Mois de mars 2002
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Résistance
 
 
Vendredi 1 mars 
 
 
Le bonhomme continue à m'embêter...
Voila nos derniers échanges de courriers.
 
Hier soir, suite à mon message, il m'écrit:
 
>From: (xxx)@aol.com
>To: diariste@hotmail.com
>Subject: Re: L'Idéaliste : marque protégée
>Date: Thu, 28 Feb 2002 17:17:59 EST
 
>Bonsoir,
 
>mon tel : 06 xx xx xx.
>Ce soir, si tu peux.
>On va s'entendre, j'en suis sur.
 
>Bien à vous.
 
>(xxx)
 
 
__________ 
 
Ah, on dirait qu'on devient copains. Il me tutoie... tout en finissant par "vous". Je lui réponds:
 
Bonsoir,
 

 

Message bien reçu. Mais je préfère communiquer par mail. Moins rapide, c'est évident, mais plus conforme à ma façon de vivre dans le monde virtuel.
 
Si on peut s'entendre, ça me semblerait être la meilleure solution...
 
Avec mes salutations
 
L'idéaliste
 
 
__________
 

 

Bonsoir,
 
si le tel ne vous convient pas, on ne pourra pas s'entendre car discuter nécessite une interactivité n'est ce pas ?

06 xx xx xx xx

je vous donnerai mon fixe de suite.

 
_________
Bonjour,

 

Souhaitant au maximum préserver mon anonymat, le téléphone ne me convient effectivement pas.

L'interactivité est tout à fait possible par écrit et je suis prêt à "discuter" avec vous par ce moyen. A moins que vous n'ayez une objection particulière?

Avec mes salutations

L'idéaliste

 

__________

 
 
Jusque là, ça allait encore bien, non? Ben non, parce que le monsieur semble agacé par mon refus de téléphoner. C'est pas que je sois paranoïaque, mais j'ai pas envie de me faire repérer par des "mouchards" tels que l'affichage de mon numéro d'appel sur le poste du correspondant...
 
La suite change de ton.
 
__________
 
 
>From: (xxx)@aol.com
>To: diariste@hotmail.com
>Subject: Dernier avertissement
>Date: Fri, 1 Mar 2002 13:17:46 EST
 
>Vu que vous tenez à conserver l'anonymat, aucune collaboration n'est donc possible, donc je vous demande comme convenu, d'oter de votre site toute appélation "L'Idealiste" de certaines pages de votre site (http://www.geocities.com/diariste/p1.htm)_ par exemple le titre "L'Idealiste" en haut à gauche...
 
>Vous pouvez naturellement conserver votre signature L'Idéaliste car elle vous est privée.
 
>Le nom "L'Idealiste", étant une marque déposée (numéro national 02 3150843 à l'institut national de la propriété industrielle), il est inutile de vous dire qu'un refus de votre part entrainerait, sur le champ, une démarche judiciaire.
 
>En espèrant une compréhension réelle de mon propos,
 
>Bien à vous,
 
>(xxx)
>Direction Générale
>L'Idéaliste
>www.lidealiste.com
>Quand le net fait place nette.
 
__________
 
Il n'en fallait pas plus pour libérer ma propension à l'écriture et un esprit rebelle inattendu...
 
__________
 
Monsieur,
 
Vous avez une bien curieuse façon de concevoir la discussion.

Tout d'abord vous m'envoyez un courrier assez autoritaire qui ne me met pas particulièrement en position favorable à votre égard. Néanmoins je vous propose d'étudier un arrangement. Vous voulez alors qu'ils se fasse par téléphone, et apparemment exclusivement par ce moyen, ce à quoi je vous répond que mon site exige l'anonymat. J'accepte la discussion, mais par mail.

Et voila que vous me dites qu'aucune collaboration n'est possible!

Si quelque chose empêche la discussion, ce n'est pas mon anonymat mais votre intransigeance. De toute façon, il semble que vous ne me laissiez pas d'autre alternative que de suivre ce que vous avez "convenu": supprimer mon pseudonyme en tête des pages intérieures de mon site. Vous n'avez apparemment rien envisagé d'autre et je ne sais toujours pas ce que vous entendiez par "collaboration".

Vous venez en tout cas de perdre définitivement la possibilité que je vous offrais de mettre un lien vers votre site.

Vous me menacez à nouveau avec l'artillerie lourde d'une démarche judiciaire. Il est regrettable que vous n'ayez pas su envisager les choses d'une autre façon. Votre devise "Quand le net fait place nette" prend là une signification bien particulière...

Si vous estimez que le jeu en vaut la chandelle (ce qui serait faire beaucoup d'honneur au très modeste site qu'est le mien) je vous laisse vous lancer dans cette voie. Vous risquez d'y passer beaucoup d'énergie pour un bénéfice infiniment dérisoire, pour ne pas dire nul. Jusqu'à preuve du contraire, l'emploi des mots "l'idéaliste" en tête des pages intérieures d'un site n'est pas répréhensible. Si toutefois je devais recevoir une notification judiciaire m'interdisant l'utilisation de ce terme, j'aviserai de la suite à donner.

En l'état actuel des choses, vous comprendrez que je n'ai aucune raison de céder à votre demande dont rien ne me prouve le bien fondé. Le fait que ce soit votre propre exigence de créateur du site "L'idéaliste" ne constituant aucune garantie de légalité.

Je tiens quand même à vous signaler que si vous m'aviez contacté pour m'expliquer le problème afin que nous cherchions un arrangement, j'aurais été spontanément enclin à modifier le terme litigieux. Vous choisissez la voix de l'arrogance, avec comme corollaire le durcissement de ma position.

Le net est encore un espace de liberté et je n'ai pas la moindre envie de céder devant l'autoritarisme d'un homme qui voudrait privatiser à son usage exclusif un nom qu'un autre a eu l'audace de choisir aussi.

Si vous estimez que je vous fais une quelconque ombre sur internet, je vous laisse poursuivre. Pour ma part, je ne vois aucun inconvénient à partager avec vous ce mot de "l'idéaliste".

Attendant l'éventuelle suite des évènements, je vous prie d'accepter mes salutations.

 

L'idéaliste

 
__________
 

 

Bigre, où donc cette palpitante affaire va-t-elle s'arrêter? Ce qui me tue, c'est que dans la partie littéraire du site en question, j'ai trouvé un paragraphe qui vantait le militantisme de l'association pour promouvoir la publication sur internet des écrivains débutants... (je ne le cite pas pour éviter une éventuelle interdiction de citation). Cocasse, non? Certes, je ne suis pas un écrivain, mais je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en lisant cet audacieux militantisme... qui se dit prêt à traîner en justice un diariste qui a l'outrecuidance de porter le même nom que le susdit militant.
 
Je ne suis pas spontanément agressif, je suis même un inlassable partisan du dialogue. Mais faut quand même pas pousser! Si on ne me laisse aucune alternative, si on essaie de me priver de ma liberté, si on veut me contraindre... alors se réveille en moi une volonté de résistance.
 
Je suis un "gentil" qui se laisse souvent manger la laine sur le dos parce que je cherche toujours à comprendre les gens, à leur faire plaisir, a ne pas faire de vagues inutiles. Mais si on touche à cette liberté sacrée, si je ressens une injustice, je sors les crocs. Et alors disparue la timidité, envolé la réserve. Je suis capable de m'opposer très fermement et avec détermination.
 
Bon, on verra bien la suite... (si ça vous agace, faites-moi signe)
 
* * *
 
Tout autre chose...
 
En parcourant les sites de mes collègues diaristes, j'ai souvent envie de mettre des liens vers une page, un site. Je ne le fais pas souvent parce que, il faut bien le dire, c'est un peu fastidieux, techniquement parlant. Et puis j'écris généralement dans un fil d'idées que je n'aime pas beaucoup interrompre.
 
Bon, c'est sûr, je peux mettre la formule magique du lien hypertexte ensuite. Mais j'ai un peu la flemme... D'autant plus que je soupçonne une bonne partie de mon lectorat d'avoir les mêmes lectures que moi.
 
Mais parfois j'ai envie de pointer vers un diariste que je ne cite pas. Aujourd'hui, ce sera Zuby, qui a fêté il y a quelques jours ses quatre ans de diarisme. Hey! c'est qu'on approche des records de longévité là! Elle fait d'ailleurs une allusion à ce monde du diarisme qui en s'élargissant à changé. Il est vrai que semaine après semaine on voit le nombre des inscrits à la CEV qui augmente inexorablement: 159 ce jour. Comment trouver une cohésion dans une si grande diversité? Si pendant quelques temps je m'efforçais de rendre une visite à chaque journal inconnu ou nouveau, je dois bien reconnaître que je ne le fais plus.
 
