche d'aller là où mes désirs me portent. Je ne parle pas de ce qui me fait vibrer. Bref, je m'anihile dans une neutralité terne. L'exact contraire de l'originalité...

Merde, j'ai envie d'exister autrement! C'est ce que je tente depuis quelques années. Mais pourquoi donc me suis-je laissé rattraper par mes peurs dans la fantastique démarche d'émancipation enthousiaste que je vivais avec ma complice? Comment ai-je pû me laisser dominer par ce sentiment éternel de "ne pas être à la hauteur"? Pourquoi ai-je encore douté de moi avec celle qui m'avait montré à quel point elle tenait à ce que nous avions construit?

Parce que je n'étais pas prêt. Parce que je n'avais pas suffisamment compris mon mode de fonctionnement, ni le sien. Parce que je ne savais pas à quel point j'étais sensible à certains comportements. Parce qu'il y avait une inadéquation entre ma prévenance et un besoin de reconnaissance de celle-ci. Parce que je n'ai pas su le comprendre, ou le dire. Parce que je n'ai pas été suffisamment à l'écoute, de moi, d'elle. Parce que... parce que je n'ai pas été suffisamment sincère avec elle, ni avec moi-même, en voulant étouffer mes ressentis, nier mes failles, mes fragilités. Je voulais être fort avec quelqu'un qui me semblait l'être. Je n'ai pas su être authentiquement libre avec celle dont l'originalité et la spontanéité m'attiraient, me fascinaient, me séduisaient et... m'impressionnaient. Grisé par le changement, je n'ai pas pris le temps de conforter mes bases. Patatras!

Mais je ne vais pas me culpabiliser pour cela. J'ai fait au mieux de ce qui m'était possible à ce moment là, et c'était déjà un pas extraodinaire. Aucun regret!

Il me serait facile de me lamenter en disant que je l'ai payé très cher, avec le manque d'échange qui en a découlé. Mais j'ai compris que cette "épreuve" était une très bonne chose pour moi. Une expérience vécue qui concrétise les acquis de l'intellect. Difficile, douloureuse, mais libératrice parce que de moins en moins douloureuse, précisément. Tout ce travail de compréhension qui a lieu en ce moment me le permet, et n'a pu avoir lieu que parce que je suis "seul", privé de cette complicité révélatrice. Avec elle qui m'accompagnait j'ai trouvé ma route et, même si j'ai fini par m'égarer parce que je ne pouvais pas suivre assez vite, je continue maintenant en découvrant ce qui sera mon propre chemin. Je me renforce, me solidifie, laisse se révéler à mes yeux ma vraie personnalité. Je m'approprie mon identité, ma singularité, mon originalité. Et... je m'aime comme ça.

Oui, c'est ça: ce que j'affiche de moi, cette complaisance à mettre en avant des traits de caractère qui me paraissent positifs, c'est une certaine forme de fierté à dire «je suis comme ça». Je suis un gars bien. Je ne me vois plus comme ayant un tas de défauts, je vois aussi leur autre versant: les qualités que cela représente. Une vision plus juste, plus objective sur moi-même. Et ça, c'est booooon...







«Quand je commence quelque chose, je me laisse toujours prendre...et je plonge tête baissée dans le bonheur du commencement en oubliant que le temps du doute, de la déception viendra, immanquablement, et que c'est normal, et que si je passe cette "épreuve", le temps de l'authentique et du solide s'installera, avec aussi ses bonheurs, différents de ceux des commencements, mais solides, vrais, sincères...»

Coumarine - Petites paroles inutiles
- 21/02/2005












Fluidification relationnelle




Mardi 8 mars


Séance psy, ce matin. Je n'en relate plus le détail dans ce journal (ce que je considère être une amélioration). Soit parce que le gros des découvertes à été fait, soit parce que je sais maintenant mieux avancer "seul" dans la compréhension des questions qui s'imposent à moi. Ou un peu des deux...

De fait, je suis entré dans le bureau de madame psy en souriant, et plutôt à l'aise. Je me sentais bien. Bon, ça s'est rapidement compliqué puisque le face à face reste un état qui brouille mes pensées et ralentit considérablement l'enchainement des idées. J'ai reconnu devant elle ce fossé qui sépare mon intellect de mes émotions, mais j'ai poursuivi. Comme si d'en parler résolvait déjà à moitié le problème.

