Séduction, couple et fidélité
Auto-analyse en continu

 
 
Mardi 4 décembre 2001
 
Je crois que tout commence avec Laura. Avant elle, j'avais été "amoureux" de gamines de mon âge, notamment lorsque je me suis trouvé en classe mixte dans mon école de campagne. Pfff, à cette époque là garçons et filles étaient séparés, j'vous jure...
 
Mais avec Laura, ce fut la découverte du vrai sentiment amoureux. Celui qui enflamme, bouffe de l'intérieur, dévore, transmute, bouleverse... bref, quelque chose d'extraordinaire.
 
Comme à ce moment là ma vie n'était pas vraiment rose (même si elle n'était pas dramatique), l'apparition de ce soleil dans ma vie a eu un coté miraculeux.
 
Amour impossible, parce que je n'ai pas voulu risquer de briser ce rêve éveillé, ce miracle (vous notez les termes démesurés...), j'ai déjà raconté tout ça ici ou . Maintenant, mais depuis cinq ans seulement, c'est de l'histoire passée. Je suis "froid" en l'évoquant.
 
Que s'est-il passé dans ma tête durant ces quelques années où elle mobilisait l'essentiel de mes pensées? Quelle construction mentale ai-je échafaudé autour de cette... apparition, de cette muse, de cet... idéal.
 
Oui, justement, c'est à ce moment là que j'ai construit cette idéalisation féminine. Laura était belle (objectivement, je ne sais pas, mais toujours est-il qu'elle était pour moi la quintescence de la féminité), agréable de compagnie, et intelligente. Et je crois que c'est sur ce modèle que s'est bati, en même temps qu'une image idéalisée, quelque chose de beaucoup plus sournois: l'inaccessibilité.
 
Laura, archétype féminin, était inaccessible. Mon archétype féminin m'était inaccessible.
 
Durant trois années (c'est long 3 ans, quand on en a de 15 à 18 !), je me suis d'abord exalté, puis morfondu en voyant mon échec que je croyais définitif pour le restant de ma vie.
 
J'étais un raté, autant dans les études qu'en ce qui s'était entrouvert pour disparaître ensuite: l'amour.
 
A ce moment là, je ne me rendais pas du tout compte de mon inobjectivité...
 
Quelques amours sans plus d'issue achevèrent de confirmer mes impressions. Sous-merde j'étais, sous-merde je resterai. C'était une évidence.
 
Par chance, par immense chance, Charlotte a croisé ma route. La chance, c'est surtout que je lui ai plu...
 
Cette rencontre m'a sauvé. Peut-être que j'aurais pu en faire d'autres ultérieurement, mais je n'en saurais jamais rien. Et parmi les filles que j'ai cotoyé ensuite, je ne crois pas que quoi que ce soit aurait pu se réaliser.
 
Sauvé parce qu'avec Charlotte j'ai doucement commencé à me reconstruire, a exister. D'abord en tombant fou amoureux d'elle (la vie devient nettement plus rose, n'est-ce pas?), puis en découvrant la vie et le bonheur, tout simplement.
 
Inutile de vous faire un dessin, je suppose que vous savez tous ce que c'est.
 
C'est justement à partir de ce moment là que va se construire une double personnalité. Il y a celui qui a envie de créér quelque chose avec celle qu'il aime. Quelque chose de durable. Et il y a celui qui reste hanté par une image de femme idéalisée...
 
Cette seconde image a toujours été là, mais je l'occulterai pendant 7 ans. J'oubliais presque totalement Laura et... l'attente que j'avais à son égard. En fait, je n'oubliais rien, mais une barrière mentale m'empéchait de me laisser aller à y penser. Barrière plus ou moins perméable, évidemment...
 
Ce jour où je revis Laura par hasard, quelque chose changea: je fus bien obligé d'admettre qu'elle existait toujours dans ma tête. Pourtant, tout allait bien avec Charlotte. Mais la dichotomie entre le mari et l'homme venait d'apparaître. Impression dérangeante, culpabilisante. Comment peut-on aimer sa femme et en avoir une autre dans un coin de sa tête? Ou était le problème?
 
Deuxième alerte, quelques années plus tard, lorsque je m'enflamme pour une femme avec qui j'avais eu l'occasion de discuter agréablement seul à seul. Mais quels étaient ces manifestations intempestives d'attirance alors que tout allait bien dans notre couple?
 
Grosse remise en question. Notamment du principe de l'amour seul et unique. Oui, j'étais encore plein des principes de mon éducation, que je n'avais pas encore confronté à la réalité...
 
Mais ça s'est mis à gamberger sérieusement dans ma tête. Même mon journal papier, abandonné depuis que j'avais rencontré Charlotte, avait repris du service!
 
Je crois que c'est à ce moment là que j'ai vraiment commencé à me poser des questions sur ce qu'était la fidélité, et surtout, de son bien fondé. Principe éducatif ou gage de survie du couple?
 
Troisième étape, après quinze ans de vie avec Charlotte: la rupture avec Laura. Acte dément d'une rupture unilatérale alors qu'aucune union n'avait jamais existé ailleurs que dans ma tête. Des années de travail analytique, notamment par le biais de l'écriture diaristique, puis "romancée", en parallèle avec une psychothérapie.
 
Dingue, non? Autant de temps passé pour rompre avec un rêve...
 
Casser l'image idéalisée (vous avez déjà essayé de casser un idéal?), puis faire le deuil de ce qui n'a jamais été et ne sera jamais. Quatre ans au total.
 