D'ailleurs, est-ce possible de suivre durablement un nombre important de diaristes? Mais alors, et si je passais à coté de journaux sublimes? Dois-je compter sur les liens que d'autres indiqueront? Existera-t-il un jour des scissions ou des subdivisions entre des groupes de diaristes? Et selon quels critères?
 
Bah... je m'en pose bien des questions inutiles. On verra ce qui arrivera quand il sera temps.
 
* * *
 
Un peu embêtant: geocities nous annonce qu'a compter du 2 avril le site sera payant. Zut! il va encore falloir déménager. Dommage, je n'avais jamaie eu de problèmes avec geocities. Pas comme avec multimania, spécialiste des problèmes à répétion.

 


 
Détermination
 
 
Samedi 2 mars 
 
 
Depuis quelques mois, ce journal me tiraille dans des directions contraires. Je suis de moins en moins dans le domaine de l'intime "profond" et j'ai l'impression de papillonner d'un sujet à l'autre, sans me fixer vraiment. Il reste toujours en toile de fond ces relations virtuelles, mais j'aborde le sujet de façon désordonnée, c'est le moins qu'on puisse dire.
 
Je suis toujours admiratif devant ces diaristes qui explorent méthodiquement un sujet, puis passent au suivant.
 
Quoique... je crois que ma préférence va quand même à ceux qui sont dans le même genre écléctique que moi. Ce coté "qu'aura-t-il/elle pondu aujourd'hui?". Et j'aime être surpris par un thème totalement inattendu. Finalement, c'est un peu ce que je fais.
 
C'est peut-être aussi pour cette raison que je me sens "attendu" par mon lectorat, transposant mes propres attentes.
 
Il y a aussi le fait de me sentir partie prenante de la communauté des diaristes, a des échelles différentes: le petit club des jeunes adultes 30/40 ans (oui oui, je me mets encore dedans!) en particulier. Celui aussi des "interrogatifs sur eux-mêmes", ou "douteurs-qui-se-soignent". Des cercles qui se recoupent, au contours flous et perméables, mais dont je suis bien obligé de constater que je ne m'éloigne guère. Au fil de mes explorations, je reviens souvent sur les mêmes et les liens que chacun fait vers les autres font que j'évolue dans un milieu finalement assez restreint.
 
Cette connaissance que nous avons les uns des autres, ces lectures croisées, ces allusions que nous faisons à mi-mot de lectures communes ou de lecteurs communs, tout cela fait que se recrée un cercle de conaissances tels que ce qui existe dans la vie sensorielle. Preuve récurrente, s'il était nécessaire, de la similarité des deux modes de vie.
 
Je me rends donc compte que je participe, comme je le ferais de-vivo, à une vie sociale de groupe. Et que je reproduis donc les complexités de rapports dont l'anonymat me protégeait au départ.
 
Je ne suis plus, et les autres ne sont plus pour moi, des anonymes inconnus. Nos trajets ne sont plus vraiment indépendants, mais se croisent, se lient plus ou moins, influent sur le cours de nos pensées. Pas le cours de nos vies, pas vraiment... mais certainement un peu quand même. Surtout les rapports privilégiés qui se font en privé.
 
Je n'ai jamais caché que j'entretenais des rapports privilégiés avec certains diaristes et/ou lectrices. Tant que cela restait dans le privé des échanges de mails, ça ne posait pas de problèmes. Mais maintenant que des Chats occasionnels existent, ces rapports se trouvent modifiés par le jeu des relations croisées. Nous nous retrouvons dans un même espace de dialogue entre personnes qui ont entre elles des rapports différents. A est très proche de B et C, mais B et C ne se connaissent pas. En revance D correspond avec A, etc... Tout ça ne pose évidemment aucun problème, et aurait même un coté à la fois amusant et enrichissant parce qu'on découvre des inconnus par l'intermédiaire de ceux qui nous sont proches. Il y a aussi, bien sûr, ce petit groupe qui s'est constitué autour du magazine sur le diarisme, et les contacts nouveaux qui se sont créés.
 
Mais... cela dérègle un peu les repères qui s'étaient établis autour de chacune de nos bulles respectives. D'ou ce statut changeant du diariste que je me sens être, m'adressant tantôt à des inconnus, tantôt a des proches, tantôt à ces personnes nouvellement découvertes.
 
Une de mes fidèles lectrices m'écrit «il y a en ce moment une triple personnalité d'auteur chez toi : celui qui va communiquer directement à l'extérieur dans l'intention spécifique d'apporter un message, puis il y a celui qui tient encore à l'oasis qu'il s'est créée sur le net, où il peut à sa guise, se reposer, faire une halte, se questionner sur sa vie personnelle, et enfin celui qui au hasard de rencontres dans cette oasis a tissé des liens de natures diverses avec quelques personnes qu'il a volontairement et sciemment choisies.» Vous comprendrez bien que c'est sa réflexion qui m'a poussé à approfondir la mienne...
 
Il est vrai que je ressens bien souvent cette double ou triple écriture. Il m'est difficile d'écrire en restant bien moi, indépendamment de ces influences diverses à qui je ne suis pas sûr de plaire de la même façon. Et, là encore, j'admire ces diaristes qui, lorsqu'elles (oui, toujours des "elles", que voulez vous...) s'installent derrière le clavier semblent pouvoir faire abstraction de toute la vie qui s'échange en coulisses. La vie privée entre diaristes qui reste hors du champ des lecteurs anonymes.
 
Je dois dire que j'aime beaucoup ces relations à plusieurs niveaux. Nos écrits intimes publics qui ont un degré supplémentaire dans l'intimité privée. Les gens qui pensent que nous dévoilons toute notre vie privée se trompent largement. Et se savoir compter parmi les interlocuteurs hyper-privilégiés, ceux qui ont droit au niveau approfondi des confidences, est pour moi quelque chose de très précieux.
 
Bref, vous l'aurez compris, mes réflexions autour de la pratique du journal en ligne et des relations qui en découlent sont loin d'être terminées...
 
Il ne me reste qu'a trouver le degré d'intimité qui me convient pour que je ne me sente plus hésitant entre deux registres d'expression.
 
Quoique... si je n'hésitais plus sur quelque chose, je me demande si je serais encore moi.
 
* * *
 
Wouf! Il y a de ces choses qui vous donnent la pêche parfois! Libellule m'a écrit un long et bon message qui a levé tous mes doutes du moment!
 
C'est vrai que j'ai une propension à toujours douter de moi. Ça revient tout seul, sans que j'y prenne garde. Pourtant, depuis le temps que les gens qui m'apprécient me disent que je n'ai pas de raison d'avoir ce comportement, ni ce jugement souvent sévère sur moi...
 
A chaque fois ils me convainquent et me font prendre conscience de la force qui est en moi (notez le bien, parce que je ne le dis pas souvent...). Je m'en trouve tout ragaillardi. Et puis, insidieusement ce doute pernicieux se faufile à nouveau dans mes pensées et me bouffe de l'intérieur. Il faut que j'arrive à tordre le coup à ce serpent malfaisant, qui me fait du mal, m'amoindrit... ce qui conribue à me laisser émettre un signal terne... ce qui ne peut que me rendre moins attirant... donc me faire douter de l'intérêt que les autres peuvent me porter, etc. Le serpent qui se mord la queue.
 
 
Il faut que je m'en sorte! C'est quand même pas croyable que des gens qui me connaissent finalement depuis peu croient plus en moi que je le fais. Le nombre de gens qui m'apprécient, me le disent, et moi qui me dis toujours "ils doivent se tromper".
 
Merde, zut et ¤$£@§§#&µ** (ouh la, quelle insulte!) il va bien falloir que je comprenne que je vaux quand même quelque chose de pas si mal! Il faut qu'une partie de moi (du domaine du conscient ou de l'inconscient?) accepte de voir ce que l'autre sait bien mais est impuissante à faire appliquer.
 
Voila des mois que je "travaille" dessus via ce journal et les échanges de toute sorte que je peux avoir. Les choses ont déjà énormément changé, mais il faut que ça continue. Et il faut qu'il y ait des résultats.
 
Il y a le doute salutaire, celui qui fait que l'on est toujours prêt à se remettre en question. Et puis il y a le doute qui coupe les ailes, celui qui fait qu'on se pose TOUJOURS des questions. Celui là, il faut le bannir.
 