Oh, j'ai pas sorti grand chose de nouveau. Plutôt récapitulé tout ce qui s'est relié ces derniers jours. Ce problème relationnel généralisé qui est tout simplement dû au fait que je n'ose pas exprimer ce que je ressens, dans une amplitude plus vaste que ce que j'imaginais. C'est marrant, mais en énonçant mes découvertes, j'avais l'impression de réciter un de ces livres sur l'épanouissement personnel que je cite en bibliographie. Il est évident que je ne découvre rien d'autre que mon appartenance à la communauté des humains et aux grandes lois comportementales qui la régissent... Je fais miennes ces "recettes" de fluidification relationnelle. Je les ai intégrées, elle font désormais partie entière de mon processus de pensée. Ce qui ne signifie évidemment pas que je sais les appliquer systématiquement, loin de là... Bah oui, ça serait trop simple [va encore m'falloir des années...] Il n'empêche que je constate chaque jour à quel point cette ouverture à l'autre, conjuguée à la prise de conscience que toute forme d'expression agressive n'est que la manifestation déguisée d'un mal-être, me permet de désamorcer immédiatement des situation pré-confictuelles. C'est magique! Au lieu de me défendre ou de me culpabiliser, j'ouvre mon esprit vers l'autre avant que le mien ne se ferme. Il suffit juste de ne pas réagir impulsivement. Mouais... c'est un apprentissage dont la mise en pratique va demander du temps, mais je constate déjà que ça peut marcher. Je crois que la fluidification de ma relation avec Charlotte n'est pas sans rapport avec tout ça.



Lorsque j'ai évoqué avec la psy ma tentation d'utiliser des "outils" d'amélioration des relations, comme la PNL, par exemple, elle n'a pas semblé particulièrement réceptive à cette idée. Elle m'a encouragé à continuer dans l'analyse comme je le fais. C'est évidemment la meilleure façon de se connaître, de remonter à la source des failles et blessures, alors que toutes ces thérapies brèves agissent surtout les symptômes, pas sur le fond des problèmes. Cependant, elle a admis qu'en appoint d'une analyse, cela peut effectivement améliorer les choses.

Un truc qui m'a étonné: il semble y avoir un certain fossé entre la psychologie "scientifique", et celle du grand public. Ma psy n'a rien su me dire sur la PNL, dont visiblement elle ne connaît pas la pratique. Aucun écho non plus avec la Communication Non Violente (CNV), dont elle n'avait jamais entendu parler. Alors que ce sont des pratiques qui sont largement décrites dans des ouvrages visant à améliorer l'épanouissement de soi, semblent reconnues et avoir fait leurs preuves. Et la psychologue du travail qui a analysé mes tests, si c'est elle qui m'a parlé de PNL, ne connaissait pas la "psychologie relationnelle". Ces disciplines parallèles semblent un peu hors champ de la psychologie. Sans doute parce que, précisément, elles ne travaillent pas sur le fond du problème. Pour ma part, je considère qu'il peut être intéressant d'allier les deux. Les méthodes empiriques et pragmatiques donnent des clés, dont la psychologie "pure" ne semble pas se préoccuper. Si maintenant je vais bien mieux dans ma tête parce que j'ai compris une grande part de l'origine de mes problèmes, ils ne sont pas résolus pour autant. Je suis en latence, avec un cerveau partiellement rénové, mais sans apprentissage. J'ai maintenant besoin d'outils pour mettre en oeuvre mes acquis, dont l'émergence à d'ailleurs été très largement aidée par toutes mes lectures "para-psychologiques".


Finalement... tout ce que j'ai vécu comme questionnements durant ces dernières années, et notamment autour du couple et de la relation amoureuse, aura été ma chance d'aller plus loin dans l'ouverture relationnelle au sens large. Confronté aux difficultés de la relation intime, émotionnellement la plus chargée, j'ai découvert des pistes applicables à toute relation. N'est-ce pas un des avantages de ce "non-choix", si pénible à vivre à l'époque, que de m'avoir obligé à aller chercher tout au fond de moi les clés de compréhension? Qu'en aurait-il été si j'avais tranché dans le vif pour m'épargner la souffrance de l'incertitude?







