Noir
Impression d'abandon...
Ma petite famille vient de partir pour 5 jours. Je me retrouve tout seul.
Normalement, nous prenons le temps de nous dire au revoir, de nous dire des petits mots gentils, de plaisanter un peu... Mais ce matin j'ai eu des clients au mauvais moment. J'étais occupé lorsque ma tribu est partie. J'ai juste pris quelque secondes pour leur faire un rapide bisou et leur demander de patienter un quart d'heure.
Pas possible, Charlotte voulait partir au plus vite pour le long trajet qui les attend (il faut bien avouer que mes 1/4 d'heures ont parfois tendance à doubler de durée...).
Alors je suis vite reparti voir mes clients, en espérant que lorsque je reviendrai ma famille ne serait pas encore partie.
Trop tard, 1/4 d'heure plus tard il n'y avait plus personne. Je n'ai même pas entendu partir la voiture.
Alors je me retrouve là, tout seul.
Ce rituel des aurevoir ne change pas grand chose, mais il me rassure. C'est une façon d'exorcicer la peur.
La peur que ce soit la dernière fois que je les embrasse.
Je n'aime pas les savoir partis sur les routes, surtout pour un week-end prolongé réputé "dangereux" dans les statistiques. Et là, il suffit que je me dise que justement cette fois là je n'ai pas eu le temps de faire cet aurevoir pour que je me mette à gamberger...
Cette famille, c'est évidemment ce qui m'est le plus cher au monde. Ma vie n'existe que par eux. Si un malheur arrivait, ce serait un anéantissement de ce que je suis et de la vie que j'essaie de vivre pleinement.
J'ai toujours considéré que j'avais eu de la chance dans la vie, et je crains qu'un jour un malheur ne vienne casser ce bonheur.
Je parle de moi parce que c'est toujours le sort des proches qui m'affecte. Les morts sont morts et n'ont plus conscience de rien, et ce sont les vivants qui portent ensuite leur incompréhension, leur révolte et leur insondable tristesse sur le dos.
Pire que tout est la peur de la mort, ou l'attente de la mort lorsque quelqu'un est gravement blessé et qu'on sent qu'il n'y aura pas d'issue...
Mais je suis bien NOIR ce matin...
Plus tard...
Le simple fait d'avoir écrit mes craintes ce matin en a diminué le poids. Je sais bien que ces peurs ne sont pas rationnelles...
Je viens de relire quelques lignes au hasard, en bidouillant un peu ce site. Et je m'aperçois que je ne parviens pas à éviter ce que je redoute: les répétitions.
Je me sens parfois vachement inspiré en expliquant des choses, notamment par mail, en ayant l'impression de faire des découvertes... or je les ai parfois déjà écrites ici! Je me demande ce qu'en pensent les personnes qui se rendent compte de ces répétitions.
Bon, nul n'est infaillible. Si je répète, c'est soit que je n'ai pas encore tout assimilé (euh... ça je sais que je l'ai écrit il y a quelques jours ici même), soit que je me mélange un peu dans les compartiments de mes identités. Entre ce que j'écris ici et ce que j'écris par mail à l'une ou l'autre personne avec qui je correspond, je m'y perds un peu.
Tout à l'heure Charlotte m'a téléphoné pour me confirmer son arrivée à Paris. Je suis rassuré. C'était comme une petite inquiétude en sourdine qui me revenait de temps en temps...
Bon, mais ce que je raconte là n'a strictement aucun interêt pour ceux qui me lisent.
Parfois j'écris ici parce que j'ai un petit peu de temps, ou envie de dire un peu mon quotidien, mais je trouve que ça vire vite aux potins sans utilité.
Quoique j'aime bien savoir comment vivent les diaristes que je lis régulièrement... D'ailleurs, je crois que c'est de ce suivi que peut naître sur le long terme une certaine sympathie. Je clique parfois sur des journaux au hasard, mais rarement je suis attiré par une seule page. Parfois, quelques lignes me suffisent (peut-être à tort?) pour savoir si le style et le contenu me plaisent. Si la première page me semble refléter une certaine personnalité qui pourrait me plaire, alors je lis d'autres pages. Mais je dois bien dire qu'il est rare que je me mette à suivre un/une diariste hors de ceux que je lis plus ou moins régulièrement.
Parce que pour certains, il me suffit de lire de temps en temps pour savoir où en est la personne de son cheminement de vie. Sans suivre au jour le jour ses entrées.
On n'a pas forcément besoin de savoir tout ce que font les personnes qu'on apprécie.
Encore...
En cherchant "diaristes" sur un moteur de recherche (ben oui, je m'ennuyais hier soir, tout le monde semblait en vacances...),j'ai visité pas mal de journaux que je ne connaissais pas. Mais la plupart des textes étaient anciens (le moteur cherchait le mot "diariste" dans le contenu des textes). Je suis tombé finalement sur la page de novembre 2000 d'Eva. Je ne sais plus quand j'ai découvert Eva, mais ce qui est sûr c'est que je n'ai pas lu ses archives. Et donc pas lu ce mois de novembre 2000.
Et j'aurais du, parce qu'elle a écrit (comme d'habitude...) des tas de réflexions intéressantes. Si ça vous dit d'aller y faire un tour, c'est ici.
Elle écrit notamment, dans sa page du 8/11, à propos de la majorité de ses lecteurs qui sont des hommes:
« Je ne sais ce qu'il faut en conclure. Je ne sais même s'il faut en conclure quoi que ce soit. Des esprits un peu vicieux (il faut l'avouer) disent que les lecteurs mâles préfèrent lire les diaristes femelles. Ce serait une loi de la nature, ou plutôt la loi de l'attirance libidinale pour le sexe opposé adapté au diarisme.
Mais cette thèse me fait un peu peur. Cela voudrait dire qu'il y a nécessairement des rapports de séduction inscrits dans la relation entre le lecteur et l'auteur - c'est-à-dire, en d'autres termes, que le lecteur (même inconsciemment) rechercherait autre chose sous les mots, et que le diariste se livrerait dans l'espace de son journal à un jeu de séduction. Si on ne peut nier qu'il y a un rapport de séduction implicite dans l'écriture diariste (et peut-être dans toute écriture créative), si elle n'était que sexuelle, alors l'accusation tant récriée d'exhibitionnisme serait profondément vraie (ce que je refuse à croire).»
Je me suis souvent posé des questions au sujet de cette lecture sexuée, ne cachant pas ma préférence pour les journaux féminins. Je crois que seulement deux mâles ont su éveiller ma curiosité. Mais il me semble que c'est parce que je me retrouve dans leurs questionnements et leur façon de vivre les évènements.
Est-ce à dire que les femmes auraient plus d'attrait pour moi, même si elles pensent différemment?
Pas sûr, puisque celles que je lis avec le plus d'assiduité ont elles aussi une façon de voir le monde qui correspond à la mienne. Mais je ne peut nier qu'il se dégage toujours de mes lectures féminines une certaine séduction, une attirance diffuse, un coté mystérieux que je cherche à appréhender. Comme si les comprendre me permettait de les approcher d'un peu plus près.
Je me suis rendu compte que j'écrivais relativement facilement aux diaristes lorsqu'une de leurs entrée me touchait particulièrement. Mais je me rends compte que j'écris plus volontiers aux femmes, et avec un style différent de celui que j'emploie pour les hommes.