Mais si j'ai pu me débarasser de ce fardeau affectif et de ce personnage mythique incarné, il semble que l'idéalisation féminine s'est profondément ancrée dans mes pensées.
 
C'est là que commence l'aventure internet...
 
___________
 
 
 
Mercredi 5 décembre 2001
 
L'aventure internet, dont j'ai raconté la génèse, c'est la découverte d'un mot qui revient sans cesse depuis : séduction.
 
J'ai pris conscience du fait que je pouvais séduire, du moins par mes mots. Séduire, oui, mais séduire des femmes ! Inimaginable à l'époque: j'étais un homme marié et la séduction était quelque chose de révolu.
 
Pourtant... avec Laura, qu'avais-je essayé de faire, si ce n'est la séduire ? N'avais-je pas tenté de la reconquérir avec des années de recul ? Certes, ce n'était pas une séduction dans le sens courant du terme, mais j'avais bien tenté de recréer le contact que nous avions autrefois. Et je savais bien que ce "jeu" de la reconquète avait un coté dangereux... si jamais une attirance naissait chez elle. Avec le recul, et bien que m'en défendant à ce moment là, je me rends bien compte que c'est ce que je cherchais.
 
Avec Laura, celle autour de qui tout mon imaginaire amoureux s'était construit, j'ai commencé à me libérer de toute une série de principes. Mélangeant l'amitié passée, le sentiment amoureux jamais vraiment éteint, et la recherche d'une amitié tardive, j'ai bousculé tout l'édifice de mes convictions. Trop imbriqué, mélangé, confondu, pour que je puisse déméler l'écheveau d'un coup.
 
Alors ce fut un long tâtonnement: démeler l'amitié de l'amour, l'amour de l'attirance. Comprendre ce que signifiait la fidélité, le sens que je lui attribuais, les limites qui s'imposaient.
 
Laura m'avait, sans le vouloir, permis de faire un premier pas dans la prise de contact avec une autre femme que Charlotte. Je veux dire dans le domaine de l'intime (par les écrits). C'était la première autre femme avec qui j'avais pu discuter longuement de choses qui me touchaient.
 
Amusant, d'ailleurs, de me dire que celle qui m'a fait découvrir le sentiment amoureux m'a permis, vingt ans plus tard, de révolutionner ma vision des choses...
 
En cassant l'idéalisation qui existait autour de Laura, c'est comme si... ma capacité à approcher d'autres femmes s'était libérée.
 
Je ne saurais comment expliquer ça, mais il me semble qu'en renonçant à cette éternelle "attente" de Laura (oui, c'était dément !), je pouvais m'ouvrir à d'autres rencontres. Je n'en avais évidemment aucune conscience à ce moment là.
 
Il a fallu qu'en orientant le hasard je rencontre une femme sur un Chat pour que tout se révèle.
 
Je découvrais que je pouvais retrouver le miracle de l'attirance et que c'était délicieusement agréable de sentir à nouveau des sensations oubliées.
 
Il a quand même fallu que j'entende un sidérant «j'ai envie de faire l'amour avec toi» pour que je prenne conscience du peu de distance qui me séparait d'un acte que je croyais définitivement réservé à Charlotte.
 
Choqué, marquant immmédiatement la distance... je n'en ai pas moins été vivement interessé. Et assez bizarrement (en fait très naturellement...) j'ai senti un "pouvoir" insoupçonné.
 
 
 «Et pourquoi pas?»
 
Pourquoi ne pourrais pas envisager de faire l'amour avec d'autres femmes que celle dont je partage la vie?
 
Ce pouvoir de dire oui, savoir qu'il ne tenait qu'à ma volonté (et à l'évitement de pas mal de complications, quand même) de me retrouver ou non dans un lit... m'a donné imédiatement une confiance accrue en mes potentialités.
 
C'est bête à dire, mais je me sentais enfin un homme "normal". Normal parce que je ressentais le désir d'une femme pour celui que j'étais.
 
Hop là, je vous arrête tout de suite! Oui, cette femme, bien que fort sympathique, écoutante, sensible... était certainement en grand manque affectif. On ne propose pas à quelqu'un qu'on a jamais vu de coucher avec lui! Quand même...
 
J'ai beau avoir maintenant l'esprit nettement plus ouvert, ça reste une proposition que je n'accepterais pas.
 
Quoique...
 
A la suite de cette première rencontre, qui s'est soldée par une "rupture" rapide devant mon refus de m'engager dans une relation, j'avais déjà pris goût à ce petit jeu de la séduction.
 
Deuxième expérience beaucoup plus marquante: dialogues approfondis, suivis... et tendance nettement portée sur la sexualité. Héloïse était une initiatrice pour le sage mari que j'étais. J'ai accepté la rencontre et... quand même pas mal cheminé à explorer mes convictions et principes. De mon coté, j'initiais cette nymphomane (je crois que le mot n'est pas exagéré...) aux notions de couple, de sincérité, de durabilité. Elle était autant fascinée par ma stabilité et ma tranquille assurance que moi par sa vie de "débauche".
 
Là encore, je ne suis pas allé plus loin que les dialogues, hormis une sage rencontre... accompagné de Charlotte. Eh, on ne se libère pas si facilement de certains carcans (non, pas Charlotte le carcan !). Je veux dire qu'il n'était pas envisageable que je rencontre une femme en tête à tête.
 