Graphomanie




Mercredi 9 mars


J'suis un peu gamin, hein? A m'autocongratuler, à raconter ma p'tite vie, mes p'tites avancées, mes p'tites victoires sur moi-même... Ouais, ouais, un peu gamin. Ça passera. C'est juste une revanche sur l'auto-dénigrement qui m'a ccompagné pendant si longtemps. J'en fais peut-être un peu trop en ce moment, mais j'me pardonne. Période régressive un peu gnan-gnan, tandis que dans ma tête je mûris à grande vitesse. Y'a comme une euphorie naïve à voir les choses se simplifier, alors je m'en extasie sans crainte du ridicule. Tout cela disparaîtra dans la sédimentation naturelle de ce journal...

Vouais, un jour tout cela sera du passé dépassé. Un jour pas si lointain, à mon avis. Mais en attendant, ben je fais comme je le sens.



Un signe pourtant, ce soir: une synchronicité (qu'on appelle "hasard"). Alors que j'en étais à me demander quelle suite j'allais donner à ce journal, j'ai relu "par hasard" un des bulletins de l'APA dont le thème était «Écriture et thérapie». Fort intéressant, notamment le point de vue d'analystes qui voient le journal comme une possible forme de résistance à l'analyse, ou même qui pourrait "bloquer" l'analyse. Je ne suis pas en analyse, mais je suis une thérapie de type analytique... Ces mêmes analystes insistent sur le fait qu'une auto-analyse par l'écriture n'est pas possible. Oui, je peux le concevoir, puisque le temps de l'écrit ralentit la pensée et la prive donc des "associations libres" propres à la psychanalyse. Pourtant de nombreux témoignages parlent de l'aide indéniable que procure l'écriture. Pour ma part, je sais à quel point la découverte de points-clé de mon fonctionnement inconscient sont dûs à ce journal.

Mais... je ne me livrerai pas à l'analyse des vertus analytiques de mon journal ce soir. Non, ce qui m'a frappé, c'est un texte qui parle de la graphomanie. Cette écriture compulsive, cette nécéssité d'écrire qui crée une sorte d'acoutumance. Et... ben forcément, j'ai fait le lien avec ma propre écriture, dont on ne peut dire qu'elle n'a rien de compulsif. Mais le plus surprenant (et c'est là que je vois un "signe"), c'est qu'un lecteur m'a écrit ce soir en utilisant précisément le même terme de graphomanie. Oh oooh, deux fois le même mot à quelques heures d'intervalle? Ça mérite quelque attention.
Mais ce qui est plus intéressant encore, c'est que ce lecteur me dit «je crois que ça peut avoir vraiment de l'intérêt pour les autres, c'est un formidable document, un espèce de déroulé psychologique en profondeur qui mérite d'être conservé. C'est très très long évidemment, depuis le début que tu tiens ces journaux j'imagine que cela doit représenter quelques milliers de pages, un "journal monstre" comme on dit , mais c'est intéressant dans sa longueur même, dans les allées et retours, les redites, les reprises de point de vue sous des angles un peu différents au fil du temps.». Or c'est précisément cet aspect "témoignage" qui m'a guidé depuis que je tiens ce journal en ligne. J'ai allié un désir plus ou moins assumé d'être reconnu, en poussant très loin la sincérité [ce mot est devenu très important], à cette forme de... don de mes états d'âme, en supposant qu'il pouvaient aider d'autres personnes sur leur chemin de réflexion personnel. Ne serait-ce qu'en voyant qu'un autre qu'eux "rame" pour aller vers un épanouissement désiré. Ceux qui me lisent depuis longtemps se souviendront peut-être que cette écriture-don s'est imposée à moi après avoir été nourri par les mots-délivrance d'une autre diariste. Celle qui m'a, d'une certaine façon, "ouvert la voie" vers ma libération, vers cet élan lent [élent...] qui me permet d'extirper de moi celui que je me sens vraiment être. J'ai ressenti comme une évidence de m'exprimer comme elle l'avait fait. Ce cadeau involontaire de sa part, il me semblait normal de le rendre possible pour quiconque me lirait.
Cette diariste étant celle qui allait devenir plus tard ma complice, puis mon amour, nathalie. Ceci dit afin de rappeller l'historique qui explique l'importance considérable que j'attache à la relation que nous avons établie...

