Mois de septembre 2000 - 2eme quinzaine


Ce demi-mois ayant 12 entrées, vous pouvez lire cette page en étant déconnecté.


15 septembre 2000

 

 

J'ai profité de la pause de mi-journée pour correspondre avec une diariste. Trés longs mails à chaque fois, dans un sens comme dans l'autre. Et grand plaisir à échanger des points de vue à la fois différents et trés proches.

Je dis "une diariste" alors qu'elle m'a cité dans son journal... Ceux qui lisent les deux auront ainsi pu découvrir de qui il s'agissait. Je préfère rester discret sur les gens dont je parle, par respect pour leur vie privée. Même si je raconte trés peu de choses, je ne me sens pas le droit de citer quelqu'un qui pourrait mal ressentir le fait de voir son nom associé à un sujet particulier.

Mais si la personne est d'accord, alors aucun problème! Je serais même enchanté de mettre un lien vers son site.

C'est assez curieux cette façon d'échanger au vu de tous, d'en parler dans nos journaux respectifs. Mais finalement pas bien différent du fait de livrer quotidiennement ses pensées à vos regards de lecteurs attentifs (que j'espère attentifs!). A moins que vous ne soyez curieux?

Ce n'est pas une surprise, la plupart des lecteurs sont des diaristes. Nous formons donc une micro-société, monologuant chacun de notre coté, mais "écoutant" aussi les monologues des autres.

***

 

Alors que je viens de parler de micro-société de diaristes, voila que je recois un mail d'une lectrice qui ne semble pas l'être. Et quel message!! Une mise en garde contre les risques qu'il y aurait à poursuivre le coté séduction "hors couple". Un mail qui m'ébranle parce que la personne parle en connaissance de cause.

Je crois que je vais faire une sérieuse exploration de tout ce qu'elle me dit. C'est la première fois que je reçois des arguments "contre" de la part d'une personne qui a été impliquée dans ce genre d'aventure.

Je mesure, pour la première fois, comment l'interaction avec les lecteurs peut changer le cours des choses. Depuis quelques jours, je tentais de proposer mes réflexions, et voila que je me trouve dans la position inverse: des commentaires sur ma situation me sont délivrés. Or je sais bien que cela va relancer un processus de culpabilité. Je vais donc devoir à nouveau me battre contre ma morale pour tenter de voir clair dans ce que je souhaite vraiment. Je crois que ce sera une bonne chose que de tester à nouveau la solidité de mes convictions.

 

Bon, à part ça... toujours un peu surchargé. L'introspection est une activité qui demande du temps et de la disponibilité d'esprit. J'espère avoir un peu plus de temps ce week-end. Je n'aurais pas beaucoup de mal à trouver des sujets à developper, mais je crois que ça serait un peu "forcé". Je préfère attendre que le désir d'écriture guide mes doigts...

 


16 septembre 2000

Vie et mort des journaux

 

Un peu morose ce matin...

Est-ce ce mail que j'ai reçu hier qui me donne envie de me justifier? Ou qui met le doute dans mon esprit?

Est-ce d'avoir passé ma soirée sur le Chat tout en ayant conscience de "perdre mon temps"? J'y suis allé pour revoir les habitués, mais sans vouloir discuter en privé. Du coup, j'ai bien un peu rigolé, mais ça n'est pas allé bien loin. De plus, il y avait des gens qui se disputaient et ça donnait une pauvaise ambiance. J'ai beau savoir que ce n'est qu'un reflet exacerbé de la vie courante, je trouve toujours dommage de ne pas pouvoir aborder un peu plus le coté convivial qu'il pourrait exister. Finalement, ce sont les forums qui permettent vraiment ce genre d'échanges, même si là aussi il y a parfois une ambiance un peu... éléctrique.

Est-ce d'avoir appris, avec une certaine tristesse, qu'un de mes journaux préférés allait trés probablement bientôt cesser? La découverte de cette diariste m'avait vraiment donné le goût de cette "écriture virtuelle". Ainsi donc l'Incrédule va poursuivre d'autres chemins d'écriture... J'en suis trés content pour elle. Son journal lui a permis d'avancer dans la connaissance d'elle-même. Je suis un peu triste aussi parce que c'est la fin de quelque chose.

Un journal naît, vit... et meurt. C'est le cycle normal. Je ne sais pas quelle est la durée de vie d'un journal. Rares sont ceux qui ont dépassé les trois ans. Certains ne durent... qu'un jour! On voit fréquemment sur le site de la CEV des journaux éliminés parce qu'ils n'ont rien rajouté à leur première et unique entrée, quelques mois plus tôt. D'autres durent un an, puis s'arrêtent parce quie leur auteur ne ressens plus le besoin de s'exprimer de cette façon. Ils sont parfois regroupés au sein de "l'Orphelinat des journaux intimes".

Il y a aussi les diaristes qui cessent un journal, puis en créent un nouveau. Autant d'étapes qui montrent un "passage" à un personnage nouveau. Il semble que ce soit vers quelque chose de ce genre que s'oriente l'Incrédule (voir son entrée du 14/09/2000)

Que deviendra le mien? Je me doute bien qu'il ne durera pas des années. Viendra un jour où je n'aurais plus ce besoin d'écrire. Je tirerai alors ma révérence, comme mes prédécesseurs.

L'incrédule se rend compte qu'elle s'est dévoilée... à des inconnus, alors qu'elle se cachait de son entourage. "Car les vérités que j'ai décrites ici, je les ai bien souvent cachées à ceux qui comptaient le plus pour moi. Et tout à coup j'ai pris conscience du paradoxe de la situation...". Paradoxe, oui, mais indispensable pour passer de l'état d'intériorité à celui d'exteriorisation. Comment dire ces pensées que l'on peine à entendre soi même, à ceux dont on craint tant les réactions? Je suis persuadé que le journal nous permet de nous accepter nous même. Ce long monologue est en fait un dialogue intérieur entre ces deux personnages que nous sommes. Celui que l'on montre aux autres et celui qu'on se sent vraiment être.

Vous, lecteurs, vous êtes témoins de notre cheminement. Votre présence est primordiale parce vous nous permettez (vous "me" permettez?) d'aller plus loin que dans un journal papier. Moins en profondeur de l'intime, mais plus loin dans l'exploration de domaines vierges.

Jamais je ne m'étais posé tant de questions sur mes rapports aux autres, ou sur les rapports entre les gens d'une façon générale. Pourtant, je me rends compte que c'est un domaine essentiel que j'ai à connaître chez moi. Je l'ai dit, je n'ai pas d'amis. N'est-ce pas un peu étonnant? J'ai longtemps affirmé à Charlotte que ça ne me manquait pas, mais est-ce bien la réalité? J'ai toujours pensé que c'était suite à quelques "trahisons" que j'ai évoquées, mais n'ai-je pas largement ma part de responsabilité? Et en quoi consiste-t-elle?

De fait, le sujet que j'ai voulu aborder au travers de ce journal (les relations via internet), trahit bien ma préoccupation pour le sujet. Je m'en éloigne souvent, mais pour me centrer sur les relations réelles qui ont suivi. Ou sur les relations en général.

 

17 septembre 2000

Dialogue en couple

 

J'ai été tellement absorbé hier soir que je n'ai même pas mis en ligne mon entrée du jour. Je pensais pouvoir la compléter un peu dans la soirée, mais je n'en ai pas eu le temps.

