Juillet 2008

Dernière mise à jour:dimanche 31 août 2008 - Accueil - Message






La tentation de l'impossible




Samedi 5 juillet


Bon signe : je me suis tellement détaché de ma préoccupation que je n'avais même pas mis en ligne mon dernier texte ! Dix jours de report, jusqu'à ce que je décide à aller un peu plus loin dans l'interminable récit qui constitue la trame de ce journal.

Interminable ? À voir...

J'aimerai assez ne plus y revenir. Laisser tout cela reposer en paix. C'est mon objectif inavoué, en regardant se rapprocher l'anniversaire d'ouverture de ce journal. Certaines dates me servent de point de repère avant de devenir jalons sur le chemin parcouru.

Huit ans. Un sixième de mon temps d'existence.



Mais j'en viens à la raison de cette reprise d'écriture : une séance chez ma psy, il y a quelques jours.

J'évoquais une vie redevenue "normale", et l'impression d'être dans quelque chose de terne, sans relief. Une vie tranquille du fait que, m'étant mis en marge des relations sentimentales, je me suis, quoi que j'en dise, complètement fermé aux émotions dans ce registre. Non que je les refuse par principe intangible, mais parce que je ne fais rien pour m'en approcher. Je fuis l'affectif, c'est certain. Ce n'est même pas un vraix choix conscient. Plutôt une crainte des complications et de la souffrance qui fait que mon esprit n'est pas ouvert à ça. Je n'ai aucun désir de me frotter de nouveau aux émotions, que je perçois comme "dangereuses" pour mon équilibre. Même si je sais à quel point j'ai apprécié de les ressentir, jadis.

Je n'ai pas oublié ce que je pensais lorsque je partageais des moments de parfait bonheur : ne jamais oublier à quel point c'est bon !

Ben oui... mais maintenant je n'en veux plus. Ou je n'y crois plus. Ou plutôt : je redoute trop la chute...

Je sais que le bonheur n'est pas un état stable. « Tout est impermanence », dirait le sage. La bonne nouvelle c'est que cela s'applique aussi à ce que je vis actuellement ! Et à tout ce qui est douloureux, difficile. Je le sais puisque je sors lentement de ce long deuil d'un rêve vécu, devenu réalité éphémère. L'impermanence existe autant pour le pire que pour le meilleur.

Ai-je envie de revivre des bonheurs fugaces ? Je ne suis sans doute pas encore prêt. Je n'ai pas suffisamment dépassé le deuil de cet idéal inatteignable : s'aimer durablement dans le désir. J'intègre la leçon de vie...



Alors que, face à ma psy, j'élucubrais dans un désordre apparent des pensées aux liens inapparents, j'ai fini par arriver sur cet obstacle : l'impossible. C'est à dire le principe de réalité : je ne peux pas obtenir tout ce que je voudrais.

Je voulais une sorte de bonheur durable. Je pensais avoir trouvé une façon de le maintenir vivant et vibrant en jouant de l'alternance présence/absence. Maintenir le désir et le plaisir grâce au manque, avec une certaine assurance qu'il serait comblé. L'incertitude dans la sécurité, quoi...

Le beurre et l'argent du beurre, pourvu que la crémière soit d'accord.

Cette relation que je vivais à grande distance me semblait rendre la chose possible, sans que j'en aie alors une parfaite conscience. C'était intuitif : je sentais qu'il y avait, avec cette femme aimée et désirée, la possibilité de vivre ça. Le "ça" en question n'étant pas conscientisé. Je savais simplement que c'était avec elle que « quelque chose d'exceptionnel et rare » était possible.

La suite me prouva que non, parce qu'il y avait d'autres éléments en jeu. La vie n'est jamais simple dès lors qu'on n'est pas seul.



Impossible... Et si ce mot était une des clés de l'énigme ?

