Mois de novembre 2000


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Mercredi 1 novembre 2000

 

Me voila prisonnier de mon journal!

Depuis mon réveil, j'ai senti se mettre en place dans ma pensée un curieux phénomène. Je me suis mis à préparer, mentalement, mon entrée d'aujourd'hui. Par quelle phrase j'allais commencer, le sujet que j'allais développer, etc...

Les phrases s'enchaînaient les unes aux autres. J'avais vraiment l'impression d'écrire par la pensée. Je "voyais" les mots s'écrire les uns aprés les autres. Il aurait fallu que je sois devant mon écran à ce moment-là, comme maintenant.

Alors pour casser ces idées, j'ai délibérément changé ma phrase d'introduction. Pour ne pas avoir l'impression d'écrire sous la dictée.

Cette dérive m'inquiète un peu. Jamais sur mon journal papier, ni au début de celui-ci je ne m'étais posé la question de ce que j'allais écrire. Les mots coulaient tout seuls. Alors que là je sais trés bien que je pense à mon lectorat.

Parce que ma pensée, lorsque je "prépare" mentalement mon entrée, va à la vitesse de l'écriture. Je pense un mot, le corrige, construis ma phrase comme lorsque je suis devant mon pc. J'ai le souci du lecteur, ce qui n'existe pas, ou peu lorsqu'on écrit que pour soi.

 

Bon, mais en fait, ce n'est peut-être pas si grave que ça... Il faut simplement que j'accepte que ce journal en ligne ne soit pas équivalent à un journal privé.

Je crois que je suis dans un tournant depuis quelques temps. Je cherche quelle direction vont prendre mes écrits.

Assurément je me suis souvent éloigné de mon objectif premier: analyser les relations virtuelles via internet. Mais je constate que j'y reviens quand même régulièrement. D'une façon assez égocentriste, je le crains fort. Mais, bon, c'est comme ça.

Je n'ai pas encore trouvé ce fameux "rythme de croisière" qui me permettrait d'avancer sans trop me poser de questions sur mes choix éditoriaux. Mais je crois que c'est en ce moment que tout se décide.

 

***

Coupé brutalement, je reprends.

Pas envie de continuer. Pas en forme aujourd'hui, comme depuis plusieurs jours.

J'ai écrit une lettre de trois pages à charlotte. Marre de moi. Marre de raconter ma vie. Je le met sur le net, ça aussi?

Ben oui, c'est aussi comme ça que je suis.

 

Allez, à une prochaine fois...


Jeudi 2 novembre 2000

On n'invente jamais rien...

 

Pas bien en forme hier, j'ai arrêté brutalement mes écrits. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai mis ça... Comme je n'efface jamais rien, je laisse tel quel, mais je n'aime pas trop donner de moi une image de... faiblesse?

Je me suis montré (peut-être fort peu) sous un jour défavorable. Parce que parfois, comme tout le monde, j'ai des petits coups de cafard. Mais ce n'est pas ce que je souhaite écrire dans ce journal. J'aimerais rester plus général, ne pas trop rentrer dans ce qui ne concerne que ma petite vie privée.

Bizarre de dire ça alors que justement je tiens ce journal de mes états d'âme. Mais je préfererais que mes états d'âme s'appliquent aux sujets qui concernent tout le monde.

A ce sujet, je poursuis la lecture de "Cher écran..." et je suis tombé sur de larges extraits du journal du célèbre MöngôlO, un des plus anciens diaristes Français. Je ne lis qu'épisodiquement ses entrées parce que je ne me suis pas attaqué à lire ses archives (3 ans!), et que je n'accroche bien avec un diariste que lorsque je le lis depuis le début. Sinon j'ai l'impression de picorer, de "voler" même un peu sa vie en m'imiscant tout d'un coup. Bref, je n'ai pas encore lu "l'intégrale".

Mais sur ces passages cités, qui concernent la pratique de l'écriture on-line, je constate que je n'invente rien dans mes élucubrations! D'autres ont avant moi fait les mêmes découvertes sur les rapports avec les lecteurs, la façon d'écrire, etc... Et ce n'est pas la première fois que je le constate, bien que peu de diaristes on ce recul de regarder pourquoi et comment ils écrivent. Ce sont les petites interviews du JMag qui m'avaient déjà donné cette impression de rabacher de que d'autres avaient déjà dit avant moi.

Hmmmm. Il va falloir que je me méfie de ce que je dis. Je dois déjà passer pour un doux naïf pour certains "anciens"...

Mais ces anciens doivent savoir comme il n'est pas évient de trouver ce "rythme de croisière" dont je parle depuis plusieurs jours. En fait, il faut que je trouve mon style. Et ce n'est pas si facile lorsque d'autres vous ont précédé. Sans vouloir aucunement copier, il me semble qu'on s'inspire forcément un peu de ce qui nous plaît chez l'un ou l'autre.

Mais n'est-ce pas l'essence même de toute création? On invente jamais rien, on transpose, on mélange, on copie inconsciemment ce que l'on a vu chez d'autres. L'originalité venant de la façon dont on assemble touts ces sources d'inspiration.

***

 

Pour ceux qui (voila que je me remet à écrire pour mes lecteurs plus que pour moi...) voudraient savoir où j'en suis de... mes.... j'hésite.... Quel intérêt de raconter ma vie?

Je voulais parler de la suite de ma relation avec Inès, mais en fait si je n'en parle pas en ce moment, c'est que ça ne me pose pas de problème.

Enfin, bon, puisque j'ai commencé, je continue: Trés peu de contacts avec Inès en ce moment. Un ou deux mails par semaine, assez courts. Je ne parviens plus à trouver cette complicité que nous avions. Il y a bientôt un an que l'on s'est rencontré sur le Chat de wanadoo. Et plus de six mois que l'on ne s'est plus vus "en vrai".

Mon travail m'occupe beaucoup, c'est vrai, mais ce n'est pas la seule raison. Je n'ai plus cette soif de communiquer avec d'autres. A la fois parce que j'ai mesuré les limites de ce genre de relations (et surtout les risques), mais aussi parce que je ne suis plus en phase d'introspection auto-analytique. Et puis je crois que ce journal et les contacts épisodiques que j'ai avec des lecteurs, ou des diaristes que je lis, m'apportent suffisamment d'ouverture aux autres. Compte tenu du peu de temps dont je dispose, c'est largement assez pour occuper mes soirées.

Le fait que je ne sois pas célibataire, contrairement à pas mal de cyber-diaristes, ne me laisse que peu de temps libre. Vous comprendrez bien qu'avec des enfants et une tendre épouse je ne dispose pas de temps libre à volonté.

 

Bon, je vous dit tout ça, mais je ne suis pas vraiment satisfait. J'ai peur de paraître barbant à répeter un peu toujours les mêmes choses. Peut-être que je devrais prendre un rythme plus espacé?

Mais ce journal à pris beaucoup de place dans ma vie. Ce contact avec vous qui me lisez, même sans écho de votre part, me fait du bien. Maintenant l'écriture de ma chronique du jour fait partie de mes activités quotidiennes. Jamais je n'oublie d'écrire. Si je ne le fais pas, c'est parce que je renonce délibérément. Généralement parce que je n'ai matériellement pas le temps, ou que je choisis de passer ma soirée en famille.

Parfois j'écris dans la journée, mais plus généralement le soir. En tous cas... lorsque je suis seul. Il me faut être sûr de ne pas être dérangé, et encore moins coupé, sous peine de frustration.

***

Là, c'est moi qui me suis coupé tout seul. Je voulais écouter la radio qui recevait deux personnages que j'aime bien: Cabrel et Souchon (vous les connaissez au Québec?). Deux hommes qui restent simples même s'ils sont trés connus et appréciés d'un large public. Peut-être pour leur discrétion justement?

Un peu plus agés que moi, ils sont de ma génération. Avec des chansons qui parlent de la vie de tous les jours, qui abordent aussi des sujets de société, avec des paroles qui ont une signification.

Et en plus, j'ai entendu "le baiser" de Souchon. J'adoooore cette chanson.

Voila, vous en saurez un peu plus sur mes goûts.

 


Vendredi 3 novembre 2000

Droit dans le mur!

 

Je suis passé hier sur le site de Frannie. Un nouveau journal était né! Parcourant les dernières entrées, j'ai lu que Frannie venait d'avouer à ses lecteurs qu'elle avait "arrangé" un peu la vérité. Simultanément, elle cessait son journal pour en créer un autre.

Pour préserver son anonymat au départ, elle avait changé quelques détails de sa vie pour ne pas risquer d'être reconnue. Pendant quelques instants je suis resté un peu surpris. On fait entièrement confiance au diariste et il est difficile d'imaginer qu'il/elle puisse mentir, même s'il y a eu des exemples bien connus.

Aprés plusieurs mois, elle a préféré dire la vérité.

J'ai compris sa façon de faire, et surtout son malaise croissant avec cette supercherie qui durait. Je crois qu'elle a choisi la bonne solution.

C'est vrai qu'il serait si facile de mentir, de s'inventer une vie, une identité. L'exercice peut être interessant... mais trés éloigné du journal. Et puis il me semble que de d'abuser de la crédulité, de la confiance des lecteurs ne doit pas être trés facile à vivre. Frannie nous l'a montré, alors même que ce n'était pas son but.

