- Mois
de juin 2002
Selon la date, la longueur du texte vous permet de
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préféré à une page pour chaque
jour.
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- Hors-sujet
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- Dimanche 2 juin
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- Actualité des diaristes
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- Une
nouvelle petite polémique dont la CEV est
coutumière: peut-on critiquer les diaristes?
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- Henri, heureux lauréat du concours sur le
meilleur journal intime, organisé par Henri sur le
site de Henri et selon une idée de Henri, fait encore
parler de lui. Ce triste sire à l'outrecuidance de
rire de nous.
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- Mouais...
même moi il m'a déstabilisé au
départ, quand je n'avais pas le code de
déchiffrage. Mais si on sait prendre un peu de recul
on découvre alors un humour assez bien vu sur nos
petits travers.
-
- Parce qu'il
faudrait quand même que nous soyons bien
prétentieux pour nous sentir au delà des
critiques. D'autant plus si elles sont faites par quelqu'un
qui connait quand même bien le milieu. Je ne
perçois pas cet humour comme méchant. Certes
il se moque un peu de nous (de certains d'entre nous), mais
c'est à voir comme une caricature: il grossit les
traits.
-
- Par
exemple, qu'il appelle mon site "Idéal,
réalité et Prozac" ne me vexe pas. Il montre
bien que je nuis nettement tourné vers le coté
psy, auto-analyse et "prise de tête". Puis-je dire le
contraire?
-
- Mais
même sans parler de quelqu'un en particulier, Henri se
moque gentiment de nous dans notre ensemble. Je ne crois pas
qu'il nous lise avec mépris ou un sentiment de
supériorité. Je le vois plutôt avoir un
regard amical sur nous. D'ailleurs s'il nous appelle ses
"loupalous", s'il s'adresse à nous, c'est bien qu'il
a une certaine affection, non?
-
- Ça
ne serait pas la même chose s'il disait "cette bande
de cons qui écrivent sur eux-mêmes...".
-
- Quand
à le prendre au sérieux quand il dit avoir le
journal le plus lu d'internet, avec une liste de diffusion
de 6000 noms, sans se rendre compte que
l'éxagération est ironique, je me demande
vraiment si c'est possible.
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- 02h30
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- Ouf... nous
venons de terminer notre réunion sur le Chat pour le
lancement du numéro 2 de Claviers intimes. Annonce est faite,
il est en ligne.
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- Tehu
à beaucoup travaillé sur tout ce qui est mise
en page et outil de programmation, efficacement
secondé par Lou. Eva coordonnait la
thématique: "Mon journal, cet ami inséparable
et encombrant". Et nous sommes plusieurs à avoir fait
part de nos impressions dans ce magazine. Bref, un vrai
travail d'équipe.
-
- Il me
semble que la qualité et l'intérêt des
articles est très honorable. Je vous en laisse juger
par vous-même...
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- _____
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- Et
maintenant... quelques jours de vacances!!!
-
- En
amoureux, à l'aventure, sans destination
précise... Nous avons horreur de programmer à
l'avance.
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-
-
- Retour à la
réalité
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- Samedi 8 juin
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-
- Je ne sais
plus trop où j'en suis. Perdus les repères de
temps. Quel jour sommes-nous?
-
- Comment vit
le monde en dehors de que nous vivons, nous, dans ce tumulte
qui a fondu sur nous?
-
- Qu'est-ce
qui est important? Qu'est-ce qui est
dérisoire?
-
- Qu'est-ce
que l'entraide, quels liens secrets se créent dans
l'adversité?
-
- Je ne peux
en dire plus ici, sous peine de perdre une part de
l'anonymat auquel je tiens, mais j'invite ceux qui
souhaiteraient en savoir plus à me contacter. Une
page "fantôme" existe...
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- ---------
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- A part
ça, mes petites vacances sont terminées. Voyez
un peu ce que j'ai pu voir...
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-
- Pas pu
suivre non plus la polémique autour de
Henri/Jerôme. Pourtant, j'aurais eu des choses
à dire. Mais pas le temps...
-
-
-
- Pas de panique
-
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-
- Mercredi 12
juin
-
-
- Ma
dernière entrée pouvait paraître un peu
alarmiste et des lecteurs se sont inquiétés de
mon sort.
-
- Rien de
grave. Seule la mort est grave, n'est-ce pas?
-
- Seulement
une situation très préoccupante, une vie
changée pour quelques temps. Un emploi du temps
perturbé et un décalage par rapport au monde
qui continue à tourner. Mais tout se résorbera
au fil du temps.
-
- Tant qu'on
est vivant, tout va bien finalement...
-
-
- A part
ça; je me suis rendu compte que je résistais
assez bien à l'adversité. Mon tempérament
plutôt optimiste (je déteste les gens qui
n'arêtent pas de se plaindre) fait que j'accepte
relativement bien ce que je considère comme une
fatalité.
-
- Bon. Toujours
préoccupé et pas trop la tête à
écrire. Le reste est sur la page fantôme...
-
-
-
- Mutation?
-
-
-
- Dimanche 16
juin
-
- Histoire de
me remettre dans le bain des évènements
récents, j'ai relu le journal d'Henri le
facétieux. Il a raison, on se prend souvent un peu
trop au sérieux chez les diaristes. Et moi le
premier. Je me suis senti gêné en lisant
certains passage, sentant bien que comme les personnes dont
il se moquait, je me laissais aller parfois à
écrire des trucs un peu ridicules. On est vite
ridicule quand on se laisse aller à l'intime.
-
- L'intime ne
se partage qu'avec des proches et n'est pas fait pour
être lu par des yeux extérieurs.
-
- Je commence
à comprendre ces diaristes qui ont un journal
à accès restreint. De plus en plus j'y
songe...
-
- Ce qui me
retient c'est de ne plus pouvoir être découvert
par des gens qui pourraient trouver quelque chose qu'ils
apprécient dans mes écrits. Oh non, pas pour
augmenter mon lectorat, pas pour une dérisoire
notoriété, mais simplement en me souvenant de
ma propre découverte de diaristes qui m'ont, à
un moment donné, apporté quelque chose.
-
- Je n'ai
rien de particulier à offrir, mais il se peut que mes
écrits touchent, à un certain moment de la
vie, des gens. Je pense qu'il serait dommage de les priver
de ce qui peut leur faire du bien. Bon, ça peut
paraître hyper-prétentieux d'écrire un
truc pareil, mais j'espère que ça ne sera pas
mal interprété. Je ne me prends pour rien de
particulier, j'offre juste mes réflexions et si je
sens qu'elles peuvent apporter quelque chose à des
gens, je me dis que ce serait égoïste de les en
priver.
-
- Ceci
dit...
-
- Je me pose
des questions sur ce que moi j'attends de ce journal. Il
semble que ce soit davantage que ce que je viens
d'évoquer. C'est à dire "offrir des
réflexions à qui veut les lire".
-
- Je crois
qu'il va falloir que je franchisse un pas. En me rendant
compte que moi aussi je trouve satisfaction à
écrire ma vie.
-
- Ou que je
trouvais satisfaction.
-
- Je me rends
compte que je devais espérer plus ou moins
inconsciemment nouer des relations d'amitié. Ce qui
s'est passé d'ailleurs. Et c'est bien avec ces
personnes que j'ai envie de communiquer via un journal
d'accès restreint.
-
- Mais les
autres? Ces gens qui viennent ici plus ou moins par habitude
ou curiosité, comme je le fais moi même avec
d'autres diaristes, quel lien peut-il exister entre nous? On
se lit, on s'écrit occasionnellement... et puis?
Certes, c'est une ouverture sur des chemins de vie dont on
se sent plus ou moins proche, pour quelques bribes de
parcours similaires, mais cela ne créera jamais de
liens qui ressemblent à de l'amitié.