J'ai passé quelques heures à répondre et commenter un long mail qui me proposait des réflexions sur mon attitude de mari 'volage'. Ce message m'a sérieusement ébranlé, tout en me faisant un grand plaisir. J'ai beaucoup apprécié que cette lectrice prenne le temps de me donner son avis et partage son expérience.

En fait, en cours d'écriture, je me suis rendu compte que de devoir argumenter me faisait poser des questions restées sous silence. Interrogations bénéfiques puisque elle m'ont permis d'éclaircir un peu certaines zones d'ombre, et mesurer mon degré de certitude ou de doute sur des points précis.

Cette femme à eu avec moi exactement le rôle que j'ai eu vis à vis d'une diariste. Je me suis trouvé de l'autre coté du miroir. De "conseiller", je suis devenu "conseillé". Totalement différent! Et j'ai rapidement retrouvé ma culpabilité naturelle... Suis-je sur le bon chemin? Ne vais-je pas droit vers une impasse? Quels sont les risques que je prends? Et si je ne me rendais pas compte des dangers que je cours avec ces envies de séduction? Bon, maintenant ça va mieux, je retrouve un état serein.

Cette petite "crise" ne m'a pas donné plus de solutions, mais m'a apporté des éléments de réflexion supplémentaires.

***

A la suite de ce message, je me suis rendu compte que je ne parlais que trés peu de Charlotte, ce qui pourrait laisser croire qu'elle n'occupe qu'un rôle secondaire dans ma vie. Comme si elle n'était qu'une accompagnante, ou une confidente passive. En fait, ce journal est celui de ma vie privée. De ma vie intime au sens strict. Je donne ma vision des choses, souvent pour ce qui me fait poser des questions, et non pas celle d'un mari au sein d'un couple. Ni celle d'un père.

Ce journal est celui d'un homme idéaliste, qui se trouve être aussi un mari et un père, et a d'autres rôles encore. Je n'ai pas choisi de parler de mon coté "vie sociale", comme d'autres le font. C'est mon choix, et c'est peut-être une source d'incompréhensions par mes lecteurs qui peuvent me trouver bien égocentriste. De fait, je le suis ici.

Charlotte, donc. Elle est celle avec qui j'ai choisi de vivre. Ce choix n'a rien d'un engagement à la légère. Elle a eu l'avantage et l'inconvénient d'être celle sur qui j'ai jeté mon dévolu pour la vie. Parce que j'ai mis toute ma confiance en elle, en nous. Et que cette "charge" a pu être lourde à porter pour elle. D'un autre coté, puisque je voulais que ça marche, je m'en suis donné les moyens: je devais me plier à elle autant qu'elle devait se plier à moi. Plier dans le sens de s'adapter, renoncer à certaines exigences. Pas dans le sens de s'écraser, perdre sa personnalité.

Cela n'a été possible que par le dialogue permanent. Ne jamais laisser s'installer des silences durables, des reproches rentrés. Au contraire, nous avons toujours essayé de garder la plus grande franchise. Certaines remises en question ont pu être rudes, mais nous nous sommes toujours épaulés. Pas à tous les instants, évidemment, mais sur le long terme, oui.

La sincérité n'était pas naturelle pour Charlotte. Elle cachait souvent ses problèmes, ses réflexions. Il a fallu que je lui apprenne qu'il y avait tout à gagner à exprimer ses sensations. Sans chercher à savoir si elles étaient ou non justifiées. Si on hésite trop, si on veut absolument protéger l'autre et prendre sur soi, on crée une situation faussée.

Alors parfois certaines vérités ne sont sorties qu'avec une certaine violence. Trop longtemps contenues, elles ont jailli lorsque le barrage à cédé. Mais elles sont sorties, et c'était là l'essentiel.

De son coté, Charlotte m'a appris à être moins exclusif, plus tolérant. Plus indépendant d'elle aussi. Nous nous sommes mutuellement enrichis des qualités de l'autre, tendant du même coup à amoindrir nos défauts.

Est-ce que ce chemin que nous avons choisi de parcourir en commun est un gage de réussite? Est-ce que je peux considérer que ce que nous avons construit en commun est un acquis? Je n'en sais rien, mais j'ose l'éspérer.

Il y a tant de couples qui ne tiennent pas le coup. A quoi est-ce dû? Croyaient-ils, eux aussi, que le dialogue les garderaient soudés? Pensaient-ils qu'au dela d'une certaine complicité on craignait finalement peu de se perdre? Avaient-ils fait les efforts nécessaires pour s'accepter l'un et l'autre?

Parfois je me dis que rien ne doit me permettre de nous sentir "plus forts" que les autres. Eux aussi croyaient en la solidité et l'amour... et pourtant un jour ils n'y ont plus cru! Mais je suis d'un tempérament plutôt optimiste, et je ne doute donc pas de nous. Je sais que rien n'est jamais acquis, mais pour le moment je fais comme si c'était le cas. Prévoir qu'une rupture est possible est à mon avis la meilleure façon de la rendre possible. Du genre "ben voila, je savais bien que ça devait arriver..."

Bon, je dois agacer ceux qui sont passés par là...


 Lundi 18 septembre 2000

Amitiés complexes

 

 Intéressante discussion téléphonique avec Inés aujourd'hui. Aprés d'autres sujets, nous en sommes arrivés à parler de l'amitié.

Je lui disais que c'est quelque chose qui est trés compliqué chez moi, alors que ça devrait venir tout naturellement. Parce que je ne parviens pas à séparer amitié et séduction. Je ne sais pas ce que peut être une relation d'amitié "simple", sans aucune arrière pensée d'attirance ou non attirance.

Ce n'est déjà pas du tout évident à gérer avec les femmes que je rencontre... alors imaginez ce que ça peut être avec les hommes!

Je suis incapable d'avoir un échange, quel qu'il soit, avec une femme sans la voir comme un source potentielle de séduction. Que ce soit moi vers elle, ou elle vers moi. Un simple regard me désarçonne, un sourire me trouble, et un physique "apétissant" me hante longtemps. Si aucun de ces attraits ne s'exerce sur moi, alors cette femme ne sera qu'un personnage "insignifiant" dans ma vie.

Dans le premier cas, l'envie de discuter sera forte (mais insuffisante pour que j'ose engager la conversation), et dans le second cas, je n'aurais aucune envie de quoi que ce soit. Sauf si un dialogue informel s'engage et que, peu à peu, ce soient des idées, ou même un timbre de voix, qui déclenche le processus d'attirance.

Rien de bien anormal me direz-vous...

Sauf que ça se passe de la même façon avec les relations féminines que j'ai de longue date. Je sais être attiré par la conversation avec celles qui me plaisent, alors que j'aurais tendance à ne pas aller vers celles qui ne me procurent aucune attirance particulière. Or je les connais depuis trés longtemps, et nous nous voyons souvent en couple ou famille. Mais nos échanges restent assez convenus et je ne cherche pas à les approfondir.

L'amitié simple devrait pouvoir s'affranchir du coté séduction, mais non, ça ne marche pas pour moi. Et comme il est hors de question d'envisager des rapports de séduction, alors il ne se passe rien. Que des dialogues convenus, sans grand interêt.

Puisque je me prive de l'amitié des femmes, est-ce que je peux en créer avec les hommes? Et bien pas davantage! Impossible pour moi d'envisager une relation d'amitié masculine.