Il est indéniable que je cherche plus à les "séduire" (avec beaucoup de guillemets) et que j'espère toujours déclencher une sympathie en retour. Je dis bien une sympathie, ou quelque chose qui pourrait ressembler à une estime mutuelle. Pas question pour moi de me lancer dans un jeu de séduction plus poussé.
Euh... je dis ça comme si c'était pour convaincre lesdites personnes que je n'ai pas d'intentions cachées. Et surtout pour tenter de m'en convaincre!
Ouais, c'est pas vraiment clair tout ça...
Disons que j'aime sentir les potentialités d'attirance. Ça ne veut pas dire que j'ai envie qu'il se passe quoi que ce soit, mais que j'apprécie de savoir que le courant passe.
C'est bizarre que je revienne sur ce sujet des attirances, parce qu'il me semble que j'avais pris de la distance avec tout ça depuis un moment. De la distance avec les attirances... comme si je fuyais un aimant de peur de son attraction.
C'est peut-être bien ça. Parce qu'après que la séduction me soit "tombée dessus" sans que ne m'y attende, j'ai essayé d'échapper à cette fascinante mais éprouvante sentimentalité trop accaparante pour ma vie d'homme marié.
Je sais bien que tout cela n'est pas très loin et il suffit de quelques échanges suivis par mail pour qu'inévitablement un petit quelque chose se passe dans ma tête. Heureusement ( ou hélas...?), ces échanges restent ponctuels, ou s'espacent, ce qui fait que c'est insuffisant pour nourrir la spirale de la séduction.
Ce sont les échanges rapprochés qui sont les plus propices, créant rapidement un besoin d'écrire/attende de réponse. Les rares fois où cela se produit, je sens très vite naître cette attente de ma part. Avec un plaisir évident mais marqué par l'interrogation: mais que suis-je encore en train d'espérer?
Cette attraction/répulsion (dans le sens de repousser, pas celui de dégoût) est toujours présente dans mes rapports avec les femmes. L'attraction, ténue, infime, lorsque les contacts sont épisodiques. L'attraction croissante dès lors que je sens un "retour" par le simple fait qu'une femme porte un interêt à celui que je suis.
Et c'est ce moment que je cherche tout en le craignant. Le moment où la simple attirance devient légèrement trop présente pour être honnête.
Honnête vis à vis de ma situation d'homme marié, évidemment. Dans le sens que si je vais un stade au dessus, je prends le risque de me retrouver un jour pris dans quelque chose que je ne domine plus vraiment. Risque minime, évidemment: la séduction partagée reste quand même quelque chose de rare.
Rare notamment parce qu'on s'interdit de s'y laisser aller pour toutes sortes de raisons, telles que la timidité, la peur du rejet, la crainte de l'engrenage.
Et puis pour ma part, peut-être un coté désabusé... Mon expérience avec Inès me fait un drôle d'impression. Etre passé d'une très forte attirance à une relative indifférence à quelque chose de... déprimant. Nos contacts, privés de ce moteur de l'attirance mutuelle, s'espacent. Les échanges deviennent de simples nouvelles de nos évolutions respectives. Il y manque ce qui faisait tout le charme de nos soirées passées à s'écrire ou converser par Chat.
Il y manque cette attrait de la séduction.
L'amitié est quelque chose de précieux, mais je crois que je recherche toujours un peu plus...
C'est bien pour cette raison que j'ai plus de contacts avec des femmes qu'avec des hommes.
Bon, ce qui me fait marrer, c'est que ce n'est pas la première fois que j'aborde le sujet... Et que les femmes qui m'écrivent n'ignorent sans doute pas ce que j'en pense.
Donc elles ne sont pas dupes et savent très bien que je ressens à leur égard un petit quelque chose qui ressemble à une attirance...
Il semblerait donc que nous sommes complices de ce "jeu", tout en faisant comme si on ne se rendait compte de rien. Parce que bien évidemment je ne vais pas me mettre à leur parler de ça dans mes messages.
Serais-je hypocrite? Zut alors, moi qui essaie toujours d'être sincère, voila que je me rends compte que je me ments à moi-même en étant silencieux sur ce dont j'ai quand même conscience.
Oui, mais sur le moment, cette conscience est en sommeil, etouffée par le surmoi, prude et bien-pensant.
Ouh la la, ces différents niveaux de conscience sont sacrément rusés. Ou comment tricher avec soi-même tout en ayant l'impression d'être de bonne foi.
D'ailleurs Eva finissait son chapitre de cette façon:
« En tout cas, je constate que 20 % de mes lecteurs sont de "beaux hommes séduisants". Je suis toute émoustillée ! Mais le problème, c'est que ce sont eux qui se disent être ainsi... le sont-ils véritablement ? Ou bien 20 % de mes lecteurs seraient arrogants et beaux-parleurs ? Je n'ai pas moyen de vérifier. Dans le doute, je préfère croire ce qui me plaît, alors on dira qu'il est bien vrai que Tom Cruise et Georges Cloney sont en ce moment même en train de me lire, d'accord ?»
Qu'en pensait-elle vraiment, sous couvert d'humour?
A moins que les mâles ne méritent une fois de plus leur réputation de "coureurs de jupons"?
Bon, mais pour préciser ce que disait Eva dans le premier extrait, il est évident que l'écriture dans un journal, ou les échanges par mail ne sont pas "que" sexués. C'est seulement une dimension supplémentaire, un attraît qui s'ajoute au plaisir d'écrire et d'échanger.
Sinon, on se lasserait vite devant le peu de taux de réussite de cette pratique qui demande quand même beaucoup de temps.
Ouf, l'honneur est sauf!
* * * Puisque j'ai lu ce qu'Eva écrivait il y a un an, je me suis amusé à aller lire ce que JE mettais il y a un an. Je suis tombé sur des textes que je n'avais jamais relus (c'est le cas d'au moins 90% d'entre eux). Ce qui m'a surpris, c'est que certains passages étaient tout à fait frais, et je me souviens bien de cette période. D'autre, par contre, m'ont surpris. je les avais oublié, ou j'ai changé ma façon de percevoir les choses.
Mais certaines phrases sont amusantes par la récurrence dont elles font preuve:
«Je crois que je suis dans un tournant depuis quelques temps. Je cherche quelle direction vont prendre mes écrits.»
«J'ai peur de paraître barbant à répeter un peu toujours les mêmes choses. Peut-être que je devrais prendre un rythme plus espacé?»
Euh... pas beaucoup d'évolution un an après...
J'avais oublié comme cette incapacité à trouver mon rythme propre faisait partie de moi. Je doute toujours de ce que je fais et ne parviens pas à me déterminer avec assurance.
Bon, mais je vais quand même faire un peu d'auto-satisfaction (ça m'arrive de moins en moins rarement et j'espère que c'est bon signe): je me suis trouvé "pas mal" dans des passages écrits l'an dernier.
Ouf, désolé de flatter ainsi mon égo en public...
* * *
Finalement, après quelques heures passées à travailler, je me rends compte que j'ai simplifié les choses avec ces rapports de séduction.
Je ne crois pas que cela existe dans le journal. Tout au plus peut-on se dire que telle ou telle chose peut déclencher une réaction de sympathie ou de rejet, mais de séduction a proprement parler, point. D'ailleurs comment penser "séduire" autrement que par ses idées et sa façon de les exprimer lorsqu'on s'adresse à un public invisible et largement inconnu.