Ma psy m'a aiguillé dans cette direction, en me rappellant que ce n'était pas la première fois que je m'accrochais à une relation "impossible". Il y a une douzaine d'années, déjà, un amour d'adolescence avait réapparu dans mes préoccupations. Une répétition de la situation semble s'être reportée sur une autre qui ne veut plus de moi...

Certes, cette fois la relation a bien été réelle et réciproquement partagée. Jusqu'a ce que, progressivement, se remette en place une "impossibilité". Forcément pas par hasard ! Trop de similitudes.

Alors je me demande : est si c'était, non pas l'impossibilité, mais la difficulté qui m'attire ? L'impossible, par définition, est inatteignable. Donc sans intérêt. Mais le difficile, le presque impossible, en laissant une minuscule place au défi lui donne toute sa valeur. C'est la "conquête de l'impossible" chère aux sportifs de l'extrême et à toute personne exigeante : tenter sa chance là où d'autres renonceraient. Essayer de parvenir là où les autres considèrent qu'il y a impossibilité. Oser là où la raison pousserait à ne pas essayer. Ça c'est fort !

Ce que je vivais avec Nathalie était difficile à prolonger... mais pour cela même diablement tentant. C'était "hors-norme", un peu fou et encore meilleur pour ça. Cela demandait l'audace et la persévérance dont je nous croyais capables.

Vouloir le vivre tout en maintenant ma vie de couple augmentait encore la difficulté, et me stimulait. Ce qui n'était pas le cas, ou pas autant le cas, pour mes partenaires.

« Ce n'est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin ». Lorsque, alors jeune marié, j'avais découvert cette puissante citation, Charlotte s'était montrée inquiète d'un tel niveau d'exigence. Elle avait probablement senti, avec pertinence, le risque de l'imposer à d'autres que soi...

Depuis longtemps je sais que chercher à appliquer cette devise en toute circonstance mènerait à d'intolérables dérives absolutistes. Il n'empêche que je suis bien obligé d'admettre que certaines difficultés me stimulent, me fascinent, et même me font vivre. Et vibrer. Sans difficultés la vie serait terne et insipide à mon goût.

C'est probablement ce qui m'a été si pénible à accepter lorsque j'ai vu que ma partenaire se retirait du challenge : sans sa présence dans le défi commun il perdait tout sens ! Et comme j'y avais investi une grande part de mes projets existentiels, c'est quasiment ma vie qui a perdu son sens à ce moment là ! Je ne pouvais plus aller vers l'exaltation que m'apportait la part d'inconnu de notre rencontre et l'improbabilité de sa longévité. Mon désir d'inventer sans cesse, avec elle, des façons de durer et de communier dans le désir et la confiance, se désagrégeait.

Je persiste à croire que c'était une belle aventure relationnelle et sentimentale, difficile mais pas impossible.

Je lui en ai beaucoup [euphémisme] voulu d'y mettre fin...

Fortuitement c'est aussi son renoncement qui a constamment alimenté ma persévérance (et inversement, bien sûr) : en se retirant elle rendait la chose encore plus impossible, encore plus inatteignable. Encore plus défiante ! Simultanément elle anéantissait mes ressources en s'éloignant. Et là c'est un autre défi qui m'était lancé, de plus en plus impossible aussi : la faire changer d'avis.

Mon insistance à poursuivre n'a eu d'égale que la sienne à ne pas reprendre. Or je crois que nous avons là un point commun, quoique opposé : aller aux bout de nos idées et ne pas accepter de nous voir dicté une conduite. Elle comme moi sommes exigeants avec nous-même... et avec l'autre. Mais pas forcément dans le même sens, pas de la même façon, pas dans les mêmes domaines. Nos énergies se sont contrecarrées, alors qu'au départ elles travaillaient en concordance. En se retirant elle a emporté la vitalité qu'elle me transmettait... et qu'elle avait certainement besoin de sentir en moi pour persévérer. Je crois qu'elle me donnait la force qui lui était nécessaire pour m'accompagner...

L'impossible c'est nous qui l'avons créé.






