Mois de août 2001


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Evasion

Vendredi 3 août 2001

 

Quelques jours de vacances ont augmenté la durée de mon silence.

Je suis parti avec ma petite famille faire un séjour en montagne. Un lieu magique qui a des airs de paradis...

Il s'agit d'un immense plateau sans aucun village ni routes. La forêt à perte de vue, limitée par une crête de montagnes qui s'élève en pente douce pour finir en à-pic sur l'autre versant.

Ce vaste territoire est parsemé de pins tortueux d'une dizaine de mètres de haut, en mélange avec une pelouse alpine. Parfois c'est la prairie qui domine, parfois les arbres, mais le plus souvent l'harmonie entre les deux est parfaite. On dirait un jardin naturel, avec une perfection des proportions que l'homme ne saura jamais qu'imiter maladroitement. Cet espace semi-ouvert est trés légèrement marqué de petits vallons, coupé de mini-falaises, parsemé d'éboulis.

C'est donc dans ce lieu inaccessible sans quelques heures de marche que nous nous sommes rendus.

Le soir, nous avons fait un feu, et je me suis laissé aller à chanter quelques chansons qui me rappellaient ma jeunesse scoute. Mais très vite c'est vers un répertoire de chansons plus contemporain que je me suis engagé. Nos enfants étaient finalement assez étonnés de m'entendre chanter autant d'airs.

Après un coucher de soleil rougeoyant, nous nous sommes installés sous les étoiles et une lune presque pleine.

Sans crainte trop marquée pour les loups qui, parait-il, commencent à hanter ces montagnes...

 

Le lendemain matin, avec une lumière ravivée par la disparition nocturne de la brume, nous sommes partis vers les hauteurs. Le soleil rasant éclairait en transparence les herbes courtes, déjà jaunies.

Surprise, au détour du sentier, en découvrant des dizaines de cailloux dressés, coiffés d'autres pierres de formes bizarres,comme autant de statues mystérieuses. Un peu plus loin, dans un vallon, c'étaient des centaines de ces pierres qui crééaient une atmosphère très étrange.

Sans doute un des bergers qui avait passé quelques jours à s'occuper de cette façon. Le tout datait de quelques semaines. Sans doute ce qu'on pourrait appeller du "land art"?

La journée s'est passée, avec plusieurs heures de marche, couronnées par une vue superbe sur les montagnes enneigées au loin.

Le retour a été assez épuisant, sous un soleil qui nous a donné un air rouge et bouffi.

J'aime beaucoup ces moments d'évasion. Certes pénibles physiquement, mais c'est le prix de la tranquilllité et du dépaysement....

_____________

 

Ceci étant dit... où en suis-je de ce journal. Toujours le calme plat. Vacance de travail, vacance d'idées. D'ailleurs, il me semble que c'est un peu la même chose pour plusieurs de mes collègues diaristes.

 

J'aurais une tendance à ressentir une vague inquiétude en constatant mon silence... mais finalement je me dis que c'est sans doute passager.

Je crois qu'il se passe une mutation, sans que j'en aie vraiment conscience. Il est probable que le style de mon journal changera un peu, mais j'ignore encore dans quel sens...

 

Je crois que je suis parvenu à m'isoler du regard des lecteurs/lectrices, et ça me semble dèjà quelque chose d'important.

 

Bon... il arrive aussi que j'ai des crises de conscience et que je me rende compte de l'incongruité de ce que je laisse ainsi "traîner" sur internet. Mais finalement, je finis toujours par penser que je ne m'adresse qu'aux gens avec qui je correspond de temps en temps, donc que j'ai l'impression de connaître.

 


Débats

Dimanche 5 août 2001

 

Je passe peu de temps sur l'ordinateur en ce moment, et quand je le fais, c'est souvent en grande partie pour répondre aux débats sur ce fameux forum que j'évoque de temps en temps.

Du coup, ça me prive du temps que je pourrais prendre pour écrire ici. Il faut croire que je préfère les débats en ce moment...

Sinon, je n'irais pas d'abord sur ce forum.

 

Ce week-end, j'ai eu l'occasion de mettre un peu en pratique le débat de vive voix. Un peu par hasard, au cours d'une réunion familiale du coté de Charlotte, avec une quantité de gens que nous ne connaissions pas.

Je me suis rendu compte que sur des sujets polémiques, j'avais souvent des difficultés à prendre la parole. Non plus par timidité (quoique ça compte quand même...), mais plutôt parce que je ne suis jamais certain (et pour cause!) de maîtriser suffisamment le sujet.

Si je sais que j'ai des compténces assez solides face aux gens qui m'entourent, je peux me lancer. mais si je vois qu'ils en savent pas mal sur le sujet, je n'ose pas prendre parti.

Je suis comme ça: toujours doutant de ce que je pense.

Je ne crois pas que ce soit un doute sur mes capacités, comme je l'ai longtemps cru, mais un doute sur la vérité de ce que je peux dire. Qui peut prétendre savoir quelque chose, lorsque des avis cohérents sont opposés?

Le débat en question portait sur les OGM, sujet hautement polémique. Le hasard a fait que se trouvent face à face des gens d'avis très divergeants, chacun avec une bonne connaissance du sujet. Qui croire? Comment apporter son point de vue, fondé sur des lectures plus ou moins précises et complètes? Alors je laissais faire, écoutant les arguments des uns et des autres, tous pertinents bien qu'opposés.

Je crois que bien souvent les débats se heurtent à ces "vérités" différentes. Mais c'est pour moi source d'enrichissement. A la fois j'acquière davantage de certitudes... mais simultanément autant, si ce n'est plus, de doutes!

Et j'en reviens à mon forum... où je me trouve en présence de gens qui refusent le doute une fois que leur conviction est établie.

 

Je souris en pensant aux personnes qui me lisent à la fois sur ce forum et sur ce journal, et qui doivent trouver que ce sujet me préoccupe finalement beaucoup...