En fait, lorsque j'évoquais la séduction mi-consciente, mi-involontaire, je faisais plutôt référence aux échanges de mails avec diaristes. Parce que si séduction il y a, il me semble qu'elle se produit dans les deux sens. En tant que lecteur et écrivant.
Le journal est un moyen (mais pas un but) de faire connaissance. Ce qui se passe ensuite n'étant que la transposition au monde d'internet du schéma classique des attirances.
Si un infime jeu de séduction existe (tellement infime qu'on peut justement se permettre d'y croire ou d'en douter), c'est bien par les échanges de messages qu'il se produit.
D'ailleurs ces mots de "séduction" ou "attirance" sont un peu trop connotés pour s'appliquer vraiment. Trop forts dans le sens qui leur est généralement attribué.
Il faudrait que je trouve le mot adéquat.
Peut-être "sympathie sexuée"?
* * * Coïncidence dont il faut saisir le sens: alors que je finissais d'écrire que j'avais relu mes entrées d'il y a un an, un de mes lecteurs me dit ceci:
« Les répétitions ne sont dont que des détails déterminants de ta personne ou des pistes qui réclament d'être explorées tant que tu passeras à côté. Bref, pour mieux te connaître, qu'es-ce que tu attends avant de te relire systématiquement depuis le début ? »
- Peut-être qu'il est temps que je parcoure ces textes de l'an dernier. Après tout, si écrire est libérateur sur le moment, il se peut bien qu'on puisse retirer un bénéfice d'une relecture avec quelques temps de recul.
Travers
- Je me demande si je ne fais pas quelques gaffes dans ce journal. En citant mes collègues diaristes, par exemple. Au départ, je demandais l'autorisation de reproduire un texte, mais maintenant je néglige de le faire. J'ai cité des passages relativement longs et je me dis que la personne qui les a écrit n'a peut-être pas envie de voir reproduit à un cercle élargi ce qu'elle confie à son propre cercle de lecteurs.
- Pareil lorsque je crée un lien vers des pages écrites il y a un an, que le/la diariste n'a pas forcément envie de voir resurgir inopinément , hors contexte, au beau mileu du journal d'un autre.
- Il faudra que je sois plus respectueux de l'intimité des autres...
- Je ne me sens pas très à l'aise de l'avoir fait.
* * * - De liens en liens, je lis parfois à retardement les chroniques des diaristes. Lakq évoquait récemment un sujet que je n'avais pas osé aborder ici: cette allusion aux "LEFs" dont il est question sur quelques journaux féminins (LEF= Lâches, Egoïstes, Faibles. Qualificatif apparemment attribué assez généralement aux hommes)
- Je ne tiens pas à entrer dans ce qui pourrait être une polémique, mais je dois dire que j'ai été quelque peu agacé quand j'ai découvert le site qui est consacré à ces LEFs.
- Comme je suppose qu'il faut le prendre sur le ton de l'humour au 2eme degré, je me suis abstenu de tout commentaire. Mais je ne sais pas s'il ne faut pas faire preuve d'un minimum de vigilance pour éviter ce genre de dérive sexiste et abusivement généralisatrice. Ce n'est pas parce qu'une certaine image machiste de la femme à cours qu'il faut reproduire en sens inverse un processus analogue.
- Catégoriser les hommes en leur attribuant par principe des caractéristiques, certes existantes chez un certain nombre d'entre eux, peut contribuer à installer l'idée qu'une prédétermination existe.
- Bon, supposons que ce n'est que de l'humour...
Résonnance
- Mercredi 7 novembre
- Au fil de mes rencontres internautiques, je me suis rendu compte que ce qui fait se pousuivre une relation au delà du hasard d'un dialogue ou d'un texte livré à tous les regards pourrait bien être
- la rencontre de deux attentes.
- Attentes informulées, inconscientes, mais qui trouvent un écho dans les attentes d'une autre personne, sans que chacun ait forcément le même objectif. Je veux dire par là que nous avons tous des manques, des problèmes, des traces de ce qui nous fait vibrer et que, par hasard, il se trouve qu'à un moment donné on se sente entrer en résonnance avec une autre personne.
- Que ce soit en lisant le texte d'une/un diariste, que ce soit au cours d'une rencontre sur un chat, ou par le biais d'échanges sur un forum. Une suite d'idées, de mots, une infinité de détails qui font que l'on se sent "attiré" par la personne qui les émet.
- J'utilise le mot attirance avec des guillemets parce que ce n'est pas dans le sens commun, bien que les deux interprétations puissent se trouver mises en jeu. C'est plutôt une attirance intérieure, le sentiment de trouver une "âme soeur", quelqu'un qui, pour un certain sujet, partage les mêmes idées ou du moins une certaine façon de voir le monde.
- Le risque (je parle pour moi) étant que cette attirance se combine avec celle, plus conventionnelle, de l'attirance entre les sexes complémentaires.
- J'ai fait plusieurs rencontre fortes sur internet, comme je l'expliquais dans ma génèse et le tout début de mon journal. Or il se trouve que ces personnes avec qui j'ai pu avoir des contacts quotidiens, voire en quasi-continu, ont maintenant totalement disparu de ma vie. C'est le cas avec Julie et Héloïse. Fondées sur la séduction, il n'est pas surprenant que celle-ci se soit émoussée rapidement et que la relation s'éteigne simultanément.
- Mais j'ai aussi fait des rencontres dénuées de séduction "sexuelle", mais fondées sur une séduction par les idées. Et là, de la même façon a fini par s'installer une certaine distance, puis un éloignement qui a parfois fini par une totale perte de contact.
- Comment se fait-il qu'entre personnes partageant pendant des mois un échange approfondi se crée finalement une distance telle que le contact se romp?
- C'est là que j'en viens à mon idée de résonnance. On s'est trouvé à un moment donné avec chacun quelque chose à partager, mais surtout à prendre à l'autre. Chacun s'emplissant de ce que l'autre lui apporte, mais finalement de façon assez égoïste. Le phénomène fonctionne tant que chacun s'enrichit, comble ses manques, trouve des explications à ses questionnements. Puis vient un jour où cette conjonction d'attentes s'amenuise. On ne se retrouve plus dans l'autre, on constate que les voies suivies sont divergeantes, que les préoccupations de l'autre sont éloignées des notres. Alors, doucement, progressivement, le contact s'espace. On répond avec moins d'empressements aux messages, on attend moins.
- Le phénomène est flagrant lorsque la relation a un coté séduction assez marqué, mais se retrouve aussi, avec moins d'intensité, pour des relations moins fortes.
- J'ai aussi perdu de vue sur mon écran des personnes que je commençais à faire entrer dans les "amitiés virtuelles". Certes le contact n'est pas rompu et peut reprendre, je suppose, si je me manifeste. Mais ce serait quelque chose qui aurait un coté artificiel, ou nostalgique. La passion de la rencontre, la résonnance n'y serait plus.
- Je remarque quand même que ce sont les relations les plus "froides", celles qui n'ont jamais été intenses qui durent le plus. Comme si la résonnance n'était jamais de grande amplitude mais toujours présente, discrète, durable.
- Je croyais que c'était un partage désintéressé et je me rends compte que ce qu'on donne se fait sans aucun effort ni mérite. On prend chez l'autre ce qui nous convient et laisse l'autre prendre ce qu'il désire. Jusqu'à épuisement des besoins. C'est sans doute pour cette raison que les relations les plus intenses sont moins durables: on prend trop vite, on épuise les ressources. On perd trop vite l'intensité excitante de cette résonnance des idées.