Plutôt de la sympathie, du copinage. Sympathique, mais
sans plus.
-
- Je ne dis
pas que ce n'est pas bien, mais je pense qu'il faut que j'en
prenne la juste mesure. Et je me rends compte que j'en
attendais plus. C'est évidemment mon attente qui
faussait ces rapports.
-
- Ce qui m'a
fait prendre compte de tout ça, c'est ce double
journal que j'ai ouvert depuis la semaine dernière.
J'ai expliqué que je ne voulais pas laisser, visible
par tous, trace de ce qui m'arrivait. Et j'ai proposé
à ceux qui le voulaient de donner l'adresse de ce
journal parallèle.
-
- Oh, je
n'attendais pas des centaines de demandes, mais je pensais
que quelques personnes se préoccuperaient un peu de
mon sort puisque je montrais qu'il m'arrivait quelque chose
d'assez inhabituel. Et bien je dois dire que très
très peu de personne ont été au
delà de la simple lecture de mes entrèes qui
annonçaient mes soucis. J'en ai d'autant plus
apprécié ceux qui l'ont fait.
-
- Je ne le
cacherai pas: c'est un peu dur pour mon égo. Je me
pensais suivi avec un peu plus de... comment dire...
sollicitude. Sans parler d'amitié. Juste un peu plus
d'attention quoi.
-
- Vlan! Je
m'étais trompé. Le cercle de ceux qui
m'apprécient au point de s'inquiéter de mon
sort et un tout petit cercle.
-
- Bon, ben
c'est comme ça.
-
- Et
peut-être que moi je ne me serai pas plus
inquiété du sort de ceux que
j'apprécie, qu'en sais-je? Par peur de
déranger, de ne pas me sentir faire partie des
proches autorisés à franchir la
barrière d'un espace un peu plus privé? Ou par
négligence, préoccupation personnelle,
désintérêt passager, ou
incompréhension du message...
-
- Bref, me
voila donc face à un nouveau rapport avec ce journal
et le lectorat. Je pense que c'est salutaire. J'avais sans
doute trop investi dans ce journal et les liens
communautaires ou personnels qui peuvent exister.
-
- Je le sais
pourtant: internet n'a rien de différent du monde
sensoriel. Même si on se parle d'intimité
à intimité, c'est surtout d'égo
à égo.
-
- Comme
disait Henri: les égos qui s'écrivent.
-
- ---------
-
- Je ne mets
pas en ligne ce qui précède, volontairement.
Pas envie de heurter des sensibilités. Je laisse un
peu de temps passer.
-
- Moi non
plus je ne m'inquiète pas forcément de
l'absence d'autres diaristes. Je remarque juste qu'ils n'ont
pas écrit depuis un moment, mais sans
m'enquérir de leur situation. Et heureusement
d'ailleurs, puisque chacun peut bien choisir le rythme
d'écriture qui lui convient à un moment
donné.
-
- --------
-
- Apparition
depuis quelques temps d'une nouvelle diariste
particulière. En fait il s'agit d'une lectrice qui
ose franchir la barrière pour se placer de l'autre
coté de l'écran. Hmmmm, c'est une autre
façon de connaître les gens avec qui l'on
correspond que de les voir s'exprimer seuls face à
eux mêmes.
-
- Sans doute
pas de surprises énormes quand on connaît un
peu quelqu'un, mais apparition de tout un univers que l'on
ignorait plus ou moins largement.
-
- Mais je
sais qu'elle lira ces lignes ;o)
-
-
-
- Lundi 17 juin
-
- Hé
hé hé, je viens d'aller voir les stats de ce
journal: chute libre!
-
- Y'a pu
personne qui vient me lire. Tant mieux. Finalement ça
m'arrange. Même lors des mise à jour, moins de
dix personnes.
-
- Et souvent
c'est zéro par jour, parfois un.
-
-
-
- Et si ce
journal devait cesser? Peut-être a-t-il assez
vécu? Peut-être ai-je dit tout ce que j'avais
à dire en public?
-
- Sous cette
forme, c'est possible...
-
- Sans doute
une évolution est-elle en cours. Nouvelle forme
d'écriture? Non, je ne pense pas. Mais nouvelles
préoccupations certainement. D'ailleurs une diariste
mathusalémienne (en temps diaristique,
évidemment) me l'avait dit: un jour on change sa
façon de vivre son journal. P'têt' ben que
c'est ce qui se passe en ce moment.
-
- Et cette
distance que je mesure brusquement entre les lecteurs et le
diariste n'attendait certainement qu'un
évènement un peu significatif pour se
manifester. Tout était prêt pour le
craquement.
-
- CRAC !
-
- Et hop, me
revoila tout frais tout neuf. Je n'en n'ai pas encore
conscience, mais je crois bien que quelque chose s'est
passé ces derniers jours. En fait, j'ai envie de
n'écrire que pour ceux qui me sont restés
fidèles, qui se sont inquiétés pour
moi, qui m'ont encouragé.
-
-
-
- Mardi 18
juin
-
- En lisant
Eva (enfin de retour... je m'inquiétais)
je trouve une réflexion similaire à la mienne
«Au
fond, tout a l'air de bien fonctionner sans moi - preuve que
décidément je ne suis pas grand chose. Juste
un nom de plus dans une liste. En fait, l'éloignement
d'internet rend tout ce monde futile et inessentiel. Non
?».
-
- C'est vrai,
on n'est si peu de choses sur le net. Encore moins que dans
le monde tactile. Qu'une absence se prolonge et pfuiiit,
oublié. J'en parlais avec Inès aujourd'hui au
téléphone, à propos d'une amie
virtuelle commune dont nous sommes sans nouvelles depuis des
mois. La dernière fois, elle nous promettait une
réponse rapide après des
évènements importants dont nous n'avons rien
su. Pour ma part, je lui ai répondu que je lui
laissais tout le temps nécessaire et que je restais
là, présent pour le moment où elle
serait disponible.
-
- J'attends
toujours. D'ici peu je tenterai un nouveau courrier.
-
- Cet exemple
n'est pas le seul. D'autres personnes avec qui j'ai parfois
longuement échangé sont devenues
désormais lointaines. Je suppose que cela correspond
à des attentes qui divergent après une phase
commune de préoccupations parallèles.
-
- Il y a
aussi le fait de ne pas oser déranger. Attendre, si
jamais il se passait quelque chose...
-
- Et puis il
y a le temps. Toujours ce temps qui file et qui fait que ce
qui devient moins prenant est reporté,
imperceptiblement, de plus en plus tard.
Différé au lendemain, puis à la semaine
suivante, puis au mois prochain... éventuellement...
si on a le temps...
-
- Je n'aime
pas sentir s'installer ce délai.
-
- Peut-être parce que je me dis que la
personne qui est en face va trouver que je mets du temps
à répondre. Je crains de décevoir,
d'être moins apprécié...
-
- Et pourtant
je ne lutte pas vraiment contre ce qui se met en place tout
seul. J'essaie de me dire que ce n'est pas le temps qui
éteindra une relation si elle est faite pour durer.
Et l'expérience prouve, par exemple avec Inès,
que la relation peut durer.
-
- ----------
-
-
- Coq
à l'âne: je pense subitement à quelque
chose que j'ai constaté récemment et que je me
dois de consigner dans ce journal. Parce que c'est un
évènement. Non, pas mondial, juste pour
moi.
-
- Je suis en
train de quitter une vieille pelisse que je traînais
depuis des années: la culpabilité. Si si, je
vous assure. Je sens qu'elle me quitte,
irrémédiablement (en voilà une que je
ne retiendrai pas, tien!).