C'est vrai! Depuis des mois je me débat pour que mes idées soient tolérées, mais je n'y parviens toujours pas. Le contraste est fort entre ce journal, où tout se passe en confiance, dans le calme, le respect, l'écoute, le dialogue serein... et ce forum où je passe pour je ne sais quel individu prétentieux qui se donnerait en modèle.

Ces quelques lignes que je viens d'écrire sur le fonctionnement que j'apprécie des débats, passe là-bas pour une leçon de morale. Etonnant...

J'en viens à me poser sérieusement des questions sur celui que je suis. Comment se fait-il que je puisse avoir une image si négative en un lieu (pas unanimement, heureusement!), alors qu'elle semble plutôt favorable en un autre?

Pourtant, je ne me sens pas être quelqu'un à double visage.

Certes, j'aborde des sujets dits "de société" sur ce forum, mais il m'arrive de le faire ici aussi. Par contre, le coté "vie personnelle" et "impressions", qui est l'essence même de ce journal, passe apparamment très mal sur ce forum, pourtant "privé" et limité à une quinzaine de personnes.

Mais il faut dire que les lecteurs de journaux ont forcément en commun un fort penchant pour tout ce qui touche au vécu... ce qui n'est évidemment pas le cas sur un forum.

 

Mais finalement, je gère bien cette dichotomie entre les perceptions selon les lieux. Je me blinde peu à peu, tout en poursuivant dans la même voie, opiniâtre. Je continue a dire les choses telles que je les ressens, avec un coté affectif qui n'est pas caché. Tant pis, c'est ma façon d'être. Si ça ne plaît pas, les gens n'ont qu'à pas me lire. Et si un jour j'en ai marre des critiques permanentes, je disparais.

Je crois que c'est une bonne expérience que de garder son cap, malgré les détracteurs qui s'acharnent. Paradoxalement, d'être mis en doute me donne une certaine assurance. Parce que je suis obligé de me poser beaucoup de questions sur moi, mes idées, d'où elles viennent, si elles sont fondées. A force je me connais mieux, et suis donc plus sûr de moi.

Même si de nouveaux doutes surviennent ensuite, différents, insoupçonnés.

 

Tout ça pour expliquer un peu mon silence actuel...

 

 


Changements

Jeudi 9 août 2001

 

Et si j'écrivais un peu?

C'est étonnant ce brusque manque de motivation pour écrire. Je crois que je devais écrire 4 à 5 fois par semaine auparavant, et j'ai du descendre à 1 ou 2...

Et ça coïncide avec les un an de mon journal. Un peu comme si j'avais eu cet objectif de tenir un an, et que celui-ci atteint je perdais le goût d'écrire.

Pourtant, jamais je ne me suis forcé, au contraire.

Mais il est possible aussi que tout se soit combiné à peu près à cette période: anniversaire, certes, mais surtout vacances avec ma famille qui me "prive" de la solitude que j'apprécie, épisode un peu délicat de l'ouverture de mon journal à Amandine, et surtout discussions enflammées (et grosses remises en question) sur LE forum.

Une diariste plus ancienne que moi a senti venir ce moment. Elle avait aussi vécu une période de changement après des mois d'écriture assez introspective.

Il est vrai que je pense que ce moment un peu creux marquera un certain changement avec le journal d'avant.

Je parle déjà d'un "avant", comme s'il y allait avoir un "après".

C'est bien possible que les grands changements que je vis depuis six ans...

tiens! 6 ans!!! (j'y reviendrai)

... donc, que ces changements dans ma façon de voir ma vie se matérialisent par une forme d'écriture différente.

Au début de ce journal, j'étais très soucieux de l'image que je pouvais donner. Allais-je intéresser? Serais-je critiqué? Pouvais-je tout dire? etc...

Maintenant, je ne me pose plus toutes ces questions. J'écris pour des lecteurs, c'est clair, mais sans le souci des l'effet que cela pourra avoir. Peut-être que je suis moins introspectif? Mais je crois que c'est surtout dû à cette période de changement.

Après des années de réfléxion, il est normal (et heureux!) que je commence à changer vraiment en profondeur. C'est une sort de re-naissance qui se produit.

Et toutes les difficultés que j'ai sur ce forum maudit, au delà de la souffrance que je ressens parfois, sont un moyen de savoir qui je suis face aux autres. Face à tout le monde, et non plus face à vos yeux complices, compatissants, en sympathie...

Vous, vous êtes sympas, vous m'écrivez des tas de choses gentilles, nous partageons souvent des impressions. Mais surtout, si vous m'êtes fidèles, c'est que nous devons fonctionner d'une façon similaire, au moins sur certains points. Mais tout le monde n'est pas comme ça, et il est nécessaire que je me frotte, que je me pique, que je me brûle auprès des ces personnalités inconnues.

En fait, le temps que je passe avec "eux", c'est un peu comme celui que j'ai pu passer ici: ça me fait grandir.

 

Bon, je reviens à ces 6 ans qui m'ont fait réagir tout à l'heure: il y a six ans et un jour, je mettais dans la boite aux lettres de Laura une lettre. Ce geste est celui qui a fait que j'en suis là aujourd'hui.

Le simple geste de glisser une enveloppe dans une fente...

Parce que si j'avais décidé quelques jours auparavant de lui écrire, si j'avais la veille rédigé consciencieusement cette lettre, le seul moment véritablement décisif a été l'instant où cette lettre a glissé de mes doigt. C'était le début de l'irréversibilité.

Je faisais enfin ce que je n'avais pas fait une vingtaine d'années plus tôt et qui avait marqué mon existence durant toute cette période.

Par ce geste, je cassais enfin la fuite, le silence, l'effacement: je m'imposais, je décidais.

Non pas que j'ai toujours fui, mais pour quelque chose d'aussi primordial dans ma vie qu'était ce premier amour, j'avais évité de me confronter à la réalité.