Bref, je m'égare: ce qui m'interpelle ce soir est la triple confrontation entre l'idée d'une possible [probable...] graphomanie, le désir d'offrir un témoignage intégral, et les limites de l'écriture thérapique. En fait se cristallise en ce moment ce qui me turlupine depuis un moment: comment continuer à écrire? Rester dans l'analyse ou en sortir? Aide à l'avancement ou résistance? Est-ce utile ou néfaste? Parcours temporaire arrivant à son terme?

Et... comme pour augmenter encore ma perplexité, hier le record du nombre de visiteurs quotidiens à été battu. De toutes façons, je suis lu. Il semble donc que vous, lecteurs et lectrices, y trouvez quelque chose. Même si je ne sais pas bien ce dont il s'agit...










L'alibi de la sincérité




Jeudi 10 mars


Je me suis relu avant de mettre en ligne ce qui précéde et... je me demande si mes hésitations récurrentes sur le bien-fondé de ce journal-fleuve ne font pas partie intégrante de ma thérapie. Si, finalement, ne surgissait pas là le point focal: sincérité. Et si, au fond, ce désir de sincérité "absolue" (dont je sais pertinemment qu'elle est un leurre), n'était pas une façon de contourner la vraie sincérité, brute. En définitive, si ce journal qui se veut à la fois miroir et transparence n'était pas comme une galerie de glaces où l'on ne sait plus si ce qui est vu est bien réel. Est-ce que je ne me perds pas moi-même dans mes mots, manipulant inconsciemment le jeu du conscient-inconscient... Est-ce qu'inconsciemment je ne m'égare pas afin de ne plus savoir ce qui est conscient ou pas?

Hi hi... vous avez suivi? Moi pas! J'ai écrit comme ça me venait.
Je pense quand même qu'il y a une part d'automanipulation inaccessible à la conscience. Et sous couvert de sincérité, j'occulte probablement les parts les plus importantes ce que je devrais découvrir. Sous mon avalanche de mots et mon souci d'exhaustivité pourrait bien se cacher une forme de résistance à l'avancement. Un frottement sur la rugosité d'idées longuement développées qui dilapiderait l'énergie libre de la spontanéité, m'empêchant ainsi d'aller trop loin. Je me protègerais de cette vraie sincérité qui me fait peur. De cette authenticité avec moi-même que je n'ose affirmer face aux autres.

Un jour un lecteur m'avait fait remarquer que je n'étais pas aussi sincère que je le prétendais, puisque je ne laissais pas mon épouse lire mon journal. Et ces derniers mois je me suis rendu compte à quel point je m'étais (lâchement...) servi de mon journal pour une pseudo-sincérité vis à vis de nathalie. Depuis, j'ai bien compris que la seule sincérité est celle du face à face. Oreille à oreille ou, bien mieux, yeux dans les yeux.

Journal sincère, alibi qui me dispensait de l'être dans le rapport direct. Supercherie dévoilée lorsque le regard de la lectrice privilégiée à qui il s'adressait m'a fait prendre conscience de mon double langage: j'écrivais ce que je n'osais lui dire. Impossible pari qui entravait encore davantage ma sincérité, je l'ai compris lorsque j'étais au plus mal et privé de contact direct. Je me suis étouffé dans cette double expression... pour mon plus grand bien. Ainsi, cette écriture aura au moins eu le mérite de me faire prendre conscience des limites par delà lesquelles elle devient nocive.

Ce qui est très sain...








Ça vaut la peine




Mardi 15 mars


Avec la douceur et le soleil revenu, la neige a fondu à vue d'oeil. Avec quinze degrés au thermomètre, elle ne résiste pas longtemps... Déjà sur les pentes exposées au sud l'herbe sèche était visible depuis quelques jours, et la couche qui restait sur les zones plates s'est amenuisée d'heure en heure depuis le matin. Dans la soirée, il ne restait une épaisseur conséquente qu'à l'ombre. Et déjà... les premières fleurs apparaissent! A croire qu'elles sortaient de terre malgré la neige froide et opaque. Le renouveau printanier se sera fait attendre longtemps cette année, mais semble vouloir rattraper le retard.