-
- Plusieurs
signes récents m'ont fait prendre conscience du
travail qui s'opérait. Avec Charlotte notamment, qui
ne peut s'empêcher de me montrer parfois que je ne
suis pas comme elle aimerait que je sois (c'est à
dire ouvert aux autres, jovial, aimant s'amuser de
futilités...). Et bien au lieu de me morfondre une
fois de plus en me disant que oui, c'est vrai que je suis un
ours, que je ne sors pas, que je n'ai pas vraiment d'amis...
et de m'en sentir coupable, je lui ai répondu que je
ne pouvais pas me changer, que ce n'était pas ma
nature profonde et que je refusais de me culpabiliser
là dessus. Elle aussi à des cotés qui
ne correspondent pas à mes attentes. Ce n'est pas
parce que je suis peut-être un peu "différent"
d'un comportement qui est considéré comme
"normal" que je vais devoir m'y plier.
-
- Et ce
matin, à un autre sujet, j'ai aussi
résisté face à une culpabilité
qui n'aurait pas manqué de se manifester il y a
encore peu de temps.
-
- Mouais,
c'est un peu décousu mon texte...
-
- Patience,
tout cela s'éclaircira probablement dans un temps
proche. J'ai l'impression, une nouvelle fois, que je suis en
train de subir une mutation assez profonde de tout mon
être. Je vais de plus en plus vers moi... et j'aime
ça!
-
- ________
-
- Lu
ça, chez l'Incrédule, en rapport avec ce
que j'ai cité d'Eva et mes réflexions d'hier:
«En
fait, j'ai espéré -et
interprété- des signes, des gestes qui ne sont
jamais venus et je préfère porter le
blâme de cette situation plutôt que d'accepter
que les choses peuvent se passer ainsi, tout
simplement...». Hmmmm, mais c'est fou comme à
certaine périodes on peut trouver des
réactions qui ont quelque chose de commun en lisant
les autres...
-
- Et
ça alors: « Et malgré tout ce que j'ai appris
dernièrement et le chemin parcouru, quand arrive un
moment de fragilité, une fatigue ou qu'une
insécurité se manifeste, je dois malgré
tout me rappeler que je ne dois pas chercher à me
contrôler où à me retenir dans mes
amitiés et mes relations. Seule la liberté
leur permettra de s'épanouir, d'évoluer... et
moi aussi, par la même occasion. Et ce, quand bien
même cela provoquera une éventuelle
séparation. C'est une leçon difficile, je
l'admets... mais en voulant faire autrement, on se torture
inutilement.». C'est-y pas étonnant comme
similarité avec ce que je viens de développer
dans le chapitre (disons "le bout de
texte", ça fera moins pompeux)
précédent?
-
-
-
- Mercredi 19
juin
-
- Allez, zou,
j'envoie le texte. Quatre jours d'un coup!
-
- Je vais
quand même pas garder ce journal hors ligne trop
longtemps. Je crois que c'est la première fois que je
fais de la rétention de texte ainsi (d'habitude,
c'est plutôt de l'incontinence...). J'aurais bien
privilégié mes lecteurs les plus
fidèles, mais je vous dis pas le bazar ensuite pour
les mises à jour.
-
- Je reprends
pied doucement dans le monde internautique. Lire,
écrire. Ici, sur des forums, par mail...
-
- Ah la la,
diariste, quel métier....
-
-
-
- (psssst, un peu de nouveau sur la page
fantôme)
-
-
-
-
- C'est reparti !
-
-
-
- Jeudi 20
juin
-
- Bon ben...
bah... il semble que mes jérémiades de
diariste mal dans sa peau aient été entendues
:o)
-
- Vouais,
c'est vrai que j'ai pas été très clair
lorsque j'ai signalé qu'il se passait des trucs dans
ma vie et que ma volonté d'anonymat m'obligeait
à les cacher... tout en les racontant
ailleurs.
-
- Puis il
semble que certains n'ont pas osé s'imposer.
-
- En fait,
c'était juste parce que je ne voulais pas laisser
trainer sur le net une page qui pouvait permettre de
m'identifier un jour. Rien de vraiment secret. Juste du "pas
public". Comme un portail qui aurait ouvert sur un jardin
privé et non pas un jardin public ouvert à
n'importe qui. Je voulais juste savoir qui j'accueillais
dans mon jardin secret.
-
- Puis bon,
je me rends compte que ma petite pointe d'amertume (oui bon,
pas si petite...) devait avoir une utilité
inavouée: tester si j'existais toujours pour des
lecteurs/lectrices.
-
- Ben oui, de
temps en temps il me semble qu'on a besoin de faire le
point. Qui est là, qui me lis...
-
- Oui, un peu
enfantin sans doute.
-
- Mais
justement, je me suis rendu compte de cette
dépendance et je crois que, paradoxalement, ça
m'a permis de prendre un certain recul. Je me suis rendu
compte avec plus d'acuité combien l'expression du
diariste est liée (dans mon cas) à la
perception que les autres peuvent avoir de lui.
-
- On le sait
bien qu'on ne lance pas des mots dans le vide. Il y a des
présences silencieuses quelque part. Peut-être
assoupies par un certain ronronnement, peut-être
toujours en éveil? Qu'en sait-on?
-
- Oui, je ne
l'ai jamais caché, j'ai "besoin" de me savoir lu en
sympathie, j'ai besoin de vous savoir "là".
-
- Et puis ce
journal est à un certain point d'évolution. II
change, ou va changer, je ne sais pas bien. Tout comme moi.
Il reflète les changements qui se passent en moi,
notamment pour mes rapports avec les autres.
-
- Je suis en
train de m'accepter comme jamais je ne me suis senti le
faire. Je suis moi, avec mes limites, mais elles sont de
moins en moins barrières insurmontables. Et puis je
sais voir, oui, je sais enfin REGARDER en face ce qu'on
appelle "qualités". Disons plutôt euh... points
intéressants. Ou points appréciables.
-
- Oui oui, je
ne suis plus ce personnage transparent et insignifiant que
je me sentais être. Non pas que j'ai fondamentalement
changé, mais parce que ma perception de moi a
changé. Je suis toujours le même, sans doute un
peu plus ouvert (mais je suis loin d'être le joyeux
drille qui met de l'ambiance dans une bande!), mais je suis
enfin "quelqu'un" à mes propres yeux. Je commence
à me voir tel qu'on me voyait, c'est à dire de
façon nettement plus objective que la mienne,
tendance noircissage (quoique noircir du transparent,
ça ne veut pas dire grand chose...).
-
- Bref, je me
sens de mieux en mieux.
-
- J'ose me
montrer plus publiquement, j'ose afficher mes opinions.
Bizarre d'ailleurs, parce que j'ai commencé par
l'intime et je poursuis par ce qui semblerait a priori plus
"public"...
-
- Sans doute
parce que j'avais appris à voir mes émotions,
ma sensibilité, grâce à ma
psychothérapie commencée il y a 10 ans
(pfiouuuu, c'est long, hein?), mais que je ne m'étais
pas attaqué à ce qui fonde aussi la
personnalité: les opinions, la façon de
penser, de voir le monde et ceux qui y vivent.
-
- En fait je
m'étais concentré sur moi et mes très
proches, et j'avais omis de m'intéresser à moi
et les autres (on dit "les autres et moi" quand on est
poli...).
-
- Et ben vous
savez quoi? C'est vachement épanouissant de se sentir
exister parmi les autres. Banalité, oui, mais
nouveauté pour moi. Hé ho, depuis l'âge
de 13 ou 14 ans, je n'avais plus connu ça! C'est
extraordinaire, non?
-
- Bon, c'est
pas encore le top, mais c'est sur la bonne voie.
-
-
-
- Merci
à ceux qui m'ont écrit, ça m'a
ragaillardi. J'ai une de ces pêches moi,
là...