Idéal et réalité...

J'avais préféré rester dans une idéalisation.

Donc, presque vingt ans après, je rétablissais les choses... et je pouvais poursuivre mon chemin de vie.

Quelque chose était dérangé dans mon univers et m'empêchait d'avancer. Il fallait que je remette les choses en place.

 

Depuis ce jour, 8 août 1995, je ne fais que changer.

La mutation est encore incomplète, mais suffisante pour que je me sente un "autre" homme.

A l'origine, je voulais appeller ce journal "Chrysalide", analogie facile avec la métamorphose de la chenille rampante en libre papillon. Peut-être que le papillon commence enfin à déployer ses ailes?

 

______________

 

Qu'est devenue Laura dans mon esprit? Après avoir mobilisé une énergie considérable, qui me faisait y penser sans cesse, écrire des centaines de feuilles à ce sujet... j'ai pu faire mon deuil de cet amour perdu, sans issue, sans partage.

Plus rien ne brûle, ne reste que des souvenirs éteints, même si leur éclat ne disparaitra jamais. Des souvenirs précieux, mais sans nostalgie.

Si un jour je revois Laura par hasard, je pense que je resterai "froid" intérieurement.

 


Absence

 

Vendredi 10 août 2001

 

Mon hébergeur est assez pénible: il m'est souvent impossible de transférer ces pages. C'est frustrant.

Mais on a vu malheur plus grave...

 

Aujourd'hui, j'ai passé des heures (!!) à écrire un message d'explication sur LE forum. Une suite de discussion que j'ai là bas avec une personne qui paraissait relativement ouverte. Hier, elle avait pris un ton un peu agressif pour me dire qu'elle ne me conprenait pas et trouvait que je me posais en "modèle". Voila des jours que nous discutions (relativement sereinement) de mes difficultés sur ce forum.

Donc je lui ai répondu, un peu agacé par ce doute permanent sur ma sincérité (on me reproche d'être hypocrite).

Ce soir, c'est carrément le message cassant, méprisant, que j'ai eu en retour!

Je me demande bien quel genre de personnes je fréquente là-bas...

 

Bon, vous n'y comprendrez rien, mais j'avais besoin de le dire...

En fait, il s'agit de personnes qui ne supportent pas que je me pose des questions, que je doute. L'inverse d'ici quoi :o)

Ici ce ne sont que questionnements, là-bas ils me sont interdits. Pas le droit d'exprimer une opinion si elle n'est pas étayée par des textes, garantie, estampillée...

Les idées personnelles ne valent rien, il ne faut se référer qu'a des textes dèjà écrits. Liberté de pensée? Non, c'est qualifié de "creux".

Bref, je ne vais pas déverser ici ma rancoeur... C'est un autre monde.

 

Du coup, je n'ai rien d'autre à écrire ce soir.

C'est fou ce que ça mobilise comme énergie...

 


Vide post-combat

 

 Mardi 14 août 2001

 

Après des jours de vaine polémique sur LE forum, je me lasse.

C'est toujours de la même façon que ça se passe: une discussion démarre, enflamme les passions... puis finit en insultes et agressions personnelles vachardes.

Alors je me défends comme je peux... en devenant "piquant" à mon tour. Pendant un moment, ça me fait du bien parce que je décharge l'agressivité contenue, la rancoeur que certains personnages m'ont fait accumuler envers eux. Il y a un coté "défoulement" qui est assez jubilatoire.

Puis inévitablement vient un moment de vide. J'ai passé tant d'énergie à essayer de me faire comprendre, accumulé une telle tension en supportant des agressions cinglantes, qu'une fois le moment de défoulement passé , je me retrouve épuisé.

Et avec le sentiment que tout cela n'aura servi à rien...

 

En fait, je sais bien que c'est utile pour moi, que c'est un apprentissage en accéléré des relations humaines compliquées. Mais c'est vraiment difficile mentalement.

 

Je suis donc dans cet état là en ce moment. Pas bien à l'aise de m'être laissé entraîner sur des terrains de combat qui ne me plaisent pas. Je ne suis pas un agressif, un combattif. Je sais l'être, mais je n'aime pas. Comme si c'était contre ma nature. Ou plutôt comme si ce coté "naturel" je voulais ne pas le voir, le laisser bien caché derrière une sérénité, un calme que je préfererai ressentir.

 

C'est peut-être ce qui me déstabilise le plus: ne pas pouvoir maîtriser ma "violence" (toute relative...).

Tout ça parce que je me sens profondément atteint lorsqu'on me juge défavorablement en se fondant sur une impression fausse.

J'ai déjà beaucoup de mal à déplaire, alors si en plus c'est par erreur, je le supporte encore plus difficilement.

 

Beaucoup de mal à déplaire... et beaucoup de mal à accepter de plaire (dans un autre domaine). C'est pas un peu bizarre ça?

Dans un sens c'est mental (ne pas déplaire), dans l'autre c'est physique (ne pas plaire). Comme si je ne devais plaire que par mon mental.

 


En pensant a cette discussion et mes difficultés à rester serein lorsque je suis villipendé, je me souviens d'une phrase de Kipling qui m'a toujours impressionnée:

 

«Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
(...)
Tu seras un homme, mon fils.»

Force est de constater que je n'en suis pas encore là...

 
 

Ce que j'ai appris à faire (et c'est là que je vois les effets bénéfiques de ces "frottements" avec les autres), c'est à me distancier de tout ça.

Je me dis que je discute avec des personnes vraiment très difficiles et que, si je peux parfois me remettre en cause, c'est surtout d'eux que vient le problème. Ou pour être plus juste, c'est d'une perception différente de la vie en société qui crée ces incompréhensions. Une éducation différente aussi.