***

 

J'ai entendu aux infos ce matin qu'un rassemblement de climatologues se réunissait en ce moment. Les conclusions des dernières extrapolations sont plutôt alarmantes. Il semble que les prévisions faites il y a cinq ans aient été sous-estimées... C'est vachement rassurant!!!

Au lieu de 2 degrés de plus de température moyenne en un siècle, ce serait plutôt 6 degrés! Montée des océans de 15 à 80 cm, fonte des calottes glaciaires et des glaciers de montagne, réchauffement de certaines surfaces (p. ex. Québec) et refoidissement d'autres (p. ex. France). La température moyenne des océans se réchauffant, non seulement fait augmenter leur volume, mais en plus modifierait ou supprimerait certains courants (Gulf stream).

Voila ce qu'on disait ce matin, qu'on nous ressort régulièrement comme une brève anecdotique au milieu d'informations diverses. Un entrefilet... guère plus important que la météo du week-end.

Je suis vraiment surpris du peu de cas que l'on fait de ces phénomènes hautement inquiétants. On ne parle que de l'immédiat, du court terme. En ce moment, le chapitre "écologie" est occupé par le naufrage de ce "chimiquier" (j'ai appris un mot). Grave, certes, surtout pour les riverains, mais qu'est-ce donc à l'échelle de la planète?

Notre ministre de l'environnement avait déjà dit, lors du naufrage de l'Erika en début d'année, que "ce n'est pas une catastrophe écologique majeure, au moment où il y a 25000 morts en Amérique centrale". Huées et levées de bouclier, scandale!!!

Ben non, elle avait raison notre ministre. On ne voit pas plus loin que le bout de notre nez. C'était bien une catastrophe écologique, mais locale (même si c'était sur 400 km de côtes). Ah oui, mais la pêche, le tourisme... ça c'était grave. Oui, je sais bien. Mais il s'en passe des choses, autrement plus graves et dont on parle si peu.

Comme ce fameux réchauffement de la terre contre lequel on ne fait strictement rien.

C'est un peu comme si la maison prenait feu et qu'on ne se préoccupait que de la solidité de la chaise sur laquelle on est assis. D'autres on dit "on est comme sur un bateau fonçant sur une falaise dont le capitaine se contenterait de constater la présence droit devant, sans réduire la vitesse ni changer de cap". Voila des années qu'on en parle, et rien ne bouge.

Au contraire, que le pétrole augmente, et tout le monde rouspète parce que c'est trop cher. Mais qui a l'idée de rouler moins? Qui propose de réduire les transports de marchandises d'un coin à l'autre de l'Europe?

Aaaah! Pas touche à l'emploi, pas touche aux lobbies. On ne touche à rien, c'est plus sûr!

Bon, je ne vais pas me lancer la dedans, parce que ce serait sans fin. Et en plus, c'est absolument inutile...

"On avance, on avance, on avance
c'est une évidence,
on a pas assez d'essence
pour faire la route dans l'autre sens
On avance"
(A. Souchon)
 
 
Alors continuons... droit dans le mur!


 

Samedi 4 novembre 2000

La vérité du virtuel

 

Seul, ce soir...

Avec le trés grand plaisir de m'installer devant cet écran. Je sais que je vais passer un moment (j'allais dire "avec vous")... je vais passer un moment seul à seul avec moi même, face à votre regard supposé.

Les idées s'embrouillent dans ma tête, parce que je ne sais pas bien par quoi commencer. Je lis toujours "Cher écran..."  et ce livre suscite de nombreuses réaction en moi. Je lisais ce qu'écrivait MöngôlO il y a juste un an, justement au sujet de l'écriture en ligne.

Et je me dis vraiment qu'il a trés bien décrit ce que je ressens. Qu'ajouter de plus alors? quelques détails insignifiants?

Par contre, j'ai eu une drôle d'impression en lisant son journal, transcrit sur papier. Je ne le lisais pas comme je lis sur internet. Le fait que ce soit imprimé donnait, à mon avis, plus de poids que ce qu'on lit sur une chronique en ligne. Comme si le livre avait un certain statut, une autorité dans le domaine qu'il aborde.

Et puis il perdait de l'intimité que je ressens en lisant un diariste du web. Il y a une sorte de tête à tête entre l'écrivant et le lecteur sur internet. Un peu comme si ces confidences étaient murmurées, adressées personnelemnt à nous, ou du moins à un petit cercle de lecteurs. Un groupe d"initiés", de privilégiés. Et ce d'autant plus si on correspond occasionnelement avec l'écrivant (que MöngôlO appelle "écriveur").

Au contraire, le livre perd ce coté intimiste. Il est édité à des milliers d'exemplaires, il a été lu et relu au stade de l'édition, puis par des journalistes, enfin par des lecteurs forcément nombreux. Alors on ne se sent être qu'un parmi les autres. Le propos perd de sa préciosité (mais pas de son importance), parce qu'il est largement divulgué (ce qui est par ailleurs une trés bonne chose).

Est-ce parce que c'est la première fois que je lis un livre dont je "connais" autant les acteurs? Les liens épisodiques que j'ai pu avoir avec eux semblent banalisés parce que je constate qu'ils existent, ou existeront avec de nombreux autres lecteurs. En fait, il y a un coté "prestige" à échanger avec des gens connus. Tout d'un coup on se sent digne d'interêt parce qu'ils répondent à un mail et qu'un petit échange s'instaure. Je me dis que si des gens "reconnus" et appréciés me répondent, c'est que mes propos ne sont pas trop stupides.

Un jour, j'avais écrit à une écrivain(e) qui venait de recevoir un prix littéraire. Je lui transmettais mon émotion en entendant ce qu'elle disait, interviewée longuement dans une émission à la radio (c'était une période ou j'étais en pleine crise d'écriture dévorante). Je ne m'attendais pas à avoir de réponse et le précisais même à la fin de mon courrier. De façon inattendue (mais espérée!) cette jeune femme me répondit une fort belle lettre, disant que la mienne était un cadeau qu'elle conserverait comme porte-bonheur. Vous imaginez ma joie! Recevoir une lettre manuscrite, longue, et avec une telle appréciation!!!

Ce jour là, j'ai pris un peu plus confiance en moi, en ma capacité à décrire mes idées et mes sensations. Qu'une telle personne et les compétences qu'elle représentait ait été touchée par mes mots à été quelque chose de trés fort qui m'a encouragé à persévérer dans l'écriture.

Je n'ai pas poursuivi la correspondance, ayant bien trop peur de géner et de m'imposer...

 

Tout ça pour dire que l'echo que l'on reçoit d'un lecteur à beaucoup d'importance. D'autant plus que cette personne est estimée, que ce soit pour ses compétences, sa sensibilité, ou simplement les idées qu'elle développe.

***

 

Un autre sujet que j'avais envie d'aborder: l'opposition réel/virtuel.

On sent bien souvent que passer trop de temps dans le monde "virtuel" d'internet est assez mal perçu par... ceux qui ne le connaissent pas. C'est à dire encore la plupart des gens. Cela dit sans aucun mépris de ma part: si mon métier ne m'avait pas attiré là, je pense que je ferais partie de cette immense majorité qui ne voit pas l'interêt de ce nouveau moyen de communication. Je suis même persuadé que j'aurais des réticences... et un certain mépris pour les gens qui sont attirés par cette illusion à la mode.

Dois-je préciser que je n'ai pas encore de téléphone portable? (pour vous indiquer mon refus de foncer illico vers chaque nouveauté -mais je vais bientôt franchir le pas, rassurez-vous).

Donc, il m'apparaît (et je ne suis pas le seul), que ce monde dit "virtuel" à des accents de "vérité" bien troublants.

Les journaux que nous tenons ont, il me semble, un coté "plus vrai que vrai". Je veux dire par là qu'ils nous permettent d'être davantage nous-mêmes que nous ne le sommes "réellement". Je suis certain de m'exprimer ici avec beaucoup plus de franchise que je ne le fais face à des gens. Je suis donc plus "vrai" ici.

Mais dans la réalité, qui est la "vraie" vie, qui suis-je alors? Et bien je suis aussi vrai.

Double vérité donc? Laquelle est la bonne? On pourrait tout aussi bien dire que la vraie vie n'est que virtuelle puisque nous ne laissons pas sortir ce qu'il y a de plus profond.

Ce que je veux dire, c'est que ces mots n'ont aucun sens. Tout dépend de quel coté on se place. Cette règle est universelle d'ailleurs... La vérité est relative, non pas fixe, ni intangible ou immuable. Autant il paraîtrait vain et provocant de dire "la vérité est sur internet", autant il est stupide de dire "internet n'est que du virtuel".

La vérité est en nous. Chacun à sa vérité et sa façon de l'exprimer. Pour les diaristes, le net est un moyen de se découvrir, de chercher notre vérité intérieure en explorant nos pensées, en nous nourissant de celles des autres. L'aventure intérieure est pour moi la seule qui vaille. Alors, quels que soient les moyens utilisés, c'est cet objectif qui compte. certains toucheront la perfection et la plénitude par la musique, pour d'autres ce sera le sport, la littérature, la psychanalyse ou le yoga, le shia-tsu ou la sophrologie... Pour moi (et bien d'autres...) c'est l'écriture. Pas uniquement, mais pour une part importante.