En fait, il faudrait que je me révolte contre cette partie de moi qui me contraint à être un autre que celui que je suis. Cette partie de moi qui me prive de ma liberté. Or je ne supporte ni les contraintes ni les privations de liberté. Je vais donc rentrer en résistance contre moi-même. Avec détermination!
 
  
 
 
 
 

 
 
Manque de temps
 
 
Lundi 4 mars 
 
 
Le temps qui passe... Le temps qui file si vite et qui ne laisse pas assez d'interstices pour se laisser aller à ce qu'on aimerait faire. Eh oui, mon travail saisonnier reprend de plus en plus d'importance et je n'ai plus cette disponibilité des semaines passées.
 
Je réduis mes activités internautiques à l'essentiel: abandon de la participation aux forums divers qui m'ont tellement occupé, espacement même de mes visites comme simple lecteur. Par contre je me recentre sur le monde du diarisme.
 
Ce n'est sans doute pas si mal, parce que lorsque je participais aux forums, j'avais tendance à "coller" au plus près des échanges en répondant presque du tac au tac. Non seulement c'est bouffeur de temps et d'énergie, mais je me suis rendu compte (enfin!) que c'était souvent en pure perte. Trop de gens sont convaincus de ce qu'ils pensent et ne cherchent qu'a asséner des vérités qui leur conviennent ou même simplement à "jouer" à un échange d'arguments.
 
Finalement, que chacun garde ses idées, ça évitera de s'imaginer qu'on puisse les partager. Il faut vraiment être idéaliste pour croire en la richesse du dialogue. Heureusement que l'idéalisme sur ce point est quand même suffisamment répandu. Encore faut-il savoir détecter qui est capable de discuter et qui n'est là que pour... je ne sais pas quoi, mais par pour échanger, ça c'est certain!
 
Bon et puis assez causé de ces forums...
 
Oups! Je précise quand même que je parle des forums de "questions de société", pas de celui, bien calme, de la CEV.
 

 

* * *
 
A part ça...
 
Ben comme je le disais en commençant, j'aurais bien envie d'écrire ici, mais je manque de temps. Vous savez que mes entrées sont généralement longues. Je ne me satisfais pas de quelques lignes, insuffisantes pour élaborer une pensée un minimum structurée. Pourtant les sujets ne manquent pas. Au contraire, ils auraient plutôt tendance à se bousculer.
 
Toujours ce coté "chroniqueur" qui se manifeste, désirant porter ma réflexion sur divers sujets. Bien différent du coté diariste qui raconte son ressenti intérieur.
 
En fait, il y a tellement de façons d'être diariste... Entre le récit de son quotidien nombrilo-centriste (dont le suivi quotidien à un coté loft-storien), les impressions de vie qui sont un égo ouvert aux autres, et les réflexions personnelles mais uniquement tournées vers le monde extérieur, il y a une infinité de variations. Sans même parler des digressions vers la poésie ou la littérature.
 
Je m'abstiendrai bien de citer le moindre exemple, connaissant l'extrème sensibilité des diaristes à tout ce qui peut ressembler à une appréciation de journal. Sauf si elle est positive, bien entendu...
 
M'enfin, je dois quand même avouer que le première catégorie me laisse froid...
 
On a beau se considérer tous comme diaristes (même si ce mot déplait...), force est de constater que nous formons un assemblage assez hétéroclite. Mais il faut aussi reconnaitre que les territoires que nous explorons chacun ne sont pas fixes et limités, et qu'il serait bien difficile de nous circonscrire dans une catégorie précise.
 

 

* * *
 
 
Avant-hier, l'Insomniaque à passé ses trois ans de diarisme en ligne. Une entrée sous forme de bilan, toute simple, sincère. Lou nous montre bien l'importance qu'à pris son journal dans sa vie et les relations qu'elle à nouées avec des personnes découvertes d'abord "de l'intérieur". Une réflexion que nous sommes probablement nombreux à partager.
 
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Trouvé sur google, une analyse sociologique sur les relations via IRC. Texte long, mais intéressant. J'ai vraiment envie de me pencher sur ce qui est abordé et faire la relation avec ce qui se passe avec le monde virtuel de nos journaux. La réflexion sur la différence entre "vrai" et "réel" ouvre sur un vaste domaine...
 
En bref c'est: sommes nous plus "vrais" derrière nos anonymes claviers, ou bien le vrai n'est-il pas toujours ce que nous sommes réellement face aux autres? La vérité de ce que nous sommes est elle notre intériorité profonde ou notre attitude extérieure?
 
Vertigineux, non?
 
Bon, j'ai du boulot pour les jours à venir là...
 
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Le feuilleton "l'idéaliste contre l'idéaliste" n'a pas connu de rebondissement depuis mon dernier courrier. Soit le monsieur Directeur Général (en chef!) a renoncé, soit il est en train de perdre du temps à chercher comment faire pour m'empêcher de nuire gravement à l'image de son prestigieux site.
 


 
Sans réponse
 
 
Mardi 5 mars 
 
 
Je n'aurai encore pas la disponibilité pour écrire ce soir. Je vais regarder la téloche!
 
Ouais, c'est suffisamment rare pour que je l'écrive. Bah... ça m'arrive bien de temps en temps, quand même. Mettons un 4 ou 5 fois par mois. Généralement pour du sérieux (documentaires) ou des films pas trop mal.
 
Bref, on s'en fout. Mais le sujet qui m'intéresse, et pour trois soirs de suite, concerne la guerre d'Algérie. Mais pas la guerre propre comme on nous l'a montre, avec de fringants soldats et musique de circonstance. Non, là c'est la sale guerre de merde. Les cotés les plus dégueulasse, les horreurs les plus inimaginables. Tout ce dont on ne parle pas dans les livres d'histoire.
 
Je ne sais pas trop pourquoi cette sale guerre (y en aurait-il de propres?) me fascine autant. Peut-être parce que c'est la dernière qui ait été faire par des appelés du contingent (c'est à dire des jeunes qui faisaient leur service militaire). Peut-être parce que mon père l'a faite, et la plupart des pères des gens de mon âge. Peut-être aussi parce qu'elle suivait d'assez près la seconde guerre mondiale et que j'ai découvert peu à peu que les français, a peine sortis du statut de victime des allemands, ont endossé l'habit des assaillants en reproduisant les horreurs (sans doute en bien pire!) de ce qui m'avait semblé être l'abomination lorsque j'étais enfant. On nous racontait tel village martyr, dont tous les habitants avaient été fusillés, ou brûlés dans l'église. Des actes qui me semblaient être d'une barbarie inouie et qui s'étaient passé parfois dans des villages proches.
 
Depuis une dizaine d'années j'ai appris que les militaires français avaient aussi torturé en Algérie. On nous disait que c'était de façon très marginale, presque des bavures, et avec des méthodes "propres". Il y a deux ou trois ans j'ai su que cette torture avait été beaucoup plus largement répandue. Et depuis quelques mois je sais que la torture, mais aussi les exécutions et toutes les abominations imaginables étaient en fait monnaie courante.
 
Ce qui nous est montré ces jours-ci est l'engrenage qui a fait que des jeunes hommes normaux aient pu se transformer en tortionnaires. Avec en corollaire cette question en forme de malaise: et moi, qu'aurais-je fait??? Quand on voit ces hommes devenus maintenant des grands-pères qui expliquent comment ils en sont arrivés à suivre cette effroyable entreprise de déshumanisation, quand on sent leur désarroi et le dédoublement de personnalité qui s'opérait à ces moments là, il y a de quoi vaciller sur bien des certitudes.
 
Et me vient une question, que je ne suis pas sûr de poser un jour: qu'à fait mon père pendant cette guerre? Il n'a jamais voulu en parler, et à toujours dit qu'il n'avait pas participé à des opérations violentes, mais qu'a t'il vu ou su?
 
La barbarie qui peut exister au fond de nous est terrifiante. Les images montrées ou les récits entendus sont à vomir ou a s'effondrer de honte. Jamais je n'aurais pu penser que des hommes soient capables de tels actes. L'horreur organisée des camps de concentration est une chose, mais la boucherie sanguinaire en est une autre.
 
Je ne peux pas croire que j'aurais ce sadisme au fond de moi. Je suis obligé de me dire que nous ne sommes pas égaux sur ce plan là. Il y a des gens qui sont capables de cruauté volontaire, par pure jouissance, et d'autres qui jamais ne le pourraient. Ça n'est pas possible autrement.
 