On m'a toujours appris à respecter l'autre et ses opinions, à ne pas juger sans savoir (et même à ne pas juger tout court, puisqu'on ne sait jamais tout!). Or je discute avec des gens qui considèrent que toute opinion ne se vaut pas et que respecter l'autre... c'est lui dire clairement ce qu'on pense de ses opinions.

On voit très bien que ça peut rapidement coincer...

 

Maintenant que j'ai accepté cette situation, je sais faire la part des choses. Je connais le mécanisme d'exclusion et j'en souffre beaucoup moins.

Le désagrément est là, mais il dure moins longtemps, est moins profond.

Ça me "travaille" et mobilise toute mon énergie scripturale, mais n'a pratiquement plus de répercussions sur ma vie. Je fais nettement la séparation et ne me sens pas aussi "démoli" que j'ai pu l'être. En fait, je le vois maintenant comme une part de ma reconstruction.

Je construit mon référenciel par rapport aux autres. Il était encore très largement lacunaire puisque je ne m'étais jamais vraiment frotté aux opinions.

C'est difficile à vivre parfois, mais salutaire.

 

 


 

 

Retour

 

 Mercredi 15 août

 

Mes préoccupations semblent revenir au journal. C'est significatif: je suis d'abord venu ici avant d'aller voir ce qui se disait sur LE forum. Et depuis quelques jours, je me suis remis à l'écriture des mails. Il faut dire qu'il y a quelques personnes qie je fais parfois honteusement attendre. Ma consolation est de voir que d'autres diaristes font de même...

 

Je me suis posé beaucoup de questions ces derniers temps au sujet de l'incommunicabilité qui existe parfois entre les personnes. C''en est au point que plus rien ne semble pouvoir "passer". Comme si on parlait des langues différentes.

Je n'ai pas encore tout compris, et les évènements sont encore un peu trop frais pour que j'approfondisse le sujet, mais je tâcherai d'y revenir.

Après tout, ce journal se proposait d'étudier "les différentes formes de relation qui se développent sur internet", et je suis en plein dans ce thême, que je délaisse finalement la plupart du temps...

Ben oui, finalement, je préfère la liberté. Liberté d'écriture, liberté de pensée.

Cette liberté dérange parfois, parce qu'on ne sait pas où ça va mener. Mais c'est ma façon de fonctionner. Je crois que c'est source de surprises, de découvertes inattendues, de chemins de réflexion insoupçonnés.

Et tant pis pour les esprits trop "carrés" qui veulent quelque chose de construit, de balisé, et au but clairement défini.

 


Je n'ai pas pu résister... je suis allé voir ce qu'on répondait à mes tentatives d'apaisement et mes messages modérés. Rien de neuf: de l'agressivité et du mépris. C'est vachement sympa des gens comme ça...

Ce qui me pose un problème, c'est que ces gens-là sont loin d'être bêtes. S'il s'agissait de gros cons, il y a longtemps que j'aurais abandonné. Mais avec des gens sensés, cultivés, on s'attend toujours à ce qu'à un certain moment nous finissions pas nous comprendre. Mais non... pas dans ce cas là.

Je me suis posé de nombreuses fois la question: c'est quoi la "connerie", être "con"? Quelle définition peut-on donner du "con" lorsqu'il donne justement l'impression de ne pas l'être?

J'ai fini par en trouver une qui me convient, provisoire. Est con toute personne qui refuse de se remettre en question.

On peut certainement améliorer ça, mais pour le moment c'est ce qui me vient à l'esprit.

Tiens... si ça vous inspire, si vous avez une définition du con, vous pouvez me l'envoyer. Je l'inscrirai ici dans les jours à venir.

 

Je précise que je n'aime pas trop utiliser ce mot. Non seulement parce que je laisse toujours le bénéfice du doute et que je ne veux pas caractériser trop vite les gens, mais aussi parce que son origine étymologique est assez insultante pour la gent féminine...

Je préfère généralement les dérivés de "connard" et "connasse"...

 

Je suis tout en finesse ce soir, n'est-ce pas :o)

 


 

 

Le basculement de l'été

 

 Vendredi 17 août

 

Le petit monde des diaristes, comme le reste du monde (façon de parler...) est en vacances. On voit bien qu'il y a peu de mises à jour.

Et même ceux qui sont chez eux semblent en période de "repos" pour leur écriture. C'est peut-être une impression...

En tout cas, je sais que c'est ce qui se passe pour moi. Cette année, je ne suis pas parti en vacances, sauf quelques jours disséminés ça et là. Mais je n'ai pas beaucoup écrit pour autant. C'est un peu comme s'il y avait cette nécessité de rompre avec le rythme de vie habituel.

Par exemple, je n'écoute plus la radio en été. Chaque année c'est pareil. Jusqu'en juillet j'écoute un peu quelques émissions du programme estival, puis en août, je n'écoute plus rien. De temps en temps, mettons une fois par semaine, j'écoute quand même les infos, histoire de savoir si la terre tourne encore...

Mais même les infos semblent en vacances! Rien d'intéressant. Je me sens coupé du monde, encore plus que durant l'année. C'est une parenthèse, un moment en suspension...

Dans quelques jours, tout va redevenir comme avant. La rentrée scolaire avec le rythme des semaines, la solitude de mon travail et le silence de la maison... et le retour au monde avec l'écoute des infos à la radio, le rythme des émissions, les grands et petits évenements dont on parle, et pours lesquels il faut "être au courant".

Et le retour des diaristes!

 

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais mon année est davantage basée sur le changement estival que sur celui du changement de chiffre. Est-ce du au rythme scolaire? Est-ce parce que mon métier vit au rythme des saisons et que l'été marque un point culminant du cycle végétatif?

On pourrait penser que l'hiver, marquant le repos, est un commencement de cycle. Il en est un, certes. Mais pas comme l'été qui marque une apogée. Il est plus facile de sentir le changement se faire en voyant les herbes jaunir, le vert des arbres se ternir, les premières feuilles sécher... que de détecter les premiers signes du printemps au milieu d'une nature d'apparence "morte".