Là, ça se complique un peu... parce que ne comprends pas pourquoi. Oh, sans aller chercher bien loin je sens bien qu'il y a un vague rapport avec l'homosexualité... mais quelle idée de penser à ça? Je n'ai jamais douté de mes attirances vers la féminité, je n'ai non plus jamais ressenti des avances de la part d'un homme. Mais je fais trop la comparaison avec mes désirs d'amitiés féminines... qui n'existent qu'avec la notion de séduction.

Pour moi, tout se résume à une simple équation: amitié = séduction = amour

Mais qu'est-ce que l'amour vient faire la dedans?

Retour en arrière, il y a 23 ans. J'ai bel et bien eu une relation de ce type avec Laura. Ma première vraie amitié était amoureuse!

La faute à "pas de chance", puisque j'ai rencontré Laura au sortir d'années difficiles. Celles du début de l'adolescence, au cours desquelles j'avais perdu mon meilleur ami d'enfance. J'étais resté seul ensuite, pendant un bon moment. Ma première amitié "adulte" était féminine. Et l'amour est né simultanément. Ce qui fait que je n'ai jamais séparé cette dualité de sentiments trop proches.

Plus tard, avec Charlotte, c'est l'inverse qui s'est passé. Je suis tombé amoureux d'elle, puis je l'ai considérée comme ma "meilleure (et unique) amie". Confusion des genres, là encore.

Et, satisfait de cet amie/amour, je n'ai pas cherché ailleurs. Ni coté féminin, ce qui se comprend, ni même coté masculin. Ce qui fait qu'a presque 40 ans, je n'ai aucun ami! Des copains, oui, mais sans la proximité que j'aimerais avoir.

Inès, avec qui je discutais de ça, me disait avoir une amitié différente avec chacun de ses proches. Hommes ou femmes, elle n'a aucune crainte a se confier et à avoir des relations approfondies. Il n'y a aucune ambigüité.

Alors que moi je ne crains que ça! Que la personne avec qui je discute pense que je la "drague", ou même simplement qu'elle me plaît. Et pour un homme, je me dis "et s'il pensait que...".

Mais où vais-je chercher tout ça?????

Bon, en fait mes tentatives d'explications ne sont peut-être pas claires. Je n'en suis qu'au dégrossissage des idées et j'ai bien conscience qu'il va falloir que j'approfondisse un peu. C'est résté si longtemps en sommeil dans mon esprit... Il me semblait que si je n'avais pas d'amitiés, c'est parce que j'étais un peu "ours", plutôt solitaire. Et je me suis satisfait de cette explication jusqu'à il y a peu de temps.

Maintenant je découvre les relations, sinon d'amitié, disons de "confiance et de sincérité", ou "de confidences". Et c'est... avec internet que j'y parviens. Je ne suis pas encore prêt pour le réel.

Sur internet, je supprime le principal écueil de la réalité: la vision. Je ne crains pas de montrer mon image qui pourrait plaire ou déplaire. Je ne crains pas d'être envouté par un regard.

Pourtant les rapports de séduction existent, je l'ai déjà largement évoqué. Mais ils sont de l'ordre du mental. Et ça, je le gère trés bien. Je le recherche même. Alors que la séduction visuelle met en jeu des phénomènes archaïques complexes que je ne maîtrise pas.

Même la voix offre un support "physique", qui me fait craindre les conversation téléphoniques. Je sais pertinemment que je peux être séduit par une voix, j'en ai fait les frais à plusieurs reprises.

Tant que je suis dans les cinq sens: il est indéniable qu'un parfum à aussi un pouvoir séducteur (pour ne pas dire érotique) certain. Je ne parle même pas du toucher, puisqu'un simple effleurement, un infime rayonnement de peau, peuvent mettre en émoi de façon fulgurante. Quand au goût... il n'est pas dans l'ordre des relations d'amitié.

***

 

Bon, en relisant ce texte inachevé, je me demande bien où je vais. Et vous, vous devez vous demander à quoi je veux en venir.

Je n'en sais rien! Ce texte ne me semble pas clair. Je l'ai un peu retravaillé, ce que je ne fais jamais habituellement, mais je n'en suis pas satisfait. Bon, comme j'ai décidé de ne pas me censurer... je le mets en ligne, mais sans grande conviction.

J'ai l'impression d'en dire trop ou pas assez. J'ai lancé des phrases comme elles me venaient, mais il me semble qu'elles m'emènent au delà de ce dont j'ai conscience.

C'est sûr, il faudra que je revienne sur ce sujet!!


Mardi 19 septembre 2000 

En vrac...

 

"La fidélité est l'art de pratiquer l'adultère seulement par la pensée" (Decouly)

J'ai trouvé cette petite phrase sur le trés beau journal d'Océane. J'aime beaucoup le ton et la sincérité d'Océane. C'est un esthète de la féminité. De son journal de souffrance perce toujours un désir de vivre et une admiration pour les femmes. Les photos qui parsèment son site sont absolument superbes.

Mais comme pour beaucoup de journaux que je lis, je n'ai pas encore pu remonter le temps jusqu'à l'origine. Pour que je m'intégre vraiment dans un récit qui a débuté plusieurs mois auparavant, j'aime remonter à la source st suivre le courant des pensées. La lecture est totalement différente.

C'est ce que j'ai fait récemment avec le journal de Liloo (puisqu'elle m'a permis de la citer). Je lisais son journal depuis quelques temps, mais je sentais qu'il me manquait des fragments de son histoire. Alors je suis reparti du début et j'ai tout lu. Ma vision des choses est bien différente maintenant, puisque je "connais" Liloo à travers ce qu'elle à ressenti de sa vie. Et certains passages qui n'avaient pas éveillé d'écho particulier lors de ma lecture "au jour le jour", en ont pris un tout particulier en s'insérant dans le récit suivi de sa vie.

Donc, lecteurs occasionnels picorant ça et là les bribes de vies des diaristes, n'oubliez pas que ces instants de vie que nous vous communiquons font partie d'un long processus narratif. Tout comme il est inattendu (mais pas forcément absurde), de commencer un roman par le milieu, il est des subtilités qui échappent à la lecture d'un journal sans en connaître le point de départ.

***

 

Est-ce un hasard si ces deux journaux que je viens de citer abordent, notamment, le sujet de la séduction? Bien ou mal vécue, coté "acteur" ou coté "victime"...

Séduction dont je parle trés largement dans ce journal et qui donne lieu à des échanges de mails... dont je crains de ne pouvoir suivre le rythme ;o)

Moi qui recherchait l'échange, je suis servi! Des messages de plusieurs pages, denses et profondément réfléchis de part et d'autre de l'écran. Alors quand, comme hier soir, j'ai 4 longs messages... je ne sais plus où donner de la tête!

Elle turbine à fond cette tête en ce moment, quitte à "pédaler dans la choucroute" comme dans mon entrée d'hier. Je dois dire que j'adore ça: j'ai l'impression de vivre pleinement. Pardi, une tête s'est fait pour fonctionner, non?

Pas de chance, en ce moment le travail absorbe pas mal de mon temps et je ne peux plus me laisser aller à passer des heures devant ce clavier. Disons... plus autant d'heures, ça sera plus juste!

Et puis, j'ai envie de dire aussi qu'avec cet été qui se prolonge et les superbes journées que nous avons, l'appel du dehors est fort. Je vois les arbres changer de couleurs jour aprés jour. Les plus précoces à se colorer virent déjà au jaune à l'intérieur, des arbustes cramoisissent un peu plus chaque matin.