Euh... bon, je n'écris pas ici pour vous faire part de la météo ou du réveil de la nature. Ça, c'est pour moi, c'est mon quotidien et j'en profite pleinement. Et, quoique cela influe sur mon activité professionnelle, ça ne me préoccupe pas vraiment puisque je n'ai aucun pouvoir sur ce genre d'aléas. Par contre, j'en ai un sur mon existence et mon rapport à autrui. Et ça, vous l'aurez compris, ça me préoccupe [un peu trop, diront les mauvaises langues...]. Mais n'allez pas croire que je ne me focalise que sur les problèmes...


Par exemple, je constate le fantastique avantage qui résulte des périodes de trouble, de crise, de difficultés à surmonter: il est dans la nécessité impérieuse d'une remise en question. Parce qu'il faut avancer, trouver une solution, sortir de l'inconfort de la situation. Brassage d'idées en tout sens, vacillement des certitudes, découverte d'horizons auparavant inacessibles. Du chaos naît une vision nouvelle et une meilleure appréhension des phénomènes. J'aime ça!

Je suis certain de ne mesurer qu'une toute petite part du changement continu qui se produit en moi actuellement. Chaque jour je me réjouis des avancées que je fais dans la connaissance de moi-même et d'autrui. En fait c'est aux grands principes qui régissent le comportement humain que je me trouve confronté, et je me nourris de mon expérience vivante pour mieux comprendre le sens de l'existence. C'est chouette, non?

Du coup je vois la vie autrement. J'ai une lucidité inattendue sur des tas de blocages qui entravaient mon existence, ou bien qui ont participé au dysfonctionnements des relations principales qui font ma vie.

Avec Charlotte, je suis très souvent étonné (et heureux!) de la facilité avec laquelle nous pouvons converser désormais, et à quel point nous nous accordons sur notre problématique. Il n'y a plus ni accusation, ni plainte, ni culpabilisation. Ou du moins nous savons en détecter les premiers indices et éviter d'y sombrer. Amélioration spectaculaire. Et ceci parce qu'après six mois de distanciation nous avons appris à nous écouter vraiment, avec respect. Et surtout, nous nous sommes prouvé la solidarité qui existait entre nous, quoi qu'il puisse se passer.

Franchement, s'il y a bien une leçon à tirer c'est celle du bénéfice qui découle d'une situation de crise. Certes, c'est douloureux et terriblement inquiétant de perdre une apparente stabilité... mais ça vaut vraiment la peine de ne pas reculer devant la difficulté anticipée. Je me félicite de la situation à laquelle nous sommes parvenus, même si nos avenirs respectifs sont une grande inconnue (mais l'avenir ne l'est-il pas toujours?). Et puis... il y a quelque chose d'attirant dans cet inconnu dont nous pressentons combien, en réveillant nos existences assoupies, il ouvre de possibilités. Je suis franchement heureux de tout ce que nous avons traversé. Et Charlotte semble aussi en voir tous les bénéfices.



De la même façon les six mois de gel relationnel avec nathalie, concomittants avec le processus de séparation effective d'avec Charlotte, auront eu des effets déterminants sur ma prise d'autonomie.
Les deux "séparations", bien différentes dans leur portée, leur modalité, leur avenir, leur enjeu, se sont combinées en me donnant un éclairage double sur mes carences, mes aspirations, mes forces. D'une certaine façon, j'ai eu de la chance que les deux se produisent simultanément... tout en n'étant pas des ruptures radicales (ce qui, assurément, aurait occasionné une expérience différente, plus traumatisante, mais elle aussi source de richesse). Je me suis nourri de ces épreuves croisées pour "avancer" avec un regard sur moi plus élargi que si je n'avais vécu qu'une seule séparation. J'ai ainsi pu mieux comprendre quel était le sens de mes désirs, de quelle façon je tenais à chacune des deux relations, et où se situaient mes limites dans l'acceptation de nos différences.

Car ce sont bien les différences qui sont source d'incompréhensions... et d'enrichissement. Ces différences qui ont pu être à l'origine de l'attirance et se révèlent finalement être autant d'écueils qu'il faut apprendre à surmonter, ou accepter. Je crois qu'on est initialement attiré, séduit, par une part manquante en soi, trouvée en l'autre. Mais vient un moment ou cette différence semble se retourner et devient envahissante. Contrepoint d'un mouvement de yoyo qu'il faut apprivoiser avec le temps.
Il en a été ainsi, pour moi, des attentions de Charlotte, de l'indépendance de nathalie, et peut-être, pour elles, de ma capacité inaltérable à me poser des questions ou à faire attention... On a toujours l'envers de ses qualités.
Ces différences sont génératrices d'évolution, leur attrait indiquant un désir de s'en rapprocher. Cela ne se fait pas sans efforts, mais... il y a aussi les ressemblances rares, les affinités particulières, ces délicieuses similitudes qui font sentir que ça vaut la peine de surmonter les difficultés.