Je dis ça... et pourtant je sais bien que la végétation n'est jamais morte et que le temps qui s'écoule entre la chute des dernières feuilles et l'apparition des premières fleurs ne dure que quelques semaines.

En fait, tout dépend du cycle que l'on suit: celui qui va de naissance à mort ou celui qui marque les culminances. Peut-être que je suis plus sensible à ce dernier en ce moment par analogie avec la position que j'occupe dans mon cycle de vie?

Je suis à l'apogée, pour encore quelques années. Disons début juillet. L' été de ma vie. Je ne verrai plus le printemps. Le prochain changement sera l'automne...

C'est trés beau l'automne, mais on sent déjà venir l'hiver. On récolte les fruits du printemps, qui ont mûri l'été. Les derniers fruits...

 

Oui, c'est sans doute cette analogie avec la vie qui fait que le basculement de l'été a un coté triste.

 


Je viens de me relire. Mon histoire de cycle estival contredit exactement l'analogie avec le parcours de vie! Ce n'est pas grave, je ne suis pas à une contradiction près...

Et ça montre bien qu'on peut voir les choses de différentes façon, tout en ayant l'impression d'en avoir une idée unique.

Et inversement.

 


 

Flemme

 

 Dimanche 19 août

 

Et si c'était simplement par "flemme" que je n'écris plus beaucoup?

Une fatigue que je ressens à toujours décortiquer, auto-analyser, décrire...

Je crois que j'ai longtemps été stimulé par le fait de me savoir lu, de "capter" ce lectorat. Maintenant que j'ai passé ce cap de l'année, je deviens plus fidèle à moi-même. Donc , ressentant moins cette impérieuse nécessité d'être régulier, je me laisse aller à la facilité.

Ce soir je pensais mettre quelques photos de ma randonnée en montagne, mais j'ai eu la flemme de scanner, mettre sur cette page, mettre en ligne...

Ben oui, je suis flemmard parfois.

Il faut dire que tenir un journal prend du temps. Ces derniers temps j'ai consacré mon temps libre à des discussions, et l'introspection, donc l'écriture, sont passées au second plan.

 

Bon, mais je constate que je passe mon temps à me justifier sur la baisse d'intensité de mon écriture...

C'est idiot. Je n'ai pas de comptes à rendre alors que personne ne me demande rien. J'anticipe les critiques éventuelles.

Stop!

Je fais comme je le sens, et c'est très bien comme ça!

 


Bon, finalement, comme Multimania ne me permet pas de transférer ma page ce soir, et bien j'ai finalement scanné ces photos.

 

 

Pour ceux qui ne m'auraient pas lu le jour où j'en parlais (3 août), il s'agit des quelques jours durant lesquels je suis parti faire une randonnée dans le massif du Vercors

 

 

 

Bien sûr, les photos ne rendent pas compte de la beauté du paysage et de son immensité...

 

 

... mais c'est pour donner un aperçu.

Et vous avez même ma famille en prime!

 

 

 


Ebauche d'écriture

 

Lundi 20 août 2001

 

Multimania semble avoir des problèmes, car je ne parviens pas à transférer cette page. Tant pis, j'attendrai que la technique se remette en place.

J'ai bien regardé d'autres hébergeurs gratuits, mais j'ai un peu la flemme (tiens tiens...) de transférer tout le site. Je le ferai pourtant si les problèmes devaient se reproduire trop souvent (ce n'est pas la première fois). J'ai remarqué que beaucoup de diaristes étaient aussi sur Multimania. Geocities me plairait bien à cause de sa bannière de pub assez discrète. Car je crois qu'on ne peut pas échapper à cette pub, hélas...

Bon, cette cuisine interne ne doit pas vous passionner.


En parcourant quelques pages de journaux que je ne connais pas (et il y en a beaucoup!), je constatais la différence de style de chacun. Des journaux les plus descriptifs aux plus "littéraires" ou mystérieux, il y a vraiment un large choix.

Je discutais d'ailleurs des styles de quelques journaux dont je partage la lecture avec une de mes lectrices (vous me suivez?). C'est amusant de confronter ou conforter nos points de vue sur tel ou tel diariste.

Ce que je n'ai pas dit, c'est que je discutais de ça... de vive voix! Pour la première fois j'ai entendu la voix d'une personne qui me lit. Et elle est donc la seule à connaître la voix de celui que vous êtes en train de lire... Et bien oui, je suis passé à quelque chose d'un peu plus "réel" avec le téléphone. Cette lectrice, avec qui j'échange depuis presque un an, m'a proposé un dialogue.

Je me suis alors donné quelques jours de réflexion, ne sachant pas trop si j'étais prêt à cette autre dimension. Mais finalement j'ai été tenté. Cela fait partie du passage à la réalité que je souhaite être capable de faire sans blocages ou timidité excessive.

D'ailleurs, ma timidité n'a pas été trop paralysante et s'est très rapidement atténuée. Elle n'a pas disparue pour autant, et je ne suis pas parvenu à me sentir totalement "moi". Heureusement, S. est trés loquace et aucun blanc n'a coupé la conversation.

Ce qui est curieux, c'est cette impression de parler à quelqu'un qui me connaissait déjà.

Le croirez-vous? Cette conversation à duré... quatre heures! Je n'avais jamais téléphoné aussi longtemps! Il faut dire que je n'apprécie pas trop le téléphone en général. Je préfère la liberté que me donne l'écrit... même si c'est infiniment plus long pour s'exprimer. Je n'ai pas encore bien apprivoisé ce contact instantané. Sans doute la peur que quelque chose ne m'échappe, ou d'être pris en défaut, de ne pas savoir répondre.