Mais qu'en sais-je, puisque je n'ai jamais été confronté à ça?
 
Ce genre de questions sur ma façon d'être en conditions extrêmes, je les ai depuis que je suis en âge de me les poser. Plus je vieillis, plus je me rends compte que je n'aurais pas de réponse.
 
Ouais, ben c'est pas gai ce soir...
 
 


 
La journée des faux-cul
 
 
Vendredi 8 mars 
 
 
Combien de fois par jour me dis-je «tiens, il faudrait que je note ça dans mon journal»?
 
A la suite de ma dernière entrée, une foule de réflexions me sont venues. Que ce soit sur la fragilité de nos certitudes ou la finesse du vernis de notre soi-disant civilisation. Mais, faute de les avoir retranscrites tout de suite, elles ne sont plus vraiment d'actualité. Déjà ingérées, poussées par d'autres réflexions.
 
Aujourd'hui "Journée de la femme"! La belle affaire! Se débarraser en une journée du problème de l'inégalité flagrante des rapports hommes-femmes, pour se donner bonne conscience sans se fatiguer.
 
Ouais... mais c'est quand même l'occasion de rappeller un peu toutes ces choses, et le statut de dominée qui s'exerce dans la majorité des pays. 
 
Bon, lâchement je ne m'engagerai pas dans le débat. Je crois que, justement, c'est aux femmes et à elles seules de prendre la parole sur l'utilité éventuelle de cette journée à leurs yeux.
 
Je suis farouchement en faveur de l'égalité en droit.
 
Mais en lisant Eva, qui fait une digression sur la forme la plus sournoise du statut féminin qu'est le rapport au corps, je ne peux que me rendre à l'évidence: homme je suis, et de ce fait je bénéficie d'un privilège "naturel". Celui de n'avoir pas à me soucier autant qu'une femme de mon paraître. Celui de n'avoir pas à rentrer dans un certain cadre pour exister.
 
Certes, je dois aussi me plier à certains canons pour être reconnu dans mon identité masculine, mais de façon infiniment moins contraignante que si j'étais une femme. Si je dois me "soumettre" à un statut, ce serait celui du dominant (je parle évidement du statut plus ou moins inconscient, pas des actes). Pour les actes, et autant que j'en ai conscience, je refuse tout statut de dominant, mais je sais très bien que je reproduis sans m'en rendre compte des comportements de cet ordre. Tout comme les femmes se soumettent à un statut de dominées, bien que refusant avec énergie cette voie.
 
Eva parle du regard masculin qu'elle sentait dégouliner avec concupiscence sur sa jambe qui apparaissait de sa jupe fendue... Bon, en tant que mâle basique, il est évident que si je vois une jolie jambe, mon regard sera irrésistiblement attiré. Attiré, mais pas forcément porté. Ou alors porté en douce, en coin, de façon à ne surtout pas être vu. Ce qui veut dire la plupart du temps que le regard ne pourra pas se porter sur cette vision attirante. Hypocrisie? Non, volonté de ne pas se laisser aller à ce regard qui vole quelque chose sans le consentement de... Ouais, hypocrisie quand même, parce que si je sais que je ne serai pas vu, je "vole" ce qui m'est donné de voir.
 
Et bien justement, si je ne regarde pas quand je sais que je pourrai être vu, c'est pour éviter de faire exister ce statut de mâle dominant. Je ne regarde pas, donc je ne suis pas un mâle à ce moment là. Devant une femme, je ne me conduis pas en mâle parce que je n'ai pas envie que ce rapport de sexe existe. Sans doute parce que je sais qu'elle sentirait ce regard et qu'il pourrait la gêner.
 
On pourrait dire que c'est vachement faux-cul...
 
Mais je crois que la domination ne s'exerce que lorsqu'il y a un rapport compris par les deux parties en présence. Or s'il n'y a plus de regard, il n'y a plus de rapport.
 
Je ne sais pas si c'est bien clair...
 
Coté féminin maintenant. Pourquoi Eva met-elle une jupe fendue? Le mieux serait de lui demander... Certainement pas pour qu'on lui reluque les jambes dans le métro. N'empêche qu'elle ne s'est pas non plus habillée en pantalon baggy... Elle s'est donc "soumise" à une certaine image de la femme. Image construite de façon un peu perverse par une certaine norme qui maintient bien souvent la femme dans une position ambigüe, sur le fil du rasoir, conforme à ce qu'on attend de la féminité: séduction et retenue. Les vétements "fémininisants" jouent bien souvent sur les deux tableaux. Montrer, un peu, suggérer un peu plus, mais de façon à ce que rien ne soit vraiment visible. La jupe fendue en est un des plus beaux exemples. Droite, elle ne montre rien, mais les mouvements laissent entrevoir qu'il y a quelque chose la dessous.
 
La photo d'Eva (une autre) qu'Eva (la vraie virtuelle) nous montre est justement l'exemple de ce qui n'est pas intéressant: exhibition de marchandise. Ouais, c'est sûr, la marchandise en question attire le regard, mais cette facilité gâche tout le plaisir du caché/vu.
 
Je n'invente évidemment rien en racontant tout ça. Je ne fais que mettre à ma sauce ce que d'autres ont étudié bien plus en profondeur que moi.
 
Et d'ailleurs, pourquoi est-ce que je raconte tout ça?
 
Hum... je crois bien que je sais...
 
Parce que je tente bien maladroitement de montrer à mes lectrices qu'on peut être homme, donc soumis à certaines pulsions, tout en essayant de s'affranchir (au moins en apparence) des signes extérieurs qui pourraient montrer que les rapports sexués sont toujours présents.
 
 
En gros, si je peux effectivement avoir un regard lubrique et libidineux, je crois qu'aucune femme ne le verra jamais de ma part. Aucun homme non plus , par ailleurs, parce que jamais je ne participerai à un "jury" de ces fins connaisseurs qui jaugent la marchandise. Tout ce que je ressens reste intériorisé.
 
Peut-être même un peu trop, parce qu'on pourrait croire que je suis insensible aux attraits féminins. Un jour mon fils m'a fait une remarque dans ce sens, semblant un peu étonné que je ne fasse pas de commentaires sur les jolies femmes. Il ne faut pas se fier au ton de mon journal qui n'est pas du tout représentatif sur ce point de mon attitude dans le monde sensoriel.
 
Marrant d'ailleurs comme les enfants ont assimilé cette évidence du regard sexué. Si sur un film on voit une jolie actrice, j'ai toujours droit à des questions comme «Tu la trouves bien?». Et dans la rue ou les lieux publics, je sens des regard plongés dans le mien, scrutant le moindre mouvement oculaire en direction d'une jolie femme qui est dans les parages. Que ce soit de la part de mon fils aîné ou de ma fille. Et je me demande si mon apparente imperturbabilité ne les inquièterait pas un peu si je ne les rassurais en disant que oui, j'ai bien vu... même si eux ne m'ont pas vu regarder.
 
Et je sais combien les regards sont visibles... Je vois les autres hommes, je vois mon fils pas encore assez entrainé pour voir sans être vu.
 
J'avoue ne pas voir le regard symétrique de la part des femmes, bien que je sache qu'elles aussi peuvent avoir le regard baladeur.
 
Bon, je ne sais pas si j'aurais intéressé quelqu'un, mais moi ça m'a fait du bien de soulager ma conscience.
 

 

* * *
 
Question: et pourquoi que je ne sais pas faire des entrées courtes?
 
 

 


L'une et l'autre
 
 
Mardi 12 mars 
 
 
J'étais en train de lire des journaux en ligne quand, tout d'un coup, je me suis imaginé rencontrer des diaristes et/ou lecteurs. C'est pas la première fois que j'y pense, et il se pourrait bien que ça arrive un jour...
 
Mais là n'est pas la question.
 
Je me suis subitement interrogé sur la présence ou pas de Charlotte à mes cotés pour une telle rencontre. Charlotte connaît presque tout de moi. Ceux qui me lisent depuis longtemps connaissent, d'une certaine façon, presque tout de moi. Pourtant entre Charlotte et mes lecteurs, que connaissent-ils de moi en commun?
 
Assurément Charlotte, en me voyant vivre depuis plus de vingt ans aura de moi la vision la plus "vraie". Cependant, et bien que j'ai l'impression de ne rien lui cacher, il y a une part de moi dont j'ignore exactement ce qu'elle connaît. Cette part, c'est celle que j'exprime ici.
 