 


4 novembre (suite)

 

Mon texte étant déjà transféré, je rajoute ici mes pensées du soir. Aprés mon surf sur les divers journaux en ligne...

Je n'aime pas beaucoup le week-end pour ça. C'est assez calme coté mises à jour! En fait, ça paraît même un peu mort tout ça...

C'est curieux comme certaines périodes sont actives, avec une forte participation aux forums, des entrées longues et régulières, des mails. Et puis d'autres moments trés calmes. C'est le cas en ce moment. Et je dois dire que ça crée une sorte de malaise pour moi. Quels sont les liens qui existent sur internet?

Je crois que j'ai tendance à... idéaliser (pas étonnant, me direz vous) la nature de ces rapports. En fait chacun fait comme il l'entend, ce qui est bien normal, et peut s'effacer lorsque son inspiration fait défaut. On ne devrait pas s'attacher, même de façon minime, à des gens qui ne sont là que pour partager une période de leur vie avec des lecteurs.

Autant internet me paraît trés vivant lorsque chacun s'exprime, mais parle aussi des autres diaristes, créant ainsi la "communauté des diaristes" chère à MöngôlO, autant toute cette micro-société me semble parfois tenir du mirage. C'est souvent cette impression que j'ai les week-end.

Communauté de diaristes... MöngôlO perd espoir de la voir exister. En lisant les derniers numéros de Jmag, il annonce clairement que son initiative pourrait bien disparaitre ce mois-ci. Nous sommes le 4 et pas de nouveau Jmag... Pourtant, je suis assez tenté, mais faute de temps je n'y ai participé qu'une seule fois.

Il semble qu'une majorité des diaristes ne tienne pas à faire partie d'un groupe. Ils ne se sentent pas concernés. Chacun son journal dans son coin. Après tout, c'est leur droit... Il est possible que mon engouement soit dû à mon entrée encore récente dans ce milieu. Peut-être que mon âge joue aussi un rôle? Moins individualiste?


Dimanche 5 novembre

Identité masculine

 

 

Matinée superbement ensoleillée... mais j'ai envie d'écrire un peu.

J'ai fait un rêve cette nuit. Il est rare que je me souvienne d'avoir rêvé, et encore plus que leur contenu persiste.

J'étais chez mes parents, avec mes frère et soeurs. Mon père passait alors, l'air complètement défait: ma mère venait de lui dire qu'elle ne voulait plus de lui. Il ne savait plus où aller et je savais que cette nouvelle le détruisait. Ma mère est tout pour lui, même s'il n'en est pas tellement reconnaissant dans la façon dont il se comporte avec elle.

Alors je lui parlais, tentant de lui redonner un peu de courage. A un moment donné, un peu rassuré, il alla se laver les mains (?) et je vis, par derrière, son sexe en berne qui dépassait, alors qu'il était habillé en haut.

Voila ce dont je me souviens. Que puis-je retirer de ce message de mon inconscient?

Il m'est rapidement venu en tête une comparaison avec moi et la dépendance que j'ai longtemps gardé vis à vis de Charlotte. Moi aussi je lui disais que sans elle je ne serais rien (lourde responsabilité que je faisais peser sur elle!). Mais je crois que c'est fini depuis 3 ou 4 ans. Si Charlotte compte toujours énormément dans ma vie, je sens que j'ai pris une certaine autonomie. Si, pour une raison ou une autre, nous étions séparés l'un de l'autre, je n'en souffrirais pas au point d'être "cassé". La tristesse serait là, mais sans le désarroi, sans me dire "mais que vais-je faire sans elle".

Ce changement s'est fait lorsque j'ai du renoncer à Laura. Tout le travail d'abandon, puis de deuil de cet amour, j'ai du le faire seul. J'ai vraiment pris mon autonomie à ce moment là, parce que je devais revenir un passé dont j'étais le seul responsable, et qui n'embêtait que moi. C'était MON histoire.

Cette prise d'autonomie s'est poursuivie lors de mes "aventures" sur le chat, notamment lors des rencontres avec Inès. Parce que j'avais osé suivre mes envies, osant séparer ma vie de celle de Charlotte. Depuis, je me sens libre au sein de notre couple, alors que dans les actes rien n'a changé. Sauf peut-être que j'ose davantage lui dire lorsque je n'ai pas envie de la suivre quelque part. J'ose un peu plus m'affirmer sans craindre de la décevoir et, au delà, de la perdre.

J'ai enfin renoncé à l'utopie de la fusion du couple...

 

Puisque j'ai commencé cette entrée avec un rêve, je voudrais revenir sur un rêve du même type, fait il y a quelques semaines.

J'apprenais que mon père venait de mourir. Je m'effondrais alors en comprenant que je ne pourrais jamais lui dire tout ce que j'avais sur le coeur. Pas les mauvaises choses, puisque je les lui ai déjà dites, mais plutôt les douceurs.

Voila quelques années que je découvre que mon père, qui m'a tant fait souffrir étant jeune, ne l'a fait que parce qu'il transmettait sa propre souffrance. Alors tout ce que j'ai pu lui dire, tous les reproches que j'ai pu lui faire, je voudrais qu'il sache que je lui pardonne.

Mais s'il est difficile d'accabler, donc affaiblir, son père sur ce qu'il a raté, je vous assure qu'il est extrêmement malaisé de lui dire qu'on lui pardonne ses faiblesses, ses souffrances, et... qu'on l'aime.

D'autant plus que ce genre de sentiments, c'est exactement ce que mon père ne laissait jamais filtrer de lui. Pendant 30 ans, au moins, j'étais persuadé que mon père n'avait aucune sentimentalité. Jamais je ne l'ai entendu en exprimer, jamais il n'a dit a ses enfants qu'il nous aimait, même de façon détournée. Sa façon de nous aimer, c'était tout faire pour nous (ce qui est déjà considérable), mais seulement sur le plan matériel. Nous avons reçu une éducation que je trouve exemplaire (et que je transmets assez fidèlement à mes enfants). Je n'ai manqué de rien dans la vie, ni financièrement (même si certains mois subissaient quelques restrictions), ni au niveau épanouissement artistique (dessin, piano), ni culturellement (livres à profusion, voyages à l'étranger). Ce qui fait que j'aurais pu devenir quelqu'un d'assez épanoui, lucide et bien dans sa peau.

J'avais les potentialités pour l'être... il ne manquait qu'une seule chose: le coté affectif. Privé de ce coté, peut-être particulièremet sensible chez moi, les autres capacités sont restées inhibées, bloquées à l'intérieur de moi.

Oui, j'avais certaines connaissances, oui, j'ai une certaine capacité à comprendre le monde, oui je crois être assez tolérant et ouvert à l'échange. Mais je suis (j'étais?) privé d'une chose essentielle: le moyen de communiquer mes émotions.

Emotions interdites, comme papa! Pourtant j'ai trés vite compris que je n'étais fait que d'émotions, mais je l'ai pris comme une tare. Je n'étais pas comme il faut être. Je n'étais pas comme mon père. Je n'étais pas un homme!

Pour comprendre ça, il m'a fallu attendre l'age de 35 ans, et l'appui d'une psychothérapie. Pour l'assimiler, il m'a encore fallu quelques années. Auparavant, c'était un grand malaise sur mon identité masculine. Non pas que j'ai eu des doutes sur mon appartenance au sexe masculin, mais parce que j'avais l'impression d'avoir une sensibilité féminine. Je me reconnaissais bien plus dans la façon de penser des femmes (ma mère) que celle des hommes (mon père). Mais ma sexualité était bien masculine... quoique... plutôt "castrée". Les femmes m'ont toujours attiré, mais la sexualité restait quelque chose de trés lointain et quelque peu abstrait. Je rêvais de partager mes pensées, mon amour, avec une femme mais je percevais la sexualité comme un reliquat de mon instinct mâle. Donc quelque chose d'assez tabou.

Les choses ont assez peu évolué dans ce domaine...

Ce sera le chantier introspectif des années à venir. Parce que si les idées sont entrain de changer, le passage au physique est encore loin d'être satisfaisant. La libido est là, inaccessible facilement, mais que je sens bien vivante. A moi de la laisser venir, s'installer au grand jour dans mes pensées.

Si je vous disais que mes rêves érotiques je les compte sur les doigts d'une main! Et encore, je crois qu'une seule fois j'ai revé que je faisais l'amour. Ou alors ces rêves sont restés bloqués dans les étoiles de mon inconscient: aucun souvenir au réveil. Rien que ce constat me montre que j'ai un problème certain avec l'acceptation de ma sexualité physique.

Chaque femme dont je suis tombé amoureux, depuis mes 15 ans, n'éveillait en moi que des entiment "purs". J'entends par là: non sexuels. Même si je savais bien comment se terminent en général les relation amoureuses, j'en restais à imaginer une relation de tendresse. Je ne me suis jamais reconnu dans la représentation habituelle de l'homme "préssé de conclure", ou avec "une seule idée derrière la tête". D'ailleurs, le fait de ne pas ressentir ça accentuait mes doutes sur mon indentité masculine. C'était plutôt le besoin de tendresse, les paroles, la naissance d'une confiance partagée, qualifiés d'attentes féminines, qui me ressemblaient le plus.