Je pense que c'est le doute sur moi même qui me retient. Alors que l'écrit permet de mieux choisir les mots, éventuellement d'y revenir dessus, l'oral ne permet pas facilement le rattrapage. Et pourtant, le "chat" ne me pose pas vraiment de problème, malgré son instantanéité.

Quoique... si, parfois je ne me sens pas vraiment à l'aise avec ce moyen d'expression.

Non, finalement c'est bien le journal qui me convient le mieux. Ou Charlotte, mon amie, ma confidente, seule personne avec qui je me sente vraiment "moi" dans le contact réel.

 

Je suis très confus ce soir... j'espère rester quand même compréhensible.

A ce sujet, S. me faisait des compliments sur mon écriture. Hum... j'en étais presque gêné... Je me sens parfois si brouillon, lançant les idées sans savoir où je vais, sans construction, sans développement axé sur un thême précis. C'est vraiment de l'écriture libre.

Oserais-je un jour me lancer dans une écriture plus travaillée? Probablement, parce que c'est quelque chose qui m'attire. Mais je crois que j'ai besoin de dégrossir les choses. Etaler au grand jour ce que j'ai trop longtemps contenu. Ce que je fais depuis des mois est une ébauche, même pas une esquisse. Des coups de pinceau dans tous les sens pour voir ce qui apparaîtra. Ou encore des coups de burin dans un bloc de pierre, sans savoir la forme de la sculpture qui pourrait apparaitre un jour.

Hmmm, ça fait un peu prétentieux ça, d'envisager une suite, quelque chose de plus construit...

Peut-être que je le suis alors? Parce que je ne m'imagine pas arrêter d'écrire, au contraire.

 

Vous voyez comme je n'ai pas un plan construit? Je passe d'un sujet à l'autre, suivant les liens qui se présentent.

Normal, c'est une ébauche.

 

Décidément, le travail précis, concentré, peaufiné, sera pour plus tard. Le temps n'est pas encore venu...

 


 

Résistances

 

Samedi 25 août 2001

 

Voila, c'est fait: j'ai changé d'hébergeur!

Multimania était vraiment trop souvent incapable de me laisser transférer mes pages. Et en plus, il semble que mon site était parfois inaccessible.

Et puis le bandeau pub de Geocities est moins gros...


A part ça... et bien je n'écris pas souvent.

Ben oui, j'ai repris le travail et je suis tenu par des délais en fonction de la saison. Je suis donc un peu "stressé" et je n'ai plus le temps de me poser des questions.

Non, le problème n'est pas là: les questions je ne m'en pose plus depuis un bout de temps. Le problème est que je n'ai rien a dire en ce moment. Je n'ai donc qu'à me taire, penserez-vous...

Sans doute... Mais qu'est-ce qu'un diariste qui n'écrit plus?

 

C'est un diariste qui n'a pas de problème à ce moment là!

 

Est-on obligé d'écrire? Assurément non. Mais vous savez bien, vous qui me lisez (je déteste cette formule lorsque je découvre un journal inconnu...) que j'écris surtout mes pensées et très peu mon quotidien. Que faire lorsque je n'ai pas de pensées structurées?

Je ne vais pas me mettre à vous raconter ce que je fais de mes journées. Ça n'aurait pas grand chose d'interessant. Et en plus, je ne veux pas donner trop de détails qui puissent me rendre indentifiable.

 

Là, ce que je fais présentement, vous voyez, je n'aime pas. J'écris sans but.

 

C'est comme si j'avais envie d'écrire mais que rien ne venait. J'ai beau presser le tube, s'il est vide, rien ne sortira...

 

Tiens, si...

Cet été, j'ai envisagé, ou su a posteriori que j'aurais pu envisager de rencontrer des diaristes. Le hasard a fait que ça n'a pas été possible. C'est quelque chose que j'aurais eu beaucoup de difficultés en envisager il y a un an. A l'époque ou j'idéalisais toujours.

Il semble que ce soit moins le cas. J'ai envie de tenter des rencontres "de visu".

Mais je me demande aussi ce qui pourrait en sortir...

Et si, finalement, nous n'avions "rien" à nous dire?

Bon, je sais bien que ceux qui ont tenté l'expérience en ont plutôt été enchantés. Je sais aussi que lorsque j'ai discuté avec une diariste la semaine dernière, les sujets n'ont pas manqué...

Pourquoi ai-je si peur des "blancs" dans la conversation? De découvrir brutalement un vide, comme si la relation n'était que creuse?

Sans doute parce qu'on se connait finalement peu par rapport à ce que peut être une personnalité complète. Peut-être aussi parce que les diaristes que je lis sont assez "secrètes" (oui, au féminin...) et que je n'oserai pas aller les brusquer dans leur volonté de le rester.

Personnellement, je ne me sens pas "secret" et je n'aurais pas de difficulté à évoquer tous les sujets abordés dans ce journal. Mais qu'en est-il des autres?

Et puis j'ai toujours cette peur de ne pas assez m'intéresser aux autres. Ou plutôt la crainte de ne pas m'intéresser à ce qui les intéresse, ou à quoi ils aimeraient que je m'intéresse...

Je voudrais toujours correspondre à ce que les gens attendent de moi. Et je crains que ce que je suis ne leur plaise pas.

 

C'est pas nouveau ça...

 

Il faudrait bien que j'arrive à m'assumer tel que je suis. A m'accepter.

 

C'est exactement ce que je disais à Charlotte hier soir, elle qui est finalement bien semblable à moi. C'est bizarre d'ailleurs cette lucidité que l'on peut avoir par rapport aux autres et cette myopie que l'on peut avoir sur soi. En lui parlant, en essayent de la conseiller... je m'entendais dire des paroles que l'on me dit parfois. J'avais l'impression de très bien comprendre son problème, si semblable à ce que je ressens, alors que je suis incapable de l'entendre, de l'assimiler, lorsque je suis concerné.

Etonnant ces "résistances" de la pensée. Comme si l'inconscient ne voulait pas comprendre ce que le conscient sait très bien.