Ainsi, votre perception de lecteur est elle complémentaire de celle de mon épouse.
 
Cette complémentarité ne serait-elle pas une barrière qui entraverait une éventuelle rencontre? Ou cette rencontre se déroulerait-elle sur un mode totalement différent de ce que le livre de moi sur ce journal?
 
Aussi étonnant que cela puisse paraître à certains, Charlotte n'a jamais lu la moindre page de ce journal. Elle ne me l'a même jamais demandé, et je ne crois pas qu'elle en aurait envie. Je suppose qu'elle considère que c'est ma vie propre et qu'elle ne fait pas partie de ce monde relationnel que j'ai construit "à part". Un peu comme le monde de son travail m'est étranger.
 
Mais je me dis aussi que, très probablement, elle me connaît suffisamment pour ne pas avoir besoin de me lire. Elle ne verrait bien souvent que des répétitions de ce qu'elle sait.
 
Il y a aussi, à mon avis, une trace de jalousie: elle ne voit pas du meilleur oeil que j'échange avec des femmes... Et moins elle en sait à ce sujet, mieux elle se porte. Même si bien souvent je la rassure (et me justifie?) en lui disant que les rapports que j'entretiens sont uniquement d'amitié.
 
Ce qu'elle constate, c'est que mes liaison internautiques n'influent en rien de négatif sur notre relation de couple, au contraire.
 
Ne trouvez-vous pas que j'ai une femme en or?
 
(Une pensée pour Claudio...)
 
Bref, je ne sais toujours pas si je préfèrerais rencontrer des relations du monde virtuel seul ou accompagné... Sans doute cela dependrait-il desdites relations.
 
Et là, je me dis que c'est précisément avec les personnes avec qui j'ai les rapports les plus proches que la question de la présence de Charlotte se poserait avec le plus de pertinence... Comme si la grande proximité ne se partageait pas facilement. Je craindrais que l'une ou l'autre se sente mal à l'aise, exclue d'une relation à laquelle elle se sentirait étrangère.
 
Et moi-même, "le cul entre deux chaises", ne serais pas forcément le plus à l'aise...
 
Mais j'anticipe toujours beaucoup trop: la question ne se pose pas pour le moment. Et puis Charlotte est tellement contente de voir que j'ai plaisir à discuter, moi qui n'ai plus eu d'amitiés depuis bien lontemps...
 
 


Presque rien
 
 
Vendredi 15 mars 
 
 
L'importance que prend ma vie virtuelle me fait parfois un peu peur. Pourtant, il y a eu des périodes au cours desquelles j'étais beaucoup plus présent dans ce monde parallèle.
 
Mais en ce moment, pas mal préoccupé par mon travail, j'ai dû réduire fortement mes temps de liberté devant l'écran. Et puis la fatigue fait que mes yeux se ferment bien plus tôt qu'auparavant.
 
J'ai "peur" lorsque je ne parviens plus à suivre le rythme, que je décroche. J'ai peur quand la réponse à certains messages devient un acte forcé, parce que le monde d'internet est celui de la rapidité et qu'un délai de réponse au delà d'une semaine devient inquiétant. Je n'aime pas me sentir obligé de faire quelque chose.
 
Par exemple Inès m'avait écrit. Mais en ce moment je n'ai pas l'esprit à la suivre dans ce qui fût notre domaine de discussion. Alors j'ai reporté, préférant répondre à des personnes avec qui je suis plus en affinité en ce moment. Au même moment j'ai reçu un message de... (pfff, je ne sais plus comment faire sans donner de noms). Bref, j'ai reçu un message d'une personne avec qui je n'avais pas correspondu depuis longtemps, puis un autre...
 
Et puis en fait j'aurais plein de choses à leur dire, mais il me manque le temps. Et je ne sais plus comment faire pour garder le contact avec toutes ces personnes que je connais.
 
Il y a aussi ce webzine pour lequel je me suis engagé, qui me demande du temps de lecture et de rédaction...
 
Mais comment faire pour suivre tout à la fois???
 
 
 
Bon, je sais que ce genre de situation s'est déjà produit. Généralement reviennent des moments calmes un peu plus tard.
 
Peut-être aussi ai-je peur parce que je connais un peu mieux des diaristes et que je sais qu'ils me connaissent mieux. Et ma crainte du jugement aurait tendance à se réinstaller.
 
Bah! Pis je suis pas content de ce que j'écris! Je lis des diaristes qui écrivent tellement bien que je me sens pataud avec mes phrases sorties brut de décoffrage, sans plan, jetées comme elle viennent.
 
Le style journal ne me convient pas toujours. J'aimerai parfois avoir plus de maturité dans l'écriture, donner à lire un travail plus abouti.
 
Et puis... et puis... je m'endors devant mon clavier. Comment voulez-vous que je donne quelque chose d'intéressant à lire, hein?
 
Allez au dodo!
 
 

 
 
 
Sûre d'elle
 
 
Lundi 18 mars 
 
 
Bon, c'est pas simple d'écrire en ce moment: beaucoup de travail. Il se trouve que j'ai en ce moment une stagiaire avc moi et que je ne peux pas me distraire en venant faire un tour devant mon ordinateur. Du coup je suis en retard pour répondre aux mails, et je n'écris que peu dans ce journal. Ouais, parce que figurez-vous que je profite parfois honteusement de mes horaires libres pour écrire pendant les heures de travail "normales".
 
Et comme d'habitude j'ai l'impression de perdre des idées qui ne reviendront pas (allusion à la conversation que nous avons eu par Chat avec quelques diaristes hier).
 
Tant pis, je ferai avec ce qui me vient aujourd'hui.
 
Et justement c'est ma stagiaire qui m'a inspiré . Dynamique, motivée, dégourdie, s'exprimant bien, elle paraît tout a fait épanouie. Très bien dans sa peau, sûre d'elle.
 
Waow, mais elle est super cette femme alors?
 
Ben... peut-être, mais elle m'agace.
 
Elle est TROP sûre d'elle. L'antithèse de ce que je suis. Ah c'est sûr, elle impressionne: bavarde, souriante, avec une très bonne culture technique et un savoir approfondi. Ça me change des petits jeunes stagiaire que j'ai parfois, empotés, ne connaissant rien du métier qu'il sont censés pratiquer bientôt (normal: ils apprennent). En fait, en tant que stagiaire c'est une perle rare cette femme.
 
Mais elle m'agace quand même.
 
Parce que si elle sait plein de choses, qu'elle énonce sans l'ombre d'un doute, elle exprime sans plus de doutes de belles bêtises. Et c'est là que ça m'agace. Parce qu'elle peut très bien faire illusion. Au milieu de son savoir, se glissent des interprétations qui sont indécelables par le profane. Et je me dis que c'est le genre de personne qu'on croit (et que je pourrais croire) en lui faisant une confiance naïve. Elle représente tous les gens qui m'ont eu avec leurs paroles prononcées avec un aplomb qui obsurcit la pensée de l'interlocuteur.
 
Et ça, ça m'agace beaucoup!
 
Par exemple, lorsque j'ai des clients... ben déjà c'est tout juste si elle ne prend pas ma place! Elle va les accueillir presque avant moi, raconte sa vie (hé, on est pas là pour papoter!), puis me pousse presque à emmener les clients voir ce qu'ils cherchent (hé minute, on est pas préssés!). Et en plus, c'est elle qui voudrait leur montrer les trucs qui lui plaisent à elle, sans même savoir si c'est disponible!
 
A ces moments là, elle m'agace encore plus.
 
 Mais le pire, c'est quand elle explique un truc, vante les mérites de ce qu'elle présente... mais qu'elle se TROMPE sur le truc en question! Pfff, et je fais quoi après pour rattraper le coup? Ben si les clients ont l'air intéressés, je suis bien obligé de dire que ce n'est pas ce qu'elle a dit (tant pis pour toi ma vieille!). Sinon, je ne dis rien pour ne pas trop la ridiculiser...
 
J'ai beau me marrer en douce, ça m'agace quand même.
 
 
A midi, elle bouffe avec moi. Pffff...! comme elle me saôule à jacasser sans cesse! Et que je te raconte ma vie, et que je te parle de Gaston (ben quoi, vous ne connaissez pas Gaston, son mari?) et puis va que je te parle d'Auguste (ben quoi, vous ne connaissez pas son fils Auguste?), et puis à Pétaouchnok (ben quoi vous ne connaissez pas sa commune de résidence?) et ben on a fait ça, et puis j'ai un copain qui fait ci, et puis quand j'habitais à Montpellier, et puis un collègue, et puis mes études... et puis... (mais stoooooop, jamais elle se tait?). Mais je m'en tape de sa vie! C'est un moulin à parole cette femme-là!
 