Peut-être jamais



Dimanche 6 juillet


Combien de temps me faudra t-il avant de retrouver véritablement la paix de l'esprit ? Y parviendrais-je un jour ?

Lorsque j'écris encore autour de... ça... déjà, je ne sais même pas comment le nommer... je me retrouve rapidement dans une grande confusion mentale. Conflit intrapsychique. En parler ou pas ? Utile ou néfaste ? Constructif ou destructurant ?

Ramener ça à la surface c'est à nouveau générer du malaise. Un dégoût. Comme si je vomissais quelque chose d'indigeste qui me serait resté sur l'estomac.

Le garder, faire comme si tout allait bien, c'est la méthode Coué qui ne peut pas faire illusion éternellement. Vient un moment ou la réalité s'impose : c'est toujours là ! Il reste des éléments à évacuer.

Il n'y a donc pas de bonne solution. Seulement des moins mauvaises que d'autres. La régurgitation est forcément amère.


...


Là, vous ne me voyez pas, mais je suis devant mon écran à relire en boucle ce que je viens d'écrire, et je me demande quelle suite donner. Tout effacer ? Aller vers une vision positive ? Replonger dans ce que fuis ?

Il n'y a pas de bonne solution !

La tentation de tout effacer, c'est une façon de fuir la réalité. L'option positive c'est pour me porter vers la lumière qui est au bout du chemin. Replonger c'est de nouveau brasser cette puanteur en me demandant si ça sert à quelque chose...

Oui : ça sert à en sortir. Mais j'en ai marre, je suis fatigué de tout ça. Je ne veux plus que ce soit lourd [moche, lourd, chiant]. Je ne veux plus cette part de moi.

Ce que je dis est idiot : c'est comme si je ne voulais pas d'une station d'épuration sous pretexte que ça brasse de la merde. Faut bien en faire quelque chose, de la merde !



J'aimerais... avoir la capacité de dépasser ce qui est noir en le repeignant de toutes les couleurs. Oh oui, j'aimerais avoir la capacité d'être léger avec ce qui est lourd ! J'aimerais que soit agréable à lire... ce qui est désagréable à vivre.

J'aimerais avoir la capacité de surmonter avec le sourire ce qui m'est pénible.

Euh... il suffirait que je change d'état d'esprit. Ça ne dépend que de moi. Que je colore d'un arc en ciel mes pensées plutôt que de les laisser se charger de lourds nuages noirs.



>>concentration positive<<



Comment font les humoristes pour faire rire ? Par quel angle savent-ils présenter les choses ? Est-ce que cela passe par de l'autodérision ?



{pensées en mouvement}



Ouais... en fait je sais ce qui coince : je n'ai toujours pas fait le deuil de la relation. J'ai fait des morceaux de deuils, dans différents registres, mais pas le deuil global. Pas le deuil définitif. Ben oui, mais je suis fait comme ça : optimiste. Même si ça me coûte cher en énergie psychique...

Vous vous rendez compte du temps et de l'énergie que j'ai consacré à tenter de comprendre cette relation ? [ben oui, depuis le temps que j'en parle...] Faut-il que j'y tienne pour avoir persévéré autant malgré les fermetures successives ! Alors ? Folie et stupide acharnement... ou conscience aiguisée qu'il y a là quelque chose de précieux qui vaut vraiment la peine d'y croire ? Il y a autant d'avis que de personnes...

Ce qui est précieux et vaut la peine, pour moi, c'est le chemin que je fais grâce à ça.

Qu'on ne se méprenne pas : ce n'est pas pour la relation que je lutte. C'est pour être à la hauteur de la relation ! Nuance...

Pour être à la hauteur d'une relation. Celle là ou une autre. Et toutes les autres.

Ce n'est pas tant une lutte de conquète [de quoi ?] qu'une lutte de libération. Me libérer, autant que possible, de ce qui m'entrave dans ma rencontre avec autrui [surtout quand autrui représente un enjeu...]. Durant toutes ces années, en cherchant à comprendre ce qui s'était passé, je me suis battu en moi-même pour accepter la différence, mais aussi mes propres limites, ma propre dualité.