Est-ce que quelqu'un a une explication?

 


Tiens, tant que j'y pense: je ne parle plus d'Inès depuis longtemps. Pourtant, elle est toujours là, quelque part dans ma vie. Nous nous écrivons parfois. Elle m'a envoyé un long mail la semaine dernière, expliquant où elle en était de son parcours de vie. Un important virage pour elle.

Je crois que j'ai été un des acteurs qui était là au moment de la décision du virage. Je suis content d'avoir pu participer, dans une mesure que j'ignore, aux décisions qu'elle a prises.

Nos chemins se sont rencontrés, cotoyés un moment, puis ont divergé. Mais ce moment que nous avons passé côte à côte nous à marqués tous les deux, chacun pour une raison différente, mais positive.

 


 

Synergie

 

Dimanche 26 août 2001

 

J'ai répondu avec beaucoup de retard à une diariste avec qui nous échangeons de temps en temps des messages un peu approfondis.

Parti sur ma lancée, je me suis rendu compte que j'étais presque en train de lui écrire une entrée complète, qui avait plus sa place dans ce journal.

Curieux quand même ce besoin d'écrire, mais qui s'exprime presque de la même façon pour une seule personne que pour un lectorat plus nombreux. Comme si c'était avant tout un flux qui devait s'écouler une fois les vannes ouvertes.

 

Je ne sais pas pourquoi, mais mon petit doigt me dit qu'il se pourrait bien que la période d'étiage de l'écriture touche à sa fin... Je me suis remis à écrire des messages, je retrouve une certaine inspiration ici, j'ai envie de partir à la découverte de nouveaux diaristes que je ne connais pas...

Et puis j'ai envie de laisser tomber ce fichu forum et les discussions stériles qui s'y déroulent. Assez perdu de temps à essayer d'échanger avec des gens obstinément butés. Je me sens infiniment mieux dans le milieu des diaristes et de leurs lecteurs, portés sur l'introspection, les questionnements, les doutes, et surtout l'envie d'"avancer".

J'aime ce grouillement de pensées, cette cacophonie de fragments de vie distillés chaque jour. Ça bouillonne, ça foisonne, ça tourne en rond, ça se répète, ça rabache... mais ça avance!

De découvertes et de moments de vides, de joies et de déprimes, ces milliers de mots lancés se combinent, se recoupent, s'opposent, s'éclaircissent.

Je ne sais pas ce qu'en pensent mes co-écrivants, mais je ressens comme un mouvement collectif (oh, certes, à échelle infime...) qui fait que nous nous "épaulons" les uns les autres. En lisant chez un autre quelque chose qui évoque notre propre vécu, on se comprend mieux. Parfois, c'est étonnant de lire des propos que l'on aurait pu tenir, mais qui sont dit avec une telle évidence qu'on ne peut que rester coi.

Chacun avec son style, chacun dans son domaine de prédilection, je ressens cette synergie d'idées qui crée un vaste étal où chaque lecteur pourra picorer ce qui lui convient.

 

Vous me trouvez peut-être un peu naïf? M'émeuvant de quelques bouts de phrases jetés égoïstement sur la toile? Peut-être... mais je dis là ce que je retire de cette expérience. Et je suis convaincu que beaucoup y trouvent quelque chose de similaire.

 

Pourquoi ai-je la crainte d'être pris pour un naïf? Je sais très bien que les gens qui lisent les journaux savent toute la richesse diffuse qu'ils contiennent.

C'est peut-être la trace que me laissent mes échanges sur ce forum, où la sincérité n'a pas cours, où la naîveté est sujette à moqueries, ou les pensées propres n'ont pas de valeur, où la vie de chacun ne représente rien...

Mais comment puis-je fréquenter des milieux aussi différents?

Il a fallu que je fasse l'expérience, mais maintenant je crois que j'en ai appris suffisamment: on ne peut pas être compris par tout le monde, quelle que soit l'énergie que l'on dispense pour y parvenir.

 


Thérapie de choc

 

Vendredi 31 août 2001

 

Mais il y a une éternité que je n'ai pas écrit!

Il serait peu-être temps que je donne un peu de mes nouvelles...

Non, je sais bien que je ne "dois" rien à personne, mais disons que j'ai envie de maintenir le contact. Je me sens un peu fautif de... comment dire sans être prétentieux?

... fautif de vous "laisser tomber".

 

Ceux qui me suivent depuis un moment auront peut-être pensé que j'étais retourné sur ce forum infernal. Ils auront eu raison!

Alors que la dernière fois je me disais proche de finir, le lendemain je décidai de quitter durablement ce lieu de perdition. Etant celui qui l'ai "installé", j'ai voulu retirer mon nom d'"administrateur" le jour suivant... mais ma curiosité m'a poussé à aller voir certains messages.

Curiosité fatale puisque je découvrais que la discussion en cours (différences homme-femme et rapports de domination, notamment), devenue stérile, voyait se joindre de nouveaux participants.

Et du coup... et bien cela a relancé ma motivation. Je n'avais plus envie de fuir devant ces gens si bornés et agressifs. Je voulais rester "debout", sans pour autant me battre.

Depuis... ben je suis redevenu accro. Sans doute provisoirement, parce que je suis de plus en plus convaincu que ces forums sont bons pour s'user la santé si on veut y discuter un peu sérieusement.

Je me demande si de tels rapports peuvent exister dans la vie de tous les jours. Une telle agressivité, un tel dénigrement seraient insupportables et la fuite serait la meilleur solution. Tenez, vous voulez savoir un peu ce que mon principal adversaire répand à mon sujet?

Le gars en question parle de moi (il ne s'adresse pas à moi, trop méprisable, mais à la foule...)

« Lui, ne se sent pas un rôle de dominateur.

On lui a répété sur tous les tons des tas d’arguments. Aucun n’a atteint sa carapace, son blindage de ce que je ne peux qu’appeller profonde bêtise.