Solution que j'ai quand même envisagée, à l'insu de Charlotte (ouh, le vilain) lors d'un déplacement professionnel. Là encore, impression de "pouvoir" en n'ayant qu'a dire «oui» pour avoir cette experte dans mon lit d'hôtel...
 
Je dois bien avouer que l'idée m'a sérieusement traversée la tête. Certainement aussi avec le désir de m'émanciper en faisant "ce qui ne se fait pas". Ben justement!
 
L'épisode Héloïse terminé... j'ai récidivé. Il faut croire que j'avais quand même vraiment envie d'aller un peu plus loin dans mes explorations des limites.
 
"Limites", un mot qui revenait tout le temps à ce moment là. En fait, je les cherchais ces fameuses limites. Qu'étais-je capable de faire, en tant qu'homme? Que m'autorisais-je en tant que mari? Et évidemment, qu'allait m'autoriser Charlotte?
 
Mais... avais-je besoin de l'autorisation de mon épouse, comme un enfant incapable de se déterminer seul?
 
J'ai donc rencontré Inès. D'abord sur le Chat, puis après deux mois de dialogues, rencontre physique. Longuement, très longuement élaborée, préparée. Là, c'est moi qui lui ait dit un soir «j'ai envie de faire l'amour avec toi». Considérable avancée dans ma libération! Exprimer de tels mots était quelque chose à la fois sincère et grisant de libération. Pourtant... je ne l'avais encore jamais vue. Contradiction avec mes propos au sujet de la première femme qui m'avait dit ces mots !
 
J'ai déjà raconté par bribes ce que j'avais eu comme relation avec Inès. Quelque chose de profond et doux (les dialogues ! allons !), une grande complicité...
 
... et c'est là que ma façon de voir le couple, la fidélité, l'amitié et l'amour à changé.
 
Considérablement.
 
 
 
Ça va?
Pas trop long? Pas trop brouillon? Pas trop chiant?
 

 
Jeudi 6 décembre 2001
 
 
Quelle est ma vision actuelle de ces modes relationnels que sont l'amour, l'amitié, le couple?
 
Dans l'imaginaire collectif, idéalement, le couple c'est : amour et fidélité. Amour mental et physique. On sait combien ce schéma est finalement peu répandu dans toutes ses composantes.
 
Pour ma part, j'avais toujours été convaincu que c'étaient là les seuls ingrédients possibles pour décrire la réussite ou l'échec d'un couple.
 
J'aimais Charlotte et elle m'aimait, nous étions fidèles l'un à l'autre. La sexualité n'était pas transcendentale, mais bon... je m'étais dit que c'était bien le moins important de tous les éléments.
 
Tout a bien fonctionné pendant 15 ans, sauf quelques disputes qui allaient en diminuant. Il y avait bien cette sexualité au ralenti, mais bon...
 
C'est après le retour invisible de Laura dans ma vie que tout à changé. En fait, l'existence de Laura maintenait la situation dans un status quo qui s'est déséquilibré lorsque j'ai compris que je devais renoncer définitivement à elle.
 
Laura sortie de mon imaginaire... il restait un grand espace vide.
 
La présence de Charlotte a comblé une partie de cet espace, dont je sentais bien qu'il restreignait une part de la place qui était la sienne. En fait, j'avais l'impression que le souvenir de Laura m'avait empêché de laisser toute la place à mon amour pour Charlotte.
 
L'illusion que tout mon potentiel amoureux pouvait aller à Charlotte n'a duré que quelques mois. Ou, pour être plus précis : tout mon potentiel aimant est allé à Charlotte... mais je me suis rendu compte qu'il restait encore de la place.
 
La place de la séduction.
 
C'est là qu'il faut que je fasse la distinction entre "tomber amoureux", "aimer" et "attirance".
 
Charlotte, je l'aime. C'est simple et net.
 
J'ai été attiré par elle, je suis tombé amoureux, puis je l'ai aimée. Déroulement classique.
 
Le problème... c'est que je ne suis plus "amoureux" d'elle, et qu'il n'y a plus cette "attirance". Ce n'est pas que ça n'existe plus du tout, mais disons que ces moments là sont rares, de plus en plus rares. Alors qu'au contraire, je crois pouvoir dire que je l'aime de plus en plus.
 
Aimer... Il y a aimer d'amour et d'amitié. Je crois que vis à vis de Charlotte il s'agit des deux. Elle est devenue très vite ma meilleure amie (et ma seule amie pendant très longtemps). Je m'en suis rendu compte au fur et à mesure que l'état amoureux s'éteignait doucement, inexorablement. Parce que malgré cette attirance moins forte, j'appréciais toujours plus sa présence.
 
Charlotte a toujours été un peu dérangée par ce qualificatif d'amie (que je n'emploie qu'exceptionnellement, lorsque nous parlons de notre relation). Moi je n'y voyais rien de minoré. C'est de toute façon une évidence pour moi: je l'aime à la fois d'amitié et d'amour . Aimer est pour moi une forme particulière d'amitié. Une amitié intime, avec une dimension sexuelle.
 
Cette notion est importante pour comprendre ce qui suivra plus tard...
 
Que s'est-il donc passé lorsque je me suis rendu compte que l'amour que j'avais pour Charlotte ne remplissait pas tout l'espace du potentiel amoureux?
 
Et bien, réfléchissant depuis un moment sur l'idée de séduction, je crois que quelque chose en moi s'est mis en recherche. Je me souviens avoir pensé à écrire à Zoé, autre amour de jeunesse. Mais là il y avait trop de risques; je vois encore assez régulièrement Zoé et elle connaît bien plusieurs membres de ma famille, nous avons des amis communs... bref, pas question de me lancer dans une correspondance dont je ne savais pas où elle pouvait me mener.
 