Je me demande parfois comment je n'ai pas été attiré par l'homosexualité. Mais je dois dire que cette idée ne m'était jamais venue en tête avant que mon psy (homme) ne me le demande. Ma réponse à été immédiate et sans ambiguité. C'est un peu plus tard que j'ai réfléchi a cette question. Mais non, vraiment, jamais cela n'a été dans ma tête. Et pas par tabou ni honte, parce que je respecte tout à fait cette forme de sexualité, même si javoue avoir du mal à imaginer le coté sexuel...

En même temps, j'ai essayé d'imaginer ce coté homosexuel, aprés la question du psy. Mais je sens que je fais un blocage: penser qu'un homme puisse me toucher... idées immédiatement balayées, refoulées. Au point que je finis par me demander ce qu'est l'homosexualité et l'image que l'on en a couramment dans nos sociétés.

Autant l'homosexualité féminine ne me pose aucun problème (et attirerait plutôt mon coté voyeur masculin...), autant l'homosexualité masculine me donne une impression de malaise. Je sans bien que je ne suis pas trés clair la dessus.

Dites-donc, mes lecteurs!!! Voila que je livre mes tourments profonds en direct, sans aucun filtre! Je mets ici des mots qui ne sont jamais sortis de ma pensée... que je ne savais même pas être dans mes pensées!

Le rôle psychanalytique du journal on line aurait-il des effets particuliers? Ecrire ici ce que je ne me suis jamais autoriser à penser, alors que je vais mettre en ligne ce texte?

Ben oui, finalement! Puisque ces pensées sont dans ma tête, pourquoi ne pas les sortir? peut-être que d'autres se posent ces questions, ou s'en poseront (parce que j'avoue que ça ne m'a jamais vraiment tracassé!).

 

***

Trés belle journée d'automne aujourd'hui, avec un petit air d'hiver. Soleil radieux, mais air trés pur et vif. Ce matin le givre avait fait sa première apparition.

J'ai rangé du bois, derrière la maison, pour qu'il soit facilement disponible cet hiver. De temps en temps nous commençons à chauffer en allumant le poële.

Ce soir, le vent s'est levé et souffle assez fort maintenant.


 

Mardi 7 novembre 2000

Vivant, internet??

 

Le contact avec les autres me manque...

Je ne sais pas si c'est moi qui suis devenu plus "gourmand" ou si les échanges diminuent (pour quelle raison?), mais je ne retrouve plus cette impression de vie qui m'avait étonné il y a quelques mois.

- Les forums auxquels je participe sont calmes, trés calmes. Finies les discussions enflammées, les longues argumentations.

- Le chat m'est impossible d'accès suite à une mauvaise manip' de ma part qui a effacé un fichier Java.

- Les messages sont inexistants

- Et même les diaristes me semblent en période un peu léthargique.

 

Est-ce moi qui n'ait plus la même perception des choses? Ou alors qui attendait un certain regain d'activité? Je dois dire que je pensais que le bouquin de Lejeune éveillerait quelques commentaires, mais rien. Pas plus que la suspension du Jmag. On dirait que ça ne touche personne. Seule Liloo a longuement parlé du bouquin. Il faut dire que le passage la concernant avait de quoi la faire réagir un peu, même si le chapître suivant montrait quelques regrets de la part de l'auteur. D'ailleurs Liloo à trés bien pris la chose, ce qui montre qu'elle n'a pas une susceptibilité mal placée.

Bon, je ne devrais rien dire si ça ne bouge pas, puisque moi-même je n'ai lancé aucune perche sur le sujet. Je comptais sans doute sur quelqu'un qui serait plus grande gueule que moi.

En fait, si j'ai des choses à dire... je n'ai qu'à le faire!

 

Et pour commencer, je place juste là en dessous un petit lien pour permettre l'expression de vos pensées... Parce que je constate souvent, en lisant les autres, que je ferais volontiers un petit commentaire. Mais si je clique, c'est ma boite Outlook qui s'ouvre, avec mon adresse identifiable. Alors je referme, et je note l'adresse en attendant d'aller sur ma boite Multimania. Puis je continue mes lectures, je navigue un peu... et j'oublie ce que j'avais à dire. Ou j'oublie d'écrire. Ou j'oublie (alzheimer!!) le sujet qui m'avait plû.

Donc, désormais, ce lien permet un accés direct.

 


Un petit commentaire? C'est ici

 


Jeudi 9 novembre 2000

Il y a des jours comme ça...

 

Voila que j'écris un peu moins souvent. C'est pas forcément que je n'ai rien à dire. Plutôt un manque de temps.

J'ai regardé plusieurs fois la télé ces derniers soirs. Hier c'était un téléfilm dont le sujet concernait les avoirs Juifs spoliés par les banques Suisses. J'ai toujours envie de m'informer sur ces petites ou grandes lachetés humaines qui trouvent libre cours durant les guerres.

Sans doute parce que je m'interroge sur le rôle que j'aurais peu avoir à ce moment-là. De quel coté aurais-je été? Sans doute j'aurais choisi le chemin peu glorieux du silence... comme la plupart des gens. Mais je sens aussi en moi la révolte contre l'injustice. Qu'en serait-il sorti, avec la peur comme frein?

Ce soir, dans la même veine, un sujet sur les déserteurs pendant la guerre d'Algérie. Par conviction, par refus de cautionner la torture, ils ont choisi de refuser d'obéir. Aurais-je eu ce courage? Comment ces jeunes ont-il supporté de vivre en tentant d'oublier les cris des tortures pratiquées par les leurs? Lorsqu'on les entend parler, quarante ans plus tard, cette libération par la parole s'étouffe souvent en pleurs.

Cette sale guerre, on en a trés peu parlé. D'ailleurs, on ne l'appelalit pas "guerre", mais "opérations de maintien de l'ordre". Mon père l'a faite, mais comme les autres, il n'en a jamais parlé. Comme tous ceux qui ont fait n'importe quelle guerre!

Une phrase entendue m'a particulièrement touché: "A la guerre on perd toujours quelque chose... parfois seulement la vie".

Il y a quelques jours je parlais de "Warriors" qui abordait le sujet de la Bosnie en suivant la vie d'un petit groupe d'hommes. C'est beaucoup plus marquant de s'identifier que de suivre un film de guerre traditionnel. Quand on suit des hommes, qu'on sent leurs émotions, leur peur, leur révolte, leur horreur, leur honte... alors on se pose des questions sur notre propre approche de la guerre.

Qu'aurais-je fait, moi, à leur place???????????

 

Bon, je suis un peu tragique là. Pourquoi je pars sur des sujets pareils? Et dire qu'on perçoit parfois les diaristes comme "nombrilistes"! Belle connerie, ouais.

Je m'énerve un peu là. En ce moment il y a plein de sujets qui me mettent dans un état pas trop orienté vers l'introspection. C'est certainement pour ça que j'écris moins. Entre ces sujets de guerre ("Warriors" m'a marqué plus que je ne croyais), ces histoires de violence dans la société (émission sur les couloirs de la mort aux USA, hier à la radio), cette vache folle qui envahit nos assiettes, ces bateaux qui polluent et tout le système du profit dont ils font partie... il y a de quoi se poser des questions et oublier un peu sa petite vie de nanti.

J'en ai marre de cet égoïsme triomphant, de cette l'intolérance, du manque de respect de certains, du chacun-pour-soi-et-moi-d'abord. J'en ai marre du comportement de mouton de plein de gens (la phobie de la vache folle en France en ce moment) qui s'affollent... alors que le tabac tue 60000 personnes par an, les accidents 8000 et la vache folle... euh... zéro? Comportement incohérent, irréfléchi, rejet de la faute sur les autres, les agriculteurs, le gouvernement... et pourquoi pas le Pape?

Bon, vous qui me lisez n'allez rien comprendre à ce que je dis. Il faudrait que j'explique pourquoi je dis ça, que je justifie, que j'argumente. Pfff... trop long! Et puis ceci est un journal, par un article explicatif.

Tiens, j'aimerais bien être journaliste. C'est plaisant comme métier de raconter un truc sur lequel on a enquêté. Si on le fait sérieusement évidemment... ce qui n'est pas toujours le cas. C'est marrant comme lorsqu'on maîtrise bien un sujet on remarque les approximations de certains journalistes. Ca fait réfléchir sur ce qu'on lit lorsqu'au contraire on ne connaît pas trop. Méfiance...

Je sais pas si vous avez remarqué, mais j'essaie de ne pas dire "les" à la place de "des". Je suis agacé par cette amalgame systématique. Si je dis "les journalistes", ça signifie que tous sont inclus dans mon propos. Si je dis "des journalistes", il y a une différenciation. Et ça fait toute la différence. Là, je ne pouvais pas eviter les "des", alors j'ai écrit "de certains".

Essayez avec des phrases courantes telles que "les hommes politiques sont corrompus", "les Américains sont pour la peine de mort", "les enfants se gavent de macdo et de frites", "les Français sont des cons", etc... On constate comme cette simplification est idiote. Alors qu'avec "des", ça passe bien mieux.