-
- __________
-
- Un truc
marrant quand même: cette retenue avouée par
ceux qui n'ont pas osé me déranger. Parce
qu'on ne se connaît pas trop. Pareil de mon
coté, j'aurais souvent un petit quelque chose
à écrire à des diaristes, mais je n'ose
pas intervenir. Parce que c'est juste un petit truc à
dire, infime, et que je me dis que je ne vais pas
déranger pour ça. Même si je me doute
que ça ne dérangera pas.
-
- Ou alors
c'est parce que je me dis que ça pourrait contraindre
le destinataire à répondre par politesse. Oui,
c'est ça: crainte de déranger en créant
un bout de lien qui n'existe pas vraiment. Qui n'est pas
matérialisé par des mots mais reste dans la
transparence invisible de la lecture.
-
- Oui, je ne
cherche plus à nouer de contacts. Je dirais presque
que je les évite. Non, pas à ce point quand
même. Disons que je m'abstiens d'en créer. Ben
oui, parce que déjà je me sens un peu mal
à l'aise quand je ne réponds pas assez vite
aux mails (heureusement que mes correspondants ne sont pas
impatient...). Alors je ne voudrais pas laisser une chance
à un lien un tant soit peu soutenu de
s'établir.
-
- Mais c'est
horrible ce que j'écris là!
-
- En fait,
c'est exactement à l'opposé de ce pourquoi
j'ai écrit au départ, de ce qui m'a fait tant
apprécier internet: établir des
relations.
-
- Bizarre,
bizarre...
-
- Sans doute
parce que je sais que si on donne de soi, on a
généralement un retour. Je sais que ça
fonctionne désormais, je ne ressens plus de solitude.
Et je crains qu'à trop me disperser dans des
relations, aussi infimes soient-elles, je risque de
décevoir par un désengagement, une apparente
indifférence.
-
- Comme si je
sentais que je ne pourrais pas donner autant que je le
souhaite, parce que plein de choses accaparent mon temps.
Notamment toujours ces forums, qui sont un autre type de
relations, distantes, mais en plein dans mes
préoccupations du moment: l'expression de mes
opinions.
-
- Mouais, je
ne sais pas si c'est compréhensible ce que
j'écris.
-
- En gros,
j'adore être en relation avec des gens, mais je crains
de ne pas pouvoir répondre à une
éventuelle attente de leur part. Attente
supposée, peut-être totalement imaginée
de ma part?
-
- On peut
aussi correspondre juste comme ça, pour le plaisir
d'un échange ponctuel. Juste parce que deux
réflexions se croisent à un moment
donné.
-
- Ah, il faut
vraiment que j'apprenne à entrer en relation avec les
autres. Je sais le faire pour le coté "profond", il
faut que j'apprenne à le faire pour le coté
"instantané".
-
- Mhhhgrrrn
j'y arriverai, j'y arriverai!!!
-
- ------------
-
- Quelques
heures plus tard...
-
- Hé
hé hé, les messages continuent à
arriver. Bon, ça va, je crois que vous m'aimez bien
finalement :o)
-
- Pffff, je
suis un vrai gamin qui a besoin de signes d'attention.
-
- Ce qui est
bien, c'est que toutes les personnes qui m'ont écrit
sont des gens que j'apprécie (même si je ne
vous connais pas tous euh... toutes très
bien).
-
- Ce qui est
amusant, c'est que plusieurs ne se sentent pas assez proches
de moi. Mais si, mais si, je suis proche de tous ceux qui
prennent la peine de m'écrire (et encore plus de ceux
à qui je prends la peine d'écrire). Je sais
pas, il y a toujours un coté affectif qui fait que se
crée un petit quelque chose de particulier, un
embryon de complicité. Je suis quelqu'un de
très soumis (ou plutôt: heureux
bénéficiaire) à
l'affectif/émotif. J'aime que les gens s'entendent
entre eux, j'aime m'entendre avec les gens. Tout ce qui
rapproche deux personnalités me touche. Oui oui,
même avec ceux/celles avec qui ces rapprochements sont
restés à peine ébauchés.
-
- D'ailleurs,
j'ai apprécié les réunions sur Chat
pour Claviers intimes, parce que ça m'a permis de
"cotoyer" des personnes que je ne connaissais pas, et
d'avoir un contact un peu à part de
l'écriture/lecture.
-
- Bref, il
suffit que nous ayons échangé un jour pour que
je vous considère comme étant dans un cercle
de connaissances un peu à part,
privilégié (le privilège n'étant
que moral, j'ai pas de bons de réduction pour quoi
que ce soit à offrir).
-
- Bon, pis
y'en a qui font des complexes en ne se sentant pas faire
partie de mes proches, mais qui devraient se douter que...
bon, ben justement, ce sont des personnes qui comptent pour
moi au travers de leurs écrits et de ce que je sais
d'elles.
-
- Comprenne
qui pourra, hé hé hé...
-
-
-
-
-
- Erotisme
virtuel
-
-
-
- Samedi 22
juin
-
- Petite
anecdote: hier j'ai emmené mon fiston prendre le
train pour qu'il se rende à la fête de la
musique. Au passage, je devais prendre une de ses copines,
puis un copain.
-
- Hop, p'tite
route de campagne sous le soleil de juin, arrivé
devant le lieu de rendes-vous avec la copine. Jeunette de 16
ans, mini-jupe mauve, mignone. Elle monte dans la voiture,
place arrière. En lui disant bonjour, je vois ses
deux jambes fuselées, dorées, dont la partie
supérieure disparait sous la jupe courte, laissant
entrevoir un espace entre-jambe disparaissant sous la jupe
des plus troublants. Sous mon accueillant sourire de
bienvenue, Tex Avery aurait vu le loup avec les yeux
exorbités et les cheveux dressés sur la
tête... Bon, on est des gens civilisés et on
garde tout ça pour soi, l'air de rien.
-
- Plus loin
on prend le copain, qui ouvre la porte du coté de la
demoiselle. Espérant profiter du bref instant qui me
permettait de me tourner vers la belle, et afin de dire
bonjour au copain, je me tourne vers eux. C'est à ce
moment là que la demoiselle dut se déplacer
d'un siège à l'autre. Krchwrjzykkkrrr!
(bruit de décharge électrique)
Un
dixième de quart de seconde mes yeux ont
été irrésistiblement attirés par
l'ouverture des jambes sus-mentionnées, laissant
apparaitre, comme une image subliminale, une profondeur sous
la jupe qui lui faisait soudainement perdre toute
utilité...
-
- J'ai rien
vu, juste un peu de blanc, sans pouvoir identifier une
quelconque forme. Déjà mes yeux fuyaient ce
qu'ils ne devaient pas voir.
-
- Gloups!
-
- L'image
invisible, lourde de tout ce qu'elle signifiait, est
restée gravée dans ma mémoire. Bouton
pause enclenché sur une vision moins
qu'éphémère. Une étincelle
d'image.
-
- Là,
à cet instant, Tex Avery aurait vu le loup les yeux
exorbités, les cheveux dréssés sur la
tête, mais avec en plus la langue
déroulée par terre avec force
"rheeûûû!!! rheeeûûû!"
d'un klaxon exténué. Sans oublier le marteau
qui tape sur la tête...
-
- Mais moi,
impassible, sourire accueillant de bienvenue...
-
- Quel
hypocrite!
-
- Mais bon,
je n'en suis pas resté là. Comme d'habitude,
j'ai tenté d'analyser ce qui se passait. J'ai
essayé de comprendre en quoi certaine images
déclenchent des libérations d'hormones qui
font qu'on se trouve dans un état de bien-être
incroyable.
-
- Parce que
je vous assure que j'étais très bien juste
après ça :o)
-
- Je ne sais
pas pourquoi certaines formes, silhouettes, ou même
suggestions d'images déclenchent des réactions
physiologiques instantanées. Parce qu'il ne faut pas
trois minutes, hein, c'est autant réflexe que de
retirer le doigt qui se pique: de l'orde du centième
de seconde.