Aaaah, la dualité, c'est une notion vachement importante. J'essaie de comprendre ce qui me fait basculer d'un côté ou de l'autre. L'ombre ou la lumière.

Je n'aurai la lumière que si j'accepte aussi l'ombre. Pleinement.

L'ombre sombre. La noirceur. La peur.

Serait-ce ce qui me tord le ventre ? Lorsque je sais que ce côté sombre va apparaître dans mes écrits, ou m'a échappé. Ou que je l'ai délibérément laissé s'échapper parce qu'il m'infectait de l'intérieur...

Écrire pour évacuer [écrire comme je chie...]

Ben oui j'ai des côtés noirs. Pas gentils. J'ai dit ou écrit des trucs pas gentils. Parce que j'avais mal. Parce que j'attribuais l'origine de cette douleur à qui ne répondait pas à mes désirs. Parce que la frustration était trop forte et qu'il m'était plus facile, plus "économique", de rejeter une supposée *faute* sur autrui.

Cette noirceur que j'ai expulsée est aussi celle qui m'empoisonne en m'éclaboussant lorsqu'elle touche l'autre. Je voudrais ne pas l'avoir en moi... sans pour autant la rejeter sur les autres. Je sais que c'est sur moi que je dois travailler, mais pas avec les personnes qui éveillent mes sentiments noirs. Question de jardin secret...

« Nous sommes toxiques l'un pour l'autre » m'avait écrit Nathalie dans un de ses derniers courriers. Je lui avais répondu que ce qui m'était toxique ce n'était pas elle, mais le silence. Aujourd'hui je me dis que mon abondance de mots lui était certainement toxique et qu'elle s'en est protégée. Avec raison. La communication n'est pas toujours la meilleure solution, ni la seule. Parfois ce n'est pas le bon moment et ça peut durer longtemps...

Je crois que bien souvent Nathalie a senti des situations avec justesse. Je n'entendais pas, je ne captais pas, parce que cela contrariait ma vision des choses. Mais la réciproque est vraie aussi.

Réversibilité, dualité... côtés sombres et lumineux qui s'allient, s'attirent ou se repoussent. Comme des aimants...



Je n'ai pas pu me défaire de l'idée qu'on se retrouverait. Un jour, je ne sais quand. Ben oui, j'ai toujours conservé cet espoir indéracinable, n'y renonçant que temporairement lorsque j'étais trop atteint d'avoir été encore repoussé. A chaque fois je réévaluais ce qui avait vraiment de la valeur à mes yeux, épurant les attentes pour ne conserver que l'essentiel. Pour moi c'est quête est comme une lumière qui me guide sur mon chemin de découverte. Une quête du meilleur de moi.

Oh je sais, ça peut paraître cucul, niais, et surtout totalement irréaliste : « le pauvre gars, il y croit encore contre toute évidence... ». Sauf que j'y crois tout en sachant que ça n'existera peut-être jamais. Tout est dans le peut-être.

C'est curieux d'ailleurs, comme ce terme est important. Un jour, alors que notre relation d'amitié amoureuse était encore juvénile et *merveilleuse* [nuée d'étoiles scintillantes], elle m'avait dit « on ne se rencontrera peut-être jamais ». Cette non-perspective d'avenir, qui correspondait à la réalité bien intangible de la distance qui nous séparait ainsi qu'à mon statut conjugal, avait été pour moi comme un coup de massue. Ne jamais se rencontrer me paraissait inconcevable et absurde. Mais immédiatement Nathalie avait pointé sur le terme « peut-être », qui avait toute son importance : elle préférait voir les choses sous l'angle des éventualités pour ne pas se bercer d'illusions. Ce que j'avais trouvé au premier abord terriblement défaitiste était pour elle une vision optimiste.