Vous comprenez comme c'est agaçant?
 
Et le pire, c'est son rire qui accompagne chacune de ses phrases, comme s'il y avait de quoi s'esclaffer de tout ce qu'elle raconte avec force détails et gestes. Alors je me force à tordre un coin de lèvre pour montrer combien je me marre aussi...
 
Mais c'est bien chiant des gens pareils!
 
Moi qui regrette d'être réservé, au moins je suis sûr que je ne casse les oreille s de personne. Quand je pense aux conversations feutrées, alternées par une écoute mutuelle que je peux avoir avec des gens que j'apprécie, et que je le compare avec ce déversement ininterrompu de vécu banalement personnel soit-disant hilarant, je me dis que les gens qui doutent d'eux-mêmes sont finalement pleins de qualités.
 
Et ce n'est certainement pas un hasard si je m'entends bien avec ces gens qui respectent la parole et l'écoute de l'autre.
 
Finalement, je crois que je n'ai pas envie de devenir trop sûr de moi (dans l'hypothèse bien improbable où cela aurait été possible...).
 


 
L'idéaliste contre L'idéaliste (suite)
 
 
Mardi 19 mars 
 
 
Ah ben le pénible récidive...
 
J'ai reçu un message intitulé "Dernier avertissement"... comme le précédent. Donc là, c'est le der des der! Après... t'are ta gueule à la récré!
 

 

Bonjour,
 

après nous être renseigné, nous sommes donc dns notre plein droit de vous demander une ultime fois de retirer l'appellation L'Idéaliste de votre journal. Vous pouvez le conserver en signature mais pas en titre de journal.

Si dans une semaine à compte de ce jour (mardi 19 mars 2002), les choses sont en l'état et que l'appelation L'Idéaliste est encore présente, une plainte devant le tribunal correctionnel sera déposée immédiatement, avec les conséquences engendrées.

xxx

yyy
 
 
 
Cette fois ils s'y mettent à deux, c'est plus impressionnant. Sans doute le second est-il là pour corriger les fautes du premier (que je me suis permis de surligner en rouge, facétieux que je suis...)
 
Non, sans rire (pfffrrt!), il sont bien dans leur plein droit de me demander une ultime fois (donc c'est la dernière fois, si je comprends bien?) de retirer mon petit "L'idéaliste" sur ma page du jour. Ils sont aussi dans leur plein droit de me demander de fermer mon site, ou de mettre des photos pornos ou des recettes de cuisine... Ils sont en droit de me demander ce qui leur plaît. Pas de bol, je n'ai aucune raison de céder à leur demande, qui n'a aucune valeur juridique. Si n'importe qui demande n'importe quoi, où allons nous ma brave dame...
 
Tant que je n'aurais pas un avis officiel, je n'ai aucune raison de suivre les caprices de personnes qui se sont attribuées l'exclusivité d'usage d'un mot de la langue française.
 
Bon, ils sont bien braves quand même: dans leur grande mansuétude ils m'octroient généreusement un délai d'une semaine (pourquoi pas 3 jours, ou 10, ou 30 ?). Au delà, gare à mes fesses: tribunal correctionnel! Ouh laaa, ça rigole plus là!
 
«Plainte sera déposée, avec les conséquences engendrées». C'est sûr qu'il y aura des conséquence engendrées: faire chier un fonctionnaire qui devra enregister la plainte et gaspiller de la paperasse. Mais peut être voulaient-ils dire «avec les conséquences que cela pourra engendrer» (sous-entendu, menaçant: à votre égard)?
 
Je sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve qu'y cause hyper vachement trop bien après avoir fait une école de journalisme ce gars-là (eh oui, c'est marqué sur leur site...soupir...) ! Si tout le site est de cet accabit, ça promet... (hé hé hé, suis-je donc perfide...)
 
Bon... si je ne m'abuse, une fois que le tribunal sera saisi (mais est-ce bien du ressort du tribunal correctionnel ça?), encore faut-il qu'il y ait jugement avant que je ne sois contraint de m'éxécuter. Et pour qu'il y ait jugement, il faudrait qu'il y ait préjudice.
 
Hmouais... va falloir prouver que je porte préjudice à leur site... Ça va faire du boulot pour les avocats ça. Et puis pour la justice! Parce que faut pas croire, mais la justice française elle s'ennuie. Il ne se passe jamais aucun délit grave en France, alors heureusement qu'il y a des gens qui s'occupent de lui fournir un boulot d'un intérêt capital: traquer le "parasitisme" exercé par un obscur internaute à l'encontre d'un site tellement célèbre et renommé qu'il souffre atrocement de cette concurrence déloyale. Pardi, je dois au moins leur piquer un internaute par jour! Remarquez, si ça fait 10% de leurs visites, je comprends leur jalousie...
 
Dernière chose, qui va les foutre franchement dans la merde: pour qu'il y ait contrefaçon, il faudrait que je sois une marque. Or, vous qui êtes abonnés payants pour avoir l'immmmmense privilège de vous promener sur mon site® "Idéal et réalité"®, vous savez bien que je n'ai rien d'une marque®.
 
Conclusion: j'attends la suite des évènements.
 
Je tiens quand même à signaler que cette petite histoire à été repérée et signalée sur quelques sites qui se sont chargés de faire de la pub gratos aux messieurs de "L'idéaliste"®®®® (touche pas à ma marque!)®
 
Canclaux (01/03/2002 NeuNeu's power)
Ratatouille
 
Au fait... vous croyez qu'ils me lisent les messieurs qui me font les gros yeux? Ben j'espère bien! Houah ha ha ha!
 
P'tain, mais je suis bien mordant en ce moment... Dire que c'était si calme ici.
 


 
L'esprit du net
 
 
Mercredi 20 mars 
 
 
Ce qui est quand même bien dans l'esprit du net, c'est que si certains cherchent à délimiter leur petite propriété sur un mot (ça me fait penser à ces gens qui vendent des terrains auto-appropriés sur la lune!), il souffle aussi un esprit de liberté et de solidarité.
 
En lisant aujourd'hui les sites de l'Incrédule et de l'Insomniaque, je me suis rendu compte que les noises que me cherche l'Idéaliste (l'autre!) irritaient un peu. Le plus amusant, c'est que quelqu'un a créé une page spéciale sur laquelle il est recommandé de cliquer afin de la placer en tête de la page de recherche de Google sur le mot "idéaliste".
 
Je dois dire que j'ai bien rigolé en voyant cette page issue d'un esprit frondeur qui va agacer prodigieusement le monsieur de l'Idéaliste (j'ai pas dit le monsieur idéaliste, hein, faut pas confondre!).
 
Vous avez vu que j'ai inauguré une page spéciale consacrée à "l'affaire". Je la mettrai à jour au fil des éventuels rebondissements.
 
 
* * *
 
 
Je trouve que l'idée d'Eva est excellente: que ses lecteurs lui envoient une photo de leur bureau. J'ai beaucoup apprécié de faire connaissance avec l'autre coté de l'écran de personnes que je "connais" parfois plus ou moins. C'est une autre dimension que ces seuls pseudos qui accompagnent les mots.
 
 
Ce coté sensoriel me manque toujours dans les relations virtuelles, et là, d'avoir accès visuellement à une toute petite parcelle de quelqu'un est incontestablement un "plus".
 
A ce propos, je me suis souvent rendu compte que ma mémoire visuelle était largement prépondérante dans la hiérarchie de mes souvenirs. Je sais que je repère les gens à l'agencement des lettres de leur nom, ou pseudo. Je sais aussi que j'ai une mémoire visuelle des visages, mais aussi, là encore, de l'agencement des lettres, qui fait que parfois je stupéfie mes clients (vus généralement une fois par an, souvent moins) en les nommant... mais surtout en citant leur lieu d'habitation, et parfois même leur adresse. Simple association visuelle...
 
* * *
 
Bon, avec cette affaire que j'ai mise sur une page spéciale, je n'ai encore pas pu répondre à mes mails en retard...
 