- Je dois dire que cette idée d'égoïsme dérange un peu mes convictions.
- Mais finalement, il semble que chacun y trouve son compte...
- Et si ce monde en accéléré qu'est celui de l'internet ne faisait que rendre plus flagrant ce qui se passe en fait dans le monde "réel"?
- N'est-ce pas à nous d'apprendre à ralentir le temps, retrouver la notion du lent, du durable? Ce n'est pas parce que nous avons la possibilité de compresser le temps que nous devons nous en servir. Je dis "nous", mais le "je" serait sans doute plus approprié...
- Si je suis toujours avec Charlotte, c'est bien parce que notre relation s'est construite lentement. Je suis bien assez critique avec les gens qui ne prennent pas le temps de construire lentement une relation durable pour ne pas me mettre à suivre cette façon de faire.
- Ben voila, j'étais parti avec les idées claires sur cette notion de résonnance, et voila que je m'égare sur la création des relations durables, faites de concessions et d'acceptations...
- Si l'analogie des relations internautiques avec celles de la "vraie" vie m'a mené là, c'est sans doute que cette idée d'égoïsme n'est pas si simple que ça. Peut-être bien qu'on est pas si égoïste que ça, qu'on ne fait pas que prendre sans contrepartie. Une sympathie se crée, une envie de donner à qui on apprécie, de partager ses émotions, même sans en retirer directement quelque chose...
- Peut-être que je ne suis pas si égoïste que je ne le crois...
* * * - Marrant... Je viens de parcourir mes dernières entrées. Dans l'une je parlais justement de "l'excitation" que je ressentais en lisant des idées similaires aux miennes. Dans l'autre je faisais allusion à l'égoïsme attribué aux "LEFs".
- Peut-être bien que c'est ce que je n'aime pas dans ce sigle: la lettre E.
- Parce que je me trouve (et suis) souvent égoïste. Je n'aime pas du tout ce coté de moi et j'essaie de lutter contre cette tendance.
- Je ne suis pas du genre à ne penser qu'à moi (je désteste me mettre en avant), mais j'avoue que je n'aime pas faire ce qui ne me plaît pas.
- En fait, je ne sais pas vraiment si c'est de l'égoïsme ou une volonté de ne pas agir contre mes désirs. Pour être bien, ne faut-il pas être un peu égoïste?
- Toujours penser aux autres, à leur faire plaisir en s'oubliant soi-même, serait-ce agréable à vivre?
- Comme pour tout, je pense que c'est une question d'équilibre et de mesure entre les deux tendances...
- A ce propos, je n'évoque plus ce qui se passe dans le monde, pas plus que je ne le faisais avant. Seul le choc du 11 septembre m'a sorti de cette léthargie. Bien souvent je me dis que le temps que je passe devant ce clavier à réfléchir sur mes petits problèmes à quelque chose d'indécent...
- Mais je me dis aussi que si je me privais de ce qui est à ma portée, si je renonçais à ce plaisir, je serais bien bête. J'ai la chance de pouvoir en profiter, il serait idiot de la refuser.
- Même si c'est indécent...
* * *
- Bon, à part ça, je ferais mieux de travailler...
- C'est fou le temps que je passe sur internet, alors que j'ai du travail!
- C'est pas une forme d'égoïsme ça, de penser à se faire plaisir avant de penser aux choses "sérieuses"?
* * * - De rajout en rajout...
- En feuilletant le bouquin de Lejeune ("Cher écran"), qui était en sommeil depuis un bon moment (pas Lejeune, le bouquin...), je me suis rendu compte que le thême des "relations virtuelles" était quand même récurrent dans mon journal. Même si je m'en éloigne parfois, inévitablement mon attention se concentre à nouveau sur le sujet après quelques temps.
- Ceci dit, ce mot de virtuel me déplaît toujours, mais faute de mieux, j'y ai souvent recours. Je pense qu'il est compris à son juste sens: relations via internet, qui n'ont rien de "virtuel" parce qu'elles sont bien réelles. Autant que l'étaient les relations épistolaires il y a quelques décennies seulement.
- Il faudrait que je cherche un mot qui me convienne...
- C'est un mélange du langage écrit, de l'oralité écrite, de la pensée écrite. Une communication par l'écrit, c'est certain...
- Un ton de confidences, de confiance, de partage, de pensée à pensée plus directement que ce qui se passe par la rencontre physique, mais faussé aussi par une certaine idéalisation...
- Je constate qu'on utilise souvent les mots qui conviennent à l'oralité: dire, parler, dialoguer...
- Et pourtant il me semble nécessaire de faire la différence entre ce qui passe par le physique et ce qui transite par l'écran.
- Cyberécriture, cyber-relations? Ça fait film de science-fiction. Quoique le terme "Chroniques de Cybérie", que j'ai vu je ne sais plus où, m'a plu...
- Ça m'énèèèèèrve de ne pas trouver de terme qui me convienne.
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- Quelques modifications: La page "Semaine précédente" est supprimée, en l'intégrant au "Mois en cours". Par contre, en tête de la page du jour sont indiquées les 5 entrées précédentes. Le tout est censé rendre la lecture en différé plus commode.
Perdre son temps
- En lisant mes collègues diaristes poser se des questions " à voix haute", j'aimerai pouvoir leur apporter mon avis. Mais comment faire pour concilier tout? Le temps n'est pas extensible.
- Claudio, diariste hors-communauté, se posait des questions sur le temps qu'il passe sur internet. Deux à trois heures par soir disait-il, avec (je crois rêver...) seulement 10 heures de connection mensuelles!
- Moi qui doit passer allègrement mes 4 à 5 heures par jour devant cet ordinateur (oui, c'est dingue!), en lecture ou en écriture... Je ne parle même pas de mon forfait 100 heures d'internet, souvent largement entamé.
- En fait, Claudio se posait des questions sur les réactions des conjoints qui se voyaient privés de leur moitié pendant tout ce temps. Avec Charlotte, c'est quelque chose qui s'est fait progressivement. Mais qui n'a pas fondamentalement changé le déroulement de nos soirées: elle qui lit ou regarde la télé, puis se couche bien avant moi.
- Auparavant je lisais aussi, ou travaillais fort tard, ou bricolais. Bref, je n'étais pas beaucoup plus en sa présence. Certes, mon heure de coucher s'est décalée d'une heure ou un peu plus (dodo à 01h30, en général) , mais pas de changement fondamental.
- Des esprits chagrins pourraient dire que tant de temps passé devant un écran... oui, mais est-ce qu'une télé est forcément plus enrichissante? Et un livre? Culturellement, sans doute (et encore, selon le sujet), mais humainement, psychologiquement, je ne crois pas que j'y perde quoi que ce soit. Tout ce temps que je passe là m'aide à me contruire, à me comprendre et comprendre les autres. Je suis persuadé que c'est quelque chose qui a des répercussions sur mon bien-être, donc sur ce que je vais rayonner autour de moi, notamment mes enfants. L'enrichissement que j'en retire est redistribué par l'équilibre que j'y trouve.
- Oui, ça paraît peut-être utopique, mais pourtant les effets sont visibles.
- Bon, je dis ça comme si je devais me justifier. Mais personne ne me demande rien. C'est moi qui laisse paraître ma culpabilité à "perdre mon temps" devant cet ordinateur...