Et de s'accrocher pour y parvenir.







Idéalisme?





Mercredi 16 mars


Devrais-je changer le nom que je me suis choisi il y a bien longtemps? Mon pseudonyme de l'Idéaliste me semble parfois lourd à porter, parce qu'il comporte un sens négatif (irréaliste) qui me déplaît. Je n'aime pas être perçu ainsi. Ce n'est pas dans ce sens que je l'avais choisi. Les mots ont parfois des nuances de sens que chacun s'approprie différemment.

Je suis un idéaliste parce que je tend vers un idéal d'harmonie (dans le sens le plus universel qui soit) et que j'essaie de vivre en accord avec celui-ci. Au plus près. J'agis pour m'en rapprocher, tout en sachant parfaitement qu'il n'est pas atteignable, et encore moins en permanence. Mais je ne crois pas être un idéaliste qui ne rêverait que de perfection et d'absolu hors du possible. Cet idéalisme là serait promis à la désillusion, au pessimisme, au renfermement sur soi.
Au contraire mon idéalisme est un acte de foi, un optimisme qui me donne le courage d'agir. Je me sais idéaliste, mais je m'efforce de faire coincider la réalité et mon idéal. Idéalisme pragmatique. Je ne rêve pas que la réalité atteigne mes idéaux (ce qui serait fou...), mais ne renonce pas pour autant à ceux-ci pour correspondre à une réalité étroite. Sans idéaux, je pense qu'on n'avance pas. Parce qu'on ne rêve pas. Parce qu'on ne croit pas à un avenir meilleur.

Sans cet idéalisme porteur d'espoir, j'aurais renoncé devant les difficultés. Je n'aurais pas lutté. Et j'aurais perdu.








Bonheur




Jeudi 17 mars


Soleil et douceur de l'air m'ont irrésistiblement attiré au dehors, ces derniers jours. J'ai de la chance: c'est là que se déroule l'essentiel de mon métier.

Il était midi passé et le murmure de la campagne s'était déjà estompé dans un silence naturel. J'ai marché quelques dizaines de mètres pour me coucher dans l'herbe jaunie, au flanc de la petite colline et j'ai joui de tous mes sens [meuh? c'est ambigu ça!]. Oiseaux qui pépient, pic-vert au loin qui frappe un tronc résonnant, froissement d'aile de deux corbeaux qui passent... Et puis le bruit de l'air, ce silence inaudible qui se perçoit davantage sur la peau que par les oreilles. Ah, quelle douceur que cette onde sur mon visage mâle, déjà hâlé par un soleil ardent que... [hé ho, t'en fais pas un peu trop là?]. Ouais bon...
Il n'empêche que ces instants impromptus ont quelque chose de parfait. D'idéal, pourrais-je même dire [mais oui, l'idéal est accessible tant qu'il reste simple...]. Là, seul dans ce paysage vallonné dont les reliefs se succédent jusqu'aux montagnes enneigées, étendu à température idéale, dans un silence idéalement bruissant, je me suis senti en totale harmonie avec moi-même et avec l'univers. Le parfait bien-être. Le bonheur.

Et... petit vicieux que je suis, j'avoue m'en délécter davantage encore en pensant à ces millions de gens qui sont pris dans les concentrations urbaines et n'ont pas cette chance extraordinaire de la solitude pour profiter de cette résurection printanière jaillissante [Oh là la, ces regards noirs d'envie que vous me lancez!]. Boah... c'est juste pour vous faire partager un peu, tenter de vous faire imaginer...