Ma soif de communiquer devait être telle que j'ai tenté un soir ce fameux "Chat", sans avoir aucune idée de ce que ça pouvait être. Acte inconscient, mais certainement pas un hasard. La prise de contact avec celle qui allait me séduire, quoique annonçant ma fuite, était un appel déguisé.
 
Appel entendu au delà de mes espérances, et de loin: je suis "tombé sous le charme" en très peu de temps. Attirance très forte, sans aller jusqu'à tomber amoureux (quand même pas si vite!) qui m'a fait retrouver des sensations que je croyais désormais inaccessibles.
 
En fait, c'est ce dont j'avais rêvé en recontactant Laura: dialoguer avec une femme, dans une relation d'attirance sous-jacente.
 
Cette expérience du Chat ne pouvait que me stimuler... Je suis vite devenu "accro". Dépendant comme d'une drogue de ces jeux de séduction mi-avouée.
 
Lorsque avec Héloïse j'ai ajouté la dimension sexuelle (non, pas des dialogues "hot", mais des discussions sur la sexualité) je me suis aventuré sur des terres inexplorées. Sujet tabou (pas par principe, mais de fait), que je n'avais jamais abordé qu'avec Charlotte. Un peu restreint...
 
Tandis qu'Héloïse me parlait avec raffinement des plaisirs sexuels et les avantages qu'il y avait à changer régulièrement de partenaire pour garder toujours le plaisir de la découverte, je lui vantais les possibilités de complicité qu'offrait la fidélité au long cours. Elle en souffrance d'amours toujours envolés, moi en manque de surprises, nous avions beaucoup à apprendre de l'autre.
 
Héloïse a été pour beaucoup dans mon ouverture d'esprit vers le multipartenariat et l'attirance pour l'aventure séductrice. Mais il n'était pas encore vraiment question de passer à l'acte.
 
Avec Inès, j'ai enfin approché ce qui m'attirait sans que je ne le sache. Très douce, quoique décidée, Inès est devenue une amie. Nous nous sommes ouverts l'un à l'autre avec la plus grande confiance. C'est une femme très équilibrée, sereine, bien dans sa peau. Sans avoir une sexualité débridée, elle avait pourtant eu quelques relations d'amitié très poussées. De quoi faire vaciller mes convictions. Cette femme, mariée, vivant en harmonie avec elle même et au sein de son couple, très portée sur la spiritualité, la découverte de soi, la psychologie, l'affectif. Bref, cette femme que je trouvais "bien" avait, après de longues soirées passées avec des amis très proches... passé la nuit dans le même lit qu'eux (pas les mêmes fois !)
 
Un peu stupéfait par ce comportement qui ne collait pas avec les schémas archaïques que j'avais dans la tête, l'idée à quand même fait son chemin.
 
Ainsi, même heureux en couple, même "bien dans sa tête", même avec un regard religieux (oui, ça m'influence encore...), une femme pouvait partager une grande amitié jusqu'aux relations sexuelles?
 
C'était encore une étape nouvelle que je franchissais... et un vaste horizon de possibilités insoupçonnées d'ouvrait devant moi.
 
 
 
La première fois que j'ai rencontré Inès, acte déjà "surhumain" pour moi, j'étais à la fois très intimidé... et très attiré par cette situation. Pensez donc : me retrouver, moi, seul avec une femme avec qui j'avais des discussions intimes? Moi qui n'ai jamais eu d'amis masculins, j'en avais une féminine.
 
Moi qui, comme seule amie féminine, n'avait eu que Laura, puis Charlotte. Donc des femmes dont j'étais amoureux.
 
Drôle de situation que cette journée avec Inès, ou nous nous maintenions à distance. Où JE me maintenais à distance. Il a fallu toute son audace pour qu'elle me demande de s'asseoir juste à coté de moi... puis qu'elle me prenne la main.
 
Moment intenses, moments de trouble. Sensation ô combien agréable... mais lutte intérieure entre une voix qui me rappellait mon statut d'homme marié et une autre qui disait «mais profite donc de ce qui est bon». Je pensais aussi à Charlotte, mais je n'avais pas l'impression de la tromper puisqu'il n'y avait pas d'amour entre Inès et moi. Seulement un moment de tendresse après une journée passée ensemble.
 
Un peu plus tard, elle se couchait sur mes jambes et je carressais son visage. Toujours avec la même lutte intérieure, mais toujours gagnée par cette envie de suivre mes plaisirs.
 
Je regardais mon alliance, symbole que j'étais fier d'avoir au doigt. Je n'aimais pas moins Charlotte d'avoir une autre femme dans mes bras.
 
Nous ne sommes pas allés plus loin cette fois là.
 
Je suis rentré chez moi à la fois très heureux de cette journée avec une amie, de cette victoire sur moi-même (je me demande si ce n'était pas ce qui me rendait le plus heureux...) et avec la conviction que je ne la reverrais pas. Une sorte de dégoût de ce que j'avais fait.
 
Sentiments contradictoires puissants, montrant bien que ma pensée livrait une lutte féroce entre la raison et la passion.
 
J'ai pourtant revu plusieurs fois Inès, généralement sans en parler à Charlotte. Plus par crainte de la faire souffrir que par désir de lui cacher la situation. C'est dans ces dissimulations que j'ai eu l'impression de la tromper, pas dans les gestes que j'ai pu avoir avec Inès.
 