Pour les citadins, ou ceux qui suivent avec moins d'attention ces avancées vers l'automne, il n'y paraît certainement rien: les platanes, tilleuls ou marronniers, ces arbres urbains, ne perdent leurs feuilles que tard en saison, et se colorent peu.

Bon, je ne vais pas vous parler de la nature, ce n'est pas l'objet de ce journal :o)

Et puis les sensations, ça ne se raconte pas. Ca se vit.

***

21 h 30

J'arrête ma journée de travail (et oui, les indépendants n'ont pas d'horaires...). Il faut dire qu'avec mes longues soirées sur internet, je ne commence jamais trés tôt le matin...

Finalement, lorsque j'ai beaucoup de travail, ce serait plutôt le matin que mon inspiration est là. Alors que j'écrivais la plupart du temps le soir, je change de rythme en ce moment. Pas possible de passer directement du travail à des pensées plus... psychologiques. Il faut un temps de coupure.

Souvent, ce serait à l'issue de ma soirée que j'aurais des choses à dire. Mais comme j'éteins déjà fort tard, je me dis qu'il est préférable d'aller vite au dodo. Et le lendemain... pfuiit! évadées les idées!

***

 

Bon, le beau temps d'été est parti aujourd'hui. Un fort vent d'ouest s'est levé, le ciel s'est obscurci, et les premières gouttes se sont mises à tomber. Maintenant c'est l'orage que j'entends gronder et approcher. Va pas falloir que je tarde trop! On craint la foudre ici, et il n'est pas rare que l'éléctricité soit coupée. Paf! plus d'écran, et tout ce qui est en cours et non sauvegardé est perdu! De toutes façons, l'ordinateur n'apprécie certainement pas les sautes de tension.

Alors je resterai court pour ce soir.

Hhmmouais... j'aime pas bien écrire des trucs qui n'ont pas trop d'interêt. Il va falloir que je trouve une solution pour le mois d'octobre, puisque je ne serais que trés peu présent. Je dois me rappeler que j'écris pour moi et non pas pour des lecteurs (même si je sais trés bien qu'ils sont là...). Je dois me persuader que leur réaction sera la même que la mienne lorsque je rend visite à un diariste et que je consate qu'il n'y a pas eu de mise à jour: pas grave.

Toujours cette crainte de déplaire, de vous déplaire...


Mercredi 20 septembre

Amitié et séduction (suite) 

 

23 h 30, le 19

 

Ma page du jour est déjà envoyée... tant pis.

Je viens de parler un bon moment avec Charlotte. Nous allons divorcer...

Pffff, je blague! Non, nous avons parlé de relations d'amour/amitié au sein du couple. En fait, j'étais devant mon ordi, avec quelques mails sur le bureau. Elle est venue me dire bonsoir et j'ai senti son regard attiré vers les feuilles...

Comme il n'y avait rien de "compromettant", je lui ai proposé de lire celui qui était en évidence. Lui expliquant un peu ce qui en était à l'origine, j'en suis venu au problème évoqué la veille: mes relations d'amitiés qui n'existent pas. Je lui ai fait un succint développement de mes dernières avancées.

Une chose l'a mise mal à l'aise: qu'elle fusse auparavant à la fois amie et amour. Pourtant, elle le savait, puisque je lui en avais parlé dèjà il y a environ un an. Mais elle n'a pas compris que je voulais lui dire que je me sortais justement de cet état.

Petit malentendu vité réglé, mais qui nous a amenés à nous poser des questions sur ce qu'était une relation de couple. Et nous en sommes arrivés au fait qu'il restait toujours un coté "amitié". Lorsqu'on parle de ses problèmes de boulot, de ses déboires divers comme de ses satisfactions, ce n'est pas une relation d'amour. C'est un échange d'impressions personnelles, un "vidage de sac", un moyen de décompresser, mais en aucun cas une relation amoureuse.

Ce qui est important, c'est que ce coté "matériel" de la vie ne prenne pas toute la place.

Depuis que j'ai découvert les relations via internet, je me suis rendu compte que je me détachais de Charlotte pour toute une partie de mes pensées. Sans que je sois vraiment parvenu au stade de l'amitié avec des internautes, j'ai des échanges suffisamment enrichissants pour ne plus avoir autant besoin de l'écoute de Charlotte. C'est donc autant de mes angoisses, de mes doutes et faiblesses qu'elle n'entend plus.

Et effectivement, elle ne m'a pas caché qu'elle n'aimait pas tellement me voir en état de "faiblesse". Je ne peux que la comprendre, lorsqu'il s'agit d'une énième version des mêmes problèmes. Quelle que soit leur justification, c'est forcément décourageant de voir quelqu'un rester toujours bloqué sur les mêmes choses. Et les avancées paraissent si lentes...

Par contre, lorsqu'on échange avec des inconnus, il y a ce coté découverte de l'autre, similitude ou, au conraire, différence de pensée, qui fait que l'interlocuteur nous interesse. Vous n'avez pas remarqué ça , vous?

Partant de ce principe, j'ai désormais pas mal "d'ami(e)s" avec qui j'échange sur des sujets de prédilection. Il va de soi que le courant passe dans les deux sens. On m'écoute et me comprend, comme j'écoute et comprend.

Tout ça pour dire que je considère beaucoup moins Charlotte comme une amie, ce qui est préférable! Je vais finir par comprendre ces couples qui ne vivent pas sous le même toit et ne se voient que lorsqu'ils en ont envie ;o)

L'habitude émousse l'amour et le désir...

***

 

1 h du mat'

Il y a toujours des hasards assez curieux...

Tout à l'heure, en discutant avec Charlotte, je parlais des amitiés féminines qui m'attiraient beaucoup plus que celle des hommes. Sans doute parce que je me sens plus proche d'elles par mes préoccupations? Ou alors parce que je ressens une certaine sensibilité que j'ai envie d'exprimer? Les hommes sont peu enclins, en apparence, à dévoiler leurs émotions.

Bref, en lui parlant de ça, je lui dis "d'aileurs, je ne lis que des diaristes femmes. Le seul homme que je lis se pose lui même des questions sur la féminité qu'il ressent en lui". Je n'avais jamais remarqué que je ne lisais pas d'hommes! Pourtant, j'ai "feuilleté" des pages de diaristes masculins, mais je n'ai jamais vraiment accroché. Je ne sens pas assez le coté émotionnel, vivant, vibrant, de leur pensée.

Un peu plus tard, en allant envoyer mon courrier du soir, je disais à mon seul lecteur homme que j'appréciais son avis, justement parce qu'il était mon unique lecteur masculin (un peu lourde la phrase...).

Premier hasard, je découvre alors un mail qui vient d'arriver: celui d'un homme, Claudio,qui se décrit comme "nouveau lecteur".

Deuxième hasard, de quoi parle-t-il? Des rapports de séduction! Il me dit aussi avoir été étonné de trouver, justement, une certaine "sensibilité" dans ce que j'écris. J'avoue que ça me fait trés plaisir...

Comme il est aussi diariste, il me propose l'adresse de son site, disant qu'il abordait justement en ce moment "des questions existentielles sur le couple et les relations avec les autres femmes". Diantre! Voila bien un sujet qui m'intéresse, vous vous en doutez.