 

Bon, je me demande bien pourquoi je raconte tout ça ce soir. Bah, il y a des jours comme ça...

 


  Lundi 13 novembre 2000

 Rêves et tabous

 

Je ne me souviens que rarement de mes rêves. Pourtant, depuis quelques mois, je constate de plus en plus souvent que j'en garde une trace. Cela a commencé il y a plusieurs années, lorsque je me suis surpris à rêver de façon trés réaliste à des rencontres avec Laura. Ces rêves me marquaient à un point tel, que je devais faire un effort pour me persuader que ce n'était que mon imaginaire qui se rappelait à moi. En général, je gardais le rêve en mémoire toute la journée, comme si j'avais vraiment rencontré Laura dans la nuit. Parfois cette impression persistait encore un ou deux jours plus tard.

C'est, je crois, la force de ces rêves qui m'a encouragé à tenter de régler cette histoire inachevée. Et alors que je pataugeais lorsque je ne parvenais pas à obtenir son écoute bienveillante, c'est toujours un nouveau rêve qui déclenchait une prise d'initiative. C'est à dire la rédaction d'une lettre, ou un coup de téléphone.

Je peux donc dire que mes rêves ont agi sur la réalité, en me poussant à agir. J'ai compris (à tort ou à raison), que ces rêves si pregnants signifiaient que j'avais des choses à régler avec mon inconscient. Et c'est ce que j'ai fait.

Depuis que tout est terminé, je ne crois plus avoir rêvé à Laura

 

Alors maintenant, que dois-je interpréter des rêves que je fais parfois? Sont-ce des messages de l'inconscient, comme le pensait Freud? Drôle d'inconscient alors...

Voici mes rêves du matin, juste avant le reveil:

Dans le premier, j'étais en présence d'une charmante et jolie jeune fille. Je me souviens trés bien de son débardeur moulant couleur kaki. Elle était tout a fait désirable, avec un corps, pour ce que j'en voyais, parfait. Trés jolis seins... Y'a t-il eu échanges de regards? il me semble que oui. J'ai oublié tous les détails, mais je me souviens trés bien que mon fils (15 ans) alla avec elle. Elle pouvait avoir 18 ans.

Je compris qu'elle plaisait à mon fils, et admis qu'elle était bien plus proche de lui que de moi. Mais un peu plus tard, cette jeune fille venait près de moi, son corps frôlant le mien. Perte des détails... mais mes pensées du moment restent. Je ne souhaitais pas que mon fils soit jaloux, parce que le désir que je ressentais pour cette fille, et qu'elle semblait ressentir pour moi, n'était , justement, que du désir. Aucun sentiment amoureux. Juste une envie de partager une attirance.

Second rêve: J'étais en voiture et passais prendre un groupe d'amis, dont ma soeur et mon frère. Mais surtout il y avait Zoé, mon second amour d'adolescence, la seule que je vois encore. La musique était celle d'une cassette enregistrée, et je savais que quelques morceaux plus loin alait venir un air mélancolique trés cher à Zoé. Je l'avais enregistré, à l'époque, en sachant que c'était son préféré. Une façon de "toucher" à son univers. Mais là, c'était un hasard que ce soit cette cassette, et je me disais que Zoé pourrait penserait que j'avais fait exprés pour la "séduire"...

Troisième rêve: Nous étions invités, avec Charlotte, à manger chez ses parents. En arrivant, je faisais la bise à ma belle-mère et, par hasard, erreur, nous nous trouvions bouche-à-bouche. Donc le bisou dura une fraction de temps de plus que nécessaire et s'effectua très prés des lèvres. A ce moment là, son mari qui était en face, commença à être bougon, puis à pleurer comme un enfant parce que des choses comme ça,"ça ne se faisait pas". Je lui expliquais que c'était involontaire.

Présente à table, il y avait la belle jeune fille du premier rêve...

Je ne peux pas vraiment dire que ma belle-mère m'attire!!! N'empêche que ce geste avait quelque chose de pas désagréable. Pour la première fois je la percevais en tant que femme, donc potentiellement attirante...

Ces mots me surprennent de ma part!

 

Que déduire de tout cela??? La première idée que j'en ai, c'est que mes inhibitions sur l'amour unique, fidèle et absolu se lèvent. Je ne crains plus l'attirance que les autres femmes peuvent exercer sur moi, cela ne remet rien en cause de mon amour pour Charlotte. Mes conception étriquées s'ouvrent largement à la fantaisie.

Je fais désormais une nette séparation entre :

- l'Amour, c'est à dire le désir de partager/offrir sa vie avec une personne privilégiée, et pour une durée variable selon les individus (toute la vie, selon une idée majoritairement entendue).

- et l'attirance mutuelle, qui fait que l'on a envie de partager des moments intimes, mais de façon ponctuelle, sans notion de durée. Un désir-éclair, sans aucune notion d'engagement.

Il y a encore trés peu de temps, il m'était absolument impossible de comprendre cette idée. Pour moi il n'y avait que l'Amour avec son A majuscule. Tout le reste n'était que plaisir immédiat, peur de s'engager, signe d'immaturité affective... C'est ma volonté de tolérance qui freinait mes envies de juger sévèrement les gens qui vivaient dans cette idée. Maintenant, j'aurais plutôt tendance à penser que c'est: soit un choix de vie mûrement réfléchi (et c'est tant mieux), soit que la personne n'a jamais rencontré "l'âme soeur" (ce qui est nettement plus triste).

Deuxième élément de réflexion: bizarre cet amalgame avec mon fils, d'une part, et ma belle-mère, d'autre part. Serait-ce un signe que mon inconscient voudrait abolir tous les tabous? Ou plutôt qu'en m'orientant vers des tabous, il me permet d'affronter ce qui me semblerait le plus impossible? Je veux dire qu'en envisageant le "pire", je peux me permettre d'avancer dans des actes nettement moins intolérables.

***

 

A propos de tabous...

Il en est un que je n'ose pas évoquer ici depuis un bon bout de temps. J'ai peur qu'il soit mal compris. J'ai même envisagé que mon cas soit signalé comme potentiellement dangereux. Je me fais sans doute du cinéma, mais je sais que des gens s'inquiètent trés vite parfois et s'enferment dans une idée dont ils ne démordent plus.

Bon, alors les esprits tordus, vous pouvez aller lire ailleurs...

Tout à commencé avec ma nièce. Petit bébé que j'ai vu grandir, petite fille qui jouait avec mes enfants.

Un jour, mon regard à changé: cette petite fille devenait femme. Je vous arrête tout de suite: mes barrières mentales sont assez solides!! Mais je me suis posé des questions sur ce qui faisait qu'à un certain âge, certaines formes faisaient changer ce regard. Il me semblait que notre éducation, nos barrières internes étaient tellement fortes que jamais ce genre de situation ne pouvait arriver. Il me semblait, naïvement, que l'inconscient mettait tout en oeuvre pour inhiber totalement l'attirance sexuelle avec des personnes avec lesquelles ça ne doit pas exister. Je savais bien que des histoires de tonton-pervers existent, mais je les voyais comme des graves anomalies du comportement.

Bon, inutile de vous dire que mon comportement n'a pas changé. Sauf peut-être que j'ai plus de plaisir à discuter avec elle... mais aussi une certaine gêne.

C'est lorsque je l'ai vue en maillot de bain en vacances que j'ai dû "domestiquer" mon esprit, et lui apprendre à faire une coupure entre attirance normale, plaisir à regarder un corps superbe, et... appartenance familiale. Je devais me permettre de la regarder (pas facile de dompter le regard!) sans me sentir trés mal à l'aise de le faire. Il y avait d'un coté ma petite nièce, et de l'autre un corps attirant.

Eh, attention!! "attirant" mais mentalement! Comme l'est celui de chaque femme plus ou moins désirable que je peux rencontrer. Passer à l'acte, le plus infime soit-il, est totalement autre chose.

En ces temps de pédophilie, je me méfie de réactions exacerbées de mes lecteurs inconnus.

Mais le pire est à venir, lecteurs aux désirs refoulés!!!!!! hé hé hé!!!

Ma fille.

Depuis qu'elle est toute petite, je me suis toujours demandé comment aller évoluer mon regard de père aimant (amour paternel) lorsqu'elle deviendrait femme. Je devinais bien, surtout avec ce que j'avais constaté avec ma nièce, qu'il se passerait quelque chose dans ma tête pour établir des barrières.

L'an dernier (est-ce pour m'y préparer?) j'ai lu une histoire d'inceste, racontée pas la victime. Abominable!!! J'ai su que ça existait bien avant d'être père, et je me demandais ce qui pouvait passer par la tête des types qui font çà. C'est peut-être parce que j'ai su que ça existait que je me suis posé aussi tôt autant de questions?

Or donc, nous y voila! Ma fille, bientôt quatorze ans, change (assez tardivement). Encore "petite fille" malgré ses 1,65 m, mais se transformant de façon de plus en plus visible: hanches marqués, seins qui pointent, jambes longues. Je sais qu'à mon regard de père s'ajoute un regard de mâle, génétiquement programmé pour ressentir une attirance à la vue de ces caractères sexués. Je sais aussi que je suis programmé pour qu'une barrière se mette en place. Ne serait-ce que le désir de protection de tout ce qui pourrait nuire à ma fille.