- Vendredi 9 novembre
- Pas mis en ligne mon texte d'hier, parce qu'il me semblait court. Je sais bien que la longueur ne veut rien dire, mais généralement je groupe les entrées lorsqu'elles ont peu de contenu.
- Sauf que ce soir je suis un peu patraque. Je dois couver quelque chose...
- Et puis la journée dehors dans un froid sibérien (vent glacé et neige) n'a certainement rien arrangé. Bref, je n'ai rien à dire. Et puis je pars encore pour le week-end (travail, encore...) alors il n'y aura rien dans les jours suivants.
- Donc voila: tout ça pour dire que je n'ai rien à dire! Passionnant, non?
- J'ai quand même parcouru le (re)nouveau forum de la CEV, où j'ai trouvé cette phrase surprenante de la part de Vanicaramel, au sujet des retenues et confidences des diaristes:
- «Dire qu'on ne dit pas tout, c'est dire beaucoup, puisque c'est avouer les limites de ces écrits censés nous représenter, et mettre le lecteur dans la confidence qu'il y a de la retenue...»
- Je sais pas pourquoi, mais ça m'a plu...
Insignifiance
- Le forum de la CEV a repris du service. Ça ne me déplaît pas... J'aime bien ces lieux d'échanges ou chacun peut apporter son point de vue et s'enrichir de celui des autres.
- A condition, évidemment, que ça se fasse dans le respect de l'autre... L'ancien forum avait été fermé parce que ça virait au règlement de compte. C'est un peu le risque de ces espaces de discussion libre: que certains se croient tout permis et balancent leurs idées et leurs critiques sans se poser plus de questions. La vie en société demande quand même certaines règles, et c'est pareil sur internet.
* * * - Hier soir, en rentrant de mon dernier week-end laborieux de la saison, je me suis mis à penser à ce journal. C'est rare que ma vie internautique fasse irruption dans ma vie courante alors que je suis loin de mon cher ordinateur.
- Je prenais conscience tout à coup de l'impudeur de ce que je livrais ici...
- Je me suis rendu compte depuis bien longtemps que j'écrivais "pour" les personnes que j'identifie comme lecteurs/lectrices plus ou moins réguliers, identifiés. Un peu comme des confidences faites en confiance, caché derrière le pseudonymat. Même les deux lectrices rencontrées, si elles connaissent désormais mon visage, ne connaissent pas mon identité réelle, au delà de mon prénom. Quelle importance d'ailleurs?
- Mais j'oublie toujours les personnes qui me lisent et que je ne connais pas. Je les suppose avec une attention bienveillante (ma nature optimiste et confiante...), mais il se peut aussi que des gens s'amusent de ce que j'écris. On peut très bien imaginer que des collègues de bureau se connectent le matin en disant «tiens allons voir ou en sont les exhibitionistes du net aujourd'hui...». Et de s'esclaffer des malheurs des uns et des autres racontés sans retenue. C'est une anecdote racontée par Philippe Lejeune dans son livre "Cher écran". Il s'était senti mal à l'aise de voir ses amis rire des diaristes que lui avait su apprécier au fil du temps.
- Bon, ceci dit, même si on rigolait de mes écrits (qui ne sont sans doute pas des plus croustillants...), je n'en saurais sans doute rien, sous peine de voir la source du rire se tarir.
- Si j'évoque cette éventualité, c'est en repensant aux critiques que j'ai pu subir sur un petit forum "privé", il y a quelques semaine, et dont je m'étais ouvert ici. Le fait de voir que des gens puissent se moquer sans aucun respect de la sensibilité des gens m'avait fortement déstabilisé.
- J'imagine quelle serait ma réaction si j'étais dénigré pour ce journal...
- Les confidences faites à des gens qui s'en moquent deviennent ridicules avec une facilité déconcertante. Quoi de plus facile que de se foutre de la gueule de quelqu'un qui s'est mis à nu?
- Il semble que je sois doué dans ce genre de rôle sacrificiel...
- Bon, mais j'apprend aussi la vie en communauté et la méfiance. C'est un peu regrettable pour mon coté utopiste et idéaliste, mais les choses étant ce qu'elles sont, il faut aussi apprendre à se défendre.
- Pas forcément se battre, mais savoir se protéger. Devenir moins vulnérable en croyant davantage en soi. Eventuellement se défendre avec des moyens non-violents tels que l'écoute de l'autre, de ses angoisses qui le rendent agressif. Essayer de comprendre sans juger. Ne pas s'arrêter à la barrière de ses mots mais comprendre leur origine, se risquer à voir un éventail d'explications plutôt que de se laisser démolir par l'impossibilité de communciation.
- Oui, je sais, on dirait un discours de curé... Et en plus, je ne suis pas certain d'être bien clair. Ce sont des pistes de réflexion que j'explore au fil de mes frictions avec mes semblables. Je suis loin d'être parvenu à une clairvoyance mais je ne désespère pas de devenir un peu plus lucide sur les rapports humains et leur origine psychologique.
- J'aurais adoré faire de la psychologie... ou de la sociologie. Bref, mieux connaître les rapports humains. Ceux d'un individu avec lui même et son passé, ceux des individus entre eux, ceux des groupes entre eux. Ce doit être passionnant.
* * *
- Je viens d'écrire un petit mail à une personne que j'aime bien mais qui ne se manifeste plus depuis un moment, faute de temps. Oh, juste un petit mot...
- Puis au moment de l'envoyer je me suis rendu compte que ça pouvait passer pour une demande d'attention, comme si je quémandais ce que l'autre ne me donne pas en ce moment.
- Alors je l'ai effacé.
- Je doute toujours de l'importance que je peux avoir pour les autres, oubliant que de leur coté ils ont des préoccupations diverses qui font que certains contacts ne sont plus d'actualité. Ce qui ne veut probablement pas dire qu'ils ne reviendront pas importants dans le futur.
- Mais bon, ma tendance naturelle est de me dire que je ne compte pas tant que ça (ce qui est d'ailleurs vrai). C'est tuant ce sentiment d'insignifiance qui revient si vite.
- Après, je ne sais plus quoi faire. Me manifester discrètement, pour montrer que je suis toujours là, patient, attendant un moment plus favorable. Ou rester silencieux, quitte à laisser croire que c'est moi qui suis finalement indifférent à la poursuite d'une relation.
- Entre la crainte de s'imposer et celle de paraître indifférent, je ne sais plus comment agir.
- Cette question des relations est vraiment quelque chose de pas simple chez moi.
- Si mon journal est basé sur les relations virtuelles sous toutes leurs formes, si j'évoque aussi souvent la question des enrichissements mutuels, mais aussi de la séduction, c'est bien que ça me préoccupe fortement.
- En fait, je ne sais pas comment me comporter avec ces relations. Si elles sont fortes, j'ai tendance à tomber sous un certain charme (eh oui, puisquelles sont largement féminines) qui me place rapidement en situation de relative attente. Si elles sont moins soutenues, je me sens vite de trop, craignant d'indisposer par une insistance déplacée.
- Alors j'ai appris à différer mes ardeurs à répondre. Je laisse souvent volontairement passer un ou deux jours. Dans le sens inverse, j'ai aussi appris à allonger la période de patience au delà du lendemain. Il peut s'écouler 4 ou 5 jours, voire une semaine avant que je ne m'inquiète de l'absence de réponse. Au delà, je commence à me poser des questions...