Ah oui, partager... c'est peut-être le seul petit élément qui manquerait au tableau. Je serais encore mieux si je pouvais partager ces instants avec quelqu'un qui est sensible à la même harmonie. Je crois que... aussi simples soient-ils, ces moments sont pour moi de parfaits bonheurs. Et me reviennent une petite foule d'instants partagés aux côtés des quelques femmes de ma vie. Avec qui j'ai pu vivre, où que ce soit, cette confiance intime d'un partage silencieux qu'aucun mot ne décrit. Jouissance personnelle entre l'intérieur et l'extérieur de soi, vécue conjointement et simultanément en se touchant du regard ou de la peau. En paix avec soi et l'univers, tout entier contenu dans l'autre à cet instant.

Harmonie...





Au plafond du ciel, si haut dans le bleu, un avion passait. Il a porté mes pensées très loin, dans le souvenir de bonheurs passés. Je leur désire un avenir. Car l'idéal de l'harmonie, avec elle, très souvent je l'ai vécu.








Tel que je suis





Lundi 21 mars


J'ai écrit trois longs textes. Je ne les ai pas mis en ligne, mais stockés dans un coin. D'autres ont pris leur place, plus superficiels. Depuis quelques temps, il y a comme une retenue nouvelle qui apparaît. J'énonce, j'analyse, mais je garde ça pour moi. Peut-être parce que c'est encore en gestation, que ce n'est pas suffisamment abouti au niveau des idées?

Je pense que ça ressortira dans ces pages, un jour. En condensé, en synthétisé.

Il se pourrait que ce soit le parachèvement de tout un processus évolutif. J'ai l'impression de "tout comprendre". Et d'ailleurs je vais bien. Je crois avoir retrouvé un état presque "normal", après un peu plus de six mois très pénibles, clôturant deux ou trois ans de très gros travail sur moi.

Ce que j'ai découvert découle bien sûr directement des suites du terrible choc (finalement bénéfique...) de mi-août 2004. J'ai longuement analysé ce qui avait mené aux difficultés de ma relation amoureuse avec nathalie et j'ai fini par découvrir toute une logique... qui n'est pas inéluctable. De tout ça, je n'ai plus parlé ici depuis un bon moment, puisque je n'étais pas seul. Après des épisodes d'aveux de faiblesse dont l'opportunité était discutable, j'ai finalement opté pour un travail en solitaire. Sans témoins, sans tuteur, sans guide. J'ai réfléchi à ma façon, j'ai tiré mes propres conclusions. Et je suis satisfait du résultat.

Je me connais mieux et m'en sens plus solide. Davantage moi-même. Je m'ouvre aux autres bien plus facilement qu'auparavant. Je me sens plutôt bien dans ma peau. Je me sais aussi être estimé, apprécié. J'y crois maintenant. Je le vois. Je l'accepte.

Finalement, je crois que je commence à m'aimer tel que je suis.








Bouge toi !





Vendredi 25 mars


J'oublie d'écrire dans ce journal...

C'est bon signe! Écrire, écrire... jusqu'à quand? C'est pas comme ça que les choses bougent. Plus maintenant. Le temps est venu de l'intégration, du changement. Je veux changer. Me bouger le cul.

L'enfant qui est en moi résiste, avec ses bonnes manières et sa jolie gueule d'ange. Il fait le gentil, la victime, mais tout ça c'est de la manipulation. C'est une façon de rester dans le status quo. Une résistance passive au changement.

Maintenant c'est l'adulte qui veut prendre sa place. Et cet enfant envahissant le fait profondément chier. Ouais, je suis en colère. Contre moi. Contre ma part enfantine qui dirige ce corps et cette tête d'adulte. Enfant fantôme qui n'a plus sa place. Il est temps que je grandisse.

Je me révolte contre moi-même et cette propension à fuir mes responsabilités, à avoir peur de mes audaces. J'en ai marre de ne pas oser!

Il est rusé cet enfant, il sait contourner les difficultés pour ne pas évoluer. Heureusement que l'adulte sait qu'il faut grandir, que c'est de cette façon que je me libererai. Mais quelle lutte! David contre Goliath.

On m'a mis en colère en me mettant face à moi-même. Cette colère ce n'est que le résultat de frictions internes entre cet enfant qui résiste et cet adulte qui sait bien qu'il faut grandir. Cet adulte qui fait le constat de ses lâchetés et de ses peurs. Cet adulte qui a la frousse d'avancer, qui piétine. Qui en oublierait presque sa démarche d'évolution à force de périphraser. Ah ça, je me connais maintenant! J'ai tout décortiqué et tout compris. Mais ça change quand? A quoi ça sert de comprendre si ça ne bouge pas? 