Donc raccrochez le téléphone, inutile d'appeller "sos-inceste".

C'est curieux comme on peut craindre un climat de suspicion tel, que le simple fait d'aborder ce sujet peut paraître louche.

Ce que je veux exprimer, c'est qu'a travers ces phénomènes d'attirance qui apparaissent sur des personnes "intouchables", je peux mieux comprendre comment fonctionne ma propre attirance pour tout individu de sexe féminin. Et je constate que c'est en partie sur des critères seulement physiques: les formes féminines.

Nous n'avons aucun pouvoir sur ces attirances archaïques, animales. Dans notre cerveau, le mien comme le votre, ce sont certaines images qui déclenchent un "désir", généralement trés vite bloqué, voire violemment et inconsciemment refoulé.

Tout ce qui peut se passer ensuite est de l'ordre du conscient, qui accepte ou non de suivre les envies de l'inconscient. La société a établi des règles de vie en commun, plus ou moins accéptées par chacun. Ces règles aident notre conscience à trouver les "bons" chemins. Ceux que l'expérience de générations d'humains on peu à peu établis.

Ce que je ne sais pas, au sujet des relations incestueuses, c'est si elles existent dans la nature? Il me semble que non. pour une question de survie de l'espèce, le brassage génétique est indispensable. Mais comment les animaux évitent-ils de copuler entre membres d'une même lignée?

Est-ce que l'humain, seul, a osé franchir des limites contre nature? C'est bien possible... il a déjà franchi tant de limites...

 

J'ai relu trois fois ce texte avant de le mettre en ligne... D'habitude je ne me relis qu'au fur et a mesure, pour corriger les fautes d'orthographe flagrantes, mais jamais du début à la fin. Exceptionnellement, j'ai même rajouté quelques phrases pour éclaircir mon propos.

Vous constatez comme ma culpabilité est grande en abordant ce sujet! Mais je suis content de l'avoir fait. Je n'ai pas de raisons de censurer ce qui est présent dans mes idées. Si quelque chose devait être condamnable (et ce sujet ne l'est pas!) ce serait d'avoir les idées, pas de les exprimer, au contraire.

 


Mercredi 15 novembre 2000

 

Je ne voudrais pas laisser le texte précédent comme dernière impression trop longtemps.

Pourtant, je n'ai rien de particulier à écrire ici. Mon travail m'occupe beaucoup et mes disponibilités pour penser sont assez réduites. Ce matin, j'ai longtemps discuté avec Charlotte (heureusement que je ne suis pas salarié!). Je lui disais mon malaise actuel en pensant au monde dans lequel nous vivons, passé et présent.

Depuis quelques semaines, par un hasard de circonstances, j'entends souvent parler des actes de barbarie pratiqués par mes semblables: guerres récentes, actes de torture, camps de concentration... A chaque fois l'effet est le même, me plongeant dans une réfexion soutenue sur ce que nous sommes. Je ne sais pas bien pourquoi je me pose toutes ces questions.

Pfff! J'arrive même pas à en parler! Ce serait trop long de me lancer dans une explication de tout ce que je ressens. Ce matin, nous en avons parlé pendant au moins une heure, alors par écrit...! Et puis ce serait inutile de répéter ici ce que j'ai déja évoqué.

J'ai un peu des problèmes à suivre ce journal en ce moment. Manque de temps, manque d'inspiration...


 

Dimanche 19 novembre 2000

 

Voila la première photo de mon site.

Il s'agit des paysages de la région où je vis. Je dois dire que j'aime assez...

 

Si je mets cette photo, c'est pour inaugurer le nouveau matériel que je viens d'acquérir. Je viens d'acheter un nouveau pc, le mien étant un peu à bout de souffle ne me permettait pas d'installer un scanner. En ce moment je navigue entre les deux, puisque tous les logiciels ne sont pas transférés de l'un à l'autre.

C'est aussi ce qui explique un peu mon silence depuis quelques jours.

Mais pas seulement. Il y a aussi une sorte de "lassitude" à écrire jour aprés jour. Ou plutôt un manque d'inspiration. Ma vie est trés occupée en ce moment et je laisse un peu tomber le coté "vie intérieure". Finis les questionnements incessants, les doutes, les craintes. Pour le moment, je vis bien. Il me semble qu'après des années de réflexion (cinq, exactement), je suis parvenu depuis quelques mois à une phase en palier. Comme si désormais j'avais besoin de temps pour m'insérer dans ce nouveau personnage que je suis devenu. Que je m'installe dans un nouveau costume pour être confortablement bien dedans.

Alors que l'an dernier j'étais en pleine psychothérapie, je serais absolument incapable d'y retourner maintenant. Il me semble que je n'aurais rien à dire. Je crois que c'est bon signe. Mais je suppose que cet état de calme psychologique n'est que provisoire. Il est possible que dans quelques mois je plonge à nouveau dans une période de questionnements.

En écrivant ça, je pense tout-à-coup à Inès... je n'ai même pas vérifié ma boite e-mail depuis deux jours. Je m'éloigne d'elle de plus en plus, un peu mal à l'aise puisqu'elle est en train d'entreprendre une procédure de divorce. Je devrais être proche d'elle en ce moment, pour lui montrer que je fais partie des gens sur qui elle peut compter... Et bien non. Pas là au moment où il faut. J'en ai parlé avec elle au téléphone vendredi, lui montrant que j'étais bien conscient de mon changement d'attitude à son égard. Je ne suis plus celui qu'elle à rencontré sur le Chat en novembre dernier. Je ne suis plus celui qui doute de lui, et en particulier de son pouvoir de séduction. Je vais bien!

Et, forcément, j'ai donc changé.

En parlant de Chat, je constate comme mon enthousiasme sur ce nouveau moyen de communication s'est atténué. Tout comme celui qui était né avec la découverte des forums de discussion. Finalement, ce monde d'internet n'est pas fondamentalement différent de celui dans lequel nous vivons. Je pense qu'il exacerbe les choses: on se rencontre trés vite, on se confie librement, on va donc directement en profondeur. Et là, on retrouve tout ce qui fait la "réalité": il y a des gens trés bien, et je suis content d'en avoir rencontrés. Il y a aussi beaucoup d'intolérance, de parti-pris, de jugements hâtifs. Et pas mal de gens un peu cons... L'avantage, c'est qu'on le sait vite!

Il y a aussi comme une "légereté" dans les relations. On devient vite confidents, mais on s'oublie trés rapidement. Quelques semaines sans échanges, et chacun retourne dans sa vie, sans traces de ce qui fût comme une brève amitié. Il faut croire que ça convient à tout le monde...

Je dois dire que ça me laisse une impression de malaise. Je suis assez fidèle en amitié, du moins par la pensée. Mais je constate que moi aussi je laisse des mails trainer avant d'y répondre... de plus en plus longuement, de plus en plus souvent. Alors que je répondais le jour même, je me suis mis à répondre sous 2 ou 3 jours... puis maintenant il m'arrive de laisser passer une, deux semaines... voire plus.

Je ne suis pas fier de cette situation, mais je ne me sens pas de me "forcer" à écrire quelque chose si ça ne vient pas seul.

 

En fait, les relations que j'ai nouées sur internet me mettent face à une certaine réalité de ce que je suis: enthousiaste au départ, tendant vers l'indifférence ensuite. Quand le plaisir de la nouveauté s'émousse, l'envie de dialogue s'éteint aussi. Comme dans une ralation amoureuse, finalement... mais sans cette force qui pousse et aide à tenir.


Lundi 20 novembre 2000

En panne...

 

Travail le jour... facturation le soir... programme du lendemain... Toujours pas facile de retrouver un rythme d'écriture!

Je me rends compte comme la disponibilité d'esprit est importante pour être à l'écoute de soi.

Je me retrouve là, tout bête devant mon écran. Rien de particulier à évoquer. Je sais bien que si ce journal n'était pas en ligne je ne m'astreindrais pas à des interventions ponctuelles. Un journal papier serait en période de sommeil. Mais sur internet, je me dis que je ne peux pas rester silencieux trop longtemps.

Pourquoi? peur qu'on m'oublie? Mais je ne sais même pas si je suis encore lu! Pratiquement plus aucun message depuis plusieurs semaines (pas étonnant: je ne raconte rien de particulier). Et puis si on m'oublie, c'est que ce que je dis n'est pas trop interessant.

J'ai crû, au départ, que j'avais réussi à capter un petit "public". Mais c'était un peu artificiel parce que j'étais nouveau dans le cercle des diaristes. Curiosité, nouveauté... choses qui s'atténuent forcément assez rapidement. Désormais, je ne peux compter que sur une certaine fidélité, si toutefois ce que je dis plaît encore, ou sur des passages inopinés d'anciens lecteurs qui viennent voir où j'en suis. Des nouveaux peuvent aussi découvrir ce site, mais je pense que le cercle des lecteurs ne s'élargit pas trés vite.