Surprise! j'avais déjà parcouru, assez rapidement je l'avoue, son site lorsqu'il l'avait proposé à la CEV. Aucun problème, je l'avais trouvé tout a fait à sa place au sein de la CEV. Plutôt une bonne mouture même. Mais... c'était un site masculin, qui débutait depuis peu... mes préjugés ont fait le reste: je n'y suis pas retourné. Pour ma décharge, je dois dire que je suis un peu en phase de saturation en ce moment. Je n'arrive plus à suivre mes "favoris" autant que je le voudrais, je ne peux plus suivre le rythme des mails... alors je n'explore plus rien de nouveau.

Bon, je viens donc de lire ses entrées depuis le début. Lecture trés différente lorsqu'on à déja un contact, puisque j'ai vite accroché. Et au fil de la lecture, j'ai été captivé. Etonnante similitude des situations parfois...

Sa façon de voir les choses m'a beaucoup plue. D'autant plus qu'il se trouve dans la position inverse de la mienne. Très instructif. Bon, je vais pas vous raconter sa vie ici, le mieux, si vous êtes intéressé, c'est d'aller sur son site: je vous le conseille.

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A ce sujet, je me demande si je ne vais pas créer une page de liens vers mes "diaristes favoris". Au départ, je n'y tenais pas, trouvant que ça faisait un peu copinage: "je met un lien vers le tien, et tu fais l'inverse sur ton site". Mais finalement, il y a des gens que j'ai envie de faire découvrir (si ce n'est déjà fait!). Et puis mettre en avant les personnes qu'on apprécie fait aussi partie des sentiments. C'est une façon de se dévoiler que de laisser voir qui on apprécie, de qui on se sent "proche".

Seul problème... le risque de vexer ceux qui n'y figurent pas! Ou de ne pas "rendre" le lien qu'un diariste peut mettre vers mon site. Hmouais... je vais y réfléchir encore un peu. Reste la solution de mettre des liens au fil du texte, comme je le fais actuellement. Ca fait un peu moins "officiel".

Mais j'en met bien partout des guillemets!?

***

 

22 h 30

Finalement, je n'ai pas eu la tête à poursuivre ce texte. J'ai juste pris un peu de temps pour répondre à un mail. Ma soirée internet commence, et peut-être que l'inspiration me viendra plus tard...

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Note aux lecteurs qui m'ont écrit récemment: Vous avez vu que je suis un peu débordé en ce moment (coté boulot et coté mental), alors veuillez exuser le temps de réponse à vos mails, qui méritent autre chose qu'une réponse rapide. Merci de votre patience... :o)


Jeudi 21 septembre 2000

Noire liberté

 

Je crois que je vais être obligé de lever un peu le pied...

Je n'ai plus le temps d'écrire avec la disponibilité d'esprit suffisante. Je n'ai plus le temps de réfléchir au cours de mes journées. Je n'ai plus le temps de répondre aux longs mails que je reçois (avec beaucoup de plaisir!)...

Bref, je l'avais déjà prévu: ce journal va prendre un rythme ralenti pendant un certain temps. Je crois l'avoir déjà expliqué, mon métier à un rythme saisonnier. Et je rentre dans une des périodes les plus intenses. Alors je vais me détacher un peu de tout ça par la force des choses.

Ce sera peut-être l'occasion de prendre un peu de recul aprés ces deux mois d'écriture presque quotidienne.

En fait, je pourrais continuer à écrire quelques lignes chaque jour (et je vais peut-être le faire?), mais je crains de tomber dans l'anecdotique. Ou alors j'essaie de garder une écriture introspective un peu "profonde", en m'abstenant donc de toute écriture si je n'en ressens pas le besoin.

Le risque: perdre mes lecteurs, qui se lasseront de voir qu'il n'y a pas de mise à jour. Et ça, pour moi qui ait du mal à supporter le fait de déplaire, je sens que ce n'est pas la meilleure solution.

Bon, voila, je vous ai expliqué un peu mes hésitations. Je verrais bien ce que j'aurais envie de faire...

***

22 h 15

J'arrête mon travail. Vous voyez bien que je n'ai plus beaucoup de temps disponible!

Cet aprés midi, j'ai expédié un long mail à Inès. Quand je m'y plonge, ça va bien, les idées sont là. C'est la mise en route qui est plus difficile.

Je constatais avec elle que j'avais un gros problème d'expression pour ce que je ressens. Il n'y a que par écrit que je parviens à m'exprimer comme je le souhaite, sans aucune gène. Internet me convient donc parfaitement. Mais dès que la présence de l'autre devient plus réelle, je perds mes moyens. Pas que je bredouille (quoique parfois...), mais plutôt que je n'ai plus la capacité de réfléchir. Trop de pensées me viennent en tête, trop d'anticipation sur ce qu'il faudrait dire ou ne pas dire, trop besoin de bien faire pour être bien perçu. Et avec toutes ces pensées informulées, cacophoniques, inutiles et inacessibles... il ne reste pas grand chose pour m'écouter. Alors je sors ce qui me passe par la tête, des idées dont je suis sûr, des phrases bateau, sans interêt. Et je passe exactement pour ce que je ne voudrais pas être!

Bon, c'est pas la catastrophe à chaque fois. A force de connaître les gens, ça se calme et je retrouve un peu de mon indépendance. Mais je ne suis quand même jamais vraiment "moi".

Claudio, dans son journal, évoquait récemment les effets libérateurs d'une petite dose d'alcool. C'est la seule façon pour moi de me sentir libre: être juste un peu gai, oublier ma timidité. Pas de bol... je n'aime pas l'alcool! Et je n'aime pas trop le principe de recourir a des substances euphorisantes pour être "moi". Alors tant pis, je fais avec mes capacités limitées.

Bon, je m'égare là!

Ce que je disais à Inès, et que j'ai découvert en lui écrivant, c'est que j'ai peur du coté physique (réel) des relations parce que j'ai peur de la transparence. Peur de voir et d'être vu a travers les gestes, le regard, les hésitations, les silences. Bref, par tout ce qu'on ne maîtrise pas.

Je sais que ce mot vient souvent dans mes idées. Comme lorsque je disais, il y a quelques jours, que j'avais peur de tout un coté de moi que je ne maîtrise pas: le désir, les pulsions, l'instinct. Autrefois, j'appelais ça "mon coté NOIR". Cette partie de mon inconscient qui me dirige, ces pensées instinctives, primitives, archaïques. Je veux le refouler tout ça, je ne veux pas que ça existe. J'en ai honte!

Et je crois que c'est ce qui fait ma peur des autres. Comme s'ils pouvaient voir au fond de mes yeux le noir de mon âme. Et qu'ainsi il ne m'aiment pas, ils me rejettent. Je voudrais être parfait, pur dans mon esprit, même avec des défauts, mais sans ces pensées indicibles, inacceptables.

Je sais bien que j'ai tort! Vous mêmes qui me lisez avez aussi ce coté sombre. Tout le monde l'a. C'est en nous et nul ne peut s'en détacher. Je le sais, et pourtant... je ne l'accepte pas.

Je suis mon plus implacable juge. Le grand inquisiteur de ma pensée, celui qui peut tout voir, tout savoir. Et je me condamne. Je m'emprisonne, je m'enferme en moi.

Je m'enfermais! Parce que je m'en sors de mieux en mieux.

Parce que j'écris et que je libère mes pensées. Seul face à moi même pendant mes années de journal papier. Face à vous, "auditoire" invisible, désormais. Mais là, je "maîtrise" ce que je veux dire. Spontanéité et sincérité... mais dans les limites de ce que je peux accepter de dire. Rien ne m'échappera à mon insu.