J'en suis à ce même point aujourd'hui : je sais pertinemment que plus rien ne m'autorise à croire qu'un jour nous parviendrons à nous reconcilier, il n'empêche que peut-être nous y parviendrons.

En me disant, quelques minutes avant de monter dans l'avion, « je sais qu'on ne se reverra jamais », Nathalie m'a anéanti... et en même temps m'a lancé un défi vers l'impossible que j'ai voulu coûte que coûte relever. Ce « jamais » sans nuance, sans atténuation, sans espoir, est ce contre quoi j'ai lutté durant des mois. Je lui en ai terriblement voulu d'avoir baissé les bras. Jusqu'à ce que j'accepte que, selon elle, et pour elle, il était préférable qu'il en soit ainsi. Elle avait préféré ne pas se garder d'espoir [bien qu'elle l'ait contredit a plusieurs reprises ultérieurement...]. En même temps... comment ne pourrais-je pas reconnaître qu'en agissant ainsi elle m'a permis de trouver ma force intérieure ? En me lâchant elle me donnait toutes les chances d'acquérir ce que je trouvais en elle, jusqu'à la liberté.

Je lui en ai voulu pour son défaitisme, son abandon du projet commun, sa résistance obstinée... pour son refus d'aller au fond des choses, pour ses silences et ses ambiguités, ses flous et ses volte-face, pour ce qu'elle a écrit à demi-mots, ses mots cassants. De me laisser seul face à tout ça je l'ai trouvée... insupportable.

Moi aussi je l'ai été pour elle, en insistant pour les options inverses. Chacun a tenté de se sauvegarder en optant pour ce qui lui semblait le mieux. Nous nous sommes « entredéchirés », selon son expression, alors que chacun aurait voulu éviter ça. Ce que nous avons fait de nous est moche... mais était apparemment inévitable. Peut-être est-ce, malgré tout, une bonne chose. Une mise à l'épreuve, une chance donnée à l'émancipation. C'était aussi montrer de quoi nous sommes faits, en vérité. Lumineux et sombres.

Il y aurait eu des actes irréparables à ses yeux. Pour ma part cette notion n'existe pas : c'est une question d'ouverture au pardon. Serait-ce notre grande différence ?

Ren n'est définitif, à mes yeux, sauf la mort. Pour Nathalie « rien n'est jamais acquis ». Où est la différence ? Toutes les épreuves, les contrariétés, les souffrances, sont des tremplins potentiels, des chances à saisir. Encore faut-il en avoir la capacité au moment opportun.

Nous sommes très loin l'un de l'autre désormais, sans contact depuis bien longtemps, mais je ne crois pas à l'impossible en matière de liens. C'est un choix. Je fais le pari du possible, aussi étroit et difficile soit-il. Sans savoir précisément en quoi consisterait sa réussite...



Finalement, en revenant sur tout ça je retrouve la paix au fil des mots. Je me sens plus léger. Je n'ai pas besoin que, maintenant, quoi que ce soit change à la situation actuelle : l'espoir ténu que cela puisse survenir un jour me suffit. Pour autant je ne reste pas béatement passif. Tout le travail intérieur effectué pour accepter la réalité a été une façon d'agir à la mesure de mes possibilités. Ce faisant je ne cesse de me reconstituer, me consolider, me fortifier. Mon objectif étant, comme je l'ai écrit plus haut, d'être capable de vivre des relations harmonieuses.

Ce serait une magnifique victoire commune si nous parvenions à nous réconcilier, sous quelque forme que ce soit, dans quelque délai que ce soit, à quelque distance que ce soit. Ce serait... beau. Une belle aventure humaine. Je sais aussi que ça ne se produira peut-être jamais.

Peut-être...






Réparé !




Samedi 19 juillet


Chers fidèles lecteurs et lecteuses, j'ai le grand plaisir de vous annoncer... mon mariage [hi hi]. Pfff, meuh non, allons ! J'annonce bien mieux : je suis enfin réparé !