- Quand la quinzaine de jours passe, c'est là que je ne sais plus quoi faire. Et en général je m'abstiens: je reste silencieux, déçu par le vide constaté à chaque fois que je relève mes boites-mail.
- En fait, je crois que je suis vachement exigeant. Qu'est-ce que quelques semaines lorsqu'on sait qu'on a un bon contact avec quelqu'un?
- Mais c'est à cause de ces doutes, toujours. De ce sentiment d'insignifiance qui me submerge très vite.
- C'est chiant.
Du sexe !
- Bon... et si j'écrivais un peu ici?
- C'est qu'avec un temps limité, on ne peut pas être partout à la fois. J'ai eu pas mal d'échanges de mail ces derniers temps, plus un retour de participation sur le forum d'un journal, du coup, plus le temps d'écrire ici!
- Pourtant, j'aurais eu des choses à écrire, notamment après une longue conversation avec Charlotte sur notre sexualité de couple...
- Ah aaaah, je vois vos yeux s'écarquiller! Eh ben non, je n'en dirais rien!
- Bon, d'abord on ne parle pas si facilement de ce genre de choses devant des yeux plus ou moins inconnus. Mais en plus, c'est quelque chose qui n'est pas clair du tout. Il y a un gros travail de réflexion à faire la dessus.
- Allez, si, puisque vous êtes sages et discrets, je vais en parler un peu...
- Il se trouve que j'ai entendu il y a quelques jours que pour 76% des français, la sexualité était quelque chose de trés important pour la cohésion du couple. Eh ben on ne doit pas faire partie de ces gens-là...
- Nous formons un couple qui fonctionne plutôt bien. Plutôt très bien même. Beaucoup de dialogue, une entente sur les points fondamentaux, une relative liberté l'un par rapport à l'autre...
- Il faut dire qu'au bout de vingt ans passés ensemble au quotidien, on finit quand même par trouver un modus vivendi qui convient au deux. Sinon, ça explose.
- Donc, tout baigne.
- On est même pas des jaloux et nous acceptons fort bien de savoir que l'autre apprécie la compagnie de l'autre sexe et puisse avoir des conversations approfondies.
- Sauf que, dans ce tableau quasi parfait, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas aussi bien qu'on le souhaiterait.
- Et oui... C'est "la chose"...
- Il existe une sorte de gène à exprimer nos désirs. Pourtant, tout fonctionne parfaitement de ce coté là. Mais cette gêne fait que nos étreintes sont relativement (par rapport à quoi??) espacées. Pourtant, pas de problème, on aime tous les deux. Mais le simple fait d'avoir à l'exprimer sans être certain de la réciproque crée un blocage suffisant pour que rien ne se passe. Il faut la conjonction simutanée des désirs, perceptible par l'autre, pour que le processus s'enclenche (voyez comme je dis ça avec des mots appropriés, n'est-ce pas?).
- Je crois que c'est, là encore, la crainte du "rejet", de déplaire... cumulée à un vague relent de "c'est pas bien ces choses là" directement issu de notre éducation. On a beau être persuadé du contraire, ça reste en ombre de fond.
- Et puis comme on se sent un peu gênés de cet état de fait... et bien on en parle rarement. Complices dans le silence. Complices dans la frustration. C'est con!
- Eh oui, mais on ne fait pas ce qu'on veut de sa pensée.
- Bon, et puis c'est pas aussi simple que ça. Il peut aussi y avoir des blocages nettement plus complexes: refus de plaire, refus de séduire, refus de son corps. Refus de séduire par son corps. Dégradation inconsciente du corps pour ne pas séduire...
- C'est un long cheminement que nous avons entrepris, chacun de notre coté pour le moment. A la quarantaine, il est temps de se préoccuper de ça. Avant que les années ne marquent trop définitivement des corps qui deviendront inexorablement de moins en moins séduisants...
*** - Marrant... Il y a un an j'écrivais quelque chose du même ordre. L'automne et le retour dans la sphère intérieure de la maison y seraient-ils pour quelque chose?
- Cette entrée est d'ailleurs restée dans ma mémoire parce que j'y avais évoqué un sujet qui me semblait un peu délicat. Un an après, ma façon de voir les choses est restée la même.
Rire
- Hmmmm... Quelques longs mails de personnes que j'apprécie en ce moment. J'adoooore ça.
- Je prends le temps d'y répondre, sans me précipiter. On se connaît maintenant, je ne me sens plus redevable d'une réponse immédiate sous peine de passer pour un indifférent.
- Je n'osais pas trop écrire spontanément au départ (la crainte de m'imposer). Maintenant je me sens plus libre de le faire. Et petit à petit les relations se simplifient, deviennent plus naturelles.
- D'ailleurs, c'est marrant, mais comme j'ai un ton plutôt sérieux dans ce journal, et que mes messages abordent des sujets un peu approfondis, les échanges commencent généralement de façon très sérieuse. Echanges courtois, écriture tenue... c'est presque guindé tout ça.
- Mais au fil des échanges, le naturel revient et des traces d'humour mesuré apparaissent. Puis l'atmosphère se détend doucement et un ton plus léger s'installe. Avec Anne, ma plus ancienne interlocutrice, le ton devient nettement détendu, tout en restant dans le registre approfondi. J'aime bien.
- C'est vrai, faut pas croire que je suis un mec sérieux (enfin si, je le suis quand même...), j'aime bien rigoler. Même si ça ne doit pas transparaître beaucoup sur ce journal...
- J'apprécie tout particulièrement les diaristes "sérieuses" qui laissent filtrer des pointes d'humour. En fait, j'aime bien l'humour discret. Celui qu'on savoure comme un carreau de chocolat noir. Sourire, ou rire devant l'inattendu.
- C'est curieux que je sois aussi sérieux dans ce journal alors que je passe mon temps à dire des bêtises pour faire rire Charlotte ou les enfants. J'aime le rire. Le rire c'est le bonheur sans se poser de questions.
_____ - J'apprécie les contacts que j'ai en ce moment: chaleureux, amicaux, avec un certain charme du fait que ce sont des interlocutrices, mais, enfin, sans cette crainte d'une ambiguité de séduction. C'est d'ailleurs peut-être ça qui simplifie mes rapports et n'inhibe plus mes envies de communiquer?
- Bon, en disant ça, je me heurte une fois de plus à ce que je peux écrire dans un journal que je sais lu... Mais ça ne me dérange pas. Je sais que les personnes en question liront ces lignes *coucou!!*, mais elles en savent déjà tellement sur moi et ma façon de fonctionner que je n'ai rien à cacher à ce sujet.
- C'est un peu comme si ici était mon monde personnel, alors que nos contacts sont quelque chose d'autre. Un espace à part. Chacun ayant sa sphère intime, les dialogues se nouent autour de l'espace qui réunit des préoccupations communes.
- Aurais-je changé depuis que je tiens ce journal (on me l'a écrit plusieurs fois...)? Changé au point d'oser sans crainte échanger avec des personnes que j'apprécie et surtout... attention évènement... et surtout... rrrrRRRRrrtttttPOUM (roulement de tambour)... qui m'apprécient. Ouiiiii! J'ai osé le dire! Je n'ai même pas mis (non sans hésitation) qui SEMBLENT m'apprécier. Je prends l'audace démente d'écrire ici que des personnes..... hnnnng (je lutte....) m'apprécient.