A chaque rencontre, nous sommes allés un peu plus loin dans la proximité physique. Il y avait à la fois un plaisir de la découverte et un partage de tendresse. Nous avions toujours des dialogues approfondis et cette impression d'être "sur la même longueur d'onde".
 
Quoi de plus naturel que de prolonger une entente mentale par une entente physique?
 

 
Samedi 8 décembre 2001
 
J'ai lu que 39 % des hommes reconnaissaient avoir trompé leur femme. Je me suis demandé ce qu'on entendait par "tromper". Suis-je entré dans cette catégorie avec la relation que j'ai eu avec Inès?
 
Je n'en ai pas l'impression. Parce que Charlotte a su que je rencontrais Inès, je n'ai pas eu l'impression de la tromper. Je n'ai pas eu à mentir non plus (ou si peu...)... Oui, finalement c'est ce petit mensonge qui me dérange. le jour où j'ai passé une journée avec Inès, mais sans en parler à Charlotte. A l'occasion d'une livraison (vraie) je n'avais pas raconté le détail de ma journée. Et pour cause...
 
Bref, je ne sais pas si je me mens à moi même, mais je crois que j'aurais répondu "non" au sondage.
 
Je sais aussi pourquoi je n'ai pas l'impression de l'avoir trompée : je ne ressentais pas de sentiment amoureux envers Inès. Juste une attirance physique après une attirance mentale.
 
Bon, il est temps que j'aborde la notion d'amitié
J'ai probablement raconté dans le passé, je n'ai jamais vraiment eu d'amis. Des confidents, parfois, lorsque j'étais adolescent, mais ça n'a jamais vraiment duré. Je crois que c'était déjà trop tard. Ma confiance avait été cassée par le seul véritable ami que j'avais eu, ainsi que par mon frère, mon si proche frère dont jamais je n'avais soupçonné qu'il pourrait me trahir ainsi.
 
Bizarrement, je suis toujours resté confiant et naïf avec les gens. Sauf qu'il y a un stade au delà duquel je ne vais jamais : l'amitié durable. Je la perçois toujours comme éphémère, volatile, prête à disparaître. Ça ne m'empêche pas de donner de moi, de parler en toute sincérité et d'écouter. Mais je sais qu'il y aura une fin. C'est comme si c'était évident. Et il y a toujours eu une fin de fait, par l'allongement du temps entre nos contacts.
 
Je n'y suis certainement pas pour rien, en considérant que cette fin est inéluctable...
 
Seule Charlotte est devenure mon amie.
 
Depuis plus de 20 ans je n'ai pas eu d'autres ami(e)s. Des copains et copines, proches, oui, mais pas ce que j'appelle "ami".
 
Et voilà que je découvre internet, que peu à peu je fais connaissance de personnes avec qui nous nous entendons bien. J'ai des contacts fréquents, une certaine complicité, une profondeur de dialogue. Ce qui pourrait caractériser une relation d'amitié en somme.
 
Et pourtant... cette crainte d'une fin est toujours présente. D'ailleurs, certaines relations se sont déja distendues. Je crois que toujours j'ai envoyé un message le dernier, puis, en l'absence de réponse, je n'ai pas toujours osé en renvoyer. Et voilà comment j'ai perdu contact.
 
Oups là... flagrant délit d'évitement: je me perds sur un sujet déjà largement évoqué dans mon journal:
 
Je voulais réfléchir sur le rapport amitié et attirance.
 
Parce que si j'ai quelques contacts avec des hommes, même si c'est sur des sujets qui tournent autour de l'intime, ça reste quelque chose de... ben de purement amical. Alors qu'avec les femmes, je ne peux me départir d'un petit quelque chose en plus.
 
C'est minime, de plus en plus, mais il reste ce besoin/envie de "plaire" d'une certaine façon (et le pire c'est que je l'avoue publiquement!).
 
Je ne sais pas trop pourquoi. Sans doute une façon de faire marcher l'usine à fantasmes. Je me dis toujours (oh, de loin, ne craignez rien...) que, peut-être, éventuellement, il existerait la possibilité d'envisager, qu'un jour lointain...
 
... que quoi?
 
Allez, crache le morceau, tu es là pour ça!
 
Euh... et ben que si éventuellement... Tu l'as déjà dit!
 
Et bien j'aime envisager qu'il ne serait pas impossible (que ce circonvolutions!) que naisse une certaine attirance et que... une envie de se rencontrer existe... et que... ben.... on se plaise.
 
C'est à la fois stupide et totalement évident !
 
Je sais.
 
C'est plus fort que moi, je sens que cette attente existe. Mais je sais aussi que je la gère très bien. C'est seulement une vague lueur qui me guide et me stimule. Peut-être d'ailleurs une bonne raison pour que je n'entende pas trop mes doutes sur moi-même, ce qui ferait que je n'oserais pas m'installer dans un dialogue. Comme je ne "crois "plus en l'amitié, je choisis un stimulant avec l'attirance.
 
Ce qui est nouveau, c'est que je me permette de ressentir ces attirances, auparavant taboues dans mon esprit. Je crois que c'est de m'autoriser ces pensées qui fait que je peux m'investir dans une relation d'amitié.
 
Vous voyez comme les deux choses sont étroitement imbriquées?
 
Alors bien sûr, maintenant je ne me lance plus dans des relations d'attirance ouvertement déclarées comme avec Héloïse ou Inès. Je n'en parle jamais directement à mes interlocutrices... bien qu'elles le sachent en me lisant. Seule Amandine à eu droit à quelques mots un peu plus explicites, mais immédiatement atténués par mon coté conscient du problème qui désamorce l'effet.
 