-
- Pourquoi,
pour un homme, le regard est il attiré vers certaines
zones du corps de la femme? Et inversement pour les femmes,
je suppose, bien que ce sujet soit très peu
abordé (je pense à mes collègues
diaristes féminines, par exemple). Le film "Ce que
veulent les femmes" donnait une idée, mais je ne sais
pas si c'était réellement écrit par des
femmes ou par des hommes imaginant des pensées de
femmes.
-
- Et pourquoi
le fait d'entrevoir, est ils plus fort que le fait de voir
directement? Voir une femme (désolé, je parle
en fonction de ce que je connais) en maillot de bain est
bien moins "intéressant" que de voir la même en
jupe, esquissant le mouvement que j'ai décrit plus
haut. Eternel sujet du caché/montré. Pareil
pour un décolleté audacieux qui, quoique
troublant, le sera toujours moins qu'un fragment de peau et
de soutien-gorge vus dans l'entrebaillement qui s'ouvre
inopinément entre les deux boutons fermés d'un
vêtement.
-
- Simplement
parce que l'un est offert au regard (sous condition qu'il
reste "invisible", ce regard) alors que l'autre n'est pas
fait pour être vu. Voir ce qui n'a pas
été librement consenti est un acte qui passe
la barrière de l'intimité sans que la personne
ne le sache. Pendant un bref instant, on "touche"
l'intimité d'une femme à son insu. Le plaisir
est-il dans ce toucher insensible? Probablement. Machine
à fantasme qui fait qu'on a été plus
proche d'une femme qu'elle ne nous l'a
autorisé.
-
- Mais je ne
vois rien de malsain là dedans. Parce que ce petit
secret, on le garde pour soi. C'est comme le voleur de
pommes qui ne se fait pas voir. Personne n'aura consience
qu'il manque une pomme, donc aucune frustration. Et le
plaisir de la pomme malgré tout pour celui qui la
mange.
-
- Miam!
-
- ----------
-
- Puisque je
suis dans les analogies montré/caché tendance
intime, je me suis fait, après avoir discuté
avec Libellule de l'intimité de l'écriture,
une réflexion parallèle:
-
- Combien
d'entre nous accepteraient de se déshabiller en
public, jusqu'à la nudité?
-
- Qui
pourrait continuer à le faire s'il entendait des
commentaires désagréables, ou au contraire le
silence total? Pour un tel acte, difficile, il me semble
qu'on aurait besoin de se sentir dans une grande confiance.
Confiance matérialisée par un pacte tacite: ne
pas rire, ne pas se moquer. N'intervenir que pour
encourager, doucement, sympathiquement, j'allais presque
écrire "tendrement".
-
- Aurait-on
plus de mal à le faire devant des gens connus qui
nous accompagnent dans cette démarche, ou devant des
inconnus qui ne disent pas un mot, puis passent leur
chemin?
-
- Et puis il
y a plusieurs façons de se mettre à nu.
Brutalement, là, tout de suite... puis quoi faire
ensuite? Disparaitre ou continuer à évoluer
à poil devant tout le monde. Un peu choquant, un peu
porno. Ou alors presque médical. Froid.
-
- On peut
aussi y aller doucement, parce que c'est difficile,
encouragé par un public complice et bienveillant.
Mais aller jusqu'à la nudité
complète... pourquoi?
-
- Pourquoi ne
pas tendre vers cette nudité, mais ne jamais
l'atteindre. Comme une courbe asymptotique qui se rapproche
de l'infini mais sans jamais le toucher. Aller plus loin
dans le dévoilement, toujours, tout en gardant une
part de pudeur.
-
- C'est la
force et l'attirance de l'érotisme. Dévoiler
sans tout montrer.
-
- Nos
journaux intimes, impudiquement dévoilés sous
nos regards curieux et complices, ne seraient ils pas
comparable à l'intimité du corps?
-
- J'aime ces
journaux qui dévoilent l'écrivant, tout en
gardant une part d'inconnu. On à l'impression de les
connaître toujours mieux, tout en sachant qu'il reste
tout une profondeur qui nous est inaccessible. J'aime sentir
cette part qui m'échappe, à laquelle je
n'aurais jamais accés. Comme la jupe mauve de la
demoiselle...
-
- Et si ces
derniers jours j'ai eu besoin de savoir qui me lisait, c'est
parce que vous êtes ce public complice qui m'aide
à me déshabiller devant vous. Parce que vous
aimez ça, bande de coquins/coquines, que je me
déshabille devant vous... Parce que ça vous
apprend certainement quelque chose sur vous même, sur
votre propre intimité.
-
- Voila
pourquoi je peux me sentir mal à l'aise quand je ne
sais pas qui me "regarde". J'ai besoin de savoir si la
pièce que je joue vous plaît. Je ne pourrais
pas me déshabiller devant des inconnus qui passent.
Je ne suis pas un exhibitionniste.
-
- Peut
être que comme un artiste j'ai besoin d'avoir, non pas
des applaudissements, mais que vous veniez me voir dans ma
loge de temps en temps. Juste pour me dire que vous aimez
bien ce que je fais.
-
- Que vous
aimez mon numéro de strip-tease
érotico-pudique et que vous savez qu'il m'en
coûte parfois de me déshabiller en public,
à la fois pour votre plaisir, et surtout parce que
j'ai besoin de ça pour vivre.
-
- Pour vivre
mieux dans ma peau.
-
- _________
-
- Bon, vous
m'avez signifié votre intérêt, et
voilà que je redeviens intarissable!
-
- Ah ben vous
l'aurez voulu!
-
- J'ai encore
reçu un message disant que c'était par
discrétion qu'on ne m'avait pas écrit. C'est
sûr, quand je parlais des personnes que je connais,
vous ne pouviez pas savoir que je faisais allusion à
la plupart des gens qui me lisent. Pour moi,
connaître, dans le sens diaristique, c'est lire vos
journaux, c'est avoir eu des contacts par mail (pour les
lecteurs non diaristes). Parce qu'aucune personne que je
connais "pour de vrai" n'a accès à ce
journal.
-
- Ce que je
voulais signifier, c'était plutôt une
différence avec les inconnus... qui sont ces regards
dont je ne sais rien. Des gens de passage, dont j'ignore
tout des intentions (sympathiques ou moqueries vis à
vis du diarisme?).
-
- Et si je
n'ai pas envoyé un avis à tous ceux qui sont
inscrits sur ma liste de diffusion, c'est que je ne voulais
pas faire comme si j'étais le gars vachement
indispensable dans vos préoccupations. Je ne voudrais
pas être du genre à m'imposer. Peut-être
même ai-je un peu trop de retenue.
-
- Mais comme
pas mal d'entre vous, en fait, qui n'avez pas osé
vous manifester. On est quand même des gens vachement
respectueux des autres, vous trouvez pas?
-
- On sait
tous que l'intimité est fragile et on n'ose pas trop
se risquer vers ce qui pourrait franchir une limite non
autorisée.
-
- Finalement,
j'aime plutôt ça. Parce qu'on peut toujours
dire "mais si, viens, n'aies pas peur", plutôt que de
penser "merde, il est gonflé celui là de
s'imposer comme ça". Aller trop loin peut être
embêtant, alors que ne pas aller assez loin est
très facile à corriger.
-
- ------------
-
- Dernier
truc:
-
- Je mets un
texte sur "Censure et autocensure" qui vient
d'être publié dans "La faute à
Rousseau", journal de l'APA. J'en laissais la primeur à cette
revue, mais maintenant je peux le mettre en ligne.