Je pratique moi aussi de cette façon, lisant régulièrement pes "préférés", mais pas avec autant d'implication que je le souhaiterais. C'est une lecture "mécanique": je me tiens informé des avancements de leurs réflexion et surtout de la façon dont évolue leur vie. Je préferais vibrer à la lecture de sentiments forts, de situations compliquées qui me tiendraient en haleine jour après jour... mais force est de constater (v'la que j'cause comme dans les bouquins!) que la vie des diaristes est bien... banale. Normale quoi! Leur vie, comme la mienne, n'a rien de transcendant tous les jours. On suit chacun le petit train-train des autres, et ça ne va pas plus loin.

Peut-être que je devrais explorer un pe de nouveaux journaux? Je n'en connais qu'une dizaine, en ai parcouru une vingtaine... alors que 100 sont inscrits à la CEV. Il est certain que des personnages trés interessants font partie de ces inconnus.

Mais je me retrouve dans mon problème de disponibilité d'esprit! Je n'ai pas le temps, ni l'envie, de me lancer dans la lecture d'une vie. Et puis ce serait manquer du respect que j'estime dû à celui/celle qui nous propose de découvrir sa vie. On entre pas dans une vie sans avoir l'esprit suffisamment ouvert pour s'en impregner. En tous cas, c'est de cette façon que je fonctionne.

Ben voilà, finalement, j'ai trouvé un moment de réflexion pour ce soir ;o) Il suffisait de s'y mettre!

 


Mardi 21 novembre 2000

Réalité virtuelle (suite)

 

Le Jmag est enfin paru. J'ai eu peur qu'il disparaisse faute de participants. Moi-même, je n'y ai participé... qu'une seule fois. J'aime beaucoup ce lien qui existe entre nous, écrivants en ligne. Mais nous n'avons pas tous la même motivation que MöngôlO (je ne sais pas comment il fait pour écrire autant!!).

Mais ce numéro était l'oeuvre de plusieurs rédacteurs, dont une que je ne conaissais pas. Philippe Lejeune y signe aussi deux articles. Je crois bien que lui aussi tient à cet organe de liaison. Par contre, je me demande ce qu'en pensent mes "collègues de clavier"...

MöngôlO est apparemment assez méfiant sur l'accueil qui lui est réservé au sein des cecles de diaristes (notamment celui de la CEV). En fait, si certains n'apprécient pas certaines de ses prises de position, je crois que c'est le fruit d'une expression sans doute minoritaire. Quelques "voix" ont critiqué l'idée qu'il avait soulevée sur la possibilité de juger de la qualité d'un journal, mais la majorité est restée silencieuse. Moi aussi, n'ayant pas voulu (lâchement) risquer d'être classé comme étant plus pour un bord que pour l'autre. Je débutais dans le diarisme virtuel et tenais à ne pas perdre le mopindre lecteur potentiel.

Aujourd'hui, je ne serais plus autant impassible. Et ce n'est pas sans arrière pensée que j'ai laissé un message sur le forum de la CEV annonçant la sortie de ce Jmag...

 

J'y ai trouvé un article signé Eva, qui s'interroge sur le coté "réel" de cette écriture virtuelle. Ceux qui me lisent depuis un moment savent que je me suis souvent posé la question d'une terminollogie adaptée à cette notion de "virtualité". Parfois j'ai envie de parler de la "vie réelle" pour celle d'internet et de "vie des sens" pour la vie de tous les jours. Ou vie sensitive (sensuelle?). Parce que c'est seulement des 5 sens que nous prive internet, mais aucunement de notre pensée qui se trouve en fait beaucoup plus libre.

Si dans la réalité je ne suis pas moi-même, c'est à la suite de la perception que j'ai de la personne qui est en face de moi... ainsi que de la crainte de la perception qu'il/elle aura de moi. Le regard porté ou reçu étant le principal obstacle, parce que c'est par lui que s'exercera ou non, plus ou moins inconsciemment, un jeu de "parade" (séduction au sens large, voire intimidation au sens animal).

Admettons que je rencontre une jolie femme... j'en serais troublé et perdrais mes moyens. Ajoutons une voix délicieuse, un parfum envoutant... et ce sera pire. Imaginons maintenant un homme plutôt quelconque, mal habillé, qu'il sente la transpiration, et tousse les années de tabac qu'il a fumé. Il est évident que mon attitude ne sera pas la même (je prends des exemples caricaturaux pour être plus compréhensible). Il y aura donc eu quelque chose de faussé par la perception que j'aurais eu de la personne. Et mon attitude sera différente envers chacun d'eux, par le désir que j'aurais eu d'être perçu de telle ou telle façon.

D'ailleurs, c'est certainement face au deuxième personnage que je serais le plus "moi-même"...

Et à mon avis, seule l'écriture, que ce soit sur papier ou sur écran, permet de s'approcher vraiment de qu'est la personnalité profonde, telle qu'elle serait sans les masques de la vie relationnelle. Et c'est là qu'on touche un paradoxe: qui serions nous sans le regard des autres?

Où est la réalité d'un personnage? dans ce qu'il est face aux autres, sachant trés bien que c'est une image pafois totalement fausse? Ou alors dans ce personnage libéré de ses inhibitions, donc "vrai", mais incapable de vivre cette identité face aux autres.

En fait, la réalité est multiple et changeante selon les situations. La réalité d'un personnage n'étant valable que dans une situation donnée. Je suis réellement moi en me livrant plus ou moins dans ce journal, je suis aussi réellement moi lorsque je suis intimidé et que rien ne filtre de ce que je ressens.

Mais ce qui sera le plus proche de ma pensée, c'est l'écriture qui le révelera. Alors, est-ce la pensée ou les actes qui font la réalité???

 


Dimanche 26 novembre 2000

Détails

 

  "Le pire qui peut arriver à un diariste virtuel c'est de manquer de temps pour écrire. Enfin, je parle de moi ici, je ne sais pas si les autres vivent ce problème de façon aussi aiguë, mais je crois que oui, d'après ceux que je lis régulièrement. Mais les autres?"

J'ai trouvé ce paragraphe sur le journal d'Ariane Fabre ce soir. Il décrit parfaitement ce que je ressens en ce moment.

Manquer de temps pour écrire... ou plutôt manquer de cette "disponibilité d'esprit" dont je parle souvent. Parce que je passe du temps sur internet, ça oui. Je participe à divers forums, mettant mon petit grain de sel dans les discussions. Pas difficile de développer une opinion en quelques phrses, sur un sujet précis et qui me touche.

Mais c'est une autre chose que de m'installer devant une "page blanche" et de dire ce que je ressens de mon état du moment: parce que je ne ressens rien de particulier!

Je me demande même si ces forums n'ont pas une effet inhibant pour ce journal. Si je livre mon opinion une fois, je n'ai plus ce besoin d'en parler ici. Et puis l'échange en différé que j'ai avec les autres participants contribue à remplir ma dose de socialisation quotidienne.

Je pensais aujourd'hui que je ne dis plus à charlotte que la présence humaine me manque parfois. L'an dernier, donc avant que je passe autant de temps à échanger via le net, je passais parfois des journées sans voir personne. Parfois même des semaines! quand je dis "personne", je veux parler des gens extérieurs à ma petite famille. Parce que bien sur, le soir, je suis avec Charlotte et mes enfants, jusqu'a l'heure où ils se couchent.

Je ne vois personne parce que je travaille à la campagne, dans un lieu assez isolé. Mes compagnons sont les nuages et le vent, les busards et les chevreuils... Mais la vie humaine n'est pourtant pas loin: j'entends parfois un camion qui passe, et souvent le tracteur du voisin.

En cette saison, je vois pourtant pas mal de monde, mais ce sera bientôt fini. La neige et les corbeaux, par nuées immenses, vont devenir mon quotidien. Ajoutez-y le brouillard... et vous aurez une vision particulièrement austère de mon cadre de vie. Mais non, il y a aussi les montagnes étincellantes les jours de beau temps! Et un cadre superbe qui laisse souvent admiratifs les visiteurs.

Bon, je ne sais pas trop pourquoi je donne ces détails...

C'est bon pour me rendre identifiable par des gens de ma connaissance ça! Comme si je le cherchais un peu?? Non, je ne crois pas en avoir vraiment envie. C'est plutôt pour mes lecteurs que j'ai un peu envie de donner des petits détails de ma vie. Parce que je sais qu'en lisant d'autres diaristes, je me nourris de ces détails qu'ils lâchent jour aprés jour. Cela me permet de mieux les imaginer, connaitre un peu leur style de vie, leurs petites manies, leurs défauts et faiblesses. Et j'aime aussi avoir une petite idée de leur cadre de vie, bien que cela ne m'apporte objectivement rien. Mais c'est certainement une façon de rendre plus humain ce rapport qui ne s'exerce qu'a travers des mots inscrits sur un écran...

Parfois cet anonymat me pèse.

Je pense alors aux diaristes qui ne se cachent pas sous un pseudo, qui disent tout de leurs vie, qui mettent leur photo... pas forcément une bonne idée la photo d'ailleurs! Je crois que je préfère idéaliser, même un peu fantasmer la personne que je lis (a fortiori lorsqu'il s'agit d'une femme). C'est d'ailleurs un des thèmes abordés par Claudio samedi: le rapport de "séduction" qui existe par l'intermédiaire du journal.