C'est d'ailleurs en constatant que mes révélations ne les font pas fuir que j'apprécie d'autant plus mes interlocutrices.
 
Pour être juste, je dois quand même dire que je n'ai pas ce genre d'attente avec toutes (c'est la vérité et c'est bien pratique pour insinuer le doute chez celles qui n'en sauraient rien, hé hé hé...). Si c'était trop systématique ça serait trop simple.
 
Bon, vous avez remarqué comme je me dédouble lorsque j'ai quelque chose de difficile à dire? C'est spontané, et je sais que d'autres font de la même façon (Eva et l'Incrédule, notamment).
 
Je tiens quand même à dire que ces attirances plus ou moins déclarées sont en voie de régression. Je sépare de plus en plus les deux choses : l'amitié va grandissante alors que l'attirance n'est plus qu'une petite lueur. D'ailleurs, je remarque que souvent j'ai moins d'empressement à répondre aux mails qu'au départ d'une "relation" de dialogue. Je crois que c'est significatif.
 
Autre constat: lorsque je cherche à "séduire" une belle (très très discret comme séduction, je vous assure!), je suis en attente de ses messages de réponse. Alors que lorsque je considère que la relation est "acquise", je lis le message avec plaisir, parfois empressement, mais sans ce petit quelque chose de plus qui n'a pas sa place dans une relation purement désintéressée.
 
Quand je dis que je cherche à séduire, en fait je cherche seulement à capter un brin d'attention . Si le retour de message montre qu'il y a un écho, je suis satisfait. Généralement ça ne va pas bien au delà parce que l'écho n'entre pas en une résonnnance telle que l'attirance devienne incontrôlable.
 
Ouh la la, je me demande si vous parvenez à suivre mes divagations. Un homme m'a dit qu'il retrouvait une part de lui, j'en suis content.
 
Vous savez quoi? Je me sens plus à l'aise dans ce petit coin tranquille, à l'écart de ma page habituelle ouverte à tous les regards. Je sais bien que n'importe qui peut lire ici, mais je crois que seuls ceux qui sont intéressés se taperont la lecture de tout ça.
 
C'est psychologiquement plus confortable pour moi.
 
Bien, je vais cesser là pour ce soir.
 
Il faudrait que j'aborde un peu des trucs autour du domaine sexuel, quand même pas vraiment détaché de tout ça...
 
Et puis, en relation avec la sexualité et l'attirance, la notion de fidélité conjugale. Ça, ça me travaille pas mal...
 

 
Dimanche 9 décembre, le matin
 
 
Hier soir j'ai quitté l'ordinateur parce que je m'endormais sur mon texte. Un état de moindre vigilance qui laisse peut-être passer plus de choses qu'en état de veille active.
 
J'ai donc dit des choses qui me mettent en position inconfortable, vis à vis des personnes concernées.
 
Pas sûr qu'elles sachent de qui il s'agit, pas sûr qu'elles l'ignorent.
 
Lorsque je fais ça, je crois que c'est une façon de désamorcer les choses, de clarifier ce que je pense. En avouant qu'il existe en toile de fond de certaines de mes relations un "désir" (même très hypothétique, même très lointain), je joue franc-jeu. Avec mes interlocutrices concernées et avec moi.
 
J'allais dire que c'est une sincérité qui me permet de couper mes tentations vers un chemin qui n'est pas le bon. Une façon de bien séparer, en les nommant, les éléments qui tiennent de l'amitié et ceux qui tiennent de la séduction. Je veux que les choses soient claires pour moi, et ne pas tricher avec mes interlocutrices.
 
En poussant un peu plus loin... je me rends compte aussi que cette clarification a un autre objectif : couper cette attirance... ou la lancer.
 
Explication : lorsque j'ai fait des rencontres sur le Chat, encore tout à fait candide, je ne me suis pas rendu compte de la façon dont fonctionnait le principe de séduction mutuelle. Alors en très peu de temps je me laissais aller aux confidences, puis en écoutant les confidences en retour je sentais naître une attirance. Sentiment très agréable que je laissais s'installer, puis se développer avec la complicité non moins intéressée de ma partenaire. Attirances-coup-de-foudre, qui me faisaient atteindre en quelques heures des sommets.
 
Jeu dangereux dont j'ai appris à me méfier, même s'il m'a fallu trois relations pour y parvenir. Le délai de "prise" de l'attirance augmentant corollairement avec ma méfiance vis à vis de ce genre de "jeu".
 
Puis j'ai cessé le Chat, trop propice à ce genre de situation.
 
En lisant les journaux des autres, et en particulier le premier qui m'a vraiment touché, j'ai ressenti aussi ce genre d'attirance. Mais beaucoup plus diffuse, légère. Le fait que ce soient des confidences à sens unique empéchant le processus de séduction mutuelle de s'installer.
 
Est venu ensuite le temps des échanges de mails, soit de la part des lectrices, soit de ma part en commentant leur journal. Euh... en fait je crois que c'est surtout lorsque ça venait de ma part...
 
Parce que j'ai écrit à celles qui me touchaient et que leurs réponses, souvent flattées par mes commentaires (ben oui, on aime bien les commentaires agréables), me renvoyaient une image encore plus sympathique , et surtout plus personnelle que celle qu'elles donnaient dans leurs écrits. J'avais l'impression de pénétrer un peu plus dans leur intimité (euh... les mots sont ambigus là, non?).
 