 


 
Réciprocité
 
 
Jeudi 21 mars 
 
 
J'ai reçu un message qui me demandait si je voulais bien participer à une enquète sur le diarisme en ligne. "Une de plus..." pourrait-on penser. Mais justement, l'étudiante qui envisage de rédiger son mémoire sur le sujet semble savoir de quoi elle parle. Tout d'abord elle dit avoir lu des diaristes depuis un moment et surtout elle se plonge dans les archives de mon site. Bel effort qui laisse penser que le sujet la passionne.
 
Elle semblait craindre mon refus et prend toutes les précautions pour que je ne me sente pas contraint (tiens, aurait-elle lu une de mes entrées récente à ce sujet?).
 
Je lui ai répondu que moi-même étant passionné par les relations virtuelles, notamment les liens qui peuvent se nouer entre diaristes et lecteurs, je ne pouvais qu'accéder à sa demande, et avec plaisir.
 
Ce que je n'ai pas caché c'est que j'espère pouvoir bénéficier des résultats, un peu refroidi par toutes ces enquètes dont on ne sait rien ultérieurement. C'est vrai quoi, on passe du temps à réfléchir sur le pourquoi de notre pratique, on approfondit, on détaille.. on envoie et pfuuuiit plus rien. Pas de nouvelles, parfois même pas de remerciements. Et jamais de résultats.
 
Il ne faudrait pas qu'on en arrive à se lasser de répondre, découragés par le peu de cas qu'on fait de nous.
 
Je me souviens du travail de Philippe Lejeune pour "Cher écran", qui avait contacté chacun des diaristes qu'il avait voulu interroger, puis qui avait envoyé une copie de son tapuscrit pour information. Désolé d'ailleurs de constater que lesdites copies circulaient sur le net avant la parution du livre!
 
Bref, tout ça pour dire, chers enquèteurs présents ou futurs, que si vous désirez que nous répondions avec l'enthousiame souhaité, il faut qu'il y ait une réciprocité. Nous répondons, vous nous tenez au courant des suites.
 
Pour le nouveau webzine sur le diarisme sur lequel nous travaillons, j'ai fait deux tentatives pour contacter une des personnes qui avait fait une enquète il y a plus d'un an: aucune réponse. Or j'ai lu un article qui parlait de cette étude achevée...
 
Eh ben ça m'a un peu énervé de ne pas avoir la moindre réponse.
 
 

* * *

A part ça, j'ai reçu plusieurs mails de soutien dans ma démarche face à l'idéaliste® (je lui mets ce petit signe distinctif pour bien montrer que c'est un mot protégé, censé n'être plus libre d'utilisation). Je remercie leurs auteurs ainsi que ceux qui on fait un lien vers ma page.

 
 

 


 
Envol
 
 
Lundi 25 mars 
 
 
Mon temps d'écriture, déjà difficile à trouver, se trouve encore amputé ces temps-ci par la préparation du magazine sur le diarisme. Néanmoins, je m'efforce d'écrire ici, laissant patienter encore un peu les personnes qui m'ont écrit récemment.
 
Parfois il m'est bien délicat de choisir vers quelle forme d'écriture je vais m'orienter. Le journal, parce que je n'y ai pas écrit depuis quelques temps? Oui, mais pour qui écris-je? Pour moi ou pour les lecteurs? Hum, je crois bien que c'est "avec" les lecteurs. Ni vraiment pour eux/vous, ni seulement pour moi. Toujours cette sorte de "pacte" entre nous: j'écris à peu près régulièrement, et vous me lisez avec la même régularité. Il me semble que si j'espaçais trop mes interventions, le lien invisible, inexprimé, qui nous unit risquerait de s'effilocher.
 
Bon, il va sans dire que si je n'écris pas uniquement pour moi, c'est quand même bien, au final, dans un esprit égocentriste: votre présence silencieuse m'apporte quelque chose. Une sorte de reconnaissance de mon existence. Oh, rien de particulièrement extraordinaire, mais juste une connivence supposée.
 
Car si j'ai un nombre relativement constant de lecteurs à chacune de mes mise à jour, je ne me suis jamais amusé à vérifier s'il s'agissait toujours des mêmes. Je le suppose, c'est tout, en me fondant sur les échos de lecture qui me parviennent occasionnellement de la part des lecteurs/lectrices avec qui je correspond.
 
Bon... une fois de plus je suis parti en suivant la danse de mes doigts sur le clavier. Les idées s'enchaînent sans que je sache d'avance où elles m'emmènent.
 

 

J'avais quand même une idée en ouvrant mon logiciel...
 
Je pensais depuis quelques jours à certaines de mes entrées récentes. Lorsque je parle de ma stagiaire agaçante, puis lorsque j'évoque ces enquêtes sur les diaristes.
 
Je me suis trouvé un peu dur...
 
Ce n'est pas trop mon habitude d'avoir ce ton un peu cassant. Je crois que c'est une conséquence de mes multiples altercations sur internet. Je me suis un peu endurci. Mais je ne sais pas si ça me plaît tant que ça...
 
Ma stagiaire, certes elle était agaçante, mais elle était quand même sympa dans son genre (même si ce n'est pas le mien). Et heureusement que ses bavardages plus ou moins répétitifs on occupé le vide qui aurait existé sans eux. Le silence est parfois bien pesant...
 
Et cette étudiante qui vient me poser très aimablement des questions et à qui je réponds avec un peu de distance? Je suis devenu me méfiant suite à des expériences antérieures, mais il a fallu que ce soit avec elle que j'exprime cette méfiance, alors qu'elle n'y était pour rien. J'aime pas être comme ça. Est-ce parce qu'elle m'a écrit qu'elle savait que j'avais parfois refusé de répondre aux questionnaires? En fait, je crois que je n'ai jamais refusé, mais le fait qu'elle l'évoque me l'a mis dans la tête. Il faut dire que j'avais parlé récemment de ces questionnaires sans retour avec une diariste et que j'étais sans doute sensibilisé au problème...
 
Toujours est-il que j'ai eu bien tort d'être un peu méfiant parce que je n'ai jamais reçu un questionnaire aussi détaillé, pertinent, et poussant à la réflexion. Il est rare de voir quelqu'un aussi informé de son sujet avant de poser des questions. Ne me reste plus qu'à répondre maintenant, mais je dois dire que j'aime bien ça.
 
J'aime bien qu'on s'intéresse à ce que j'ai à dire :o)
 

 

* * *
 
 
 
Tout autre sujet: la difficulté pour les parents de voir les oisillons s'envoler hors du nid familial.
 
Il se trouve que ma fille de 15 ans est depuis très récemment intéressée par un lycée pour poursuivre son cursus scolaire. Le problème, c'est que ledit lycée se trouve à deux heures de route...
 
Conculsions: le délai prévu pour son envol se trouve raccourci de trois ans! On a beau le savoir, ça fait tout drôle de se dire que nos enfants vont bientôt quitter la maison. A peine commence-t-on à avoir des discussion intéressantes avec eux que déjà il faut penser au départ.
 
Notre fille est très enjouée. Elle a un coté inattendu qui la fait passer du plus total délire (avec rires coordonnés) à une mine renfrognée dont il est impossible de l'extraire. Mais le plus souvent elle fait preuve d'une désinvolture extraordinaire avec nous, et surtout avec moi, son père. Nous nous amusons de cette assurance, de cette rebellion feinte, de cette arrogance imitée. Pour tout dire, on se marre bien avec elle.
 
Et puis je ne cache pas qu'elle est souvent aux petits soins avec moi, très prévenante de temps en temps, lorsqu'elle sait que je suis fatigué. Bref... sa présence va me manquer. Et de savoir que, peut-être dans quelques mois, je ne la verrai plus que les week-end, ne m'enthousiasme guère. Même si on l'encourage à suivre la voie qui lui plaît.
 
Dans le même genre d'idée, ce soir je l'ai accompagnée au départ d'un voyage en Grande-bretagne. Elle est tout de suite allée rejoindre ses copines, avec qui elle semble très à l'aise. Tellement à l'aise qu'elle a oublié que j'étais là, au milieu des autres parents, lorsqu'elle est montée dans le car! Et ni elle ni ses copines n'ont eu un regard pour leurs "vieux". Pas de bisou non plus :o(
 
Et bien même si je suis très content pour elle, heureux de la voir épanouie avec ses copines, j'avoue que j'ai ressenti un petit pincement.
 
Il me manque encore ce bisou que je n'ai pas pu lui faire...
 
 

Je ne parle même pas de l'angoisse sourde qui me rappelle à chaque départ de mes proches qu'un long trajet n'est jamais sans aucun danger... Je m'efforce de ne pas laisser s'installer des pensées irrationnelles.