Par contre, je peux trés bien être surpris par les mots qui apparaissent sur mon écran. C'est le cas en ce moment. Mon esprit vagabonde librement, ne s'apercevant même pas qu'il touche parfois des limites impalpables qui le font bifurquer vers un autre chemin. liberté sous contrôle...

Face aux autres, j'ai tellement la crainte (inconsciente) de laisser échapper quelque chose que le contrôle est maximal. Liberté trés surveillée, donc limitée.

"L'écriture est la voix des timides", c'est ce dont je me souviens d'un message qui avait été envoyé (par moi... oups!) et lu à une émission de radio. J'ignorais à quel point c'était prémonitoire!

L'écriture est ma liberté, mon grand large, un désert dans lequel je peux hurler mes pensées. L'écriture est mon chemin de libération vers le monde réel.

Si vous saviez comme j'aimerais parler comme j'écris!!!

 

Ouais... ben je serais sacrément bavard et je casserai les oreilles des autres!!! ;o)

Allez, la suite une autre fois.

 __________________

En explorant le site de la CEV, je suis tombé sur le trés intéressant texte du jour de Mr Anti-IRC (Anomalie) qui aborde un peu le même sujet. Si vous y allez, profitez en pour lire son texte "La faille", du 9/08/2000. Il s'intéresse de prés à la différence entre les réalistes et les idéalistes...


V endredi 22 septembre 2000

Scrupules...

 

Je crois que je n'ai pas envie de vous laisser tomber...

En supposant, peut-être prétentieusement, que vous avez envie de me suivre?

Je prends un peu de temps ce matin, je ne sais pas si j'en aurai ce soir. Je voudrais inciter ceux que mes élucubrations sur la séduction, l'amitié, la sexualité, etc... intéressent, à aller faire un tour sur le site Anomalie.

Je vous conseille en particulier le texte sur l'amitié ("La dysfonction glorifiée" - 25/08/2000). Il écrit trés bien ce Darnziak!

En fait, je crois que c'est un peu le style de journal que j'aurais voulu avoir. Des chroniques espacées dans le temps, des opinions émises sur un mode général. Mais mes penchants en ont voulu autremement... Et me voila plongé régulièrement vers une introspection "en direct", sous votre regard d'inconnus. Quelle impudeur!

Pourquoi est-ce que je me livre à une analyse aussi égocentriste?

J'aurais voulu en rester à des "nous" universels, et j'en reviens toujours au "je" nombriliste. De quoi vous donner la nausée... et à moi aussi.

Je crois que la pause forcée qui se présente (et qui ne me laissera même plus le choix d'écrire à la sauvette) va me permettre de faire un peu le point. Que peut, que doit être ce journal?

S'il est vraiment introspectif-nombriliste, peut-il intéresser des lecteurs, en tant que modèle identificatoire? Est-ce qu'un retour à un journal secret n'aurait pas le même effet analytique, sans pour autant m'exposer à une telle nudité mentale? Ou au contraire, est-ce parce que je m'adresse à vous que je peux approfondir et découvrir des pistes inexplorées.

Ces textes que j'écris, souvent longs (trop longs?) -non, il n'y a jamais de "trop"-, sont trés impliquants, dévoreurs d'énergie, aspirateurs de pensée. Je me sens souvent vidé après une heure d'écriture.

Mouais... quoi que je remense à une phrase lue sur Anomalie hier. Darnziak se sentait lui aussi totalement épuisé mentalement après la rédaction de ses longs textes. Même sur un ton généraliste, c'est bien lui, individuellement, qui vide son esprit. Qu'elle soit intime ou intimiste, c'est bien toujours l'écrivant qui exprime sa pensée...

Ben, j'ai pas trop avancé là!!!!

***

 

Petit justificatif déculpabilisant: lorsque j'écris que je passe mes soirées sur internet, ou que je termine le travail à 22 h pour me connecter illico, j'oublie de préciser que j'ai une vie familiale. Je ne m'installe devant mon ordinateur que lorsque nos enfants vont se coucher, et que Charlotte s'occupe différement.

Je passe beaucoup de temps en famille, ou seul avec Charlotte. Je ne connecte mes neurones sur le net que lorsque je les ai déconnectés de la réalité... et pas l'inverse!

Je ne peux certifier que parfois je n'abuse pas un peu de la situations, mais je crois que c'est marginal. Reste que Charlotte passe une bonne partie de la nuit seule... ça , je ne peux pas le nier.

C'est un choix que je fais, étant persuadé qu'il sera limité dans le temps.

 

Je sais aussi savourer les superbes journées de ce début d'automne. Un ciel d'un bleu pur, les montagnes semblant toutes proches dans l'air limpide, l'herbe reverdie miraculeusement aprés un gros orage... et cet éclairage lumineux du soir créant de superbes transparences dans les feuillages à contre-jour! Un vrai bonheur!

Non, non, il n'y a pas qu'internet dans ma vie, je vous assure.

 


Dimanche 24 septembre 2000

Remise en question

 

Pas d'entrée hier. Un peu faute de temps, mais surtout par nécessité de recul. Je crois que je me suis beaucoup impliqué dans ce journal. Davantage que ce que j'aurais souhaité au départ. Il m'est même venu l'idée de tout effacer...

Comment en suis-je arrivé à ce point?

Je crois que c'est la confrontation de deux envies. D'une part réfléchir sur le rôle d'internet dans l'établissement d'un nouveau type de relations entre le gens. D'autre part une tendance à l'introspection, qui à trouvé dans ces interventions quotidiennes un terrain trés favorable.

Le premier sujet n'est pas impliquant puisque j'aurais pu me borner à me placer en observateur, éclairé par mes propres expériences. Le second, en revanche, m'a entrainé vers une situation déstabilisante. Je me suis épanché sans retenue sur ma vie privée, laissant mon égo diriger les choses. On ne sort pas indemne d'un tel déballage.

D'une certaine façon, j'ai participé "à mon insu" à une expérience nouvelle. Ou plutôt, ce sont les conséquences d'une expérience choisie qui m'ont surpris. Facile de céder au "grand déballage". Jouissif même!

Et puis tout d'un coup, l'impression d'être nu.

Ma première alerte a été mon "test" pour savoir si mes lecteurs étaient intéressé par l'analyse de mon journal papier. Deux demandes seulement. Je m'attendais à plus, je l'avoue. Pan sur le bec! Je me suis imaginé avoir une certaine importance pour ceux qui me lisaient, alors que la plupart "picorent" des fragments de vie. Je m'en suis rendu compte moi-même: on prend une certaine habitude à suivre quelques diaristes, on lit leur billet du jour, et on passe au suivant... C'est le zapping diaristique.

Alors qu'au départ je m'extasiais devant la justesse des phrases qui éveillaient quelque chose en moi. Comme une identification, un impression d'avoir trouvé une sorte d'alter ego.

Peu à peu, en lisant jour aprés jour, on perd cette impression de partage. Je ne la retrouve que lorsque je découvre un diariste inconnu dont je lis "l'intégrale". Parce c'est une lecture sur la durée, une histoire qui se livre, un roman de vie.

Je commence à penser que c'est la meilleure façon de lire un diariste.

Là, et là seulement, l'envie de partager des impressions apparaît. Et c'est à partir de ce moment là que peut naître une relation, éphémère ou durable, selon les affinités.