Je suis très content d'avoir pu lier contact avec ces diaristes et qu'elles semblent apprécier (oserais-je le "et qu'elles apprécient"?) celui que je suis.
 
Mais maintenant, et c'est là que je voulais en venir, j'ai envie de nettement séparer ce qui tient de l'amitié, ou de la complicité, et ce qui tient de l'attirance non désintéressée.
 
En me lisant, on pourrait croire que c'est quelque chose qui m'obsède et est très marquant. Non non, pas du tout. C'est juste un infime petit quelque chose, mais que ma sincérité pousse à dévoiler.
 
Ah oui, quand même: lorsque je dévoile à mes interlocutrices plus ou moins directement (comme avec Amandine) ce que je ressens, c'est aussi une façon de savoir ce qui existe ou pas en retour.
 
En général il n'existe rien, et je me retrouve un peu gené d'avoir dit ce que j'avais dans la tête. Mais... hé hé hé, les tortuaisons du cerveau sont diaboliques, je crois comprendre que cet aveu est aussi... une perche tendue si l'interlocutrice voulait bien la saisir.
 
Vous voyez comme je ne suis pas clair avec tout ça?
 
Parce que, bien évidemment, ce qui s'est passé avec Inès était quand même sacrément bon. Et que cette tentation existe toujours.
 
Mais comme j'ai aussi la tentation de l'amitié... voila pourquoi je me vois obligé de clarifier les choses.
 
Je peux le faire aussi parce que les interlocutrices concernées me connaissent suffisamment et que je ne crains pas de les choquer avec mes idées... pas si choquantes que ça.
 
Et vous voyez, lorsque je tente de "placer mes pions" avec Amandine, par exemple, la simplicité de ses réactions désamorce toujours la situation un peu délicate dans laquelle je me place. Tout redevient clair.
 
Je crois (et espère fortement) que ces confidentes/attirantes ne m'en veulent pas de me laisser aller parfois à de petites incartades vers ce qui n'existe pas entre nous.
 
Vous avez suivi?
 
Qu'est-ce que vous voulez... il faut bien que j'apprenne à maîtriser ce nouveau type de relations. Il n'y avait guère eu que Laura dans ma vie, puis Zoé, avec qui j'avais eu des contacts amicaux/confidents, et comme j'étais amoureux d'elles (ou peut-être l'étais-je à cause de ça?), il m'a fallu apprendre à dissocier les deux.
 
Ah ben ça va mieux maintenant :o)
 
J'aime bien quand je retrouve ma stabilité.
 
 

 
Mardi 18 décembre 2001
 
 
 
 
Charlotte m'a dit quelque chose hier soir qui m'a "travaillé". «Peut-être que tu n'as pas envie de me montrer que tu m'aimes ?», m'a-t-elle dit en évoquant notre (ma) distance vis à vis de la sexualité.

Cette sexualité, c'est quelque chose qui revient souvent entre nous en ce moment. C'est aussi le sujet sur lequel je bloque. Autant je peux aborder des sujets tout azimut sans gêne, autant celui là se heurte toujours à une sorte de mur construit dans ma pensée. Un mur qui me rend inaccessible les choses les plus enfouies.

Il y a quelques jours, Libellule me disait que je pourrais orienter nos rapports (pas avec Libellule, avec Charlotte!) sur la séduction.

 

La séduction avec Charlotte? Mais c'est justement là qu'est tout le problème...

Pour moi la séduction est rattachée à une idée de "conquête". Non pas que j'aie envie de conquérir, mais il faut qu'il y ait une part d'incertitude, d'attente, de défenses qui tombent. Rien ne me séduit plus qu'une femme à priori inaccessible. Il faut que j'ai l'impression de sentir que malgré le peu de chances que j'ai de la séduire, quelque chose de miraculeux fasse qu'elle s'intéresse à moi. Et quand je dis "séduire", ce n'est pas par un habile jeu de ma part, non. Il faudrait qu'elle soit séduite par moi de façon "naturelle". Sans que ne modifie en quoi que ce soit ma façon d'être.

Pas si facile à renouveler dans une relation établie depuis vingt ans...

Deuxième chose, nécessaire dans l'attrait du jeu de séduction: la nouveauté, la diversité. J'aime découvrir des personnalités inconnues, toucher des visages (là, je peux passer au "j'aimerais"...), et "posséder" une femme qui ne m'était pas, a priori, destinée.

Ouh la! Mais c'est vachement mec dominant ça! Mais je ne pense pas que ça aille au delà des mots. J'ai trop de respect pour la personnalité des gens pour avoir envie de me les approprier. C'est une "possession" temporaire, et réciproque.

Bon, pour l'idée de "posséder", la vie de couple pourrait répondre à cette envie. Pour la diversité... ça coince un peu. Et c'est bien l'objet de mes réflexions depuis des mois, et le contenu essentiel de ce journal: mes attirances pour des femmes différentes et diverses.

Beark! On dirait un collectionneur de femmes!!! Non non, je ne le vois pas du tout comme ça. Ce n'est pas la collection en soi, qui serait détestable, mais l'envie de diversité qui conduit à cette "collection".

 

Bon, je fais fort dans les révélations là! Surtout je me surprends à écrire des choses que... ben que je n'aime pas trop savoir exister chez moi.

Non, en fait j'ai peur du jugement... Peur que des personnes qui me lisent se disent « Ah ben il est bien comme tous les mecs l'Idéaliste!».