Ouais, ouais, je suis heureux, je retrouve mon équilibre et ma sérénité. Quel équilibre? Eh, faut que ça change! Faut continuer la lutte. Faut pas s'endormir! Faut lui fermer son clapet à cet enfant qui essaie de se persuader que c'est déjà bien, tout ce qui a été fait. Ce n'est qu'une façon de s'endormir pour ne pas aller plus loin. Naon, c'est pas fini! Ce n'est que le début.

Bouge toi!






Horizon et perspectives




Dimanche 27 mars


Je suis presque surpris de constater combien j'ai pu changer en quelques mois. Vraiment, je ne me sens plus le même! Rien de fondamentalement différent, bien sûr, mais une meilleure connaissance de ce qui m'anime et de ma façon de fonctionner me donne une emprise sur moi-même qui auparavant m'échappait. Intérieurement, la différence est énorme.


Tout cela se passe largement à l'écart de ce journal. Je n'ai plus besoin/envie de l'écrire. Et... je pense même que c'est parce que je ne l'écris plus que j'avance autant. Comme si l'écriture, qui auparavant m'aidait à extérioriser, était peu à peu devenue un frein. Un bain de ressassement, une mélasse d'idées confuses et inabouties qui, finalement, bloquaient le processus évolutif. Maintenant les pensées viennent, se précisent, et agissent. Sans précipitation. J'échange beaucoup aussi, parce que la confrontation à l'autre permet d'aller plus loin en soi. 
Alors le long monologue de ce journal semble ne plus me convenir. Je n'avais plus d'échos de lecture stimulant la remise en question, ou très rarement, et finalement je me trouvais à la fois "seul" et soumis à des regards qui entravaient ma liberté d'expression et la compréhension qui peut en découler. J'ai commencé par ne plus parler de ma relation avec nathalie, parce que je n'étais évidemment pas libre d'en dire ce que je ressentais. Or il me fallait cette liberté pour que sorte tout ce qui était contenu et que je m'entende vraiment, sans craindre je ne sais quelle réaction que mon imagination se plaisait à catastrophiser. Il me fallait la possibilité de sortir mes frustrations et mes colères afin de les comprendre et les dépasser. Car bien évidemment c'était surtout contre mon comportement que j'étais en colère... Encore fallait-il que je le comprenne.

Vos regards, son regard, étaient vraiment devenus une contrainte. Non pas que j'aie des choses à cacher absolument, mais parce qu'au moment du "travail", je ne voulais pas que l'on y assiste. Finalement là était vraiment mon intimité. Personne n'y aura eu accès parce que cela ne regarde que moi. En revanche il se peut, si j'en ressens le désir, si j'en ai le courage, que je finisse par expliquer selon quel processus je me suis "libéré". Toujours dans ce souci de partage, de témoignage, qui m'anime depuis les débuts de ce journal. Mais il me faudra avoir pris le recul suffisant pour cela. Et puis... ça n'en sera que moins long à lire. Mon processus évolutif est laborieusement lent, parfois... [qui à dit «toujours» ??!]


Cependant, il me faut reconnaître que si j'ai finalement retrouvé une capacité à avancer c'est bien parce que l'horizon s'est dégagé. Au fond de l'impasse je me désespérais de ne pas trouver de porte de sortie. Cet automne il y avait au moins trois murs au pied desquels je me trouvais: chacune de mes deux relations en crise, ainsi que ma dépendance financière. Ces blocages angoissants étaient plutôt douloureux à supporter. Finalement ils se sont dégagés l'un après l'autre. Sans que tout soit aisé à appréhender, évidemment, mais au moins des pistes d'évolution possible se sont dessinées. C'est capital pour retrouver le moral.

Je ne cacherai pas plus longtemps que le lien avec nathalie a été dégivré depuis quelques semaines, même si c'est selon des modalités assez différentes de ce que nous avons connu. D'une certaine façon, nous établissons... disons... une nouvelle approche, pour une relation... euh... plus... enfin... mieux... * * * * [je ne me hasarderai pas à mettre un mot précis]. Le tout avec prudence [la preuve...], patience, et discernement.

Il est évident que la restauration d'une perspective d'avenir n'est pas pour rien dans le regain d'optimisme actuel...







Mois d'avril 2005