A part passer son temps sur ce forum à s’auto-célébrer et à bassiner avec son esprit ouvert. Il est incapable de se remettre en question sur ce point.

Mieux même, ne comprenant pas ce qu’on lui dit, il veut faire disparaître le mot. Et oui, le mot disparu, l'Idéaliste sera enfin satisfait et personne ne pourra plus l’embêter avec un mot, ma foi, bien emmerdant . Qu’est ce qu’on s’embête avec des truc pareils.»

Le mot en question était celui que je proposais pour remplacer "domination masculine" dans les rapports entre homme et femme. Entre autres, je proposais "situation privilégiée", ou "favorisée", parce que le terme de "domination" me semble exprimer une volonté délibérée, une hiérarchie de supériorité dans laquelle je ne me reconnais pas.

Mais je me trouve avec des gens qui ne veulent pas changer ce en quoi ils croient...

Ce qui lui permet de dire plus tard: « C’est que tu pourras formuler cela comme tu le veux, X et Y reconnaissent que tu es un con.

Tu pourras chercher des explications dans le taux d’hormones ou le retour d’une comète ou dans un mot quelconque en isme. ce fait ne changera pas. C’est malheureux pour toi mais c’est ainsi.

Pourtant quelquefois j’ai cru que tu étais à peu près accesible à l’entendement mais non tu vis dans ton monde et on n’y peut rien.

Je te souhaite bonne chance pour ta recherche sur le net afin de trouver une explication qui puisse enfin te satisfaire et répondre à cette question qui te taraude : Pourquoi pense-t-on que tu es un con ?

Je te propose une solution relis tes messages et ceux que tu ponds ces derniers jours sur le dialogue et les hormones.

Une anthologie de lieux communs et autres billevesées.

Il te reste l’astrologie, la parapsychologie, les sciences occultes, le vaudou, la magie noire, la barbe à papa, le rock and roll enfin beaucoup de champs de recherche.

Mais l’explication est beaucoup plus simple et le pire est que tu ne réfutes même pas le fait que X écrive que tu es con.

Car enfin, sur quoi a-t-elle rebondi depuis le temps que tu dis des conneries ?»

Pas évident de comprendre de quoi il parle sans avoir suivi le débat, mais c'est pour montrer le ton du bonhomme, son ouverture d'esprit et sa finesse...

Sans compter que les gens dont il parlent ne m'ont jamais dit que j'étais con (je le précise quand même...)

 

Bon, je sais bien que ne vous donne que des extraits et qu'ils ne résumeront pas des mois de discussion acharnées.

 

La question est de savoir pourquoi je reste en ces lieux où je me fais autant maltraiter.

C'est un apprentissage pour moi: savoir comment résister lorsque mes idées sont rejetées. Comment ne pas me sentir humilié, démoli, lorsque je suis méprisé.

Parce qu'il est évident que je retrouve une analogie (poussée à l'extrême) avec ce que me faisait ressentir mon père lorsque j'étais adolescent.

Lorsqu'il me disait que je finirais au plus bas de l'échelle sociale, lorsqu'il se moquait de moi quand j'observais la nature, il me dénigrait. Et (le pensait-il?) je ressentais tout son mépris pour ce que j'étais: un nul.

Nul en maths, donc "bête", parce que lui avait excellé dans cette matière. Lui était en haut (du moins je le plaçais comme tel) et moi j'étais en bas, comme une merde au pied d'une statue inaccessible, inégalable.

Il m'en a fallu des années pour rééavaluer les choses d'une façon un peu plus objective. Diminuer l'immensité de la statue... et ne plus me sentir aussi minable.

 

Donc, là, sur ce forum, c'est un peu avec mon "père" que je me bats. En bien pire. Parce que le gars en question, s'il est assurément cultivé dans certains domaines (comme mon père), s'il ne montre aucun sentiment (comme mon père), s'il semble très sûr de lui (comme mon père)... en revanche, il manque d'une intelligence: celle du coeur.

Je vivais trop près de mon père pour ignorer que malgré sa froideur en certaines situations, il avait aussi un "bon fond".

J'ai longtemps pensé que je pourrais un jour sentir ce "bon fond" chez mon détracteur du forum. Mais plus le temps passe plus je me demande s'il n'est pas finalement "mauvais". Le genre de type malsain, retors, manipulateur. Limite pervers...

On ne peut pas vraiment dire que c'est un con, parce qu'il a du savoir. Et puis ce serait minimiser la conscience de ce qu'il fait. Tendance sadique, je suis persuadé qu'il joue de ma sensibilité que je ne cache pas.

Il doit tester jusqu'où je tiendrai...

 

Bon, je me rends compte que je parle de gens que vous ne connaissez pas et que cela ne doit pas vous passionner. C'était juste pour expliquer le fait de rester a tenter de discuter, et à ne pas fuir devant lui. On pourrait prendre ça pour du masochisme, je le vois plutôt comme une psychothérapie de choc.

J'en souffre (comme on souffre pendant le travail psychothérapique), mais je me crois capable de m'auto réguler en prenant de la distance de temps en temps. Je ne me sens pas fragilisé, bien que je sois toujours en limite de ce que je peux supporter.

Mais j'ai aussi de grandes satisfactions, lorsque j'écris quelque chose en sachant que ça lui posera problème. C'est facile à savoir: il ne répond pas, ou se focalise sur le seul détail qui peut être intérprété de façon équivoque. Ou il s'excite sur un erreur que j'ai pu commettre (ce que je ne refuse pas de reconnaître).

 

L'avantage de la vie virtuelle, c'est que je peux cesser du jour au lendemain...

 

 

Je ne sais pas si vous aurez tout compris...

L'essentiel c'est que moi je me comprenne :o)

 

 

 


Coup de coeur du jour

Breathing under water, le journal d'Ophélia

 


Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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