Oui... peut-être que je suis tout simplement un bête mâle...

Je suis un bête mâle.
 

Mais le pire est à venir... (tant que j'y suis, autant y aller franchement).

 

Ce qui m'attire chez les femmes est aussi... leur physique.

Paf! en plein dans les clichés!

 

Oui, je rêve de (... les enfants, au lit !) corps féminins. De corps minces, bien faits. De corps de pub ou de ciné. Et vlan, complètement soumis à l'image stéréotypée de la femme !

Exactement ! Mais qu'y puis-je ? C'est mon cortex, mon bulbe rachidien, ma libido, ou autre chose... mais c'est comme ça.

Charlotte n'a pas un corps de pub.

C'est le problème. C'est mon problème.

 

Alors je fais quoi ?

Je renonce à mes fantasmes ? Oui, ben figurez-vous que j'y ai pensé, mais ça ne marche pas. Un fantasme est là, on ne le choisit pas.

Je fais le deuil de ce rêve ? Ben... pas facile de faire un deuil alors qu'on sait que le "mort" (corps de rêve) existe. On fait le deuil de fantasmer sur une relation charnelle avec un corps de... Non attendez, cette phrase... elle ne va pas du tout!

Elle est trop significative. Je parle de relation avec un corps ! Mais c'est horrible ça. Le corps au rang d'objet, sans évoquer la personnalité. Autant aller voir une prostituée alors ?

Ben justement non. Parce que je ne peux envisager une relation de ce type qu'après une entente intime, une proximité émotionnelle, mentale. La proximité physique après celle des esprits. Quand même !!! (Euh... je le dis pour me persuader ou parce que je le pense vraiment?)

Je crois vraiment que je le pense sincèrement.

 

Donc, je reviens à mon sujet: j'ai envie de poursuivre une proximité des idées, une attirance mutuelle fondée sur un partage des idées, par... une proximité sensuelle. Je veux dire qu'il me semble devenu évident qu'un partage poussé, une complicité particulière, puisse se poursuivre par une étreinte physique.

Euh... finalement, en écrivant ça, je me rends compte que ce n'est plus tout à fait vrai. Je peux partager une complicité qui en reste au domaine de l'amitié. Tiens, c'est nouveau ça. Serais-je parvenu à nettement détacher l'amitié de l'attirance?

Que mes correspondantes, diaristes ou non, se rassurent, mes idées à leur sujet restent très sages !

En fait, il est devenu rare que je ressente une proximité mentale telle que j'ai envie d'un contact physique...

 

Bon, mais ces considérations ne m'éclairent pas sur les attirances physiques.

Peut-être bien que le corps peut être quelque chose qui crée l'attirance physique. Je veux dire qu'une personne qui me plaît intellectuellement parlant me plaira encore plus si elle est dotée d'un physique qui me plaît. Bref, comme on dit, je veux le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière ! Une femme qui me plaît intellectuellement, qui me plait physiquement, et qui partage une attirance réciproque.

 

Oui.

C'est ça.

Merde, je suis marié ! Ça marche pas ! Pas permis, la "libraimance" chère à l'Incrédule. On reste sagement avec son épouse.

 

Et on retrouve le "problème", si l'épouse ne correspond pas aux fantasmes, ni physiquement, ni pour la diversité (comment le pourrait-elle ?). Et si on est quelqu'un de... maximaliste, de perfectionniste, et bien on est frustré de ce coté là.

Et on endure sa frustration. Des années. Toute sa vie.

Putain, c'est long une vie ! Et de me dire que jamais je ne (attention, c'est cru...) que jamais je ne baiserai avec une femme superbe... et ben ça me fait chier ! Sur mon lit de mort je penserai à ce que je n'ai pas eu de ce coté là, et qui aurait pu être à ma portée (en fait, je n'en sais rien, mais au moins aurais-je pu le supposer).

 

Je me dis que ces idées peuvent choquer, en particulier les femmes qui n'auraient pas ce "corps superbe" cher à mes voeux. C'est dégueulasse et injuste, je sais. Et moi-même quelle assurance pourrais-je avoir de plaire sur ce plan là ?

Ben oui, mais ici c'est un défouloir, tendance psychanalytique. C'est dans ma tête et j'ai pris le pari de la sincérité. Si je me sens capable de l'évoquer (parce que vous vous doutez bien que ces idées ne sont pas neuves de ce matin !), je n'ai pas de raisons de le retenir. Ce que je ressens peut d'ailleurs intéresser... ben... vous qui me lisez ! Hommes qui y trouveront une similitude (Claudio, non ?) ou femmes qui sauront (si elles ne le savent déjà trop...) comment un homme parmi d'autres fonctionne. Et que même si le dialogue, le partage, l'écoute sont des choses très importantes, primordiales, il reste quand même des idées nettement plus triviales. Même si, je crois, le sexe ne va pas sans l'esprit (on est pas des bêtes !).

 

Voila... tout ça pour expliquer un peu (à moi surtout) pourquoi je ne ressens pas forcément une attirance sexuelle marquée pour mon épouse. Avec elle c'est beaucoup de mental et peu de sexe.

Et comme en plus de son coté il y a d'autres problèmes dont les effets se conjuguent aux miens... c'est pas étonnant que notre sexualité soit peu épanouie.

 
 
 
Et je me demande pourquoi je raconte tout ça en public...

 

 
 
 
 
Fin provisoire de la 5eme séance, vous pouvez rallumer...
 
 

 

 

 

  

 

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