-
- Ce qui est
marrant, c'est qu'en me relisant à quelques mois
d'intervalle, et ayant oublié le contenu exact, je me
suis dit "hé, mais il pense comme moi ce
gars-là!". Ouaip! J'étais bien d'accord avec
moi!
-
- Juste pour
dire que je me suis lu avec plaisir (oui oui, vous avez bien
lu: de l'autosatisfaction pur sucre!).
-
- Et puis
quelques constats: on ne se lit pas de la même
façon sur papier, écrit dans un journal
diffusé à 700 exemplaires (ouh la!) et sur un
écran d'ordinateur.
-
- Tout comme
je ne me lis pas de la même façon lorsque je
vais sur mon site en ligne (pour vérifier si tout va
bien) et lorsque je me lis sur mon logiciel de
création de pages. C'est bizarre ce truc...
-
- Prendre
conscience du regard des autres.
-
-
- Jupe mauve et lunettes de
soleil
-
-
-
- Dimanche 23
juin
-
-
- Une
diariste me confiait qu'elle écrivait de façon
à «ne jamais regretter un texte» et voulait
pouvoir se relire «sans avoir à grincer des
dents». J'ai eu cette pensée en
tête hier en écrivant sur cette jupe mauve.
-
- J'ai
écrit tranquillement, après avoir bien
réfléchi: devais-je évoquer cette
petite anecdote? J'en avais envie, parce que pour moi le
souvenir était beau, et marquant, d'une certaine
façon.
-
- D'un autre
coté, avec mon lectorat essentiellement
féminin... je ne savais pas si c'était
approprié. Non seulement ce n'est pas ça qui
allait les émoustiller, mais en plus mon but n'est
pas d'émoustiller.
-
- Bon, si,
peut-être un peu...
-
- C'est pour
cette raison que j'ai cherché à avoir des mots
à la fois simples, pudiques, mais aussi à
faire en sorte que l'imagination du lecteur comprenne bien
ce à quoi je faisais allusion. Que chacun puisse
imaginer la scène, avec ses propres images.
-
- Elle est
importante pour moi cette scène, symboliquement.
Parce que c'est quand même un des cotés
magiques de cette existence que de pouvoir être mis en
émoi pour quelques images fugitives. Que finalement
si peu de choses puisse être si...
réjouissantes. Plaisir uniquement mental, sans le
moindre espoir de concrétisation.
-
- Et sans
doute suis-je d'autant plus gourmand de ces moments
là que j'en suis largement privé. Je ne vais
pratiquement jamais en ville, et ne peut donc profiter du
parfum érotisant distillé par ces femmes en
tenues légères.
-
- Je dois
dire que c'est un des plus gros inconvénients que je
trouve à la vie à la campagne.
-
- J'ai donc
voulu raconter cette scène. Je me suis même
permis de relire mon texte deux fois, et, chose rarissime,
de lui apporter quelques retouches. Les mots les plus
délicats à écrire étaient ceux
qui concernaient la vision fugitive. Parce que, je l'ai dit,
je n'ai pratiquement rien vu. Rien de significatif. Alors
comment décrire le rien? Et surtout je ne voulais pas
paraître vulgaire, ce qui aurait "sali" quelque chose
qui était beau. Parce qu'involontaire, parce
qu'éphémère, parce qu'invisible.
-
- Et puis je
voulais rendre cette scène aussi
précisément que possible, sans que
l'imaginaire du lecteur n'aille plus loin que ce que j'ai
entr'aperçu. Je ne saurai si j'y suis parvenu.
-
- J'ai donc
bien réfléchi à mon texte, je l'ai
gardé hors-ligne toute la journée, et je l'ai
encore relu avant de le poster. «Ne jamais regretter
un texte».
-
- Hop, j'ai
posté.
-
- Le soir,
subitement, alors que nous dînions chez des amis, je
me suis souvenu de la jupe mauve... et de ce que
j'avais écrit dans mon texte, pourtant bien
soupesé. Et j'ai eu un moment de gêne, en me
disant «mais qu'est-ce que j'ai encore
raconté?».
-
- Ce matin,
une légère gêne est encore là.
Pas vraiment pour le texte, mais par rapport aux femmes qui
le liront. Parce que... je ne sais pas bien... c'est un peu
comme si c'était l'intimité féminine,
donc une part d'elles, que j'avais dérobé. Un
peu comme si je portais ma part du poids de tous ces regards
masculins et les excès qu'ils sous-entendent. Oui, il
y a une vague culpabilité (oh, quand même
légère) de ma condition d'homme.
-
- Peut-être parce que mes
collègues diaristes femmes sont très
discrètes sur ce genre de choses. A moins que ce ne
soit vraiment une caractéristique masculine de
"mater" (beuark, je déteste ce vocable!)?
-
- Pourtant,
je me rends compte en écrivant ces mots que je n'ai
absolument rien fait de répréhensible. Sauf
que j'ai créé l'occasion en me tournant vers
la demoiselle, espérant que je pourrais
profiter de quelque chose ,
sans savoir quoi. C'est sans doute ça. Une histoire
de regard indiscret, presque de regard lubrique.
-
- Et surtout,
la peur que la jeune fille ne surprenne mon regard à
l'instant où il s'est égaré. Je ne sais
pas si ce fût le cas, mais cette crainte m'a mis dans
un certain malaise.
-
- J'aurais du
porter des lunette de soleil! Très pratique les
lunettes de soleil...
-
- -------
-
- Je me livre
parfois à de la sociologie sauvage lorsque j'essaie
de m'expliquer certains comportements.
-
- En revenant
sur l'apparente réticence féminine à
évoquer le désir avec quelque
précision, je me dis que cette retenue est
probablement empreinte de tout le poids historique qui l'a
contrainte au mutisme. Il reste probalement une part de ce
tabou, qui fait qu'évoquer "ces choses-là",
déjà pas très facile pour un homme
lorsqu'on sort des triviales gauloiseries (dont je
m'empresse de dire que je ne suis pas du tout un adepte),
pourraît bien paraître complètement
déplacé pour une femme.
-
- Je sais pas
là, hein, je suppose juste. C'est un constat que je
fais d'après mes lectures de diaristes. Les hommes
évoquent parfois le désir, le fantasme, mais
beaucoup plus rarement les femmes. Du moins celles que je
lis. Je sais bien qu'il y a des journaux féminins
tendance érotique, mais celà reste des cas
particuliers. Trop en parler ne semble plus
naturel.
-
- Non, c'est
juste que le désir (visuel) semble absent chez la
plupart des femmes diaristes. Pudeur, ou réelle
différence du mode de pensée?
-
- Je
m'interroge...
-
- Mouais,
tout ça ressemble un peu à une tentative de
déculpabilisation face à mes lectrices. Du
genre "dites-moi que je ne suis pas le seul à
ressentir quelque chose en voyant une jolie
femme ou certaines parties de son anatomie". Le "quelque
chose" étant une sensation qui hésite entre
attirance, désir, plaisir... ou combinant les trois,
mais à un degré moindre que ce que
sous-entendent généralement ces mots.
-
- Mouais...
ou peut-être que le "degré moindre" n'est qu'un
arrangement avec ma conscience. Barrière morale
établie par la société humaine afin
d'éviter que chaque mâle ne se mette en devoir
de séduire chaque femelle qui l'excite... N'oublions
jamais notre origine animale. La nature parle, la culture la
fait se taire.
-
- Pfff, je me
lance encore de ces trucs alambiqués moi...
-
- Vous en
faites pas, c'est juste moi que j'essaie d'apprivoiser. J'ai
besoin d'exprimer ces pensées pour me les approprier.
Pour accepter de les avoir. En les verbalisant,
j'intègre le fait que ce sont bien mes
pensées. C'est comme si je me mettais face à
un miroir et que je regardais ce qu'il y a dans mes
pensées.