Alors, inévitablement, l'envie de suivre la vie de cette personne devenue "proche" nous pousse à la suivre au quotidien. Mais je crois que ce n'est plus tout à fait la même chose que la lecture quotidienne d'un/une inconnu(e).

Deuxième surprise, les relations qui s'établissent entre lecteur et diariste. S'il n'est pas difficile d'être lecteur, avec parfois même le plaisir d'oser écrire à un diariste qui nous plaît particulièrement, il en est tout autrement lorsqu'on reçoit des courriers.

Au moins dans mon cas...

Chaque commentaire est le résultat d'une implication particulière du lecteur. Pour toutes sortes de raisons, il (elle) a décidé de "prendre la plume" et de donner ses impressions, favorables ou non. Pour ma part, elles étaient plutôt favorables, ou interrogatives. Ma tournure d'esprit, tendant à me sentir peu intéressant (encore un scoop!), fait que chaque mail me surprend et m'honore. J'ai toujours l'impression d'usurper une identité lorsque les commentaires sont un tant soit peu élogieux.

Je remercie systématiquement (c'est évident), et précise souvent un peu plus ma pensée pour le sujet qui a touché le lecteur. Plus le mail est long, montrant à quel point le lecteur s'est impliqué, montrant qu'il me "donne" de son temps, plus ma réponse sera développée. Parce que si le lecteur a ressenti quelque chose de suffisament fort pour m'écrire, je me sens "redevable", avec plaisir, d'une réponse circonstanciée. Il m'a donné, je lui donne aussi. Avec un inconvénient majeur: "l'énergie scripturale" est limitée, et ce que je vais lui dire va absorber une partie de ce que je peux offrir à mon lectorat.

Et c'est là que je mesure une autre limite du diarisme en ligne: la volonté de satisfaire les lecteurs "m'oblige" à écrire régulièrement. Et comme mon écriture est (était?) assez peu factuelle, je vais chercher toujours plus profondément en moi. Et je m'épuise, je me vide, je m'assèche. La "demande" (supposée) est supérieure à l'offre. Je désamorce le robinet à idées!

Dire: "aujourd'hui j'ai téléphoné à Inès et nous avons parlé de tel sujet" n'est pas trés utile, si ce n'est lancer un processus de narration qui, utilisant ce point de départ, suivra un chemin inconnu. Mais si j'en reste aux faits... bof! Moi, ça ne m'apprends rien, et j'ai l'impression que ce sera la même chose pour mes lecteurs. Parce que je ne ferais que raconter, sans l'entrain si particulier que procure l'écriture "libre". C'est de loin celle que je préfère.

L'écriture libre me permet de me découvrir, de laisser venir au jour des pensées qui me seraient restées inaccessibles.

Bon, il faut bien aussi préciser un peu le scénario, sinon les lecteurs n'y comprendraient pas grand chose et abandonneraient la lecture. Mais c'est un support, un guide, pas un sujet en soi.

 

Vous suivez mes pensées qui sautent d'une idée à l'autre??

A chaque nouveau paragraphe je me rends compte que je laisse une partie du sujet en suspens. Je devrais peut-être me fixer des limites, établir un plan, afin de rester dans mon sujet... tandis que là, je papillonne. Bah, c'est ça l'écriture libre!

 

Je reviens sur les courriers que je reçois. J'ai cité les mails "interrogatifs". Ce n'est pas qu'il me demandent de préciser quelque chose, mais il me conduisent à me poser des questions. A aller chercher un peu plus loin que ce que j'ai dit. Ce ne sont pas des mails critiques, mais plutôt des... conseils. Ou encore des commentaires sur telle chose que j'ai écrite. Je les perçois comme un nécessité de justification. Comme si je m'étais trompé dans mes actes ou mes phrases.

Alors j'argumente, je me "défends", je me justifie. Je me remets en question, reprenant la balance du pour ou du contre, du "bien" et du "pas bien". Les convictions patiemment construites deviennent flottantes, instables. Alors je cherche ce que je pense au delà de ce que j'avais exprimé... et je me dévoile encore davantage..!

La vie familiale m'empêche de poursuivre ce soir...

  


Mardi 26 septembre 2000

Rien à dire...

 

Maintenant que j'ai repris un rythme de travail trés soutenu, je constate comme il est difficile de trouver le temps nécessaire pour écrire. Je serai court.

D'abord, une constatation: je comprends ces gens qui trouvent que trop réfléchir c'est "se prendre la tête". Il suffit d'avoir un emploi du temps bien chargé et les pensées n'ont plus de place. Finis les questionnements, les doutes... finis aussi les moments de flânerie, les réflexions sans but!

Plus de problèmes... mais plus de moments de douceur. Aller vite, ce n'est pas vivre, c'est se consumer!

Je sais bien que parfois on ne peut pas faire autrement, mais je plains ceux qui vivent comme ça toute l'année! Vraiment, je n'échangerai pas leur place contre la mienne, quel que soit le salaire qui va avec.

***

Faute de temps, je vais tenter de suivre un peu ce journal avec des chroniques courtes. De petits intantanés.

Oh, je pourrais parler de beaucoup de choses, mais rien ne serait abouti.

Depuis quelques jours par exemple, il passe à la radio (j'écoute beaucoup la radio) une émission sur la guerre d'Algérie. Et plus précisément la torture pratiquée par les Français... Un épisode bizarrement peu évoqué. Et apparemment le sujet dérange. Les auditeurs laissent des messages, souvent bouleversés et bouleversants, mais parfois haineux. Comme s'il ne fallait pas parler de ça, ne pas "remuer la boue"! Non, non, n'en parlons surtout pas, faisons comme si ça n'avait jamais existé. Mais ne manquons pas une occasion de rappeller les atrocités des Allemands. Eux, ils ont osé torturer, mais nous, braves Français on n'aurait jamais fait des choses pareilles, oh non!

Mon père à fait cette guerre, comme 2 millions d'autres. Il n'en parle jamais. Trés peu de ces hommes en parlent de cette guerre de la honte.

Bon, je ne suis pas là pour parler de ça...

 

***

A part ça, j'ai de plus en plus de difficultés à me connecter sur internet. Mon brave "vieux" pc à 5 ans. Autrement dit, c'est une antiquité! 75 Mhz, 514 Mo de mémoire. Le disque dur est presque saturé et il se plante tout le temps. Alors si d'un coup je ne fais plus de mise à jour, ça pourrait bien être à cause de ça.

Je crois que je vais investir dans un nouveau matériel. J'ai besoin d'un scanner pour mon travail, et de quelques logiciels que je ne peux actuellement pas installer. Même l'offre d'AOL pour 99 F par mois en illimité demande plus de 100 Mo. Et au prix des communications, j'aurais vite fait de rembourser l'achat d'un nouveau pc!

Qu'est ce que je raconte là??? Voila que je fais dans le factuel maintenant??

Je crois que je ferais mieux de ne pas écrire quand je n'ai rien à dire!

 


Mercredi 27 septembre

Forums: un leurre?

 

N'ayant pas trop de temps pour réfléchir, je passe chaque soir un petit moment sur différents forums. Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, si c'est moi qui perds mes illusions, mais je sens un passage à vide.

Est-ce la rentrée qui fait que les gens sont moins disponibles?

Le forum de la CEV, qui parfois a été trés actif est quasiment éteint en ce moment. Et dans un forum éteint, on n'ose même pas mette quelque chose. Je me dis souvent "à quoi bon?"