Un peu tout cassé depuis les évènements tragiques de ma vie amicalo-sentimentale, période Nathalie, je suis enfin parvenu au terme de ma démarche de reconstruction. Ouiiiiiii, c'est terminé ! En-fin ! L'évènement étant de portée mondiale restreinte à ce qui me lie à vous, je vais relater succinctement le déroulement de ce basculement tant attendu.

Récapitulons. D'abord le contexte : je m'étais secrètement fixé une date butoir au 8 juillet, huitième anniversaire du vrai début de mon journal. Je voulais que se marque une nette inflexion, sans trop savoir quelle forme elle pourrait prendre. L'objectif étant de "quitter" cette histoire. L'échéance m'a donc servi de point de focalisation pour ce que je voulais voir résolu. Question de symbolique... D'où une certaine obsession concentration autour de... ce que vous n'ignorez pas.

Bon, ma vie terrestre m'a un peu trop occupé pour que je laisse suffisamment de place à cette démarche de liquidation, mais ça n'a pas perturbé le fond du processus. Voici donc, en exclusivité, le déroulement de l'opération "basculement". Déroulement au jour le jour, d'après reconstitution post-évènementielle.


Dès le 7 juillet, en réaction à ma dernière entrée, je rédigeais ceci:

*** Mon « Peut-être jamais » a fait réagir. Tant mieux ! J'apprécie les réactions, et suis euh... éternellement reconnaissant envers les personnes qui me font part de leur ressenti. Soit pour accompagner le mouvement, soit pour me faire part de leur inquiétudes. Parfois pour me désapprouver, mais c'est vraiment rare.

Ah la la, ne vous inquiétez pas pour moi, je suis un grand garçon ! Les moments vraiment difficiles
[pleurs et grincements de dents] sont passés depuis bien longtemps. Ce qui agit maintenant s'insère dans des moments de libre pensée, ne m'envahit plus, ne m'obsède plus [aaaah, quand même !].

L'idée à garder en tête c'est que je chemine. J'avance, pas à pas. Je ne suis pas parvenu au terme de ce que j'ai à trouver mais vraiment ça ne m'inquiète pas : ça arrivera lorsque je serai prêt
[ouais, si ça pouvait aller un peu plus vite ça serait bien mais...].

Certes, des éléments du passé sont encore fort présents dans mes écrits, je le concède. Mais n'oubliez pas que mon vécu est ma base de réflexion ! Et puis il faut tenir compte que ce lieu est mon exutoire et qu'il remplit fort bien sa fonction : une fois déposé ce que j'avais à expulser... je suis léger. Donc, gaffe aux apparences : ce que j'écris est vrai dans le présent, mais peut très bien être caduc le lendemain
[c'est évident mais il est bon de le rappeler]. Le seul fait de les écrire a pour effet de changer les pensées. C'est magique !

Il n'est jamais exclu que je revienne à plusieurs reprises sur quelque chose de déjà vu, mais c'est normal. Un travail de deuil fonctionne comme ça, entre passé et présent, entre inhumation et exhumation de ce qui est mort. Qu'on se le dise : tout ce qui est exprimé diminue les tensions internes
[par contre ça peut avoir des conséquences externes... comme ces inquiétudes vis à vis de ce pauvre Pierrot qui ne parvient pas à quitter son histoire, hé hé].

Quand je dis que quelque chose me pèse, que j'en ai marre... c'est une façon de m'en soulager. C'est aussi une façon d'en prendre conscience et de changer quelque chose.

Et puis quand je raconte mes espoirs... ben c'est une façon de les faire exister. Même si, peut-être, mes souhaits ne se réalisent jamais, au moins ils auront laissé une trace. Tiens oui... et si tout ça était une manière de ne pas oublier ? De faire vivre encore ce qui est peut-être mort...

Ça dure longtemps ? Oui, et alors ? Qui cela peut-il déranger à part moi ? Y'a pas de durée légale pour un deuil, que ce soit pour un poisson rouge, un amour, ou une amitié.