-
- Voui, y'a
du désir, du plaisir et de la concupiscence. Et c'est
normal. Ni plus ni moins que chez chacun.
-
-
- ...
-
- Longue
hésitation...
-
- «Ne
jamais regretter un texte»...
-
- Heureusement que vous êtes des
êtres virtuels et invisibles, tout autant que moi.
Heureusement que ceux/celles qui ont plus de
présence, ceux avec qui j'échange, sont des
personnes en qui j'ai une grande confiance...
-
- Pfouuu,
c'est parfois difficile d'aller vers soi en présence
de témoins... même si ces témoins sont
des alliés nécessaires pour ce
cheminement.
-
- --------
-
- Je n'ai
jamais caché que ce journal se faisait en relation
avec les lecteurs. Ma "dépendance" est très
grande vis à vis de vos regards. Ma récente
petite crise démontre bien cet état de fait:
si je me sens moins suivi (à tort ou à
raison), je m'éloigne du journal. Mon cheminement
perd de son efficacité.
-
- Il faut que
j'arrive à trouver le juste équilibre entre ce
besoin de vos regards et ne pas le sentir comme quelque
chose qui influerait sur mon comportement. Apprendre
à être moi, sûr de moi, face à
vous, témoins et acteurs de mon cheminement. Comme un
sportif, seul à courir, mais encouragé par
ceux qui suivent sa progression. Ne pas attendre de coup de
main, mais saisir chaque encouragement. Une course dont le
sul but est d'aller plus loin.
-
- Et je ne
cours pas seul, puisque d'autres courent à mes
cotés, et nous nous encourageons mutuellement, nous
partageons nos coups de fatigue, nous nous
entraidons.
-
- Hé
hé, ça fait vachement métaphore genre
catéchisme, on est tous frères et on
s'entraide...
-
- Ben quoi,
c'est mal?
-
- ________
-
- A part
ça, vous trouvez pas que j'écris des
entrées vachement longues? Je ne sais pas si vous
suivez mot à mot ou si vous survolez, mais faut avoir
du courage pour se taper les entrées de
l'Idéaliste quand il est en verve, non?
-
-
-
-
-
- Irrésistible
-
-
-
- Lundi 24
juin
-
-
- Un truc
nouveau, que je n'avais jamais expérimenté: la
lecture et commentaire en direct de ma dernière
entrée.
-
- Je
discutais hier soir avec une lectrice, sur Chat, quand j'ai
mis mon entrée en ligne pour expliquer un
quiproquo.
-
- Elle m'a
donc demandé à la lire, et je l'ai
"accompagnée" en allant me relire. Marrant de
parcourir simultanément les mêmes lignes,
surtout quand c'est sur un thème tel que celui que
j'abordais. Bon, c'est aussi parce qu'on se connait bien que
c'était possible sans gêne.
-
- Du coup il
en a suivi une belle discussion sur le sujet que j'avais
abordé (mes questionnements sur le désir
visuel féminin), en approfondissant un peu. Et j'ai
reçu des éclaircissements sur une part des
questions que je me posais...
-
- S'en est
suivi aujourd'hui un très long échange de
courriels.
-
- Ce soir,
c'est une autre lectrice qui me fait part de ce qui la
séduit chez un homme.
-
- Hé
hé hé, je vais savoir tout ce qui rend
irrésistible :o)
-
- Mais non,
allons! Ce sont simplement des réponses personnelles
qui m'éclairent sur une part de ce qui nous
différencie, hommes et femmes, dans nos attirances
vers l'autre sexe. Et je trouve que le voir écrit
avec de "vrais" mots, sincères et uniques parce
personnels à quelque chose de plus précieux
que ce que je pourrais trouver dans des bouquins,
forcément généralisants.
-
- Et
maintenant, le cruel dilemme du diariste: répondre
à ces mails, dans une démarche de dialogue
à distance, ou écrire ici? Le temps
n'étant pas extensible, il me faut bien faire des
choix. Pour ce soir, ce seront les mails...
-
-
-
- Retrouver une
unité
- Samedi 29
juin
-
-
-
- Ben
voila... je me suis encore embarqué dans des sujets
de débat! Sur forum, évidemment...
-
- Faut croire
que j'en ai besoin, ou que ça me tient vraiment
à coeur.
-
- Un besoin
de comprendre la nature humaine, il me semble. Tenter
d'appréhender un peu mieux ces rapports qui nous
régissent.
-
- Parce que,
à chaque fois, il est question de rapport humains et
de la tolérance qui devrait aller avec. Je me
passionne essentiellement pour ça. D'ailleurs, c'est
bien un peu ce que j'aborde ici, mais en me mettant au
centre de la problématique (normal, on est bien des
exhibitionnistes égocentristes, non?).
-
- Sur ces
forums, je discute de dialogue, de respect, d'écoute,
de tolérance. Comme lorsque j'interviens sur le forum
de la CEV...
-
- Mais non
seulement je m'intéresse aux rapports directs, ceux
du quotidien, à notre petite échelle, mais
aussi à ceux des groupes et communautés,
à quelque échelle que ce soit.
-
- Souvent les
discussions tournent autour des orientations politiques et
la façont dont elles sont perçues par chacun.
Et comment chacun envisage les façons d'appliquer ce
en quoi il croit. Ça va des plus
modérés aux plus virulents, bornés,
extrêmistes.
-
- Actuellement, un des sujets qui animent le
forum où je me rends est particulièrement
délicat: Une part de la communauté juive
n'est-elle pas devenue d'une hypersensibilité
démesurée?
-
- Tout est
parti d'un journaliste qui est
attaqué pour "incitation à la haine raciale",
parce qu'il aurait diffusé des messages d'auditeurs
dont les propos seraient allés "trop loin" en
accusant Israel d'opprimer les Palestiniens.
-
- L'affaire
fait pas mal de bruit... bien que les médias soient
discrets là dessus. Elle déchaine surtout les
passions.
-
- De mon
coté, j'essaie de comprendre comment s'articulent les
prises de position. Comment sont données les
explications, les arguments, comment ils sont
entendus.
-
- Et bien
comme pour chaque sujet délicat; on retrouve les
extrêmistes d'un bord et de l'autre, totalement
vérrouillés sur leurs positions. Le dialogue
entre eux est impossible. Les insultes ne fusent pas, parce
qu'il sagit d'un forum modéré, mais on sent
qu'elles ne sont pas loin.
-
- Et puis au
centre, il y a les modérés, ceux qui tentent
de pacifier le débat, de le rendre pertinent,
utile... Ces mêmes là estiment que la solution
à ce conflit permanent du proche-orient n'a qu'une
solution: la paix.
-
- Ils ne sont
pas vraiment (pas du tout?) écoutés par les
extrêmistes.
-
-
-
- Je ne sais
pas pourquoi je raconte ça ici.
-
- Peut-être parce que récemment
une lectrice m'encourageait à mettre mes opinions
ici. Peut-être aussi pour expliquer pourquoi parfois
je m'absente de ce site.
-
- Je
n'approfondis pas vraiment, parce que ce n'est pas la
tonalité de ce journal que de prendre des positions.
Je réserve cette attitude aux forums. Deux mondes que
j'ai très longtemps séparés, mais que
je tends à réunir peu à peu.
-
- Toujours
afin de retrouver une unité de personnalité
à mes yeux.
-
- ___________
-
- Mon temps
d'expression est forcément limité. Je dois
donc choisir: mails personnels, ou forum, ou journal. Chaque
fois que je choisis l'un, ça implique que je renonce
à un ou deux des autres domaines d'expression. C'est
frustrant. Parce que j'ai toujours envie de poursuivre les
trois simultanément.
-
- Plusieurs
fois je me suis dit "ah tiens, je parlerai de ça dans mon
journal ce soir". Et puis... je me laisse prendre ailleurs
et je n'écris pas.