Je n'ai jamais caché que je cherchais à "plaire" par mes écrits. Sans aucun objectif précis, seulement pour sentir que ce que je dis accroche l'attention. Pour me donner une valeur à mes propres yeux.

Si vous saviez comme j'ai douté de moi pendant des années...

 


Lundi 27 novembre 2000

Diaristes: la communauté impossible

 

Il faut que ce soit un sujet qui m'agace pour que je me mette à écrire à la mi-journée! Je suis allé faire un tour sur le forum de la CEV, ou des discussions animées ont eu lieu ces derniers jours (section membres, inaccessibles au lecteurs... heureusement!).

Et nous revoila partis dans des discussions incessantes avec des gens qui se vexent pour rien, qui empoisonnent tout le forum pour des querelles que les autres ignorent mais supposent bien ancrées.

C'est désolant que même dans cette petite comunauté de diaristes on en arrive à ce point. Il semble que chaque fois que des gens se rencontrent ça doive finir de cette façon. Tout part d'un petit groupe qui sympathise, qui se retrouve et échange. Puis le groupe grandit avec un apport de nouveaux venus par hasard ou par connaissances. Et puis d'un coup les choses s'emballent, des tensions apparaissent, de développent, des groupes se créent... et l'ambiance devient malsaine.

Les "anciens" se sentent dépossédés, les "nouveaux" se sentent les mêmes droits qu'eux. Les clans anciens échappent aux nouveaux qui n'y comprennent rien. Et puis fusent les insultes... et tout explose! Une partie s'en va, contruire autre chose ailleurs. D'autres repartent sur les bases en relançant ce qui a disparu.

Et c'est partout pareil: Chats, forums, groupes de discussion...

Tout comme dans la vraie vie! Et toujours pour la même raison: l'intolérance et le manque de respect de la part de quelques "grandes gueules".

Et ben ça fait chier!!! Ras le bol de ces emmerdeurs! De ces "casseurs de groupes", de ces égoistes surs de leur bon droit et de la surété de leur jugement.

Décidément, je préfère vraiment les gens qui doutent d'eux-même et se remettent sans cesse en question!

 

"Suivre celui qui doute, fuir celui qui sait" (Gide)

***

 

Je suis assez désolé: les "gestionnaires" de la CEV ont déclaré qu'ils laissaient le poste vacant. Ecoeurés, fatigués des critiques permanentes. Comment ne pas les comprendre?

J'espère que quelqu'un reprendra le flambeau. Il ne faudrait pas que la cev disparaisse!

 

23 h

Je viens de me connecter sur le Chat sur lequel j'allais autrefois (il y a deux mois environ). Je n'y ai retrouvé qu'une seule personne connue. Je me demande comment j'ai pu passer autant d'heures la dessus...

Vraiment, ça ne me dit absolument plus rien d'y retourner, sauf pour discuter avec Inès ou Kathryn. Je ne me vois plus entamer des discussions avec des inconnu(e)s.

 

J'ai écrit un trés long message à Ines ce matin. Nous avions besoin de faire un peu le point. Pas facile de faire durer une relation alors que l'un des deux à changé entre temps. Nous avons bien du mal a retrouver ce qui nous faisait nous comprendre si bien.

Tout ça parce que je suis allé relativement loin dans mes contacts avec elle. Et que ce besoin que j'avais de franchir mes limites, de "tester" mes propres capacités à suivre mes envies, de connaître aussi mon pouvoir de séduction, m'ont profondément changé. Ces surpassements étant réalisés, je ne désire plus aller aussi loin. Je n'ai plus rien à me prouver pour le moment.

Ce soir, c'est à ma nièce que j'ai envoyé un mail. Elle a 15 ans et sa mère a quelques difficultés à accepter de la voir aller avec des garçons. Alors j'ai tenté de lui donner un avis d'adulte extérieur au rôle de parent. C'est la première fois que je m'adresse à elle de cette façon, d'adulte à adulte. Ce n'est plus une gamine et je pense qu'elle est capable de commencer à comprendre le point de vue des parents, si éloigné de ses préoccupations. En tant que non responsable de son éducation, il m'est plus facile de lui dire comme je comprends ses révoltes sur le fait que sa mère n'ait pas vraiment confiance en elle.

 


Mardi 28 novembre 2000

Masculin féminin

 

9 h 00

Je viens de transférer mon site d'un ordinateur à l'autre. Waouh! ça décoiffe. Pour vous ça ne changera absolument rien, mais pour moi la vitesse de travail s'en trouve nettement améliorée. Et puis c'est largement plus convivial à utiliser, aucun problème de mémoire et de temps d'attente. Accés immédiat à tout, fenêtres multiples ouvertes en même temps, vues des pages réduites sans ouvrir les fichiers... Le pied!

Ce qui changera peut-être, c'est que je vais pouvoir mettre des photos de temps en temps. Possible aussi que j'investisse dans un créateur de pages web (pas que pour ce site, mais aussi pour mon site professionnel).

Bon, tout ça c'est la petite cuisine interne...

***

 

0 h 30

J'ai regardé la télé ce soir, ce qui est devenu rare. Une émission sur un sujet finalement assez peu abordé: transsexuels et androgynes. Sujet qui peut parâitre racoleur, mais ce qui n'était pas le cas.

J'ai appris plein de choses, et surtout, j'ai pu mieux comprendre comment ça se passait dans la tête des gens qui se sentent différents du corps physique qu'ils ont. Je pense que c'est le cas d'Océane qui m'a fait porter mon attention la dessus. Depuis quelques temps Océane se met à parler au féminin, ce qui semble une suite logique lorsqu'on lit son journal depuis un moment.

Même avec un esprit ouvert, il n'est pas toujours facile de se rendre compte de ce que peuvent vivre des personnes qui réfléchissent et perçoivent les choses de façon totalement étrangère. Il y a toujours des éléments que l'on a du mal à assimiler.

Le fait que la lecture du journal d'Océane m'y ait préparé a fait que j'ai certainement été plus récéptif à ce que j'ai entendu ce soir.

Il y avait des hommes qui sont devenus femme aprés des années de souffrance parce qu'elles se sentaient intimement femmes, puis qui ont finalement eu recours aux hormones et à la chirurgie. Il y avait aussi cet homme qui avait un corps de femme, mais des chromosomes xy. Elle se sentait femme depuis toujours et était considérée comme telle.

Un androgyne parfaitement assumé et bien dans sa peau revendiquait à la fois son coté trés féminin et son corps d'homme. Il se sentait homme féminin. Et puis il y avait le cas plus étonnant de cette femme née avec un sexe d'homme et un sexe de femme.

Aussi l'homme qui gardait son corps d'homme mais s'habillait en femme et sortait dans la rue... au bras de sa femme.

Autant d'images qui peuvent gêner, ou prêter à sourire, selon le regard qu'on porte, mais qui montraient des situations vraies, longuement expliquées par ceux qui les vivaient.

Ce qui m'a surpris et un peu troublé, c'est que ces femmes pouvaient être désirables... alors que je savais qu'elles étaient des hommes autrefois. Jolies jambes sous un tailleur, visage maquillé... En fait, c'est bien le signe que leur transformation est réussie. A tel point que l'une d'elle a laissé perplexe un gynécologue qui se demandait bien quelle opération la femme qu'il examinait avait pu subir!

Le plus ambigu étant certainement cet androgyne qui semble vraiment se situer entre homme et femme: corps d'homme, mais grâce féminine des gestes. Il pouvait aussi bien passer pour l'un ou l'autre. Troublant...

J'ai été intéressé par cette émission qui montrait qu'il est parfois bien difficile d'établir une limite précise entre les choses. Et dans ce cas, entre féminité et masculinité. J'aime tout ce qui se situe à mi-chemin. J'aime le gris, tous les tons de gris, plutôt que le blanc ou le noir.

Je dois dire que je me suis aussi posé des questions sur mon identité masculine, que j'ai longtemps ressenti comme "pas totale". Homme, sans hésitation, mais avec une part de féminité que j'ai longtemps perçue comme une tare. Depuis quelques années, j'ai accépté cette part de féminité, ce qui, paradoxalement, m'a réconcilié avec ma masculinité. Auparavant, j'avais tendance à rejeter tout ce qui était considéré comme des valeurs "viriles". La violence, l'agressivité, les rapports de dominance. De même que les sports d'équipe, les voitures, les beuveries entre copains, la drague, etc. Pour autant, je n'avais pas de goûts bien féminins. Plutôt un entre-deux. Ce qui n'est pas étranger au comportement assez solitaire que j'ai longtemps eu... et que je garde encore.

Maintenant, ce qui ne m'intéressait pas ne me captive pas plus, mais je ne le rejette plus. Je ne me sens pas d'avantage l'envie d'avoir un comportement masculin (quoique pour la séduction... des choses se libèrent progressivement), mais je ne me sens plus mal à l'aise. Je suis tel que je suis et je m'accepte comme ça. D'ailleurs je constate que beaucoup d'hommes sont comme ça, marqués par une certaine féminité, et de plus en plus. Tant mieux!

 


 

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