 
 

 
 
 
Vendredi 29 mars 
 
 
Pas moyen d'écrire quoi que ce soit ici, en ce moment. Je m'endors littéralement devant mon écran.
 

 
Samedi 30 mars
 
Le coté matériel de la gestion d'un site perso est parfois agaçant. Je viens de passer près d'une heure et demie à chercher un nouvel hébergeur pour ce site.
 
Hébergeur gratuit, sans publicité, qui accepte les transferts FTP... J'en avais trouvé un... qui n'a pas pu me donner accès a autre chose que "Internal error". J'ai donc du me rabattre sur un hébergeur avec pub. Désolé pour la petite fenêtre qui s'affichera sur votre écran à chaque fois que vous viendrez ici...
 
Peut-être un jour faudra-t-il que je passe par un hébergement payant, pour être tranquille et débarassé de pub?
 

 
Ecriture libératrice
 
 
Dimanche 31 mars
 
Je me suis borné, ces derniers jours, à écrire quelques lignes. Sans doute pour rompre le silence?
 
C'est toujours la même chose: dès que je retrouve une forte activité professionnelle, je m'éloigne de ce journal. Je n'ai plus le temps de penser, de laisser venir des idées aléatoires. Et je me dis que le diarisme à quelque chose de très superflu.
 
Je veux dire par là que c'est vraiment une activité complémentaire, un confort qui vient en bout de chaîne après que toutes les autres exigences de la vie aient été remplie. C'est une évidence, je sais bien, mais j'en fais une nouvelle fois le constat.
 
Tiens, un truc marrant: je viens de faire un lapsus scriptural en écrivant "contact" au lieu de "constat" ...
 
Je crois qu'on peut aussi écrire lorsqu'on est en état de souffrance, ou de réflexion intérieure intense. Mais je me demande si ces dispositions d'esprit ne surviennent pas lorsqu'on est relativement disponible pour s'écouter.
 
Mouais... ça me fait penser au reproche qu'on fait aux gens qui "s'écoutent trop", lorsqu'on ose se poser un peu trop de questions sur soi-même...
 
 
Et si... j'allais beaucoup mieux qu'il y a quelques mois?
 
Parce que franchement, je me pose beaucoup moins de questions que lorsque j'ai commencé ce journal. Tous ces doutes que j'avais sur moi, n'ont-ils pas atteint un niveau raisonnable, supportable, confortable? Je ne me pose plus aucune question sur la séduction, rassuré que j'ai été à la fois par la normalité de ce que je ressentais, et les possibilités qui s'offraient à moi si j'avais envie de séduire. Je vois beaucoup plus clair dans ce qui me semblait être quelques chose de... disons "ambigu". Certes, il demeure une incertitude, et l'ambiguité est une des conditions sine qua non de la séduction, mais je ne ressens plus cela comme un handicap.
 
Je me suis découvert quelques amitiés féminines, libéré que je suis désormais de cette relation "obligée" de séduction entre homme et femme. Il reste, et heureusement, se soupçon de complémentarité qui rend ces relations différentes de ce que serait une amitié avec un homme. Je crois que c'est ce que je recherchais sans y croire depuis des années. Je suis donc, actuellement, comblé sur ce point.
 
En ce qui concerne l'autre part de ma personnalité qui a beaucoup changé, c'est celle des doutes sur moi-même. Là aussi, grâce aux amitiés plus ou moins soutenues qui se sont nouées, j'ai pu retrouver une confiance en moi, réconforté, rassuré, soutenu à de multiples reprises par ces confidentes. Et force est de reconnaître que la persuasion a bien fonctionné. Je parviens de plus en plus à être moi-même sans crainte. Ma sincérité ne fait pas peur, elle serait même plutôt un gage de solidité des relations que j'ai établies. Et bien évidemment j'ai pu avoir en échange simultané les confidences et la confiance de ces personnes avec qui je m'entends si bien. Je crois que ces relations sont fortes... même si parfois je me dis qu'elles ne tiennent qu'à un lien qui pourrait n'être qu'éphémère. Comme si une part de moi avait peine à croire que quelque chose de solide dans le domaine de l'amitié pouvait perdurer. Pourtant, aucune des relations que je me suis faites n'a cessé, hormis avec les premières, fondées sur autre chose. Parfois elles se sont modifiées, ont perdu de leur coté un peu intense, mais elles sont toujours intactes, prêtes à répondre à la moindre sollicitation.
 
Cette crainte de l'éphémère vient, il me semble, du média internet. Mais je crois que c'est plus une imprégnation de mes idées avec ce mot de "virtuel" qu'une réalité clairement observée. Au contraire, tout laisse penser que ce virtuel là n'a rien de moins solide que le réel du monde sensoriel.
 
Il se peut aussi que mes premières expériences, sur le Chat, m'aient laissé cette impression de liens ténus. Parce que mes deux premières relations ont choisi de rompre et ne m'ont plus jamais donné de nouvelles.
 
Denière chose, qui a levé mes doutes, c'est de savoir que je pouvais plaire. Hou la! Rien que ça? Ben oui, je suis bien obligé de me rendre à l'évidence: si des personnes acceptent de discuter avec moi (je marque une hésitation...) avec plaisir (oui oui oui, il faut bien que j'accepte cette évidence!), c'est qu'une part de ma personnalité leur plaît.
 
Et bien ça, figurez-vous, c'est la première fois que je parviens à en accepter l'idée. Je le savais, objectivement, depuis longtemps. Mais je ne parvenais pas à croire à cette idée. C'était comme si de l'extérieur je le savais, mais qu'intérieurement j'étais incapable d'y croire.
 
Il semble que petit à petit, de m'entendre répéter qu'on m'apprécie avait fini par passer ce barrage du doute.
 
En fait, j'ai l'impression que toutes ces actions se sont déroulées simultanément et en synergie (j'aime bien ce mot et je crois beaucoup à son principe). Tout ce qui faisait que je doutais de moi a fini par se lever, depuis ces quelques années. Séduction, amitié, estime de moi.
 
Je ne passerai pas sous silence les expériences douloureuses des forums d'opinion au sein d'un groupe de gens que je croyais être une bande de copains. J'ai appris à relativiser pas mal de choses, à prendre de la distance par rapport aux opinions que d'autres pouvaient avoir de moi. J'ai appris à mieux affirmer ce que je crois. A aller vers certaines personnes dont je comprends le mécanisme de pensée plustôt que d'autres. J'ai aussi appris sur les luttes de domination, les comportements autoritaires, les gens sûrs d'eux, les comportements fermés... Bref, tout un tas de choses auxquelles je ne m'étais jamais vraiment frotté.
 
Et tout ça sur internet! Pour du soit-disant "virtuel", les effets auront été bien réels.
 
Tout ça pour dire que je me sens beaucoup mieux dans ma peau. En fin de ma quarantième année, c'est plutôt une bonne nouvelle. Ce passage de la demi-vie, qui, symboliquement, marque cruellement une sorte d'apogée de la forme physique, pourrait aussi marquer en opposition une courbe ascendante vers un mieux-être profond. Je crois vraiment que cette année aura été une des plus marquante dans mon parcours de vie intérieure.
 
 
* * *
 
Qu'est-ce qui fait que, tout à coup, je me dise que ce sera le point final de mon texte?
 
Ma pensée a exploré différentes directions, tentant de suivre un plan relativement logique et construit en pensant à ceux qui me lisent (mais je procédais de la même façon sur mon ancien journal papier), puis tout à coup c'est comme si tout ce qui devait sortir était exprimé. Pourant je sais que je n'ai pas suivi chaque bifurcation possible et il est probable que j'aurais pu approfondir, ou construire mieux mon texte en insérant des paragraphes...
 
Mais je ne procède jamais ainsi. J'écris au fil des idées, suivant un "plan" qui se construit au fur et à mesure des lignes. Je ne me fie qu'à ma mémoire de ce plan mouvant.
 
Parfois, losrque j'essayais d'être exhaustif, dans le lointain (si lointain déjà...) temps où j'écrivais à Laura, je passais des heures à relire, corriger, ajouter, retrancher, préciser... Un travail de dingue, à la mesure de l'importance démesurée que j'accordais à la situation.
 
Maintenant j'écris toujours au fil des mots, sans me compliquer. Ça donne ce que ça donne: du spontané, du direct, de l'instantané. Et je crois que ça me convient beaucoup mieux.
 
Ecriture libératrice...
 
 
 

Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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