Le forum de la Sdv est totalement mort depuis des mois

Anomalie, dont j'ai découvert le forum la semaine dernière, envisage sérieusement de le fermer. Il est en status quo, et sont instigateur nous a prévenu: il n'y participera plus pendant un certain temps.

Autre type de Forum, celui de l'hebdomadaire Télérama (magazine culturel Radio/Télé/Cinéma/Théatre, etc...). C'est un forum dit "modéré", donc chaque intervention passe à travers le "filtre" des webmasters. Et bien là aussi, problèmes. Certaines sections sont inanimées depuis des semaines. Mais surtout, il y a une certaine contestation parce que certains messages semblent"disparaître". Censure??

Ce qui m'amène à me poser des questions sur l'interêt des forums...

J'étais volontiers enthousiaste devant cette extraordinaire moyen d'échange, de brassage d'idées avec un cercle élargi bien au delà de celui de notre vie courante. J'ai appris plein de choses, me suis emballé pour des sujets, me suis remis en question sur des choses essentielles: le respect d'autrui, la tolérance, l'écoute ("écoute" visuelle!!).

Et puis je suis déçu! C'est le propre des idéalistes, je le sais bien...

Déçu de voir des gens qui n'ont rien compris à la communication entre les êtres. Des gens qui ne veulent que parler sans écouter, matraquer leur vérités, insulter ceux qui ne pensent pas comme eux. Et ces gens là détruisent les forums. Ils agressent, déclenchent des réactions hostiles, le ton monte... Tout ça contribue à dégoûter ceux qui voudraient simplement échanger des opinions.

Une dispute parvient alors à mobiliser tous les participants, les propos s'exacerbent, les agressifs le sont encore plus, et augmentent leurs invectives. Syndrôme de la persécution "vous êtes tous des cons parce que vous n'acceptez pas ma différence", "vous pensez tous pareil et vous ne m'acceptez pas". Quand le type en question insulte tout le forum (parce que la généralisation est de règle, évidemment!) en traitant tout le monde "osti de criss de tabarnak d'enculés" (il n'a pas tout dit en même temps...), ça coupe court la discussion. Ailleurs ce sera "vous, la gauche caviar, intolérante et méprisante". Un peu plus de classe, mais pas beaucoup de différence dans le fond: le mépris.

Et ben tout ça, ça me remet dans la réalité: il y aura toujours des cons!

Et cette réalité-là, elle me déçoit toujours.

Et qui finit par se taire, qui n'a pas de voix? Les calmes, les tolérants, ceux qui essaient d'apaiser le débat. Au mieux on ne les écoute pas, au pire ils sont amalgamés à un camp ou un autre, ou rejeté par les deux.

Bon, je sais bien qu'il y a aussi les "liseurs silencieux", dont je fais souvent partie. On approuve untel sans mot dire, on se désole de l'intransigeance et de la bétise de tel autre. J'espère toujours qu'ils sont nombreux ces observateurs muets. C'est ce qui me console...

Observer, c'est aussi apprendre sur la personnalité humaine. Se faire son opinion sur les rapports entre les gens. Trés instructif en fait...

***

 

Intéressant commentaire reçu de la part d'un de mes lecteurs, au sujet du coté "factuel" de mon entrée d'hier. Il me dit que ce que je écris peut l'éveiller à un sujet qu'il n'aurait pas abordé (la guerre d'Algérie en l'occurence). En fait, je ne considérais pas ce sujet-là comme factuel, mais comme étant "hors de ma vie", donc n'ayant pas vraiment à figurer dans ce journal. C'est une vision bien académique de ce que "doit" être un journal, que j'ai là!

En fait, c'est un éxutoire pour mes pensées, quelles qu'elles soient. Du moment que c'est quelque chose qui touche à mon intériorité, il n'est pas superflu que je le consigne ici.

Il m'a même dit que le fait de savoir que mon pc était une antiquité lui apprenait quelque chose sur ma façon d'être! Et ce qu'il en disait n'était pas du tout idiot...

Et même si je virais dans une simple relatation des actes de ma vie, ce serait encore une façon de me dévoiler. Tout journal, quel qu'il soit, trahit son auteur. Même un simple agenda peut en apprendre beaucoup sur son propriétaire.

 


Vendredi 29 septembre 2000

Baton de parole

 

Voilà, je rentre à fond dans ma période de grosse activité. Avec parfois des échéances qui m'obligent à passer des soirées à travailler. C'était le cas hier soir, puisque j'ai fini encore plus tard que mes soirées internet: presque 4 h du matin!

Le pire, c'est que j'avais un sommeil pas possible, que je m'endormais sur mon clavier, alors que lorsque je vis ma vie "virtuelle", je ne m'endors pas. Certainement que le boulot m'intéresse moins que la vie de mes semblables ;o)

Avec tout ça, autant vous dire que mon activité cérébrale "émotionnelle", ou "sensitive" est quasiment réduite au néant. Que du concret, du productif, plus de place pour le ressenti! C'est pas grave, ça reviendra dés que j'aurais moins de pression.

***

Hier je voulais écrire un petit paragraphe qui complétait ma dernière intervention. Faute de temps, c'est ce soir que je l'écris.

Hier, il y avait une réunion d'information pour les parents d'élèves de seconde, dans le Lycée de mon fils aîné (pour les non-français: seconde = 15 à 16 ans). J'ai constaté qu'en une génération les choses avaient bien changé. Les élèves bénéficient d'une autonomie plus grande que celle que nous avions. Le dialogue semble (au moins dans les intentions...) exister entre élèves et profs.

Une des idées a retenu mon attention. En cours de français, les élèves devront étudier un sujet précis, mais selon des points de vue différents pour chacun. Au bout d'une certaine durée, un débat sera organisé, et chacun sera convié à présenter ses arguments, mais en se basant sur les faits étudiés. Chacun pourra alors répondre, rebondir sur les arguments présentés, mais avec une volonté d'arriver à quelque chose. L'écoute sera donc indispensable.

C'est quelque chose qui m'a immédiatement fait penser aux forums d'internet! Ces lieux ou des gens se permettent de dire leur opinion comme si elle était la seule vérité.

Et je me suis dit que c'était une bonne chose que d'apprendre à ces adultes en devenir à se comporter de façon "ouverte" avec les autres.

Oh, je ne suis pas naïf au point de croire que ça va fonctionner tout seul! Si ces jeunes n'en n'ont jamais entendu parler avant, il serait bien étonnant qu'ils soient immédiatement sensibles aux vertus de la tolérance, du dialogue, du respect... mais au moins ce sera un début. Ils sauront que ça existe.

Je crois que c'est dès le plus jeune age qu'on devrait apprendre ça. Certaines institutrices de maternelle le font. Je me souviens du "baton de parole" que ces petits de quatre ans devaient avoir en main pour pouvoir avoir le droit de parler en groupe. Une sorte de témoin qu'ils se passaient, comme en sport. Ce qui fait que chacun parlait à son tour, finissait sa phrase sans être coupé par ceux qui savent toujours tout (eh oui, déjà à cet age là...).

Et ces mêmes maîtresses attirant l'attention du groupe si l'un d'eux exprimait une idée qui pouvait induire un comportement nuisible à la cohésion de cette micro-société.

Ouais... on en aurait bien besoin parfois chez les adultes aussi, du "bâton de parole"!


 

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