Allez, ne vous en faites pas : je vais bien et je suis sain de corps et d'esprit. C'est juste que j'aime bien savoir le pourquoi du comment. Ça a un côté chiant... mais avec l'avantage d'aller au bout des choses. On aime ou on n'aime pas. Moi j'aime.

Oh, et puis vous avez là une superbe démonstration de mon sport favori : la justification. Ben oui, c'est mon péché mignon
[mais si, mais si...]. Là encore ces explications, ces retours sur l'origine, ces enquêtes d'Hercule Poirot sur lui-même, c'est une façon d'aller plus loin. Ouais, faut en avoir envie. Mais si vous continuez à me lire c'est bien que vous devez y trouver quelque chose.

D'ailleurs... un grand merci à ceux et celles qui me le disent de temps en temps. C'est toujours très apprécié. ***



Je n'ai pas changé une virgule à ce texte, laissé en suspens jusque là, et je trouve intéressant de constater à quel point mes croyances ont pu être modifiées en très peu de temps. Ces lignes quasi prémonitoire passent pourtant à côté, forcément, de ce qui allait advenir dans les jours qui allaient suivre. Je m'amuse en relisant ce passage significatif : « Je ne suis pas parvenu au terme de ce que j'ai a trouver mais vraiment ça ne m'inquiète pas : ça arrivera lorsque je serai prêt [ouais, si ça pouvait aller un peu plus vite ça serait bien mais...].»

Ce passage aussi devient savoureux : « ce que j'écris est vrai dans le présent, mais peut très bien être caduc le lendemain ». À apprécier en fonction de ce qui allait suivre...


Le 8 juillet
Date anniversaire repère. Le matin une image me vient : un galet poli. C'est ainsi que je perçois l'histoire dont j'ai fini par lisser une à une les aspérités afin de ne plus les laisser m'écorcher. Un joli galet à caresser que je garde dans la poche...
Ce galet poli sera mon titre pour l'écrit du soir. Mais ma soirée est occupée par une réunion qui ne me permet pas d'écrire comme je l'avais prévu. Peu importe...


Mercredi 9 juillet
Encore une réunion après la journée de travail. Je consacre ce qui reste de mon temps à mettre un peu d'ordre dans ma tanière de célibataire en prévision de la venue de deux blogueuses. Je ne les connais que depuis quelques mois, sans les avoir jamais rencontrées, mais j'ai immédiatement accepté leur proposition de me rendre visite.


Jeudi 10 juillet
En rentrant du travail je me mets à fond dans le ménage et le rangement, pour un résultat finalement assez minimaliste, vu l'ampleur de la tâche... Mes deux blogueuses m'ont prévenu d'un retard qui, finalement, me permet de sauver les apparences. Je sors à peine de ma douche lorsqu'elles arrivent. Soirée découverte autour de discussions sur des sujets variés, mais en contact direct avec l'intériorité, comme à chaque fois lors de ce genre de rencontres internautiques. Je me retrouve, selon mon habitude, un peu gauche et intimidé, nettement moins bavard que par écrit. Plus loquaces, les deux copines, qui semblent se connaître depuis vingt ans tant leur complicité est évidente, ne se sont réellement rencontrées que cinq jours plus tôt. Elles me paraissent fort différentes l'une de l'autre, et le confirment.


Vendredi 11 juillet
Je pars travailler au petit matin, laissant la maison a... quasiment deux inconnues (le monde d'internet a des particularités singulières). Il a été convenu que, finalement, elles resteraient un jour de plus pour prolonger le temps réduit de la rencontre. Le soir les conversations reprennent... surtout avec l'une des deux. Au fil de la soirée un dialogue rapproché s'instaure avec K., tandis que J. se dirige vers l'ordinateur.

Le respect du public mineur, qui fréquente assidument ce site, m'interdit de raconter comment la soirée se prolongea jusqu'à l'aube...

Et voilà comment se tourne une page.


... la suite est ici





Mois d'août 2008