- Ouuuuf! C'est-y pas du changement ça? :o)))
Cristal
- Après plusieurs jours noyés dans un brouillard glacé, le soleil perce timidement. Superbe spectacle que de voir illuminé en transparence les arbres, les feuilles, la moindre tige d'herbe, tous gainés de cristal. Dentelles de verre qui inclus les baies, rouges comme des perles, arque les branches et crée un paysage éphémère éblouissant...
- (...)
- Je suis allé faire un tour dehors, plutôt que de regarder ça de loin, derrière la vitre.
- Froid piquant. Bruit cristallin des éclats de glace qui tombent en fondant au soleil. Dans une brume cinématographique, le spectacle finit en apothéose.
- Des feuilles, raides, se décrochent brutalement , libérées par la glace. Chutant droit du haut des arbres elles entrainent une avalanche miniature d'éclats de verre et de gouttes de pluie.
- Le spectacle est autant sonore que visuel.
- Je fais quelques photos du Callicarpa aux baies violettes enrobées de transparence... Sans appareil numérique, je ne pourrai vous en faire profiter.
Couple libre, couple lié
- Vendredi 23 novembre
- Je pensais poursuivre mon entrée précédente, écrite au petit matin, mais il s'est trouvé que le soir je n'avais pas le goût d'écrire. Ou plutôt que j'ai écrit ailleurs.
- Cette mini-entrée restera comme un interlude...
- Aujourd'hui, pour rester dans le même ton, le paysage était totalement différent. Ciel d'un bleu éblouissant, montagnes toutes saupoudrées de blanc noyées dans des nuages effilochés. Les couleurs virent aux teintes hivernales: ocres, bruns, paille... Encore un peu de vert terni par le gel sur quelques arbres.
- Parce que s'il fait enfin beau, quel froid! Un petit vent sibérien qui vous transperce et vous glace. Mais le ciel est si bleu, la lumière si blanche, rasante, que ça vaut le coup de se geler les oreille et le bout du nez.
- Bien, mais ceci n'est pas le ton habituel de mon journal.
- Il m'arrive souvent, dans la journée, de penser à quelque chose que je voudrais laisser ici. Malheureusement, je ne peux me permettre en ce moment cette soustraction à mon temps de travail.
- Ce midi, Charlotte s'est mise à me parler de la routine de la vie. Non non, pas pour dire qu'il s'installait une routine au sein du couple! Elle remarquait justement que par rapport à la vie de beaucoup de ses collègues de travail qui ont une vie régulière, nous avions choisi un style de vie qui n'était pas routinier.
- Il se trouve que vers l'âge de 30 ans j'ai changé de métier. Tels que nous étions partis, nous aurions pu nous installer dans un relatif train-train, avec chacun notre travail régulier.
- Le travail que j'ai choisi nécessitait un déménagement. Décision difficile à prendre parce qu'elle repose sur une certaine incertitude. Puis il a fallu chercher, faire des projets. Notre projet. Projet commun, partagé.
- Abandonner le confort (financier) du salariat pour l'incertitude du travail libéral, quitter sa région d'origine pour un village inconnu, changer de travail pour Charlotte... Tout cela n'est pas vraiment propice à la routine.
- De plus, le travail que nous avons chacun est très changeant, assez prenant, mais laissant des plages de liberté, variables selon les jours, les saisons. Là encore, le contraire de la routine.
- Vivre en pleine campagne, donc étroitement en liaison avec le rythme des saisons, contribue aussi à la diversité des activités.
- Et je n'ai pas parlé des enfants, qui sur une durée plus longue, sont en perpétuel changement. Pour peu qu'on soit à leur écoute, qu'on suive leur évolution, il n'y a aucun risque de voir la monotonie s'installer.
- Et si on y ajoute un cheminement intérieur, chacun de notre coté mais toujours en relation avec l'autre, qui permet de découvrir chaque jour une part de soi ou des autres, c'est encore une source de variété du quotidien.
- Tout ça fait que nous n'avons pas l'impression de ronron que l'on peut parfois craindre pour un couple installé. Je ne sais pas si ça durera éternellement, mais c'est plutôt en voie d'amélioration constante. Plus les années passent, et mieux on s'entend. Et même l'ennui, qui aparaissait autrefois parce que nous n'avions pas toujours des goûs communs, me semble avoir disparu. En nous permettant plus de liberté et d'individualité, nous nous sommes rapprochés dans les temps passés en commun.
- Ces réflexions m'amènent doucement vers ce que disait l'Incrédule hier, dans ses "Commérages". Elle écrit: « Or donc, quand on passe des bons moments avec quelqu'un, qu'on baise ensemble et tout et tout, qu'on fait aussi des sorties comme des petits soupers, des sorties au cinéma... Mais qu'on sait très bien que tout ça n'a pas pour but d'aboutir à une «relation de couple» traditionnelle (comme faire des projets de vie commune, etc)... Comment vous appelleriez ça, vous?»
- Oui, je sais, elle évoque justement un autre type de relation...
- Et c'est ce contraste entre les façons de vivre une relation à deux qui m'intéresse. Longue durée, projets de vie, famille, d'un coté. Relation "détachée" (sans attaches), libre, sans projets à long terme, de l'autre coté.
- Si autrefois j'ai choisi la solution du mariage par convention sociale et conviction de jeunesse, je me demande ce qu'il en serait aujourd'hui. N'ayant que cette expérience, j'en vois les avantages et inconvénients. Et je crois que j'y vois plus d'avantages, ou que c'est ce qui me convient le mieux.
- Mais si les hasards de mon éducation ou de mes rencontres avaient fait que j'opte pour les relations libres, il est possible que cette seconde solution aurait aujourd'hui mes préférences.
- Le hasard (en est-ce vraiment un?) fait que j'échange presqu'exclusivement avec des célibataires (sur l'état civil). Or de ce que je sais, leur situation de célibat semble plutôt bien acceptée, voire choisie.
- Je me demande toujours si j'aurais pu vivre ainsi...
- Lorsque je me rends compte du chemin que j'ai fait avec Charlotte, je ne sais pas si j'aurais pu changer autant en ayant des relations plus ou moins éphémères. Peut-être que oui, le changement de partenaire empêchant encore plus la routine de s'installer, et obligeant à des adaptations .
- Et c'est là que les deux visions se rejoignent. Parce que si je trouve que la vie en couple établi apporte beaucoup de satisfactions... les lecteurs/lectrices assidus se souviendront que bien souvent j'ai avoué mes questionnements sur des relations libres... en plus du couple.
- Il ne s'agit pas vraiment de ce dont parle l'incrédule, parce qu'un couple de "célibataires" est quand même très différent de relations ajoutées à un couple établi. Mais là où je la rejoins, c'est sur cette absence de mot qui qualifierait une relation entre amour et amitié. C'est aussi sur cette idée de liberté, de simplicité .
- Lorsque j'ai rencontré Inès, c'est tout à fait ce qui s'est passé: une grande complicité, puis l'envie évidente d'une plus grande proximité. Mais sans aucun projet commun. Juste le plaisir de partager à la fois des idées et une certaine tendresse. Quelque chose de très naturel et spontané.
- Même si j'ai pour le moment cessé ce genre de relation, les questionnements demeurent.
- Peut-être aussi parce que mes motivations ne sont pas très claires...
- Il y a aussi un désir fantasmatique de séduction poussée, de découverte de l'inconnu, de transgression des tabous.