-
- Impression
de perdre quelque chose.
-
-
-
- Peut-être y a-t-il aussi une certaine
fatigue à écrire autant, à m'impliquer
avec tant de passion dans ce que je fais? C'est
forcément usant de mobiliser une attention soutenue
et d'écrire en extrayant en permanence des
idées à peine survenues. Cette
réflexion sur les rapports entre les gens, ou les
rapports entre "les autres" et moi accapare une
énergie assez considérable.
-
- Je pense
que je ne tiendrai pas ce rythme éternellement. Il
faudra bien qu'un jour je décompresse et puisse enfin
profiter des enseignements que j'en aurais tiré.
Même si je sais que jamais je ne serais au bout de ce
que j'ai à comprendre...
-
- __________
-
-
- Coté
pratique, il y a quand même une limite: la fatigue.
Quand le sommeil me prend, je sais que je deviens incapable
de réfléchir. Il vaut alors mieux que j'aille
me coucher.
-
- C'est ce
que je vais faire dès que j'aurais mis en ligne ce
texte.
-
-
-
- Antinomie
positive
-
- Dimanche 30
juin
-
-
-
- Parfois, je
me trouve long par rapport aux autres diaristes (oui, je
sais, on n'est pas là pour se comparer). Mais je suis
largement battu par Darnziak (Anomalie). Alors lui, il
écrit des textes d'une longueur impressionnante!
Tellement impressionnante que bien souvent je ne les lis
pas, ou ne vais pas au bout.
-
- Peut-être parce que je retrouve une
partie de ce que je pense?
-
- Dans son
entrée d'hier, intitulée "Finale", j'ai
trouvé des passages qui m'ont plu. «
Je me
pose des questions même lorsqu'il ne faudrait pas en
poser, lorsqu'il faudrait seulement vivre. Se laisser aller.
Se poser des questions est une malédiction qui
empêche de vivre.»
-
- Ou encore
« J'ai peur des autres. J'ai peur de les
affronter. Je n'aime pas les conflits, parce que je perds le
contrôle. Je ne veux pas éclater de
colère. J'éclate trop facilement de
colère. Alors je me retiens. J'ai peur de ce qui peut
sortir de moi. Peur du mal que je peux faire aux
autres.»
-
- Mais
d'autres qui sont très éloignés de ce
que je ressens « Si je me pose tant de questions, ce n'est
pas parce que je suis plus brillant que vous, ce n'est pas
parce que je suis véritablement curieux : c'est parce
que JE N'ACCEPTE RIEN. Mes questions sont des refus.
-
- Je refuse
tout. Je refuse le monde tel qu'il est. Je me refuse tel que
je suis. Je refuse les autres. Je vis dans un monde
d'idéaux et de rêves larges comme trois
univers, tout ce qui ne s'y conforme pas me
déçoit, me fait mal, me jette à terre.
Chaque jour je me blesse, je trébuche, je me retrouve
en sang. »
-
- Et plus
loin: « Si je n'accepte aucune
réponse, fondamentalement, ce n'est pas par
scepticisme scientifique et par ouverture d'esprit. C'est
parce que je n'accepte rien. Je n'en veux même pas,
des réponses à mes questions. Voilà
pourquoi je suis si férocement contre la religion. Je
rejette tout ce qui répond aux questions. Je rejette
ce qui pourrait apaiser mon mal. Tel est la connerie de
l'idéaliste : je n'accepte rien, et personne ne
pourra me faire accepter quoi que ce soit. Ça doit
venir de moi. »
-
- Il
m'intrigue ce gars-là. Lui aussi il parle
d'idéal et de réalité, mais pas dans le
même sens que moi. Il est souvent sombre, glacial.
Semblant solitaire, il se referme
régulièrement sur lui-même.
-
- «
Un ami
me blesse, une fille me rejette, je me replie, et
j'écris. Je prends de la distance, pour essayer de
comprendre ce qui s'est passé. Je mets la situation
en perspective. Je sors de ma vie. Je l'observe de loin.
Pour tenter d'accepter. Même si ça ne marche
pas. J'écris comme je vis : en dehors de moi, en
fuite. C'est terminé, disséquer les autres en
théories. Je veux vivre autrement, et écrire
autrement.»
-
- Je crois
que c'est ce qui nous difféncie profondément
c'est la démarche que nous avons vis à vis des
autres.
- Il
écrit « Voilà pourquoi je suis si
blasé des commentaires que je reçois. Parce
que ce n'est pas ce que j'attends. Je n'en ai rien à
foutre que des gens pensent comme moi partout à
travers le monde. Ça m'attriste un peu, même,
de voir que nous sommes tant à fuir, tant à
être seul, à souffrir.».
-
- Je pense
radicalement à l'opposé: chacun des
commentaires que je reçois m'importe, et j'ai besoin
de savoir que je ne suis pas le seul à penser comme
je le fais. C'est important pour moi de me sentir
intégré à la communauté humaine.
Lui, on dirait qu'il souhaite s'en détacher. Ou ne
sait pas comment se relier à elle, dont il se sent si
différent.
-
- Ce qui
m'intrigue, c'est à la fois cette ressemblance que je
retrouve dans bien des points et cette différence
quand aux explications et conclusions qu'il peut tirer.
Certaines de ses phrases, je les reconnaitrais presque comme
miennes, alors que d'autres sont antinomiques de celles que
je pourrais écrire. Je crois que c'est, parmi les
diaristes, un de ceux dont je me sens le plus semblable mais
qui, paradoxalement me dérange le plus.
-
- Je ne peux
rester indifférent, comme je le suis face à
quantité de diaristes chez qui je ne retrouve rien de
moi.
-
- Etrangement, je me sens parfois très
proches de diaristes qui pourtant ont une vie, et une
façon de voir les chose trés
différentes des miennes.
-
- Je crois
que ce qui me rapproche des gens, c'est à la fois la
capacité à se remettre en question, à
réfléchir sur soi, mais aussi à avoir
un coté enthousiaste. J'aime les gens qui semblent
vivre heureux, quelle que soient les difficultés et
les souffrances qui peuvent parsemer leur chemin. J'aime le
positivisme. J'aime les gens qui aiment les autres, je fuis
les misanthropes (ce qui n'empêche pas de râler
contre les comportements de certains de nos semblables...).
Et puis de la sensibilité aussi. De
l'émotionnel, du ressenti, du vivant.
-
- Oui, il me
faut tout ça à la fois.
-
- -----------------
-
- Dans le
même ordre d'idée (rapport aux autres, malaise,
et expression de soi), je suppose que vous aurez lu
l'entrée de l'incrédule du 27 juin
"Syntoniseur de
liberté". Je dis "je suppose"
parce que je sais que nous avons des lecteurs communs, comme
avec un certain nombre d'autres diaristes.
-
- Bref,
là où je veux en venir c'est que le lien vers
lequel elle pointe (anxiété
sociale) m'a tout particulièrement
intéressé. Je me suis évidemment
retrouvé dans pas mal des descriptions
proposées et cela à eu un effet
apaisant.
-
- Sans doute
parce que voir écrit noir sur blanc ce dont on
souffre depuis longtemps, en lui donnant un nom, rend la
chose plus accaeptable. Moins mystérieuse. Moins
honteuse en fait.
-
- Au lieu de
me sentir être un ours qui vit mal le fait de ne pas
se sentir à l'aise avec du monde, je pourrais dire
(ou penser) "Ouais, ben c'est normal, c'est mon
anxiété sociale qui me bloque". Ce qui ne
changera rien au résultat... si ce n'est que je me
sentirai moins coupable.
-
- Et
ça, c'est un sacré gros changement!
-
-
Ce que
j'écrivais il y a un an...
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