____________
- Bon, ce texte est probablement un peu brouillon, comme les idées que j'ai sur le sujet. Je me rends compte que je prends parfois un ton docte, comme si je savais de quoi je parle. Or je ne fais que tâtonner, réfléchir "à voix haute". J'émets les idées du moment, mais sans aucune certitude.
- Je m'éloigne parfois du ton "journal" que j'avais au départ, pour, à partir de mon vécu personnel et de ce que j'observe autour de moi, essayer de tirer une sorte de réflexion élargie. C'est peut-être un peu idiot...
- Et puis je m'endors complètement, là. Alors il vaut mieux que j'arrête pour ce soir.
Les limites de l'intime
- Pour une fois, un diariste m'a vraiment surpris. Il m'a même époustoufflé!
- Claudio, diariste en ligne mais hors communauté (donc pas de lien vers son site...) s'est mis à raconter une histoire assez sidérante. Je l'ai lu en me disant «mais c'est dingue ce qui lui arrive!»... juste avant qu'il nous dise que c'était un rêve.
- Il s'excuse d'ailleurs immédiatement de cette part fictionnelle dans son journal.
- Ses réflexions se portent ensuite sur la possibilité que certains d'entre nous soient des usurpateurs et s'amusent à s'inventer une vie. J'avoue que j'ai franchement ri à voix haute lorsque qu'il joue à se demander si l'Idéaliste ne serait pas Philippe Lejeune, et Eva serait Bernard-Henry Lévy.
- Je le rassure (sans pouvoir rien prouver, évidemment) que je ne suis pas Philippe Lejeune (ce qui est pourtant flatteur à mon égard...)!
- Pour Eva, je trouve que BHL aurait un sacré talent de travestissement de son personnage...
- Plus sérieusement, il n'est pas impossible que de rares "diaristes" n'en soient pas. Je me souviens m'être posé cette question parfois. Mais je crois qu'il faudrait un grand talent pour jouer le jeu, et surtout, une sacrée dose de fausseté pour répondre à des messages, par exemple. Je n'ai jamais douté un seul instant de la réalité de ce qu'écrivent les diaristes qui me plaisent.
- Quoique... le fait que j'ai pu gober un instant les fantaisies fantasmées de Claudio devraient me mettre en état de vigilance. Mais je ne l'ai cru que parce que je le "connais" depuis plus d'un an. Et à ce stade, effectivement, on peut très bien croire quelqu'un à qui on fait confiance.
- Pour être franc... j'ai parfois pensé à ouvrir un autre journal. Pas pour aller dans le fictionnel, quoique ça pourrait avoir un coté cathartique de se laisser aller a exprimer ses fantasmes (parce que ce serait laisser s'exprimer quelque chose qui est en moi). Non, ce serait plutôt dans le sens inverse: aller encore plus loin dans le moi, dans l'intime de l'intime. Ce que je ne peux pas écrire ici.
- Et pourquoi ne puis-je pas?
- Parce que je me suis installé dans un personnage. Il est moi, mais n'est qu'une partie de moi. Vrai parce que sincère, faux parce que pas entièrement sincère.
- Je suis aussi vrai que je peux l'être face à moi. Aussi vrai (et souvent plus) que ce que je suis avec Charlotte.
- Là où je suis limité? hé hé hé... le domaine tabou des pensées inavouables. Tout ce qui touche au fantasmes.
- Y'en aurait-il beaucoup à dire? Je n'en sais rien... Peut-être que très vite mon inspiration se tarirait.
- Je remarque que la plupart des journaux en restent à quelque chose d'assez "sage". Même les plus intimistes gardent une distance par rapport à ce qu'on peut supposer traverser la tête de chacun. Et d'ailleurs, je ne sais pas si les lecteurs apprécieraient une plongée trop profonde dans l'intime des diaristes.
- Ce que je sais, c'est que le fait que maintenant je connaisse (virtuellement ou physiquement) des lecteurs/lectrices fait qu'une certaine retenue existe. J'aurais peur de me dévoiler plus en avant devant eux. Et je n'aurais encore moins envie de le faire devant ces inconnus que sont les lecteurs anonymes.
- Hmmm... je crois aussi que ce qui me retient c'est que ce lectorat soit essentiellement féminin. Mes fantasmes masculins de séduction ne sont sans doute pas leur préoccupation principale...
- Oui, je sais, ce journal je suis censé l'écrire avant tout pour moi. Ben non, je ne l'écris pas que pour moi. Je l'écris avec vous, et pour "nous", vous et moi. Ça peut paraître bizarre, mais je le vois vraiment comme une interaction entre écrivant et lectorat. Sans lecteurs, ce journal n'a pas raison d'être.
- Voila pourquoi le personnage de l'idéaliste ne peut qu'évoluer doucement, avec la complicité muette ou non de ses lectrices et lecteurs.
- Combien la proportion déjà? 70% de femmes et 30% d'hommes, si ma mémoire est bonne.
- En voulant vérifier les résultats du sondage que j'avais fait, ce qui n'a finalement pas une grande importance (à part flatter mon coté mâle qui apprécie cette lecture féminine...), je suis tombé sur mon "pêtage de plombs" du 17 juin 2001. Tiens, je l'avais oublié celui-là...
- Ou plus exactement j'en avais oublié le détail. Mais j'ai retrouvé ce passage, écrit quelques jours après: «Je crois que j'ai compris, une fois de plus (et certainement pas la dernière...) que dire la vérité était stupide. Être sincère ne concerne que moi. Je ne peux l'être qu'avec moi-même. Comme me le dit E., ce journal n'est pas une psychanalyse. On ne fait pas une psychanalyse en public.
- Si je veux garder ce ton auto-analytique (est-ce nécessaire, utile?), je dois quand même garder une certaine marge de retenue. A vouloir être trop sincère je me détruis.»
- Il est bon de se relire de temps en temps...
- Non, je ne suis pas encore prêt (et le serais-je un jour?) à aller trop loin dans l'introspection en public. Je crois que j'ai déjà un journal parmi les plus introspectifs, inutile de faire du zèle...
- Et c'est sans doute là que la fiction peut avoir son rôle à jouer: livrer une part de soi, mais impossible à dissocier de la part fictionnelle par les lecteurs.
- Mais rassurez-vous, je ne ferai jamais de fiction dans ce journal sans le préciser.
* * * - A part ça, je fais toujours de la résistance à la réflexion sur ma sexualité, mes rapports au couple, à la séduction...
- Je sens que ça travaille dans ma tête (merci chère lectrice avec qui je me suis aventuré sur ces terres mal explorées), sans que je n'en ai conscience. Mais beaucoup de réflexions me ramènent à ça en ce moment, signe d'activité inconsciente.
- Bon, et puis j'en ai marre de ne pas pouvoir nommer les personnes avec qui je converse. Alors puisque je ne peux ni ne veux donner leur véritable pseudo, je vais en inventer (pfff, des pseudos de pseudos, on aura tout vu!). Alors celle-ci, avec qui j'aborde les relations de couple libres, je l'appellerai "Libellule".
* * *
- Réflexion du jour: il faut absolument que je commence une relecture de mon journal. Le délai est maintenant suffisant pour avoir du recul. Et puis je crois bien que j'ai quand même changé depuis mes débuts de journal... De voir cette évolution ne peut que me faire du bien et m'encourager à persévérer.